332. Verset
1. Paul...
à l'Église de Dieu qui est à
Corinthe, et à tous les saints (les
fidèles) qui sont dans toute
l'Achaïe.
Sur ce mot
l'Église de Dieu, voir la note
292.
Remarquez que saint
Paul
n'adresse pas ses épîtres aux chefs
des Églises, mais aux Églises, aux
fidèles, à tous les fidèles, y
compris leurs chefs. Ce n'est pas qu'il eût
été à craindre, en ces temps,
que les chefs ne gardassent ces
épîtres pour eux ; l'idée ne
leur en serait sûrement jamais venue. Mais
l'idée ne vient pas non plus à saint
Paul de séparer les pasteurs du troupeau, de
remettre exclusivement aux premiers le
dépôt de la doctrine. Il pourra bien,
dans quelques chapitres, s'adresser plus
spécialement à eux; il pourra bien
adresser une épître entière,
même deux, à son disciple et ami
Timothée; mais toutes ses
épîtres aux Églises seront des
épîtres aux Églises. De
là, deux conclusions : l'une, que
l'Église n'était point
considérée comme concentrée
dans ses chefs; l'autre, qu'il n'y a aucune raison
pour ne pas laisser lire à tous ce que Paul
écrivait à tous.
333.
Versets 5-5.
Béni soit Dieu... le Dieu de toute
consolation, qui nous console en toute notre
affliction, afin que, par la consolation dont Dieu
nous console nous-mêmes, nous puissions aussi
consoler les autres... Car comme les souffrances de
Christ abondent en nous, notre consolation abonde
aussi par Christ.
Encore un attribut
divin
qui, dans l'Église romaine, a passé
de Dieu, de Jésus-Christ et du Saint-Esprit
(voir Jean XIV, 16), à Marie. C'est d'elle
qu'on a fait la grande consolatrice: Consolatrix
afflictorum, disent les litanies, et cette
idée, aujourd'hui, va se développant
de plus en plus. Un sentiment que le clergé
exploite porte les fidèles, surtout les
femmes, à s'imaginer que Marie, comme femme,
est plus compatissante que ne pourrait l'être
son fils. . Quand cela serait. s'ensuivrait-il que
vous puissiez vous adresser à elle ? Est-ce
à nous de refaire le christianisme, et de
dire : « Ceci me convient, donc Dieu le veut ?
» Vous voyez de qui les apôtres font
découler la consolation chrétienne ;
vous n'apercevrez, dans l'Écriture, aucune
trace d'une autre source. Vous n'en apercevrez pas
davantage dans l'histoire des premiers
siècles. Ces martyrs qui avaient tant besoin
de consolation , lisez tout ce que nous avons
d'authentique sur leur vie, et voyez si la Vierge y
joue un rôle , si c'est elle qu'ils
invoquent, si c'est elle qu'ils remercient. Les
litanies font bien d'elle la reine des martyrs,
Regina martyrum; mais les litanies ne sont pas
l'histoire, et l'histoire ne nous montre pas un
seul martyr des premiers siècles invoquant
et servant Marie. Leur manqua-t-il pourtant quelque
chose, à ces martyrs? Est-ce que la
consolation «par Jésus-Christ »
n'abondait pas, comme dit saint Paul, et ne
surabondait pas? A-t-elle jamais paru insuffisante
à qui l'a cherchée comme la seule,
à qui l'a comprise comme la comprenait saint
Paul?
Versets 6
et suiv. -
Afflictions et joies de l'apôtre.
334. Verset
19.
Jésus-Christ, le fils de Dieu, que nous
avons prêché parmi vous, moi, Silvain
et Timothée...
Saint Paul,
avons-nous
dit, ne manque pas une occasion de nommer ses
compagnons d'oeuvre. Timothée revient
à tout moment, presque toujours avec un mot
d'éloge. Sosthène, Silvain, Tite,
Luc, Tychique, Épaphrodite, Épaphras,
Clément, Aristarque, Marc, Démas,
d'autres encore, tous, enfin, dès que
l'occasion s'en présente, sont
nommés, loués - et saint Pierre
ferait seule exception ! Et Paul n'aurait pas eu un
mot, sinon d'éloge, au moins de simple
mention, pour ses travaux à Rome !
Aurez-vous le courage de vous débattre
encore contre une si énorme invraisemblance?
Ne finirez-vous pas par avouer que saint Pierre ne
peut avoir été à Rome? Les
conséquences de cet aveu vous effraient;
c'est la ruine, en effet, de l'échafaudage
romain. Mais vous y sentez-vous bien à votre
aise , sur cet échafaudage ?
Espérez-vous y dormir encore en paix,
après avoir vu ce qu'en sont les
bases?
Versets 23
et suiv.-
Si saint Paul n'est pas allé à
Corinthe, c'était pour ne pas avoir à
traiter les Corinthiens aussi
sévèrement qu'ils le
méritaient.
335. Verset
24. Ce
n'est pas que, nous dominions (que nous
prétendions dominer) sur votre foi;
mais...
Saint Paul
douterait-il
de son autorité d'apôtre? Nullement.
