Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PSAUMES.

CXXVI. — Explications préliminaires.

----------


1608. (2 Sam. 23: 1-7.) Si le premier livre des Rois (2: 1-9) nous raconte le dernier entretien de David avec Salomon, il ne nous donne pas précisément ses dernières paroles. Pour les avoir, il faut retourner à 2 Sam. 23: 1-7, où elles se trouvent par épisode, et à l'occasion du psaume transcrit au chapitre 22. Il est facile de voir la liaison de ces saintes paroles avec les sérieux avertissements que le roi mourant venait d'adresser à son fils. Comparez en effet 1 Rois 2: 2-4 avec 2 Sam. 23: 3-5; puis 1 Rois 2: 5, 6; 8, 9, avec 2 Sam. 23: 6, 7. Mais ce qu'il y a de plus remarquable dans ce dernier chant du roi-prophète, dans cette hymne d'une âme qui s'envole vers son Dieu, ce sont les titres de gloire que David s'y attribue et la déclaration solennelle qu'il y fait de l'inspiration divine sous laquelle il avait plu à Dieu de le placer. David a été l'Oint, ou le Christ du Dieu de Jacob; il a composé de doux cantiques pour Israël: voilà ce qui fait sa grandeur et sa joie. L'Esprit de l'Éternel a parlé par lui et la Parole de l'Éternel a été sur sa langue: voilà ce qui confère une autorité suprême aux saints écrits qu'il a laissés après lui; comme à ceux de Moïse et des autres prophètes. Ces écrits ne sont autres que les psaumes et cantiques contenus dans le saint livre que nous avons maintenant à lire. Étudions-les donc comme étant la vraie Parole de Dieu. C'est un fait qui nous est attesté par le fidèle et véridique David lui-même, à l'article de la mort; un fait dont la certitude nous est également garantie par notre Seigneur Jésus-Christ (Luc 24: 44).

1609. Le livre des Psaumes est, en rang de date, le second des hagiographes [9,1049]; c'est pourquoi vous le trouvez dans vos Bibles immédiatement après le livre de Job. Mais, quant à l'importance, il est le premier de tous. Formé à diverses reprises, le Recueil des Psaumes paraît se diviser en cinq parties. Chacune d'elles est terminée par les actions de grâces des prophètes, quels qu'ils soient, dont le Seigneur se servit pour réunir en un seul recueil et conserver de la sorte ces poésies écrites sous l'inspiration de son Esprit. La première partie contient les quarante et un premiers psaumes; la seconde va jusqu'au psaume 72; la troisième, du 73 au 90; la quatrième, du 91 au 107; la cinquième comprend les quarante-quatre derniers psaumes.

1610. On compte cent cinquante psaumes, mais ils ne sont pas tous de David. Il en est un qu'on doit à Moïse (90), un autre au roi Salomon (127), deux à Héman et à Ethan, ces Ezrahites dont il est parlé selon toute apparence au premier livre des Rois (4: 31), (88, 89). Outre cela, nous avons douze psaumes d'Asaph (50, 73-83), et dix des enfants de Coréh (42, 44-49, 84, 85, 87). Mais ces enfants de Coréh étaient des Lévites qui servaient le tabernacle et y chantaient les louanges de Dieu (1 Chron. 9, 19; 2 Chron. 20, 19), comme on le voit d'ailleurs très bien par le premier verset du psaume 88; en sorte que leur nom en tête de certains psaumes, indique peut-être simplement que ces psaumes étaient destinés à être chantés par eux. Quelques personnes estiment qu'il en est de même de ceux qui portent le nom d'Asaph, au moins de plusieurs d'entre eux, parce qu'Asaph était un des principaux chantres de David et chef d'une famille de chantres (1 Chron. 6: 39-43; 25: 2, 8-14). Mais cet Asaph, ou un autre individu de ce nom, reçoit ailleurs la qualification de prophète (2 Chron. 29: 30), et rien n'empêche qu'il n'ait écrit quelques-unes au moins de ces saintes poésies.

1611. Outre les cantiques de Moïse, de Salomon, d'Héman, d'Ethan, d'Asaph et des Corithes, en tout vingt-six, il en est cinquante-deux qui ne portent pas le nom de leur auteur. Il se peut qu'il y en ait de Salomon ou de prophètes subséquents; dans tous les cas, il est assez manifeste que quelques-uns d'entre eux furent composés longtemps après David. Restent soixante et douze psaumes qui portent expressément le nom du roi-prophète, et si l'on y ajoute la plupart sans doute de ceux qui sont anonymes, on comprend pourquoi le recueil complet reçoit fréquemment le titre de PSAUMES DE DAVID. Le titre hébreu est TEHILIM, c'est-à-dire Louanges.

1612. Le mot psaume vient d'un terme grec qui signifie jouer des instruments. Le psaume est donc une composition poétique destinée à se chanter avec accompagnement de musique instrumentale. C'est ce que nous appelons hymne, ode, cantique; et, de même que nous avons en français divers mots pour désigner ce genre d'écrits, les Hébreux en possédaient aussi plusieurs; leur langue était même à cet égard plus riche que la nôtre. Ils avaient Mizmor, qu'on a traduit par psaume; Chir, par cantique; puis, Mictam, Maskil, Mahaloth (16, 32, 121), qu'on a laissés dans nos versions sans les traduire. Cette diversité de noms résultait probablement, ou du sujet, ou de la forme, ou du genre de musique.

1613. Outre ces mots hébreux que présente le livre des Psaumes, il en est d'autres que je voudrais pouvoir expliquer à mes lecteurs, mais les savants mêmes demeurent sur ce point dans de grandes incertitudes. Ces mots sont: Néguinoth, Ps. 4, 54, 61; Néhiloth, Ps. 5; Sceminith, Ps. 6, 12; Guittith, Ps. 8, 81, 84; Muth-laben, Ps. 9; Ajéleth, haschakhar, Ps. 22; Sçosçanim, Ps. 45; Sçosçanim-héduth, Ps. 80; Jonathélem-réhokim, Ps. 56; Altascheth, Ps. 57, 58, 59; Mahalathlébannoth, Ps. 88; Sçusçan-héduth, Ps. 60. On a lieu de croire que ces expressions désignent, ou l’air sur lequel se chantait le psaume, ou le genre d'instrument dont les chœurs devaient s'accompagner, ou simplement le ton du morceau. Peut-être aussi étaient-ce quelquefois les premiers mots de strophes connues dont on devait emprunter la musique.

1614. Il est aussi un mot qu'on rencontre assez fréquemment à l'intérieur du psaume: c'est le mot Sélah! par exemple au Ps. 3, vers. 3, 5, 9. Était-ce une sorte d'exclamation, ou un signe musical? C’est ce qu’il n'est pas facile de décider. Je n'en dis pas autant du mot Amen, que vous lisez deux fois au dernier verset du psaume 89. Il veut dire oui, oui certes, en vérité. C'est de ce même terme que notre Seigneur se servait lorsqu'il voulait rendre ses auditeurs particulièrement attentifs: «En vérité, en vérité, je vous dis, etc.» C'était aussi leur rappeler qu'il est La Vérité par excellence.

1615. Vous avez outre cela dans vos Bibles de la version de Martin, et seulement à quelques psaumes, les mots Aleph, Beth, Guimel, Daleth, etc., en tête de chaque verset; par exemple: Ps. 25 et 34. Puis, dans toutes les Bibles et quelles que soient les traductions, le psaume 119 est divisé en strophes séparées les unes des autres par ces mêmes mots. Ce sont les noms des lettres de l'alphabet hébreu, dont on se servait en guise de chiffres. Les éditeurs qui les ont omis ont sans doute pensé qu'ils devenaient inutiles par suite de la division uniforme du texte sacré en versets [14]. Mais ce qui demeure digne d'observation, c'est que, dans l'original, chaque verset des psaumes de cette catégorie commence par un mot ayant pour première lettre celle dont les traducteurs ont indiqué les noms en guise de numéro. Et même au psaume 119, tous les versets de la strophe Aleph ont en tête un mot commençant par la lettre Aleph, et ainsi de la strophe Beth et des suivantes.

1616. Ceci me conduit à faire observer qu'il est des éditeurs de la Bible qui ont numéroté séparément le titre de chaque psaume, tandis que d'autres font rentrer le titre dans le premier verset. Il suit de là que, selon l'édition dont on use, il faut chercher la citation d'une parole des psaumes un verset plus haut, ou un verset plus bas. Par exemple, au psaume 3, ce mot de confiance sublime que nous avons signalé précédemment [1568]: «Je me suis couché, je me suis endormi, je me suis réveillé, car l'Éternel me soutient,» est dans certaines Bibles le verset 5, ailleurs le verset 6. — Je dirai encore à cette occasion, que la version latine dont les catholiques-romains font usage compte, on ne sait trop par quelle raison, deux psaumes 10; après quoi, elle partage en deux le psaume 146. De cette manière, on retrouve les 150 psaumes, mais il n'y a que les neuf premiers et les quatre derniers dont le numéro soit conforme à l'original. Il résulte de là que le psaume 11 des catholiques-romains est, dans la vérité, le psaume 12, et ainsi de suite. Il paraît cependant que les psaumes ont, de toute antiquité, reçu l'ordre dans lequel nous les possédons, comme vous pouvez le voir par la citation contenue au livre des Actes des Apôtres, chapitre 13, verset 33.

1617. Il y a généralement dans les psaumes un certain rythme dont il importe assez de se rendre compte. La même pensée s'y reproduit deux fois en termes différents, et s'y développe par une sorte de parallélisme dont nous allons donner un exemple, le premier venu, tiré d'un psaume d'Asaph (89).

(20.) J'ai trouvé David mon serviteur 
je l'ai oint de ma sainte huile.
(21). Ma main sera ferme avec lui
et mon bras le fortifiera.
(22). L'ennemi ne le rançonnera point
et l'inique ne t'affligera point.
(23). Mais je frapperai devant lui ses ennemis
et je détruirai ceux qui le haïssent.
(24). Ma fidélité et ma faveur seront avec lui
et sa corne sera élevée en mon nom.
(25). Je poserai sa main sur la mer
et sa droite sur les fleuves.
(26). Je lui conserverai toujours ma faveur
et mon alliance lui sera assurée.
(27). Et je rendrai sa postérité éternelle
et son trône sera comme les jours des cieux.
(28). J'ai une fois juré par ma sainteté
et je ne mentirai jamais à David, etc.

Cette forme de la poésie hébraïque se retrouve partout. Ainsi, dans l'imprécation de Lémec (Gen. 4: 23), dans l'oracle de Jacob (Gen. 49), dans le cantique de la mer Rouge (Exode 15), dans les prophéties de Balaam (Nombres 23, 24), dans les entretiens de Job et de ses amis.

1618. Au surplus, et abstraction faite de la forme, les psaumes ont une poésie pleine de magnificence. La richesse des expressions y égale la hauteur des pensées. Aussi, bien qu'ils aient environ 2,800 ans d'antiquité, chaque fois que des hommes pieux ou de grands poètes ont voulu célébrer dans leurs vers la grandeur du Tout-Puissant, la majesté de ses œuvres et l'excellence de ses grâces, ils n'ont jamais mieux réussi que lorsqu'ils sont parvenus à imiter ces poésies sacrées; et encore que le principal auteur de ces hymnes ait acquis par plusieurs traits de sa vie et de son caractère notre amour et notre admiration, il est impossible de ne pas voir qu'il lui a fallu pour composer ces psaumes, comme il le dit lui-même, l'assistance immédiate du Saint-Esprit [1608]. Il est vrai que nous y retrouvons David tout entier; c'est bien sa pensée et son style; mais il y a là évidemment quelqu'un avec lui, et seul, il n'eût rien pu composer de pareil. Aussi est-il peu de livres de l'Écriture qui soient d'une manière plus manifeste la Parole de Dieu. Non seulement c'est le langage de la foi, sans alliage d'infirmités humaines, mais encore partout on y sent l'Esprit de Dieu dépasser et conduire l'esprit du fidèle.

1619. Comme dans toute poésie lyrique, on voit l'auteur inspiré donner, dans les psaumes, un libre cours à la naïveté de ses sentiments personnels. Ce sont ses propres affections, ses émotions, ses douleurs et ses joies qui, sous l'action du Saint-Esprit, se font jour en ces pages sublimes. Aussi n'y a-t-il aucun livre de la Bible qui soit d'un usage plus général. Il suppose cependant chez ses lecteurs la foi qui animait le poète sacré et une certaine expérience de la vie de Dieu; autrement, on ne peut ni le comprendre, ni en être vraiment édifié. Mais, pour un chrétien convenablement disposé, il n’est pas une circonstance de la vie, pas une situation d'esprit, pas une douleur et pas une joie, pas un danger et pas une délivrance, pas une tentation et pas une victoire, qui n'ait là, par la bonté du Seigneur, les chants qui lui conviennent.

1620. Envisagés sous ce point de vue, les psaumes sont naturellement aussi variés que le sont les impressions, les désirs, les craintes, les affections des fidèles, suivant leurs diverses circonstances intérieures ou extérieures. Tous ont pour objet essentiel la gloire de Dieu, mais non pas tous de la même manière.
Il est des psaumes qui célèbrent les perfections de l'Éternel (8, 19, 23, 24, 29, 33, 34, 36, 47,50, 65, 66,76, 77,91, 93, 95,96, 97, 99,100, 103,104,107,111, 113, 114, 115, 121, 134, 139, 145, 147, 148, 150);
d'autres qui se répandent en actions de grâces pour ses bienfaits (18, 30, 40, 46, 85, 103, 116, 138);
il en est qui sont les prières d'un cœur repentant (6, 25, 32, 38, 51, 102, 130, 143)
ou celles d'une âme désireuse de la grâce divine (4, 5, 7, 11, 13, 17, 20, 22, 26, 28, 35, 41, 43, 43 44, 55, 59, 60, 63, 64, 67, 69, 74, 77, 79, 80, 83, 84, 88, 89, 109, 114, 120, 122, 132, 140, 141, 142, 144);
d'autres qui renferment l'exposition de quelque enseignement moral (1, 5, 7, 9, 10 11, 12, 14, 15, 17, 19, 24, 25, 32, 34, 36,37, 39, 49, 50, 52, 53, 58, 73, 75, 84, 90, 91, 92, 94, 112, 119, 121, 125, 127, 128, 131, 133);
il est, enfin, des psaumes où l'histoire d'Israël se trouve résumée (73, 105, 106), et où les destinées à venir du peuple de Dieu et de son Roi Jésus-Christ sont prophétisées (2, 8, 16, 22, 24, 34, 40, 41, 45,68, 69, 72, 80, 87, 110, 117, 118, 138, etc.).
Les psaumes qui ont particulièrement pour objet Jésus-Christ et son règne sont appelés psaumes messianiques. Je viens d'en indiquer les plus notables; mais David ayant été, dans sa personne, un des principaux types du Messie, de ce Messie qui, selon la chair, devait descendre de lui, on a pour conséquence toute naturelle que, dans les psaumes mêmes où il semble ne donner jour qu'à ses propres sentiments, il exprime ceux qui animèrent plus tard notre Seigneur Jésus-Christ au sein de circonstances fort analogues. L'inspiration divine des psaumes est, par là, mise hors de doute; c'est-à-dire que nous y avons partout la pensée du Saint-Esprit, ne faisant qu'un avec celle du Psalmiste; pensée rendue en langage parfaitement humain, et toutefois dans le langage même qu'a voulu le Saint-Esprit.


CXXVII. — Première partie des Psaumes (de 1 à 41).


1621. (1.) S’il n'est pas toujours facile de pénétrer la pensée qui a présidé au classement des psaumes, on comprend cependant que celui-ci ait été mis en tête de tous les autres, à raison même du mot par lequel il débute. — Où et comment l'homme trouvera-t-il le bonheur? Le bonheur loin de Dieu n'est pas possible. Pour être heureux, il faut donc avant tout que le pécheur soit rapproché de Dieu, réconcilié avec lui; et cette réconciliation se fait par la foi aux promesses. Mais le même Esprit qui nous a déclaré qu'en la foi seule se trouve la justice (Gen. 15: 6) nous dit ici, non pas au point de vue de la loi, comme il l'avait fait par Moïse (Deut. 4: 40; 5: 33), mais au point de vue de la foi, ou comme une vérité démontrée par l'expérience des croyants: Heureux l'homme qui fait ce qui est juste et bon, car c'est ainsi que la foi se montre et se justifie. S'il lui arrive, hélas! d'écouter accidentellement les mauvais conseils, il ne les prend pas pour guides habituels de sa vie; si, par moments et sous l'empire d'une passion subite, comme David, il allait entrer dans le chemin de l'iniquité, il ne s'y arrêterait pas pour toujours: quoi qu'il en soit, jamais il ne fera des moqueurs et des incrédules sa société particulière (1). Au lieu de cela, il aime à étudier la Parole du Seigneur et c'est elle qui est la nourriture de son âme (2). En conséquence, il vit et fructifie comme un arbre toujours vert, parce que ses racines pompent les eaux rafraîchissantes de la grâce de Dieu (3). Le méchant est tout l'opposé; aussi sera-t-il rejeté sans miséricorde, en ce jour même où le Seigneur montrera qu'il a connu, aimé, approuvé la voie ou la conduite des justes (4-6).

1622. (2.) Des nations se ligueront contre l'Éternel et contre son Oint ou son Christ. Des princes s'entendront pour renverser le règne du Messie. Mais le Seigneur demeurera victorieux, parce qu'il est le roi de Sion, c'est-à-dire de l'Église, dans le ciel et sur la terre. Il est le Fils de Dieu, engendré aujourd'hui, pour dire de toute éternité; car ce mot aujourd'hui! que signifie-t-il relativement à celui pour qui o mille ans sont comme un jour, et un jour est comme mille ans?» (2 Pierre 3: 8.) Le Père lui a donné en héritage tous les peuples de la terre, et il exercera sur eux le jugement. On adorera donc le Fils; on le baisera, comme il est dit de Joseph lorsque Pharaon l'assit sur son trône (Gen. 41: 40), et ceux qui se retireront vers lui trouveront seuls le bonheur. — Ceci donc est une prophétie du règne de Dieu. Citée plus d'une fois dans le Nouveau Testament, elle déclare la divinité du Sauveur, ses souffrances et sa gloire (Actes 4: 25; Hébr. 1: 5; 5: 5; Apoc. 2: 27). Sous ce dernier rapport, elle n'est pas entièrement accomplie, mais les événements passés nous sont un gage des événements à venir.

1623. (3, 4.) Ces deux psaumes se ressemblent si fort, qu'il peut y avoir avantage à en faire l'étude simultanément. Nous savons à quelle extrémité David était réduit lorsqu'il écrivit le premier, et l'un comme l'autre expriment la pleine confiance qu'il mettait en Dieu dans ses plus grandes détresses [1568]. Si, à l'exemple du roi-prophète, nous croyons que toute délivrance, tout salut vient de l'Éternel (3:8); si nous attendons de lui seul notre justice (4: 1); si, au lieu de chercher le bonheur dans la possession des plaisirs et des biens terrestres, tout notre désir est que le Seigneur répande sur nous sa clarté (6), alors notre conscience ou plutôt son Saint-Esprit nous rendra le témoignage que nous sommes au nombre de ceux qu'il s'est choisis et qui l'aiment, vraie traduction du mot qu'on a rendu par «ses bien-aimés» (3). Alors aussi l'Éternel sera notre suprême protecteur, et nous pourrons marcher tête levée (3: 3); nous le prierons et il nous exaucera d'en haut, comme il exauçait David sur la montagne de Sion (4); nous vivrons en paix, la nuit comme le jour (5; 4: 8); quelque danger qui nous menace nous ne craindrons rien (3: 6), et nous aurons dans le cœur une joie bien autrement pure et permanente que toutes les joies du mondain (4: 7). C'est un grand privilège pour les enfants de Dieu, de pouvoir se confier en lui de cette manière; et cette parfaite confiance de la foi est un hommage auquel Dieu prend un singulier plaisir.

1624. (5.) Parallèle entre le juste et le méchant, comme dans le psaume 1er, avec cette différence que le caractère du méchant est ici plus amplement dessiné, et que le juste nous y apparaît dans la personne même de David ou indirectement du Messie, auquel il est facile d'appliquer le psaume prophétiquement. Le juste est un homme de prière; il fait de Dieu et de sa grâce le sujet fréquent de ses méditations; dans ses peines, il crie vers lui; c'est avec lui qu'il s'entretient et vers lui qu'il regarde chaque fois qu'apparaît la lumière d'un nouveau jour (1-3). Comblé des faveurs du Très-Haut, le juste aime à lui témoigner sa reconnaissance par un culte public (7); il attend de lui toute sa sagesse et l'aplanissement des difficultés qu'il rencontre dans la poursuite du bien; c'est ainsi qu'il espère fermer la bouche aux adversaires de la vérité, et qu'en attendant, il recueille joie et honneur dans le service de son Dieu (8, 11). Quant au méchant, ce qui le caractérise, c'est d'abord et avant tout l'orgueil, la plaie la plus profonde de notre cœur naturel; c'est la pratique journalière et sans scrupule des péchés qu'il aime (5); ce sont des habitudes de mensonge, de dissimulation, d'hypocrisie, de flatterie (6), vices tellement haïssables, que la Parole de Dieu les met ici au niveau du meurtre, après les avoir assimilés au vol (Lév. 19: 11); c'est une bouche pleine de mauvais propos, un esprit tourné vers le mal (9); pour tout dire en un mot, c'est la révolte contre Dieu (10). Qu'est-ce donc que le méchant, selon l'Écriture? Hélas! c'est tout pécheur non converti; car le pécheur est un révolté. Et qu'est-ce que le juste? C'est Jésus-Christ, d'une manière absolue; c'est aussi tout pécheur en qui la grâce de Dieu fait habiter l'Esprit de Jésus-Christ.

1625. (6.) Si vous comparez le verset 3 avec ce qui est écrit, Jean 12: 27, et si, à l'occasion de cette parole de l'Évangile, vous lisez l'histoire des dernières souffrances de notre Seigneur, vous venez combien il est aisé d'appliquer à Jésus-Christ ce psaume tout entier. Dans son sens premier, il nous présente l'enfant de Dieu ou le juste aux prises avec la détresse, et encore plus écrasé par le sentiment de ses péchés que par les maux dont Dieu le châtie. Ce n'est pas l'état habituel du fidèle; mais il n'est pas de fidèle qui ne puisse se voir en cet état. Lors donc que nous sommes sous le poids de quelque grande affliction et que de saintes frayeurs nous environnent (2), disons-nous bien que Dieu aurait le droit de nous frapper encore plus fort (1); cherchons notre relèvement en sa seule miséricorde (A); détestons avec une nouvelle haine la pratique du mal, et l'Éternel écoutera la voix de nos supplications, comme il écouta David, son serviteur (8, 9).

1626. (7.) Nous avons vu dans l'histoire de David tout ce qu'il eut à souffrir de la part de Saül le Benjamite, les outrages dont l'abreuva Scimhi, fils également de Benjamin, et il n'est pas douteux qu'il n'ait dû avoir jusqu'à la fin d'ardents ennemis parmi les hommes d'une tribu qui fut un moment la tribu royale. Il y a une haine politique qui est irréconciliable; et qu'est-ce encore s'il s'y joint la haine impie qui s'attaque à l'Éternel dans la personne de ses prophètes et de ses serviteurs! On ignore qui était ce Cus, Benjamite, et l'affaire à l'occasion de laquelle le psaume 7 fut prononcé; mais on y voit clairement ce qui fait la force de l'enfant de Dieu dans ses luttes avec les hommes iniques. Fidèle, il se retire vers le Seigneur et il attend de lui la délivrance (1); sa conscience lui rend le témoignage qu'il aime ceux mêmes qui, s'acharnant contre lui, l'accusent de crimes imaginaires (3-5), et l'idée de se venger n'approche pas de son cœur, parce qu'il sait à qui te jugement appartient (6-9). Le secret du calme et de la paix dont il jouit au milieu de tout ce qui pourrait troubler son âme, est surtout dans la droiture de ses sentiments. Sincère avec Dieu, sincère avec les ennemis de Dieu, il a Dieu même pour bouclier (8, 10). Mais voyez le méchant! Il machine le mal, et le mal qu'il machine retombe sur sa tête (11-16). Pour toutes ces causes, David célèbre l'Éternel et il psalmodie au nom du Dieu très haut.

1627. (8.) «Jéhovah! notre Seigneur, ton nom est magnifique par toute la terre.» Ainsi commence et finit ce psaume. «Ta majesté est au-dessus des cieux. De là elle réfléchit sur l'homme depuis sa plus tendre enfance; sur l'homme que tu as créé ton inférieur et que tu as toutefois couronné d'honneur et de gloire, l'établissant sur toute l'œuvre de tes mains.» Ce psaume est tout ensemble un psaume d'adoration, un psaume historique [39] et un psaume prophétique (Héb. 2:5 -9). Vrai du premier Adam, il l'est surtout du second, savoir de notre Seigneur Jésus-Christ. Cependant, même dans notre état de péché, et quelque effort que fassent tant d'hommes pour s'avilir, il y a plus près de nous aux anges qu'aux bêtes; et bien qu'il suffise d'un grain de sable ou de la piqûre d'un insecte pour menacer notre vie, nous ne laissons pas d'exercer une puissance étonnante sur toutes les œuvres de la création. Partirons-nous de là pour diviniser l'homme? Non; mais avec le Psalmiste, nous adorerons Celui par qui l'homme a été fait.

