PSAUMES.
CXXVII. Explications préliminaires.
§ 545. Le Livre des Psaumes est, en rang de date, le second des Hagiographes (§§ 5; I, 10); c'est pourquoi vous le trouvez dans vos Bibles immédiatement après le Livre de Job. Mais, quant à son importance, il est le premier de tous. Nous en commençons l'étude par quelques explications préliminaires.
§ 546. On compte cent cinquante Psaumes, mais ils ne sont pas tous de David. Il en est un qu'on doit à Moïse, XC, un autre au roi Salomon, CXXVII, deux à Héman et à Ethan, ces Ezrahites dont il est parlé selon toute apparence au premier livre des Rois (IV, 31), LXXXVIII et LXXXIX. Outre cela, nous avons douze psaumes d'Asaph, L, LXXIII à LXXXIII, et dix des enfants de Coréh, XLII, XLIV à XLIX, LXXXIV, LXXXV, LXXXVII. Mais ces enfants de Coréh étaient des Lévites qui servaient le tabernacle et y chantaient les louanges de Dieu (1 Chron. IX, 19; 2 Chron. XX, 19), comme on le voit d'ailleurs très bien par le premier verset du psaume LXXXVIII, en sorte que leur nom, en tète de certains psaumes, indique peut-être simplement que ces psaumes étaient destinés à être chantés par eux. Quelques personnes estiment qu'il en est de même de ceux qui portent le nom d'Asaph, au moins de plusieurs d'entre eux, parce que Asaph était un des principaux chantres de David et chef d'une famille de chantres (1 Chron. VI, 39-43; XXV, 2, 8-14). Mais cet Asaph, ou un autre individu de ce nom reçoit ailleurs la qualification de prophète (2 Chron. XXIX, 30), et rien n'empêche qu'il n'ait écrit quelques-unes au moins de ces saintes poésies.
§ 547. Outre les cantiques de Moïse, de Salomon, d'Héman, d'Ethan, d'Asaph et des Corithes, en tout vingt-six, il en est cinquante-deux qui ne portent pas le nom de leur auteur. Il se peut qu'il y en ait de Salomon ou de quelque prophète subséquent. Dans tous les cas, il est assez manifeste que plusieurs furent composés longtemps après David. Restent soixante et douze psaumes qui portent expressément le nom du roi-prophète, et si l'on y ajoute la plupart, sans doute, de ceux qui sont anonymes, on comprend pourquoi le recueil complet reçoit fréquemment le titre de Psaumes De David. Le titre hébreu est Tehilim , c'est-à-dire Louanges.
§ 548. Le mot psaume vient d'un terme grec qui signifie jouer des instruments. Le Psaume est donc une composition poétique destinée à se chanter avec accompagnement de musique instrumentale. C'est ce que nous appelons hymne, ode, cantique; et, de même que nous avons en français divers mots pour désigner ce genre d'écrits, les Hébreux en possédaient aussi plusieurs; leur langue était même à cet égard plus riche que la nôtre. Ils avaient Mizmor qu'on a traduit par psaume, Chir par cantique; puis, Michtam, Maskil, Mahaloth, (XVI, XXXII, CXXI), qu'on a laissés dans nos versions sans les traduire. Cette diversité de noms résultait probablement, ou du sujet, ou de la forme, ou du genre de musique.
§ 549. Outre ces mots hébreux que présente le livre des Psaumes, il en est d'autres que je voudrais pouvoir expliquer à mes lecteurs, mais les savants mêmes demeurent sur ce point dans de grandes incertitudes. Ces mots sont:
Néguinoth,
Psaumes
IV, LIV, LXI.
Néhiloth, — V.
Sceminith, — VI, XII.
Guittith, — VIII, LXXXI, LXXXIV.
Muth-laben, — IX.
Ajéleth-haschakhar, Psaume XXII.
Sçosçanim, — XLV.
Sçosçanim-héduth, — LXXX.
Jonathélem-réhokim, — LVII.
Altascheth, — LVII, LVIII, LIX.
Mahalath-lébannoth, — LXXXVIII.
Sçusçan-héduth, — LX.
On a lieu de croire que ces expressions désignent, ou l’air sur lequel se chantait le psaume, ou le genre d'instrument dont les chœurs devaient s'accompagner, ou simplement le ton du morceau. Peut-être aussi était-ce quelquefois les premiers mots de strophes connues dont on devait emprunter la musique.
§ 550. Il est aussi un mot qu'on rencontre assez fréquemment à l'intérieur du psaume, c'est le mot Sélah! par exemple au Ps. III, vers. 3, 5, 9. Était-ce une sorte d'exclamation, ou un signe musical? c’est ce qu’il n'est pas facile de décider. Je n'en dis pas autant du mot Amen que vous lisez deux fois au dernier verset du psaume LXXXIX. Il veut dire oui, oui certes, en vérité. C'est de ce même terme que notre Seigneur se servait, lorsqu'il voulait rendre ses auditeurs particulièrement attentifs: «En vérité, en vérité, je vous dis etc.» C'était aussi leur rappeler qu'il est La Vérité par excellence.
§ 551. Vous avez outre cela dans vos Bibles de la version de Martin, et seulement à quelques psaumes, les mots Aleph, Beth, Guimel, Daleth, etc., en tête de chaque verset; par exemple: Ps. XXV et XXXIV. Puis, dans toutes les Bibles et quelles que soient les traductions, le psaume CXIX est divisé en strophes séparées les unes des autres par ces mêmes mots. Ce sont les noms des lettres de l'alphabet hébreu, dont on se servait en guise de chiffres. Les éditeurs qui les ont omis ont sans doute pensé qu'ils devenaient inutiles par suite de la division uniforme du texte sacré en versets (I, § 14). Mais ce qui demeure digne d'observation, c'est que, dans les psaumes de cette catégorie, chaque verset commence par un mot ayant pour première lettre celle dont les traducteurs ont indiqué les noms en guise de numéro. Et même au psaume CXIX, tous les versets de la strophe Aleph ont en tête un mot commençant par la lettre aleph, et ainsi de la strophe Beth et des suivantes.
§ 552. Ceci me conduit à faire observer qu'il est des éditeurs de la Bible qui ont numéroté séparément le titre de chaque psaume, tandis que d'autres font rentrer le titre dans le premier verset. Il suit de là que, selon l'édition dont on use, il faut chercher la citation d'une parole des psaumes un verset plus haut, ou un verset plus bas. Par exemple, au psaume III, ce mot de confiance sublime que nous avons signalé précédemment (§ 508): «Je me suis couché, je me suis endormi, je me suis réveillé, car l'Éternel me soutient,» est dans certaines Bibles le verset 5, ailleurs le verset 6. — Je dirai encore à cette occasion, que la version latine dont les catholiques-romains font usage, compte, on ne sait trop par quelle raison, deux psaumes X; après quoi, elle partage en deux le psaume CXLVI. De cette manière, on retrouve les 150 psaumes, mais il n'y a que les neuf premiers et les quatre derniers dont le numéro soit conforme à l'original. Il résulte de là que le psaume XI des catholiques-romains est, dans la vérité, le psaume XII, et ainsi de suite. Il paraît cependant que les psaumes ont, de toute antiquité, reçu l'ordre dans lequel nous les possédons, comme vous pouvez le voir par la citation contenue au livre des Actes des apôtres, chapitre XIII, verset 33.
§ 553. Il y a généralement dans les psaumes un certain rythme dont il importe assez de se rendre compte. La même pensée s'y reproduit deux fois en termes différents et s'y développe par une sorte de parallélisme dont nous allons donner un exemple, le premier venu, tiré d'un psaume d'Asaph.
LXXXIX |
|||
J'ai trouvé David mon serviteur | je l'ai oint de ma sainte huile. | 20 | |
Ma main sera ferme avec lui | et mon bras le fortifiera. | 21 | |
L'ennemi ne le rançonnera point | et l'inique ne l'affligera point. | 22 | |
Mais je frapperai devant lui ses ennemis | et je détruirai ceux qui le haïssent. | 23 | |
Ma fidélité et ma faveur seront avec lui | et sa corne sera élevée en mon nom. | 24 | |
Je poserai sa main sur la mer | et sa droite sur les fleuves. | 25 | |
Je lui conserverai toujours ma faveur | et mon alliance lui sera assurée. | 28 | |
Et je rendrai sa postérité éternelle | et son trône sera comme les jours des cieux | 29 | |
Je l'ai une fois
juré par ma sainteté |
et je ne mentirai jamais à David, etc. | 35 |
§ 554. Au surplus, et abstraction faite de la forme, les Psaumes ont une poésie pleine de magnificence. La richesse des expressions y égale la hauteur des pensées. Aussi, bien qu'ils aient environ 2800 ans d'antiquité, chaque fois que des hommes pieux, ou de grands poètes ont voulu célébrer dans leurs vers la grandeur du Tout-Puissant, la majesté de ses œuvres et l'excellence de ses grâces, ils n'ont jamais mieux réussi que lorsqu'ils sont parvenus à imiter ces poésies sacrées. Et encore que le principal auteur de ces hymnes ait acquis par plusieurs traits de sa vie et de son caractère notre amour et notre admiration, il est impossible de ne pas voir qu'il lui a fallu pour composer ces psaumes, comme il le dit lui-même, l'assistance immédiate du Saint-Esprit (§ 537). Il est vrai que nous y retrouvons David tout entier; c'est bien sa pensée et son style; mais il y a là évidemment quelqu'un avec lui, et seul, il n'eût rien pu composer de pareil. Aussi est-il peu de Livres de l'Écriture qui soient d'une manière plus manifeste la Parole de Dieu. Non seulement c'est le langage de la foi, sans alliage d'infirmités humaines, mais encore partout on y sent l'Esprit de Dieu dépasser et conduire l'esprit du fidèle.
§ 555. Comme dans toute poésie lyrique, on voit, dans les Psaumes, les auteurs inspirés donner un libre cours à la naïveté de leurs sentiments personnels. Ce sont leurs propres affections, leurs émotions, leurs douleurs et leurs joies qui, sous l'action du Saint-Esprit, se font jour en ces pages sublimes. Aussi n'y a-t-il aucun livre de la Bible qui soit d'un usage plus général. Il suppose cependant chez ses lecteurs la foi qui animait le poète sacré et une certaine expérience de la vie de Dieu; autrement, on ne peut ni le comprendre, ni en être vraiment édifié. Mais pour un chrétien convenablement disposé, il n’est pas une circonstance de la vie, pas une situation d'esprit, pas une douleur et pas une joie, pas un danger et pas une délivrance, pas une tentation et pas une victoire, qui n'ait là, par la bonté du Seigneur, les chants qui lui conviennent.
§ 556. Envisagés sous ce point de vue, les Psaumes sont naturellement aussi variés que le sont les impressions, les désirs, les craintes, les affections des fidèles, suivant leurs diverses circonstances intérieures ou extérieures. Tous ont pour objet essentiel la gloire de Dieu, mais non pas tous de la même manière. Il est des Psaumes qui célèbrent les perfections de l'Éternel, d'autres qui se répandent en actions de grâces pour ses bienfaits; il en est qui sont les prières d'un cœur repentant ou celles d'une âme angoissée, d'autres qui renferment l'exposition de quelque enseignement moral; il est, enfin, des Psaumes où l'histoire d'Israël se trouve résumée, d'autres où les destinées à venir du peuple de Dieu et de son Roi Jésus-Christ sont prophétisées. Les Psaumes qui ont particulièrement pour objet Jésus-Christ et son règne, sont appelés Psaumes Messianiques. — C'est dans cet ordre même que nous allons maintenant en faire une étude abrégée et sommaire.
CXXVIII. Psaumes d'adoration et d'actions de grâces.
1° Psaumes d'adoration
§ 557. On entend par là les hymnes où le psalmiste célèbre particulièrement, la gloire de Dieu, sa bonté, sa miséricorde, le soin qu'il prend des siens: Ps. XXIII; XXXIV, XXXVI, XCI, C, CIII, CVII, CXVII, CXXI, CXLV, CXLVII; sa puissance, sa majesté, tous les attributs en un mot de sa suprême grandeur: Ps. VIII, XIX, XXIV, XXIX, XXXIII, XLVII, XCIX, CIV, CXI, CXIII, XCIV, CXV, CXXXIV, CXXXIX, CXLVII, CXLVIII, CL. Quoique je n'indique ici que trente-sept Psaumes. Il en est bien d'autres qui vont directement à la gloire de Dieu; mais ceux que j'ai notés sont les principaux, et nous allons en lire quelques-uns. Le choix n'est pas facile, car ils sont tous également admirables.
VIII
§ 558. «Jéhovah! notre Seigneur, ton nom est
magnifique par toute la terre.» Ainsi commence et finit le Psaume
VIII. «Ta majesté est au-dessus des cieux et de là elle réfléchit
sur l'homme depuis sa plus tendre enfance; sur l'homme que tu as
créé inférieur aux anges et que tu as toutefois couronné de gloire
et d'honneur, l'établissant sur toute l'œuvre de tes mains (I, § 39).»