Douterait-il de la vérité de ce qu'il
enseigne? Nullement. Veut-il dire que les
Corinthiens croiront ce que bon leur semblera?
Nullement. Et cependant il ne veut pas dominer sur
leur foi. Qu'est-ce qu'il entend par
là?
Il veut dire d'abord
qu'il ne prétend pas imposer son
autorité, mais la faire
accepter.
Il veut dire, en
second
lieu, qu'il ne prétend point avoir une
autorité qui lui soit propre , qui lui
appartienne, à lui , Paul. Il a banni de son
coeur toute idée de domination personnelle ;
il entend que l'empire des consciences reste tout
entier à Dieu.
Il veut dire, enfin,
que
la foi est une soumission libre aux
vérités chrétiennes, qu'il
entend les prêcher, non les imposer, qu'il
s'en remet à Dieu pour ouvrir les esprits,
les coeurs, à la prédication de sa
Parole.
Autant d'idées que
l'Église romaine a méconnues, et que
méconnaît nécessairement tout
représentant de son système, pape,
évêque, simple prêtre, pour peu
qu'il veuille user des droits dont elle l'a
investi.
1°-
Le prêtre impose son autorité quand il
ne l'impose pas par la force, c'est qu'il ne le
peut pas. Nous l'avons dit : on ne nous citera pas
un pays ni une époque où
l'Église romaine ait eu le pouvoir en main,
et où il ait été permis de ne
pas obéir au prêtre.
2°-
Le prêtre s'attribue une autorité
personnelle ; son pouvoir n'est pas seulement celui
de Dieu , mais le sien , appelé, pouvoir de
l'Église. Il ajoute aux commandements de
Dieu ; il les modifie, il en dispense. Voilà
pour le fond. La forme est celle d'une
autorité absolue , irresponsable. Le dernier
curé du village commande, au nom de
l'Église, absolument comme le
pape.
3°Le
prêtre, enfin, n'admet pas
une soumission libre aux enseignements de
l'Église. Quand il a l'air de s'en
contenter, c'est qu'il ne peut faire autrement. Nul
pays, nulle époque où Rome ait eu le
pouvoir en main , et où il ait
été permis de croire autrement
qu'elle.
Résumons. Quand
l'Église romaine aurait été ce
qu'elle prétend être, la gardienne
infaillible de la vérité
révélée, - elle serait encore
dans une autre voie que saint Paul, puisque saint
Paul écrit aux Corinthiens: « Ce n'est
pas que nous dominions sur votre foi. ),
Douleur de Paul quand il lui a fallu être sévère. Puisque le coupable s'est repenti. que les Corinthiens usent maintenant d'indulgence envers lui.
336.
Versets 6, 7 et
10. C'est assez pour cet homme d'avoir subi le
châtiment qui lui a été
imposé par l'assemblée, de sorte que
vous devez plutôt lui pardonner et le
consoler... Si donc vous lui faites grâce en
quelque manière, moi aussi, car si j'ai
moi-même usé d'indulgence, je l'ai
fait à cause de vous, en la présence
de Christ...
A.
Voilà, selon l'Église romaine, la
base historique de sa doctrine des Indulgences. -
Examinons.
D'abord, de même
que saint Paul a demandé la condamnation de
cet homme, non aux chefs de l'Église de
Corinthe, mais (voir note
304)
à l'Église elle-même, à
l'assemblée des fidèles , - de
même, ici;- c'est. à l'Église,
à l'assemblée des fidèles,
qu'il demande de le recevoir en grâce. Nous
comprenons sans peine que cette forme ait dû
changer, et que, dans des Églises plus
nombreuses, le droit de grâce, comme le droit
de juger, ait dû être
délégué à certaines
personnes ; mais une chose reste: c'est que saint
Paul ne considérait pas ce droit comme
exclusivement et mystiquement inhérent au
caractère pastoral. Lier et délier
est donc un droit de l'Église, non du
clergé, et cela seul ébranle
profondément la théorie romaine de ce
droit. - Voir note
51.
Mais revenons à la
question présente. Entre l'Indulgence
romaine et le pardon de Corinthe, quel rapport
apercevrons-nous? - Si nous regardons bien,
aucun.
Un chrétien a
commis un crime qui déshonorait
l'Église. On a prononcé, son
exclusion. Cet homme se repent. On lui pardonne ,
et on lui rouvre l'Église. - En deux mots,
voilà le tout.
Voulez-vous savoir,
maintenant, le chemin qu'il a fallu faire pour
arriver de là aux indulgences ?
L'homme de Corinthe
avait
été exclu de l'Église,
purement exclu. On imagina , plus tard, des
exclusions à terme : un mois, un an, deux
ans, dix ans, selon la nature et la gravité
des fautes. Ce terme pouvait toujours être
abrégé , soit par une décision
spéciale, fondée sur le repentir du
coupable, soit par une décision
générale, abrégeant à
la fois toutes les peines prononcées;
publier, par exemple, une indulgence d'un mois,
c'était avancer d'un mois la
réconciliation de tous les pécheurs
condamnés. Sur ce terrain
déjà, plus d'un abus se fit jour. On
voulut gagner ces Indulgences, et ce fut souvent
par des pratiques plus que par le repentir. On
s'habitua facilement à confondre
réconciliation avec l'Église et
réconciliation avec Dieu.