1628. (9.) Dans quatre psaumes déjà, nous avons entendu David parler de ses ennemis (3: 1, 6, 7; 5: 7; 6: 7,10; 7: 1,6) et nous le verrons revenir fréquemment sur ce sujet. Plusieurs s'en scandalisent, ne réfléchissant pas qu'on peut avoir des ennemis sans qu'on haïsse personne, et demander à Dieu d'en être délivré sans qu'on songe soi-même à leur faire le moindre mal. L'histoire de David nous l'a montré tout environné d'adversaires; elle ne nous a pas moins fait connaître sa longanimité. Mais pour un cœur aimant tel que le sien, quel sujet de profonde douleur! et lorsqu'il répandait son âme devant Dieu, comment aurait-il pu se taire sur ce qui causait ses plus cruelles peines? comment, surtout, quand on pense que l'inimitié dont il était l'objet, portait bien moins contre sa personne que contre l'ordre civil et religieux établi par le Dieu d'Israël? En sorte que s'il demandait la délivrance de ses ennemis et même leur destruction, c'était au fond dans l'intérêt du peuple fidèle et dans celui de la gloire de Dieu, plus que dans le sien propre. Et puis, si les ennemis d'Israël furent de tout temps un type de nos ennemis spirituels [734,1141], ne devrons-nous pas en dire autant de ceux de David, type lui-même du Sauveur et de ses rachetés, objets de la haine du monde? — Après ces réflexions générales, relisez notre psaume. Vous verrez comment, en effet, le roi-prophète identifie ses ennemis avec les ennemis de Dieu, ses souffrances et ses luttes avec celles du peuple de Dieu tout entier, sa délivrance et ses victoires, avec le jugement à venir des impies et avec le salut des fidèles. S'il était possible que ceux-ci traversassent tous la vie sans avoir quoi que ce soit à souffrir de la part des méchants, un psaume comme celui-ci aurait peu d'utilité pratique; mais, dans l'état actuel des choses, les encouragements qu'il présente sont loin d'être superflus, et l'avenir peut-être les rendra plus nécessaires encore.

1629. (10.) Ce tableau de la méchanceté humaine n'est-il pas excessif? Non; la Parole de Dieu partout est vraie. Il n'est pas d'atrocités dont l'homme ne soit capable, pas de crimes qui ne se commettent journellement sur la terre, et ils sont tous connus de Dieu (14). Mais c'est surtout dans les temps de grandes commotions sociales, au sein d'une civilisation peu avancée ou corrompue, que le mal se manifeste sans retenue: «temps de détresse,» dit le prophète (1). Alors le méchant fait parade de son impiété; il se rit du jugement à venir; il exalte ses passions et les satisfait avec furie; les haines qui couvaient dans les cœurs éclatent violemment, et souvent le sang coule à grands flots (2-11). Cependant, l'Éternel règne, bien qu'il semble quelquefois se tenir à l'écart (16,1); il châtie l'iniquité des nations, et sa grâce est le refuge de ceux qui, ne participant pas à l'impiété du monde, en sont les innocentes victimes.

1630. (11.) Ce psaume et les trois suivants me paraissent appartenir au même ordre de pensées que le psaume 10: c'est toujours l'impiété du monde, le jugement du Très-Haut et la paix du fidèle subsistant en dépit de tout. Détachant de cet ensemble les traits les plus saillants, nous dirons qu’une âme qui a trouvé son repos en Dieu, n'est pas comme l'oiseau qui, menacé par l'orage, vole çà et là, ne sachant où se réfugier (1). Et pourtant, que de dangers quelquefois! À quels désordres de la nature pourrait-on comparer ceux de la société quand la foi est méprisée, l'autorité des lois les plus justes méconnue, les liens même de la famille foulés aux pieds, et que, de la sorte, «les fondements sont renversés?» (3.) Mais que fait alors le juste? Il se souvient que l'Éternel voit toutes ces choses, qu'il les hait, qu'il les réprimera; puis il sait que le regard de sa face est propice à quiconque est droit de cœur (4-7).

1631. (12.) La pire des calamités, c'est lorsque les gens honnêtes et pieux cessent d'exercer sur le monde et sur l'Église leur influence bienfaisante, soit parce que leur nombre est extrêmement diminué, soit parce qu'ils sont obligés de se tenir à l'écart. On voit alors partout le mensonge prendre la place de la vérité, et les systèmes de l'orgueil humain se substituer à la pure parole de Dieu (2-6). C'est ce qui arrive à la suite de révolutions telles que David en avait vu: «les méchants font le mal à leur aise, quand les gens immoraux viennent au pouvoir» (8). De notre temps, hélas! les choses ne se passent pas d'une autre manière!

1632. (13.) Voici le cri de l'homme de Dieu à la vue des désordres qui règnent autour de lui et du mal que lui veulent les méchants. Il ne murmure pas, mais il verse ses plaintes dans le sein de son Dieu [653]. S'il soupire après la délivrance, ce qu'il demande par-dessus tout, c'est d'être éclairé dans sa marche et préservé du péché par la grâce divine, afin que ses ennemis (9) ne triomphent pas de ses chutes. David savait, par une expérience bien triste, que le péché est le pire des maux. Du reste, sa foi en l'amour de Dieu est si grande que, même avant la délivrance, il dit ce qu'il fera quand il l'aura obtenue: il se réjouira en l'Éternel et il le célébrera par ses cantiques. C'est ainsi que le chrétien affermi ne laisse pas de s'égayer en Dieu son Sauveur, nonobstant les misères du temps présent. — On peut envisager aussi ce psaume à un autre point de vue. Il exprimerait dans ses trois strophes: d'abord l'abattement d'une âme fidèle momentanément privée de la communion de son Dieu, à la grande satisfaction de Satan, notre méchant ennemi (1,2); puis, la prière du fidèle, qui voit que cet état, en se prolongeant, pourrait devenir mortel (3,4); enfin, le relèvement de cette âme, par la foi en la grâce de Dieu (5).

1633. (14, 15.) Deux psaumes qu'il est bon d'étudier en même temps. Dans le premier, nous avons une nouvelle description du caractère de l'homme irrégénéré. Dépourvu de sens quant aux choses spirituelles, s'il ne nie pas ouvertement et toujours l'existence de Dieu, sa conduite montre qu'il n'y croit pas du fond de son cœur (14: 1). Il n'est d'ailleurs, sur la terre, aucun homme qui, de lui-même, connaisse Dieu et qui le cherche; pas un qui suive le bon chemin, aussi longtemps que le Saint-Esprit ne l'y a pas fait entrer; personne qui fasse le bien, pas même un seul! Telle est l'humanité tout entière, non pas à ses propres yeux, mais aux yeux de Celui qui nous voit du haut des demeures éternelles (2). En sorte que tous sont dignes de condamnation, s'ils ne se convertissent en recevant le salut qui vient de Dieu (7). C'est une grande et importante doctrine! Quand on ne l'admet pas, on marche encore dans les voies de la mort.

1634. Qui est-ce donc qui sera jugé digne d'habiter auprès de Dieu, dans le séjour de la gloire? (15: 1.) C'est, répond le Saint-Esprit, l'homme, droit de cœur, qui pratique ce qui est juste, parle vrai à son prochain, ne fait de mal à personne et respecte la réputation d'autrui, bien qu'il ne lui soit pas possible d'honorer le méchant de la même manière qu’il honore les gens pieux. Puis on le voit en toute affaire fidèle à sa parole, plein de respect pour les lois et remarquable par son désintéressement. Tel est, en partie du moins, le caractère de l'homme régénéré. S'il fait réellement ces choses, s'il les fait par la foi et pour la gloire de Dieu, s'il les fait par reconnaissance envers l'Éternel son rédempteur et non dans* un esprit de propre justice, a il ne sera jamais ébranlé!»

1635. (16.) Le psaume précédent décrit ce qu'on pourrait appeler la vie extérieure de l'enfant de Dieu, et le psaume 16, traçant le tableau de sa vie intérieure, remonte à ce qui est le principe de toute moralité et la source de tout bonheur. — Le fidèle se place sous la garde du Seigneur, il se réfugie en son sein (1) et il reconnaît que ses meilleures œuvres ne sauraient lui donner aucun titre à la reconnaissance de Dieu (2). Ce n'est pas qu'il n'y ait, même ici-bas, une grande différence entre ceux qui servent l'Éternel et ceux qui l'abandonnent. Les premiers, sanctifiés par la grâce divine, et, par cette même grâce, appelés saints, bien que pécheurs, sont les seuls hommes dans la société desquels nous devions nous plaire (3). Laissant donc le monde courir après ses dieux, cherchons en l'Éternel toute notre félicité et nous l'y trouverons (4, 5). Pauvre, malade, méprisé, le fidèle bénit le Seigneur du lot qui lui est échu, car c'est le Seigneur lui-même qui est son héritage (6). D'ailleurs, prendre en chaque chose conseil de Dieu, penser à son amour durant la nuit, l'avoir à toute heure comme à côté de soi, ainsi qu'Hénoc: voilà ce qui fait la force, la joie, l'assurance parfaite de l'âme qui croit, et qui, par la foi, aime et espère (7-9). Et quelle est l'espérance du Adèle? Job nous l'a dit (Job 19: 25-27), et David le répète en d'autres termes (10, 11), l'un et l'autre prophétisant la glorieuse résurrection du Rédempteur, prémices et gage de la résurrection des rachetés (Actes 2: 22-32; 1 Cor. 15: 20); l'un et l'autre aussi faisant consister le bonheur éternel des fidèles en ce qu'ils verront Dieu. Cette espérance doit être aussi la nôtre, si nous sommes réellement convertis (1 Jean 3: 2).

1636. (17.) Dans ce psaume, le prophète semble tenir un langage peu convenable à un pécheur, car il parle de sa justice en apparence comme le ferait un orgueilleux (2, 3). Mais un peu de réflexion suffit pour démêler le vrai sens de ses paroles. David était en butte aux calomnies des méchants et des impies; or, en pareil cas prendre le Seigneur à témoin de son innocence et de son intégrité, ce n'est pas dire qu'on soit sans péché devant lui. Quant à David lui-même, il est sûr qu'il fut, comme il l'exprime dans ce cantique, un homme droit et sincère, malgré ses grandes fautes (1), et qu'entouré d'hommes violents, il ne se laissa point entraîner par eux (4). C'est le témoignage que lui rendait sa conscience et qui reçoit dans l'histoire de sa vie une éclatante confirmation. Oh! que bienheureux est l'homme qui peut, comme David, déclarer devant Dieu qu'il y a toujours accord entre ses discours et ses pensées! (3.) Heureux, qui demande par-dessus tout au Seigneur de l'affermir dans la sainteté et de venir en aide à sa faiblesse; de le garder comme la prunelle de son œil et de le défendre contre le mal! (5; 8-13.) Heureux, qui fonde son espérance d'être exaucé, non sur le mérite de ses prières, mais sur l'habitude qu'a l'Éternel de les écouter! (6.) Enfin, tandis que les mondains demandent leur bonheur aux jouissances de la terre, heureux celui qui cherche le sien dans la possession de Dieu et de sa justice pour l'éternité! (14, 15.) Le psaume 17 finit donc à peu près dans les mêmes termes que le précédent. Rapprochés l'un de l'autre, ces deux passages expriment nettement quelle sera la nature de la félicité céleste. Ceux qui se réveilleront pour la gloire éternelle, verront Dieu et lui seront faits semblables. Cela seul peut satisfaire, ou, dans le langage du Saint-Esprit, «rassasier» les besoins de notre être moral. Le Nouveau Testament ne dit rien de plus ni de mieux (1 Jean 3:2).

1637. (18.) [1508.] En voyant la citation qui est faite du verset 49 de ce psaume dans l'épître aux Romains (15: 8, 9), on acquiert la certitude, par le témoignage même du Saint-Esprit, que ceci est un psaume messianique; non pas, il est vrai, de ceux qui ne peuvent s'entendre que de Jésus-Christ, comme le psaume 2; mais de ces psaumes, plus nombreux qu'on ne le pense communément, dans lesquels David, roi et prophète, type de Jésus-Christ et son père en la chair (50; Rom. 1: 3; 2 Tim. 2: 8), parle du futur Messie ou à sa place, tout en paraissant n'exprimer que ses sentiments personnels, comme au psaume 16 et au psaume 6, par exemple. À ce point de vue, le psaume 18 acquiert une beauté et une importance toutes nouvelles. On y voit le Messie livré à la mort et toutefois secouru par la main puissante de son Dieu; on l'y voit, surtout, vainqueur de ses ennemis et entrant dans son règne au milieu des révolutions des peuples, révolutions figurées ou annoncées par celles de la nature. Il n'est pas de fidèle, sans doute, qui ne puisse s'approprier entre autres les belles paroles des versets 19 à 36; mais David le pouvait mieux que personne en son temps, et le Seigneur Jésus-Christ mieux que David lui-même, ainsi que tout le reste de cet admirable cantique.

1638. (19.) C'est dans les cieux surtout qu'éclate la gloire du Dieu fort (2). Voyez la régularité avec laquelle un jour succède à un autre jour et une nuit à la nuit précédente (3). Voyez le soleil qui se lève avec tant d'éclat et qui entre victorieusement dans sa course, semant partout la lumière, la chaleur et la vie! (5-7.) Et la loi de Jéhovah! cette loi si parfaite, dont l'observation fait le bonheur de l'âme fidèle, et qui éclaire les pas des enfants de Dieu, même des plus simples, tant elle est pure, vraie et juste! (8-12.) Mais les enfants de Dieu ne peuvent admirer sa loi sans s'humilier de leurs péchés. Que de fautes commises par ignorance et dont nous avons besoin que Dieu nous purifie! (13) [871, 872.] Quant aux péchés commis volontairement et avec obstination, ou, comme dit David, «par fierté,» ah! que le Seigneur nous en préserve! (14). Alors seulement les paroles de notre bouche et la méditation de notre cœur seront agréables à l'Éternel, notre rocher et notre rédempteur (15).

1639. (20, 21.) Ces deux psaumes portent sur le même sujet: l'un est la prière, l'autre l'action de grâces (20: 4; 21: 2; 20: 9; 21: 1, 7). Tous deux sont de David, et ils rendent un éclatant témoignage à sa piété. Dans le premier, destiné manifestement à être chanté par le peuple ou par les Lévites, le roi fait implorer en sa faveur la protection de l'Éternel; dans le second, les mêmes chœurs célèbrent les délivrances et les bénédictions accordées à l'oint du Seigneur, en exaucement des prières de son peuple. Sachons, comme David, inviter nos frères soit à prier Dieu pour nous dans nos détresses, soit à le remercier lorsqu'il nous a tendu la main.

1640. (22.) Quand notre Seigneur Jésus-Christ fut près d'expirer sur la croix, il poussa un cri de détresse qui, par les termes mêmes dont il se servit, devait rappeler à ceux qui étaient présents le psaume 22, car il prononça l'exclamation même qui est en tête de ce cantique: «Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m'as-tu abandonné?» Il faut donc y voir, d'un bout à l'autre, les paroles du Messie ou du Christ dans la bouche de David, son père selon la chair. Lisez, en effet, les versets 17 et 19; lisez encore les versets 7, 8 et 9. S'ils ont, ces derniers du moins, quelque rapport avec les persécutions auxquelles David fut en butte comme type du vrai roi d'Israël, on doit convenir que, dans leur ensemble, ils ne sont exactement vrais qu'en les rapportant à Jésus-Christ. Ainsi, toute la première partie du psaume est une prophétie frappante de l'humiliation de notre Seigneur, des angoisses par lesquelles il devait passer, des mépris dont il fut abreuvé, du genre de supplice que les impies lui infligèrent, et de certaines circonstances fort remarquables de ce supplice, telles que le sort qui fut jeté sur sa robe (1-22). La seconde partie du psaume prophétise les effets des souffrances et de la mort du Sauveur (23-32): la conversion de tous les peuples à l'Éternel, selon la promesse faite à Abraham (28) [367]; cette conversion opérée par la prédication de Jésus-Christ dans les assemblées ou églises de pécheurs devenus ses frères (23); le récit que les générations successives se transmettraient de ses grands exploits (32), et, par tous ces moyens, la gloire de l'Éternel (24). Or c'est bien ainsi qu'à dater de la venue de Jésus-Christ, les choses se sont passées, et qu'elles se passent encore de nos jours.

1641. (23.) [1406.] David avait été berger; David avait exposé sa vie pour ses brebis (1 Sam. 17: 34, 35); et, depuis qu'il était roi, il n'avait pas montré un moindre amour envers le troupeau dont il était devenu le pasteur (2 Sam. 24: 17). Lors donc qu'il disait: «L'Éternel est mon berger,» il ne se servait pas d'expressions dont il ne comprît pas le sens excellent. Et nous, si nous croyons en Celui qui a dit: «Je suis le bon berger; le bon berger laisse sa vie pour les brebis» (Jean 10: 11), nous pouvons nous écrier aussi: «Le Seigneur, l'Éternel, est mon berger!» Il nourrit mon âme par sa Parole et par son Esprit (1), il lui donne paix et repos, il la rafraîchit des eaux de sa grâce (2), il guérit ses langueurs et la met au bon chemin; non par aucun mérite qu'il y ait en moi, mais à cause de son nom; c'est-à-dire par un amour gratuit, qui a sa source, ses motifs et son but en lui-même (3). C'est là ce qui autorise l'assurance du fidèle; assurance telle que, même en la mort, il ne craindra rien (4); que, pressé par les maux les plus cruels, il ne laisse pas d'être joyeux comme en un festin (5); et, quoi qu'il arrive, il sait que miséricorde lui a été faite et qu'il a, près de Dieu, une habitation d'éternelle durée (6; 16: 11; 17: 15).

1642. (24.) Après avoir déclaré que la terre tout entière, avec ce qu'elle renferme, appartient à l'Éternel son Créateur (1, 2), le roi-prophète se pose la question du psaume 15, verset 1. Il la résout de la même manière (3-6); mais ce qu'il ajoute (7-10) fait de ce psaume-ci une prophétie bien remarquable. Qui est ce juste par excellence, cet homme pur de mains et de cœur, devant lequel les portes de l'éternité doivent s'ouvrir et en quelque sorte s'agrandir? C'est le Roi de gloire. Mais qui est ce Roi de gloire? C'est l'Éternel des armées... Le Saint-Esprit prophétise donc ici la gloire de Celui qui est à la fois Dieu et homme, savoir notre Seigneur Jésus-Christ, le saint et le juste, le Fils éternel du Père. H est entré dans les cieux après être venu sur cette terre, qui lui appartient en sa qualité de Créateur et qui doit lui appartenir un jour en sa qualité de Sauveur.

1643. (25.) Je ne connais pas de plus beau modèle de prière que celui-ci. Élever à Dieu notre cœur, et non pas seulement nos yeux et nos mains (4); l'invoquer avec foi, car qu'est-ce que s'assurer en lui, si ce n'est croire à ses promesses? (2) éprouver un égal besoin de sainteté et de pardon (4-7); chercher dans la grâce de Dieu nos consolations, sans jamais oublier que le péché est le plus grand de tous les maux (18); remettre notre vie spirituelle à la garde du Seigneur et vouloir sincèrement ce que nous lui demandons (20, 21): telles sont les conditions de la vraie prière. Après quoi, ce psaume nous montre qui sont, parmi les pécheurs, ceux dont les prières obtiennent un infaillible exaucement. Ce sont ceux qui s'attendent à l'Éternel (3, 21), qui s'y attendent tout le jour (5), qui sont devant lui humbles et débonnaires (9), qui gardent son alliance et ses témoignages (10), qui le craignent (14), qui ont les yeux continuellement vers lui (15), qui cherchent en lui leur retraite (20), qui sont intègres et droits dans leurs relations avec lui: ce tableau, il est facile de le voir, ne peut convenir qu'au pécheur régénéré. Est-ce donc sur les bonnes dispositions de son cœur que le fidèle fonde l'assurance avec laquelle il s'approche de Dieu par la prière? Non: c'est uniquement sur ce que Dieu est le Dieu de sa délivrance ou de son salut, le Dieu qui l'a sauvé (5); sur ce que l'Éternel est plein de compassions et de bontés, et sur ce que ces bontés sont éternelles (6); sur ce que sa miséricorde est pleinement gratuite (7); sur ce qu'il est bon et droit (8), bon et vrai (10), jaloux de sa propre gloire (11). En d'autres termes, ce qui donne au fidèle son assurance, c'est tout simplement le besoin qu'il a de Dieu et de sa grâce, à laquelle il recourt, et la foi qu'il met en ses promesses (16, 20, 21), promesses que le psaume rappelle dans les versets 8, 9, 12,14 et 22. — Ces courtes indications suffiront, je l'espère, à ceux de mes lecteurs qui voudront faire une étude plus approfondie de ce psaume excellent. Dieu veuille que leurs prières soient désormais semblables à celles-ci! — Quant aux ennemis dont le Psalmiste y fait mention par deux fois (2, 19), voyez l'explication générale donnée à l'occasion du psaume 9.

1644. (26.) Si ce psaume fut composé dans des circonstances analogues à celles du psaume 7, on comprend que David ait pu dire, ici comme là: «Éternel! fais-moi justice; car j'ai marché dans mon intégrité et j'ai mis mon assurance en l'Éternel.» Mais il y a plus. On peut affirmer d'une manière générale que celui qui marche dans l'intégrité et qui s'assure en l'Éternel est autorisé à s'appuyer sur la justice de Dieu, aussi bien que sur sa miséricorde (1 Jean 1: 9; Hébr. 6: 10). Il faut seulement se rappeler que, dans le langage des psaumes, «s'assurer en l'Éternel» est l'équivalent de croire à son amour et à ses promesses, comme le mot confiance y est l'équivalent du mot foi. Puis, le mot intégrité n'y signifie pas simplement la probité: c'est l'entière consécration de nous-mêmes à Pieu, la parfaite droiture d'intentions et de volonté envers Dieu et le prochain. Marcher, enfin, expression qui se trouve trois fois dans notre psaume (1, 3, 11), et que nous avons déjà rencontrée, notamment au psaume 1er, sans parler de Gen. 5: 2i, et 6: 9, «marcher» doit s'entendre d'une activité constante vers un but dont on s'approche de plus en plus, et ce but, c'est la perfection de tout notre être, à la gloire de Dieu. Mais que faut-il pour cela? Avoir l'amour de Dieu devant les yeux et avancer dans sa vérité (3). Belle parole assurément, et qui, rapprochée du verset 1, nous montre en même temps ce qui constitue la perfection.

1645. (27.) Quelle grande foi que celle de David! quelle parfaite confiance! et comme on comprend qu'une telle foi doive être agréable à Dieu! Puissions-nous donc, à l'exemple du Psalmiste et sous l'impulsion du même Esprit, chercher en l'Éternel notre lumière et notre salut, la force de notre vie et le sûr préservatif contre toute mauvaise crainte! (1-3). Puissions-nous, comme lui, ne vouloir qu'une chose, mais la vouloir fermement: c'est d'être avec le Seigneur pendant l'éternité! Dès à présent, rendons-lui de vives actions de grâces pour le bien qu'il nous a fait (4-6), et crions à lui dans nos détresses (7). Quand notre cœur nous dit de sa part de chercher sa face, cherchons-la (8); que, s'il semble se cacher de nous, ne laissons pas de recourir à sa grâce dans l'entière confiance d'un fils envers son père (9-13), et recueillons en nos cœurs l'exhortation par laquelle ce psaume finit et qui revient à dire: «Crois toujours, crois quand même; ne te lasse pas de croire aux promesses de Dieu» (14).

1646. (28.) Quand nous prions pour notre âme, nous devons le faire dans le sentiment intime que, si Dieu ne nous exauçait pas, nous serions perdus sans ressource (1). C'est alors que non seulement nous le prierons avec ferveur, même avec véhémence (2), mais encore que nous abonderons en actions de grâces lorsqu'il nous aura exaucés (6-8). Puis, ce n'est pas pour nous seuls que nous prierons: c'est pour le peuple de Dieu tout entier, ce que David fait en ce psaume (9) comme ailleurs (25: 22), sa prière devenant ainsi un puissant exercice de charité. Il est vrai que, plus haut (3-5), nous l'entendons invoquer la justice céleste contre les méchants; mais est-ce qu'un enfant de Dieu peut vouloir que Dieu se déshonore en ne punissant pas l'iniquité? D'ailleurs dans la bouche d'un prophète, de tels vœux ne sont que l'expression anticipée d'un fait inévitable, et la reproduction, en d'autres termes, d'une parole à laquelle je ne me suis pas même arrêté, tant elle est simple (18: 25, 26).

1647. (29: 1-9.) La puissance du Très-Haut a vraiment de quoi faire trembler, et il est peu de choses qui nous le disent avec plus de force que les éclats et les effets du tonnerre, appelé à cause de cela la voix de l'Éternel. Nous savons maintenant par quelles lois naturelles l'électricité, accumulée dans l'air, se dégage en étincelles flamboyantes dont le bruit, sourd ou éclatant, roule de nuage en nuage et d'écho en écho; mais l'explication que la science a donnée de la foudre ne rend pas ce phénomène moins admirable, ni moins propre à nous remplir de sérieux en la présence de Celui qui, au bruit de son tonnerre, détruisit la terre par le déluge (10). Au reste, quelles que soient les menaces de Dieu, son peuple fidèle demeure fort et plein de paix. (11).