XIX
§ 559. Mais c'est dans les cieux surtout
qu'éclate la gloire du Dieu fort. Voyez la régularité avec
laquelle un jour succède à un autre jour et une nuit à la nuit
précédente. Voyez le soleil qui se lève avec tant d'éclat et qui
entre victorieusement dans sa course, semant partout la lumière,
la chaleur et la vie! Et la loi de Jéhovah! cette loi si parfaite
dont l'observation fait le bonheur de l'âme fidèle, et qui éclaire
les pas des enfants de Dieu, même des plus simples, tant elle est
pure, vraie et juste! Mais les enfants de Dieu ne peuvent admirer
sa loi sans s'humilier de leurs péchés. Que de fautes commises par
ignorance et dont nous avons besoin que Dieu nous purifie (I, §§ 871,
872)! Quant aux péchés
commis volontairement et avec obstination, ou, comme dit David,
«par fierté,» ah! que le Seigneur nous en préserve! Alors
seulement les paroles de notre bouche et la méditation de notre
cœur seront agréables à Jéhovah, notre rocher et notre rédempteur.
XXIII
§ 560. Une pleine confiance en Dieu est aussi
un acte d'adoration, du moins lorsque nous fondons réellement
cette confiance sur les promesses de sa grâce et non pas sur
nous-mêmes. «Jéhovah est mon berger,» dit David (et nous,
chrétiens, nous avons en Jésus-Jéhovah , le même berger que David
[Jean X, 14]), «Jéhovah est mon berger;» c'est pour l'amour de son
nom, «et nullement à cause de mes mérites, qu'il restaure mon âme
et me fait marcher dans les sentiers unis d'une vie pieuse.» —
Peut-être, comme je l'ai dit ailleurs (§ 352),
ce Psaume fut-il composé par David après son onction, mais quand
il était encore dans la maison de son père. Déjà il avait à
souffrir de la part des siens; déjà il entrevoyait les dangers
auxquels sa vie serait exposée: il ne laisse pas de goûter une
grande joie dans la considération de la bonté et de la miséricorde
de l'Éternel.
XXIX
§ 561. Cependant, la puissance du Très-Haut a
vraiment de quoi faire trembler, et il est peu de choses qui nous
le dise avec plus de force que les éclats et les effets du
tonnerre, appelé à cause de cela la voix de l'Éternel. Nous savons
maintenant par quelles lois naturelles l'électricité accumulée
dans l'air, se dégage en étincelles flamboyantes dont le bruit
sourd ou éclatant roule de nuage en nuage et d'échos en échos;
mais l'explication que la science a donnée de la foudre ne rend
pas ce phénomène moins admirable, ni moins propre à nous remplir
de sérieux en la présence de Celui qui, au bruit de son tonnerre,
détruisit la terre par le déluge. Au surplus, quelles que soient
les menaces de Dieu, son peuple fidèle demeure fort et plein de
paix.
XXXIII
§ 562. Ce peuple de Dieu se compose des seuls
«justes,» et il n'y a qu'eux, au fond, qui sachent et qui puissent
adorer l'Éternel. Ces justes ne sont pas des hommes sans péché,
mais des pécheurs qui, étant justifiés par la foi, ont la paix
avec Dieu et marchent par sa grâce dans les voies de la justice
avec droiture et intégrité (I § 291).
Le prophète les exhorte donc à célébrer l'Éternel dans leurs
cantiques, parce que c'est lui qui a créé toutes choses par sa
Parole puissante (I, § 21);
c'est lui qui met à néant les desseins des ennemis de son peuple;
lui qui veille sur les siens. Or, on les reconnaît à ceci: ils
craignent l'Éternel et ils s'attendent à sa grâce, ou, ce qui
revient au même, à sa gratuité. — Il y a dans ce Psaume, comme
dans tous les autres, bien des pensées sur lesquelles je voudrais
pouvoir arrêter l'attention de mes lecteurs, mais je dépasserais
les bornes que j'ai dû m'imposer. Que n'y aurait-il pas à dire, en
effet, sur les versets 4, 8, 11 , 12 , 13 , 15 et 22!
XCIII
§ 563. L'Éternel règne sur toutes les œuvres de
ses mains; sa révélation est d'une parfaite certitude, et la
sainteté est le véritable ornement de sa maison, c'est-à-dire de
son peuple et de son église, dans le ciel et sur la terre.
XCV — L'Éternel est le rocher de notre salut (I, § 729); il règne au-dessus de tout ce que les nations appellent des dieux. Si donc nous sommes de ceux auxquels il a donné de croire en ses promesses, célébrons sa gloire et fléchissons les genoux devant Celui qui nous a fait devenir son peuple et ses brebis. Et si, aujourd'hui, nous entendons sa voix, ne faisons pas comme ceux qui l'irritèrent au désert et auxquels il jura, dans sa colère, qu'ils n'entreraient pas en son repos (I, § 949).
XCVI — Célébrons l'Éternel de ce qu'il jugera le monde avec justice et les peuples selon sa fidélité.
XCVII — Répétons avec David: L'Éternel règne! Malheur aux adorateurs des idoles! Et vous, qui aimez l'Éternel, haïssez le mal. La lumière est semée pour le juste (§ 562), et la joie pour ceux qui sont droits de cœur. Justes! réjouissez-vous donc en l'Éternel et célébrez la mémoire de sa sainteté.
XCIX — Encore une fois, l'Éternel règne! Il règne assis entre les Chérubins (I, § 802), et c'est de là qu'il s'est révélé à Moïse, à Aaron, à Samuel. Il a été pour eux plein de protection et de clémence. Exaltez l'Éternel notre Dieu, et prosternez-vous sur la montagne de sa sainteté; car l’Éternel notre Dieu est saint!
CIV
§ 564. Dans plus d'un psaume déjà, nous avons
vu l'écrivain célébrer la grandeur des œuvres du Créateur; ici, le
même sujet se trouve reproduit, mais avec des détails pleins de
charmes. Rien de plus élevé que les accents du saint poète quand
il décrit les splendeurs des cieux, la richesse des eaux qui
enveloppent la terre, la rapidité et la puissance des vents, la
formation des montagnes que la main de Dieu fit comme jaillir du
sein de notre globe (I, § 27),
et rien de gracieux en même temps comme la peinture qu'il nous
trace de la vie que répand en tous lieux le murmure des fontaines,
le chant des oiseaux, le mouvement continuel des hôtes des forêts
et l'activité de l'homme. Puis le prophète s'écrie: O Jéhovah! que
tes œuvres sont en grand nombre! Tu les as toutes faites avec
sagesse; la terre est pleine de tes richesses!» Toutes les
créatures ne vivent que par toi, et tu te réjouis, ou tu te
complais dans tes œuvres! Nous donc aussi nous devons nous réjouir
en l'Éternel, et hâter par nos vœux le moment où il détruira les
méchants de dessus la terre, car ils ne font qu'y obscurcir sa
gloire. «Mon âme, bénis l'Éternel! Louez l'Éternel!» Ces derniers
mots, qui se lisent en tête de plusieurs cantiques, sont la
traduction d'un terme hébreu connu de tous mes lecteurs:
ALLÉLUIAH.
CXI
§ 565. Obligé de me restreindre, je me borne à
leur recommander encore la lecture et la méditation de trois
psaumes fort remarquables. Dans l'un, se trouvent célébrées toutes
les œuvres de Dieu: la création des cieux et de la terre, ses
voies de providence envers son peuple, sa loi sainte et immuable,
enfin la rédemption de ses élus, base de son alliance éternelle;
d'où le prophète inspiré de Dieu conclut cette maxime, que la
crainte de l'Éternel est le commencement de la sagesse.
CXXXIX — Dans le second, nous avons une description magnifique de la toute science de Dieu et de sa présence partout. Ce sont des versets à apprendre par cœur, ainsi que beaucoup d'autres dans ce livre des psaumes. Après quoi, il faut remarquer à la fin du cantique ce que David dit au sujet de ses ennemis. Ce roi pieux avait beaucoup de gens qui le haïssaient, savoir tous ceux qui haïssaient le Seigneur dont il était l'oint, le représentant et le serviteur fidèle. Lui-même il ne pouvait que haïr les ouvriers d'iniquité, ces hommes de sang et ces impies dont son trône était entouré; mais il les haïssait d'une sainte haine, d'une haine de Dieu, et ce qui prouve qu'il n'y avait là rien de personnel, c'est qu'il n'avait jamais cherché à leur nuire: il en prend lui-même l'Éternel à témoin.
CXLV — Le dernier enfin devrait être médité verset par verset. Je me borne à en extraire trois, dont un au moins n'est pas absolument nouveau pour nous: L'Éternel est miséricordieux, compatissant, lent à la colère, et grand en bonté (I, § 856).» — «L'Éternel soutient tous ceux qui sont près de tomber, et il relève tous ceux qui sont abattus.» — «L'Éternel est près de tous ceux qui l'invoquent, de tous ceux qui l'invoquent en vérité.»
§ 566. On pourrait faire plus d'un rapprochement entre ces hymnes magnifiques et les premiers chapitres de la Genèse; je me contente d'un seul. Nous avons vu comment le récit de la création déroule devant nous la suprême majesté du Très-Haut (I, § 122 et suiv.) Pour cela, Le Saint-Esprit n'a eu qu'à raconter, par la bouche de Moïse, les grandes œuvres de l'Éternel. Dans les Psaumes, ce même Esprit célèbre, par le ministère de David, le même Dieu et sa sublime grandeur. En sorte que si nous voulons élever nos âmes à de hautes et saintes pensées, nourrir nos cœurs d'affections divines, lisons et relisons ces pages sacrées, faisons-en l'objet de nos chants. Puis, après avoir admiré Dieu de concert avec ses prophètes David, Salomon et Asaph , admirons la grâce qu'il leur fit, et par eux à son peuple d'Israël, de leur révéler sa gloire avec une telle pureté, tandis que toutes les nations, autour d'eux, adoraient d'impures idoles, en méconnaissant la voix et la main de Celui qui a créé toutes choses et qui règne au-dessus de tous les cieux.
2° Psaumes d'actions de grâces.
§ 567. Ici se trouvent en première ligne le psaume XVIII, le psaume XXX, et plusieurs autres dont il a été fait mention dans l'étude du règne de David, (§ 367, 373, 396, 441, 480). Je les passe donc sous silence pour m'en tenir à ceux qui ne nous ont pas encore occupés. De ce nombre est le XLe, où nous avons d'abord à remarquer le premier et le dernier verset. Nous y apprenons dans quelles dispositions d'esprit les fidèles attendent l'effet de leurs prières; c'est avec une grande patience et avec sainte impatience, tout à la fois. Cela signifie qu'ils supplient Dieu de se hâter, et que néanmoins ils demeurent calmes et résignés, quels que soient les retards de la grâce. Remarquez, après cela, une belle image du salut des bien-aimés de l'Éternel.
XL — Jetés par leurs péchés dans une fosse horrible, Dieu les en retire; il leur fait poser le pied sur le rocher qui est le Christ; dès ce moment, ils marchent avec assurance, ils se réjouissent en Dieu leur Sauveur, le spectacle de leur foi et de leur joie attire des âmes à la crainte de Dieu et à la confiance en ses promesses. Plus bas, se trouve une autre image dont nous avons ailleurs l'explication (I, § 767). Elle signifie que le fidèle est esclave de Dieu, mais esclave volontaire, car la loi de l'Éternel est gravée dans le fond de son cœur (Ps. XXXVII, 31). Quant aux actions de grâces proprement dites, que de choses en peu de mots:» Éternel mon Dieu, tu as fait que tes merveilles et tes pensées envers nous sont en si grand nombre, qu'il ne m'est pas possible de les arranger devant toi. Veux-je les réciter et les dire? Elles sont en si grand nombre, que je ne les saurais raconter.» Remarquez enfin, sur le verset 4, que, dans le langage des prophètes, «s'assurer en l'Éternel,» c'est la même chose que croire en ses promesses; pour un enfant de Dieu, la confiance, au fond, c'est la foi.
XLVI
§ 568. Je passe sur plusieurs psaumes d'actions
de grâces, en vous faisant remarquer toutefois celui que le
réformateur Luther affectionnait particulièrement. Cet homme dont
la vie fut une lutte continuelle contre les ennemis de Dieu et qui
fut l'objet de délivrances signalées, trouvait dans ce psaume
l'expression divine des sentiments dont l'esprit de Dieu
remplissait son âme; et c'est là ce qui explique, en général,
l'édification que les fidèles de tous les temps ont recueillie de
ces cantiques. Il en est même qui, au premier instant, semblent
avoir peu de rapport avec la situation individuelle de chaque
enfant de Dieu, et qui ne laissent pas de fournir de solides
aliments à leur foi et à leur reconnaissance.
