Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

EN AVANT

ET

CRI DE GUERRE

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CATHERINE BOOTH


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Par l’auteur de Serge Batourine

(Suite 6)

Pendant les premières années de leur activité, M. et Mme Booth se sont bornés à l’œuvre spirituelle, mais au contact des misères qui les entouraient, l’œuvre temporelle s’est imposée à eux.

Ils ont d’abord ouvert des refuges pour les femmes tombées, refuges basés sur un tout nouveau système, celui d’une liberté complète; puis des crèches, des ateliers de travail, des asiles de nuit, des cuisines à un sou (en 1904), un asile pour les ivrognes qui veulent se réformer, une œuvre de la porte des prisons; la plus touchante enfin, et celle qui demande le plus de renoncement, la mission des Slums (bas-fonds).

«Les sœurs des bas-fonds, comme on les appelle, dit Mrs Drummond, se rendent à leur champ de bataille deux par deux; elles vivent dans ces bas-fonds mêmes, s’habillent et se nourrissent comme les misérables habitants de ces affreux quartiers.

Elles lavent les planchers soignent les bébés et les malades, font la pauvre cuisine des malheureux qu’elles veulent secourir et dont elles cherchent à gagner le cœur et la confiance. Et quoique les scènes dont elles sont témoins et les paroles qu’elles entendent soient de nature à terrifier les hommes qui connaissent le mieux Londres, ces jeunes filles persévèrent.

Elles réussissent à faire impression sur les plus dépravés, à en amener un grand nombre à une position de bien-être et de respectabilité dont ils n’avaient aucune conception.»

Il y a actuellement six cents Slum sisters et trente stations à Londres et dans les provinces. Les refuges sont au nombre de 30, dont 14 en Angleterre.

Il n’est pas de bienfait pour lequel nous soyons aussi reconnaissants, dit le rapport de l’Armée pour 1889, que pour la sympathie toujours plus étendue avec laquelle la masse du peuple répond à nos efforts. Nous le devons sans doute en grande partie à l’œuvre de nos asiles de nuit et à nos dépôts d’alimentation (Shelters and Food, dépôts) ouverts pendant la grève des ouvriers des docks.

Lorsque nous disons que nous tenons chaque semaine 47,000 services religieux, on nous regarde avec un étonnement mêlé d’horreur, mais c’est bien autre chose quand on apprend que pendant une semaine 3,500 des plus pauvres gens de la capitale ont été logés et nourris dans nos asiles à 3 ou 4 pence par tête.

L’automne dernier les asiles de nuit étaient déjà au nombre de cinq, pouvant coucher chacun 900 hommes par nuit. Les trois dépôts d’alimentation distribuaient 20,000 repas par jour.

Les cuisines à 1 penny (Le penny vaut 0 fr. 10. en 1904), à un demi-penny et même à un quart de penny ont aussi rendu un grand service aux adultes et aux enfants ces derniers hivers.

De sa chambre de maladie, Mme Booth suivait toujours avec le même intérêt ces diverses branches de l’œuvre qu’elle chérissait. Son mari et ses enfants la tenaient au courant des moindres détails.

Mme Booth était une ennemie jurée de toute indulgence personnelle, du luxe, de la toilette, du tabac, surtout de la boisson. Elle ne se contentait pas de s’abstenir elle-même de tout spiritueux, ainsi que sa famille entière, mais elle ne perdait pas une occasion de combattre le démon de l’ivrognerie.

«Voyez cette multitude d’enfants négligés, abandonnés, s’écriait-elle avec indignation, ils sont bien plus à plaindre que ceux que la mère païenne jette dans les eaux du Gange. Regardez ces pauvres êtres affamés, ignorants, abrutis et dites-moi combien de temps encore ce Jaggemaut moderne roulera dans nos rues Levez-vous, chrétiens! faites face à l’ennemi! combattez ce champion de l’enfer!»

«On a tenté bien des missions chrétiennes au milieu des masses, dit le Daily Telegraph, mais bien que toutes aient prêché la tempérance et conseillé l’abstinence, l’Armée du Salut est la seule qui ait fait de l’abstinence totale un des devoirs essentiels des convertis. Ceux qui regardent les jeunes gens en uniforme de l’Armée du Salut comme des fanatiques ou des vendeurs de petits journaux, oublient ce côté social de la guerre. Tout homme, femme, fille ou garçon se rattachant à l’Armée, est ennemi juré de l’alcool sous toutes ses formes. Il est incontestable que l’abstinence totale de l’Armée est une des bonnes cartes de son jeu.»

Lord Wolseley, commandant en chef de l’armée britannique, raconte qu’il se trouvait en visite dans la ville de Grantham. Le soir, une foule réunie sur la place du marché attira son attention. Ayant appris que c’était l’Armée du salut, il s’en approcha.

«Je fus grandement frappé, dit-il, du sérieux, de la ferveur, et par dessus tout du succès des jeunes personnes qui conduisaient la réunion. Je les entendis plusieurs fois et toujours avec la même impression. On parlait beaucoup d’elles, et toutes les personnes que je rencontrais m’assuraient que le changement produit par elles dans la ville était merveilleux.

Le maire, les magistrats, le clergé, étaient unanimes pour déclarer que pendant tout le temps de mon séjour à Grantham les débits de spiritueux n’avaient presque rien vendu et auraient aussi bien fait de fermer boutique.

J’y avais passé quinze jours, et même en supposant que l'ancien état de choses ait recommencé tout de suite après, ce qui ne fut certainement pas le cas, cela me parut fort remarquable.

Si deux jeunes filles peuvent, en venant dans un endroit comme Grantham, suspendre pendant quinze jours la vente des spiritueux, ce ne sont pas des gens à mépriser. C’est très remarquable.

Une pareille œuvre ne peut manquer d’être avec le temps universellement appréciée, même par ceux qui, par ignorance ou préjugé, se moquent aujourd’hui des salutistes.»

«Un autre grand service rendu par madame Booth à la cause, ajoute le numéro du Daily Telegraph cité plus haut, est la simplicité du costume imposé à toutes les femmes admises dans le Corps. Il ne faut pas qu’elles aient honte d’avouer leur conversion en portant des robes de serge bleue et des chapeaux sans fleurs.»

(À suivre.)

En avant 1904 08 13




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