1648. (30.) [1493.] L'action de grâces est une des plus douces occupations d'un cœur pieux, et pourtant c'est un devoir singulièrement négligé. Il ne l'était pas du moins par le roi-prophète, et quand ses cantiques n'auraient d'autre utilité que de nous incliner à l'accomplissement de ce devoir et à nous le faciliter, encore seraient-ils un des plus précieux présents que Dieu nous ait faits. Or, malgré la diversité des positions, il est certaines délivrances et certaines bénédictions que tous les fidèles connaissent, du plus au moins, par leur propre expérience. Qui n'a été préservé de graves dangers (1), guéri de quelque mal funeste, retiré d'une mort qui semblait inévitable (3), transporté par miracle d'un abîme de douleurs à la joie la plus vive? (5, 11.) Voilà tout autant de sujets d'actions de grâces, et il y en a bien d'autres encore, comme nous le verrons ailleurs. Si David tient ici, en apparence, le langage d'un homme qui ne croirait pas à une autre vie (9), comme déjà au psaume 6, verset 5, ce n'est bien réellement qu'une apparence. Afin de vous en assurer, relisez les psaumes 16: 10,11, et 17: 15. Mais, pour David et pour tous les écrivains inspirés, la mort est un sommeil, pendant lequel l’homme, dépouillé de son corps, n'est pas ce qu'il fut ici-bas, ni ce qu'il sera lors de son relèvement, au dernier jour; et la vie présente est un temps de grâce, qui ne saurait jamais être trop long, si on le consacre vraiment à la gloire de Dieu. C'est sous ce double rapport qu'un fidèle, tout en se réjouissant de voir bientôt le Seigneur, le bénit du prolongement de son existence terrestre.

1649. (31.) Expression de la foi ou de la confiance de David dans les maux les plus extrêmes, comme le psaume 27, celui-ci dirige naturellement notre pensée sur Jésus-Christ, qui, achevant son adorable sacrifice, prononça la parole que nous lisons au commencement du verset 5 de ce psaume (Luc 23: 46). C'est donc le Christ qui dit à son Dieu, par la bouche de David et prophétiquement: «Éternel! je me réfugie en toi..., délivre-moi par ta justice» (I); lui, qui parle des complots qui se trameront contre sa vie (13; Luc 22: 2); lui, qui appelle les jugements de Dieu sur ses adversaires (17; 1 Pierre 2: 23). Mais ce psaume est également applicable à tous ceux qui sont un avec Christ par la foi. Ils ont aussi leur refuge en l'Éternel; ils lui remettent le soin de leur âme. L'Éternel, à son tour, leur prodigue les témoignages de sa bonté (19); aussi les fidèles se plaisent-ils à bénir Dieu des grâces qu'il accorde à leurs prières (21, 22). Le Saint-Esprit enfin, s'adressant aux bien-aimés de l'Éternel (24), ou plutôt à ceux qui aiment l'Éternel (traduction plus vraie), les exhorte à aimer l'Éternel toujours davantage; puis il les invite à demeurer fermes de cœur dans la confiance qu'ils ont en lui, par la raison même que Dieu les garde, car la vraie foi aux promesses est fort loin de produire le relâchement.

1650. (32.) Sans répéter ce que j'ai dit ailleurs sur ce beau psaume [1540], je ferai remarquer qu'il se divise en cinq strophes. Dans la première, David célèbre le bonheur de l'homme à qui ses péchés ont été pardonnés, après en avoir fait au Seigneur une franche confession (1,2). Dans la seconde, il décrit les souffrances intérieures d'un enfant de Dieu qui, ayant commis quelque grave faute, se refuse à la reconnaître, et la délivrance qui lui vient d'en haut quand il se débarrasse enfin de cet interdit [1143]: c'était l'histoire même du prophète (3-5). Dans la troisième, il exhorte ceux qui aiment Dieu à chercher l'Éternel pendant qu'on le trouve, afin que leurs douleurs se changent en allégresse, comme il lui était arrivé à lui-même (6, 7). Dans la quatrième strophe, c'est Dieu qui nous invite à nous laisser diriger par lui, non pas à contrecœur, mais volontairement (8, 9).
Remarquons enfin, dans la cinquième strophe, le sort des injustes mis en contraste avec celui des justes. À ceux-là, des douleurs sans nombre; à ceux-ci, l'amour et la faveur de Dieu, en sorte qu'il leur est permis de se réjouir, tout pécheurs qu'ils sont, ou plutôt c'est leur devoir. Mais qui sont ces justes? Le psaume répond: Ceux qui se confient ou qui croient, c'est la même chose; ceux qui sont droits de cœur; ceux à qui Dieu n'impute point leurs péchés (10, 11).

1651. (33.) Les justes qui, au commencement de ce psaume (1-3) comme à la fin du précédent, sont exhortés à se réjouir en Dieu et à célébrer avec éclat ses louanges, ne sont donc pas des hommes sans péché, mais des pécheurs qui, étant justifiés par la foi, ont la paix avec Dieu et marchent par sa grâce dans les voies de la justice avec droiture et intégrité [291]. S'ils doivent louer l'Éternel dans leurs cantiques, c'est d'abord parce que tout ce que Dieu dit et tout ce qu'il fait porte le cachet de la vérité, de la fidélité, de la justice et d'un saint amour (4, 5). Soit donc que l'on considère les merveilles de la création, cette grande œuvre de Dieu (6-9), ou le gouvernement suprême qu'il exerce sur les peuples pour l'accomplissement de ses desseins éternels (10-13), ou la vigilance à la fois générale et spéciale avec laquelle il observe tout ce qui se passe ici-bas (13-15), ou enfin la protection dont il couvre particulièrement ceux qui s'attendent à son amour (16-19), on se dit que les hommes au cœur droit ont en effet toute raison de se réjouir et de chanter à l'honneur de Dieu. Se confiant en sa puissance et en sa sainteté même, leur cœur s'égaye à cause de lui et ils lui demandent avec ardeur qu'il leur accorde une mesure toujours plus grande de sa grâce (20-22). — Je n'ajoute à cette analyse qu'une seule remarque, sur les versets 6 à 9. Sans raconter l'œuvre de la création, le Psalmiste en parle néanmoins d'une manière parfaitement conforme au récit de Moïse. Cette parole sublime: «Dieu dit: Que la lumière soit, et la lumière fut,» a son équivalent non moins admirable dans ces mots du verset 9: «Il parle, et la chose existe; il commande, et elle subsiste.» Or, quel est le sentiment que cette majestueuse puissance de Dieu devrait produire dans le cœur de tous les hommes, si ce n'est un sentiment de profonde adoration? (8.) Ils sont moins nombreux qu'on ne croit, ceux qui savent vraiment adorer Dieu.

1652. (34.) [1421.] Quand, malgré ses péchés, l'enfant de Dieu se voit l'objet des délivrances du Seigneur, il prend la ferme résolution de le bénir tous les jours à haute voix, de telle sorte que ceux qui souffrent eh reçoivent de la consolation et que tous célèbrent la grandeur de l'Éternel (1-3). Dans ses frayeurs, car il en a quelquefois (Job 6: 4; 13: 21), il cherche l'Éternel, et l'Éternel l'exauce; dans ses ténèbres, il regarde vers le Seigneur, et le Seigneur l'éclaire sans lui faire honte de son ignorance; dans ses malheurs de toute nature, il crie à Dieu, et Dieu lui tend la main (4-6). Cette protection miséricordieuse et ces délivrances, le fidèle les doit à Celui qui, en ce lieu (7) comme ailleurs, est appelé l'Ange de l'Éternel [305, 360, etc.]. Oh! que Dieu est bon pour ceux qui se nourrissent de sa grâce! Oh! combien sont heureux ceux qui, par la foi, se réfugient en lui et qu'il appelle lui-même ses saints! (8-10.) C'est par la foi qu'on est juste devant Dieu; c'est aussi par la foi qu'il nous sanctifie. Or, nous apprenons ici que le caractère essentiel de la sainteté c'est la crainte de Dieu, et que la crainte de Dieu fait le bonheur de la vie, tout en nous inspirant une vigilance habituelle sur nos paroles comme sur nos actions, et en faisant de nous des hommes de piété et de paix (9,11-14). Cette morale n'est pas inférieure à celle du Nouveau Testament (1 Pierre 1: 17; 3: 10-12). En effet, il ne peut exister deux manières d'être saint et heureux. Mais, ici-bas, le bonheur des enfants de Dieu ne consiste pas dans une suite non interrompue de jouissances, car le juste a des maux en grand nombre (19); il en a comme tous les hommes; il en a souvent plus que d'autres [Job]; il en a qui résultent de sa foi même. Cependant, il est heureux, réellement heureux dans la possession de la grâce d'en haut; tandis que l'injuste ne saurait l'être d'aucune façon (15-22). Voyez le Juste par excellence, savoir notre Seigneur Jésus-Christ, homme de douleurs plus que nul autre, mais non pas le plus malheureux des hommes. Ce retour de notre pensée vers Jésus-Christ, à l'occasion du psaume que nous étudions, est en quelque sorte commandé par la prophétie du verset 20 (Jean 19: 32-36), sans parler de la mention qui est faite de l'Ange de l'Éternel au verset 7.

1653. (35.) L'Ange de l'Éternel intervient de nouveau dans ce psaume (6), non comme le sauveur des fidèles (34: 7), mais comme leur vengeur [1078] (Luc 18:7). Aussi longtemps que le mal et le bien seront en présence ici-bas, les enfants de Dieu y auront pour adversaires, plus ou moins déclarés et avec plus ou moins d'acharnement, tous ceux qui n'ont pas la crainte de l'Éternel devant les yeux. C'est ce qui donne une grande importance à notre psaume et à tant d'autres portions de l'Écriture, qui, exprimant les mêmes vérités et supposant les mêmes expériences, sont destinées à consoler et à fortifier ceux qui, aujourd'hui comme jadis, souffrent pour la justice et la vérité. Oh! que l'Éternel dise seulement à notre âme: « Je suis ton salut » (3), et, lors même que le monde entier unirait sa haine contre nous, notre cœur tressaillira de joie en l'Éternel (9) et notre langue aura de quoi le louer (29). Voulez-vous savoir d'ailleurs tout ce que David avait à souffrir de la part des méchants? relisez ce psaume; et pour vous convaincre toujours davantage que, s'il haïssait ceux qui s'attachaient aux vanités de néant (31:6), c'était d'une sainte haine et non d'une haine personnelle (Ps. 9), écoutez ce qu'il dit ici de l'amour qu'il portait à ses ennemis (12-14), selon le reproche honorable que lui en fit Joab (2 Sam. 19: 6). Imitons la charité du prophète, et, comme lui, dans nos luttes avec l'adversaire, souhaitons par-dessus tout la gloire de Dieu et l'édification de son peuple (24-28).

1654. (36.) La description que les premiers versets de ce psaume nous font de l'injuste, quelque chose de saisissant, «Les démons croient qu'il y a un Dieu, dit l'Écriture, et ils en frémissent» (Jaq. 2: 19); mais voici ce qui se passe sur la terre. Il est des hommes qui parviennent si bien à chasser de leur cœur toute pensée de Dieu, qu'ils n'ont plus aucune frayeur de ses jugements. En révolte ouverte contre lui, ils ne reconnaissent pas de volonté supérieure à la leur; ils ne cherchent qu'à satisfaire leurs passions aux dépens de la vérité et de la charité: ils ont renoncé à être sages et à faire le bien. Où vont donc leurs pensées? Dans quel chemin marchent-ils? (1-4.) Or, ce qui fait tout à la fois le malheur et le crime de l'injuste, c'est qu'il méconnaît l'amour de Dieu, cet amour aussi admirable et aussi incompréhensible que sa fidélité et sa justice; cet amour par lequel il prend soin de ses moindres créatures; cet amour qui est le refuge, la nourriture et la lumière des âmes (5-9). Que ceux donc qui connaissent Dieu, lui demandent, comme David, qu'il daigne leur continuer la foi en son amour et, par là, son amour même, afin qu'ils échappent à l'effroyable sort de l'impie (10-12). 

1655. (37.) Quelque heureuses que puissent être les circonstances du méchant, les fidèles doivent s'estimer plus heureux que lui (1,2; 8-11). Leur bonheur est l'effet même de leur foi ou de la confiance qu'ils mettent en Dieu, comme du zèle qu'ils apportent à la pratique du bien (3). Tout le psaume n'est que le développement de cette idée. Nous y avons une suite de tableaux qui échappent à l'analyse; mais quelle instruction n'en retirerez-vous pas, si vous le lisez attentivement! Je recommande à votre méditation les versets 5, 16, 24, 30, 31, ce dernier surtout. On y voit ce qui assure la marche des fidèles. Tandis que le monde ignore la loi de Dieu ou la rejette comme impossible à suivre, l'enfant de Dieu aime cette loi; il l'a dans le cœur, comme il y possède Dieu lui-même. Mais, pour aimer la loi, non moins que pour aimer Dieu, il faut savoir et croire que Dieu est amour, qu'il nous a sauvés en son Fils et qu'il nous conduit par son Esprit. C'est précisément cette assurance qui caractérise l'enfant de Dieu (26: 6-13).

1656. (38.) Pour la seconde fois, David prie l'Éternel de ne pas le reprendre en sa colère (6). Le fidèle, accusé par sa conscience, se reconnaît digne de châtiment et il sent que Dieu aurait le droit de s'irriter. Il n'hésite donc pas à voir dans les maux qu'il endure la juste conséquence de ses fautes (3). Mais sa confiance en Dieu, confiance toute fondée sur les promesses, n'en est point amoindrie (15). C'est pourquoi, bien que réduit à la dernière extrémité, l'enfant de Dieu ne laisse pas d'adresser sa voix à l'Éternel, et il lui dit: Ne m'abandonne pas, ô Éternel, mon Dieu [-185], mon aide et mon salut!

1657. (39.) Semblable au précédent pour le fond, ce psaume a ceci de particulier, qu'on y voit le prophète chercher ses consolations dans la pensée de la brièveté de cette vie et de la vanité des biens qu'elle promet (4-6, 12). Ce n'est pas par dégoût de l'existence, car il finit en demandant à Dieu de lui rendre quelque force avant qu'il s'en aille, force qu'il désire sans doute de consacrer à son service; mais s'il pense à la brièveté et à la vanité de la vie, c'est afin d'être excité par cette pensée même à mettre toute son espérance en Dieu et en Dieu seul (7). Il y a d'ailleurs ici un mélange admirable de soumission à la volonté de Dieu et de désirs ardents vers la délivrance (8-12).

1658. (40.) L'attente du fidèle en son Dieu est une attente ferme et par conséquent pleine de patience. On ne saurait dire toutefois qu'elle soit sans impatience aucune, mais c'est une sainte impatience (1,16, 17). Cette pleine foi de l'enfant de Dieu repose presque autant sur l'épreuve qu'il a faite de la grâce du Seigneur, que sur ses promesses. Il était, par le péché, comme dans une fosse de mort, dans un bourbier fangeux. C'est de là qu'il a crié vers Dieu, et Dieu a daigné s'incliner vers lui, le retirer de l'abîme et lui faire poser le pied sur le Rocher, Jésus-Christ. Dès ce moment, il a marché avec assurance et il s'est réjoui en Dieu, son Sauveur; spectacle bien propre à produire dans les âmes la crainte de Dieu et la foi en sa grâce (2-5).
Du reste, les merveilles du Seigneur à son égard sont en si grand nombre, qu'il renonce à les compter (6). Toujours est-il que, sous cette sainte impression, il se consacre avec joie au service de Dieu, il aime sa loi (37: 31), il s'efforce de répandre la connaissance des vérités du salut, ou autrement de l'amour et de la fidélité de l'Éternel (7-10). L'amour et la fidélité de Dieu! c'est la sauvegarde du croyant; car il sent le besoin qu'il a sans cesse des compassions du Seigneur (11), non seulement à cause des maux innombrables qui l'assaillent quelquefois, mais à cause surtout de ses péchés, plus nombreux que les cheveux de sa tête (12). Oh! bienheureux ceux qui, détestant leurs transgressions, comme David, ne laissent pas de se réjouir du salut qu'ils ont reçu de Dieu! (16.) — Une partie du psaume est expressément appliquée à Jésus-Christ par la Parole de Dieu, dans une traduction un peu différente (Héb. 10: 5-9). Mais si l'on peut dire, au verset 6: «Tu m'as percé les oreilles» (et nous avons vu ce que cela signifierait: Exode 21: 1-6), on peut dire aussi: «Tu m'as ouvert ou creusé les oreilles,» et en continuant la pensée, a tu m'as donné des yeux, une bouche, un corps pour te servir;» la partie étant mise ainsi pour le tout, comme on dit vingt voiles pour vingt vaisseaux. Ceci donc nous conduit à voir dans le psaume 40 l'expression des pensées et des sentiments du Messie souffrant, béni et victorieux. Ce qui se lit au verset 12 n'y met aucun obstacle, car Jésus-Christ a fait siennes nos iniquités; c'est à cause d'elles qu'il a souffert des angoisses qui ne sont pas trop fortement décrites par ces mots: «Je n'en puis supporter la vue» et «mon cœur m'abandonne» (12).

1659. (41.) Encore un psaume indirectement messianique; car si David pensait peut-être à Ahitophel [1560] en écrivant le verset 9, le Saint-Esprit pensait au traître Judas, comme l'atteste l'Évangile (Jean 13: 18). C'est donc le Christ qui, dans son humanité, est ce faible, ce pauvre, cet affligé du verset 1; c'est de lui que les méchants devaient souhaiter la mort (5); c'est lui qu'ils accuseraient de crime (8); lui qui, relevé par la main de l'Éternel, jugera ses adversaires (10); lui enfin qui demeure éternellement devant la face de Dieu (13).


CXXVIII. — Seconde partie (de 42 à 72).


1660. (42, 43.) Le second de ces psaumes n'est que le prolongement du premier. L'un et l'autre sont le résultat et l'expression d'une seule et même situation morale, savoir la situation d'une âme en détresse, mais d'une âme fidèle qui ne laisse pas de mettre sa ferme confiance dans le Dieu de son salut. La détresse est telle que les adversaires peuvent croire ce fidèle abandonné de Dieu (42: 3-10), et que le fidèle lui-même est tenté de partager leur illusion (42: 9; 43: 2); mais écoutez les vœux qui jaillissent du fond de son cœur (42: 2); écoutez la prière que ses mains élèvent vers Dieu (43: 3); voyez quelles exhortations il s'adresse et quelle grande foi tout cela suppose (42: 5,11; 43: 5). C'est une foi comme celle d'Abraham: le saint patriarche ne cessait d'espérer, alors même que sa main s'apprêtait à frapper le terrible coup.

1661. (44.) Cri de détresse du peuple de Dieu et non pas seulement du prophète, ce cantique, dans sa teneur générale, n'est pas difficile à comprendre. Mais ce qui offre quelque difficulté, c'est de déterminer à quel moment de l'histoire sainte il se rapporte. Telle est en effet la fidélité de Dieu, que nous ne le vîmes en aucun temps retirer sa protection de dessus les fils d'Israël, si ce n'est lorsqu'ils abandonnaient sa loi. Or nous entendons ici le peuple, demeuré fidèle, se plaindre de ce que l'Éternel l'avait châtié comme s'il eût été infidèle. Mais si l'on rapproche ce psaume du psaume 60, on a lieu de croire qu'avant les victoires racontées dans le second livre de Samuel (8: 13, 14), victoires que le psaume 60 célèbre, les troupes de David avaient essuyé quelque défaite partielle; or il n'en fallait pas davantage pour que ce pieux roi se crût abandonné de Dieu (1133). Dans tous les cas, la citation que l'apôtre saint Paul fait du verset 22 (Rom. 8: 36) nous conduit à envisager notre psaume comme une de ces portions de l'Écriture préparées par le Seigneur pour la consolation de son Église fidèle, lorsqu'elle semble près de succomber sous les coups de ses ennemis.

1662. (45.) Telle est la variété des formes dans la révélation du Seigneur, que voici maintenant un épithalame ou cantique nuptial, ou encore, pour se rapprocher davantage de l'original hébreu, un chant d'amour. Mais de quel amour est-il ici question, et quel en est l'objet? Ceux qui ont dit que ce cantique fut composé à l'occasion du mariage de Salomon, ne me paraissent pas y avoir suffisamment réfléchi; car il est impossible que le Saint-Esprit parle en ces termes d'un homme pécheur et mortel, quelles que soient les grâces dont le Seigneur l'ait enrichi. Qui est donc ce Roi plus beau qu'aucun des fils des hommes, béni de Dieu éternellement, sur les lèvres duquel la grâce est répandue, qui, montant sur son char de triomphe, a pour cortège la vérité, la douceur, la justice et dont la droite opère des œuvres merveilleuses? (2.) Qui est ce Prince auquel le Saint-Esprit donne le nom de Dieu, et qui est un Dieu que Dieu a oint ou fait Christ? (6, 7.) Qui est enfin ce personnage auguste dont le nom devait être rendu mémorable dans tous les âges, afin que les peuples le célébrassent à toujours et à perpétuité? (17.) La réponse me paraît facile, surtout après que le Nouveau Testament a prononcé (Héb. 1:8). C'est le même homme, le même Roi, le même Jéhovah, fort et puissant, dont un autre psaume prédit l'élévation dans les cieux à la droite du Père (24: 4, 7-9); c'est le Seigneur Jésus-Christ, le divin Époux de l'Église. De cette Église que le Seigneur aime, qui est belle de toutes les grâces dont il l'a parée et riche de tous les biens qu'il lui a prodigués; de cette Église qui, spirituellement, est reine par-dessus tout ce qu'on appelle nations, peuples, assemblées, sociétés (10-16). Celles-ci appartiennent sans doute à Jésus parce qu'il est le Seigneur, mais elles ne lui appartiennent pas de la même manière que l'Église son épouse, j'entends la véritable Église. Et si nous faisons nous-mêmes partie de cette sainte assemblée, quels ne doivent pas être notre reconnaissance, notre affection, notre respect, notre dévouement pour ce glorieux Rédempteur, le roi et l'époux de nos âmes? La réponse est dans les mots mêmes par lesquels s'ouvre le cantique. 

1663. (46.) Dieu est avec tous ceux qui se confient en lui; vérité que proclame ce psaume avec une énergie particulière (1, 7, 11). Se confier en Dieu, c'est se réfugier vers lui dans la détresse et chercher en sa grâce la force; qu'il s'agisse de détresse spirituelle ou de quelque autre, et quelles que soient les circonstances qui nous fassent sentir notre débilité. Et si Dieu est pour nous, qu'avons-nous à craindre? (Rom. 8: 31.) La nature entière s'est vue bouleversée, des peuples puissants ont disparu devant le souffle du Très-Haut; mais la destruction ne saurait atteindre ceux qui s'assurent en l'Éternel. Bien qu'il soit permis d'étudier ce psaume selon les indications que je viens de donner, on aurait tort d'en méconnaître le caractère prophétique. La cité de Dieu, le saint lieu de sa demeure doit subsister à toujours, sans cesse arrosé des eaux de sa grâce (4, 5); il y aura sur la terre de grandes désolations produites par la violence des armes, mais la paix finira par succéder à la guerre, et c'est alors que la connaissance de Dieu pourra se répandre en tous lieux (8-11). Nous retrouverons cette prophétie sous les formes les plus variées. Nous verrons alors ce qu'il faut entendre par la cité de Dieu, tout le reste étant fort clair. Remarquons en attendant que ce psaume n'a jamais manqué d'attirer les regards des chrétiens et de faire leur consolation dans les grandes crises du monde moderne, où l'on a vu si souvent le réveil de la foi sortir de guerres longues et désastreuses.

1664. (47, 48.) Dans le premier de ces cantiques, le Saint-Esprit invite les nations à se réjouir en Dieu, devenu leur Dieu; dans le second, il exhorte le peuple fidèle à se réjouir pareillement, parce que son Dieu est devenu le Dieu de toutes les nations. Il est facile, en conséquence, de discerner le rapport qui existe entre ces deux psaumes et le 46e, au point de vue de la prophétie comme à celui de l'édification. Quand on voudrait y voir en première ligne la description poétique de la gloire d'Israël au temps de David ou de Salomon, à supposer que ce psaume ne soit pas du roi-prophète [1610], encore y aurait-il à les envisager comme prophétisant une gloire plus grande pour des temps postérieurs. Si Israël, Jérusalem, le mont de Sion, les palais des rois de Judée et celui de l'Éternel avaient tous, à côté de leur existence réelle et de leur importance propre, une signification typique, ces psaumes dirigent nos pensées vers un temps qui n'est pas encore venu, mais que les chrétiens attendent avec foi, temps de gloire pour le Seigneur et pour son peuple élu.

1665. (49.) Il y a un bien grand contraste entre ce psaume-ci et le précédent, et pourtant il n'est pas impossible de les rattacher l'un à l'autre, car ce qui est vrai ne fait qu'un. Les hommes que ne touche d'aucune manière la gloire promise au peuple de Dieu et au Seigneur Jésus-Christ, sont les hommes mêmes qui font de ce monde et de ses biens leur dieu. Mais le mondain aurait beau posséder toutes choses, il doit mourir (5-13); pour lui la mort est une destruction dont ses richesses ne peuvent le délivrer, tandis que le fidèle est sûr d'un repos éternel (14, 15): celui-ci n'a donc pas à envier le prétendu bonheur de l'impie (16-20). Tel est en peu de mots le résumé d'un psaume d'ailleurs facile à comprendre.