Tel est entre autres le LXXXVe. Le Psalmiste y remercie l'Éternel
d'avoir eu pitié de son peuple et de lui avoir pardonné ses
iniquités. Appliqués à toute une nation, ces mots doivent
s'entendre de la délivrance des calamités que la nation s'était
attirée par ses révoltes. Mais ils s'appliquent aussi d'une
manière touchante au peuple élu et fidèle, à tous les pécheurs
rachetés. L'Éternel leur a fait annoncer la paix, afin de les
retirer de leurs iniquités; il les a sauvés, dans l'intérêt même
de sa gloire; car c'est ainsi que se sont conciliées sa justice et
sa grâce, que la vérité est descendue sur la terre et qu'on peut
entrevoir le moment où elle y régnera victorieuse.
CIII
§ 569. Mais voici le psaume d'action de grâces
par excellence. Il s’ouvre et se clôt par ces mots: «Mon âme,
bénis l'Éternel! » car nous sommes si ingrats de notre nature, que
nous avons besoin de nous exciter nous-mêmes à la reconnaissance.
«Mon âme, bénis l'Éternel, et n'oublie aucun de ses bienfaits!»
Ils sont nombreux, à coup sûr (Ps. XL, 6); mais le premier et le
plus grand pour un enfant de Dieu, c'est le pardon de ses péchés
et la guérison de ses infirmités spirituelles, par où il se voit
délivré de l'éternelle misère, comblé de grâces et de
consolations; si bien que plus il vieillit, plus il se sent
renouvelé en son âme. Que de fois, opprimé par Satan et le monde,
n'a-t-il pas été délivré par Celui qui, ayant révélé sa volonté et
la force de son bras à Moïse et aux enfants d'Israël, est
l'Éternel miséricordieux, compatissant, lent à la colère, abondant
en gratuité (I, § 856).
Au lieu de nous punir de nos péchés, il les a éloignés de nous
comme l'orient est éloigné de l'occident. Quelle belle image de
l'entière rédemption que le sang de Jésus-Christ procure à ceux
qui croient en lui! Après quoi voyez le signe auquel on les
reconnaît: c'est qu'ils craignent par-dessus tout de déplaire au
Seigneur.... «Mon âme, bénis l'Éternel!»
CXVI
§ 570. Nous retrouvons plusieurs de ces pensées
dans le psaume CXVIe, cri d'une âme fidèle dont Dieu a exaucé les
prières: «J'aime l'Éternel, parce qu'il a entendu ma voix et mes
supplications!» Mais comment ferai-je pour témoigner au Seigneur
ma reconnaissance? Je m'abreuverai de sa grâce, je lui demanderai
de nouvelles faveurs et je lui rendrai publiquement mes vœux. —
Comme nous ne pouvons rien donner à Dieu, nous ne saurions mieux
lui témoigner notre amour, qu'en implorant, sans nous lasser, les
bienfaits de sa miséricorde.
CXXXVIII
§ 571. Je termine enfin cet exposé trop rapide
par un psaume souvent chanté dans les assemblées des fidèles.
C'est tout à la fois un cantique d'actions de grâces et un chant
prophétique. La prophétie aura son accomplissement lorsque tous
les rois de la terre adoreront le Seigneur. En attendant, il n'est
pas de fidèles qui n'aient à célébrer la bonté et la vérité de
Dieu, et qui ne puissent répéter avec David: «L'Éternel achèvera
ce qu'il a commencé en ma faveur. Éternel! ta bonté demeure à
toujours; tu n'abandonneras point l'ouvrage de tes mains.»
CXXIX. Psaumes pénitentiaux et prières.
3° Psaumes pénitentiaux.
§ 572. On donne ce nom aux psaumes où l'âme repentante du prophète expose au Seigneur sa misère et implore le pardon de ses péchés. On en compte sept: le VI, le XXXII, le XXXVIII, le LI, le CII, le CXXX, et le CXLIII; mais on y peut ajouter le XXV. Étudions-en quelques-uns.
§ 573. Voyez d'abord avec quelles instances David implore son pardon; mais remarquez surtout la confiance, ou la foi (§ 567) de ce pécheur repentant, et les fondements sur lesquels il l'appuie. Parce que Dieu est le Dieu de sa délivrance, ou de son salut, parce qu'il est abondant en compassions et en miséricorde; à cause de cela David se repose sur lui. Et s'il s'écrie: «Pour l'amour de ta bonté, ô Éternel!» «Pour l'amour de ton nom!» «Selon ta miséricorde souviens-toi de moi et pardonne-moi mon iniquité quoiqu'elle soit grande!» c'est qu'il sent très bien que le pécheur n'a rien en lui par quoi il puisse mériter la faveur de l'Éternel. Il est aussi à observer de quelle manière le fidèle montre l'horreur qu'il a du péché; non pas seulement en demandant pardon, mais en demandant aussi la sanctification, afin de pouvoir édifier ses frères et glorifier par ses œuvres Celui qu'il a tant offensé. Enfin, si David parle, deux fois dans ce psaume, de ses ennemis, nous ne devons pas nous en étonner, car son histoire nous l'a montré sans cesse en butte à la malveillance des ennemis de Dieu, en sorte que sa cause se confondait avec celle de l'Éternel. Que demande-t-il d'ailleurs? C'est d'être tellement gardé dans les voies de la sainteté, que ses adversaires n'aient aucune prise sur lui.
CXXX
§ 574. En me référant à ce que j'ai dit
ailleurs sur le psaume XXXII (§ 480)
et sur le LI (§ 476, 477),
laissant aussi de côté, bien qu'à regret, les psaumes VI, XXXVIII
et CII, arrêtons-nous un moment au psaume CXXX, si admirable et si
complet, dans sa brièveté.
«C'est un abîme de misère que le péché nous ouvre. De cet abîme,
toutefois, nous devons crier à l'Éternel et le supplier de nous
entendre malgré notre indignité. Car si l'Éternel n'avait égard
qu'à nos transgressions, nous serions irrévocablement perdus. Mais
il y a possibilité de pardon; et c'est lorsque nous avons reçu
notre grâce que nous commençons réellement à craindre et à servir
Dieu. Il ne faut donc pas attendre pour crier à lui, que notre
cœur et notre vie soient entièrement corrigés; mais en nous
appuyant sur les promesses de la Parole de Dieu, nous devons avoir
confiance, non point en nous, mais en sa grâce. Celle-ci
s'accomplit aussi certainement que l'aurore succède à la nuit, et
les fidèles y comptent, comme le guet, ou la sentinelle qui voit
le jour s'approcher et qui le hâte de ses vœux. Il y a donc pour
le pécheur repentant et converti une miséricorde auprès de
l'Éternel. Il y a, de la part du Seigneur, une rédemption, ou un
rachat semblable à celui des premiers-nés (I, § 693);
ce rachat s'est fait avec abondance, c'est-à-dire que, pour un
prix infini, il procure une délivrance parfaite; enfin, dit le
psalmiste, c'est l'Éternel lui-même qui rachètera de toutes ses
iniquités Israël, son peuple élu et fidèle (I, § 483),
promesse qui s'est accomplie de point en point par notre Seigneur
Jésus-Christ.
CXI.III
§ 575. Dans le dernier des psaumes
pénitentiaux, le Saint-Esprit reproduit d'abord une vérité
fondamentale qu'il avait exprimée déjà par la bouche de Job, ch.
IX, v. 2, et qui doit trouver aisément un écho dans nos
consciences; c'est que nul homme n'est juste devant Dieu par ses
œuvres. Après quoi, ce cantique nous fournit la preuve manifeste
qu'en parlant de ses ennemis, David avait bien moins en vue Saül,
Abçalom, Scébah ou d'autres encore, que ses ennemis spirituels,
savoir ses passions et Satan, le grand adversaire des fidèles et
de Dieu. On y voit enfin toujours mieux sur quoi et sur qui David
comptait pour l'entière délivrance de son âme. Oh! puissions-nous
dire tous avec lui: «J'étends mes mains vers toi, ô Éternel; mon
âme est devant toi comme une terre altérée !... Fais-moi entendre
ta bonté dès le matin, car je me suis assuré sur toi; fais-moi
connaître le chemin par lequel j'ai à marcher, car j'ai élevé mon
cœur vers toi... Enseigne-moi à faire ta volonté, car tu es mon
Dieu; que ton bon Esprit me conduise dans le droit chemin!» — Et
je prie mes lecteurs de le remarquer encore une fois: David
éprouvait un besoin de sainteté non moins grand que celui du
pardon, bien qu'il commençât toujours par le pardon pour aller à
la sainteté. Nous donc faisons de même.
4° Prières.
§ 576. Tous les psaumes sont des prières, puisque la prière est un entretien de l'âme avec Dieu; et si l'on voulait entendre par là proprement les oraisons où nous demandons au Seigneur ce dont nos âmes ou nos corps ont besoin, il ne serait non plus aucun psaume qui ne renfermât quelque prière. Il en est quelques-uns toutefois qui, ayant ce caractère d'une façon plus prononcée, méritent de former une classe à part. Outre les psaumes pénitentiaux, qui sont de vraies oraisons:
-
nous noterons ici les psaumes XLII, XLIII, LXIII, LXXXIV, prières
d'un fidèle qui se voit empêché de rendre à Dieu un culte public;
- les XIII, XXII, LXIX, LXXVII, LXXXVIII, prières d'une âme
affligée;
- VII, XVII, XXVI, XXXV, demandes de secours dans la détresse;
- XLIV, LX, LXXIV, LXXIX, LXXX, LXXXIII, LXXXIX, CXIV, CXXVI,
CXXXVII, cris du peuple de Dieu sous la persécution.
- Ajoutons à cela les prières d'un cœur troublé, inquiet, agité,
IV, V, XI, XXVIII, XLI. LV, LIX, LXIV, LXXIX, CIX, CXX, CXL, CXLI,
CXLII;
- les prières d'intercession (I § 329),
XX, LXVII, CXXII, CXXXll, CXLIV;
- enfin les cantiques d'actions de grâces dont nous avons parlé
dans notre Étude précédente.
Voilà, n'est-il pas vrai, un riche trésor que le Seigneur a déposé pour nous dans sa Parole? Ils sont innombrables les milliers d'individus qui, depuis vingt-huit siècles, soit dans les assemblées des fidèles, soit dans le secret de leurs demeures, y ont puisé l'édification et la consolation de leurs âmes. Dieu veuille répandre sur tous mes lecteurs un esprit de grâce et de supplications égal à celui que reçurent les bienheureux auteurs de ces prières inspirées d'en Haut!
§
577. C'est à la fois un devoir sacré et une vive
jouissance pour tout fidèle, que de se joindre à ses frères dans
les assemblées où ils rendent leur culte au Seigneur. Sous
l'Évangile, il n'y a plus de lieu spécialement consacré (Jean IV,
21, 23); mais partout où se trouvent deux ou trois personnes
réunies au nom de Jésus-Christ, là est une sainte Sion et une
maison de Dieu en esprit. Lors donc que le chrétien se voit
empêché, ou par la maladie, ou par l'absence, ou par la
persécution, de fréquenter les assemblées, il en est
douloureusement affecté, et il répand son cœur devant Dieu comme
le fait David dans les psaumes XLII, XLIII, LXIII et LXXIV.
Vous remarquerez au psaume XLII, les versets 3 et 6; au XLIII, le
verset 3; au LXIII, dont nous avons parlé précédemment (395), le
verset 4, et le psaume LXXXIV tout entier. Le prophète y donne
cours aux saintes affections de son âme pour tout ce qui LXXXIV
concernait le culte du Seigneur; il dit le bonheur de ceux qui
pouvaient librement s'approcher de son Tabernacle, ou qui, du
moins, s'y transportaient par la pensée et du fond de leur cœur,
s'ils ne pouvaient le faire autrement; il demande à Dieu de lui
rendre l'accès de ses parvis, et il finit par déclarer bienheureux
quiconque marche dans la droiture et se confie en l'Éternel. Tout
cela est exprimé en des termes pleins de force, mais faibles
encore quand on se rappelle de quoi le tabernacle était le type
(I, § 829). C'est
pourquoi, lorsque nous lisons ces psaumes, nous devons penser non
seulement aux saintes assemblées des fidèles ici-bas, mais surtout
à leur réunion future dans le sein du Seigneur et dans sa gloire.
LXXVII
&
LXXXVIII
§ 578. Pour passer à des psaumes d'une autre
catégorie, nous en avons deux en particulier qui nous rappellent
un des caractères essentiels de la prière. C'est d'y exposer à
fond l'état de notre âme, de nous confier et au Seigneur comme à
l'ami le plus intime et de ne pas cesser de l'invoquer lors même
qu'il semble détourner sa face. Nous l'avons vu déjà plus d'une
fois (§§ 246 , 373
). Ici, nous entendons Asaph et Héman qui, l'un et l'autre, crient
à Dieu dans leur détresse, et, si l'on ose ainsi parler, se
plaignent à lui du triste état où il les a placés. Toutefois, ils
ne lui parleraient pas de la sorte s'ils avaient cessé de croire
en sa grâce.
