Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉVANGILE SELON SAINT LUC

CHAPITRE XV

La brebis perdue.


135. Verset 7. Je vous dis qu'il y aura de même plus de joie dans le ciel pour un seul pécheur qui se convertit, que pour quatre-vingt-dix-neuf justes qui n'ont pas besoin de conversion.

Ne dites pas : « Qui n'ont pas besoin de repentance, » ni : «Qui n'ont pas besoin de pénitence» car tout homme en a besoin ; les plus grands chrétiens de toute Église ont vécu et sont morts la pénitence dans le coeur. Le mot grec ici employé signifie tantôt repentance-pénitence, tantôt repentance-conversion. Celle-ci, les justes n'en ont pas besoin ; l'autre, la repentance-pénitence, le sentiment de leur misère et du salut par grâce, ils en ont besoin comme tout homme.

Cette confusion d'idées est à la base du système romain des indulgences. Les saints, vous dit-on, n'avaient pas besoin, pour se sauver, de faire tout ce qu'ils ont fait; ce qu'ils ont fait de trop peut donc être imputé à d'autres.

Quand le principe serait vrai, la conclusion serait encore erronée; toute imputation de mérites autres que ceux de Jésus-Christ entame et ruine le système chrétien. Mais le principe, en soi, est-il plus vrai que la conclusion? Un homme peut-il réellement avoir fait trop pour son salut?
Non ; quoi qu'il ait fait, le salut vaut plus, infiniment plus. Si Dieu a sauvé de moins pieux et de moins vertueux que lui, qu'importe? Le salut, pour lui comme pour eux, est une grâce, un don.

Versets 11 et suiv. - Parabole de l'enfant prodigue.


CHAPITRE XVI

L'économe infidèle. La justice extérieure (note 77). Le mauvais riche dans les tourments, et Lazare, le pauvre, dans le sein d'Abraham. Réponse d'Abraham au mauvais riche. Tu as eu tes biens sur la terre.


136. Verset 26. De plus, un grand abîme a été mis pour toujours entre vous et nous...

Toujours rien sur le Purgatoire. L'ensemble du récit est conforme à tous les autres passages où le Purgatoire aurait pu et dû être mentionné, et où nous avons vu (notes 5, 37, etc. ) qu'il ne l'est pas.

Versets 27 et suiv. - Le riche demande que Lazare aille au moins avertir ceux qui sont en train de se perdre.


137. Verset 29. Abraham lui répondit : Ils ont Moïse et les prophètes ; qu'ils les écoutent.

Abraham ne dit pas: « Ils ont leurs prêtres,» mais: «Ils ont Moïse et les Prophètes,» c'est-à-dire les livres de Moïse et des prophètes.
C'est donc à l'Écriture qu'Abraham les renvoie pour y chercher ce qu'ils doivent croire et faire. Et il serait défendu aux chrétiens d'être chrétiens comme les Israélites étaient Israélites, de chercher le christianisme où il est, où Dieu l'a mis! N'oubliez pas que nous sommes ici dans une parabole, et que, sous la figure d'Abraham, c'est Jésus-Christ qui parle. On vous dit : «Le Nouveau Testament n'existait pas. » Qu'importe? Il existe aujourd'hui.

Imaginera-t-on une raison qui empêchât aujourd'hui Jésus-Christ de nous renvoyer à nos Saints Livres, comme il renvoyait les Juifs aux leurs ? Le Nouveau Testament est-il moins clair, moins simple, moins populaire que l'Ancien ? Le fût-il moins, cela prouverait qu'il faudra plus de travail pour le comprendre ; mais cela ne prouverait, en aucune façon , que nous ayons perdu le droit de l'étudier.


CHAPITRE XVII

Les scandales. Le pardon des offenses. La puissance de la foi. Le serviteur qui accomplit toute sa tâche ne fait pas au delà de son devoir.


138. Verset 10. Vous donc aussi, quand vous aurez fait tout ce qui vous est commandé, dites: Nous sommes des serviteurs inutiles, car nous n'avons fait que ce que nous étions obligés de faire.