1666. (50.) Bien que ce psaume-ci ne soit pas de David, il porte à un haut degré le cachet de l'inspiration divine, car c'est Dieu qui y parle du commencement à la fin; d'abord pour annoncer le jugement qu'il exercera sur toute la terre et sur son peuple en particulier (1-6), puis pour dire quel est le culte dont il sait gré (7-23). Dans ce discours, le Seigneur déclare qu'il ne se contente pas d'une adoration tout extérieure, mais qu'il veut celle du cœur (7-15); il manifeste son aversion pour l'hypocrisie (16-21), et il conclut en invitant chacun à y prendre garde (22, 23). Rien, en effet, ne peut être plus funeste que de rendre un culte à Dieu sans jamais se demander si c'est bien celui qu'il veut, et si on le lui rend comme il le veut. Déjà par Moïse (Deut. 10: 16; 30: 6), puis par Samuel (1 Sam. 15: 22), le Seigneur avait fait comprendre que les cérémonies de la loi ne possédaient aucune valeur réelle et intrinsèque, à moins qu'on ne les observât avec les dispositions d'un cœur converti. C'est ce qu'il répète ici de la façon la plus solennelle. Cet avertissement était bien nécessaire pour les Israélites, qui pouvaient si facilement envisager comme l'essence même du culte les actes extérieurs institués par l'Éternel; mais il n'a rien perdu de son utilité. Voulons-nous donc que notre service soit agréable au Seigneur et qu'il nous soit à nous-mêmes de quelque profit spirituel? Il faut non seulement que, pour nous, Dieu soit Dieu, mais encore qu'il soit notre Dieu (7) [485]; en d'autres termes, il faut qu'il nous ait reçus en sa grâce, tellement que nous éprouvions par-dessus tout le besoin de le louer pour ses bienfaits (14; Ps. 5: 7). Alors aussi, nous l'invoquerons dans nos détresses et nous lui attribuerons toute la gloire de nos délivrances (15). Et si nous rendons de cette manière à l'Éternel le culte d'un cœur reconnaissant, notre vie entière ne pourra manquer de porter l'empreinte du dévouement à sa gloire. Or, tel est le chemin du salut qui doit être révélé dans les derniers temps (23; Ps. 16: 11; 17: 16). — Quant au culte du pécheur non converti, culte apparent, culte formaliste, culte hypocrite, il ne peut qu'attirer sur lui la colère de Dieu.

1667. (51.) Je me réfère, au sujet de ce psaume de pénitence, à ce que j'en ai dit ailleurs, demandant à Dieu que, par son Saint-Esprit, mes lecteurs entrent tous dans les sentiments que le roi-prophète y exprime [1536, 1537]. J'ajouterai seulement qu'on y voit David, comme Asaph (50), proclamer la spiritualité du culte que Dieu réclame de ses adorateurs (16, 17).

1668. (52.) Je me réfère également pour ce cantique à ce que j'en ai dit précédemment [1427].

1669. (53.) Avec quelques légères différences, ce psaume n'est que la reproduction du psaume 14. Je ne saurais donc m'y arrêter, malgré sa grande importance. C'est une description qui n'est que trop vraie, hélas! de ce qu'est, par nature, la généralité des hommes, et tout à la fois une prophétie du sort que réserve la justice divine à ceux qui ne se convertissent pas. Ceci donc est bien sérieux.

1670. (54.) Voyez pour cette complainte le § 1431. David était dans une bien grande extrémité quand il le composa; mais la foi chez le fidèle s'accroît avec le danger.

1671. (55.) Parmi les psaumes qui contiennent les prières d'une âme angoissée, il n'en est pas de plus touchant que celui-ci. À voir les versets 12-14, il est à présumer qu'il fut composé par David lorsqu'Ahitophel, le Judas du fils d'Isaï, se fut déclaré contre lui. Pour se faire une idée de la détresse du vieux monarque à cette époque, il faut lire les neuf premiers versets de ce cri d'alarme. Mais ce qu'il y a de douleur profonde, d'abattement, de désespoir apparent dans cette âme, ne fait que jeter plus d'éclat sur la vive confiance qu'elle persiste à mettre en l'Éternel, confiance admirablement rendue par tes versets 16 à 18, 22 et 23.

1672. (56.) En plaçant ce psaume comme je l'ai fait [1450], je me suis écarté de l'opinion commune, qui le rapporte plutôt à la première fois que David eut la malheureuse idée de chercher dans la ville de Gath sa sûreté (1 Sam. 21: 10). Mais que ce soit alors ou plus tard, nous voyons qu'il comptait sur Dieu pour sa délivrance, bien plus que sur les moyens qu'une prudence mal entendue pouvait lui inspirer. Il doit en être ainsi de nous. Si nous voulons ne pas craindre les hommes et leurs mauvais desseins, cherchons notre force en Dieu et dans sa Parole (3, 4, 10-12). Ayons notre foi en Christ, et, avec David, nous pourrons dire que Dieu a retiré notre âme de la mort éternelle, qu'il nous garde contre les tentations, qu'il nous fait marcher saintement devant lui pendant notre séjour ici-bas (13).

1673. (57.) Quand on se reporte dans les circonstances où se trouvait David lorsque l'Esprit de Dieu lui inspira ce cantique, on ne peut assez admirer la fermeté de la foi qui lui avait été donnée par ce même Esprit. «Aie pitié! aie pitié!» (1.) À ces premiers mots, on dirait que nous allons entendre les gémissements d'une âme désespérée. Au contraire, cette âme, digne en effet de la bonté de Dieu, s'est réfugiée sous les ailes du Tout-Puissant; elle crie vers Dieu, mais vers le Dieu qui mène tout à bonne fin pour elle, vers le Dieu qui est amour et fidélité (3). Aussi, voyez par quel chant de triomphe se termine la complainte (7-10), et apprenez de la prière du verset 5, prière reprise au verset 11, quel était le sentiment qui dominait tous les sentiments de David. Voilà comment se concilient dans l'âme du fidèle les affections en apparence les plus contraires. On pourrait le croire tout occupé de soi et s'abandonnant aune sorte d'égoïsme spirituel; mais non: ce qu'il a par-dessus tout à cœur, c'est que Dieu soit glorifié. On pourrait aussi l'accuser quelquefois d'une sorte de découragement à la vue de sa misère; mais non encore, car au fort de ses tristesses, il sait se réjouir en Dieu.

1674. (58.) S'il est une classe d'hommes contre lesquels il est nécessaire que Dieu exerce tôt ou tard une éclatante justice, c'est bien certainement celle des juges iniques. La balance et l'épée qu'ils tiennent en main, c'est Dieu qui les leur a confiées, et leurs arrêts sont respectés comme s'ils provenaient du Très-Haut; en sorte qu'en ne punissant pas leurs prévarications, le Seigneur s'en déclarerait complice. D'autre part, l'édifice social n'a pas de plus sûr fondement que la justice des tribunaux, et l'on peut dire que tout est perdu dans un État quand la vérité et la droiture se sont retirées des lieux où elles devaient avoir leur trône. Il ne faut donc pas nous étonner des terribles imprécations de la Parole de Dieu contre les juges iniques, ce qui forme le sujet propre de ce psaume.

1675. (59, 60.) Encore que je n'aie qu'effleuré ces deux psaumes lorsque je les ai mentionnés à leur ordre chronologique [1410, 1508], je me borne à faire remarquer ici ce que l'Éternel était pour David: sa force, sa retraite, son amour (59: 17), puis, ce que David attendait de l'Éternel et nullement des hommes: le salut, la victoire (60: 12). Il doit en être ainsi de tout fidèle.

1676. (61.) Bien que fort court, ce cantique est d'une grande richesse. C'est la prière d'une âme abattue. Le fidèle en cet état, se sent comme au bout de la terre, quant à Dieu. Menacé par la tempête, il voudrait monter sur le rocher de la délivrance; mais ce rocher, d'ailleurs si accessible puisque c'est Jésus-Christ, ce rocher est trop élevé, relativement à sa propre faiblesse; aussi demande-t-il à Dieu de l'y conduire. Mais voyez comme la prière de la foi est promptement exaucée. Aussitôt après, David s'écrie: «Tu m'es un refuge, une forte tour: je demeurerai chez toi éternellement, à l'ombre de tes ailes.» Ces derniers mots font penser à notre Seigneur Jésus-Christ (Matth. 23, 37), non moins que les trois versets qui terminent le psaume. Le Roi dont il y est parlé ne saurait être David lui-même, si ce n'est comme type du vrai Roi, du Roi que célébrait déjà le psaume 24, du roi-berger de la parabole bien connue (Matth. 25: 31-46). C'est lui qui vit et règne éternellement, ayant pour gardes autour de son trône, l'amour et la fidélité, ou la grâce et la vérité.

1677. (62.) Quand les circonstances de l'enfant de Dieu sont de nature à jeter du trouble dans son âme, le Saint-Esprit lui rappelle que, c'est auprès de Dieu seul que se trouve l'apaisement, parce qu'il est le Rocher du salut (61: 2), une retraite où ne sauraient pénétrer les agitations d'ici-bas; en sorte que si le fidèle, ou le juste, peut être ébranlé, il ne peut l'être beaucoup (1-4). Il s'exhortera donc soi-même à regarder vers le Seigneur avec calme, et, sa confiance s'accroissant aussitôt, il répétera, mais avec une fermeté nouvelle, qu'il ne saurait être entièrement ébranlé. La raison en est que son salut et sa gloire reposent sur Dieu, sur Dieu son fort rocher et son refuge (5-8). Mais pour trouver un refuge et le calme auprès de Dieu dans les temps de trouble, il faut se confier en lui, répandre son cœur devant lui dans tous les temps (1 Sam. 1: 15). C'est ce que le roi-prophète rappelle au peuple dont il était le conducteur, ajoutant sur la misère des petits et des grands des paroles pleines de vérité, dont le rapport avec ce qui précède revient à ceci: Dans ses détresses, notre âme ne saurait trouver aucun appui chez les hommes, quels qu'ils soient, mais seulement chez celui qui est à la fois force et amour (9-12).

1078. (63.) À ce que j'ai dit ailleurs [1449], je dois ajouter quelques mots sur la vie intérieure du fidèle, vie qui, sous l'onction de l'Esprit et par l'effet même des épreuves, avait reçu dans le cœur de David un si grand développement (16). Ce monde, privé de Dieu, lui semblait un désert, et s'il y était pressé par la soif, c'était par la soif, non des jouissances terrestres, mais de la grâce de Dieu, de son amour, qu'il estimait bien préférable à la vie. Aussi ses pensées se tournaient-elles habituellement vers le vrai sanctuaire, vers le ciel, séjour de la puissance et de la gloire de l'Éternel (1-5). Dans ses insomnies, c'est encore à Dieu qu'il pensait, sous l’ombre de ses ailes qu'il cherchait son repos, et il y trouvait plus que cela, car il poussait des cris de joie au plus fort de ses douleurs. Il est vrai, comme il le dit, que son âme s'attachait à Dieu pour le suivre: il ne faut donc pas s'étonner si la droite de l'Éternel le soutenait (6-9).

1679. (64.) Objet de la haine des méchants, sans cesse menacé de leurs complots, David réclame le secours de son Dieu, et il le voit déjà dissipant par sa puissance les desseins des perfides. Telle est la position des fidèles vis-à-vis de Satan (1 Pierre 5: 8); telle est aussi leur foi (Rom. 16: 20). C'est pourquoi, comme le dit David en terminant: «Le juste se réjouit en l'Éternel et se confie en lui, et tous ceux qui ont le cœur droit placent en lui leur gloire.»

1680. (65.) Ce psaume, qui, dans ses premiers mots, fait allusion au culte silencieux et calme qu'on rendait à l'Éternel en Sion, est bien propre à nous inspirer les sentiments avec lesquels nous devons nous approcher du Seigneur pour l'adorer. D'abord, le sentiment de sa grâce: il exauce les prières, il pardonne les péchés, il comble de biens spirituels ses élus (1-4). Ensuite, la foi en sa puissance: c'est lui qui affermit les montagnes sur leur base, calme les tempêtes, apaise les rumeurs des peuples (5-8). Enfin, le souvenir de sa bonté; car c'est lui qui nous donne notre pain par des merveilles sans cesse renouvelées (9-13). Ici comme partout, résumer le psaume, c'est le dépouiller de sa poésie et de sa force; mais pourtant c'est en faciliter l'intelligence. Relisez donc celui-ci, pour en savourer les saintes beautés. Il arrive aussi qu'en résumant on laisse de côté des idées importantes, bien qu'accessoires. Par exemple, au verset 2, nous avons une prophétie à laquelle je vous rends attentifs. Du reste, elle va reparaître dans le psaume suivant et dans plusieurs autres.

1681. (66.) Quand le Psalmiste invite toute la terre à pousser vers Dieu ses acclamations (1), ajoutant que la terre entière l'adorera (3), de même qu'il est écrit au psaume précédent que toute chair viendra vers lui (65, 2), il n'est pas possible d'entendre ces paroles uniquement du pays de Canaan et des peuples qui l'habitaient, d'autant moins que nous aurons un grand nombre de prophéties (et déjà au psaume suivant) qui annoncent qu'un jour toute la terre connaîtra l'Éternel. Mais ce ne sera pas avant qu'il y ait manifesté sa puissance par des œuvres terribles, comme celles qu'il fit autrefois en faveur des fils d'Israël (1-7). C'est dans la contemplation de ces merveilles du passé et de l'avenir, que le fidèle rend son culte au Seigneur (8-14). Puis, revenant toujours à ce qui lui est personnel, il ne peut assez dire sa reconnaissance pour les grâces dont le Seigneur a comblé son âme en exaucement de ses prières, et voilà comment sa langue donne gloire à l'Éternel (15-19). C'est en effet une gloire pour l'Éternel que l'exaucement des prières, car il n'exauce pas celles des hommes qui se plaisent à l'iniquité (17).

1682. (67.) Un vœu et une prophétie qui ne font qu'un. Le vœu, c'est que Dieu bénisse son peuple, afin que celui-ci soit en bénédiction parmi les nations. La prophétie, c'est que Dieu bénira son peuple et que toutes les nations loueront un jour l'Éternel, devenu leur Dieu, la terre donnant enfin son fruit (6). Hélas! en combien de ses continents et de ses îles n'est-elle pas encore frappée de stérilité? Mais quand Israël sera converti, il y aura comme une résurrection d'entre les morts (Rom. 11: 15). Il faut, c» attendant, que les enfants de Dieu multiplient leurs prières, afin que les dons du Saint-Esprit leur soient par là multipliés et que la connaissance du salut se répande au moyen d'eux sur la face de la terre.

1683. (68.) Ce psaume est généralement envisagé comme une prophétie des triomphes de notre Rédempteur lorsqu'il reviendra dans les derniers jours. Car s'il est monté au ciel après sa résurrection, selon l'oracle du verset 18, oracle cité dans le Nouveau Testament (Eph. 4, 8), c'est pour en revenir une fois. Alors, comme toujours, sa présence sera terrible aux méchants et pleine de grâce pour les justes (1-3). En attendant ce jour, nous devons célébrer le nom du Seigneur par des cantiques et lui préparer le chemin avec une sainte joie (4-6). Cette glorieuse perspective réveille dans le cœur du prophète le souvenir des guerres sacrées et typiques des fils d'Israël contre les ennemis de Dieu, image des triomphes futurs du Seigneur et des siens (7-18). Après avoir vaincu ses adversaires et ceux de son peuple (19-23), il entrera dans son sanctuaire au milieu des bénédictions de la nation sainte (24-27). Alors, cette sainte nation, pleine de la force de son Dieu, régnera avec lui, et les royaumes de la terre célébreront la puissance et les jugements de l'Éternel. Disons donc avec David: «Béni soit Dieu!» (28-38.)

1684. (69.) Voici encore un psaume relatif au Messie; mais quel contraste avec le précédent! Là, c'était une gloire magnifique; ici, nous avons le tableau d'une humiliation sans égale. Elle est si grande que le mépris, les insultes, l'ignominie et les souffrances dont le fils d’Isaï fut si fréquemment abreuvé et auxquelles ce psaume fait sans doute allusion, ne donnent qu'une faible idée de celles qui devaient être la part de notre Rédempteur et qui le furent en effet. Et d'abord, voilà un Sauveur qui semble près de périr sous l'effort d'ennemis injustes, dont la haine est l'effet de leur propre iniquité, et ce Sauveur crie à Dieu pour être sauvé du mal qui menace son âme et sa vie (1-4). Puis le voilà parlant comme un homme qui aurait pris sur lui la folie et les péchés des autres hommes. Il craint que la foi des fidèles ne soit ébranlée par le spectacle de ses souffrances; car ses frères mêmes se détournent de lui. Et les impies! de quelles railleries, de quels outrages ne l'abreuvent-ils pas! C'est ainsi qu'ils le récompensent de son zèle pour le Très-Haut (5-12; Jean 2: 17). Enfin, le voilà priant Dieu, comme le ferait un simple mortel. Il aurait besoin de consolateurs et il n'en trouve point (20, Matth. 26: 40). La compassion de ses persécuteurs ne dépasse pas celle qu'on éprouve involontairement à la vue des souffrances d'un supplicié quelconque (21; Matt. 27; 34); mais l'amour de l'Éternel est évidemment avec lui, et il peut compter sur sa fidélité (13-21). Après cela, le prophète annonce les jugements réservés à ceux qui, par une incrédulité persistante, auront fait mourir le Sauveur, à commencer par le traître Judas (24-28; Actes i: 20). Il dit enfin les grâces qu'on verra descendre de la croix du Christ sur les pauvres pécheurs qui aiment le nom de l'Éternel. Sauvés par la foi, ils auront le cœur plein de reconnaissance et de joie; ils seront faits héritiers du ciel et de la terre (29-36). Tout ce psaume est d'une grande importance, puisque notre salut repose sur les souffrances et sur la mort expiatoires de Jésus-Christ. Et quand on voit comment il s'est accompli dans ses moindres détails, on ne saurait douter que la gloire prédite au psaume précédent ne se réalise de même: c'est la ferme attente des chrétiens.

1685. (70, 71.) Le psaume 70, qui n'est que la reprise des cinq derniers versets du psaume 40, est comme une introduction au psaume 71, et celui-ci ne fait que reproduire des vérités et des sentiments que nous avons déjà vus exprimés en plusieurs cantiques. Il acquiert cependant un intérêt particulier de la circonstance que David le composa dans sa vieillesse (9), et nous y voyons sans étonnement que, loin de s'affaiblir avec l'âge, sa foi, ses espérances et son amour pour Dieu, son zèle pour la gloire du Très-Haut et le bonheur qu'il goûtait à psalmodier sur le luth et la harpe, étaient allés plutôt croissant, ce que nous avons d'ailleurs observé dans l'histoire de sa vie. On estime bienheureux les vieillards dont le cœur ne vieillit pas, et l'on a bien raison; car d'ordinaire l'égoïsme se développe avec les infirmités, et quand le cœur ne vieillit pas, c'est que le Seigneur y habite: «L'homme extérieur se détruit, mais l'intérieur se renouvelle de plus en plus» (2 Cor. 4:16).

1686. (72.) La prière renfermée dans ce psaume pourrait se résumer en cette demande de l'oraison dominicale: «Ton règne vienne!» Elle avait bien pour objet prochain le jeune Salomon et la gloire de son administration. Mais le prophète se sert d'expressions qui ne se rapportent au fils de Bathscébah que d'une manière fort incomplète, tandis qu'elles s'adaptent parfaitement au Messie, fils de David, et roi comme Salomon. Ensuite, le successeur de David fut, à beaucoup d'égards, le type du Rédempteur, de même que son père l'avait été, ce qui explique comment le Saint-Esprit a pu parler du Christ sous le nom de Salomon. C'est donc particulièrement le règne de notre Seigneur Jésus-Christ qui se trouve prophétisé dans ce psaume messianique, dont il est facile de voir les rapports avec le 68e, étudié tout à l'heure. Il y a cependant une différence. Le psaume 68 prophétise les jugements par lesquels le Seigneur inaugurera sa seconde venue, tandis que nous le voyons ici, après la victoire, régnant paisiblement et éternellement sur son peuple.



CXXIX. — Troisième partie (de 73 à 89).


1687. (73.) Job, répondant autrefois à ses amis, leur faisait observer que les méchants prospèrent très souvent dans ce monde, tandis que les serviteurs de l'Éternel y essuient une foule de revers [1074]. Cette apparence de désordre est, pour bien des personnes, même pieuses, une pierre d'achoppement, et nous voyons ici que le prophète Asaph en avait été tellement ébranlé qu'il en était venu jusqu'à douter de Dieu (2-14). Mais il reconnaît enfin son erreur. Il comprend qu'un homme peut jouir de grands biens et donner libre carrière à ses passions, sans en être plus heureux. Et puis, s'il y a des prospérités pour le méchant, il est aussi pour lui de terribles catastrophes (15-22). Où donc est le bonheur? Asaph le savait bien, et il le dit en des termes qui prouvent qu'il le savait par expérience (23-28). J'invite sérieusement mes lecteurs à voir s'ils peuvent parler comme Asaph. Alors, ils diront aussi avec lui: «L'Éternel n'est que bonté, amour, miséricorde pour Israël, envers ceux qui ont le cœur pur» (1).

1688. (74.) Ce psaume contient un tableau fort émouvant de la désolation de la Judée, envahie, dévastée, ruinée politiquement et religieusement par des peuples impies (1-11). Le dessin est d'une telle fidélité que plusieurs veulent n'y voir qu'une description écrite après l'événement par quelque Asaph vivant en des temps très postérieurs, plutôt qu’une prophétie de l'Asaph contemporain de David. Mais, après les prophéties inspirées à Moïse sur ce même sujet (Lév. 26: 14-39; Deut. 28:15 -68), peut-on trouver étonnant que le Saint-Esprit ait reproduit les mêmes oracles, avec de nouveaux détails, par la bouche d'un autre prophète? Chose étrange! il est des gens qui rejettent les prophéties obscures à cause de leurs obscurités, comme si Dieu ne pouvait pas avoir des raisons pour ne lever qu'un coin du voile qui couvre l'avenir! et qui, après cela, rejettent les prophéties très claires, il cause de leur clarté trop grande, comme si Dieu ne pouvait avoir qu'une vague connaissance des temps futurs! De même donc que Moïse avait prédit les calamités d'Israël avant qu'il eût conquis la terre promise, Asaph les prédit de nouveau, dans un moment où ce peuple y jouissait de la plus grande prospérité. Il n'y a que Dieu qui puisse dire si longtemps à l'avance et malgré tant d'apparences contraires, ce qu'il lui plaira de faire un jour. — Du reste, chez Asaph comme chez Moïse, la destruction d'Israël n'est pas représentée comme devant être irrévocable (12-23).

1689. (75.) Après avoir prédit, au psaume 74, les punitions que l'Éternel infligerait à son peuple, Asaph annonce les jugements qu'il doit exercer sur toute la terre, et les fidèles sont invités à en célébrer le jour; car ce jour sera la délivrance des élus et le rétablissement de la gloire de Dieu, si longtemps obscurcie par le péché.

1690. (76.) Dans un langage poétique plein de hardiesse et de beauté, le prophète représente Jérusalem assiégée par de nombreux ennemis et merveilleusement secourue par le bras de l'Éternel. Rien de semblable encore n'était arrivé du vivant d'Asaph, contemporain de David et de Salomon. C'est pourtant bien à cette époque qu'a dû être écrit notre psaume, car si, depuis ces rois, Dieu continua d'être connu en Juda (1), il ne le fut plus dans le reste d'Israël, comme l'histoire du peuple de Dieu nous le montrera bientôt. Nous y verrons aussi à quelle époque cette prophétie remarquable fut accomplie; mais bien des chrétiens pensent qu'elle doit l'être encore une fois, savoir lorsque l'antique Salem (2) sera de nouveau la ville sainte et que l'Éternel replacera sa tente en Sion.

1691. (77.) Comme David et comme tous les fidèles, Asaph connut par expérience ces détresses spirituelles où l'âme se sent, pour ainsi dire, abandonnée de Dieu. Mais aussi longtemps qu'au fort de sa peine on élève les bras vers le Seigneur, on n'est pas vraiment abandonné. Quand Asaph comparait son état actuel avec les grâces dont il jouissait auparavant, il était tenté de se décourager; puis, la considération de ces mêmes grâces d'autrefois, le souvenir des merveilles de la miséricorde et du pouvoir de Dieu, ranimaient bientôt sa confiance. Sachons aussi, dans nos luttes intérieures, ouvrir notre cœur à Dieu, comme Asaph, lui raconter nos peines, nos doutes, nos défaillances, et restaurer notre âme en nous remémorant ses bienfaits.

1692. (78.) Dans ce psaume historique, le prophète célèbre, à la gloire de Dieu et à la confusion d'Israël, les principales délivrances dont ce peuple avait été l'objet dès les jours anciens et qu'il avait payées de tant d'ingratitude. L'Éternel lui-même s'était fait son législateur. Au travers de mille périls, il l'avait établi dans le pays de Canaan, et maintenant ce peuple avait le bonheur d'être sous la conduite de David, pasteur intègre de cœur et de mains intelligentes. Du reste, ce psaume ne fait allusion qu'à des événements connus de mes lecteurs. Ils n’en liront pas moins avec intérêt et avec édification le résumé que nous en donne ici le Saint-Esprit.

1693. (79.) Il est facile de voir que ceci est un psaume prophétique tout semblable aux psaumes 74 et 76, et les complétant. D'abord c'est le tableau des désolations de Jérusalem (1-4); puis, une ardente prière pour que l'Éternel, dans l'intérêt de sa propre gloire, renouvelle sa miséricorde à ses serviteurs et qu'il châtie leurs ennemis (5-12); enfin les actions de grâces du peuple de Dieu, lors de sa future restauration (13). Après cela il n'est pas douteux que nous n'ayons ici, comme dans les prophéties analogues, une vivante, image des persécutions auxquelles l'Église de Jésus-Christ s'est vue exposée en divers temps; et ce que je veux surtout indiquer à mes lecteurs, c'est qu'en de telles circonstances l'Église a trois devoirs à remplir: s'humilier devant le Seigneur dans le sentiment de ses péchés, mettre une nouvelle confiance en sa grâce, ne point cesser de célébrer la gloire de son nom.

