Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX ÉPHÉSIENS

CHAPITRE PREMIER

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367. Verset 5. Béni soit Dieu, le père de notre Seigneur Jésus-Christ , qui nous a bénis de toutes sortes de bénédictions spirituelles dans les lieux célestes, en Jésus-Christ.

Le christianisme était donc, aux yeux de saint Paul, complet, parfait, car on ne voit pas de quels mots plus larges il eut pu se servir pour remercier Dieu de l'avoir donné aux hommes. Que penserez-vous, par conséquent, de ces innombrables grâces, sources de grâce, moyens de grâce, que l'Église romaine a ajoutés à ce que saint Paul en connaissait? Si ces nouveautés sont bonnes, si elles ont l'importance et la valeur qu'on s'est mis à leur attribuer, les chrétiens du temps de saint Paul étaient bien peu favorisés. Ils possédaient à peine une portion du christianisme.

Heureusement que cette portion suffit encore, et pleinement, à ceux qui ne veulent rien de plus, car, cette portion, c'est le tout. Nous l'avons assez montré.

Versets 4 et suiv. - L'apôtre développe les motifs de sa reconnaissance. Dieu nous a adoptés, en Jésus-Christ, pour ses enfants. Jésus assis à la droite de Dieu.


368. Versets 22 et 25. Dieu a mis toutes choses sous ses pieds, et l'a établi chef suprême de l'Église, qui est son corps.

Saint Paul va revenir plusieurs fois sur l'idée de l'Église, de l'unité de l'Église et de chef de l'Église. Ce chef sera toujours Jésus-Christ, et, cette unité, l'unité en Christ; pas un mot de l'unité en saint Pierre ou par saint Pierre. L'Église est le corps de Christ, dit l'apôtre, et il a déjà dit aux Corinthiens (XII, 27): « Vous êtes le corps de Christ; ), autre preuve qu'il ne parle pas d'une unité extérieure et légale. Le corps de Christ, en effet, ne peut être considéré comme renfermant rien qui ne soit saint ; quand donc ce nom est donné à l'Église, il est clair que ce n'est pas à l'Église visible, toujours exposée à compter des membres indignes, mais à l'Église invisible, à l'ensemble des vrais chrétiens. C'est celle-là qui est sainte, et c'est aussi celle-là qui est une.


CHAPITRE II

Nous étions morts dans nos péchés; Dieu nous a ressuscités en Jésus-Christ. Nous sommes sauvés par grâce, non par les oeuvres, «afin que nul ne se glorifie» (note 275). Union, en Jésus-Christ, des païens et des Juifs. Destruction , dans ce but, de la loi cérémonielle qui élevait un mur entre eux. Ce mur, Jésus l'a abattu...


369. Verset 45. Ayant aboli par sa mort la loi des ordonnances cérémonielles.

Nouveau motif pour considérer le christianisme comme altéré dans son essence quand il devient une religion de cérémonies, de formes.

Le christianisme est pour tous les peuples , pour tous les siècles, et c'est afin qu'il pût l'être, vous dit saint Paul, que Jésus-Christ «a aboli par sa mort» le système établi pour un temps parmi les Juifs. Pourquoi donc ce système a-t-il reparu dans l'Église? Pourquoi Rome a-t-elle établi plus de cérémonies, plus de pratiques, plus d'ordonnances, qu'il n'y en avait même chez les Juifs? Ce que saint Paul déclarait aboli par la mort de Jésus-Christ, ce qu'il s'effrayait et s'indignait (vous l'avez vu dans l'épître aux Galates) de voir maintenir en germe par quelques docteurs chrétiens,- Rome l'a repris, développé. Cette universelle fusion que l'apôtre plaçait sur le terrain de l'esprit, Rome l'a transportée sur le terrain de la chair. Elle n'a su conquérir les païens qu'en leur faisant retrouver chez elle (voir 344) tout l'extérieur de leur culte, et c'est par le formalisme qu'elle a marché à l'universalité.

