CATHERINE BOOTH
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Par l’auteur de Serge Batourine
(Suite 2)
À l’âge de dix-sept ans, Catherine fut frappée d’un mal qui la retint prisonnière pendant trois ans. Son épine dorsale était gravement atteinte, ce qui l’obligea à rester pendant de longs mois étendue sans mouvement.
Ce temps ne fut pas perdu pour elle. Malgré des souffrances qui auraient abattu le courage d’une nature moins énergique, elle résolut de le consacrer à l’étude.
Un appareil fixé devant elle lui permit de lire sans trop de fatigue. C’est dans cette chambre de malade que Catherine acquit sa connaissance étendue des Écritures saintes et des questions théologiques et sociales qui agitent le monde depuis cinquante ans.
Relevée de maladie, la jeune fille se joignit à l’église de ses parents et fit partie d’une classe méthodiste dirigée par une excellente personne qui contribua à la préparer pour sa future carrière en complétant les instructions reçues de sa mère.
Cette dame reconnut, sous les dehors d'une timide jeune fille, une grande âme et un esprit subtil. D’abord elle lui demanda de prier à haute voix dans la réunion de classe. Cette classe n’était composée que de douze à vingt-quatre femmes. Tout incroyable que cela puisse paraître aujourd’hui, cette femme qui plus tard prêcha à des milliers d’auditeurs, éprouvait tellement d’émotion chaque fois qu’elle priait à haute voix, qu’elle s’en retournait chez elle baignée de sueur. Mais elle vainquit sa timidité et peu de temps après nous la trouvons à la tête d’une grande classe de jeunes filles. Nombreuses furent les âmes qui y passèrent des ténèbres à la lumière.
Une de ces jeunes filles fit une mort triomphante, et le premier écrit de Mme Booth fut une notice nécrologique sur cette enfant en la foi.
En 1852, elle fit la connaissance d’un jeune étudiant en théologie qui devait devenir son mari et le Général de l’Armée du Salut. Les deux jeunes gens se rencontrèrent chez des amis et se remarquèrent mutuellement.
William Booth était déjà connu comme le garçon prédicateur.
À l’âge de quinze ans il haranguait les passants, debout sur une chaise au carrefour d’une rue. C’étaient deux natures faites pour se comprendre et pour se compléter. Si leurs caractères étaient différents, leurs aspirations étaient les mêmes. Un même trait les distinguait tous deux: une indomptable énergie. Après mûre réflexion et beaucoup de prières, ils se fiancèrent.
Le général Booth avait pour sa femme une admiration sans bornes, une confiance si absolue que jamais il ne prenait la moindre décision sans la consulter. Le témoignage qu’il lui rendit au bord de sa tombe ouverte en fait foi. Voici ce qu’il dit dans Twenly one years Salvation Army.
«Le jour où j’entrai dans le ministère, je rencontrai celle que j’ai eu plus tard le privilège d’appeler ma femme. Il peut y avoir des unions aussi parfaites que la nôtre, mais d’après mes observations, elles sont rares. Je m’étais fait un idéal de ce que devait être ma femme, et j’avais résolu d’attendre d’avoir trouvé quelqu’un qui y répondît du moins, en quelque mesure.
Je ne m’attendais cependant pas à rencontrer un être qui le réalisât d’aussi près que celle qui unît sa vie à la mienne et a toujours été depuis mon compagnon de guerre».
Pendant les trois années de leurs fiançailles, une correspondance active fut entretenue par les jeunes gens. Catherine avait une haute idée de la position de femme de pasteur. Elle s’y prépara de toute manière.
Être à même d’entrer dans les intérêts les plus élevés de son mari était sa grande ambition. Dans ce but elle se mit à étudier les langues mortes et à faire un véritable cours de théologie, ce qui ne lui fut pas sans utilité dans les controverses qu’elle soutint avec des hommes éminents.
Chaque semaine elle écrivait un essai de sermon sur quelque sujet d’intérêt actuel. Son fiancé le lui renvoyait annoté et corrigé. On y trouve le germe de toutes les idées qui ont été plus tard associées à son nom et à sa plume.
Nombre de ses lettres seront sans doute publiées lorsqu'il paraîtra une histoire complète de sa vie.
Au point de vue de sa vie spirituelle, ce fut aussi un temps béni pour la jeune fille. Sa foi s’établit et s’affirma d’une manière rare chez une personne de son âge. Elle se consacra corps et âme au service de Dieu. Voici comment elle raconte ses premiers essais d’évangélisation parmi les pauvres.
«Un certain dimanche, je descendais une rue étroite et populeuse pour me rendre à une salle où un ministre favori devait prêcher. Je me réjouissais de l’entendre et de voir des âmes angoissées conduites au royaume de Dieu, lorsque je levai la tête vers les rangées de petites fenêtres ou des quantités de femmes bavardaient ou regardaient les passants.
— Ne serais-tu pas plus utilement employée en visitant ces demeures et en invitant ces gens à venir entendre l’Évangile qu’en y allant pour ton propre plaisir?
Il sembla à Catherine qu’une voix lui avait parlé. Elle s'arrêta toute tremblante au milieu de la rue. Pendant qu’elle réfléchissait ainsi, la même voix reprit?
Que font les chrétiens pour répondre à cet ordre: Contraignez-les d’entrer afin que ma maison soit remplie.»
La jeune fille se sentit condamnée. Elle n’avait jamais rien fait pour cela, mais lorsque l’appel lui en fut adressé, elle ne résista pas. Elle vainquit sa timidité, retourna sur ses pas et allant de maison en maison, invita les habitants à se rendre à la chapelle.
L’œuvre de toute sa vie porta le cachet de ce premier acte de fidélité.
Renoncer à elle même, à ses aises, à ses intérêts propres pour le bien des autres, telle fut toujours sa ligne de conduite.
Au mois de juillet 1855, Catherine Mumford épousa William Booth. Elle avait alors vingt- six ans. Pendant les cinq premières années de leur union, M. et Mme Booth continuèrent à voyager de ville en ville comme évangélistes au service de la société méthodiste. Dans ce temps-là Mme Booth aidait son mari de diverses manières, mais ne parlait jamais en public.
Ce fut à cette époque qu’elle prit pour la première fois la plume pour répondre aux attaques d’un pasteur, le rev. Rees, de Sunderland, contre Mme Phæbe Palmer, une dame qui s’était permis de tenir des réunions de sanctification.
Une femme prédicateur était encore chose rare, même en Angleterre, et M. Rees la dénonçait vigoureusement au monde chrétien. Voici ce que la fille aînée de Mme Booth nous raconte de cette époque.
«Quand vous étiez de tout petits enfants, nous disait ma mère bien-aimée, nous étions souvent en voyage. Je n'avais généralement qu’une domestique pour me seconder dans les soins du ménage. Je trouvais cependant le temps d’aider votre père dans ses grands travaux. Souvent tout en nourrissant mon bébé je jetais sur le papier quelques pensées pour la réunion du soir, et pendant que je cousais les petits vêtements, mon esprit travaillait à composer des brochures».
(À suivre.)
En avant 1904 07 14
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