XVII
§ 579. Parmi les psaumes où David implore le
secours de son Dieu, nous en signalerons deux seulement. Dans le
premier, le prophète semble tenir un langage peu convenable à un
pécheur, car il parle de sa justice, en apparence comme le ferait
un orgueilleux. Mais un peu de réflexion suffit pour démêler le
vrai sens de ses paroles. David était en butte aux calomnies des
méchants et des impies qui lui voulaient toute sorte de mal, comme
il n'arrive que trop, du plus au moins, à chaque enfant de Dieu.
Or, en pareil cas, prendre le Seigneur à témoin de son innocence
et de son intégrité, ce n'est pas dire qu'on soit sans péché
devant lui. Quant à David lui-même, il est sûr qu'il fut, comme il
l'exprime dans ce cantique, un homme droit et sincère, malgré ses
grandes fautes, et qu'entouré d'hommes violents, il ne se laissa
point entraîner par eux. C'est le témoignage que lui rendait sa
conscience et qui reçoit dans l'histoire de sa vie une éclatante
confirmation.
§ 580. Après cela, que de beaux traits nous avons à relever dans ce psaume! De qui David attend-il sa justice? de l'Éternel. Que réclame-t-il de sa grâce? de l'affermir dans la sainteté et de venir en aide à sa faiblesse; de le garder comme la prunelle de son œil et de le défendre contre les méchants. Sur quoi fonde-t-il son espérance d'être exaucé? non sur le mérite de ses prières, mais sur l'habitude qu'a l'Éternel de les écouter. Enfin, tandis que les mondains demandent leur bonheur aux jouissances de la terre, où est-ce que David cherche le sien? Dans la possession de Dieu et de sa justice pour l'éternité! Oh que bienheureux sont ceux qui parlent ainsi et qui peuvent le faire «sans qu'il y ait de mensonge sur leurs lèvres!»
XXXV
§ 581. L'autre psaume a de grands rapports avec
celui-ci. Je ne m'y arrêterais pas, si nous n'y lisions des
déclarations qui rappellent le reproche honorable que Joab faisait
à David d'aimer ceux qui le haïssaient (§ 520).
«Ils m'ont rendu le mal pour le bien,» dit le saint prophète «Mais
moi, quand ils ont été malades, je me revêtais d'un sac,
j'affligeais mon âme par le jeûne, je priais sans cesse pour eux
dans mon cœur. Je me conduisais envers eux comme avec des intimes
amis, comme avec des frères; tout courbé et en habit de deuil,
comme celui qui pleurerait sa mère.» Lors donc que, dans ce psaume
et ailleurs, David demande à Dieu de le délivrer de ses ennemis et
même de les châtier, nous devons être parfaitement sûrs que ce
n'était pas la haine qui lui faisait tenir ce langage: c'était le
zèle pour la gloire de l'Éternel et, ainsi que nous le disions
tout à l'heure, des sentiments qui ne sont nullement indignes d'un
homme selon le cœur de l'Éternel (§ 573).
LXXIX
§ 582. Souvent, le peuple de Dieu en masse est
l'objet des persécutions du monde. Plusieurs psaumes décrivent cet
état et sont comme les cris et les prières de l'Église opprimée.
Voyez notamment celui-ci. Il n’est pas facile de préciser le
moment où le prophète Asaph le reçut du Saint-Esprit. Y
devons-nous voir la description d'un fait ou une prédiction qui
s'accomplit lorsque Jérusalem fut prise par les Chaldéens, c'est
ce qui demeure enveloppé de quelque incertitude. Quoi qu'il en
soit, on ne saurait douter que nous n'ayons là une vivante image
des persécutions auxquelles l'Église s'est vue exposée en divers
temps, et ce que je veux surtout indiquer à mes lecteurs, c'est
qu'en pareilles circonstances, l'Église a trois devoirs à remplir:
s'humilier devant le Seigneur dans le sentiment de ses péchés,
mettre une nouvelle confiance en sa miséricorde et ne n point
cesser de célébrer la gloire de son nom.
XCIV
§ 583. Mais pour cette gloire même de Dieu, il
est nécessaire que sa redoutable vengeance se fasse sentir aux
persécuteurs de son peuple, comme du temps de Pharaon. Il le faut
d'autant plus qu'il y a, dans le crime de la persécution, une
profonde impiété, un affreux athéisme. Les fidèles, sans doute,
sont aussi châtiés par l'Éternel, mais c'est pour leur bonheur en
définitive, tandis que le châtiment des impies sera terrible et
sans aucune compensation. Aussi les enfants de Dieu doivent-ils se
fortifier et se consoler par la double pensée de la bonté du
Seigneur et de ses justes jugements. Tel est le résumé fort
imparfait de ce cantique, un des plus beaux du recueil. Vous y
remarquerez particulièrement les versets 9, 11, 12, 13 et 14.
LV
§ 584. Parmi les psaumes qui contiennent les
prières d'une âme angoissée, j'attire l'attention de mes lecteurs
sur le LV. À voir les versets 14 et 15 , il est à présumer qu'il
fut composé par David lorsqu'Ahitophel se fut déclaré contre lui;
et, pour se faire une idée de la détresse du vieux monarque à
cette époque, il faut lire les neuf premiers versets de cette
complainte. Mais ce qu'il y a de douleur profonde, d'abattement,
de désespoir apparent dans cette âme, ne fait que jeter plus
d'éclat sur la vive confiance qu'elle persiste à mettre en
l'Éternel, confiance admirablement rendue par les versets 17 à 19,
23 et 24.
CIX
§ 585. Remarquez ensuite dans le psaume CIX des
paroles qui viennent à l'appui de ce que nous disions il y a un
instant (§ 581) au sujet
des sentiments de David envers ses ennemis; ailleurs, une nouvelle
confirmation de cette vérité historique, savoir que David fut, par
la grâce de Dieu, un homme de paix, dont le cœur était plein de
charité; ailleurs encore, une courte invocation qui renferme
toutes les beautés des prières précédentes. David demande au
Seigneur d'agréer son oraison comme le parfum qu'on offrait dans
le Tabernacle et comme le sang de la victime qu'on immolait chaque
soir; il le lui demandait donc en pure grâce. Ce qui est
remarquable surtout, c'est de voir comment cet homme de Dieu
concevait la sainteté. Il désirait d'être pur en paroles, en
sentiments et en actions, et il attendait de Dieu même sa
purification intérieure.
LXVII,
CXXII
et CXLIV
§ 586. Nous avons enfin à examiner les psaumes
qui présentent des prières d'intercession. Je ne parlerai que du
LXVII, du CXXII et du CXLIV.
Le premier est une LXVII prière en faveur des nations idolâtres.
C'étaient, à cette époque, tous les peuples de la terre, sauf le
peuple d'Israël. David y demande ce que l'Église sollicite en ces
temps-ci plus que jamais: que «la voie de l'Éternel soit connue
par toute la terre et son salut par toutes les nations.»
Dans le suivant, il prie pour la paix de Jérusalem, et
prophétiquement pour celle de l'Église dont Jérusalem est le type
illustre.
Enfin, il consacre les derniers mots du troisième à implorer sur
son peuple les bénédictions temporelles du Seigneur et il le
termine par ces belles paroles: «Heureux le peuple dont l'Éternel
est le Dieu!» Depuis le temps de Moïse, l'Éternel était le Dieu
d'un peuple particulier et alors il y avait vraiment une religion
nationale. De nos jours, ni les lois, ni les institutions des
peuples ne sauraient être chrétiennes, comme celles des Israélites
étaient religieuses; mais nous dirons, en interprétant les paroles
de David: Bienheureux est le peuple entier des fidèles, nation
sainte dont l'Éternel est le Dieu et le Sauveur! Bienheureux sont
les peuples où la foi est en progrès et où la piété fait la force
d'un grand nombre de citoyens!
CXXX. 5° Psaumes sentencieux.
§ 587. Il n’est pas un seul des cent cinquante psaumes qui ne renferme des maximes remarquables, mais on en compte un certain nombre dont la destination est essentiellement d'enseigner la sagesse au peuple de Dieu. Ainsi, les psaumes qui, traçant le caractère des justes et celui des méchants, décrivent le bonheur des uns et la misère des autres:
-
I, V, VII, IX, X, XI, XII, XIV, XV, XVII, XXIV, XXV, XXII, XXXIV,
XXXVI, XXXVII, L, LU, LUI, LVIII, LXXIII, LXXV, LXXXIV, XCI, XCII,
XCXIV, CXII, CXXI, CXXV, CXXVII, CXXVIII, CXXXIII;
- deux psaumes ensuite qui célèbrent l'excellence de la loi de
Dieu, le XIX et le CXIX;
- trois qui parlent de la brièveté de la vie humaine; XXXIX, XLIX,
XC;
- un enfin, qui expose l'humilité d'un véritable enfant de Dieu,
le CXXXI.
— Il est plusieurs de ces psaumes qui, appartenant à quelqu'une des catégories précédentes, ont déjà fait l'objet de notre étude; c'est pourquoi nous nous dispenserons d'en reparler maintenant.
§ 588. Dans le psaume premier, le prophète met en contraste le juste et le méchant. Celui-là montre sa foi par son éloignement pour le mal et par son affection pour la loi de Dieu. S'il lui arrive hélas! d'écouter accidentellement les mauvais conseils, il ne les prend pas pour guide habituelle de sa vie; si, par de courts intervalles, il entre dans le chemin de l'iniquité, il ne s'y arrête pas, et, quoi qu'il en soit, jamais il ne fera des moqueurs et des incrédules sa société particulière. Au lieu de cela, il aime à étudier la Parole du Seigneur; c'est elle qui est la nourriture de son âme, et en conséquence, il vit et fructifie comme un arbre toujours vert, parce que ses racines pompent les eaux rafraîchissantes de la grâce de Dieu. Le méchant est tout l'opposé; aussi sera-t-il rejeté sans miséricorde, en ce jour même où le Seigneur montrera qu'il a connu, aimé, approuvé la voie ou la conduite des justes.
§ 589. Un coup d'œil rapide jeté sur les nombreux psaumes que j'ai indiqués, nous y fera découvrir sans peine une multitude de maximes excellentes. Ils nous disent, par exemple, combien Dieu hait l'orgueil et le mensonge, puisqu'il place ces deux vices tout à côté du meurtre. Il faut reconnaître en effet que l'orgueil, le mensonge et le meurtre sont nés le même jour sur la terre sous le souffle impur de Satan (I, §§ 80, 97).
VII — Le méchant machine le mal, mais bien souvent il est, vil par la volonté de Dieu, victime de ses propres inventions.
IX — «L'Éternel recherche les meurtres et il s'en souvient,» maxime dont l'expérience atteste la vérité; car il n'est personne qui ne sache plusieurs anecdotes, où l'on voit comment Dieu lui-même sait livrer à la justice humaine les Caïns qui versent le sang de leurs frères, quelque peine qu'ils prennent pour cacher leur crime. Cette pensée est développée plus au long dans un autre psaume.
XII — L'Éternel hait et punira les flatteries, non moins que les paroles hautaines.
XIV — Il n'y a sur la terre aucun homme qui, de lui-même, connaisse Dieu et qui le cherche; pas un qui suive le bon chemin, aussi longtemps que l'esprit de Dieu ne l'y a pas fait entrer; personne qui fasse le bien, non pas même un seul. En sorte que tous sont dignes de condamnation devant Dieu, jusqu'à ce qu'ils se soient convertis et qu'ils aient cru en sa grâce. C'est une grande et importante doctrine que celle-là! Elle forme en quelque sorte la base de l'Évangile, puisque Jésus-Christ est venu chercher et sauver ce qui était perdu.
XVI — Les bonnes œuvres du fidèle même ne méritent rien devant Dieu, encore qu'excellentes à raison de la foi qui les produit, et bien qu'elles soient dignes de l'approbation des saints, c'est-à-dire des autres fidèles. En conséquence, c'est uniquement de la grâce de Dieu que nous peut venir le salut.
XXIV
§ 590. Au psaume XXIV, nous lisons de nouveau
combien il importe de fuir tout mensonge, toute fausseté. Qui le
savait mieux que David (§
480)? Celui qui n'est pas vrai dans ses discours et dans sa
conduite ne saurait s'estimer sous la direction de l'Esprit de
vérité.
XXXVI — Ailleurs, il est dit (et tout cela se lie), que «la source de la vie est auprès de Dieu et que c'est par sa lumière que nous sommes éclairés.» Nous savons donc ce que nous devons surtout lui demander dans nos prières: la vie et la lumière, non la vie et les lumières périssables, mais celles qui subsistent pour l'éternité.
XXXVII — Après cela, vient un psaume que je voudrais pouvoir étudier d'un bout à l'autre comme le psaume premier, dont il est une sorte de développement. C'est un superbe discours contre l'envie, la colère, le mécontentement, avec une description du caractère, des circonstances et de la fin du méchant et du juste; puis, des exhortations à la foi, à l'espérance, à la résignation et à l'obéissance; enfin, des promesses propres à soutenir les fidèles au milieu des épreuves d'ici bas.