Versets 20 et suiv. - Autre image de l'union des païens et des Juifs en un seul corps


370. Versets 20 et 21. Vous êtes un édifice bâti sur le fondement des apôtres et des prophètes, la pierre angulaire étant Jésus-Christ lui-même, sur qui tout l'édifice, bien coordonné, grandit pour être un temple-saint consacré au: Seigneur.

Outre l'absente , toujours significative, du nom de saint Pierre et de toute mention d'un chef visible, remarquez ici deux choses.

La première , c'est le développement que Paul donne à cette ancienne figure de la pierre, développement dans lequel il dit de Jésus-Christ, mais de Jésus-Christ seul, tout ce que l'Église romaine a l'habitude de dire de saint Pierre.

La seconde, plus frappante encore , est cet « édifice bâti sur le fondement des apôtres et des prophètes. »

Des apôtres. Saint Pierre n'est donc ni le fondement unique, ni le fondement principal. Aucune mention spéciale ; égalité complète entre lui et ses collègues, et, cela, au moment même où revient l'idée de la pierre, où l'Église est un édifice, où saint Paul, enfin, n'omet rien de ce qui l'eût infailliblement conduit à mentionner saint Pierre, si saint Pierre eût été, à ses yeux, ce qu'on prétend. Cette égalité des douze apôtres, vous la retrouverez encore (Apocalypse XXI, 14) dans le tableau de la Jérusalem céleste , figure de l'Église. Elle a, dit saint Jean, « douze fondements, sur lesquels sont les noms des douze apôtres de l'Agneau. » Jamais théologien romain ne parlera de douze fondements de l'Église. En la représentant sous l'image d'un édifice, en développant cette image, jamais il ne se croira permis de ne rien dire de saint Pierre.


CHAPITRE III

Paul appelé à la charge d'apôtre des païens (note 227). Dieu voulait appeler un jour tous les hommes à la connaissance de la vérité. Il a accompli ce dessein par Jésus-Christ...


371. Verset 12. En qui nous avons la liberté de nous approcher de Dieu avec confiance, par la foi en lui.

Complément de ce que nous avons entendu dire à Jésus lui-même (voir note 31). Si vous aviez la liberté de vous approcher avec confiance d'un prince assez puissant pour exaucer toutes vos requêtes, auriez-vous la pensée de les faire passer par d'autres? Et si ce prince vous avait lui-même indiqué son fils comme chargé de tout ce qui a rapport à vos relations avec lui, croiriez-vous vous montrer bien reconnaissant, bien respectueux, en vous adressant à d'autres?

C'est ce que vous faites, pourtant, dans l'invocation des saints. Dût-elle ne jamais se changer en adoration, dussent+ils, ce qui est rare et à peu près impossible, n'être jamais, à vos yeux, que des intercesseurs,- n'est-ce pas encore trop que de leur donner ce rôle quand l'Écriture le donne si positivement à Jésus-Christ, quand saint Paul déclare que nous avons, par la foi en lui, la liberté de nous approcher de Dieu avec confiance? Que peuvent-ils, d'ailleurs, vous donner de plus que cela? Le besoin que vous avez d'eux est un besoin factice, créé, nourri par l'Église romaine. Un chrétien qui va droit à Dieu n'a jamais éprouvé ce besoin-là il a toujours constaté, au contraire , la vérité des paroles de saint Paul : il s'est senti libre d'aller à Dieu, et il y est toujours allé, an nom de Jésus-Christ, avec une entière confiance. Non! vous n'avez pas besoin des saints; c'est Rome qui en a besoin , mais dans l'intérêt de sa puissance, de sa richesse. Elle perdrait trop à laisser les gens aller droit à Dieu par Jésus-Christ.

Versets 14 et suiv. - L'apôtre prie pour les Éphésiens. Que Dieu les comble de ses grâces!