De là les premiers
germes du système romain. La peine subie sur
la terre étant réputée ouvrir
le ciel par cela seul qu'elle rouvrait
l'Église, une indulgence qui vous rouvrait
l'Église se trouvait indirectement ouvrir le
ciel. La doctrine du Purgatoire
précéda-t-elle ou suivit-elle cette
transformation ? Il est probable qu'elle se
développa concurremment, aidant et
aidée à la fois. Les peines que vous
n'aurez pas subies ou pas achevées sur la
terre, il faudra, disait-on, les subir ou les
achever ailleurs; ainsi vint la pensée que
l'Indulgence avait son effet dans l'autre vie aussi
bien que dans celle-ci. Enfin, l'usage des peines
disciplinaires ayant cessé tout à
fait, il n'en resta plus d'autres que celles du
Purgatoire, et c'est ainsi que l'indulgence arriva
à ne plus s'appliquer qu'à celles-ci.
Une indulgence d'un mois, d'un an, de vingt ans, de
cent ans, c'est une diminution d'un mois, d'un an,
de vingt ans, de cent ans, sur les années
que vous aurez à passer dans le Purgatoire.
Un Jubilé, c'est une distribution
extraordinaire de ces grâces, étendue
à tout l'univers catholique.
Sommes-nous assez
loin de
Corinthe et de saint Paul?
B.
Remarquez bien que ce n'est encore là que la
théorie, la doctrine; si nous abordions la
pratique, que ne nous faudrait-il pas dire ? Le
commerce des indulgences a été la
honte et la ruine de l'Église romaine.
A-t-il cessé, ce trafic? Sous l'ancienne
forme , oui, et encore pas partout. Mais que de
formes nouvelles! Que d'applications des
habiletés de l'industrie moderne à ce
vaste commerce de pardons ! Quelle concurrence
entre les divers marchés! Quelle baisse dans
les prix ! Les prix de jadis étaient au
moins assez hauts pour que l'achat constituât
un certain sacrifice; aujourd'hui , en calculant
bien, en profitant de toutes les occasions, vous
pouvez, presque sans argent, amasser en un an plus
de vingt mille ans d'indulgences. Le système
des Jubilés, quelque étrange et
abusif qu'il pût être, était
sage en comparaison ; tout ce qu'on vous offrait
dans ces occasions extraordinaires, distantes de
vingt-cinq, de cinquante, et même,
primitivement, de cent ans, on vous l'offre sans
interruption aujourd'hui. Et ces facilités
vont augmentant chaque année, chaque mois.
Le pape ne peut accorder des indulgences à
une congrégation , à une
église, que la même faveur ne soit
réclamée aussitôt par d'autres
congrégations, par d'autres églises.
Il faut donner à celles qui n'avaient pas;
il faut doubler, tripler, décupler les
privilèges de celles qui avaient
déjà. L'indulgence dite
plénière coûtait jadis de
longues macérations ; une
société existe qui, en vertu d'un
bref du pape, vous l'offre neuf fois par an. - Je
ne dis plus: « Sommes-nous assez loin de
Corinthe et de saint Paul? » Je dis: «
Sommes-nous assez loin de tout bon sens et de toute
pudeur? »
337. Verset
14.
Grâces soient rendues à Dieu, qui nous
fait toujours triompher en Christ.
Vous avez vu saint
Paul
(note
331)
attribuer à Jésus-Christ la grande et
dernière victoire du chrétien, la
victoire sur la mort; le voici lui attribuant
toutes les victoires du chrétien sur les
difficultés et les épreuves de la
vie. Est-ce ainsi que l'Église romaine vous
apprend à parler et à penser? Dans
les grandes comme dans les petites entreprises,
dans les succès publics comme dans les
succès particuliers, toujours les saints,
toujours la Vierge. Une nation est-elle sortie
heureusement d'une grande guerre, - qu'elle
remercie la Vierge. Un soldat, blessé dans
cette guerre, est-il rendu à sa famille, -
qu'il remercie la Vierge. Marins, agriculteurs ,
négociants , ouvriers, riches, pauvres ,
tous, de quelque faveur qu'ils aient à
rendre grâces , faveur temporelle , faveur
spirituelle , - qu'ils remercient la Vierge. Un
pape rentre-t-il à Rome, d'où les
révolutions l'avaient chassé, - c'est
à la Vierge qu'il s'empressera d'attribuer
son retour. Qu'en sait-il? Qui le lui a dit? Dieu,
sans la Vierge, aurait donc laissé le pape
en exil et la république au Vatican? Mais le
pape ne va pas chercher la logique ; la grande
affaire est de consolider, n'importe par quels
moyens, un culte dont Rome s'est mise à tout
attendre.