Confirmation formelle de ce que nous avons dit (note 135) sur l'impossibilité de faire jamais, ici bas, plus qu'il ne faut. « Soyez parfaits comme votre Père céleste est parfait, » nous dit Jésus (Matth. V, 48). Le plus grand saint dépassera-t-il jamais cet idéal? En approchera-t-il?

Serviteur inutile est une expression inexacte ; le mot grec, impossible à traduire par un seul mot, veut dire que le serviteur, le serviteur- esclave, appartenant tout entier à son maître et lui devant tout son temps, toutes ses forces, ne peut jamais, quoi qu'il fasse, lui donner plus qu'il ne lui doit. Ainsi , un ange même ne peut rien donner à Dieu ; quelque parfaits qu'aient été ses services, il les lui devait tout entiers, et le nom de serviteur inutile lui sera donné, dans ce sens , tout aussi justement qu'à nous. Point donc, même chez un ange, de mérites surabondants.

Et quand il pourrait y en avoir, qui en jugerait , sinon Dieu seul?
Qui sommes-nous pour savoir ce qu'a été, ce qu'a valu réellement un homme, et pour lui assigner telle ou telle place dans le ciel?

Quand le pape aurait tous les droits dont il se prétend investi comme chef de l'Église , on pourrait encore demander où il a pris celui de faire des saints , et si le bon sens permet de le lui attribuer.

L'orgueil et l'ambition, sans parler de l'hypocrisie, peuvent avoir radicalement anéanti, en secret, la valeur de tout ce qui a paru de beau et de bon dans un homme. Et que de fois l'Église a canonisé en ses saints ce qui n'était pas même, humainement, beau et bon ! Que d'hommes mis sur les autels uniquement en considération de leur dévouement à l'Église, tristes chrétiens, d'ailleurs, et même parfois couverts de vices!

Que de saints dont elle est embarrassée aujourd'hui ! Que d'autres dont elle le serait, pour peu qu'on se donnât la peine de chercher ce qu'ils furent !

Versets 11 et suiv. -Dix lépreux guéris. Combien sera subit l'avènement du Fils de l'homme.


CHAPITRE XVIII

Le juge inique. Le pharisien et le publicain au temple. Le pharisien remercie Dieu de n'être pas, dit-il, comme le reste des hommes, qui sont voleurs, injustes, adultères.


139. Verset 12. Je jeûne deux fois la semaine; je donne la dîme de tout ce que je possède.

Voici, mis en action, tout ce que nous avons dit (notes 76 et 77) sur le danger des observances. Ce qui contribue le plus à rassurer cet homme sur l'état de son âme, à lui inspirer une prière qui n'est pas même une prière, mais le tableau de son orgueilleuse paix, c'est qu'il n'a point de reproche à se faire quant aux détails matériels de la loi, dont il a même outré l'observation. Voilà ce qui l'empêche de comprendre qu'une sainteté consistant à n'être pas voleur ou adultère, n'est point du tout une sainteté.

Cependant, si c'est peu de ne pas aller jusqu'aux grands crimes, c'est encore quelque chose; le système du pharisien, quelque mauvais qu'il fût, ne l'avait pas conduit aux conséquences auxquelles nous avons vu que le système romain conduit parfois.

Vices et crimes, avons-nous dit, trouvent, dans certains pays catholiques, un large abri derrière les observances; elles tuent la conscience publique, comme la conscience de chacun.


140. Verset 15. Le publicain, se tenant éloigné, n'osait pas même lever les yeux au ciel ; mais il se frappait la poitrine, et disait: 0 Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis pécheur!

Ainsi, dans la prière de l'homme que Jésus va nous proposer pour modèle, nulle mention d'une justice cherchée dans des choses extérieures, légales. Le publicain n'a pas renchéri, comme l'autre, sur les prescriptions de la loi. Si , comme Juif, il les a observées, il les a au moins vues d'assez haut pour n'y pas mettre si confiance, et, devant Dieu, il n'en parle pas, il n'y pense pas. La grâce, voilà sa seule espérance; l'aveu de sa misère, voilà le seul moyen qu'il connaisse et veuille connaître d'appeler sur lui le salut.

Fuyez donc tout ce qui pourrait vous empêcher de penser de même ; repoussez tout ce qu'on vous offrirait comme moyens de salut, si ces moyens sont tels qu'ils risquent de vous inspirer autre chose que la piété toute spirituelle et l'humilité du publicain.