372. Verset 21. A lui soit la gloire dans l'Église par Jésus-Christ, dans tous les âges et aux siècles des siècles !

Les hommages rendus aux saints vont à Dieu , vous dit-on. Est-ce bien vrai? Nous avons vu (note 238) que ce n'est, en pratique, ni ordinaire, ni guère possible. Quand ce serait possible et ordinaire, une chose n'en subsisterait pas moins: c'est que l'Écriture ne dit mot de cette manière-là de glorifier Dieu. Gloire à Dieu dans l'Église par Jésus-Christ vous dit saint Paul ; et comme s'il voulait faire bien entendre que cela ne doit point changer: « Dans tous les âges, ajoute-t-il, et aux siècles des siècles. »


CHAPITRE IV

Exhortation à l'humilité, à la douceur et au support.


373. Versets 3-6. Vous efforçant de conserver l'unité de l'esprit par le lien de la paix. Un seul corps, un seuil esprit, comme vous avez été appelés, par votre vocation, à une même espérance. Un seul seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu père de tous.

Encore un de ces passages dont l'Église romaine a pris les mots pour en construire son système , et dont le sens est évidemment contre elle.

Considérez, d'abord, ce qui précède et ce qui suit, et vous trouvez ces versets encadrés dans une exhortation à la charité, au support. Voilà donc déjà qui suppose diversité, liberté.

Que signifierait une exhortation au support, à la tolérance mutuelle, au moment même où l'apôtre dirait , dans le sens romain : « Une seule foi, un, seul corps?» Il ne peut pas être question, dans le système romain , de se tolérer mutuellement dans les choses de foi; il s'agit, pour tous, de se soumettre à une seule et même autorité. Donc le conseil donné est en opposition avec le système romain.

En second lieu , qu'est-ce que l'apôtre nous dit de nous efforcer de conserver? L'unité de l'esprit. Par quel moyen? Par le lien de la paix. Autant de mots qui ne supposent pas une autorité, visible tranchant souverainement les questions. Sous une autorité de cette espèce, ce n'est pas la paix qui est le lien ; elle n'est que le résultat d'un autre lien, l'obéissance. L'unité de l'esprit n'est non plus alors qu'un résultat de l'obéissance commune. C'est donc l'obéissance qu'il faudrait recommander, - et vous voyez que saint Paul n'en parle pas. Il a donc ici autre chose en vue ; il parle de l'unité libre, fruit de la charité. Nous avons vu (note 368) que le corps de Christ est constitué , aux yeux de saint Paul, par le seul fait de l'existence de gens vivant en Christ, membres de Christ. Le corps de Christ existera donc, dans une Église, par le seul fait qu'il y ait chez elle un certain nombre de ces gens-là il y existera indépendamment de toute idée d'organisation, d'autorité visible. Voilà la notion apostolique. Donc, quand l'apôtre ajoute : « Un seul Seigneur , une seule foi , » cette unité de foi est évidemment de même nature que l'unité de corps; elle est indépendante de la notion d'autorité. L'auteur , d'ailleurs , ne parle pas ici de la foi théologique , des systèmes de foi; il n'envisage que le fait général de la foi en Jésus-Christ. Une seule foi , c'est la foi en un seul et même Seigneur, et les six versets reviennent à: « Supportez-vous mutuellement ; soyez unis , soyez frères , car vous servez le même maître, et un même baptême vous a enrôlés à son service. » - Rien donc, dans tout cela, qui se rapporte au système romain .


374. Versets 11 et 12. Lui-même a donné les uns pour être apôtres, les autres pour être évangélistes, les autres pour être pasteurs et docteurs, tous pour le perfectionnement dès saints, pour l'oeuvre du ministère, pour l'édification du corps de Christ.

Ces paroles ébranlent-elles ce que nous venons d'établir? Indiquent-elles que l'apôtre, dans les versets précédents, parlait d'une unité organisée et d'une autorité visible? - Aucunement.