La même
année, dans son Encyclique au sujet de
l'Immaculée Conception : «Vous savez,
disait le pape, que le fondement de notre confiance
est en la très sainte Vierge, puisque c'est
en elle que Dieu a placé la plénitude
de tout bien, de telle sorte que , s'il y a en nous
quelque espérance, s'il y a quelque faveur,
s'il y a quelque salut, nous sachions que c'est
d'elle que nous le recevons, parce que telle est la
volonté de Celui qui a voulu que nous
eussions tout par Marie. »
Voilà ce que dit
le pape. Vous avez vit ce que disait saint Paul.
Qui croirez-vous ?
Supériorité du ministère évangélique sur celui de l'ancienne loi.
338.
Versets 6-8. La
lettre tue, mais l'esprit vivifie. Si le
ministère de mort, celui de la lettre, celui
qui était gravé sur des pierres , a
été si glorieux que les enfants
d'Israël ne pouvaient regarder le visage de
Moïse à cause de l'éclat qui en
sortait, bien que cet éclat dût
prendre fin, combien le ministère de
l'Esprit ne sera-t-il pas plus
glorieux!
C'est donc dans la
spiritualité du ministère
évangélique que saint Paul voit la
supériorité de ce ministère
sur celui de l'ancienne loi. Il appelle celui-ci le
ministère de la lettre, c'est-à-dire
de la forme, de la justification par les formes; il
va jusqu'à le qualifier de ministère
de mort, énergique figure pour nous faire
encore mieux comprendre que les formes ne sont pas
la vie et risquent toujours de la détruire.
Mais si la gloire du ministère nouveau
consiste essentiellement, selon l'apôtre, en
ce qu'il n'a rien de commun, sur ce point, avec
l'ancien , que pouvons-nous penser de ce qu'il est
devenu dans une Église où les formes
occupent encore plus de place que chez les anciens
Juifs? Entre le prêtre catholique et l'ancien
prêtre juif, que reste-t-il de cette
différence que saint Paul déclarait
si essentielle et si profonde? Le culte juif avait
même plus d'un élément
spirituel que vous ne retrouvez pas dans le culte
romain. La lecture des Livres Saints y occupait une
grande place ; l'interdiction du culte des images
était rigoureusement maintenue, et, si le
prêtre juif était ministre de
minutieuses observances, ait moins ne les
accomplissait-il que devant le Dieu invisible , non
devant des statues ou des reliques.
339. Une
autre observation ressort encore
de ce même passage.
Quand il s'agit,
dans
l'Église romaine, de prouver l'excellence et
la dignité de la prêtrise , le grand
argument, le plus simple, celui qui vient le
premier à l'esprit des ignorants comme des
docteurs, c'est la Messe, le grand et miraculeux
sacrifice dont chaque prêtre, dans la Messe,
est réputé le ministre. Offrir
à Dieu, chaque jour, une victime qui n'est
autre que le fils même de Dieu! Le
prêtre juif immolait de vils animaux; le
prêtre chrétien immole l'agneau sans
tache, le Sauveur descendu du ciel à sa
voix. Quelle gloire! Quelle
supériorité !
Eh bien ! voici
Saint
Paul qui met longuement en parallèle le
ministère juif et le ministère
chrétien ; il y reviendra encore ailleurs,
toujours exaltant celui-ci. Qu'a-t-il fait de cet
argument qui , dans le système romain , est
le premier, le grand , l'unique même , car il
domine et renferme tous les autres? Eût-il
pu, l'ayant dans l'esprit, l'omettre ? Eût-il
pu croire à la Messe, au sacrifice de la
Messe, et ne pas en parler ici? - Ou ce beau
passage est une ineptie, ou saint Paul ignorait
cette prétendue grandeur que le sacrifice de
la Messe a fait attribuer au
prêtre.
Versets 14
et suiv. -
Aveuglement des Juifs, qui s'obstinent à ne
pas comprendre la supériorité de la
nouvelle alliance.
340. Verset
14. Mais
leurs entendements ont été endurcis ,
car , aujourd'hui encore, là même
voile demeure pour eux sur la lecture de l'Ancien
Testament...
Si un voile est
resté sur les yeux de l'Église juive,
si, malgré tant de privilèges , tant
de promesses, tant de secours miraculeux, le sens
réel de l'Ancien Testament lui
échappa,quelle certitude avez-vous que le
sens réel du Nouveau n'échappe pas
à l'Église romaine ? Personne, selon
les Juifs, ne pouvait avoir raison contre les
docteurs de la loi ; personne, selon
l'Église romaine, ne petit avoir raison
contre elle. L'Église juive s'est
trompée ; l'Église romaine peut donc
se tromper aussi. - Nous avons déjà
fait ce rapprochement sous d'autres formes
(notes
68
et 219).
341. Verset
17.
Là où est l'Esprit du Seigneur,
là est la liberté.
On a abusé de ces
mots. Certaines sectes, même dans les
premiers siècles, ont vu « l'esprit du
Seigneur » dans un affranchissement complet de
toute loi, de tout ordre.
Mais un abus n'en
excuse
pas un autre, et c'est avec raison que cette parole
de saint Paul a été souvent
invoquée contre le système
romain.