Le psaume L, à son tour, présente une doctrine importante. Asaph est chargé de faire connaître au peuple d'Israël que le Seigneur ne sait aucun gré des sacrifices et du culte que lui offrent des pécheurs non convertis; ce que Samuel avait déclaré à Saül (§ 331). C'est aussi dans ce psaume que L se trouve la touchante invitation de miséricorde qui est si connue: «Invoque-moi au jour de ta détresse; je t'en délivrerai et tu me glorifieras.»
LXXIII
§ 591. Job, répondant autrefois à ses amis,
leur faisait observer que les méchants prospèrent très souvent en
ce monde, tandis qu'au contraire les enfants de Dieu y essuient
une foule de revers (§ 33).
Cette apparence de désordre est, pour bien des personnes, une
pierre d'achoppement, et nous voyons ici que le prophète Asaph en
avait été tellement scandalisé qu'il en était venu jusqu'à douter
de Dieu. Mais il reconnaît enfin son il erreur, et il termine par
des paroles d'une parfaite beauté: «Quel autre que toi ai-je au
ciel?» dit-il à Dieu. «Je n'ai pris plaisir sur la terre qu'en
toi. Que ma chair et mon cœur défaillent, Dieu sera le rocher de
mon cœur et mon partage à toujours.... Approcher de Dieu, c'est
tout mon bien; j'ai fondé ma confiance sur le Seigneur l'Éternel
en m'entretenant de toutes ses merveilles.»
CXII
§ 592. Nouveaux traits du caractère des enfants
de Dieu: Ils sont charitables, compatissants et justes; ils font
l'aumône et ils prêtent, réglant d'ailleurs leurs affaires avec
ordre et droiture. Puis, sans se laisser effrayer par les bruits
fâcheux, par les menaces de guerre, de famine, de spoliation qui
courent si souvent dans le monde, leur cœur demeure ferme, et ils
se confient en l'Éternel.
CXXVII
§ 593. Le psaume CXXVII, qui est de Salomon,
doit avoir été composé pendant qu'on bâtissait le temple. Il y
déclare qu'aucune entreprise ne réussit sans la bénédiction de
Dieu. Ainsi, quelque chose que l'on fasse, il faut d'abord voir si
elle peut être approuvée du Seigneur, et même après cela, il faut
chercher en Dieu la force et le succès.
— Enfin, le psaume
CXXXIII, tout court qu'il est, mérite une attention particulière,
parce que David y célèbre un des plus grands biens dont on puisse
jouir ici-bas, savoir l'union fraternelle des enfants de Dieu.
L'Éternel y rattache des grâces excellentes, comme à l'huile
sainte dont Moïse oignit son frère Aaron, ou comme à la rosée qui
tombe sur les pâturages des montagnes.
XIX
&
CXIX
§ 594. Pour couronner le système de morale
divine contenu en ces psaumes, nous en avons deux, ai-je dit (§ 587),
qui exaltent l'excellence de la loi de l'Éternel; d'abord le XIX
dont nous avons déjà parlé (§ 559),
puis le CXIX. On a fait sur ce seul psaume tout un livre, non pas
tant parce qu'il est le plus long, que par l'abondance des vérités
qu'il proclame; si bien que je suis, très embarrassé dans le choix
que je dois faire entre elles. Je voudrais pouvoir tout dire, et
cependant cela ne m'est pas possible. Je me bornerai donc à deux
observations générales et à quelques remarques de détail.
§ 595. En lisant ce psaume, il ne faut pas oublier qu'il exprime les sentiments d'un fidèle, d’un homme auquel Dieu avait pardonné ses péchés (Ps. CIII), qu'il avait arraché à la malédiction de la loi (I, § 1029), et qui, en conséquence, avait appris à dire du fond de son cœur: «J'aime l'Éternel» (Ps. CXVI, vers. 1). Mais, si David aimait Dieu, il ne pouvait pas ne point aimer la loi de Dieu, puisqu'elle est l'expression de sa sainte et bonne volonté; et comme, par la foi, il se sentait délivré de la malédiction prononcée par cette loi, il n'éprouvait que du plaisir à se ranger sous son obéissance. Ce n'est pas qu'il cherchât dans l'observation de la loi le pardon de ses péchés passés (Ps. XXV, vers. 11; CXXX, CXIX vers. 3), mais il y trouvait la règle de la conduite qu'il devait tenir pour plaire à Dieu, et comment n'aurait-il pas profité d'un tel guide avec reconnaissance? C'est ma première observation générale.
§ 596. La seconde, c'est qu'en parlant de la Loi de Dieu, David, selon toute apparence, entend, non pas seulement la Loi proprement dite, mais l'Écriture entière, telle qu'il la possédait: les cinq livres de Moïse, Job, Josué et les Juges, que, dans leur ensemble, il appelle les témoignages de l'Éternel. En effet, on peut dire que les Écritures sont un témoignage que le Seigneur s'est rendu à lui-même. Elles témoignent de sa puissance, de sa sagesse, de sa justice et de sa miséricorde. Il s'y trouve des doctrines et non pas seulement des lois, des promesses et non pas seulement des menaces, enfin le récit de faits pleins d'instructions et de consolations tout à la fois. Or, c'est de la révélation de l'Éternel, dans tout son contenu, que le prophète célèbre l'excellence.
CXIX
§ 597. Ce psaume renferme tant de grandes idées
qu'on ne saurait le lire tout d'une haleine, d'autant moins que,
par la reproduction assez fréquente de certaines formules,
l'auteur sacré semble se répéter, et, si l'on n'y prend garde,
l'attention se perd facilement. Il est vrai qu'une pensée
principale domine tout le poème, mais elle s'y modifie de mille
façons différentes. Je voudrais avoir le temps de vous faire
remarquer toutes ces nuances. Voyez d'abord qui sont ceux que le
Saint-Esprit déclare bienheureux; voyez le conseil qu'il donne aux
jeunes gens en particulier; le moyen qu'il indique pour éviter le
péché; l'avantage qu'il y a de savoir par cœur des passages de la
Parole de Dieu; la prière que nous ferons au Seigneur si nous
voulons pouvoir apprécier à sa juste valeur sa sainte loi; ce que
doivent être pour nous ses témoignages, et l'humilité avec
laquelle un fidèle recourt à la grâce de Dieu quand il se voit en
face de ses ordonnances.
§ 598. Plus loin, le prophète parle du prix des afflictions, comme moyen de nous ramener de l'égarement, en pliant notre volonté à celle de Dieu, et du prix plus grand encore de sa Parole sainte, sans laquelle l'affliction peut conduire au désespoir. On s'étonnera peut-être de l'entendre déclarer que les commandements de Dieu l'ont fait revivre, comme si la loi pouvait autre chose que nous condamner et nous tuer! Mais voici dans quel sens le mot de David est parfaitement vrai. Lorsqu'un enfant de Dieu fait fausse route, c'est en lui montrant le droit chemin par la Parole de Dieu, par ses lois et ses exhortations, que le Saint-Esprit l'y fait rentrer; et aussitôt même son âme est délivrée du poids qui l'oppressait. Cela vous explique la frayeur qui s'emparait quelquefois du psalmiste et cette belle prière: «Affermis mes pas dans l'observation de ta Parole et qu'aucune iniquité ne domine sur moi.» Celle qui se lit au verset suivant est digne d'une attention particulière, dans un temps surtout où les hommes se montrent si passionnés de liberté. Eh! oui, nous devons désirer de demeurer ou de devenir libres, mais libres afin de pouvoir servir Dieu; et ce qui nous doit remplir d'une profonde tristesse, c'est de voir, au contraire, tant de gens qui abusent de leur indépendance pour transgresser la loi de l'Éternel. Ah! que Dieu daigne nous donner à cet égard la vive compassion et les saintes larmes de David!
§ 599. Nous avons, enfin, dans deux versets fort courts un excellent résumé des bénédictions les plus désirables. Obtenir le pardon de ses péchés, aimer la loi de Dieu parce qu'on a trouvé grâce devant lui, souhaiter de ne plus vivre que pour le louer, chercher sa force et son assurance dans la justice qui vient de lui par la foi (I, § 291); tout est là. Déjà quelques lignes plus haut, vous avez pu lire ces belles paroles qui rappellent le patriarche Jacob (I, § 595): «Éternel, j'ai attendu ton salut, et j'ai fait ce que tu commandes!»
§ 600. Quant aux deux psaumes où il est parlé de la brièveté et de la vanité de la vie, j'engage mes lecteurs à méditer surtout, dans l'un, les versets 5 , 6, 7 et 12; puis, dans l'autre, les six premiers versets, le 10e et le 12e. Ce psaume-ci d'ailleurs présente un intérêt particulier par le nom même de son auteur. C'est Moïse, homme de Dieu. En terminant, il présente au Seigneur une prière que nous ne saurions répéter trop souvent.
CXXXI
§ 601. Nous avons à signaler, enfin, un beau
modèle d'humilité. Notre Seigneur a dit: «Si vous n'êtes changés
et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n'entrerez
point dans le royaume des cieux (Matth. ch. XVIII, vers. 3).» Il a
dit aussi que «celui qui s'élève sera abaissé, mais que celui qui
s'abaisse sera élevé (Luc ch. XIV, vers. 11).» Comparez ces
déclarations solennelles avec le témoignage que le Saint-Esprit
permet à David de se rendre, et vous admirerez toujours plus
l'excellence des grâces que le Seigneur avait daigné lui départir.
CXXXI. Psaumes historiques et prophétiques.
6° Psaumes historiques.
§ 602. On désigne sous ce titre trois psaumes où sont racontées, à la gloire de Dieu et à la confusion d'Israël, les principales délivrances dont ce peuple avait été l'objet dès les temps anciens et qu'il avait payées de tant d'ingratitude. Ce sont les psaumes LXXVIII, CV et CVI. Les étudier en détail, serait, pour ainsi dire, refaire l'Histoire Sainte depuis Abraham jusqu'à David, et de quelque intérêt que fût ce travail, nous ne saurions songer à l'entreprendre. Bornons-nous à une réflexion générale qui n'est pas sans importance, c'est qu'il est bon aux fidèles de repasser quelquefois en leur cœur et devant Dieu l'histoire de leur vie. En voyant combien de grâces Dieu nous a faites et par quelle multitude de péchés nous avons dû lui déplaire, nous nous humilierons toujours plus devant lui, notre amour pour ce Dieu de miséricorde s'accroîtra d'autant et, par conséquent, notre confiance en sa grande bonté. Mais cette confiance, ce qui la légitime, c'est bien moins notre repentir et notre amour pour Dieu, que l’amour qu'il nous a témoigné lui-même en Jésus-Christ. Or, vous allez voir comment, par la bouche de David, père selon la chair et type du Messie, le Saint-Esprit a parlé des souffrances de ce Messie et de la gloire qui devait les suivre.
7° Psaumes prophétiques ou messianiques.
§ 603. Voici d'abord la liste des principaux de ces psaumes: II, XXII, XL, XLV, LXVIII, LXXII, LXXXVII, CX, CXVIII. On doit y ajouter les psaumes VIII, XVI, XXIV, XXXIV, XLI, LXIX, LXXX, XCVIII, CIX, CXVII, CXXXVIII, et d'autres peut-être.
II
§ 604. Des nations se ligueront contre
l'Éternel et contre son Oint ou son Christ. Des princes
s'entendront pour renverser le règne du Messie. Mais le Seigneur
demeurera victorieux, parce qu'il est le Roi de Sion, c'est-à-dire
de l'Église, dans le ciel et sur la terre. Il est le Fils de Dieu,
engendré aujourd'hui, pour dire de toute éternité; car ce mot
aujourd'hui! que signifie-t-il relativement à Celui pour qui
«mille ans sont comme un jour, et un jour est comme mille ans?» Le
Père lui a donné en héritage tous les peuples de la terre et il
exercera sur eux le jugement. On adorera donc le Fils; on il le
baisera, comme il est dit de Joseph lorsque Pharaon l'assit sur
son trône (I, § 540), et
ceux qui se retireront vers lui trouveront seuls le bonheur. —
Telle est cette prophétie, citée plus d'une fois dans le Nouveau
Testament (Act., ch. IV, vers. 25. Héb., ch. I, vers. 5; V, vers.
5. Apoc., ch. II, vers. 27). Elle déclare la divinité du Sauveur,
ses souffrances et sa gloire. Sous ce dernier rapport, elle n'est
pas entièrement accomplie, mais les événements passés sont un gage
des événements à venir.
