Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PRÉFACE

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C'est avec une parfaite sincérité que l'auteur de ce livre le présente sous le simple titre d'Études de la Parole de Dieu. Il n'a point la prétention d'offrir au public religieux un tableau complet et achevé. Après une expérience de vingt années, il lui a paru qu'on pouvait resserrer dans un cadre assez étroit les principaux enseignements de l'Écriture, et donner ainsi la clef de la Parole de Dieu à ceux d'ailleurs que l'Esprit du Seigneur éclaire et conduit. Il a pensé que ce travail ne serait pas inutile à quelques jeunes gens, non plus qu'aux pères de famille jaloux de diriger eux-mêmes l'instruction religieuse de leurs enfants; c'est ce qui lui a donné le courage de l'entreprendre.

Ce livre, d'ailleurs, est un livre élémentaire; c'est-à-dire qu'il ne faut pas y chercher ce qu'on appelle de la science, ni rien de ce que voudraient ceux qui ont lu beaucoup de commentaires et qui aimeraient à en rencontrer un qui leur dît enfin le dernier mot sur chaque chose et levât toutes les difficultés.

Ce que l'auteur entend par progressif, c'est qu'il a évité de tout dire à l'occasion de tout. Quand on prêche sur un texte de la Bible, on le développe ordinairement en y rattachant les diverses doctrines qu'il suppose et en tirant de ce texte toutes les conséquences qui s'en peuvent déduire. Ici, au contraire, on a attendu patiemment que la révélation de Dieu se complétât elle-même, en sorte que la lumière va croissant à mesure qu'on avance, et l'on n'a pas craint de paraître oublieux ou mal informé, là où, tout simplement, on jugeait bon d'ajourner de plus amples enseignements.

Cependant, il y aurait eu une affectation de méthode plus que puérile, à feindre d'ignorer ce que, dans l'Église chrétienne, tous savent, depuis les plus grands jusqu'aux plus petits. C'est pourquoi l'on n'a pas cru devenir infidèle au plan qu'on s'était prescrit, en dirigeant sur l'Ancien Testament quelques rayons de la lumière que nous fournit l'Évangile; mais on s'est efforcé de le faire avec assez de sobriété pour que l'étude proprement dite s'arrêtât à la portion de l'Écriture qu'on avait sous les yeux, sauf les références aux morceaux étudiés précédemment.

L'ouvrage entier est divisé en cinq parties. La première a pour objet le Pentateuque; la seconde va depuis Job jusqu'à la construction du temple de Salomon, y compris l'étude des Psaumes; la troisième renferme le reste de l'Ancien Testament, par conséquent les livres de Salomon et ceux des Prophètes; la quatrième, les Évangiles jusqu'à la mort du Sauveur; la cinquième enfin, les autres livres du Nouveau Testament. — L'ouvrage entier pourra être suivi d'un recueil de tableaux, cartes et planches.

Dieu veuille bénir en faveur de quelques âmes la lecture de ces volumes, et s'en servir pour faire aimer et pratiquer sa divine Parole! (Psaume CXIX, 72.)

Si l'auteur ne cite pas les ouvrages qu'il a consultés, c'est qu'il aurait eu trop à faire, et que d'ailleurs ce n'eut été guère en place dans un livre qui n'est pas destiné aux savants. Il lui suffira d'avertir qu'il n'a point aspiré à dire des choses nouvelles, après tant d'hommes de Dieu qui en ont dit de si bonnes. Tout ce qui lui appartient peut-être dans ce travail, à supposer qu'il soit permis de s'exprimer de la sorte, c'est l'idée qui lui est venue de l'entreprendre et la marche qu'il y a suivie. Si l'événement l'autorise à penser qu'il ne s'est point mépris sur les besoins actuels de l'Église, il s'en réjouira de la joie qu'on éprouve quand on fait l'œuvre de Dieu.

Décembre 1346.



LES CINQ LIVRES DE MOÏSE

LE PENTATEUQUE.

I.  Explications préliminaires.



§ 1. Nous nous proposons, dans ces études, de méditer l'histoire des choses que Dieu a faites ici-bas pour sa gloire, et qu'il nous a transmises par la bouche de ses prophètes. Cette histoire va depuis la création du monde jusqu'au temps où la parole du salut se répandit en tout lieu par le ministère des Apôtres de notre Seigneur Jésus-Christ. On l'appelle l'Histoire Sainte. C'est de Dieu qu'elle parle avant tout; mais, en nous apprenant ce que Dieu est, elle nous apprend aussi à connaître ce que nous lui devons et ce que nous sommes nous-mêmes par rapport à Lui.

§ 2. Le livre qui contient ces récits est intitulé la Sainte Bible, comme on le voit à la première page du volume que je supposerai toujours sous les yeux de mes lecteurs. Ce mot Bible vient du grec et signifie livre. Vous le trouvez dans l'épître aux Hébreux, ch. X, v. 7. Là se lit en original le mot biblion qu'on a traduit par livre, comme on le devait.