Versets 15 et suiv.-Les petits enfants (note 59). Le jeune homme riche (note 60.) Qui peut donc être sauvé? (note 61).


CHAPITRE XIX

Zachée. Jésus est venu chercher et sauver ce qui était perdu


141. Versets 12-26, Parabole des talents. - Chaque serviteur en reçoit un ; dans saint Matthieu (XXV, 15), chacun d'eux reçoit selon sa capacité. Les deux récits viennent également à l'appui de ce que nous avons dit (note 132) sur l'obligation où nous sommes d'user de tous les moyens mis en nos mains. Chacun sera jugé à la fois sur les secours extérieurs qu'il a eus, et sur la dose d'intelligence qui lui a été donnée.

Versets 28 et suiv. -Entrée de Jésus à Jérusalem. Prédiction de la ruine de cette ville.


142. Verset 44. Et ils te détruiront entièrement, toi et tes enfants qui sont en toi, et ils ne te laisseront pas pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le temps auquel tu as été visitée.

Dieu visite une ville, une Église, une âme, quand il s'approche d'elle, quand il lui parle, n'importe de quelle manière; une ville, une Église, une âme, est coupable si elle n'écoute pas.
Direz-vous qu'il y a danger, en écoutant, de prendre pour voix de Dieu ce qui ne serait qu'une voix d'homme et une leçon d'erreur?

Sans doute ; mais c'est donc là ce qui peut vous être arrivé en écoutant l'Église romaine. Nous, que vous disons-nous d'écouter? Sous quelle forme vous présentons-nous l'appel de Dieu , la visitation de Dieu?

Sous celle d'un livre, d'un livre que l'Église romaine reconnaît, comme nous, pour la Parole de Dieu. Ce serait donc pour votre perte que Dieu a permis que sa Parole arrivât en vos mains?
Un livre dicté par lui et tombant sous vos yeux, ce ne serait pas une de ces visitations bénies qu'il vous est prescrit de reconnaître ? Ce serait, au contraire, une tentation, un piège?

Le simple bon sens dit assez que non. Si Dieu a permis que sa Parole arrivât en votre possession, c'est qu'il veut que vous la lisiez, et que votre foi se rectifie sur ce que vous aurez lu.

Versets 45 et suiv. -Les vendeurs chassés du temple (note 66).


CHAPITRE XX

Réponse de Jésus sur son autorité (note 96.) Parabole des vignerons. Le mettre donnera sa vigne à d'autres (note 68) . Image de la pierre (note 67). Rendre à César ce qui est à César (note 69). Se garder des scribes, de leur orgueil, de leur hypocrisie, de leur avarice (notes 72 et 73).


CHAPITRE XXI

L'aumône de la veuve. Persécutions prédites. L'assistance du Saint-Esprit (note 27). La ruine de Jérusalem et le Jugement Dernier. Le ciel et la terre passeront, non les paroles de Jésus- Christ (note 78).


CHAPITRE XXII

Judas (note 84). Préparatifs de la Pâque. La Cène. Le vin appelé fruit de la vigne (note 82). Ceci est mon corps (note 80.) Les apôtres se demandent encore une fois qui d'entre eux est le plus grand. Instruction à ce sujet (notes 64 et 65).


143. Verset 31. Le Seigneur dit encore: Simon, Simon...

De ce que Jésus, ici, s'adresse à Pierre, on a voulu conclure qu'il avait déjà Pierre en vue dans les versets précédents, notamment au 26e; la leçon sur l'humilité, s'adressant alors spécialement à lui, supposerait sa grandeur.
Nous avons déjà dit combien il serait étrange qu'on fût réduit à chercher dans des rapprochements, dans des détails, la preuve d'un fait si grave et si fondamental.

Le rapprochement qu'on fait ici a-t-il au moins quelque fondement ?
Pas plus que dans les passages déjà examinés aux notes 63, 64, 93 et 94. D'abord, la leçon sur l'humilité a été amenée, comme là, par un détail qui condamnait d'avance la conclusion qu'on prétend en tirer; si les apôtres ont entendu Jésus conférer la suprématie à un d'eux, jamais on n'expliquera comment ils ont pu (verset 24) se mettre à chercher qui est le plus grand. Mais le présent récit nous fournirait un argument de plus. Jésus, au verset 30, leur dit qu'ils seront un jour « assis sur des trônes (sur douze trônes, dit saint Matthieu) pour juger les douze tribus d'Israël.» Nouveau trait qui les suppose égaux; vrai contre-sens dans un morceau où il s'agirait, an contraire, de leur inégalité.