XXII
§ 605. Lorsque notre Seigneur Jésus-Christ fut
près d'expirer sur la croix, il poussa un cri de détresse qui, par
les termes mêmes dont il se servit, devait rappeler à ceux qui
étaient présents le psaume XXII, car il prononça l'exclamation
même qui est en tête de ce cantique: «Mon Dieu, mon Dieu! pourquoi
m'as-tu abandonné?» Il faut donc y voir, d'un bout à l'autre, les
paroles du Messie ou du Christ, dans la bouche de David, son père
selon la chair. Lisez, en effet, les versets 17 et 19; lisez
encore les versets 7, 8 et 9. S'ils ont, ces derniers du
moins, quelque rapport avec les persécutions auxquelles David fut
en butte comme type du vrai roi d'Israël, on doit convenir que,
dans leur ensemble, ils ne sont exactement vrais qu'en les
rapportant à Jésus-Christ. Ainsi, toute la première partie du
psaume est une prophétie des plus frappantes de l'humiliation de
notre Seigneur, des angoisses par lesquelles il devait passer, des
mépris dont il fut abreuvé, du genre de supplice que les impies
lui infligèrent et de certaines circonstances fort remarquables de
ce supplice, telles que le sort qui fut jeté sur sa robe.
§ 606. La seconde partie du psaume prophétise les 28 effets des souffrances et de la mort du Sauveur: la conversion de tous les peuples à l'Éternel, selon la promesse faite à Abraham (I, § 367); cette conversion opérée par la prédication de Jésus-Christ dans les assemblées, ou les églises de pécheurs devenus ses frères; le récit que les générations successives se transmettraient de ses grands exploits, et, par tous ces moyens, la gloire de l'Éternel. Or c'est bien ainsi que, à dater de la venue de Jésus-Christ, les choses se sont passées, et qu'elles se passent encore de nos jours.
XLV
§ 607. Telle est la variété des formes dans la
révélation du Seigneur, que voici maintenant un épithalame, ou
cantique nuptial, ou encore, pour se rapprocher davantage de
l'original hébreu, un chant d'amour. Mais de quel amour est-il ici
question et quel en est l'objet? Ceux qui ont dit que ce cantique
fut composé à l'occasion du mariage de Salomon, ne me paraissent
pas y avoir suffisamment réfléchi; car il est impossible que le
Saint-Esprit parle en ces termes d'un homme pécheur et mortel,
quelles que soient les grâces dont le Seigneur l'ait enrichi. Qui
est donc ce Roi plus beau qu'aucun des fils des hommes, béni de
Dieu éternellement, sur les lèvres duquel la grâce est répandue,
qui, montant sur son char de triomphe, a pour cortège la vérité,
la douceur, la justice, et dont la droite opère des œuvres
merveilleuses? Qui est ce Prince auquel le Saint-Esprit donne le
nom de Dieu, et qui est un Dieu que Dieu a oint, ou fait Christ?
Qui est enfin ce personnage auguste dont le nom devait être rendu
mémorable dans tous les âges, afin que les peuples le célébrassent
à toujours et à perpétuité? La réponse me paraît facile, surtout
après que le Nouveau Testament a prononcé (Héb. I, 8). C'est le
même homme, le même Roi, le même Jéhovah, fort et puissant,
dont un autre Psaume prédit l'élévation dans les cieux à la droite
du Père; c'est le Seigneur Jésus-Christ, le divin Époux de
l'Église.
§ 608. Oui, de cette église que le Seigneur aime; qui est belle de toutes les grâces dont il l'a parée et riche de tous les biens qu'il lui a prodigués; de cette église qui, spirituellement, est reine par-dessus tout ce qu'on appelle nations, peuples, assemblées, sociétés. Celles-ci appartiennent sans doute à Jésus parce qu'il est le Seigneur, mais elles ne lui appartiennent pas de la même manière que l'Église son épouse, j'entends la véritable Église. Et si nous en faisons partie nous-mêmes, de cette sainte assemblée, quels ne doivent pas être nos sentiments, notre affection, notre respect, notre dévouement pour ce glorieux rédempteur, le roi et l'époux de nos âmes? La réponse est dans les mots mêmes par lesquels s'ouvre le cantique.
LXXII
§ 609. C'est encore de ce Roi qu'il est parlé
au psaume LXXII, le dernier des psaumes prophétiques de David,
bien qu'il se trouve à cette place. Pour celui-ci, il n'y a pas de
doute qu'il ne s'applique d'abord à Salomon; mais le prophète se
sert d'expressions qui ne se rapportent au fils immédiat de David
que d'une manière fort incomplète, tandis qu'elles s'adaptent
parfaitement au Messie, fils de David et Roi, comme Salomon, mais
bien mieux que lui. Au surplus, le successeur de David fut, à
beaucoup d'égards, le type du Rédempteur, de même que son père
l'avait été, et cela explique comment le Saint-Esprit a pu parler
du Christ sous le nom de Salomon.
CX
§ 610. Le psaume auquel nous sommes parvenus,
nous rappelle l'histoire d'Abraham et le personnage mystérieux qui
vint le bénir après sa victoire sur les rois Syriens (I, §§ 284,
285). David y parle de
Quelqu'un qu'il appelle son Seigneur; or, ce ne peut être que Le
Seigneur, celui par qui et pour qui toutes choses ont été faites,
car le roi David n'avait pas d'autre maître. Il annonce que ce
Seigneur aura des ennemis, mais qu'il finira par triompher de
tous; et de plus, que son royaume, fondé en Sion, s'étendra au
loin. Il dit que nul cependant ne sera contraint de se ranger sous
ses lois. Ce sera volontairement qu'on acceptera sa domination et
son peuple ne laissera pas d'être nombreux comme les gouttes de la
rosée (l, §§ 274, 290,
314).
Établi avec serment sacrificateur et roi, roi de justice et de
paix, véritable Melchisédec, toute puissance lui sera remise
contre Satan le chef et le prince de ce siècle, et il lui livrera
bataille dans l'esprit des trois cents de Gédéon qui ne se
baissèrent pas pour boire l'eau du torrent (§ 187).
Il est aisé de voir comment cette prophétie s'accomplit en
Jésus-Christ, par la prédication de l'Évangile; aussi est-elle
citée plusieurs fois dans le Nouveau-Testament (Matth. XXII, 44;
Act. II, 34; Héb. V, 6).
§ 611. Il en est de même du psaume CXVIII (Matth. XXI, 42;XXIII, 39; Act. IV, 11; Eph. II, 20; l Pier. II, 4-7), qui a, comme le précédent, pour sujet prophétique les triomphes et le règne de Jésus-Christ. C'est d'ailleurs le psaume au moyen duquel nous pouvons le mieux nous figurer la manière dont on exécutait ces chants sacrés dans le service du Tabernacle. Il y avait, selon toute apparence, des chœurs différents qui s'entre-répondaient, circonstance qui explique la répétition textuelle de certaines paroles. Étudions-le donc à ce point de vue, sans toutefois en oublier la signification prophétique; car il ne faut pas faire comme tant de gens qui, dans le chant religieux, se laissent toucher par la musique plus que par les paroles.
§
612.
CHOEUR GÉNÉRAL: «Célébrez l'Éternel, car il est bon, et sa
miséricorde dure éternellement.»
CHOEUR D'HOMMES: «Qu'Israël dise maintenant que sa miséricorde dure éternellement.
CHŒUR DE SACRIFICATEURS: Que la maison d'Aaron dise: maintenant que sa miséricorde dure éternellement.
CHOEUR DE FEMMES ET D'ENFANTS: ou le chœur général: Que ceux qui craignent l'Éternel disent maintenant que sa miséricorde dure éternellement.
(C'est l'introduction).
LE MESSIE par la bouche de David: «Dans ma grande détresse, j'ai invoqué l'Éternel, et l'Éternel m'a répondu en me mettant au large. L'Éternel est pour moi, je ne craindrai rien, que me ferait l'homme? L'Éternel est pour moi, il est du nombre de ceux qui m'aident; c'est pourquoi, je verrai la punition de ceux qui me haïssent.»
UN CHOEUR: «Mieux vaut se confier en l'Éternel que de s'assurer en l'homme.»!
UN AUTRE CHOEUR: «Mieux vaut se confier en l'Éternel que de s'assurer sur les grands.»
LE MESSIE: «Toutes les nations m'avaient environné; mais au nom de l'Éternel, je les ai détruites.»
Il continue avec une partie du chœur: «Elles m'avaient environné, oui elles m'avaient environné; mais au nom de l'Éternel, je les ai détruites.
Encore le MESSIE avec un chœur plus nombreux: «Elles m'avaient environné comme des abeilles; elles ont disparu comme un feu d'épines; car au nom de l'Éternel je les ai détruites.
LE MESSIE SEUL, dépeint sa lutte avec Satan: «Tu m'avais rudement poussé pour me faire tomber; mais l'Éternel m'a secouru. L'Éternel est ma force et le sujet de mes louanges, et il a été mon libérateur.»
CHOEUR VENANT DU SANCTUAIRE, les voix du peuple faisant écho: «Une voix de chant de triomphe et de délivrance retentit dans le tabernacle des justes: La droite de l'Éternel fait vertu; la droite de l'Éternel est haut élevée; la droite de l'Éternel fait vertu.»
LE MESSIE célébrant la délivrance dont il sera l'objet par son relèvement d'entre les morts et son entrée dans le ciel, après avoir subi la peine que nos péchés méritent: «Je ne mourrai point, mais je vivrai et je raconterai les exploits de l'Éternel. L'Éternel m'a châtié sévèrement, mais il ne m'a point livré à la mort (éternelle). Ouvrez-moi les portes de justice, j'y entrerai et je célébrerai l'Éternel.»
CHOEUR DU SANCTUAIRE: «C'est ici la porte de l'Éternel, les justes entreront par elle (Jean X, 7).»
LE MESSIE célèbre de nouveau sa délivrance: je te célébrerai parce que tu m'as exaucé et que tu as été mon libérateur.»
VOIX DU SANCTUAIRE prophétisant le Christ et son œuvre, l'opposition qu'il devait rencontrer et sa victoire finale: «La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée est devenue la principale de l'angle. Ceci a été fait par l'Éternel et a été une chose merveilleuse devant nos yeux. C'est ici la journée que l'Éternel a faite, égayons-nous et nous réjouissons en elle.»
LE MESSIE, au nom de son peuple: «Éternel, je te prie, délivre-nous maintenant; Éternel, je te prie, fais-nous maintenant prospérer.»
CHOEUR DE SACRIFICATEURS. «Béni soit celui qui vient au nom de l'Éternel; nous vous bénissons, de la maison de l'Éternel. L'Éternel est le Dieu fort, et il fait luire sur nous la clarté de sa face. Liez avec des cordes la victime et amenez-la jusqu'aux cornes de l'autel.»
LE MESSIE: «Tu es mon Dieu fort, c'est pourquoi je te célébrerai; tu es mon Dieu, je t'exalterai.»
LE CHOEUR GÉNÉRAL répète les paroles de l'introduction: «Célébrez l'Éternel, car il est bon, et sa miséricorde dure éternellement.»
§ 613. Si les psaumes de David se chantaient de cette manière et avec accompagnement de musique instrumentale, comme il y a tout lieu de le croire, on conçoit la solennité qu'ils devaient ajouter au culte et l'édification qu'en devaient recueillir les âmes pieuses. D'après cela, il est triste de voir le peu d'efforts et de zèle que déploient les chrétiens pour l'amélioration du chant sacré. On semble ignorer que, si l'assemblée préparait ses chants comme elle exige avec raison que ses ministres préparent leurs prédications, le culte serait bien autrement spirituel et céleste. Répétons toutefois que les paroles sont l'essentiel, que la musique vient seulement en seconde ligne, que le cœur doit chanter plus que la voix.
§
614. Pour achever, autant qu'il m'est possible,
cette étude des psaumes messianiques, il me reste à indiquer
quelques prophéties éparses çà et là dans les cantiques d'Israël.
Là il est parlé de l'homme et du fils de l'homme, en des termes
qui s'adressent à Jésus-Christ bien mieux qu'à Adam ou à
l'humanité en général, selon l'intention même du Saint-Esprit
(Héb. II, 5-9);
ici, le prophète annonce la résurrection de notre Seigneur, comme
un apôtre nous le dit expressément (Act. II, 27); ailleurs son
ascension à la droite du Père (Ps. XXIV, 10); le genre de mort
dont il fut préservé, (Ps. XXXIV, 21); la trahison de Judas (Ps.
XLI, 10; 10 Jean XIII, 18); le zèle du Sauveur pour la gloire de
son Père, l'abandon où il se trouva lors de son supplice et le
secours qu'on lui offrit pour apaiser ses souffrances; enfin, la
prédication du salut, qui devait être faite à tous les peuples et
leur conversion future.
§ 615. Or quand nous pensons que la plupart de ces psaumes prophétiques expriment, en tout premier lieu, les sentiments de David lui-même et qu'ils ont trait à ses circonstances personnelles, nous nous confirmons dans la pensée que ce premier roi de Juda, ce père de Jésus selon la chair, ce prophète excellent, si souvent persécuté et toujours protégé de Dieu, fut destiné par l'Éternel à présenter en soi un type, ou une prophétie vivante de Jésus-Christ. Il est même des interprètes qui ont pensé que, parcelle raison, les psaumes doivent tous être envisagés comme des chants messianiques. C'est aller trop loin sans doute; mais il est vrai pourtant que le caractère prophétique de plusieurs psaumes nous aurait échappé, si les auteurs du Nouveau Testament et Jésus-Christ lui-même ne nous l'avaient révélé. Qui sait donc s'il n'en est pas d'autres encore sur lesquels les événements des siècles futurs jetteront une lumière semblable; comme on voit, en nos montagnes les rayons du soleil couchant mettre en saillie l'élévation des pics et les contours des rochers.