§ 3. Ce volume donc, que vous avez le bonheur de posséder, est le Livre par excellence, le seul qui vienne directement de Dieu, et qui nous dise tout ce que notre âme a vraiment besoin de savoir. C'est pour cela qu'on l'appelle la Sainte Bible; car tout ce qui vient directement de Dieu et se rapporte à Dieu est saint, ou sacré comme lui. C'est ainsi que le repos du dimanche est un saint repos, et que l'emplacement, quel qu'il soit, où nous rendons culte au Seigneur, est un saint lieu. Ce peut être une maison de pierre et de bois comme tout autre édifice, mais on y fait le service du Très-Haut et cela suffit. La Bible aussi est un livre extérieurement semblable à d'autres livres; ce sont des feuilles de papier reliées ensemble et imprimées comme tout ce qu'on imprime; mais ce livre-là nous vient de Dieu et il nous parle de Dieu. Quel n'est donc pas le respect avec lequel nous devons nous en occuper!

§ 4. Mais le titre de votre Bible ne contient pas seulement les mots que je viens d'expliquer. Il y a ensuite: ou L'Ancien et le Nouveau Testament. Chacun sait ce qu'on entend par un testament. C'est en général l'expression de la dernière volonté d'un père au sujet du partage qu'il fait de ses biens entre ses enfants. La Bible aussi est l'expression de la dernière volonté de Dieu relativement à l'héritage céleste et à ceux qu'il traite et traitera comme ses enfants. Voulez-vous savoir si vous êtes enfants de Dieu et si vous hériterez de sa gloire, lisez la Bible. J'ai dit que la Bible exprime la dernière volonté de Dieu, parce qu'en effet cette volonté, telle qu'il l'a exprimée, ne saurait subir aucun changement.

§ 5. Il y a pourtant, semble-t-il, deux volontés, puisqu'on dit l’Ancien et le Nouveau Testament. Est-ce donc que le nouveau est en opposition avec l'ancien? Non certainement, comme vous le verrez bien vous-mêmes. C'est au fond une seule volonté que Dieu nous fait connaître dans les deux Testaments, quoique, à certains égards, l'ancien ait été aboli par le nouveau. Je n'en dis pas davantage sur ce point pour le moment. Toujours est-il qu'il n'en saurait être de Dieu comme d'un homme. L'homme est léger dans ses pensées et inconstant dans ses desseins; mais Dieu ne dit pas oui et non sur la même chose. — Du reste, quant à ce mot de Testament, on l'a pris tel quel dans la Bible, comme vous pouvez le voir par l'épître aux Hébreux, chap. IX, vers. 15.

§ 6. Il est encore d'autres noms qu'on donne à la Bible, ou plutôt qu'elle se donne elle-même. Ainsi, l'Écriture, les Écritures, la Sainte Écriture. Avant d'avoir pu former un livre, la Bible a dû être écrite; c'est une chose toute simple.

§ 7. On l'appelle aussi la Parole De Dieu, et il est facile de comprendre pourquoi. Ce n'est pas que tout ce qu'elle contient soit sorti de la propre bouche de l'Éternel, car elle nous rapporte des paroles de Satan et celles de très méchants hommes; mais, d'abord, il s'y trouve effectivement des paroles de Dieu même; puis, elle renferme une quantité de discours que les hommes prononcèrent d'après les pensées que Dieu leur donnait, et dans les termes qu'il a jugés les plus convenables. Quant aux paroles mauvaises que je viens de mentionner, quoiqu'elles ne viennent pas de Dieu, c'est Dieu qui a voulu qu'elles nous fussent rapportées, parce que cela était nécessaire, comme vous le verrez à l'occasion. Donc, «toute l'Écriture est divinement inspirée» (2 Tim. III, 16), et c'est pour cela qu'elle s'intitule elle-même la Parole de Dieu.

§ 8. Il y a encore d'autres noms qu'on lui donne, mais nous en parlerons une autre fois. Je ne veux plus, au sujet du titre de votre Bible, que vous faire remarquer ce que vous y lisez après les mots d'Ancien et de Nouveau Testament: Revue sur les originaux par David Martin; ou bien: d'après la version de J.-F. Osterwald. Qu'est-ce donc que cela signifie? — Pour le comprendre, il faut se souvenir que la Bible n'a pas été d'abord écrite en français. L'Ancien Testament fut composé en hébreu, langue des Juifs, et le Nouveau Testament le fut en grec. C'est dans cette dernière langue qu'on traduisit jadis pour la première fois le Vieux Testament; en sorte qu'il fut un temps où toute la Bible ne pouvait être lue que par ceux qui savaient le grec. C'est pourquoi l'on en vint plus tard à la traduire en diverses langues et surtout en latin. Notre français, est un idiome très moderne, en comparaison de ceux que je viens de nommer; d'où il suit que, pendant bien longtemps, il n'exista pas de Bible française, puisque le français proprement n'existait pas. Ce fut seulement à l'époque de la Réformation, qu'un ministre des Vallées du Piémont et Calvin après lui, donnèrent aux chrétiens de notre langue une version de l'Ancien et du Nouveau Testament. Grande bénédiction de Dieu! Mais, du temps de Calvin, le français était encore dans son enfance; il s'est beaucoup perfectionné dès lors; c'est pour cela qu'on a dû souvent retoucher son antique version. Parmi ceux qui l'ont fait avec le plus de succès se trouvent M. Martin , jadis pasteur d'une église française en Hollande, et M. Osterwald, qui était pasteur, dans le dernier siècle, à Neuchâtel. Voilà ce qu'il fallait dire pour expliquer comment il arrive que leur nom ait le trop grand honneur peut-être de se trouver sur la première page de nos Bibles.