Concluons que, au verset 26, ces mots : « Celui qui est le plus grand» et «Celui qui commande,» n'indiquent point un apôtre plus grand, ni un apôtre commandant. L'ensemble du récit et les textes parallèles s'opposent absolument à ce qu'on voie là autre chose qu'un précepte général.


144. Versets 31-32. Le Seigneur dit encore : Simon, Simon, Satan a demandé à vous cribler tous comme on crible le froment ; mais j'ai prié pour toi afin que La foi ne défaille point. Lors donc que tu seras revenu à toi-même, affermis tes frères.

Nous venons de considérer ces versets dans leur prétendue liaison avec ce qui précède le verset 28. Voyons-les en eux-mêmes.
Une première erreur est celle qui prend ici le mot foi dans le sens de foi objective, dogmatique.
Dans ce qui suit, en effet, comme dans les trois versets qui précèdent, de quoi est-il question?
Jésus vient de dire à ses disciples qu'ils sont jusque-là demeurés fermes ; il leur dit maintenant que Satan se prépare à les soumettre à de plus rudes tentations, et il va prédire à saint Pierre, qui se croit fort, sa faiblesse et son reniement.

Donc il ne s'agit point ici de dogmes, et la foi que Jésus, dans sa prière, a demandée en particulier pour saint Pierre, c'est la foi-persévérance, la foi-courage. Voilà ce qui va être en danger de défaillir dans les cruels moments que Jésus annonce à tous les apôtres.

Dès lors , une prière spéciale pour saint Pierre est suffisamment motivée par le danger plus grand qu'il va courir, et, de plus, par l'assurance orgueilleuse qui va (verset 33) le lui faire affronter. Remarquez que cette prière pour lui n'aura pas eu pour but de l'empêcher de tomber, puisque Jésus lui annonce , au même moment , qu'il tombera : Jésus a donc, demandé, non que Pierre ne tombât point, mais qu'il se relevât ensuite ; que sa foi, en un mot, ne demeurât pas en défaillance.

Dès lors, enfin, la charge d'affermir ses frères est liée à sa conversion, aux devoirs qu'elle lui imposera, à l'influence qu'elle lui assurera, nullement à une autorité qui lui soit conférée. C'est ce que vous indiquent, outre le sens général, les termes mêmes de l'ordre que Jésus lui donne. « Quand tu seras revenu à toi-même, affermis tes frères.» C'est comme s'il lui disait : Tu auras été à tes frères un sujet de scandale ; tu seras d'autant mieux placé , une fois relevé et repentant, pour les exhorter à rester fermes.

Versets 35 et suiv. - Jésus prédit encore ses souffrances. Il se rend à la montagne des oliviers. Ses angoisses et sa prière. Judas. Jésus se livre. On le mène chez le souverain sacrificateur. Reniement de Pierre. Jésus devant le Sanhédrin,


CHAPITRE XXIII

On mène Jésus à Pilate, puis à Hérode, puis, de nouveau, à Pilate. Pilate veut le sauver. Il le livre aux juifs. Jésus prédit les malheurs de Jérusalem. La crucifixion. Les deux brigands. Un d'eux se recommande à la miséricorde de Jésus.


145. Verset 43. Jésus lui répondit. Je te dis en vérité que tu seras aujourd'hui avec moi dans le paradis.

Aujourd'hui. Il n'y a donc point de Purgatoire, car cet homme aurait dû certainement y aller. Dira-t-on que Jésus lui en fait grâce? Si la doctrine du Purgatoire se trouvait enseignée ailleurs, on pourrait le dire; mais si, comme nous l'avons montré et le montrerons encore, elle ne l'est pas, ce passage est à ajouter à tous ceux où le Purgatoire aurait dû être mentionné, et ne l'est pas.

Versets 44 et suiv. - Jésus expire. Sa sépulture.