Elle l'a
été , d'abord , au point de vue qui
est plus particulièrement, ici , celui de
saint Paul. Il vient d'envisager l'ancienne loi
comme une loi de formes et d'observances , comme
une lettre qui tue; la liberté consistera
donc , avant tout, à être affranchi de
cette loi, à ne plus pratiquer que le culte
esprit et vie. Une Église où ce culte
est enseveli sous des formes , où l'ancienne
loi ressuscite dans un vaste ensemble
d'ordonnances, de cérémonies, de
pratiques nous pouvons dire hardiment que «
l'Esprit du Seigneur, » dans le sens que
l'apôtre donne ici à ces mots, ne
réside pas en elle.
Mais si cette
liberté, fruit de l'Esprit de Dieu, consiste
à être plus sous le joug des pratiques
et des formes, elle consiste nécessairement
aussi à n'être plus sous celui
d'hommes imposant ces formes, réglementant
et dispensant souverainement la grâce. C'est
donc avec raison encore que ce passage a
été cité contre une
Église où le prêtre se fait le
dispensateur du salut, en fixe les conditions, les
modifie , les change, les allège ou les
aggrave à son gré.
Or, cette
prétention est nécessairement
accompagnée de bien d'autres. Dispensateur
de la grâce, le prêtre a droit, pour
vous garantir le salut, d'exiger une
obéissance entière, une pleine
abdication de votre intelligence et de votre
volonté. Vous devez croire ce qu'il vous
dira de croire, faire ce qu'il vous dira de faire ;
vous ne devez pas seulement lui obéir, mais
vous livrer, vous abandonner à lui, raison,
coeur, conscience, ou, pour mieux dire, il faut que
ce soit lui qui devienne votre raison , votre coeur
, votre conscience : l'idéal du
système, c'est que vous soyez, entre ses
mains , comme un cadavre. Perindè ac
cadaver, disent les Constitutions des
Jésuites, et les Jésuites sont les
seuls catholiques conséquents et
complets.
Si le christianisme
est
là, il n'est pas dans saint Paul s'il est
dans saint Paul, il n'est pas là. «
Là où est l'Esprit du Seigneur,
là est la liberté. »
342. Verset
1.
Étant donc, selon la miséricorde qui
nous a été faite, revêtus d'un
tel ministère, nous ne perdons point
courage.
Nous avons vu
(notes
236, 256,
etc.)
que le ministère chrétien n'est
jamais désigné, dans
l'Écriture, par le mot grec signifiant
sacerdoce. Cette remarque devient surtout frappante
lorsque l'auteur , comme ici et dans le chapitre
précédent, s'occupe de mettre en
relief la grandeur et la sainteté de ce
ministère. Si l'idée de saint Paul
était l'idée romaine , pourquoi cette
constante omission du mot qui l'exprimerait le
mieux, du seul mot qui l'exprime réellement?
Pourquoi, tout en mettant ce saint ministère
si haut et en se glorifiant d'en être
revêtu, ne l'appelle-t-il cependant encore
que de ce nom si simple, Diaconia, service, office
, charge d'un serviteur? Si cette charge
était ailleurs appelée sacerdoce,
notre objection tomberait ; on comprendrait que
l'auteur ne répétât pas
toujours sacerdoce. Mais, encore une fois , s'il
n'a jamais employé ce mot en parlant du
ministère chrétien, c'est que ce mot
ne répondait pas à son
idée.
Versets 2
et suiv. -
Sincérité, courage et
persévérance de saint Paul. Ses
épreuves, Ses consolations.
Épreuves et consolations du fidèle. Le chrétien soupirant après le ciel. Sa seule pensée est de plaire à Dieu.
343. Verset
10. Car il
nous faut tous comparaître devant le tribunal
de Christ, afin que chacun reçoive selon le
bien ou le mal qu'il aura fait étant en son
corps.
Toujours le'
tribunal de
Jésus-Christ, et jamais rien sur ce que
l'Église romaine a appelé le tribunal
de la Pénitence; jamais un mot sur le
prêtre comme pouvant absoudre ou condamner,
comme exerçant d'avance , dans ce monde ,
une portion quelconque de ce droit souverain que
Jésus-Christ exercera dans
l'autre.
Ne parlons pas,
d'ailleurs, d'une portion. Nous avons
déjà (119
B)
montré que, si le prêtre a ce droit,
il l'a nécessairement tout entier; nous
avons aussi vu (119
C) que
les vrais croyants catholiques sont
inévitablement conduits à le lui
reconnaître tout entier, à se croire
absous s'il les absout, et sûrs , pleinement
sûrs , de n'avoir pas à craindre un
autre juge. A la. perspective lointaine, mais
terrible, de « comparaître devant le
tribunal de Christ, » succède celle de
s'agenouiller devant un homme, et d'acheter par un
aveu le pardon de ses fautes. Que cette perspective
ait été aussi, dans certains cas,
salutairement effrayante, nous ne le nions pas ;
mais elle l'est généralement peu,
très peu, et elle l'est d'autant moins que
les fidèles sont plus catholiquement
croyants, et le pays plus catholique. Là, se
confesser n'est rien. On se ferait scrupule d'y
manquer ; mais on y va comme à toute autre
affaire, ou, pour mieux dire, comme à la
plus facile et à la plus simple de
toutes.