Ces paroles , en effet , font suite aux conseils de support et d'humilité. Chacun a son don particulier, a dit l'apôtre ; que nul donc ne s'enorgueillisse comme ayant reçu plus qu'un autre, mais que tous , chacun selon ce qu'il a reçu , travaillent à l'oeuvre commune , l'édification du corps de Christ. Les versets 11 et 12 signifient donc simplement que Dieu a donné aux uns d'être apôtres, aux autres d'être prophètes, etc. Il ne s'agit que des dons reçus, et du devoir de les faire tous concourir, sans rivalité, à la même oeuvre.

Que gagne-t-on, d'ailleurs, à prétendre que l'apôtre s'est placé ici sur le terrain de l'unité hiérarchique et visible ? On ne fait que nous autoriser à demander pourquoi il a donc été si peu précis , pourquoi cette hiérarchie est si peu celle de l'Église romaine, et pourquoi, surtout, dans cette énumération de charges, il omet la plus haute. Plus vous aurez soutenu que saint Paul a fait là du romanisme, plus il vous sera impossible d'expliquer pourquoi il n'en a pas fait davantage, pourquoi le centre manque, pourquoi le tout est si loin de la précision qu'on serait en droit d'attendre dans ce cas.


375. Verset 15. Jusqu'à ce que nous soyons tous parvenus à l'unité de la foi et de la connaissance du fils de Dieu, à l'état d'homme parfait, et à la mesure de la stature parfaite de Christ.

Confirmation de toutes nos remarques précédentes. Voilà l'unité de foi représentée comme une chose à laquelle on parvient, comme un état de perfection qui s'acquiert. Preuve donc qu'il ne s'agit pas de l'unité organisée, de celle que chaque homme, dans l'Église romaine, trouve toute faite, et dans laquelle on entre tout d'un coup. De quoi s'agit-il donc? De progrès à faire dans la « Connaissance du fils de Dieu, » dans cette « Vie en Christ » dont l'acquisition toujours plus complète est l'idéal du christianisme. Là est l'unité véritable, vivante, éternelle.


376. Verset 14. Afin que nous ne soyons plus des enfants flottants et emportés çà et là par tout vent de doctrine, par la tromperie des hommes et par leur adresse à séduire artificieusement.

L'apôtre ne veut pas que nous flottions à tout vent de doctrine ; il veut donc , a-t-on dit , qu'une autorité visible, infaillible, nous tienne à l'abri de ce danger.
S'il le voulait, il l'aurait dit ; c'était le moment, ou jamais. Non seulement il ne le dit pas, mais il dit le contraire, car c'est aux efforts, aux travaux, aux progrès, enfin, de chaque homme , qu'il vient de faire appel et qu'il va encore faire appel. Les moyens indiqués, sont donc inconciliables avec celui que l'Église romaine indique comme nécessaire, comme le seul. Efforts, travaux, progrès, tout cela suppose liberté ; tous ces conseils seraient vides de sens si l'apôtre avait voulu dire que nous avons , pour ne pas flotter, l'enseignement d'une Église infaillible.

Quant à ce qu'il faut entendre par ces travaux et ces progrès , nous l'avons expliqué ailleurs.- Voir aux notes 132, 273, 298, etc.

Versets 17 et suiv.- Suite des conseils de l'apôtre. Croire en Jésus-Christ. Dépouiller le vieil homme et revêtir l'homme nouveau. Éviter la colère, l'oisiveté. les mauvais discours.


377. Verset 50. Et n'attristez pas le Saint-Esprit de Dieu, par lequel vous avez été scellés pour le jour de la rédemption.

Selon le catéchisme du concile de Trente, l'apôtre parle là d'un sacrement, la Confirmation. Vous en seriez-vous douté? Vous ne vous en êtes sûrement pas douté non plus en lisant (Rom. V, 5) l'autre passage sur lequel ce même catéchisme prétend fonder ce sacrement : « L'amour de Dieu est répandu dans nos coeurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné ». Voilà pourtant les deux seuls passages qu'on indique. Citer cela ou avouer qu'on n'a rien, à citer, c'est tout un , car l'apôtre parle , en ces endroits, de faits tout spirituels, non d'une cérémonie ou d'une institution quelconque.