§ 616. Quoi qu'il en soit, mes lecteurs remarqueront, sans que je le leur dise, le pas immense que le livre des Psaumes fait faire à la prophétie. Cette voix semblait s'être éteinte en même temps que celle de Moïse; mais avec quel éclat et quelle majesté ne l'entendons-nous pas proclamer de nouveau les plans de Dieu pour la rédemption éternelle de son peuple! Ce ne sont plus les grands traits, comme du temps des patriarches, ce sont des détails en apparence minutieux; mais chacun d'eux est un coup de pinceau par lequel le Saint-Esprit perfectionne la peinture anticipée des œuvres du Messie. Or vous verrez avec une admiration croissante les prophètes postérieurs à David, plus abondants encore, plus précis, plus sublimes peut-être, à mesure que l'accomplissement approchera.
§ 617. Après l'examen rapide que nous venons de faire d'un assez grand nombre de psaumes, dans un ordre qui n'est pas celui de la Bible, nous croyons utile de dresser un tableau de ceux que nous avons étudiés, ou tout au moins mentionnés, et d'indiquer les paragraphes où il en a été question (non disponible dans cette version).
PREMIER LIVRE DES ROIS
SUITE DU
PREMIER LIVRE DES CHRONIQUES
ET COMMENCEMENT DU SECOND.
CXXXII. Couronnement de Salomon. Mort de David.
1Rois
1:
1-14
§ 618. Le temps est venu de reprendre et de
terminer l'histoire de David et de son long règne. Usé par les
fatigues plus encore que par l'âge, cet illustre serviteur de Dieu
terminait une vieillesse précoce, sans pouvoir goûter au-dehors un
instant de tranquillité. Ceux qui l'entouraient faisaient leur
possible afin d'adoucir ses derniers moments. Ils lui avaient
donné pour soigner ses vieux jours une jeune personne nommée
Abisag, qui dormait dans son sein comme un enfant dans le sein de
son vieux père, et qui d'ailleurs lui rendait les services
qu'exigeaient ses infirmités. Mais c'était en vain que David
cherchait à recueillir sa vie après une carrière si agitée; il eut
une nouvelle épreuve dans sa famille, et il dut déployer toute
l'énergie de son âme pour mettre fin à une entreprise qui aurait
pu sans cela bouleverser le royaume.
1:
5
10
§ 619. Par la mort successive d'Amnon et
d'Absçalom, Adonija, le quatrième des fils que David avait eus à
Hébron (2 Sam., ch. III, vers. 4), se trouvait, par sa naissance,
fort rapproché du trône, et il oublia qu'il appartenait à Dieu
seul de le donner. Joab, le trop célèbre neveu et général de
David, se rangea du parti d'Adonija, ainsi que le sacrificateur
Abiathar, hommes à qui la piété du jeune Salomon ne pouvait plaire
et qui ne songeaient qu'à contenter leur ambition. Aidé de ces
deux personnages influents, Adonija convia ses frères et tous les
hommes de Juda à un grand festin, après lequel il comptait se
faire couronner; mais il se garda bien d'inviter Salomon , non
plus que les individus qu'il savait fidèles à David, savoir entre
autres Tsadok, Bénaja , Nathan et même Scimhi, par quelque autre
raison sans doute.
1:
11-37
§ 620. Pendant que tout se préparait ainsi pour
assurer le succès du complot à l'insu du vieux roi retenu dans son
palais par ses infirmités, Bathsébah, informée et dirigée par
Nathan , se rendit auprès de David et lui rapporta ce qui se
passait, lui rappelant d'ailleurs l'intention qu'il avait
constamment manifestée, conformément à la volonté du Seigneur, de
transmettre la couronne à Salomon leur fils. Là-dessus, Nathan
lui-même se présenta devant le roi, ce Nathan qui, environ
vingt-sept ans auparavant, avait prophétisé le règne de Salomon
(§§ 451 , 452),
et quelques années après avait ouvert les yeux de David sur ses
crimes (§ 471). Il
confirma de point en point les paroles de Bathscébah, et le vieux
roi, avec une présence d'esprit et une vigueur de résolution qui
ne pouvaient lui venir que de Dieu, ordonna que Salomon fût
immédiatement proclamé son successeur.
1:
38-53
§ 621. C'est ce qui se fit en grande pompe.
Tsadok oignit Salomon de l'huile sainte du Tabernacle, et le
peuple salua par ses acclamations le nouveau roi que l'Éternel lui
donnait. De proche en proche, les cris de joie se répandirent dans
le pays, en sorte qu'ils ne tardèrent pas à parvenir aux oreilles
d'Adonija et de ses complices. On se figure aisément le trouble
qui s'empara d'eux au milieu même de leurs fêtes. Chacun s'enfuit
de son côté, et Adonija, qui ne doutait pas que le dernier
supplice ne fût le prix de sa révolte, se précipita du côté du
Tabernacle, et, s'accrochant aux cornes de l'autel comme une
victime dévouée à la mort, il fit supplier Salomon de l'épargner.
Adonija ne se recommanda pas en vain à la clémence de son frère;
il eut la vie sauve, mais sous la condition fort naturelle que sa
conduite future le mit à l'abri de tout soupçon.
1
Chr. 28: 1-10
§ 622. À cette même époque, la ville de
Jérusalem fut le théâtre d'une scène magnifique. David y convoqua
tous les chefs du peuple et les principaux de sa cour, afin qu'ils
reconnussent Salomon. Mais il avait une pensée plus haute. Quand
l'assemblée fut réunie, il fit effort pour se tenir debout, et,
visiblement soutenu par le Seigneur, il prononça un discours qui
paraît nous avoir été conservé dans toute son étendue. Après avoir
rappelé le désir qu'il avait eu de bâtir un temple à l'Éternel et
la raison qui s'y était opposée, il déclara que l'Éternel avait
confié cette œuvre sainte à Salomon; puis il fit entendre à son
fils et à toute la convocation d'Israël des exhortations, où il
semble emprunter les termes mêmes dont Moïse et Josué s'étaient
servis en pareille circonstance (§§
119, 120; I, 1034-1036).
§
623. Alors, David remit solennellement à Salomon
le plan de l'édifice à construire, tel que l'Éternel le lui avait
révélé, et il l'exhorta de tout son cœur à entreprendre avec
courage cet important travail; car, dit-il, «ce palais n’est pas
destiné à un homme, mais à l'Éternel Dieu.»
Ces dernières paroles, David les adressa à toute l'assemblée, en
lui présentant et en lui recommandant le jeune roi. Puis il
indiqua les sommes qu'il destinait à la construction du temple et
il invita le peuple à suivre son exemple, en favorisant par des
dons volontaires ce pieux et noble dessein. L'appel du vieux
monarque, ou plutôt du prophète de l'Éternel, rencontra des cœurs
pleins d'empressement, et David fut dans une fort grande joie en
voyant les valeurs considérables pour lesquelles chacun
souscrivait de son bon gré.
29:
10-20
§ 624. Aussi prononça-t-il à ce moment une
prière magnifique où, bénissant l'Éternel du zèle qu'il leur
donnait à tous pour sa gloire, il le supplie de maintenir son
peuple dans cette disposition et d'incliner constamment les cœurs
vers lui; prière que Dieu exauce encore aujourd'hui, lorsqu'il
répand sur ses enfants l'esprit de libéralité chrétienne qui les
porte à pourvoir, volontairement et avec joie, aux besoins
temporels du royaume de Dieu. David termine en invoquant la
bénédiction de l'Éternel sur Salomon; il invite l'assemblée à
louer le Seigneur; puis, tous se prosternèrent devant l'Éternel et
devant le roi, type du Messie.
29:
21,
22
§ 625. Cette solennité religieuse fut suivie de
fêtes auxquelles un peuple immense se joignit, comme on le voit
par le nombre considérable de victimes qui furent offertes en
sacrifices de prospérité et dont la plus grande partie devait être
consommée par les assistants (I,§ 864).
I A la demande du peuple, Salomon reçut une seconde consécration;
Tsadok aussi fut oint pour exercer la souveraine sacrificature,
charge qui, de la sorte, rentra dans la branche d'Éléazar fils
d'Aaron. On voit d'ailleurs aux chapitres XXII et suivants de ce
Livre des Chroniques, les mesures que David avait prises pour
assurer et régulariser le service du Temple de l'Éternel. Toutes
choses étant ainsi mises en ordre, il ne restait plus à David que
de mourir en paix.
§ 626. En effet, peu de jours après cette grande convocation du peuple d'Israël, l'an 1015 avant l'ère chrétienne, David prit enfin le chemin par lequel tous doivent passer depuis que tous sont pécheurs: il mourut. Mais auparavant il appela son fils Salomon pour l'exhorter encore une fois à marcher dans les voies du Seigneur, selon les prescriptions de la loi de Moïse. Puis, il lui donna quelques directions confidentielles au sujet de deux hommes que leurs crimes et leur méchanceté nous ont rendus justement odieux, Joab et Scimhi, tout en lui recommandant les fils de ce Barzillaï auquel il avait de si grandes obligations (§§ 514, 524). Quant à Joab, sans rien prescrire de positif, David le signale au jeune roi comme un individu que ses forfaits rendaient digne du dernier supplice. Au sujet de Scimhi, il dit que s'il l'avait laissé vivre, ce n'était pas qu'il le tint pour innocent. David lui avait personnellement pardonné, mais il ne pouvait méconnaître le crime dont le Benjamite s'était souillé en maudissant l'Oint de l'Éternel. Il lui était bien permis de concevoir quelques doutes sur le repentir de cet homme méchant et de le croire toujours hostile à l'Éternel et à son Christ. C'est pourquoi, bien qu'en s'en remettant à la sagesse de Salomon, David lui prédit qu'il se verrait dans l'obligation de frapper le coupable Scimhi. Il lui en donne, si l'on veut, l'ordre indirect; mais, à cet instant suprême et dans la bouche de David, un tel ordre ne peut être envisagé que comme l'expression de la volonté suprême du Seigneur juste Juge. — Ainsi s'endormit David, prophétisant les jugements de l'Éternel, et il fut enterré dans le quartier de Jérusalem qu'on avait appelé de son nom.
§ 627. C'est en parlant du sépulcre de ce grand roi, que l'apôtre Pierre donne à David un titre sous lequel on n'a guère coutume de le désigner, mais qui lui convient sûrement, puisque le Saint-Esprit le lui attribue; je veux dire celui de PATRIARCHE (Act., ch. II, vers. 29). Ce mot signifie proprement Prince des pères. Il ne se trouve que dans le Nouveau-Testament, pour désigner Abraham (Héb., ch.VII, vers. 4) et les fils de Jacob (Act., ch.VII, vers. 8,9). David est donc mis sur la même ligne que le père de tout Israël et que les chefs des douze tribus. La raison m'en paraît être que de David est descendu Celui qui avait été promis à Abraham, Celui pour l'amour duquel les fils de Jacob devinrent la souche de la nation élue; car nul n'ignore que, dans le Nouveau-Testament, notre Seigneur Jésus-Christ est appelé, d'une façon particulière, LE FILS DE DAVID.
§ 628. Sans reproduire tout ce que nous avons dit occasionnellement sur le caractère du roi-prophète, sur ses chutes et sur son relèvement, sur ses épreuves multipliées et sur sa patience, sur sa charité, noble fruit de sa foi; en un mot, sur toute sa vie d'homme selon le cœur de Dieu; sans revenir non plus sur ce qu'il a fait et dit en qualité de type du Messie et comme prédicateur anticipé de l'Évangile, nous ferons observer que David eut la sainte gloire d'accomplir l'œuvre commencée par Josué. Ce fut lui qui acheva de dompter les tribus cananéennes auxquelles le pays avait appartenu jadis. En sorte que l'établissement du peuple d'Israël ne date réellement que de cette époque, circonstance par laquelle David est, encore une fois, le type de Jésus-Christ, type qui se continua et se compléta dans la personne de Salomon ou plutôt dans les œuvres de son règne, comme nous avons vu Moïse complété par Josué (§ 127).