Le confesseur
expédiera en une heure dix pénitents,
quinze pénitents; dix fois, quinze fois en
une heure il laissera tomber son Je t'absous,
machinalement précédé d'une
condamnation à quelque petite
pénitence que le fidèle accomplira
non moins machinalement. Que devient, sous ces
formes, la justice éternelle au nom de
laquelle un homme est assis sur ce tribunal? Quel
respect, quelle crainte peut-elle inspirer
encore?
Versets 11
et suiv. -
Dévouement de l'apôtre. Son seul but
est de communiquer à ses frères la
vie en Christ, et cette vie toute spirituelle est
seule, à ses yeux, une vie.
344. Verset
16. De
sorte que, dès maintenant, nous ne
connaissons plus personne selon la chair;
même si nous avons connu Christ selon la
chair, nous ne le connaissons plus
ainsi.
A.
L'apôtre ne saurait exprimer plus vivement
à quel point, pour lui, l'esprit est tout.
Ce ne sont pas seulement les hommes ordinaires,
dit-il , qui, selon la chair et tout ce qui s'y
rapporte , n'existent plus pour lui ; Jésus
même , s'il l'a connu dans sa chair, il ne le
connaît plus ainsi , et il ne le
connaît plus que glorifié, esprit
pur.
De là deux
conclusions, l'une générale, l'autre
relative à un des enseignements du
romanisme.
La première,
à laquelle tout nous ramène, c'est
que le christianisme est essentiellement spirituel,
et que tout ce qui tend à lui ôter ce
caractère tend à le défigurer,
à le détruire.
La seconde, c'est
que
saint Paul ne croyait évidemment pas
à la présence réelle dans la
Cène, car jamais homme y croyant
n'imaginerait de dire , sans explication , sans
restriction « Si nous avons connu Christ selon
la chair, nous ne le connaissons plus ainsi.
»
B.
Et ce
n'est pas seulement « Christ selon la chair
» que l'apôtre ne connaît plus ,
ne veut plus connaître ; son spiritualisme
enveloppe d'un même oubli tous les
détails matériels de la
présence et de l'oeuvre du Sauveur sur la
terre. Dans ces longues épîtres toutes
pleines de Jésus-Christ, jamais un mot de
quoi que ce soit de visible qui ait
été conservé comme souvenir de
lui, vêtements, meubles, objets quelconques
possédés ou touchés par lui ;
jamais, en particulier, au milieu de si belles
pages sur sa mort et les fruits de sa mort, jamais
un mot sur ce qui a servi matériellement
à son supplice. Non seulement, comme nous
l'avons déjà remarqué, Paul ne
parlera pas de la vraie croix , de celle où
Jésus expira , mais jamais il ne nommera la
croix comme un symbole qui ait à être
reproduit et à recevoir des
hommages.
Blâmerons-nous
absolument l'usage des croix dans les
églises, dans les cimetières? Non ;
mais à condition qu'on ne leur rende aucun
culte, et que le christianisme, en tout le reste,
soit demeuré assez spirituel pour ôter
tout danger d'eu venir là.
Dans l'Église
romaine , tout, au contraire, a contribué
à faire de la croix l'objet d'un culte ; au
milieu de ce vaste ensemble de
cérémonies, de pratiques, la croix ne
pouvait pas ne pas obtenir de grands hommages , et
la voilà, depuis bien des siècles,
adorée. Elle ne l'est même pas , comme
les saints et leurs statues, indirectement et sous
prétexte de simple vénération
; c'est ouvertement et officiellement que
l'adoration de la croix est enseignée ,
pratiquée.
Les théologiens
vous diront bien que ce n'est pas elle qu'on adore
, mais le grand mystère accompli jadis sur
elle; reste a savoir si c'est ainsi que le commun
des gens entend la chose, et s'il est bien
possible, en fait , que la croix ne devienne pas
plus ou moins, comme toute image , l'objet
réel du culte qu'on lui rend. N'est-ce pas,
d'ailleurs, à quoi l'on pousse? Si on
voulait sincèrement que la croix ne
fût qu'un symbole, que les hommages du peuple
ne risquassent jamais de s'arrêter à
elle, - pourquoi des croix
privilégiées? Pourquoi plus de
grâces promises devant l'une que devant
l'autre? Du moment que certaines croix sont
réputées avoir des vertus
spéciales et une sainteté
particulière, il est inévitable que,
dans ces cas au moins, l'adoration s'adresse
à la croix même, au bois ou au
métal de la croix.
345. Verset
18. Et
tout ce la (régénération, vie
nouvelle) vient de Dieu, qui nous a
réconciliés avec lui par
Jésus-Christ, et qui nous a confié le
ministère de la
réconciliation.
On a fait signifier
à ces mots que le prêtre est le
ministre, l'opérateur de la
réconciliation ; on les a cités ,
soit en faveur du droit sacerdotal de lier et de
délier, soit en faveur de l'idée que
le prêtre, dans la Messe, offre un
véritable sacrifice, réconcilie la
terre avec le ciel.