1694. (80.) Il est des personnes qui placent ce psaume et le suivant au temps de Salomon; savoir lorsque ce prince, en punition de son idolâtrie, se vit attaqué, lui si paisible jusque-là, par deux princes redoutables que Dieu suscita contre lui (1 Rois 11: 14-25). Mais pourquoi ne seraient-ce pas des psaumes prophétiques de la même nature que les psaumes 74, 76 et 79? Dans ce cas, le fils dont il est parlé au verset 16, l'homme de la droite de l'Éternel, le fils de l'homme, du verset 18, serait, non pas Salomon, mais la personnification du peuple d'Israël; ce pourrait être aussi notre Seigneur Jésus-Christ, le Fils de l'homme par excellence, celui par qui s'accomplissent toutes les délivrances du Très-Haut. Quoi qu'il en soit, ces deux psaumes ne sont pas difficiles à analyser, et on ne peut les lire sans une profonde émotion. Le prophète, prenant la parole au nom de tout le peuple, qu'il compare à une vigne transplantée jadis d'Égypte en Canaan et maintenant désolée par les bêtes sauvages (8-13), invoque à grands cris le secours de Celui qu'il appelle le Berger ou le Pasteur d'Israël et dont la gloire est au milieu des anges! (3, 7,14, 17-19.) Oh! que ces prières redoublées sont belles! Faisons-en nos propres prières, quand, par une cause quelconque nous avons la douleur de nous sentir loin de Dieu. Sachons lui dire alors du fond de notre cœur: «O mon Berger! rends-moi la vie, afin que j'invoque ton nom! Éternel des armées! ranime-moi; fais luire ta face pour que je sois sauvé!»

1695. (81.) Ici ce n'est plus le peuple qui parle, mais c'est l'Éternel; d'abord par la bouche du prophète (1-5), puis de sa propre bouche, en quelque sorte (6-16). Le prophète invite les fils d'Israël à célébrer avec une grande joie leurs saintes fêtes; après quoi, le Seigneur leur rappelle les délivrances et les châtiments d'autrefois, afin de les engager par cette double considération à marcher dans ses voies, au lieu de s'égarer et de se perdre en suivant leurs propres pensées. Écoutons cette exhortation du Seigneur; car c'est aussi pour nous qu'il l'a déposée dans sa Parole, avec les magnifiques promesses par lesquelles le psaume se termine.

1696. (82.) Ce psaume, dirigé contre les juges iniques, rappelle le 58e, auquel je renvoie mes lecteurs. Les juges sont désignés ici sous le nom de dieux, par la raison qu'ils sont plus que personne les représentants de Dieu dans la société civile. Ceux donc qui sont appelés à y faire régner le bon droit, doivent se dire que l'iniquité des arrêts judiciaires ébranle l'État dans sa base. Quand ils montent sur leur tribunal, ils ont à se souvenir qu'ils mourront bientôt, et qu'ils auront à comparaître devant Celui qui jugera la terre entière (8).

1697. (83.) Ligue d'une foule de nations contre le peuple de Dieu, c'est-à-dire contre Dieu lui-même; cri des fidèles pour que le Seigneur vienne à leur aide; victoire de l'Éternel sur tous ses ennemis. Bien que cette description prophétique semble convenir à certaines crises de l'histoire du peuple hébreu, à partir de David, je pense qu'elle se rapporte à des temps encore à venir. De quelle consolation ce psaume et tant d'autres oracles tout pareils ne seront-ils pas pour ceux qui vivront en ces temps-là!

1698. (84.) Heureux celui qui habite auprès de Dieu (1-4); heureux qui cherche en lui sa force (5-8); heureux enfin qui se confie de tout son cœur en lui! (9-12.) Le bonheur de la foi: tel est donc le sujet de ce beau psaume. Se joindre à l'assemblée des fidèles pour louer continuellement le Seigneur et se transporter par la pensée dans le ciel, la propre habitation des enfants de Dieu, là déjà est le bonheur (1-4). Il est vrai que ce monde est la vallée des pleurs (traduction du mot Baca); mais ces pleurs se changent en bénédictions pour ceux qui s'appuient sur Dieu et qui se comportent droitement avec lui, qui ajoutent aux actions de grâces des prières ferventes et qui vont ainsi «de force en force» au-devant du Seigneur (5-8). Car le Seigneur leur est un soleil et un bouclier, il les éclaire et les protège; il donne la grâce et, par elle, la gloire à ceux qui, intègres de cœur, croient en ses promesses. Heureux donc ceux qui se confient en l’Éternel parce qu'ils croient à sa grâce! Ils n'hésitent pas à dire comme le Psalmiste: «Mieux vaut un jour dans tes parvis que mille ailleurs. J'aime mieux me tenir sur le seuil de la maison de mon Dieu, que de résider dans les tentes du méchant» (10). Qui ne reconnaîtrait David à ce langage? [1501, 1610.]

1699. (85.) Dans plusieurs psaumes précédemment étudiés (74, 76, 79, 80), nous avons entendu le Saint-Esprit prophétiser les jugements de Dieu sur son peuple rebelle; ici, c'est la délivrance qui est prédite; non pas, comme ailleurs, sous la forme d'une promesse (Lévit. 26: 44, 45) ou d'une prière (80: 19), mais dans le style de l'histoire. C'est-à-dire que la délivrance y est racontée de la même manière que le serait un événement accompli. Le pays est supposé dans la désolation, les fils de Jacob sont en captivité sur la terre étrangère; mais voici l'Éternel qui pardonne, qui fait cesser son courroux, et ses rachetés prennent courage pour lui demander le retour entier de sa faveur, afin qu'ils puissent de nouveau se réjouir en lui. C'est ce qui eut lieu du temps de Zorobabel et de Néhémie, ainsi que nous le verrons plus tard; et encore ce n'a été là qu'un premier accomplissement de la prophétie (1-7). —Mais lorsque l'Éternel montre à ses enfants un visage réconcilié, ce n'est pas pour qu'ils retournent à leurs égarements: c'est, au contraire, pour qu'ils s'adonnent à l'amour et à la vérité, à la justice et à la paix, gage et source de nouvelles bénédictions (8-13). Ce psaume donc est une prophétie relative au rétablissement d'Israël; mais il s'applique aussi d'une manière touchante au peuple élu et fidèle, à tous les pécheurs rachetés, dont Israël est le type. L'Éternel leur a fait annoncer la paix par Jésus-Christ, afin de les retirer de leurs iniquités; il les a sauvés, dans l'intérêt même de sa gloire; car c'est ainsi que se sont conciliées sa justice et sa grâce, que la vérité est descendue sur la terre et qu'on peut entrevoir le moment où elle y régnera victorieuse (8-13).

1700. (86.) Les afflictions de David furent si nombreuses et si diverses, qu'on ne sait à quel moment de sa douloureuse carrière il faut rapporter ce psaume, une de ses plus belles prières. Vous y remarquerez, pour vous servir de modèle, non seulement avec quelle ardeur le prophète réclame le secours de Dieu, mais surtout ce qui motive son assurance. Il n'a garde de s'appuyer sur son repentit ou sur ses bonnes résolutions. Ce qui fait le fondement de sa confiance, c'est sa confiance même ou sa foi. Il est misérable et il crie à Dieu, à ce Dieu qu'il aime, à ce Dieu qui, dans sa clémence, l'a souvent exaucé, au Dieu tout-puissant qui fait des œuvres sans égales: voilà ce qui le met en pleine paix (1-10). Vous remarquerez ensuite que David n'est pas de ceux qui ne songent qu'à être délivrés de leurs peines: il aspire à la sainteté plus encore qu'au repos. Il prie Dieu de lui enseigner sa voie, de lier son cœur à la crainte de son nom, afin qu'il marche dans la vérité et qu'il le glorifie perpétuellement. Il attend cette grâce de l'amour infini du Seigneur et c'est ce qu'il appelle être retiré du sépulcre ou de l'état des morts, car ce n'est pas vivre que marcher loin de Dieu (11-13). Vous remarquerez encore comment le Psalmiste, reproduisant les expressions mêmes, ou à peu près, dont l'Éternel s'était servi quand il révéla sa gloire à Moïse (Exode 34: 6, 7), se console de la haine dont il est l'objet de la part des orgueilleux et des impies, par la pensée de la miséricorde et des compassions de Dieu; puis, le témoignage qu'il rend à la piété de sa mère, qui avait sans doute été l'instrument de sa conversion, dès sa première jeunesse (14-16). Vous remarquerez enfin quelle espèce de triomphe David désirait de remporter sur ses ennemis. Quand ceux-ci le voyaient dans l'extrémité, ils insultaient Dieu au fond de leur cœur; c'est pourquoi, s'il sollicite de lui la délivrance, c'est afin que leurs communs adversaires soient confus (17). Heureux ceux qui, dans leurs peines, savent prier comme David!

1701. (87.) Sion est de tous les lieux de la terre le plus saint, le plus aimé de Dieu, celui dont le passé est le plus illustre et dont l'avenir doit être le plus glorieux [1492]: c'est la cité de Dieu! (1-3.) Tous les peuples du monde, représentés ici par Rahab (nom poétique de l'Égypte), Babylone, la Philistie, Tyr et l'Éthiopie, compteront un jour au nombre de ses citoyens (4-6), jour de joie sainte et céleste (7). Cette prophétie, dont le sens spirituel est facile à discerner, s'accomplira non moins que les autres; mais quel amour et quelle puissance ne suppose-t-elle pas en l'Éternel, écrivant et enregistrant un à un les noms des élus d'entre tous les peuples!

1702. (88.) S'il est quelqu'un de mes lecteurs qui se trouve dans la détresse, privé de consolation, rassasié de maux, délaissé de ses amis et comme abandonné de Dieu, qu'il lise et relise ce psaume. Il y verra que, même réduit à cette extrémité, le fidèle ne doit pas cesser de crier à Dieu, jour et nuit (1, 2). Ses cris demeurent-ils sans réponse? qu'il continue à crier, non pour murmurer, mais pour gémir dans le sein de son Dieu et pour lui raconter, à lui et non aux hommes, toutes les amertumes de son âme. Cela même lui servira de témoignage qu’il n'est pas aussi abandonné de Dieu qu'il le croit.

1703. (89.) Si l'auteur de ce psaume fut contemporain de Salomon, comme quelques personnes le pensent à cause de la mention qui est faite d'Etan 1 Rois 4: 31, il se pourrait aussi qu'il eût survécu à ce prince, et que, témoin du grand schisme qui eut lieu sous Roboam et dont nous aurons à nous occuper plus tard, il eût écrit là-dessus la complainte que nous avons sous les yeux. Le Psalmiste commence par louer Dieu des miséricordes promises à David, célébrant sa grandeur, sa fidélité, son amour, ses œuvres merveilleuses, dans le ciel et sur la terre, et faisant le tableau du bonheur de son peuple, de ce peuple qui tirait de l'Éternel son illustration et sa force (1-18). Puis, il revient avec de nouveaux développements sur l'alliance traitée avec David et sa postérité (19-37). Le prophète, cependant, voit le royaume de David comme à deux doigts de sa perte; il s'en étonne après tant de promesses et tant de délivrances; il en fait l'objet de ses lamentations, et il sollicite le retour de la grâce du Seigneur en faveur de son Oint (3S-51). Le cantique finit comme il a commencé, par des actions de grâces; car un enfant de Dieu, quoi qu'il arrive, a toujours sujet de bénir l'Éternel (52). À le considérer attentivement, ce psaume pourrait bien être plus prophétique qu'historique, et l'on ne voit pas pourquoi il n'aurait pas été dicté par le Saint-Esprit dans le temps même de David et sur la fin de son règne, alors si agité. Ainsi, ce psaume rappellerait les prophéties des psaumes 74, 76, 79 et 80. D'ailleurs, puisque David est le type de Jésus-Christ; puisque Jésus-Christ, à son tour, est le Christ ou l'Oint par excellence, postérité sainte de David comme d'Abraham, on peut affirmer que ce cantique est aussi une prophétie relative à Jésus-Christ, à l'Église qui est son corps, à l'alliance éternelle de grâce et de paix avec le peuple élu, à l'abjection momentanée dans laquelle le Christ est descendu pour nous sauver, aux persécutions enfin et aux catastrophes, qui, plus d'une fois, ont risqué de ruiner l'Église sur laquelle Jésus règne. Relisez le psaume à ce point de vue, et vous serez frappés de sa vérité, dans l'ensemble et dans tous les détails; alors aussi vous en retirerez une grande édification.


CXXX. — Quatrième partie (de 90 à 106 ).


1704. (90.) Le psaume que nous lisons ici, nous reporte à plus de quatre siècles en arrière, puisqu'il est de Moïse, le serviteur de l’Éternel [1037]. Homme de Dieu, dans toute l'étendue du terme, Moïse fut un homme de prières, mes lecteurs s'en souviennent, et nous avons dans ce cantique une de celles que le Saint-Esprit lui inspira. Durant le long séjour du peuple hébreu dans le désert, Moïse avait vu toute une génération disparaître sous les coups de la justice divine, sans que pourtant la protection de l'Éternel se fût retirée de dessus les fils d'Israël. Il commence donc par rendre grâce à Dieu du secours qu'il avait de tout temps accordé à leurs pères, et il se voit ainsi conduit à célébrer les mystères de l'éternité de Dieu, avec laquelle contraste si fort la vie éphémère des faibles mortels. Un mot du Seigneur suffit pour que ceux-ci retournent dans la poudre, tandis que Dieu demeure d'éternité en éternité, mille ans étant pour lui moins que, pour nous, le souvenir d'une seule journée (1-6). Puis, vient une description de la brièveté et des peines de la vie, description qui rappelle, outre plusieurs passages du livre de Job, la réponse de Jacob à Pharaon (Gen. 47: 9); avec cette différence, qu'on voit ici combien, au temps de Moïse, la vie humaine s'était généralement abrégée. Et puis, il nous dit deux choses qui sont dignes d'une sérieuse attention: l'une, que la brièveté et les peines de la vie sont un effet de la colère de Dieu ou de sa justice vengeresse; l'autre, que nous avons besoin d'apprendre de Dieu même à compter nos jours, pour savoir en user sagement. Il faut donc que nous le lui demandions comme Moïse (7-12). Dans la troisième strophe, nous avons une de ces hardiesses auxquelles nous sommes habitués de la part du prophète de Sinaï. C'est déjà beaucoup que des pécheurs puissent compter sur le support et sur la patience de Celui qui a fait les promesses; mais la foi humble et repentante demande et obtient de lui plus que cela, savoir le retour entier de son amour et la joie qui se trouve en la possession de cet amour, joie plus grande que ne sont nos douleurs, joie éternelle au lieu de l'éternelle misère que nos péchés méritent. Ce que la foi demande enfin et ce qu'elle obtient, c'est la bénédiction de Dieu en tout et partout. Prions ainsi (13-17).

1705. (91.) Comme ce cantique vient bien après le précédent! Moïse fut un de ces hommes qui en virent tomber mille à son côté et dix mille à sa droite, et qui ne furent pas atteints, parce que l'Éternel était leur refuge. Quelles que soient les calamités qui désolent notre pauvre terre par la malédiction du péché, il demeure certain que la protection de l'Éternel est sur ceux qui se confient en lui, bénédiction à la fois temporelle et spirituelle. Il les préserve d'une foule de maux; ses anges les gardent; dans l'épreuve, il leur donne la délivrance, et, même au sein de la détresse, le Seigneur ne laisse pas d'être avec eux (3-12). Mais surtout, gardant leur âme contre les attaques subtiles de l'ancien dragon (Apoc. 12:9), contre les assauts du lion rugissant (1 Pierre 5:8), il leur donnera certainement de voir le salut et de posséder de longs jours auprès de leur Dieu (13-16). Il a fallu bien de l'audace à Satan pour emprunter de ce psaume (11, 12) une parole de tentation contre notre Seigneur (Luc 4: 10, 11), car c'est là même qu'il eût pu voir combien sont vaines ses attaques contre ceux que Dieu prend sous sa puissante protection.

1706. (92). Le sabbat était pour l'ancien peuple, comme le dimanche doit l'être pour les chrétiens, un jour de sainte joie. En tout temps il est bon de rendre à l'Éternel l'honneur qui lui est dû (1); mais combien plus dans le jour qu'il s'est consacré! Tout nous y invite à célébrer, avec le Psalmiste, l'amour et la fidélité de Dieu (1-3), à adorer la puissance qu'il a déployée dans l'œuvre de la création, et la profondeur de ses pensées et de ses desseins, dont la sagesse échappe aux cœurs irrégénérés (4-6). Les voies de la Providence ne sont pas moins admirables, soit que Dieu châtie le méchant, soit qu'il bénisse les justes en répandant chaque jour sur eux une nouvelle onction de son Esprit, afin qu'ils rendent leur fruit jusqu'à la blanche vieillesse (7-15). Telles sont les idées principales de ce psaume, un de ceux qui sont particulièrement propres à faire le sujet de nos méditations pour nous préparer à sanctifier le jour du repos.

1707. (93.) L'Éternel règne avec puissance sur ce monde qu'il a créé par son pouvoir éternel (1,2); les peuples se soulèvent et s'agitent comme les ondes des fleuves et les flots de la mer, sans pouvoir ébranler l'Éternel sur son trône (3, 4); mais c'est dans sa maison surtout qu'il règne par sa parole ou par ses témoignages, qui, toujours vrais, sont une semence impérissable de sainteté (5). Ainsi le règne absolu de Dieu sur le monde matériel, son règne souverain sur les peuples, son règne de grâce sur ses élus: tels sont les faits divins que cet hymne présente aux fidèles pour nourrir leur piété.

1708. (94.) L'Éternel règne, et toutefois on serait tenté de le dire absent de ce monde quand on y voit les méchants prospérer, le peuple de Dieu souffrir de leur part tant de maux et l'impie se flatter que Dieu n'entend ni n'aperçoit ce qui se passe (1-7). N'importe! l'Éternel règne: il entend et il voit; il connaît les pensées, et sa présence se fait sentir par les jugements qu'il exerce sur les nations, par les châtiments qu'il inflige à ceux qu'il aime, comme par la protection et les délivrances qu'il leur accorde (8-15), bénédictions dont tout enfant de Dieu fait de nombreuses expériences (16-23). Il n’en est pas moins vrai qu'au-dessous du trône de Dieu et en opposition à son pouvoir, il y a un trône de méchanceté (20), celui de Satan, et que le temps présent n'est pas le règne entier de la justice divine. C'est pourquoi le psaume commence par une prière qui revient à dire: «Que ton règne vienne!» Mais il s'agit ici d'un règne de justice et de jugement (1, 2).

1709. (95.) Ce psaume, comme les deux précédents et comme les cinq qui le suivent, célèbre le règne de Dieu; non pas seulement le pouvoir qu'il exerce actuellement, malgré l'opposition de Satan, mais encore et surtout celui qu'il exercera lorsqu'il s'assiéra glorieusement sur son trône, jour splendide que le prophète voit des yeux de la foi et qu'il invite les fidèles à saluer de leurs acclamations. Dans ce psaume 95 en particulier, le Saint-Esprit veut que nous marchions avec joie à la rencontre de l'Éternel notre Sauveur, parce qu'il est le vrai Dieu, créateur du ciel et de la terre (1-5). Quand il apparaîtra, tous fléchiront le genou devant lui (Philip. 2: 10); et dès à présent nous devons le faire, autant par la raison qu'il est notre berger et qu'il nous conduit (23), que parce que c'est lui qui nous a formés (6, 7). Et puis, quand il nous parle, écoutons sa voix au lieu d'endurcir notre cœur, comme Israël le lit dans le désert; car si ceux qui, alors, irritèrent Dieu, n'entrèrent pas dans le repos de la terre promise, nous non plus nous ne saurions entrer dans le repos éternel du Seigneur, si nous refusons de l'écouter.

1710. (96-98.) La vérité que le Saint-Esprit me paraît avoir eu l'intention de mettre en saillie dans ces trois psaumes, comme au psaume 94, c'est que le Seigneur doit exercer la justice quand il entrera dans son règne, au jour de sa venue (96: 10, 13; 97: 2, 6, 8; 98: 2, 9). Ce jour sera pour toute la terre un jour de joie et aussi d'effroi (96: 1, 9, 11; 97: 1, 4); mais ce qui dominera pourtant, c'est la joie, et une joie toute nouvelle (98:1 -9). Or voici ce qui explique à la fois cette joie et cet effroi. Celui qui vient est le Dieu tout-puissant (96: 4-6), le Dieu saint et juste, qui, semblable à un feu consumant (97: 3), s'avance sur les nuées, au milieu des éclairs et de la tempête, en sorte que les montagnes se fondent en sa présence comme la cire (97: 4-6). Qui ne serait ému à cet aspect, et comment les ennemis du Seigneur, ceux qui font de ce monde leur dieu, ne trembleraient-ils pas; car c'est pour les dévorer que le feu s'allumera? (97: 3,7.) Mais si, en ce jour, la justice de l'Éternel doit reconquérir sa gloire, la gloire de sa grâce et de son salut y sera de même pleinement manifestée (96: 1-3; 97: 11, 12; 98: 2, 3). Voilà le sujet d'une joie éternelle pour ceux qui rendent au Seigneur l'honneur qui lui est dû, à quelque famille de la terre qu'ils appartiennent; tous, vrais fils d'Abraham, justes par la foi comme lui, et, comme lui, droits de cœur devant l'Éternel (96: 8; 97: 8, 11, 12; 98: 3). Il y aura joie pour la terre elle-même, qui sera renouvelée en ce jour-là (2 Pierre 3,13), et ressortira du feu, délivrée de sa malédiction (96: 11-13; 97: 1, 6; 98:4, 7, 8). Que devez-vous faire» en attendant cette grande journée, mes chers lecteurs? Vous convertir de tout votre cœur, selon les dernières paroles du psaume 95. Et si vous êtes déjà convertis, vous vous plairez à célébrer, dès maintenant, la gloire à venir de l'Éternel votre rédempteur (96: 1, 2); vous la raconterez ou la ferez raconter parmi les nations (3); vous offrirez au Seigneur les sacrifices qui lui sont agréables, et vous ferez voir par toute votre conduite qu'il règne sur vous (96; 1, 2, 3, 8, 9, 10). Puis, si vous êtes de ceux qui aiment l'Éternel et la promesse de son avènement, vous lui témoignerez votre amour en haïssant le mal; c'est ainsi que, dans une sainte joie, vous le glorifierez (97: 11, 12). Enfin, ne joindrez-vous pas vos prières à celles des enfants de Dieu qui lui demandent de hâter le jour où sa droite et le bras de sa sainteté le délivreront des mépris et de l'impiété du monde, où il se souviendra de son amour et de sa fidélité envers la maison d'Israël, où tous les bouts de la terre verront son salut? (98: 1 -3.)

1711. (99, 100.) Encore une fois, l'Éternel règne, et cette pensée devrait émouvoir tous les cœurs! (99: 1.) Il règne avec éclat dans le ciel; il règne en Sion, type de l'Église; il règne par sa force sur les divers peuples (2, 3). C'est un règne redoutable pour des pécheurs, car l'Éternel est saint. C'est un règne bienfaisant, car l'Éternel affermit le droit, il exerce la justice, et il y a longtemps que la société humaine serait tombée en dissolution si l'Éternel ne régnait pas (4). C'est aussi un règne de grâce pour ceux qui l'invoquent, car il exauce leurs prières, il pardonne leurs péchés, sans toutefois laisser le péché impuni; et cela même est une nouvelle preuve que l'Éternel règne (6-8). Disons donc avec le Psalmiste: «Exaltez l'Éternel notre Dieu; et prosternez-vous sur la montagne de sa sainteté, qui est le marchepied de ses pieds, car il est saint, l'Éternel notre Dieu» (5, 9). Et puisque l'Éternel règne, réjouissons-nous en lui, consacrons-nous à son service, glorifions-le par nos cantiques et rendons-lui le culte de la reconnaissance (1, 2, 4); car l'Éternel est Dieu (3), l'Éternel est bon, son amour est éternel et sa fidélité de génération en génération (5). Il est Dieu! obéissons-lui. Il est bon! aimons-le. Son amour est éternel: quel sujet de joie! Sa fidélité est inébranlable: quelle assurance!

1712. (101.) David exprime ici la ferme intention de célébrer dans ses cantiques l'amour et la justice de l'Éternel, ces deux grands traits du caractère divin, et de se donner à Dieu tout entier, comme quelqu'un qui attend le grand jour (1, 2). C'est de bon cœur qu'il veut glorifier le Seigneur, soit dans sa vie privée, soit dans sa vie publique; éloigner de lui les méchants, les médisants surtout, les orgueilleux et les menteurs; s'entourer des seuls gens de bien et exercer bonne justice sur ceux qui pratiquent l'iniquité. Hélas! tout enfant de Dieu et tout roi qu'était David, nous avons vu qu'il ne fit pas toujours ce que voulait son âme régénérée; mais il n'en est pas moins vrai qu'il trace dans ce psaume la ligne de conduite que les fidèles doivent se proposer, et qu'ils suivront certainement s'ils se souviennent de l'amour et de la justice de Dieu, tout en lui demandant la force de faire ce qui est bon.

1713. (102.) C'est un beau psaume que celui-ci! Il se divise en trois strophes. Dans la première (1-11) et au commencement de la troisième (23, 24), le Psalmiste expose à l'Éternel sa misère profonde. C'est la plainte lamentable et pourtant confiante, d'un fidèle qui, vieux avant le temps, se voit plus que jamais environné de gens acharnés à lui, et qui reconnaît en ce qu'il souffre, le juste châtiment de ses fautes (10). Tout ceci nous rappelle vivement les derniers jours de David. Dans la seconde strophe (12-22), le prophète, passant de sa propre misère aux infortunes à venir de Jérusalem et du peuple de Dieu, réclame de l'Éternel et prophétise la restauration de la sainte cité et le retour de ses captifs, afin que les nations et leurs chefs révèrent le nom du Très-Haut et sa gloire. Dans la troisième strophe (23-28), il oppose à l'éternité et à l'immutabilité de Dieu, la fragilité et l'inconstance de toutes choses. Les cieux et la terre passeront; l'Éternel seul subsiste à toujours [218]. Mais Dieu prépare à ses serviteurs une nouvelle demeure (2 Pierre 3: 13), et quelle consolation dans cette pensée pour nous, non moins que pour David, si, comme lui, nous croyons et aimons! En attribuant ce psaume à David, je m'écarte de l'opinion commune. On pense plutôt qu'il fut écrit par quelqu'un des prophètes contemporains de la captivité de Babylone; mais je ne vois pas en vérité pourquoi l'on n'y appliquerait pas les observations que j'ai faites sur les psaumes 74, 76, 79, 80 et 89. Dans tous les cas, il est évident que la prophétie n'a pas encore reçu son entier accomplissement: il y a là tout un rétablissement d'Israël, tout un nouvel ordre de choses qui est encore caché dans l'avenir (21,22).