CXXXIII. Premiers actes du règne de Salomon.
1 Rois 2
§ 629. Salomon, né l’an 1033 avant Jésus-Christ, n'avait que dix-huit ans lorsqu'il monta sur le trône. Tout présageait que le commencement de son règne serait fort orageux; car il avait dans son cousin Joab, dans le sacrificateur Abiathar, dans le malheureux Scimhi et surtout dans son frère Adonija des adversaires redoutables. Mais Dieu lui inspira la ferme volonté de faire sentir la vigueur de son bras aux ennemis de l'ordre, et de fonder la sûreté de sa couronne sur le châtiment exemplaire des méchants. C'est aussi ce que fera notre Seigneur quand il reviendra pour prendre possession de son règne.§ 630. Ce fut d'abord sur Adonija que dut s'exercer la justice du nouveau roi. Oubliant la condition que son frère avait mise à la grâce qu'il lui avait accordée lors de sa révolte (§ 621), Adonija osa présenter à Bathscébah une requête dont l'objet et le ton montraient assez qu'il n'avait point abandonné ses pensées ambitieuses (§§ 430, 510). Salomon ayant donc appris cette démarche d'Adonija, et démêlant des vues secrètes qui avaient échappé à Bathscébah, chargea Bénaja de le faire mourir. Comme Absçalom, ce prince périt victime de son ambition, ou, pour mieux dire, de sa révolte contre l'Éternel, car c'était par la volonté de Dieu que Salomon s'était assis sur le trône de David son père. Adonija ne pouvait avoir aucun doute à ce sujet.
§ 631 Quant au sacrificateur Abiathar, qui, après avoir été si fidèle à David, s'était rangé du parti du coupable Adonija, Salomon le relégua dans sa maison d'Hanatoth, ville d'où nous verrons plus tard sortir un grand prophète. De cette manière, non seulement Abiathar cessa d'exercer la sacrificature, mais encore il fut le dernier des descendants d'Héli qui ait revêtu l'Éphod (I, § 814), et il termina ses jours dans l'obscurité et dans le dénuement. Ainsi encore s'accomplit la prophétie prononcée 113 ans auparavant (§ 255).
§ 632. À l'ouïe de ces événements, Joab, que sa conscience ne devait pas laisser tranquille; Joab, qui avait partagé et favorisé avec Abiathar le crime d'Adonija; Joab, l'homme de sang, qui s'était couvert de celui d'Abner et de celui d'Hamasa; Joab, dis-je, sentant que le jour des rétributions était venu pour lui, s'enfuit au Tabernacle et y saisit les cornes de l'autel (§ 621). Peut-être fut-ce par un sentiment de repentance qu'il voulut mourir en ce lieu même. Quoi qu'il en soit, Bénaja , par ordre de Salomon, l'y suivit et l'y frappa du coup qu'il méritait. — Dès ce moment, Bénaja remplaça Joab dans le commandement en chef des armées, comme Tsadok avait remplacé Abiathar dans la charge de souverain sacrificateur.
§ 633. Restait encore un homme que David mourant avait signalé à la vigilance du jeune roi: c'était Scimhi. La manière dont Salomon le traita d'abord était bien propre, semble-t-il, à toucher son cœur. Il fixa Jérusalem pour sa demeure, l'autorisant à s'y bâtir une maison; lui déclarant, toutefois, que s'il dépassait seulement le torrent de Cédron, il s'exposerait à une mort certaine. Scimhi donna sa parole à Salomon; mais, trois ans après, saisissant une occasion qu'il avait peut-être concertée lui-même, il se rendit à Gath, chez les Philistins, au mépris de ses engagements. Par la rupture volontaire de son ban, il avait prononcé l'arrêt de sa propre mort. Peut-être Salomon fut-il fondé à croire que cet homme incorrigible tramait quelque complot contre la sûreté du royaume. Toujours est-il qu'il le fit mourir comme il le lui avait annoncé, et Scimhi vint montrer à son tour que l'Éternel châtiera tôt au tard ses ennemis et ceux de son Oint.
Chap.
3
§ 634. Dans ce même temps ou quelque peu
auparavant (car il est probable que la mort de Scimhi est racontée
au chapitre II par anticipation), Salomon épousa une fille du
pharaon qui régnait alors en Égypte. Très jeune encore, il s'était
uni à une Hammonite nommée Nahama (I Rois XIV, 31), et il en avait
eu un fils peu avant la mort de David. Ce fils est Roboam, qui
monta sur le trône. L'union de Salomon avec une princesse
égyptienne ne fut donc pas son premier mariage, et nous le voyons
entrer ainsi dans une voie qui lui fut encore plus funeste qu'elle
ne l'avait été à son père ou à Jacob le père de tout Israël.
Quelle que fût la piété de Salomon à cette époque, il est permis
de croire qu'en contractant cette alliance, il céda surtout à la
vanité; mais le consentement qu'y donna Pharaon, nous montre que
David s'était placé par son glorieux règne au niveau des plus
grands princes de son temps. Je dis David, parce que Salomon
n'avait pas encore exécuté les travaux qui lui donnèrent, aux yeux
des hommes, une illustration plus grande que celle dont avait joui
le premier roi de Juda.
§ 635. Je viens de mentionner la piété du jeune prince, et l'Écriture m'y autorisait; car elle nous dit qu'il aima l'Éternel et qu'il se conduisit d'abord selon les préceptes de son père. À l'exemple d'Abraham et de tous les hommes pieux d'Israël, il offrait à l'Éternel de fréquents sacrifices; mais il se permettait de le faire (comme au reste la généralité des Israélites en ce temps-là) ailleurs que dans le lieu même où reposait l'Arche de l'Alliance. C'était, semble-t-il, une infraction formelle aux lois de l'Éternel, infraction qu'avait pu légitimer parfois l'état précaire de la nation; mais l'arche étant alors à Jérusalem, on ne voit pas pourquoi l'on offrait autre part le culte que Dieu requérait de son peuple. Il faut dire cependant à la décharge de Salomon que, si i l'Arche était à Jérusalem, sous une tente que David lui avait arrangée, l'ancienne Tente, le Tabernacle du désert se trouvait à Gabaon, ainsi que l'antique autel d'airain fondu par Betsaléel (I, § 811). On comprend donc que Salomon pût aimer à servir l'Éternel dans ce lieu sacré et que l'Éternel prît plaisir à y exaucer ses prières.
§ 636. Un jour donc qu'il avait offert à Gabaon mille holocaustes pour lui et pour le peuple nombreux qui l'y avait accompagné, le Seigneur le favorisa d'une vision dans laquelle il lui promit de lui accorder toutes ses demandes. Salomon, pénétré de respect pour la mémoire de son père, jaloux de lui succéder dignement, plein de défiance de lui-même, et comme effrayé de la tâche que lui imposait la royauté, Salomon, dis-je, fit une prière qui montrait combien l'Esprit de Dieu avait déjà mis de sagesse dans son cœur. Au lieu de demander une longue vie, ou d'abondantes richesses, ou une grande gloire, ou même le succès de ses armes contre ses ennemis, il se borne à supplier le Seigneur de lui accorder un cœur sage et intelligent, afin de bien gouverner le peuple remis à ses soins. Une telle prière, vous le comprenez, ne pouvait qu'être exaucée, car c'était le Seigneur lui-même qui l'avait dictée. Or celui qui a dit: «Cherchez premièrement le royaume de Dieu et sa justice, et toutes choses vous seront données par dessus (Matth. VI, 33),» ne se contenta pas de promettre à Salomon la sagesse; il lui déclara qu'il lui donnerait en outre ce qu'il n'avait pas demandé, si bien que nul monarque ne pourrait jamais lui être comparé, pourvu toutefois qu'il persévérât dans la droite voie. — Salomon, réveillé de son sommeil et joyeux de la vision dont il avait été favorisé, courut à Jérusalem, et, cette fois, devant l'Arche de l'Alliance, il offrit de nouveaux holocaustes et des sacrifices de prospérité, avec les fêtes usitées en pareille circonstance.
§ 637. Les récits contenus dans la fin de ce chapitre et au chapitre suivant, sont destinés à montrer comment s'accomplit la promesse de Gabaon. Nous y avons d'abord un jugement que Salomon rendit dans une affaire où il était bien difficile de démêler le vrai d'avec le faux, mais où il manifesta une connaissance remarquable du cœur humain. Il comprit qu'une mère, même la plus dépravée, aimera mieux céder son enfant à une autre que de le voir massacrer sous ses yeux. Nous pouvons, par cet exemple, nous faire une idée de la sagesse que Salomon avait reçue pour rendre la justice à son peuple.
Chap.
4
§ 638. La sagesse du gouvernement de Salomon se
voit encore par l'ordre qu'il établit dans son royaume. Il ne
s'entoura pas de généraux en grand nombre comme David, car il
n'eut pas à livrer des batailles; mais il était secondé dans le
gouvernement de son peuple par douze intendants qui administraient
chacun leur préfecture. Ce peuple s'accrut rapidement sous le
règne du roi Pacifique (§ 481);
il jouit d'une grande prospérité d'un bout du pays à l'autre, et
le territoire sur lequel il s'étendit allait de l'Euphrate à la
frontière d'Égypte. Ainsi s'accomplit la promesse faite à Abraham
près de neuf siècles auparavant (I, § 297).
§ 639. Quant à Salomon lui-même, rien n'égale la splendeur de sa cour. Elle était si nombreuse qu'il lui fallait chaque jour d'immenses provisions, et ces provisions lui arrivaient de toutes parts avec un ordre admirable. On peut d'ailleurs apprécier ses richesses par le nombre de chevaux qu'il avait dans ses écuries. Mais ce qui est plus digne d'attention, ce sont les lumières que Dieu lui donna; en sorte que, s'il ne fut pas le plus grand roi de son temps par l'étendue de ses domaines et par le nombre de ses sujets, il n'y en eut point, ni avant ni après lui, d'aussi illustre par sa science. Plus sage qu'Ethan et qu'Héman (§ 546), il prononça trois mille paraboles ou proverbes, composa un nombre considérable de cantiques, et fut profondément versé dans l'histoire naturelle; aussi venait-on de toutes parts s'instruire auprès de lui.
§ 640. Telle fut la gloire de Salomon. Tout ce tableau se rapporte à l'ensemble de son règne, et il ne faut pas grand effort pour y voir un type du règne glorieux de Celui qui s'est comparé à Salomon, tout en se disant plus grand que lui (Matth. XII, 42). C'est notre Seigneur Jésus-Christ qui est le vrai prince de la paix; c'est lui qui, jugeant avec justice, est le roi de son Église, peuple à la fois petit et grand; lui qui administre ce peuple avec une infinie sagesse et qui nourrit ses serviteurs des richesses de sa grâce. Puis, quand il reparaîtra dans sa gloire, alors se réalisera de la manière la plus parfaite, tout ce qui ne fut qu'en figure sous Salomon.
CXXXIV. Chronologie.
§ 641. Avant d'entrer dans la troisième partie de notre travail, laquelle nous conduira de la construction du Temple jusqu'à Malachie, le dernier prophète, nous devons à nos lecteurs une table chronologique qui fasse suite à celle que nous avons donnée après l'étude du Livre des Juges (§ 239). Nous y reproduisons quelques faits contemporains déjà notés dans cette dernière table; savoir la mort de Jephté, celle d'Ibtsan, de Samson, d'Elon et d'Abdon.
§ 642.Av. J.-C. |
||
Naissance de Samuel | 1139 | |
Samuel consacré à Dieu | 1136 | |
Mort de Jephté | 1132 | |
Vocation de Samuel | 1128 | |
Mort d'Ibtsan | 1125 | |
Mort de Samson | 1122 | |
Bataille d'Aphek, mort d’Héli | 1120 | |
L'Arche à Kiriath-Jéharim | 1119 | |
Mort d'Elon et d'Abdon | 1107 | |
Réveil religieux; Mitspa; Samuel, juge | 1099 | |
Naissance de David | 1085 | |
Saül consacré à Rama, élu à Mitspa, confirmé à Guilgal | 1075 | |
Abdication de Samuel | 1074 | |
Guerre contre les Philistins; Jonathan | 1073 | |
Guerre contre Hamalek; Saül rejeté | 1070 | |
David oint par Samuel | 1067 | |
Guerre contre les Philistins; Goliath | 1063 | |
Fuite de David | 1061 | |
David à Ziph et à Engueddi | 1060 | |
Mort de Samuel; David à Paran, Abigaïl | 1059 | |
David à Gath | 1058 | |
Mort de Saül | 1056 | |
Isçboseth proclamé par Abner | 1054 | |
Victoire de Joab sur Abner | 1053 | |
Assassinats d'Abner et d'Isçboseth | 1052 | |
David reconnu par les XII Tribus; prise de Jérusalem | 1047 | |
Bataille de Bahal-pératsim | 1046 | |
Dénombrement | 1045 | ? |
L'Arche à Jérusalem | 1043 | |
Prophétie de Nathan | 1042 | |
Victoires de David | 1040 | |
Les Gabaonites vengés | 1039 | ? |
Méphibosceth; guerre contre les Hammonites | 1037 | |
Chute de David | 1035 | |
Relèvement de David | 1034 | |
Naissance de Salomon | 1033 | |
Amnon et Tamar | 1032 | |
Absçalom assassine Amnon | 1030 | |
Absçalom rentre en grâce auprès de David | 1027 | |
Pleine réconciliation | 1025 | |
Conjuration d'Absçalom; sédition de Scébah | 1021 | |
Couronnement de Salomon et mort de David | 1015 |
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