Le sacrement de la Confirmation est un des points sur lesquels il est le plus difficile de s'arranger avec le Nouveau Testament, même avec la Tradition , car le Nouveau Testament n'en dit rien et la Tradition dit tout autre chose. Les Pères parlent d'une cérémonie où les chrétiens admis à communier venaient préalablement se déclarer membres de l'Église; cette cérémonie est celle que les protestants ont conservée sous le nom de Réception des Catéchumènes, et, dans quelques pays, sous le nom de Confirmation. Le rôle des prêtres se bornait à interroger les néophytes, à recevoir leurs promesses et à prier pour eux. Cette prière ayant particulièrement pour but de leur obtenir la grâce d'être fermes dans leur foi, on attacha peu à peu à l'acte même une certaine valeur mystique, sacramentelle. Vint ensuite l'usage d'une onction ; c'était comme un second baptême, ou un complément du premier. Alors, portion de sacrement, la Confirmation s'achemina à en être un elle-même.

L'usage de faire prononcer aux néophytes des déclarations , des promesses , tomba ; il ne resta plus que l'onction, et on l'administra, non avant, mais après la Cène, autre preuve d'un changement dans le but et le sens de cette cérémonie. La Confirmation romaine actuelle a donc été inconnue aux premiers siècles ; plusieurs théologiens, dans les débats du concile de Trente, le reconnurent ouvertement.


CHAPITRE V

Être les imitateurs de Dieu. La pureté.


378. Verset 4. Point de paroles déshonnêtes.

Les adversaires de l'Église romaine ne sont pas seuls à blâmer ce qu'on entend trop souvent dans ses chaires. Beaucoup de ses prédicateurs ne savent aborder certains sujets qu'avec des détails qui seraient bannis d'une conversation honnête. Ils veulent, disent-ils, inspirer l'horreur du vice en le peignant dans toute sa laideur; mais les bons résultats de ce procédé sont fort douteux, et les mauvais ne le sont pas. Une parole déshonnête salit toujours plus ou moins l'oreille et le coeur.

Ce ne sont pas non plus seulement les ennemis de l'Église romaine qui ont blâmé certaines questions souvent faites dans le secret du confessionnal. L'intention et la forme auraient beau être toujours pures ; la pureté ne peut qu'en souffrir, en somme, et chez les fidèles, et chez le prêtre. Ajoutez les déplorables études que celui-ci est appelé à faire en vue de cette portion de sa charge. On sait ce que sont les livres destinés à l'éducation des confesseurs, et on se demande ce que peuvent être des leçons données sur ces livres, quelque gravité que les maîtres et les disciples aient l'intention d'y apporter.

Versets 5 et suiv. - Divers conseils pratiques. Prudence. Vigilance. Tempérance. Sainteté du mariage.


379. Versets 25 et 24. Le mari est le chef de la femme, comme Christ aussi est le chef de l'Église, qui est son corps, et dont il est le sauveur. Comme donc l'Église est soumise à Christ, que les femmes le soient à leurs maris en toutes choses.

Jésus-Christ époux de l'Église , l'Église épouse de Jésus-Christ. Belle et touchante image, souvent reproduite par les docteurs de l'Église romaine, et fournissant cependant deux grands arguments contre leur système.

Nous pouvons, d'abord , dire de l'Église épouse de Christ ce que nous avons dit (note 368) de l'Église corps de Christ. L'épouse de Jésus-Christ ne peut être que pure, entièrement et parfaitement pure. Ce titre ne peut donc appartenir qu'à l'Église invisible, à l'ensemble des vrais fidèles, de ceux dont la vie est en Christ. Une église visible, où les pécheurs sont toujours en grand nombre, où les chefs peuvent être de plus grands pécheurs qu'aucun des membres, n'est pas l'épouse de Jésus-Christ, ne peut pas l'être, ne peut logiquement s'autoriser de ce titre pour réclamer quelque privilège que ce soit.