1714. (103.) Ce psaume est, de tous les psaumes d'actions de grâces, le plus excellent. Il s’ouvre et se ferme par ces mots: «Mon âme, bénis l'Éternel;», car, de notre nature, nous sommes si ingrats, que nous avons besoin de nous exciter à la reconnaissance. «Mon âme, bénis l'Éternel et n'oublie aucun de ses bienfaits!» (2.) Ils sont tellement nombreux que nul ne saurait les compter (40: 5); mais le premier et le plus grand pour un enfant de Dieu, c'est le pardon de ses péchés (32: 1) et la guérison de ses infirmités spirituelles, accompagnée quelquefois de la guérison du corps. Racheté de la misère éternelle, qui est la vraie mort, comblé de grâces et de consolations, plus il vieillit, plus il se sent renouvelé et rajeuni dans son âme (3-5). Que de fois, victime de Satan et du monde, ne s'est-il pas vu délivré par celui qui, ayant révélé sa volonté et la force de son bras à Moïse et aux fils d'Israël, est miséricordieux, compatissant, lent à la colère, riche en grâce [847] (6-9). Ah! s'il nous traitait selon nos péchés!... Mais sa grâce est immense, car elle est éternelle; et, au lieu de nous punir, il a éloigné de nous nos péchés comme l'Orient est éloigné de l'Occident. Il a pour nous les compassions d'un père, à cause de l'amour qu'il porte à son Fils; car si nos péchés ne sont plus sur nous, la raison en est que Jésus-Christ les a pris sur lui (10-13). Ce n'est pas seulement de notre méchanceté que Dieu a compassion, c'est aussi de notre faiblesse et de notre fragilité. Il nous voit dans notre poussière, et il nous en retire par son amour éternel (14-18). Si je dis nous, mes chers lecteurs, c'est dans la supposition que vous et moi nous avons la crainte de l'Éternel devant les yeux et que nous gardons l'alliance de sa miséricorde (11, 13, 17, 18). Encore que vous ne fussiez pas convertis, vous auriez toujours bien des actions de grâces à rendre au Seigneur qui vous a créés, qui vous conserve, qui surtout vous appelle au salut et que toutes ses créatures doivent bénir (19-22); mais il n'est pas possible que, sans être convertis, vous ayez pour lui le même genre de reconnaissance que David et tous les fidèles. Croyez donc, et vous aimerez; croyez, et vous direz aussi: «Mon âme, bénis l'Éternel!»

1715. (104.) Dans plus d'un psaume déjà, nous avons vu l'écrivain célébrer la grandeur des œuvres du Créateur; ici, le même sujet se trouve reproduit, mais avec des détails pleins de charmes. Rien de plus élevé que les accents du saint poète quand il décrit les splendeurs des cieux, la richesse des eaux qui enveloppent la terre, la rapidité et la puissance des vents, la formation des montagnes que la main de Dieu fit comme jaillir du sein de notre globe [27] (1-9); et rien de gracieux en même temps comme la peinture qu'il nous trace de la vie que répand en tous lieux le murmure des fontaines, le chant des oiseaux, le mouvement continuel des hôtes des forêts et l'activité de l'homme (10-23). Puis le prophète s'écrie: «O Jéhovah! que tes œuvres sont en grand nombre! tu les as toutes faites avec sagesse; la terre est pleine de tes richesses! (24.)» Toutes les créatures ne vivent que par toi, et tu te réjouis ou tu te complais dans tes œuvres (27-31). Nous donc aussi, nous devons nous réjouir en l'Éternel, et hâter par nos vœux le moment où il détruira les méchants de dessus la terre, car ils ne font qu'y obscurcir sa gloire (34). «Mon âme, bénis l'Éternel! Louez l'Éternel! (1, 35.)» Ces derniers mots, qui se lisent en tête des deux psaumes suivants et de plusieurs autres, sont la traduction d'un terme hébreu connu de tous mes lecteurs: Alleluiah. — On pourrait faire» plus d'un rapprochement entre ce psaume et les premiers chapitres de la Genèse; je me contente d'un seul. Nous avons vu comment le récit de la création déroule devant nous la majestueuse grandeur du Très-Haut [122 et suiv.]. Pour cela, le Saint-Esprit n'a eu qu'à raconter par la bouche de Moïse les grandes œuvres de l'Éternel. Dans les Psaumes, ce même Esprit célèbre par le ministère de David le même Dieu et sa sublime grandeur. En sorte que si nous voulons élever nos âmes à de hautes et saintes pensées, nourrir nos coeurs d'affections divines, lisons et relisons ces pages sacrées, faisons-en l'objet de nos chants. Puis, après avoir admiré Dieu de concert avec ses prophètes David, Salomon et Asaph, admirons la grâce qu'il leur fit, et par eux à son peuple d'Israël, de leur révéler sa gloire avec une telle pureté, tandis que toutes les nations autour d'eux adoraient d'impures idoles, en méconnaissant la voix et la main de Celui qui a créé toutes choses et qui règne au-dessus de tous les cieux.

1716. (105, 106.) Ces deux psaumes sont, comme le 78e, des psaumes historiques. Les étudier en détail serait, pour ainsi dire, refaire l'histoire sainte depuis Abraham jusqu'à David. De quelque intérêt que fût ce travail, nous ne saurions songer à l'entreprendre. Bornons-nous à une réflexion générale qui n'est pas sans importance; c'est qu'il est bon aux fidèles de repasser quelquefois en leur cœur et devant Dieu l'histoire de leur vie. En voyant combien de grâces Dieu nous a faites et par quelle multitude de péchés nous avons dû lui déplaire, nous nous humilierons toujours plus devant lui, notre amour pour ce Dieu de miséricorde s'accroîtra d'autant, et, par conséquent, notre confiance en sa grande bonté. Mais cette confiance, ce qui la légitime, c'est bien moins notre repentir et notre amour pour Dieu, que l’amour qu'il nous a témoigné lui-même en Jésus-Christ.


CXXXI. — Cinquième partie (de 107 à 150 ).


1717. (107.) Célébrez l'amour de votre Dieu, vous tous, ses rachetés: telle est l'idée dominante de ce beau cantique (1, 8,15, 21, 31, 43). Ici, le mot rachetés doit s'entendre dans son sens le plus général. Il désigne tous ceux qui ont obtenu du Seigneur une délivrance quelconque: la délivrance du péché ou le salut proprement dit (1-16); la délivrance des maux que le péché nous attire, surtout de nos maladies (17-22); la délivrance des dangers, dont il n'est pas de plus effrayants que ceux d'une tempête sur la vaste mer (23-32); la délivrance enfin de la famine, des tourments et des peines auxquelles sont particulièrement exposés les pauvres et les petits (33-43). Pour m'en tenir à la première partie du psaume, les autres s'expliquant d'elles-mêmes, il n’est pas douteux que les versets 1 à 16 ne puissent s'entendre du malheur et de la délivrance de ceux qui, à la guerre ou autrement, tombent entre les mains de leurs ennemis (1-3), qui ont perdu leur chemin dans les déserts (4-9), qui enfin se voient aux portes de la mort et succombent à la détresse (10-16). D'un autre côté, l'on ne saurait méconnaître en tout ceci une image de la misère spirituelle et de la délivrance, également spirituelle, que le Seigneur accorde à ses élus. Satan est le grand adversaire sous la main de qui nous demeurons ployés et dispersés, jusqu'à ce qu'il plaise à Dieu de nous délivrer et de nous rassembler des quatre vents du ciel, pour ne former qu'un corps en Christ (1-3). Cette terre est un désert au milieu duquel errent les pauvres pécheurs, affamés et altérés. Mais s'ils crient à l'Éternel, leur Sauveur, il les met dans le bon chemin, il les conduit à la ville qui doit leur servir d'habitation éternelle, à la Cité de Dieu (87: 3), rassasiant l'âme altérée et comblant de biens l'âme affamée (4-9). Enfin la vie même, loin de Dieu, n'est qu’une mort; car c'est la révolte contre la Parole de Dieu et le mépris de ses conseils. Mais, par la foi, l'on est sauvé de cette mort spirituelle comme de la mort éternelle, on est délié des chaînes de l'esclavage et les portes de la prison s'ouvrent devant le prisonnier (10-16). O vous, qui avez été faits participants de cette grâce, «célébrez l'Éternel; car il est bon, car son amour demeure éternellement.»

1718. (108.) Ce psaume fut peut-être composé par David avant d'avoir été proclamé roi et lorsque Saül lui-même tremblait devant les ennemis d'Israël (1453). Dans cette supposition, nous y aurions un nouveau témoignage de la grande foi qui animait le fils d'Isaï; car il ne doutait pas de voir, un jour, ces mêmes ennemis sous ses pieds (8-13). C'est ainsi que, dans notre lutte contre le péché et lorsqu'il nous semble que Satan va triompher, nous devons nous relever par la pensée que la victoire nous est néanmoins assurée. Si vous me demandez sur quoi se fonde cet espoir, je vous renverrai à notre psaume. C'est en Dieu que le fidèle est vainqueur. D'autant plus sûr de son salut, qu'il le cherche auprès de Dieu et non dans les forces humaines (14), c'est sur l'amour infini de l’Éternel qu'il s'appuie et sur son inaltérable fidélité; car la foi consiste précisément à se confier aux promesses infaillibles de la miséricorde éternelle du Seigneur Tout-puissant.

1719. (109.) Heureux celui qui peut parler à Dieu de ses ennemis comme le faisait David! Heureux qui peut dire avec vérité: Ils me haïssent, et moi, je les aime, ne cessant de prier pour eux! (4, 5.) Mais n'avons-nous pas ici des paroles du Messie, et la clef de ce psaume ne se trouverait-elle pas dans la citation qu'en fait le Nouveau Testament? (8; Actes 1: 20.) Ce serait alors une prophétie semblable à celles des psaumes 22 et 69, en particulier de celui-ci. — Outre l'introduction (1-5), le psaume a deux parties. La première (6-20) est une imprécation prophétique contre Judas, l'Ahitophel de Jésus-Christ [1560], et, en sa personne, contre tous ceux qui rendent à notre Sauveur la haine pour l'amour qu'il leur porte (1 Cor. 16: 22). On ne saurait méditer sans émotion ce qu'on lit aux versets 17 à 20 de la malédiction qu'attirent sur eux les pécheurs qui rejettent la grâce du Seigneur, et l'on s'épouvante à la pensée du nombre prodigieux de soi-disant chrétiens qui auront pour récompense de leur incrédulité cette terrible malédiction. — La seconde partie du cantique est une prière fort semblable à plusieurs de celles que nous avons étudiées. C'est la prière d'un enfant de Dieu sous la persécution, eu, comme on dit, sous la croix; une prière de David sans doute, relative à ses circonstances, mais encore plus une prière du Fils de Dieu devenu homme de douleurs pour notre salut. Le verset 25 rappelle le verset 8 du psaume 22, et quand nous entendons, ici comme ailleurs, le Messie demander à l'Éternel de le sauver, ce dernier mot s'explique par ce qui est écrit (Hébr. 5: 7). Du reste, si nous sommes nous-mêmes enfants de Dieu, notre foi nous attirera beaucoup d'ennemis et peut-être de grandes souffrances. C'est alors que ce psaume nous sera doux et salutaire, notamment les paroles des versets 21, 26-28, 30, 31.

1720. (110.) Le psaume auquel nous sommes parvenus nous rappelle l'histoire d'Abraham et le personnage mystérieux qui vint le bénir après sa victoire sur les rois syriens [284, 285]. David y parle de quelqu'un qu'il appelle son Seigneur; or, ce ne peut être que Le Seigneur, celui par qui et pour qui toutes choses ont été faites, car le roi David n'avait pas d'autre maître. Il annonce que ce Seigneur aura des ennemis, mais qu'il finira par triompher de tous; et de plus que son royaume, fondé en Sion, s'étendra au loin. Il dit que nul cependant ne sera contraint de se ranger sous ses lois (2, 3). Ce sera volontairement qu'on acceptera sa domination, et son peuple ne laissera pas d'être nombreux comme les gouttes de la rosée [274, 290, 314]. Établi avec serment sacrificateur et roi, roi de justice et de paix, véritable Melchisédec (4), toute puissance lui sera remise contre Satan, le chef et le prince de ce siècle, et il lui livrera bataille dans l'esprit des trois cents de Gédéon, qui ne se baissèrent pas pour boire l'eau du torrent (5-7). Il est aisé de voir comment et dans quelle mesure jusqu'ici cette prophétie s'est accomplie en Jésus-Christ; aussi est-elle citée plusieurs fois dans le Nouveau Testament (Matth. 22: 44; Actes 2: 34; Hébr. 5: 6).

1721. (111.) Alléluia! C'est-à-dire: Louez l'Éternel! Ce mot, inscrit au commencement du psaume, exprime qu'il a pour sujet essentiel la louange de Dieu, et c'est aussi ce qu'on voit par les pailles qui le terminent. Dans une courte introduction, le psalmiste dit le bonheur qu'il éprouvait à chanter les louanges du Seigneur avec l'assemblée des fidèles, et ce doit être aussi notre plus grande joie, si nous sommes ses enfants. Puis, il passe en revue toutes les œuvres de Dieu: la création des cieux et de la terre, les jugements exercés sur les impies, les miracles opérés en faveur des croyants, l'alliance traitée avec Abraham, la loi promulguée par Moïse, enfin la rédemption éternelle des élus (2-9). Tout cela est dit en peu de mots, mais avec force et grandeur. Et si le prophète célèbre ainsi les œuvres de Dieu, c'est parce qu'elles glorifient tout à la fois la justice et la miséricorde de l'Éternel, sa grâce et sa vérité. Après avoir proclamé que son nom est saint et redoutable, il conclut en déclarant que la crainte de l'Éternel est le commencement de la sagesse (10). Craindre Dieu, c'est entretenir la pensée sérieuse de sa présence et de sa sainteté, de sa justice et de son amour; c'est avoir peur de lui déplaire et d'être privé de sa faveur. Cette crainte est le principe de toute moralité et même de toute foi; voilà pourquoi il est dit qu'elle est le commencement de la sagesse. En somme donc, ce psaume nous enseigne dans quel esprit nous devons étudier et contempler les œuvres de Dieu: non pour elles-mêmes, mais afin de remonter, par elles, à celui qui en est l'auteur.

1722. (112.) Ce psaume commence aussi par un alléluia, et pourtant ce n'est pas un psaume de louanges. Nous y avons une nouvelle description de la justice pratique, caractère constant de ceux qui sont justifiés par la foi. Mais cet alléluia nous dit qu'il faut rendre à Dieu la gloire de tout le bien qui existe sur la terre, ou, en d'autres termes, que c'est pour l'honneur de leur Dieu que les fidèles s'attachent à faire ce qui est bon. Or ce qui est bon, ce qui rend heureux, c'est la crainte de l'Éternel, cette crainte de l'Éternel dont nous venons de parler (111) et qui porte à aimer ses commandements ou sa sainte volonté (1); ce qui est bon, c'est d'être compatissant envers ceux qui souffrent, miséricordieux envers ceux qui pèchent, juste envers tous (4, 5); ce qui est bon, c'est d'avoir pitié du pauvre et de l'assister libéralement (9). Oui, heureux celui dont la foi est abondante en bonnes œuvres! Il y a des bénédictions même temporelles qui lui sont promises, et sa justice demeure à jamais, car c'est une justice divine, un saint fruit de la foi (3). Son âme reçoit chaque jour de nouvelles lumières du ciel (4); il est ferme dans sa marche et sa mémoire est en honneur (6). Enfin, par cela même qu'il craint l'Éternel, son cœur n'est pas agité par les craintes de toute espèce qui assiègent les pécheurs non convertis (7, 8). Heureux l’homme qui craint l'Éternel! Louez l'Éternel! .;.'

1723. (113, 114.) Ces deux psaumes et les quatre suivants étaient principalement réservés pour la fête de Pâques et pour celle des tabernacles. C'est l'un d'eux que notre Seigneur doit avoir chanté avec ses disciples, après qu'il eut institué la sainte Cène, circonstance qui répand sur eux un intérêt particulier (Matth. 26: 30). Ce sont d'ailleurs des cantiques de louanges, des alléluias. — Le nom de l'Éternel, Jéhovah, est un nom magnifique [636], et il faut que ce nom soit béni dès maintenant et à jamais, du soleil levant au soleil couchant, par ceux qui servent Dieu (113: 1-3). L'Éternel exerce sa puissance du haut de sa demeure, qui est plus élevée que les cieux, et, de cette hauteur, il ne dédaigne pas d'abaisser ses regards sur le ciel que nous voyons et sur la terre que nous habitons (4-6). Ce qu'il y a même de plus petit parmi les hommes est l'objet de son attention. Abraham, Joseph, David, de bergers sont devenus des princes; Sara, Anne, qui n'avaient pas d'enfants, ont mis au monde, l'une Isaac, l'autre Samuel, le fils de la promesse et un saint prophète; alléluia! (7-9.) Mais c'est surtout lorsque l'Éternel racheta son peuple de la captivité d'Égypte, qu'il fit éclater sa toute-puissance. Rappelez-vous la mer Rouge et le Jourdain passés à pied sec; le Sinaï ébranlé par les tonnerres et la tempête; le rocher que frappa la verge de Moïse et d'où l'eau sortit en abondance (114: 1-8)...

1724. (115.) Glorifie ton nom, ô Éternel! Telle est la prière des fidèles, zélés pour la gloire de Dieu et non pour la leur (Jean 12: 28). Glorifie ton nom par un effet de ton amour et de ta vérité, dans l'intérêt aussi de ta vérité et ton amour (1). Hélas! il s'en faut que le nom de l'Éternel soit honoré par toutes les nations. Aujourd'hui, comme au temps de David, notre Dieu est au ciel, nous le savons, et il y fait ce qu'il veut (Matth. 6:9); mais sur la terre, ce sont encore les faux dieux qui règnent généralement: des idoles d'argent et d'or, ouvrage de mains d'hommes. Ceux qui les font et qui s'y confient, semblables aux dieux qu'ils fabriquent, ont des yeux et ne voient pas, des oreilles et n'entendent pas; c'est-à-dire qu'ils sont aussi incapables de glorifier Dieu, que leurs idoles le sont de les exaucer et de leur adresser la parole (2-8). Il n'en est pas ainsi du vrai Dieu. C'est pourquoi le prophète invite Israël tout entier, puis la maison d'Aaron, tous ceux enfin qui craignent l'Éternel, à se confier en lui, en lui leur aide et leur bouclier (Gen. 15:1). Il se souvient d'eux, il les bénit, il fait prospérer leur âme par sa puissance créatrice (9-15). Les cieux sont à lui; la terre aussi (24: 1), bien qu'il l'ait prêtée aux hommes, à condition qu'ils le bénissent. Mais s'ils ne le bénissent pas maintenant, ce n'est pas dans le sépulcre qu'ils pourront le faire. Alléluia! Louez l'Éternel!

1725. (116.) Personne, hélas! n'aime Dieu comme il mérite d'être aimé, et quand on rencontre des gens qui se vantent d'avoir toujours aimé Dieu, il est permis de leur demander: Qui est ce dieu, que vous avez toujours aimé? Est-ce le vrai Dieu ou quelque dieu de votre imagination? Puis, ce que vous appelez amour, est-il bien l'amour vrai? Il n'y a que le pécheur converti qui, tout en sentant combien son amour est faible encore, puisse dire: «J'aime l'Éternel» (1). Comme David, il aime Dieu parce que Dieu l'a sauvé, parce qu'il le console, parce qu'il le garde (3, 6, 8); en un mot, parce qu'il a crié vers Dieu dans sa détresse, et que Dieu lui a répondu (3, 4). Et parce qu'il aime Dieu, il ne cesse de l'invoquer (2); il vit, soutenu, protégé, sanctifié par la pensée de la présence de Dieu (9). Du reste, les délivrances accordées à la foi ont pour effet de l'affermir, et quand on croit on aime à parler de Dieu et de ses grâces (10). Le besoin que David éprouvait de glorifier le Seigneur était tel, qu'il revient sur les angoisses par lesquelles il avait passé et dont Dieu l'avait délivré. Il voudrait pouvoir lui rendre quelque chose pour tant de bienfaits; mais il sent que la meilleure manière de reconnaître les grâces de Dieu, c'est de lui en demander de nouvelles et de confesser publiquement son nom (11-19). C'est le résumé de ces neuf versets, entre lesquels vous remarquerez le 15e, où le Saint-Esprit déclare que le Seigneur a un soin particulier de ses serviteurs à l'article de la mort. Alléluia!

1726. (117.) Que ce psaume est beau dans sa brièveté! C'est un pressant appel à louer Dieu; mais c'est en même temps une prophétie. Bien que d'une manière indirecte, il y est clairement annoncé qu'un jour toutes les nations connaîtront l'Éternel et le célébreront. Puis on y voit que ce qui constitue essentiellement la grandeur de Dieu, c'est sa grâce toute-puissante et son éternelle vérité. Par un effet de cette puissance et de cette grâce, nous avons, vous et moi, le bonheur de méditer la Parole éternelle de la vérité qui sauve les pécheurs. C'est parce que Dieu est vrai, que la prophétie de ce psaume s'est accomplie en faveur de nos pères et en notre faveur à nous qui sommes fils des nations et non d'Abraham. Je vous dirai donc avec le psalmiste: alléluia! Louez l'Éternel!

1727. (118.) Souvent cité dans le Nouveau Testament (Matth. 21: 42; 23: 39; Actes 4: 11; Eph. 2: 20; 1 Pierre 2: 4-7), ce psaume, comme le 110, par exemple, a pour sujet prophétique les triomphes et le règne de Jésus-Christ. C'est d'ailleurs le psaume au moyen duquel nous pouvons le mieux nous figurer la manière dont on exécutait ces chants sacrés dans le service du tabernacle. Il y avait, selon toute apparence, des chœurs différents qui s'entre-répondaient, circonstance qui explique la répétition textuelle de certaines idées: de même au psaume 115: 9, 10, 11. Étudions-le donc à ce point de vue, sans toutefois en oublier la signification prophétique; car il ne faut pas faire comme tant de gens qui, dans le chant religieux, se laissent toucher par la musique plus que par les paroles.

(1.) CHŒUR GÉNÉRAL: «Célébrez l'Éternel, car il est bon, et sa miséricorde dure éternellement,»
(2.) CHŒUR D'HOMMES: «Qu'Israël dise maintenant que sa miséricorde dure éternellement,»
(3.) CHŒUR DE SACRIFICATEURS: «Que la maison d'Aaron dise maintenant que sa miséricorde dure éternellement.»
(4.) Chœur De Femmes Et D'enfants, ou le chœur général: «Que ceux qui craignent l'Éternel disent maintenant que sa miséricorde dure éternellement.»
(C'est l'introduction.)

(5-7.) LE MESSIE par la bouche de David: «Dans ma grande détresse, j'ai invoqué l'Éternel, et l'Éternel m'a répondu en me mettant au large. L'Éternel est pour moi, je ne craindrai rien, que me ferait l'homme? L'Éternel est pour moi, il est du nombre de ceux qui m'aident; c'est pourquoi, je verrai la punition de ceux qui me haïssent,»
(8.) UN CHŒUR; «Mieux vaut se confier en l'Éternel que de s'assurer en l'homme.»
(9.) UN AUTRE CHŒUR: «Mieux vaut se confier en l'Éternel que de s'assurer sur les grands.»
(10.) LE MESSIE: «Toutes les nations m'avaient environné; mais au nom de l'Éternel, je les ai détruites.»

(11.) Il continue avec Une partie du Chœur: .Elles m'avaient environné, oui, elles m'avaient environné; mais au nom de l'Eternel je les ai détruites.»
(12.) Encore le Messie, avec un chœur plus nombreux: «Elles m'avaient environné comme des abeilles; elles ont disparu comme un feu d'épines; car au nom de l'Éternel je les ai détruites.»
(13, 14.) Le Messie, seul, dépeint sa lutte avec Satan: «Tu m'avais rudement poussé pour me faire tomber; mais l'Éternel m'a secouru. L'Éternel est ma force et le sujet de mes louanges, et il a été mon libérateur.»
(15, 16.) Chœur venant du sanctuaire, les voix du peuple faisant écho:» Une voix de chant de triomphe et de délivrance retentit dans les tentes des justes: (Psaume 119.) La droite de l'Éternel fait vertu; la droite de l'Éternel est haut élevée; la droite de l'Éternel fait vertu.»

(17-19.) Le Messie célébrant la délivrance dont il sera l'objet par son relèvement d'entre les morts et son entrée dans le ciel, après avoir subi la peine que nos péchés méritent: «Je ne mourrai point, mais je vivrai et je raconterai les exploits de l'Éternel. L'Éternel m'a châtié sévèrement, mais il ne m'a point livré à la mort. Ouvrez-moi les portes de justice, j'y entrerai et je célébrerai l'Éternel.»
(20.) CHOEUR DU SANCTUAIRE: «C'est ici la porte de l'Éternel, les justes entreront par elle (Jean X, 7).»