Cette
interprétation a contre elle tout ce qui
suit. Dès le verset suivant , le
ministère de la réconciliation n'est
plus que la parole de la réconciliation ; il
s'agit , non pas d'opérer quoi que ce soit ,
mais de prêcher la réconciliation
opérée par Jésus-Christ.
« Nous sommes , ajoute l'apôtre , les
ambassadeurs de Jésus-Christ ; c'est Dieu
qui , par nous , vous exhorte ; nous vous
conjurons, au nom de Christ, de vous
réconcilier avec Dieu.» Enfin , au
verset 21 , l'apôtre rappelle le sacrifice de
Jésus-Christ, mais comme un fait accompli
une fois pour toutes , comme une doctrine à
prêcher, nullement comme une chose qui ait
à se renouveler jamais par les mains de qui
que ce soit. Donc, le ministère de la
réconciliation, c'est simplement la
prédication du salut en
Jésus-Christ.
L'apôtre s'est efforcé de se rendre digne de ce beau titre de ministre et d'ambassadeur de Jésus-Christ. Que les Corinthiens répondent donc, à son zèle et à son amour. Qu'ils soient le temple du Dieu vivant.
Joie de l'apôtre lorsqu'il a appris, par Tite, les bonnes dispositions des Corinthiens. Il ne se repent pas de les avoir affligés, puisque cette affliction les a portés à une salutaire repentance. Affection de Tite pour eux.
Éloges donnés aux Églises dé Macédoine, qui, affligées et pauvres, ont contribué largement à la collecte pour les chrétiens de Judée. Que les Corinthiens, plus riches , ne restent pas en arrière. Envoi de Tite et de deux autres frères pour recueillir les aumônes.
Nouvelles exhortations à la libéralité chrétienne. Elle fournit, à ceux qui en sont l'objet, des occasions de glorifier Dieu.
Que les ennemis de Paul ne le forcent pas d'user contre eux de son autorité apostolique. Nature de cette autorité.
346.
Versets 4 et 5.
Les armes de notre guerre ne sont point charnelles,
mais puissantes en Dieu pour renverser les
forteresses, détruisant les raisonnements et
tout orgueil qui s'élève contre la
science de Dieu, et amenant toute pensée
captive à l'obéissance de
Christ.
L'énergie de ces
dernières images fait d'autant mieux
ressortir la déclaration qui
précède : « Les armes de notre
guerre ne sont point charnelles. » Saint Paul
n'avait pas besoin de nous le dire ; l'ensemble de
ses enseignements le montre assez, et
Jésus-Christ l'avait dit avant lui. Mais
nous demanderons ce qu'a donc fait de cette
déclaration une Église qui a toujours
et partout, quand elle l'a pu, employé ces
« armes charnelles, » et qui, en faisant
aux princes un devoir de les lui prêter, en
célébrant ceux qui les lui
prêtaient, a pris la responsabilité de
tant de persécutions, de tant
d'horreurs.
Bossuet a beau se
prononcer contre la Saint-Barthélemy ; il ne
peut faire qu'elle n'ait été
approuvée, dans le temps , par le pape , par
tout le clergé d'Italie, par tout le
clergé d'Espagne , et , à quelques
exceptions près, par tout le clergé
de France. Il a écrit lui-même, dans
sa Politique tirée de l'Écriture
Sainte, que ceux qui ne veulent pas que le prince
use de rigueur en religion «sont dans une
erreur impie, » et on sait assez les
éloges que Louis XIV a reçus de lui
pour n'être pas tombé dans cette
erreur.
Ces doctrines,
assoupies
pendant la seconde moitié du
dix-huitième siècle et le premier
tiers du dix-neuvième, ont reparu dans une
foule d'écrits , à peine
tempérées par l'adoucissement des
moeurs et la nécessité de ne pas tout
dire ouvertement. Impossible donc de se figurer que
la persécution, dans le catholicisme, ait
été quelque chose d'accidentel et de
temporaire; c'est lui-même, aujourd'hui, par
la bouche de ses plus fervents apôtres,
officiels ou officieux, qui nous la montre
inhérente à ses
principes.
Versets 6
et suiv. -
Saint Paul ne s'est point attribué une
autorité qui ne lui appartînt pas; il
ne s'est point non plus approprié le fruit
des travaux de qui que ce soit, et il ne le fera
jamais.
347.
Versets 15 et 16.
Nous ne nous glorifions point outre mesure, car
nous ne nous glorifions point des travaux d'autrui
; mais nous espérons que, votre foi
étant augmentée, nous nous
étendrons beaucoup plus loin, selon le champ
de travail qui nous est assigné, en
prêchant l'Évangile dans les pays qui
sont au delà du vôtre, sans nous
glorifier de ce qui est déjà fait
dans le champ de travail des
autres.
Nouvelle
confirmation de
ce que nous avons dit sur l'impossibilité
d'admettre que Paul, une fois à Rome,
n'eût pas parlé des travaux de saint
Pierre. Remarquez qu'il parle
précisément de son projet de porter
l'Évangile au delà de la
Grèce; là aussi, dit-il, il ne
s'attribuera jamais ce qui ne lui appartiendrait
pas. Et c'est là, c'est dans les
épîtres écrites de Rome, qu'il
aurait passé sous silence, non un obscur
compagnon d'oeuvre, mais saint Pierre, mais le
fondateur et l'évêque de cette
Église, mais le chef, selon vous, de
l'Église universelle !