Remarquez, en second lieu , comme cette image exclut l'idée d'un chef visible et humain de l'Église. L'Épouse de Jésus-Christ peut-elle être supposée mise par lui sous l'autorité d'un homme qui sera toujours un pécheur, quelquefois peut-être un grand pécheur? L'autorité d'un époux ne se transmet pas ; il y a contradiction entre ce mot et l'idée d'une transmission quelconque. Aussi voyez-vous que saint Paul, développant l'image, reste strictement dans l'idée d'une union actuelle, permanente, entre l'Église et son céleste époux.
L'image est donc doublement contraire aux conséquences que Rome en a tirées.


380. Verset 52. Ce mystère est grand; je dis cela par rapport à Christ et à l'Église.

Les versions catholiques, à la suite de la Vulgate, mettent ici sacrement au lieu de mystère; elles modifient , en outre, le reste de la phrase, laquelle devient alors : « Ce sacrement (le mariage) est grand en Christ et en l'Église. »
Tout, là-dedans, est faux.

D'abord, le grec disant mystère, il y a falsification à mettre sacrement, et à venir s'en autoriser ensuite pour faire du mariage un sacrement. La Vulgate, à quelques versets de là (VI, 19), traduisant le même mot grec, ne remet pas sacrement et revient à mystère. Preuve de plus qu'elle n'avait mis sacrement que pour les besoins de la cause.

Il est faux , en second lieu , que ce verset se rapporte au mariage , car la seconde moitié est une sorte de parenthèse où l'apôtre a soin de nous avertir que sa réflexion « ce mystère est grand » porte sur l'union mystique de Jésus-Christ et de l'Église. C'est ce que dit déjà le mot mystère, grand mystère, évidemment inapplicable au mariage ordinaire et terrestre. C'est ce que dit encore le verset suivant : « Vous donc aussi aimez vos femmes. » Ce mot aussi prouve qu'il vient d'être question, non du mariage, mais de ce que l'apôtre a indiqué comme type du mariage , savoir l'union de Christ et de l'Église. Donc c'est cette union qui est appelée un mystère.
Ce qui reste de ce morceau, c'est une grande et belle leçon sur la sainteté du mariage; mais il n'en reste rien en faveur des idées romaines.


CHAPITRE VI

Devoirs des enfants, des pères, des serviteurs, des maîtres. Le chrétien dans les combats de la vie.


381. Verset 11. Revêtez-vous de toutes les armes de Dieu.

L'apôtre va énumérer ces armes., Cherchez si vous trouverez, dans le nombre, aucun des moyens de préservation ou de force que l'Église romaine recommande , médailles, scapulaires, eau bénite , objets bénits , patronage des saints et de la Vierge, reliques, pèlerinages , messes à faire dire, indulgences à gagner, etc.. etc.


382. Verset 17. Prenez encore le casque du salut et l'épée de l'Esprit, qui est la Parole de Dieu.

Impossible à un catholique d'obéir à ce dernier ordre, qui est cependant le principal, car le guerrier, en définitive, c'est l'épée, et tout le reste, sans l'épée, ne fait pas un guerrier.

Un catholique, c'est un homme à genoux derrière le bouclier de son Église. Il sera en sûreté, lui dit-elle, et contre le mal, et contre l'incrédulité, pourvu qu'il reste à genoux ; mais l'expérience prouve assez combien est fragile ce bouclier que vous ne tenez pas vous-même , combien le vice et l'incrédulité ont de moyens d'aller vous chercher derrière. Le combat de la vie est donc votre affaire à vous, dites-vous le bien ; c'est à vous qu'il est commandé de vous armer et de combattre. Armez-vous donc, avant toute chose, de la Parole de Dieu. Armez-vous-en contre l'incrédulité armez-vous-en contre le mal ; armez-vous-en contre toutes les erreurs qu'elle condamne, et ne vous la laissez jamais ôter.

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