(21.) Le Messie célèbre de nouveau sa délivrance: «Je te célébrerai parce que tu m'as exaucé et que tu as été mon libérateur.»
(22-24.) Voix Du Sanctuaire prophétisant le Christ et son œuvre, l'opposition qu'il devait rencontrer et sa victoire finale: «La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée est devenue la principale de l'angle. Ceci a été fait par l'Éternel et a été une chose merveilleuse devant nos jeux. C'est ici la journée que l'Éternel a faite, égayons-nous et nous réjouissons en elle.»
(25.) LE MESSIE au nom de son peuple: «Éternel, je te prie, délivre-nous maintenant; Éternel, je te prie, fais-nous maintenant prospérer.»

(26, 27.) CHŒUR DE SACRIFICATEURS: «Béni soit celui qui vient au nom de l'Éternel; nous Tous bénissons, de la maison de l'Éternel. L'Éternel est le Dieu fort, et il fait luire sur nous la clarté de sa face. Liez avec des cordes la victime et amenez-la jusqu'aux cornes de l'autel.»
(28.) LE MESSIE. «Tu es mon Dieu fort, c'est pourquoi je te célébrerai; tu es mon Dieu, je t'exalterai.»
(29.) Le chœur Général répète les paroles de l'introduction: «célébrez l'Éternel, car il est bon, et sa miséricorde dure éternellement.»

Si les psaumes de David se chantaient de cette manière et avec accompagnement de musique instrumentale, comme il y a tout lieu de le croire, on conçoit la solennité qu'ils devaient ajouter au culte, et l'édification qu'en recueillaient les âmes pieuses. D'après cela, il est triste de voir le peu d'efforts et de zèle que déploient les chrétiens pour l'amélioration du chant sacré. On semble ignorer que, si l'assemblée préparait ses chants comme elle exige avec raison que ses ministres préparent leurs prédications, le culte serait bien autrement spirituel et céleste. Répétons toutefois que les paroles sont l'essentiel, que la musique vient seulement en seconde ligne, que le cœur doit chanter plus que la voix.

1728. (119.) On a composé sur ce psaume tout un livre, non pas tant à cause de sa longueur, que par l'abondance et le prix infini des vérités morales qu'il proclame. Je voudrais pouvoir en faire autant, mais cela ne m'est pas possible. Je me borne donc à deux observations générales et à quelques remarques de détail. En parlant de la loi de Dieu, le Psalmiste, selon toute apparence, entend, non pas seulement la loi proprement dite, mais l'Écriture entière, telle qu'il la possédait: les cinq livres de Moïse, Job, Josué et les Juges, que, dans leur ensemble, il appelle les Témoignages de l'Éternel. Les Écritures, en effet, sont un témoignage que le Seigneur se rend à lui-même. Elles témoignent de sa puissance, de sa sagesse, de sa justice et de sa miséricorde. Il s'y trouve des dogmes et non pas seulement des lois, des promesses et non pas seulement des menaces, enfin le récit de faits pleins d'instruction et de consolation tout à la fois. Or, c'est de la révélation de l'Éternel, dans tout son contenu, que le prophète célèbre l'excellence. Voilà ma première observation.
Ma seconde observation est qu'il faut pour ce psaume, comme pour le psaume 1er, dont il n'est que le développement, considérer soigneusement à quel point de vue se place le Saint-Esprit, lorsqu'il déclare bienheureux ceux qui marchent dans la loi de l'Éternel (1). Il ne prétend pas qu'aucun homme ait jamais accompli toutes les prescriptions de la loi, ni qu'il ait pu connaître le bonheur que donnerait l'innocence. Il prétend encore moins que des pécheurs puissent se sauver par leur obéissance à la loi de Dieu ou expier leurs péchés par leurs bonnes œuvres. Il ne se met pas en contradiction avec ses propres enseignements sur la misère de l'homme, et même après avoir lu ce psaume, on devra dire avec Job: «Comment le mortel se justifierait-il devant le Dieu fort? De mille articles, il ne pourra lui répondre sur un seul» (Job 9: 2, 3). Il existe toutefois des hommes qui, «intègres dans leur voie» et se donnant tout entier à Dieu, «marchent dans la loi de l'Éternel,» c'est-à-dire la prennent pour règle suprême de leur conduite; observent ses témoignages,» ou, en d'autres termes, prêtent une oreille attentive à sa parole; le cherchent, lui et sa grâce, de tout leur cœur; ne commettent pas l'iniquité le sachant et le voulant, et qui, de cette manière, suivent le chemin que l'Éternel lui-même a tracé (1-3). Or le Saint-Esprit proclame de tels hommes bienheureux. Mais encore une fois, pour qui est ce bonheur? Est-ce pour les soi-disant justes qui, étrangers à l'amour de Dieu et se glorifiant de l'honnêteté de leur vie, croient hériter de la vie éternelle par leurs bonnes œuvres et ne sentent ni le besoin d'être sauvés malgré leurs vertus, ni celui d'être éclairés d'en haut malgré les prétendues lumières de leur conscience, ni gardés du mal par la puissance du Saint-Esprit malgré leurs bons sentiments? Lisez notre psaume et vous verrez que l'homme, le pécheur qui l'a écrit sous l'inspiration divine, attendait de la grâce de Dieu, et non de ses œuvres, tout salut et toute bénédiction. C'est parce que Dieu était son Sauveur qu'il l'aimait, et parce qu'il l'aimait (116), qu'il aimait aussi sa loi. En sorte que ce psaume n'est pas le discours d'un homme qui veut servir Dieu pour que Dieu lui soit propice, mais qui le sert parce que Dieu l'a pris à lui. Il sent qu'avant d'obéir il faut aimer, et que notre amour pour Dieu est une grâce à lui demander, une grâce qui découle de l'amour même de Dieu pour nous.

1729. (1-24.) Le psaume 119 renferme tant de grandes idées qu'on ne saurait le lire tout d'une haleine; d'autant moins que, par la reproduction assez fréquente de certaines formules, l'auteur sacré semble se répéter, et, si l'on n'y prend garde, l'attention se perd facilement. Il est vrai qu'une pensée principale domine tout le poème, mais elle s'y modifie de mille façons différentes. Voyez d'abord comment, après avoir dit le bonheur qu'il y a dans l'obéissance aux commandements de Dieu, le Psalmiste rappelle une idée bien simple, mais trop oubliée, savoir que, dans tous les cas, Dieu n'a pas donné des commandements pour qu'on n'en tienne nul compte (4). Et ce n'est pas de loin en loin qu'il faut avoir à cœur de faire ce qui est bon, si l'on veut pouvoir envisager sans rougir la sainte loi de Dieu; il s'agit de s'y porter droitement, tout en disant au Seigneur, avec une vraie humilité: «Ne me délaisse pas!» (5-8.) Voyez ensuite le conseil que le prophète donne aux jeunes gens en particulier (9) et les moyens qu'il employait lui-même pour ne pas pécher: c'étaient la prière du cœur et la méditation de la sainte Parole (10, 11). Il bénit Dieu et le prie de nouveau; il se plaît à répéter ses commandements et à étudier les sentiers tracés par l'Éternel, estimant cela plus que des trésors (12-16). Voyez enfin quelles sont les prières de celui qui désire servir Dieu. Elles reviennent à ceci: «O mon Dieu, pour que je garde ta Parole il faut que mon âme vive de la vie que donne ton Esprit, et je te la demande. Ouvre mes yeux, afin que je voie l'excellence de ta loi. Qu'étranger sur la terre, je ne te sois pas étranger, ô mon Dieu! mais que tu me fasses connaître ce que tu veux de moi!» — Comme je l'ai dit, je ne puis pas reprendre ce psaume verset par verset; je m'en tiens à ce qui me paraît le plus important.

1730. (25-48.) C'est à genoux que le Psalmiste médite la sainte volonté de son Dieu; car voici encore des prières: «Fais, selon ta parole, revivre mon âme toute terrestre et si facilement absorbée par les intérêts matériels! Enseigne-moi tes statuts par ton Saint-Esprit, car il ne suffit pas de les lire en ton livre pour les connaître comme il faut! Dans mes peines, que ta Parole me relève! Garde-moi de toute hypocrisie, afin que je puisse me présenter devant toi sans rougir! mais surtout, 6 mon Dieu, mets mon cœur au large; que je me sente réconcilié avec toi, aimé de toi, pour que je coure dans la voie de tes commandements!» (25-32.) Poursuivant sa prière, le Psalmiste exprime nettement de quel genre d'obéissance il veut que Dieu le rende capable: c'est de l'obéissance du cœur et non d'une soumission contrainte et tout extérieure, la seule que connaissent le formaliste et celui qui se confie en ses bonnes œuvres (33-40). Ce qu'il demande enfin, c'est que l'Éternel l'aime et le sauve selon sa parole, en laquelle il se confie. Voilà comment son cœur est au large, et pourquoi il aime à son tour les commandements du Seigneur (41-48). Dételles prières ne sortent-elles pas évidemment d'une âme qui connaît la grâce de Dieu; et si nous sommes vraiment chrétiens, hésiterons-nous à prier de même?

1731. (49-72.) Dans les souffrances que leur font si souvent endurer les hommes sans foi, appelés ici comme ailleurs des orgueilleux, les fidèles prient Dieu de se souvenir de ses promesses; ils cherchent leurs consolations en sa Parole; ils s'attachent toujours plus à ses commandements, et, joyeux en espérance, ils expriment leur joie par des cantiques (49-56). Ils regardent d'ailleurs comme un grand privilège, au milieu de leurs peines, non seulement l'accès qu'ils ont auprès de Dieu par la prière, mais encore la grâce qu'il leur a faite en les prenant à son service avec tous ceux qui le craignent et qui gardent ses ordonnances. Et parce que la terre est pleine de l'amour de Dieu, c'est pour cela qu'ils désirent d'être enseignés par lui dans sa loi (57-64). Comme le Psalmiste enfin, tous les fidèles croient aux commandements de Dieu non moins qu'à ses promesses, et c'est ce qui fait la fermeté de leurs consolations. Leurs nombreuses peines ne sont que le trop juste châtiment de leurs péchés, et l'humiliation qu'ils en ressentent, les ramenant à l'obéissance, les fait ainsi rentrer dans l'ordre et par conséquent dans le chemin de la paix. «Tu as fait du bien à ton serviteur, ô Éternel!» «Tu es bon et bienfaisant;» «Il m'est bon d'avoir été humilié;» «Enseigne-moi ta volonté, car elle m'est plus précieuse que mille pièces d'or et d'argent.» Ainsi parlent les fidèles dans leurs afflictions (65-72).

1732. (73-96.) Il y a donc une consolation pour le croyant dans la pensée que ses maux sont un effet de la justice et de la fidélité de ce qui n'empêche pas qu'il ne se console surtout par sa foi en l'amour du Seigneur et en ses compassions (76, 77). Mais pour que ces consolations ne soient pas des consolations trompeuses, il faut toujours en revenir à ce qui est la pierre de touche de la vraie foi: l'intégrité du cœur dans l'obéissance à Dieu; car il nous a créés pour le servir, avec tout ce qui existe (80, 73, 91). «Ton salut! ta parole! ta fidélité! ton amour, ô Éternel! tels sont les mots d'ordre du fidèle, l'objet de ses désirs (81, 85, 82, 88). Et quel bonheur pour lui de pouvoir dire ainsi que le Psalmiste: «Je suis à toi, ô mon Dieu!» (94.)

1733. (97-120.) Comme je l'ai déjà fait remarquer, si vous aimez Dieu, vous aimerez sa loi, car elle n'est autre chose que l'expression de sa sainte et bonne volonté (97, 113). Par l'étude que vous ferez, et que vous ferez avec délices, des enseignements moraux contenus dans la Parole de Dieu, surtout par la mise en pratique de ces enseignements, vous acquerrez la sagesse qui surpasse toute sagesse humaine (98-100); vous serez semblables à quelqu'un qui marche dans les ténèbres, triste image de ce monde et de notre cœur naturel, mais dont la route est éclairée par la lampe qu'il tient en sa main (105); votre vie spirituelle et votre paix, sans cesse menacées par Satan et par le péché, seront sous la constante protection du respect que le Saint-Esprit vous inspirera pour les saints commandements du Seigneur (109-112). Tout ceci, me semble-t-il, est facile à comprendre. Peut-être quelques-uns de mes lecteurs auront-ils plus de peine à concevoir que l'âme d'un enfant de Dieu soit accessible à la frayeur dont il est parlé au verset 120. Mais qu'ils lisent le verset précédent, et ils devront se dire qu'il doit être ici question d'une frayeur parfaitement compatible avec l'amour de Dieu et de sa loi: c'est la sainte émotion qu'on éprouve en pensant au sort affreux des mondains et à la misère d'où l'on a été retiré soi-même par la grâce de Dieu, misère dans laquelle chacun de nos péchés nous rejetterait sans l'intervention de cette même grâce. Il y a entre le verset 117 et le verset 94 une autre opposition apparente. Dans l'un, Dieu nous sauve pour que nous gardions sa loi, et cela se comprend; dans l'autre, il semble que Dieu nous sauve parce que nous lui obéissons. Nous verrons ailleurs comment se lève cette difficulté. Il me suffira de rappeler, pour le moment, ce que j'ai dit de la foi et de l'obéissance d'Abraham [369]. À quoi je veux pourtant ajouter que nous avons quelque chose de tout semblable dans le dernier verset du psaume 50; puis on lit dans l'Évangile selon saint Jean (7: 17), une parole du Seigneur qui jette un grand jour sur tout ceci.

1734. (121-144.) Encore que l'homme dont les péchés sont pardonnés soit dès à présent bienheureux (32: 1, 2) et qu'on puisse le dire sauvé (31: 5), ce n'est pas ici-bas qu'il est mis en possession du salut; aussi soupire-t-il après l'entière délivrance (123). — Une des grâces que le fidèle attend de l'amour de Dieu et qu'il lui demande avec ardeur et sincérité, c'est de lui enseigner ce qu'il doit faire pour glorifier par sa vie le Dieu de son salut (124,125). Puis, nous retrouvons ici (128) une parole qu'on lit déjà plus haut (104) et qui nous ramène à cette pensée fondamentale, que la droiture, l'éloignement pour toute marche oblique, la vérité envers les hommes et envers Dieu, est ce qui caractérise par-dessus tout les fidèles. Voyez ensuite ce qu'est devenue pour eux la Parole de l'Éternel: l'objet de leur constante admiration (129), le foyer d'une lumière toujours plus vive (130), la source de toute force (133), la règle de toute justice et la base de toute vérité (137, 138, 142, 144), ce qu'il y a de plus pur et de plus saint (140). Voyez encore ce qui se passe dans le cœur des serviteurs de Dieu, sur un point important. Non moins que la généralité des hommes de nos jours, ils estiment à très haut prix la liberté; mais c'est surtout du péché qu'ils désirent d'être affranchis (133); et s'ils demandent à Dieu de les délivrer aussi de l'oppression de leurs semblables, c'est afin de pouvoir le servir mieux, car toute domination absolue de l'homme pécheur sur d'autres hommes est un obstacle au service de l'Éternel (134). Voyez enfin ce qui doit être une de nos plus vives douleurs: c'est le mépris général qu'on fait de la loi de Dieu, source de tant de misères ici-bas et pour l'éternité, sans parler de la gloire du Seigneur, que la chute de l'homme a si fort compromise (136).

1735. (145-176.) Il y a ici une belle prière, quatre fois répétée (149, 154, 156,159): «Fais-moi revivre,selon ta parole, selon ton amour, selon ta justice,» dit le Psalmiste. Cette prière peut s'entendre de la résurrection d'entre les morts, à laquelle tout fidèle aspire; mais elle peut aussi s'entendre de la vie spirituelle qui, se produisant en nous par «la Parole de Dieu,» procède de son grand «amour» et consiste essentiellement dans «la justice» que donne la foi. Or, notre état naturel étant un état de mort spirituelle [97], c'est toujours de ce côté-là que nous penchons, et ce n'est que par une revivification continuelle de la grâce de Dieu que nous vivons en sa grâce et pour sa gloire (175). Il n'y a du reste, dans la fin du psaume 119, rien qui ne soit facile à comprendre après nos explications précédentes. Dieu veuille que mes lecteurs puissent tous dire avec le Psalmiste: «J'espère en ton salut, ô Éternel!» C'est le fond de la foi chrétienne. Puissent-ils dire aussi: «Je pratique tes commandements;» car c'est le signe certain de la vraie foi (166).

1736. (120.) Ce psaume et les quatorze suivants, composés peut-être en divers temps, sont des cantiques de Mahaloth ou des degrés, des montées. Les Israélites les chantèrent, dit-on, en revenant de Babylone à Jérusalem, cinq siècles après David, et dès lors ils les chantaient chaque fois qu'ils montaient à Jérusalem pour les grandes fêtes. Ces cantiques expriment les sentiments qui animaient les fidèles de l'Ancienne Alliance dans le culte qu'ils rendaient à Dieu, leur libérateur. Bien que, sous la nouvelle économie, les formes du culte soient tout autres, le fond ou l'esprit demeure le même; en sorte que l'étude de ces psaumes est encore pleine d'instruction. Et d'abord, pour le chrétien affligé dans son âme, fatigué du monde et de ses mensonges, entouré de gens toujours en guerre les uns avec les autres, quelle douceur que de se réfugier dans les assemblées de prière et d'y trouver la paix dont son cœur a besoin: c'est ce que nous dit le psaume 120.

1737. (121.) C'étaient de saintes montagnes que celles de Sion et de Morija! Combien de fois l'Éternel n'y fit-il pas éclater sa gloire et sa grâce! Mais il y a une montagne plus sainte encore: les hauts lieux qu'habite le Créateur du ciel et de la terre. C'est de là que les fidèles attendent leur secours, et quel secours puissant! (1, 2.) L'Éternel veille sur les siens; il les garde en tout lieu, en tout temps, en toutes choses, et c'est surtout leur âme qu'il se plaît à préserver du mal (3-8). Que ce soit avec ces saintes et consolantes pensées que nous nous approchions de lui dans notre culte.

1738. (122.) Un temps doit venir, je pense, où, Jérusalem étant rétablie dans son ancienne splendeur et avec une gloire plus grande, on s'y portera de toutes parts en chantant ce beau psaume. Jusqu'à ce moment, il est très légitime de l'appliquer aux assemblées chrétiennes; non seulement aux grandes convocations qu'ont vues naître les temps de grâce où nous vivons, mais encore à nos réunions de culte les plus humbles. C'est avec joie que nous devons nous y rendre (1) pour louer le nom de l'Éternel (A) devant le trône de Jésus, fils de David (5), et pour implorer la paix de Dieu sur nos frères et sur nos amis en la foi. Ils sont, spirituellement, la maison de Dieu, et nous devons avoir à cœur leur bien, non moins que le nôtre (6-9).

1739. (123.) Méprisé du monde, le petit troupeau des fidèles se réunit sous le regard de Dieu, implorant sa pitié. Tous ceux qui le composent, fermement résolus à ne reconnaître d'autre maître que lui, acceptent ses commandements et ses réprimandes comme il convient à de bons serviteurs fidèles. Mais aussi, comme des serviteurs ils comptent sur sa protection et sur la nourriture spirituelle que sa main distribue.

1740. (124.) Quelquefois le mépris du monde pour le petit troupeau devient une haine violente. La persécution sévit, de grandes souffrances s'ensuivent et bien des fidèles peuvent être tentés de renier Dieu. Que deviendraient-ils, si l'Éternel ne prenait leur défense contre le monde et contre Satan! (1-5.) Mais l’Éternel, le Créateur des cieux et de la terre, le Tout-Puissant, garde son peuple opprimé, et c'est sous l'empire de telles circonstances que le peuple de Dieu aime surtout à se réunir en de saintes assemblées pour bénir l'Éternel, son sauveur et son protecteur (6-8).

1741. (125.) Sans méconnaître le caractère prophétique de ce psaume et ses rapports avec le futur rétablissement de Jérusalem, disons toutefois que les montagnes qui environnaient cette ville sainte et qui en faisaient la force, sont une belle image de la sûreté dans laquelle vit le peuple de Dieu. Ses ennemis peuvent l'opprimer momentanément, mais le Seigneur ne saurait permettre qu'il tombe tout à fait et pour toujours en leur pouvoir. Il y a quelque chose qui leur échappera sans cesse, savoir la conscience des fidèles, et, par la force que Dieu donne, on les voit résister jusqu'à la mort aux ordonnances impies des hommes (1-3). Heureux ceux qui, placés entre leur devoir et les menaces des méchants, se tiennent attachés au bien avec droiture de cœur! Malheur aux hommes qui se détournent vers les voies tortueuses! Bientôt ils ne feront qu'un avec les ouvriers d'iniquité. Quoi qu'il en soit, les temps de persécution sont des temps dangereux pour l'Église. Écrions-nous donc avec le Psalmiste: «Paix à Israël!» (4, 5.)

1742. (126.) Ce psaume pourrait être un psaume prophétique, semblable au psaume 102. On pense plus généralement qu'il fut composé au retour de la captivité de Babylone. Mais cette captivité et ce retour devant être envisagés, non moins que la servitude et la délivrance de l'Égypte, comme un type de notre salut en Jésus-Christ, il nous sera facile de nous faire l'application de ce cantique, si du moins nous sommes de ceux qui, par la foi, ont cessé d'être les captifs du péché. Notre rédemption est une si grande merveille qu'on a de la peine à y croire. De misérables pécheurs tels que nous, héritiers de la gloire éternelle de Dieu par le sang de Jésus-Christ! cela ne semble-t-il pas un rêve! (1.) Et pourtant, c'est une réalité. Réjouissons-nous donc; réjouissons-nous de telle sorte que les inconvertis le voient, et qu'ils s'en étonnent, et qu'ils soient obligés de dire: «L'Éternel a fait pour ceux-ci de grandes choses» (2, 3). Ce n'est pas sans fatigue et sans tristesse, il est vrai, que se sème le fruit du salut; mais après le deuil vient l'allégresse (4-6). Tandis que pour les mondains, hélas! ce sont les grincements de dents après la joie.

1743. (127, 128.) Je réunis ces deux psaumes sous le même chef, à cause de leur grande affinité. Ils rappellent les promesses toutes spéciales que l'Éternel avait faites à Israël et précédemment à Abraham quant à leur condition terrestre (Deut. 28: 1-8). Sous ce rapport, ils ne sauraient avoir le même intérêt pour nous, qui avons en Jésus-Christ de meilleures promesses, savoir la promesse de la vie éternelle, avec des afflictions dans ce monde. Reconnaissons néanmoins que Dieu se plaît encore quelquefois à cumuler sur ses enfants les bénédictions temporelles et les spirituelles, et que, de tous les biens d'ici-bas, il n'en est pas de plus doux qu'une famille nombreuse qui marche dans la crainte de Dieu. Ce qui demeure vrai, c'est que le succès en toute chose veut que le Seigneur y mette la main (127: 1,2).

1744. (129.) Mais voici un travail que Dieu ne saurait d'aucune manière accompagner de sa bénédiction; c'est le travail des persécuteurs de son peuple. Leur œuvre est comme l'herbe qui pousse sur les vieux toits: elle sèche avant d'être arrachée; on ne saurait la lier en gerbe; elle n'est un sujet de joie pour personne.

1745. (130.) Les psaumes de Mahaloth sont généralement des chants de joie et d'actions de grâces, sentiments qui doivent donner le ton au culte chrétien et qui caractérisaient déjà l'ancien culte [910]. Est-ce à dire qu'en nous approchant de Dieu, nous devions bannir le sentiment de nos péchés et toute espèce d'humiliation? Le psaume 130 se charge de répondre à cette question. Il nous rappelle l'abîme de misères où nous sommes par le péché. De cet abîme, toutefois, nous devons crier à l'Éternel et le supplier de nous entendre malgré notre indignité (1, 2.) Car si l'Éternel n'avait égard qu'à nos transgressions, nous serions irrévocablement perdus. Mais il y a possibilité de pardon; et c'est lorsque nous avons reçu notre grâce que nous commençons réellement à craindre et à servir Dieu. Il ne faut donc pas attendre pour crier à lui, que notre cœur et notre vie soient entièrement corrigés (3, 4). Nous appuyant sur les promesses assurées de la Parole de Dieu, nous devons avoir confiance, non point en nous, mais en sa grâce. Celle-ci s'accomplit aussi certainement que l'aurore succède à la nuit et les fidèles y comptent, comme le guet ou la sentinelle, qui voit le jour s'approcher et qui le hâte de ses vœux (5, 6). Il y a donc pour le pécheur repentant et converti une miséricorde auprès de l'Éternel. Il y a, de la part du Seigneur, une rédemption ou un rachat semblable à celui des premiers-nés [693]. Ce rachat s'est fait avec abondance c'est-à-dire que, pour un prix infini, il procure une délivrance parfaite (7); enfin, dit le Psalmiste, c'est l'Éternel lui-même qui rachètera de toutes ses iniquités Israël, son peuple élu et fidèle [483], promesse qui s'est accomplie de point en point par notre Seigneur Jésus-Christ (8).

1746. (131.) Une contradiction dans laquelle tombent souvent les enfants de Dieu, c'est de s'avouer pécheurs, dignes de la condamnation, incapables de subsister sinon par la grâce de Dieu, et en même temps d'être pleins de prétentions, avides d'honneurs et de louanges raisonneurs à l'excès dans les choses qui se rapportent à Dieu. Oh combien il nous siérait mieux d'être tels que de petits enfants et de ne pas aspirer aux choses élevées! (Matth. 18:3; Rom. 12: 16.) Combien surtout cette humilité n'est-elle pas bienséante quand nous nous approchons de Dieu et de sa Parole! Espérer en l'Éternel, croire à ses promesses, se réjouir de sa grâce, dès maintenant et pour l'éternité, n'y a-t-il pas là de quoi satisfaire tous les besoins de notre âme! (3.)