§ 9. La Bible ne forme maintenant qu'un volume; et soit que l'on considère celui qui en est l'unique Auteur, soit qu'on en étudie le contenu, qui n'est partout qu'une seule et même pensée, on peut bien dire que la Bible n'est réellement qu'un seul livre. Toutefois, ce livre en contient plusieurs, écrits en divers temps et par bien des personnes différentes. — D'abord, il se divise en deux grandes portions, l'Ancien et le Nouveau Testament. Puis, chacune de ces portions se compose de plusieurs écrits différents. Comptez-en le nombre sur la table qui se trouve d'abord après le titre. Vous verrez qu'il y a dans l'Ancien Testament 39 livres différents et 27 dans le Nouveau: total 66. Je vous exhorte à en apprendre la liste par cœur, quand ce ne serait que pour posséder l'inventaire de votre richesse biblique; mais surtout afin d'y trouver avec plus de facilité les passages que je vous indiquerai.

§10. On peut ranger sous trois classes les livres soit de l'Ancien, soit du Nouveau Testament. D'abord, les livres historiques. Ce sont, dans l'Ancien Testament, les 17 premiers, et, dans le Nouveau, les 5 premiers. Ensuite, les livres d'édification ou d'instruction (on les appelle aussi hagiographes). Ce sont, dans l'Ancien Testament, les cinq livres qui suivent les livres historiques, et, dans le Nouveau, toutes les épîtres. Enfin, les livres prophétiques. Il y en a dix-sept dans l'Ancien Testament, et seulement un dans le Nouveau.

§ 11. Vous voyez que l'Ancien Testament compte beaucoup plus de livres historiques que le Nouveau, moins de livres d'instruction proprement dite, et plus de livres prophétiques. La raison en est toute simple. L'histoire de l'Ancien Testament va depuis la création du monde jusqu'environ 400 ans avant la venue de notre Seigneur, ce qui fait 3600 ans; tandis que l'histoire du Nouveau Testament ne renferme guère qu'une soixantaine d'années. Quant aux prophéties, il n'est pas étonnant qu'elles abondent dans l'Ancien Testament, puisqu'il était destiné à préparer et à annoncer Jésus-Christ, dont la venue fait le sujet du Nouveau. Mais maintenant que Jésus-Christ est venu, vous comprenez que le champ de la prophétie a dû considérablement se restreindre.

§ 12. Du reste, quoique on range en trois classes tous les livres de la Bible, comme je viens de le faire, vous verrez qu'il y a partout des récits, partout des prophéties, partout de l'instruction. Seulement cela veut dire qu'il y a des portions de l'Écriture qui sont plus particulièrement historiques, d'autres plus particulièrement prophétiques, et d'autres plus particulièrement destinées à l'édification.

§13. Les premiers livres historiques de l'Ancien Testament sont les cinq livres de Moïse, appelés par les savants le PENTATEUQUE, ou les cinq volumes. — D'abord la GENÈSE. Ce mot, grec d'origine, veut dire commencement. Les Juifs désignaient chacun des livres de Moïse par un des premiers mots du livre, comme on dit: «Je crois en Dieu,» pour désigner le Symbole des Apôtres, et «Notre Père,» pour l'Oraison dominicale. Les Juifs appelaient donc le premier livre de Moïse, BERÊSCHITB , ce qui signifie: au commencement, mot qui se trouve en tête de la première ligne. Mais depuis que la Bible fut traduite en grec, comme je l'ai dit tout à l'heure (§ 8), on donna aux livres de Moïse des noms qui indiquent plus ou moins bien leur contenu. — Le premier nous racontant le commencement de toutes choses, c'est à bon droit qu'on lui a donné le nom de Genèse, ou Les origines.

§ 14. Comme tous les autres livres de la Bible, il est divisé en chapitres et en versets; mais vous sentez bien que ce ne sont pas les auteurs eux-mêmes qui ont fait ce partage. On l'a imaginé beaucoup plus tard, afin de faciliter les recherches dans le texte sacré. C'est un avantage qui a ses inconvénients; car bien souvent, dans la lecture, on s'arrête mal à propos au bout d'un verset ou d'un chapitre. Rappelez-vous donc en lisant la Bible, qu'il y a, la plupart du temps, plus d'un verset et même plus d'un chapitre à lire pour comprendre la pensée de Dieu.

Et maintenant, entrons dans l'étude du Saint Livre avec confiance et avec joie, mais non sans prier Dieu de nous en donner l'intelligence par son Saint-Esprit, pour l'amour de Jésus-Christ notre Seigneur. Disons avec le roi David: 0 Éternel dessille mes yeux afin que je considère les merveilles de ta Loi! (Ps. CXIX, 18.)


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