CHAPITRE XXIV

La résurrection. Les saintes femmes. Pierre au sépulcre. Jésus et les deux disciples d'Emmaüs. il leur explique pourquoi le Christ devait souffrir.


146. Verset 27. Et commençant par Moïse et continuant par tous les prophètes, il leur expliquait, dans toutes les Écritures, ce qui avait été dit de lui.

N'écoutez donc et ne croyez que ceux qui pourront et voudront, comme Jésus, appuyer leurs enseignements sur la Bible.
S'il a tenu, lui, le fils de Dieu, à rendre à l'Ancien Testament ce perpétuel hommage, de quel droit une Église s'en affranchirait-elle envers le Nouveau Testament? L'Église romaine, il est vrai, ne s'en affranchit pas ouvertement, et, quoiqu'elle ait des docteurs qui la regardent comme toute puissante en fait de dogmes, elle reconnaît pourtant, en gros, l'autorité suprême des Saints Livres. Mais à quoi bon cette soumission en gros, si on se croit permis, sur chaque point, ou de se passer de l'Écriture en enseignant ce dont elle ne dit rien, ou de lui faire dire tantôt plus, tantôt moins qu'elle ne dit? Exigez donc de l'Église romaine une soumission réelle, sérieuse, à la Parole de Dieu , et vous vous convaincrez bien vite que cette soumission n'existe pas.

Versets 36 et suiv. - Jésus apparaît aux apôtres, et leur explique aussi pourquoi il devait souffrir.


147. Verset 45. Alors il leur ouvrit l'esprit, afin qu'ils entendissent les Écritures.

Nouvel hommage à la Bible.
Jésus pouvait les mener à la foi directement ; il les y mène par l'Écriture, et, s'il leur ouvre l'esprit, c'est pour qu'ils entendent l'Écriture.

De quel droit une Église s'écarterait-elle de la voie que Jésus a si nettement tracée? De quel droit refuserait-elle de vous mener à la foi par les Saints Livres , par la lecture et l'étude des Saints Livres?

On objecte que Jésus dut « ouvrir l'esprit » aux apôtres que l'Écriture ne leur était donc pas claire, et qu'elle peut ne pas l'être pour nous.

De quoi s'agissait-il?
De prophéties, et de prophéties, en outre, dont l'accomplissement avait eu lieu dans un tout autre sens que les apôtres ne s'y étaient attendus, car ils avaient rêvé, comme tous les Juifs, un messie terrestre et glorieux. De là le voile qui était resté sur leurs yeux, et que Jésus dut enlever. Mais tirer de là une conclusion générale sur l'obscurité de l'Écriture, sur celle, en particulier du Nouveau Testament, sur la nécessité de ne recevoir la foi que de la main de certains hommes, c'est une idée qui ne serait pas venue à qui n'eût pas eu peur de l'Écriture, et peur, surtout, de sa clarté. - Voir 224.


148. Verset 51. Et comme il les bénissait, il se sépara d'eux et fut élevé au ciel.

L'ascension de Jésus-Christ a été déjà racontée et le sera encore ailleurs ; celle de la Vierge, l'Assomption, comme dit l'Église romaine, - ni les Évangiles , ni le reste du Nouveau Testament, - ni les Pères des premiers siècles, ne vous en diront un mot. Bien plus : l'Église romaine elle-même n'a jamais officiellement prononcé sur la réalité du fait, et, pour se dispenser de prononcer, n'a jamais officiellement dit ce qu'elle entendait par l'Assomption. Les uns veillent que la Vierge ait eu, comme Jésus-Christ, une véritable ascension ; les autres, qu'elle soit ressuscitée et montée au ciel, mais non corporellement, quarante jours après sa mort. En attendant, la fête se célèbre, et, dans les pays catholiques, avec un éclat qui efface celui même du jour de Pâques.

Prononcer, comme l'a fait tant de fois l'Église romaine, sur des choses dont ou ne sait rien et dont on ne peut rien savoir, c'est déjà, certainement, fort étrange ; mais instituer une grande fête en mémoire d'un événement qu'on n'affirme pas, qu'on n'ose pas affirmer, - c'est se jouer ouvertement de la vérité religieuse et de la conscience humaine.

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