Légèreté des Corinthiens, toujours prêts à écouter de nouveaux docteurs.
348. Verset
5. Je
pense pourtant n'avoir été
inférieur en rien aux plus éminents
apôtres.
Si saint Paul a
admis la
suprématie de saint Pierre, ces paroles sont
inexplicables, car, d'après le contexte,
elles embrassent la question de l'autorité
de saint Paul, aussi bien que celle de son
zèle.
On peut aussi les
considérer comme ironiques. Les
éminents apôtres ne seraient alors que
les docteurs qui se sont élevés
contre saint Paul, s'efforçant de le
rabaisser.
La Vulgate s'en
tient au
premier sens, autorisant, par conséquent,
l'observation que nous en tirons. Mais, comme cette
observation l'effraie , elle a tâché
de l'amoindrir; au lieu de: «Je pense n'avoir
été inférieur en rien,»
elle met: « Je pense n'avoir rien fait de
moins. Existimo nihil me minits fecisse.»
Sacy, quoique traduisant habituellement sur la
Vulgate, a reculé devant cet
expédient; il traduit: «Je ne pense pas
avoir été inférieur en rien
aux plus grands d'entre les apôtres. »
Il laisse donc la difficulté entière,
et une solution dans le sens romain est
impossible.
Elle ne l'est pas
moins,
au reste, en dehors de ce passage. Où
avez-vous vit et où verrez-vous saint Paul
se considérer comme inférieur
à qui que ce soit d'entre les
apôtres?
Versets 7
et suiv. -
Travaux et souffrances de l'apôtre. Lequel de
ceux qui entravent son ministère peut se
vanter d'avoir autant souffert?
349. Verset
28. Outre
ces souffrances du dehors, je suis
assiégé tous les jours par les soucis
que me donnent toutes les
Églises.
- Saint Paul semble
se
complaire à dire tout ce qui, dans le
système romain, devrait être dit par
saint Pierre. Le voici parlant des soucis que lui
donnent « toutes les Églises. »
Veut-il dire toutes, à la lettre?
Probablement non ; encore l'avez-vous vu,
ci-dessus, s'occuper activement de celle de
Jérusalem, dont il n'avait pas
été l'apôtre. Mais enfin, le
mot y est: Toutes les Églises; c'est bien
autrement vaste que la tournée faite par
saint Pierre dans celles de Judée,
tournée qu'on prétend citer (voir 229)
en
preuve de la suprématie de saint Pierre.
Toutes les Églises! Que ne donnerait pas
l'Église romaine pour que ce mot fût
dans une épître de saint
Pierre?
L'apôtre s'excuse d'avoir tant parlé de lui. Il ne l'a fait que pour défendre l'honneur de son ministère. Révélations qui lui ont été accordées. Il retournera chez les Corinthiens, et sera sans pitié pour les faux docteurs et les vicieux.
Nouvelles menaces de l'apôtre. Exhortations à en prévenir l'effet.
350. Verset
5.
Examinez-vous vous-mêmes pour voir si vous
êtes dans la foi. Éprouvez-vous
vous-mêmes. Ne pouvez-vous pas
reconnaître vous-mêmes si
Jésus-Christ est en vous ? A moins que
peut-être vous ne fussiez
réprouvés.
Autant de conseils
incompatibles avec le système romain, et qui
ne pourraient être adressés à
des catholiques. Les Corinthiens peuvent
reconnaître eux-mêmes, leur dit saint
Paul, si Jésus-Christ est en eux. Comment le
peuvent-ils? Il ne le leur dit pas en cet endroit ;
mais le conseil prouve suffisamment qu'il ne leur
avait pas représenté la chose comme
impossible. Que signifierait, surtout,
adressée à des catholiques,
l'invitation : « Examinez-vous
vous-mêmes pour voir si vous êtes dans
la foi? »
Le catholique ne
sait,
pas, ne peut pas savoir, par lui-même, ce qui
est à croire ou à ne pas croire ;
c'est au prêtre à le lui dire, au
prêtre à lui apprendre s'il est ou non
dans la foi.
L'invitation de
saint
Paul suppose donc que la foi est l'affaire de
chacun, que chacun doit travailler sur sa foi, que
chacun en est responsable. À quoi
entendait-il que les Corinthiens recourussent pour
juger si leur foi était la vraie ?
Évidemment, aux souvenirs de sa
prédication. Nous ne vous demandons que d'y
recourir aussi; vous le pouvez d'autant mieux que
vous les avez par écrit, ces souvenirs,
tandis que les Corinthiens ne les avaient eus
longtemps que dans leur mémoire faillible.
Ils reçurent deux épîtres de
saint Paul , et vous en avez quatorze,
accompagnées d'autres épîtres,
précédées des quatre
Évangiles. Examinez-vous. donc
vous-mêmes « pour voir si vous
êtes dans la foi, » dans la foi de saint
Paul, dans la foi de ses épîtres, dans
la foi du livre qui les renferme.
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