1747. (132.) Ce psaume doit avoir été composé par David, lorsqu'il fit transporter l'arche à Jérusalem, de Kiriath-jéharim, où elle avait demeuré si longtemps (2 Sam. 6); car le mot Jahar du verset 6 est une abréviation de Kiriath-jéharim (1 Sam. 7: 1). Les circonstances que le Psalmiste rappelle ici, sont assez connues de mes lecteurs pour que je ne m'y arrête pas. Ils savent le désir qu'aurait eu David de bâtir une maison à l'Éternel et ce que l'Éternel lui fit dire à cette occasion (2 Sam. 7). Maintenant, c'est par sa propre bouche que Dieu prophétise la gloire de Sion et celle du Fils de David. Accomplie partiellement en Salomon, la prophétie n'a sa parfaite réalité qu'en Jésus-Christ, sur la tête duquel doit resplendir le diadème de la vraie royauté (17, 18).

1748. (133.) L'union des frères! cette union qui se manifeste dans les assemblées des enfants de Dieu et que ces assemblées cimentent! l'union des frères! cette source de bénédiction et de vie! ce parfait accord qui sera consommé dans l'éternité et auquel le Seigneur rattache ses grâces, comme à l'huile sainte dont Moïse oignit son frère Aaron ou comme à la rosée qui descend sur les pâturages des montagnes! voilà ce que David célèbre dans ce cantique de la part du Saint-Esprit. C'est donc un grand bien que l'union des frères et un bien pour l'acquisition duquel il faut savoir faire tous les sacrifices permis.

1749. (134.) Ce psaume, le dernier des cantiques de Mahaloth, se chantait probablement par les pèlerins à leur entrée dans les saints parvis. L'Éternel avait choisi une tribu, et du sein de cette tribu, une famille qu'il avait particulièrement chargée de bénir le peuple en son nom, et qui devait pareillement bénir l'Éternel au nom du peuple (Nombres 6: 23-26). C'est ce qui est rappelé dans ce psaume. Or, nous avons vu que la famille sacerdotale en Israël était le type de la sainte famille de Jésus-Christ, dont tous les membres sont sacrificateurs à Dieu le Père [856]. Quel est en conséquence notre devoir et à la fois notre privilège, si nous sommes vraiment à Christ? C'est de nous bénir les uns les autres et de bénir l'Éternel, le Créateur des cieux et de la terre. Là est l'essence du vrai culte; là aussi se trouve la bénédiction de nos âmes.

1750. (133.) L'Éternel est bon! l’Éternel est grand! Louez-le, vous tous qui êtes de sa maison! telle est la pensée fondamentale de ce psaume. Le Saint-Esprit y rappelle, à la gloire de Dieu, le choix qu’avait fait d'Israël parmi tous les peuples (1-5); la puissance avec laquelle il dispose des éléments selon sa volonté (6, 7); les merveilles opérées par la force de son bras, depuis la nuit qui fut si funeste aux Égyptiens, jusqu'à la conquête du pays de Canaan (8-12). Quelle différence d'ailleurs entre l'Éternel et les dieux des païens! Ceux-ci, création de l'homme, ne voient ni n'entendent (115: 4-8), tandis que l’Éternel, lui qui n'est pas une créature mais le Créateur, l'Éternel juge ou gouverne son peuple et il a compassion de ceux qui le servent (13-18). C'est pourquoi le peuple de Dieu tout entier, avec ses sacrificateurs et ses Lévites, mais particulièrement ceux qui craignent l'Éternel, doivent le bénir et le louer sans cesse (19-21).

1751. (136.) L'Éternel est bon! Son amour ou sa miséricorde, sa grâce, sa gratuité, sa bonté (le mot hébreu, si fréquent dans les Psaumes, dit tout cela), son amour donc, demeure éternellement! 120 DIEU EST AMOUR.
Cette déclaration qui revient à chaque verset, forme le sujet de ce superbe cantique, et sans doute qu'on l'exécutait selon le mode dont j'ai parlé à l'occasion du psaume 118. Ainsi, une partie des voix disaient:

Célébrez l'Éternel, car il est bon;
Célébrez le Dieu des dieux,
Célébrez le Seigneur des seigneurs,
Qui, seul, fait de grandes merveilles,
Qui fit les cieux avec intelligence,
Qui étendit la terre sur les eaux.
Qui lit les grands luminaires,
Le soleil pour régner sur le jour,
La lune et les étoiles pour régner sur la nuit;
Qui frappa l'Égypte et ses premiers-nés,
Etc., etc., etc.

Et le choeur entier répétait à chaque vers:
Car sa grâce demeure éternellement!

C'est dans les mêmes termes que commencent plusieurs autres psaumes (106,107,118). Par où nous voyons que la pensée de l'amour éternel de Dieu, pensée à la fois consolante et sanctifiante, doit être la nourriture habituelle de nos âmes, comme elle l'était, dans la mesure de leurs lumières, pour les fidèles de l'Ancienne Alliance.

1752. (137.) Historique ou prophétique, et peut-être tous les deux à la fois, ce psaume a son explication ou son premier accomplissement dans les faits que nous racontent les Écritures à la fin du second livre des Rois et auxquels se rattachent les livres des prophètes Jérémie, Daniel et Ézéchiel. Il suffit de cette seule observation pour en donner l'intelligence.

1753. (138.) Si l'Évangile porte que la grâce et la vérité ont été manifestées par Jésus-Christ lors de sa venue en chair, tandis que la loi seule avait été donnée par Moïse (Jean 1:17), il est sûr néanmoins que, dans la foi qu'ils eurent aux promesses, les fidèles de l'Ancienne Alliance mirent, non moins que nous, leur confiance en cette grâce et en cette vérité. C'est ce que nous voyons par ce psaume (2) et ce qu'on retrouve dans plusieurs autres (25: 10; 40: 10, 11; 57: 385: 10; 89: M). J'attache une grande importance à cette observation, parce qu'il y a chez quelques personnes une tendance à regarder l'Ancien Testament comme de nul usage pour les chrétiens, oubliant que l'alliance de grâce est une alliance éternelle dont la promulgation date d'Adam; en sorte que tous les fidèles, soit qu'ils aient vécu avant la loi comme Abraham, ou dans les temps de la loi comme David, furent sauvés, aussi bien que nous, au moyen de la rédemption accomplie par Jésus-Christ. Lors donc qu'ils expriment leurs espérances et les expériences de leur foi, nous devons retrouver en nous les mêmes sentiments, si nous sommes les enfants du même Dieu. Quant à ce psaume-ci en particulier, on y voit le besoin que David éprouvait de confesser le nom de l'Éternel devant les dieux (1), non moins que dans le sanctuaire (2); et par les dieux on peut entendre les chefs et les juges des peuples (82) et aussi leurs idoles. Nous y voyons de nouveau le prix que David attachait à la Parole de l'Éternel, à cette Parole qui s'accomplit avec tant de fidélité. Et pourquoi ce zèle? Parce que Dieu avait exaucé les prières de son serviteur, parce qu'il avait fortifié son âme d'une force divine (3). Après cela vient une prophétie qui n'a pas encore obtenu son entier accomplissement (4, 5). Elle se réalisera toutefois. Mais pour que les rois de la terre donnent gloire à l'Éternel, il faut d'abord qu'ils s'humilient devant lui (6). Le Psalmiste, revenant à ce qui le concerne, dit tout ce qu'il doit à l'amour ou à la grâce de son Dieu et ce qu'il en attend. Il lui doit les consolations qui le soutinrent dans ses détresses, il lui doit la protection qui le fit échapper à ses ennemis, il lui doit le salut (7); et ce qu'il attend de ce même amour, c'est l'achèvement de l'œuvre, car ce que Dieu commence, il est impossible qu'il ne l'achève pas (8). Quel sujet de joie pour les fidèles!

1754. (139.) Ceci est un psaume plein de hautes pensées. Dieu connaît tout, les mouvements les plus secrets de notre cœur aussi bien que nos actions: quelle science merveilleuse! (1-6.) Dieu est partout, dans la nuit du sépulcre aussi bien que dans la clarté des cieux (7-12). Avant que mes yeux s'ouvrissent à la lumière, il préparait mes jours et mes années; et ce qui est vrai de moi, l'est également de tous les hommes: quel mystère! (13-18.) Il doit en être ainsi. La Parole sainte le déclare, ma conscience l'accepte; mais, pour certain, je me dis que si rien n'échappe à la connaissance de Dieu, la connaissance intime de Dieu m'échappe absolument (Job 11: 7, 8). Cependant, ces grands dogmes ne nous sont pas révélés seulement parce qu'ils sont vrais et propres à nous faire sentir les limites imposées à notre esprit: ils nous sont révélés à cause de l'influence pratique qu'ils doivent exercer sur notre vie. David conclut de la toute-science de Dieu, que Dieu ne saurait laisser impunis les impies, et, sûr de la droiture de son propre cœur, il ne craint pas d'inviter l'Éternel à en sonder les intentions (19, 20; 23, 24); car si la pensée de la présence de Dieu est importune au pécheur non converti, elle devient pour le fidèle un sentiment habituel d'une grande douceur. Ah! mes chers lecteurs, est-ce en la présence de Dieu que vous vivez? Vous dites-vous bien que, de jour, de nuit et partout, son œil est sur vous; sur vous, pour vous garder, si vous lui êtes fidèles; sur vous, pour vous juger selon vos mérites, si vous pratiquez le mal? Nous avons d'ailleurs, dans les versets 20 à 22 de ce psaume, la confirmation de ce que j'ai dit au sujet des ennemis de David (9). C'étaient les ennemis de Dieu, et le prophète les haïssait d'une haine sainte, qui ne l'empêchait pas de les aimer au fond et de prier pour eux (35: 13).

1755. (140.) Entouré, comme il l'était, d'hommes adonnés à la violence et pleins de mauvais projets, David recourt à la protection de l'Éternel (1-5.) Au milieu de ces impies, il est heureux de pouvoir lui dire: «Tu es mon Dieu; tu es la force de mon salut, ou: C'est par ta puissance que je suis sauvé» (7, 8). Il sait d'ailleurs que les iniquités des méchants attirent sur eux une ruine irréparable (10-12), tandis que le Seigneur prend en sa main la cause des justes et que ceux-ci célébreront éternellement sa gloire devant lui (13, 14). C'est une nécessité de la justice divine à laquelle la nouvelle alliance n'a pu apporter aucun adoucissement (Matth. 25: 46).

1756. (141.) Cette prière de David en rappelle plusieurs autres toutes semblables; mais celle-ci a un caractère particulier de piété et de sainteté. David avait bien compris ce que signifiaient, et l'encens qu'on faisait fumer, selon la loi, sur l'autel des parfums [857], et l'holocauste perpétuel du matin et du soir [822]. Autant donc qu'il était en lui, il réalisait ces beaux types, reconnaissant que ses supplications ne pouvaient parvenir à Dieu, sinon par grâce et comme au travers du sang de l'expiation (1, 2). Il en est ainsi des nôtres, Jésus étant à la fois notre intercesseur et notre sacrifice. Nous devons, en outre, désirer avec David que, non seulement nos actions, mais encore nos paroles et nos pensées soient sanctifiées par la grâce de Dieu: c'est de quoi nous ferons l'objet constant de nos prières (3, 4). Et si nous avons un vrai désir de sainteté, les réprimandes des fidèles nous seront plus précieuses que les flatteries des mondains; nous les recevrons comme une huile bénie sur nos têtes, c'est-à-dire comme une grâce du Saint-Esprit (5). La suite du psaume n'est pas facile à comprendre. Le prophète passe brusquement du juste par qui il est bon d'être frappé, aux princes de ce monde qui marchent à leur ruine, et dont la ruine même doit rendre les âmes attentives à la Parole de Dieu. Puis il parle des souffrances du peuple élu, souffrances quelquefois plus terribles que la mort (6, 7). Mais tout cela, c'est pour redire la confiance entière qu'il mettait en son Dieu, le gardien de son âme (8-10).

1757. (142.) Ce psaume ayant été composé dans des circonstances analogues à celles du psaume 57, si ce n'est à la même époque, j'y renvoie mes lecteurs. Je veux pourtant attirer leur attention sur le dernier verset (7). Le plus grand bien que Dieu puisse faire à un pécheur, c'est de le convertir. Alors, abandonné du monde, auquel il vient lui-même de renoncer, ce pécheur se voit entouré des enfants de Dieu. Ce qu'il gagne ainsi par sa conversion, vaut certainement mieux que ce qu'elle lui a fait perdre; sans compter qu'il peut dire alors, comme David: «Tu es ma retraite, ma portion sur la terre des vivants» (5). Quelle que soit donc sa faiblesse, il est plus fort que ses ennemis spirituels, parce qu'il s'assure en Dieu (6).

1758. (143.) Dans ce cantique, qui est le dernier des psaumes pénitentiaux, le Saint-Esprit reproduit d'abord une vérité fondamentale qu'il avait exprimée déjà par la bouche de Job, 9: 2, et qui doit trouver aisément un écho dans nos consciences; c'est que nul homme n'est juste devant Dieu par ses œuvres (2). Après quoi, ce cantique nous fournit la preuve manifeste qu'en parlant de ses ennemis, David avait bien moins en vue Saül, Absçalom, Scébah ou d'autres encore, que ses ennemis spirituels, savoir ses passions et Satan, le grand adversaire des fidèles et de Dieu (3). On y voit enfin toujours mieux sur quoi et sur qui David comptait pour l'entière délivrance de son âme, Oh! puissions-nous dire tous avec lui: «J'étends mes mains vers toi, ô Éternel; mon âme est devant toi comme une terre altérée !... Fais-moi entendre ta bonté dès le matin, car je me suis assuré sur toi; fais-moi connaître le chemin par lequel j'ai à marcher, car j'ai élevé mon cœur vers toi... Enseigne-moi à faire ta volonté, car tu es mon Dieu; que ton bon Esprit me conduise dans le droit chemin!» — Et je prie mes lecteurs de le remarquer encore une fois: David éprouvait le besoin de la sainteté non moins que celui du pardon, bien qu'il commençât toujours par le pardon pour aller à la sainteté. Nous donc faisons de même.

1759. (144.) Les sept derniers psaumes forment un bel ensemble. Les quatre premiers racontent les bienfaits de Dieu, tandis que les trois autres sont l'expression de la louange qui lui est due. — Remarquez d'abord ce que le Seigneur est pour ses enfants. Il est leur rocher, leur amour (trad. litt.), leur citadelle, leur haute retraite, leur libérateur et leur bouclier (1, 2). Je dis que Dieu est tout cela pour ses enfants; car, si David fut l'objet de ses constantes miséricordes, ce ne fut pas seulement parce que l'Éternel l'avait oint pour être roi sur Israël, témoin Saül; mais parce que David était devenu, par la foi, un humble et fidèle serviteur de Dieu. Et quand on considère ce qu'est l'homme, cette coupable et fragile créature, on n'en admire que davantage la grâce du Très-Haut (3, 4). Après cela, le roi-prophète invoque le secours de Dieu contre ses ennemis, et il le fait avec une telle assurance d'être exaucé, qu'il se promet déjà de chanter, à la gloire de son défenseur, un cantique nouveau (5-11). Puis, il exprime les vœux qu'il faisait pour la prospérité temporelle et pour la paix de son peuple, finissant par ces paroles, souvent remarquées et presque toujours citées à faux: «Heureux le peuple dont l'Éternel est le Dieu!» exclamation qui se lit déjà au psaume 33: 12. Depuis le temps de Moïse, l'Éternel était le Dieu particulier d'un peuple à part, le peuple hébreu. Alors, il y avait vraiment une religion nationale. De nos jours, au contraire, ni les lois ni les institutions des peuples ne sauraient être chrétiennes, comme celles des Israélites étaient religieuses: Golgotha n'est pas le Sinaï. Nous dirons toutefois avec David, mais en interprétant ses paroles: «Bienheureux est le peuple des fidèles, nation sainte dont l'Éternel est le Dieu et le Sauveur! Bienheureux sont les peuples où la foi est en progrès et où la piété fait la force d'un grand nombre de citoyens!»

1760. (145.) David, sur son trône, n'oubliait pas qu'il avait un rôle dans le ciel. Ne l'oublions pas nous-mêmes, et bénissons chaque jour le nom de notre Roi, nous préparant de la sorte à le bénir pendant toute l'éternité (1, 2). Célébrons d'abord sa merveilleuse grandeur et ses œuvres magnifiques; grandeur qui attire, car l'éclat en est tempéré par une parfaite bonté; grandeur toutefois qui impose le respect, car l'Éternel porte en sa main l'épée de la justice (3-7). Célébrons surtout sa clémence et sa miséricorde, sa patience et son amour. Admirons la bonté qu'il a pour les méchants mêmes, et les compassions dont les malheureux sont de sa part les objets. Toutes ses œuvres célèbrent sa gloire; mais entre toutes ses œuvres, il n'y a que les hommes, et parmi les hommes il n'y a que ceux qui aiment Dieu qui sachent le bénir. Toujours est-il que l'ineffable condescendance de Dieu envers des pécheurs tels que nous ne doit pas nous faire oublier la puissance et la majesté de son règne (8-13). Or voici ce que fait notre Roi. Les principes de son gouvernement sont à la fois la justice et l'amour, ou la grâce (17). Comme un tendre père, il suit ses enfants dans leur marche chancelante et il les soutient; il voit ceux qui ploient sous le faix de leur tâche et il les redresse; il leur donne la nourriture qu'il leur faut; il accueille avec bonté ceux qui s'approchent de lui, exauçant leurs prières; ce que leur cœur chrétien désire, il le leur donne; quand ils crient à Dieu: Sauve-moi! il entend leur cri; et, pour tout dire, il les garde, exposés qu'ils sont à mille dangers. Quant aux injustes, Dieu les détruira (H-20). Comment donc les fidèles ne publieraient-ils pas la louange de l'Éternel? comment leur cœur ne formerait-il pas le vœu que toute chair bénisse à jamais son nom saint? (21.) N'est-ce pas pour cela que le Seigneur nous fait dire: «Notre Père qui es aux cieux, que ton nom soit sanctifié!» (Matth. 6: 9.)

1761. (146.) «Que mon âme vive afin qu'elle te loue!» Nous avons vu précédemment ce vœu du Psalmiste (119: 175). Voici la même idée sous une autre forme. Il déclare que son devoir, comme son intention bien arrêtée, est de louer l'Éternel tant qu'il vivra (1, 2). C'est en Dieu seul aussi qu'il veut mettre sa confiance et non pas en l'homme mortel, qui ne peut jamais, quelle que soit sa puissance, accomplir tous ses desseins, parce que le temps et la vie lui manquent. Or, il n'en est pas ainsi du Dieu de Jacob (3-5), Créateur des cieux et de la terre, Dieu fidèle à sa parole. Il prend soin des opprimés, des pauvres, des captifs, de tous ceux qui, lui appartenant par la foi, ont besoin de sa lumière, de son aide et de sa protection. Quant aux injustes, l'Éternel hait leur voie, et ils auront la confusion en partage lorsqu'il les jugera (6-9). L'Éternel règne éternellement (10); et, comme on le voit encore par ce psaume, son règne est un règne d'amour et de justice tout ensemble.

1762. (14-7.) Après avoir exprimé ce que tous les fidèles savent par expérience, savoir qu'il est bon, agréable et bienséant de chanter les louanges de l'Éternel, le psaume, dans chacune de ses trois strophes (1-6, 7-11, 12-20), raconte les bienfaits de Dieu, mais avec cette apparence de désordre qu'on observe fréquemment dans les effusions du cœur. De ce désordre même résultent quelquefois des rapprochements admirables. Voyez la première strophe (1-6). L'Éternel édifie Jérusalem, il rassemble les dispersés d'Israël. Ceci peut s'entendre de la fondation par David de cette ville de Jérusalem qui devait être pour Israël le centre de l'unité extérieure; œuvre digne du grand Roi, je veux dire de Jéhovah. Mais ce qui n'est pas moins digne de sa majesté, c'est le soin qu'il prend de ses serviteurs, un à un; en sorte que si l'un d'eux a le cœur brisé par quelque peine secrète, le Seigneur s'approche de lui et bande sa plaie. Il a créé les cieux et la terre. Devant lui, les étoiles sont comme les brebis qu'un berger conduit et qu'il a comptées. Il est le grand Dieu, dont le pouvoir est immense et l'intelligence sans limites! Eh bien! ce qui lui plaît surtout, c'est de relever les débonnaires, les petits, les humbles; tandis qu'il abaisse les injustes (145: 20; 146: 9). — Dans la seconde strophe (7-11), nous voyons l'Éternel couvrant le ciel de nuages, préparant la pluie qui doit arroser la terre, faisant germer l'herbe des montagnes pour la nourriture du bétail; et cela, non pas en vertu de lois qui fonctionneraient toutes seules, de sorte que l'Éternel n'eût plus à se mêler de rien, mais en vertu des soins continuels de sa providence, car il entend les petits du corbeau qui crient. Il n'est donc aucune de ses créatures dont il ne s'occupe continuellement. Comme il a mis son plaisir à leur donner l'existence, il le met à la leur conserver. Et pourtant, ce n'est pas dans la force et dans la beauté physiques qu'il se plaît: craignons-le et attendons-nous à son amour; voilà ce qu'il aime, ce qui fait sa joie. — La troisième strophe (12-20) reprend quelques idées des deux premières, en signalant de nouveaux et de plus grands bienfaits de l'Éternel. Non seulement il est la force de Jérusalem, il bénit ses enfants, il leur donne la paix, il les nourrit de son meilleur froment; mais encore il commande, et sa parole court sans qu'on puisse l'arrêter. Non seulement c'est de lui que viennent les frimas de l'hiver et les chaudes haleines du printemps; mais encore, c'est lui qui a révélé ses saintes volontés à Israël. Et puisqu'il nous fait cette grâce à nous-mêmes, louons l'Éternel: Alléluia!

1763. (148-150.) Je réunis ces trois psaumes sous un même chef, à cause de leur grande ressemblance. Le prophète y invite tous les êtres à louer l'Éternel (148). Il appelle à ce saint concert et les anges et les hommes. Non content de cela, il y convie les créatures inanimées, depuis les astres, grands et petits, qui brillent au firmament, jusqu'aux bêtes sauvages, aux oiseaux et aux reptiles de la terre. Il ne veut pas que, parmi les hommes, aucun demeure muet: rois et peuples, princes et juges des nations, jeunes hommes et jeunes filles, les vieillards même, doivent employer leur voix à louer le nom de l'Éternel. Il n'y a toutefois que ceux qui aiment Dieu, ses rachetés, ses saints qui puissent et qui sachent s'acquitter de cet honorable devoir (149). Ils le font, non seulement dans leurs assemblées, mais encore quand ils sont seuls en leurs demeures et quand la fatigue ou la maladie les retient dans leurs lits. Les versets 5 et 9 de ce psaume nous présentent d'ailleurs le chant sacré sous un aspect qu'on a trop souvent perdu de vue, savoir l'honneur que Dieu nous fait en nous invitant à célébrer ses louanges; la gloire, la sainte gloire qui nous en revient à nous-mêmes. Célébrer le nom de l'Éternel, c'est faire ce que font les anges; c'est faire ce que nous ferons, si nous sommes à Jésus-Christ, lorsque nous exercerons avec lui le jugement prononcé contre le monde des impies (6-8); c'est faire dès ici-bas l'apprentissage des joies de l'éternité; c'est le ciel sur la terre. Louons l'Éternel! Enfin (150), nous ne devons pas craindre de donner du retentissement aux louanges que nous rendons à l'Éternel. L'ancien culte, avec ses pompes, admettait la musique instrumentale comme accompagnement du chant sacré. Il est permis de se demander si cet accompagnement cadre bien avec le culte nouveau, plus complètement spirituel; mais ce qui demeure vrai, c'est qu'il faut aspirer à ce que partout les voix chantent avec harmonie, et se rappeler qu'une assemblée qui n'a pas chanté de tout son cœur et hautement les louanges du Seigneur, ne lui a rendu qu'un culte fort imparfait. Écoutez donc ce dernier mot des Psaumes: «Que tout ce qui respire loue l'Éternel. Alléluia!»

1764. Je ne saurais quitter ce livre de Dieu sans présenter une réflexion qui m'est souvent venue à l'esprit pendant mon travail, et que je rattache aux versets 19 et 20 du psaume 147. Toutes les nations ont eu leur poésie lyrique, leurs chants nationaux, politiques et religieux; mais quel est le peuple qui ait jamais pu présenter au monde un recueil de cent cinquante hymnes semblables aux psaumes de la Bible? Quelle pureté de doctrine! quelle élévation de sentiments! quelle connaissance de Dieu, à la fois simple et profonde! Et quand on se reporte au temps de David et de Salomon, quand on pense à ce qu'étaient alors tous les peuples au point de vue moral et religieux, on ne peut s'empêcher de reconnaître que la nation sainte qui avait pour poètes des David, des Salomon, des Asaph, et pour chants nationaux, leurs saintes et sublimes poésies, avait été certainement enseignée de Dieu. Puis, si l’on considère le caractère prophétique de ces mêmes poésies, on n'hésitera pas à dire que leurs auteurs furent plus que des poètes inspirés par leur propre génie: c'est par l'Esprit de l'Éternel que leur bouche a parlé (2 Samuel 23: 2).

1765. Mes lecteurs auront d'ailleurs remarqué d'eux-mêmes le pas immense que le livre des Psaumes fait faire à la prophétie. Cette voix semblait s'être éteinte en même temps que celle de Moïse; mais avec quel éclat et quelle majesté ne l'entendons-nous pas proclamer de nouveau les plans de Dieu pour la rédemption éternelle de son peuple? Ce ne sont plus les grands traits, comme du temps des patriarches, ce sont des détails en apparence minutieux; mais chacun d'eux est un coup de pinceau par lequel le Saint-Esprit perfectionne la peinture anticipée des œuvres du Messie. Or vous verrez avec une admiration croissante les prophètes postérieurs à David, plus abondants encore, plus précis, plus sublimes peut-être, à mesure que l'accomplissement approchera.


Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant