.
260.
Versets 1 et 7.
Paul, serviteur de Jésus-Christ... À
vous tous qui êtes à
Rome...
Trois remarques
seraient
à répéter à chaque
chapitre, à chaque verset, pour ainsi dire,
de cette longue épître.
Aucune mention de
saint
Pierre comme présent à Rome, ou comme
y étant jamais allé.
Aucune mention de
saint
Pierre comme chef de l'Église, car, dans
toute l'épître, il n'est pas
même nommé.
Aucune mention,
enfin,
d'aucun privilège attribué à
la ville de Rome, à l'Église de cette
ville on à l'évêque de cette
Église.
Qu'on veuille bien
ne pas
oublier ces trois remarques que nous aurons soin,
d'ailleurs, de rappeler de loin en loin,et en sera
obligé de reconnaître que
l'épître aux Romains n'est pas plus
romaine que les autres, pas moins embarrassante
pour le romanisme en général et la
papauté en particulier.
261. Verset
8. Avant
toutes choses, je rends grâces au sujet de
vous tous à mon Dieu, par
Jésus-Christ, de ce que votre foi est
renommée dans le monde
entier.
Donc, a-t-on dit, le
monde entier avait déjà les yeux sur
cette Église. On oublie que saint Paul,
écrivant aux Thessaloniciens, s'exprime (1
Thess. I, 8) absolument de même ; on oublie
surtout que la phrase ainsi entendue aurait contre
elle l'épître entière, qui,
répétons-le, ne mentionne aucun
privilège d'aucun genre attribué au
corps des chrétiens de Rome. L'Église
de la capitale dut naturellement être plus en
vue que d'autres, et ce fut là, plus tard,
une source de privilèges ; mais que saint
Paul, ici, ait fait allusion à des
privilèges existants, c'est ce que les mots
ne disent point, et l'ensemble encore
moins.
Saint Paul parle aux
Romains comme aux Corinthiens, comme aux Galates,
comme à toutes les Églises auxquelles
nous le voyons écrire; il n'en est
même aucune a laquelle il ait dit si
nettement qu'elle pouvait tomber. Parlant, au
chapitre XI, de la chute des Juifs,
représentés sous l'image d'un olivier
dont Dieu a coupé les branches,
qu'ajoute-t-il ? « Les branches, diras-tu
peut-être, ont été
retranchées afin que je fusse enté.
Cela est vrai ; mais les branches ont
été retranchées à cause
de leur incrédulité, et toi tu
subsistes par la foi. Ne t'élève
cependant point avec orgueil, mais crains; car si
Dieu n'a point épargné les branches
naturelles, crains qu'il ne t'épargne pas
non plus. »
Saint Paul admet
donc
pleinement que l'Église à laquelle il
parle pourrait être un jour, comme les Juifs,
« retranchée à cause de son
incrédulité. »
262. Versets 11
, 13 et
15. Car j'ai grand désir de vous voir, pour
vous faire part de quelque don spirituel, afin que
vous soyez affermis... J'ai souvent projeté
de vous aller voir, afin de recueillir quelque
fruit parmi vous, comme parmi les autres nations..
Ainsi, autant qu'il dépend de moi, je suis
prêt à vous annoncer aussi
l'Évangile, à vous qui êtes
à Rome.
Autant de paroles
qui
rendent, non seulement invraisemblable, mais
absurde, l'idée que saint Pierre fût
en ce moment à Rome ou qu'il y eût
été précédemment. Vous
ne pouvez échapper qu'en supposant que Paul
n'en savait rien, supposition absurde encore,
d'autant plus que Paul, dans l'épître
même, se montre parfaitement bien
informé de tout ce qui se passait à
Rome (voir 289).
Notez
que cette épître est de l'an 56,
peut-être de l'an 57, époque où
le séjour de Pierre à Rome, selon la
tradition romaine, aurait déjà
duré quinze ans.
Il en dura
vingt-cinq,
vous dit-on ; et pourtant, de quelque
manière qu'on fasse le calcul, ce ne sont ni
deux, ni quatre, ni dix ans qui manquent : on ne
sait où trouver une seule année qui
puisse avoir vu saint Pierre à Rome. La
tradition place sa mort, comme celle de saint Paul,
en 66 ou 67. Or, le livre des Actes nous le montre
à Jérusalem, à
Césarée, à Antioche, jusqu'en
51 ou 52 ; il ne reste donc déjà plus
que quatorze ou quinze ans. Ces quatorze ou quinze
ans se sont-ils écoulés à Rome
? En 56 ou 57, Paul écrit
l'épître aux Romains, et nous venons
de voir avec quelle évidence il en ressort
que Pierre n'était pas chez eux, n'avait pas
été chez eux. En 62 ou 63, il
écrit de Rome aux Philippiens, aux
Éphésiens, aux Colossiens ; il leur
donne une foule de détails sur ce qu'il a
fait et vu. Rien sur Pierre. En 66 ou 67,
l'année même de sa mort, il
écrit encore de Rome à
Timothée ; il lui raconte son isolement, ses
souffrances, et, de saint Pierre, pas un
mot.
Devant ces faits,
devant
ces chiffres, que peut prouver une tradition dont
la première trace appréciable
n'apparaît qu'au milieu du second
siècle? N'est-ce pas plutôt un
problème que d'expliquer comment a pu
surgir, à moins d'un oubli complet du
Nouveau Testament, l'idée de
l'épiscopat de Pierre à
Rome?
Clément-Romain,
vers l'an 100, écrivant de Rome aux
Corinthiens, leur parle du zèle de saint
Paul, venu, dit-il, jusque dans l'occident, pour y
apporter l'Évangile, et il insiste, à
deux reprises, sur ce voyage d'occident. Quelques
lignes plus haut, parlant du zèle de saint
Pierre, il ne dit rien de semblable. Ainsi, au
commencement du second siècle, non seulement
l'évêque de Rome ne se dit pas le
successeur de saint Pierre, mais il ignore que
saint Pierre ait jamais été à
Rome.
Versets 21
et suiv. -
Tableau des corruptions du paganisme.
263. Verset 25.
Et ils ont
changé la gloire du Dieu incorruptible en
des images représentant l'homme
corruptible...
Que dirait donc
saint
Paul en voyant Dieu, dans tant de tableaux
catholiques, sous la figure d'un
vieillard?
Toute image donne au
culte une direction charnelle. Grossière,
elle rabaissera l'être qu'elle
représente; irréprochable, comme
objet d'art, ou elle ne sera qu'un objet d'art, ou
elle risquera de changer la piété en
de tout autres sentiments, et c'est ainsi, par
exemple, que le culte de la Vierge a souvent
été plus ou moins celui de la
beauté. Quand saint Paul, dans les versets
qui suivent, signalait si bien l'influence du culte
des images sur les progrès du
matérialisme chez les nations païennes,
ses lecteurs furent sûrement loin de penser
qu'une, observation analogue dût être
un jour à faire sur des nations
chrétiennes.
Que les Juifs ne se considèrent pourtant pas comme plus justes que les païens , car chacun sera jugé sur la loi qu'il a pu connaître. Les Juifs, par leur impénitence, s'amassent un trésor de colère pour le jour « du juste jugement de Dieu...
264.
Versets 6 et 11.
Qui rendra à chacun selon ses oeuvres... Car
Dieu n'a point égard à l'apparence
des personnes.
Nous avons vu
(note
4)
cette même doctrine dans la bouche de
Jésus-Christ. Ne pas se reposer sur ce qu'on
est fils d'Abraham ; ne pas s'imaginer, avons-nous
conclu, qu'on puisse se croire sauvé par le
fait d'appartenir à telle ou telle
Église, cette Église fut-elle,
d'ailleurs, la plus pure et la plus sainte. Dieu ne
regarde pas au nom, à l'apparence, au
drapeau, mais au coeur.
265. Verset
29. Mais
celui-là est ( véritablement)
israélite, qui l'est
intérieurement...
Si l'apôtre a dit
cela des Juifs, si l'accomplissement de tant de
cérémonies et d'observances,
prescrites pourtant par la loi de Dieu, lui a paru
ne pouvoir faire un israélite
véritable, un légitime
héritier des promesses, que dirons-nous,
sous la loi esprit et vie, d'un homme qui cherchera
dans les pratiques, dans les formes, cette
sanctification qu'elles ne donnaient pas,
même sous l'ancienne loi? Que dirons-nous
d'une Église qui encourage ses
fidèles à chercher là leur
salut, et qui leur en fournit
perpétuellement l'occasion?
Ces déclarations
de saint Paul ont ici d'autant plus de
gravité, qu'elles entrent, vous le voyez,
dans la structure d'un raisonnement complet.
L'apôtre, dans ces premiers chapitres, pose
la base de ce qu'il va enseigner, la base de tout
le système chrétien. Chaque
idée est donc importante, essentielle, et il
n'en est aucune sur laquelle nous n'ayons le droit
d'insister.
Le privilège des Juifs, peuple de Dieu, ne les empêche pas d'être condamnés pour leurs péchés. A la justice que l'on cherchait en vain dans l'observation, toujours imparfaite, des oeuvres de la loi, succède une autre justice. Laquelle?
266.
Versets 22, 24,
28. La justice venant de Dieu, par la foi en
Jésus-Christ, en tous ceux et sur tous ceux
qui croient... Étant justifiés
gratuitement par sa grâce, par la
rédemption qui est en Jésus-Christ...
Nous concluons donc que l'homme est justifié
par la foi, sans les oeuvres de la
loi.
Concluez donc aussi
qu'on
est d'accord avec saint Paul quand on vous parle de
la justification par la foi, par la foi « sans
les oeuvres, » ce qui ne veut pas du tout dire
qu'il soit permis d'en faire de mauvaises ou de
n'en point faire de bonnes. Nous
développerons cela plus loin.
Ce que nous
reprochons
donc à l'Église romaine, c'est, sinon
d'enseigner officiellement que le salut
s'achète par les oeuvres, du moins de donner
aux oeuvres une valeur, une importance telle, qu'il
devient impossible de ne pas les considérer
comme payant le salut. L'enseignement
théologique n'est pas ce qui fait la foi des
peuples; ils croient ce que leur prêche
l'enseignement de tous les jours, l'enseignement
pratique, et, si cet enseignement est dans le sens
du salut par les oeuvres on aura beau nous montrer
l'autre doctrine dans des symboles, dans des livres
: le salut par les oeuvres n'en sera pas moins, en
fait, celle de l'Église romaine. Que
devient, avec celle-là, le dogme de la
rédemption? Qu'importe qu'on ne le nie pas
en théorie, si, en réalité, on
vous fait croire ou on vous laisse croire que c'est
vous qui payez votre salut, qui faites votre salut?
Quelle différence restera-t-il entre le
christianisme et la religion dite des
honnêtes gens, celle qui promet le ciel
à quiconque n'aura fait tort à
personne et se sera montré, dans l'occasion,
quelque peu bienfaisant? Est-ce là ce que
vous paraît prêcher ici saint Paul? Il
vous expliquera bientôt plus
complètement sa doctrine; mais ce que vous
venez d'en voir suffit déjà pour vous
faire comprendre, au moins en gros, que le
christianisme de l'Église romaine n'est pas
celui du Nouveau Testament.
L'apôtre montre que, même sous l'ancienne loi, la justification était attachée, non aux oeuvres, mais à la foi ; seulement, l'objet de la foi est devenu positif, clair : c'est Jésus-Christ, mort pour nos offenses, ressuscité pour notre justification.
267. Verset
1.
Étant donc justifiés parla foi, nous
avons la paix avec Dieu par Jésus-Christ,
Notre Seigneur.
La paix, la
véritable paix, ne peut donc venir des
oeuvres c'est ce que confirme l'histoire de
beaucoup de chrétiens, même
catholiques. Si vous restez dans
l'indifférence et dans le vague, vous pouvez
être en paix, comme tant d'autres, en vous
disant que vous êtes un honnête homme;
mais, pour peu que la question du salut vous
préoccupe, jamais vous ne serez tranquille
en le cherchant dans les oeuvres, car vous
craindrez toujours de n'en avoir pas assez fait.
Voyez ces gens qui ont passé leur vie
à se torturer d'austérités.
L'Église romaine en a fait des saints, et
leur histoire n'est qu'un long argument contre
elle. Pourquoi y revenaient-ils sans cesse,
à ces austérités, à ces
tortures? Pourquoi les plus pieux, au lit de mort,
auraient-ils voulu vivre encore pour se torturer
encore ? Parce qu'ils n'avaient pas confiance, au
fond, en l'efficacité. de ces oeuvres
douloureuses. Un regard vers Jésus, mais un
regard dégagé de la
préoccupation des oeuvres, leur eût
donné plus de paix que cent ans de ces
oeuvres-là.
268. Verset
12. De
même que, par un seul homme, le
péché est entré dans le monde,
et, par le péché, la mort, de
même aussi la mort est passée dans
tous les hommes, parce que tous ont
péché.
Cette idée va
revenir plusieurs fois, et toujours saint Paul
parlera de tous. Aucune exception pour Marie. Vous
n'avez rien, ni ici, ni ailleurs, qui vous autorise
à la voir en dehors de la loi commune, pas
plus avant sa naissance qu'après. Aucune
trace de son Immaculée Conception.
269. Verset
18. Comme
donc c'est par la chute d'un seul que tous les
hommes sont tombés dans la condamnation, de
même c'est par la justice d'un seul que vient
à tous les hommes la justification qui donne
la vie.
Un seul, la justice
d'un
seul, la grâce d'un seul, l'obéissance
d'un seul, quatre fois, du verset 15 au verset 19,
la même idée et le même mot.
Essayez de trouver là une place pour les
mérites des saints; voyez si saint Paul
aurait pu mieux dire et redire que Jésus est
seul, absolument seul, l'ouvrier de notre
salut.
Les théologiens
romains vous diront bien, pour paraître
d'accord avec l'apôtre, que les
mérites des saints tirent eux-mêmes
leur valeur de ceux de Jésus-Christ; mais
c'est encore une de ces distinctions de
théorie auxquelles , dans la pratique,
personne ne songe plus, et qui, par
conséquent, n'ôtent rien à nos
remarques. La vérité est que les
saints, dans l'Église romaine, obtiennent
une somme totale de confiance, de reconnaissance et
d'amour, infiniment supérieure à
celle dont Jésus reste l'objet. Ne parlons
même pas de ce qu'ils obtiennent en somme; il
n'est aucun d'eux qui ne soit, pour un certain
nombre de fidèles, leur seule
espérance, leur seul maître, et,
à très peu près, leur seul
Dieu.
270.
Versets 1 et 2.
Que dirons-nous donc? Demeurerons-nous dans le
péché afin que la grâce ait
occasion d'abonder? À Dieu ne plaise ! Une
fois morts au péché, comment y
vivrions-nous encore?
N'objectez donc pas
que
la doctrine de la justification par la foi, du
salut par grâce, peut encourager à
pécher; n'écoutez pas les
amplifications absurdes que vous entendez faire
là-dessus. L'apôtre, vous le voyez, va
au-devant de cette objection. « Une fois morts
au péché, dit-il, comment y
vivrions-nous encore ?» Ainsi, être
justifié par la foi et mourir au
péché, c'est, à ses yeux, une
seule et même chose.
Celui qui met en
Jésus son espérance, toute son
espérance, a nécessairement, par cela
même, l'horreur du péché la
grandeur du pardon le pénètre de la
grandeur de l'offense. Il ne peut plus commettre
une faute, même légère selon
les hommes, sans se voir aussitôt en face de
son Sauveur, en face de tout ce que son Sauveur a
fait pour lui. Le sentiment et l'horreur du
péché sera donc nécessairement
tout autre, avec cette doctrine, que dans une
Église où le pardon est offert sous
toutes les formes, s'accommode à chaque
péché, s'acquiert de toutes les
manières, se renouvelle autant qu'on veut,
et ,vous met en présence, non de la
rédemption dans sa grandeur, mais d'un tas
de facilités dangereuses qui ne peuvent que
diminuer, à vos yeux, la gravité de
vos fautes.
Versets 3
et suiv. -
Développement de la même idée.
La mort de Jésus-Christ est le symbole de
cette mort au péché, dont
l'apôtre vient de parler. Le chrétien
renaît. par la foi, à une vie
nouvelle; mais, affranchi du péché,
il devient esclave de la justice.
Le chrétien est délivré du joug de la loi mosaïque , mais il est tenu de servir Dieu dans un esprit nouveau. Deux hommes en lui : l'homme intérieur, qui prend plaisir à la loi de Dieu ; l'homme charnel, qui se remet sans cesse sous la loi du pêché.
271.
Versets 24 et 25.
Malheureux que je suis! Qui me délivrera de
ce corps de mort ? Je rends grâces à
Dieu par Jésus-Christ notre
Seigneur.
Je rends grâces
suppose que la réponse est trouvée.
C'est donc comme s'il disait : Celui qui me
délivrera de l'empire de ce corps de mort,
c'est Dieu, par Jésus-Christ
En s'écriant :
Malheureux que je suis ! l'apôtre a-t-il la
pensée de raconter sa propre histoire, ou ne
parle-t-il qu'en général? N'importe;
ce qui est à noter, c'est qu'il ne se met
point à part, qu'il se reconnaît
pécheur, sauvé par grâce,
nécessairement par grâce. C'est tout
ce qu'il nous faut pour combattre la doctrine des
mérites surabondants. Cette humilité
d'un saint Paul, tous les vrais saints l'ont eue;
l'exploitation de leur sainteté par
l'Église romaine est tout aussi contraire
à leurs sentiments qu'à
l'Évangile.
272. Verset
1. il n'y
a donc maintenant aucune condamnation pour ceux qui
sont en Jésus-Christ, qui ne marchent pas
selon la chair, mais selon
l'esprit.
Lisez et relisez ce
beau
chapitre; c'est le résumé de
l'Évangile, et le résumé, par
conséquent, de tout ce qu'on peut avoir
à dire sur ce qui est contraire à
l'Évangile.
Lisez-le cependant
plutôt en laissant de côté
toutes les questions de détail que nous
avons dit aborder et devrons aborder encore.
Quiconque se sera nourri de ce chapitre, quiconque
sera arrivé à en avoir les
idées dans l'esprit et les sentiments dans
le coeur, sa religion ne pourra plus être
celle que nous attaquons ici. Qu'il porte ou ne
porte plus le nom de catholique, il ne le sera
plus, et il ne pourra plus l'être. C'est tout
ce que nous demandons. Appelez-vous comme vous
voudrez; seulement, soyez chrétien.
Incrédulité des Juifs. Leur réjection et la vocation des gentils ne sont pas en contradiction avec, les promesses de Dieu, qui choisit librement les objets de ses grâces
273. Verset
20. Qui
es-tu donc, ô homme, pour contester avec
Dieu? Le vase d'argile dira-t-il à celui qui
l'a façonné: Pourquoi m'as-tu fait
ainsi?
Nous ne pouvons
légitimement discuter ni les desseins de
Dieu, ni, par conséquent, ses enseignements;
ce qui nous est révélé, ce qui
est écrit dans la Bible, il y aurait
révolte à nous en faire les juges.
Mais il serait tout aussi irrespectueux envers la
Bible, envers Dieu, de recevoir comme venant de lui
tout ce qu'on nous dira venir de lui. Le catholique
le plus soumis à l'autorité romaine
s'assurera pourtant, dans l'occasion, si c'est bien
d'elle que vient ce qu'on lui enseigne en son nom ;
il ne croirait pas l'honorer en acceptant des
doctrines quelconques , pourvu qu'on les lui
donnât comme venant d'elle. Que vous
demandons-nous d'autre, au fond, quand nous vous
demandons d'examiner, comme les Juifs de
Bérée (note
246),
si les choses sont comme on vous les dit? Ne vous
laissez pas effrayer par cette objection, tant
exploitée, que le libre examen soumet Dieu
même à son jugement. L'apôtre
qui vous dit ici : « Qui es-tu pour contester
avec Dieu?» C'est ce même saint Paul qui
trouvait bon que les Béréens
examinassent. Aucune opposition, par
conséquent, entre les deux choses. Le libre
examen n'est pas le droit de rejeter quoi que ce
soit des enseignements de Dieu; c'est le droit de
rejeter tout ce qui n'en est pas. Ce n'est pas le
droit de juger la Bible ; c'est le droit de juger,
par elle, tout ce qui est enseigné en son
nom.
Nous ne faisons,
ici, pas
autre chose.
Israël est tombé patte qu'il a voulu chercher en lui-même sa justice. au lieu de recevoir humblement celle qui vient de Dieu; mais, Juifs ou gentils, tous ceux qui accepteront celle-ci, et qui, pour la recevoir, invoqueront le nom de Jésus-Christ, seront sauvés.
274.
Versets 14, 15,
17. Mais comment l'invoqueront-ils s'ils ne croient
pas en lui? Et comment croiront-ils s'ils n'ont pas
entendu parler de lui? Et comment entendront-ils
parler de lui si personne ne le leur annonce? Et
comment le leur annoncera-t-on s'il n'y en a pas
qui soient envoyés?_ La foi vient donc de ce
qu'on entend...
On a vu dans ces
mots
beaucoup de choses : nécessité d'une
autorité enseignante, impossibilité
d'arriver à la foi sans elle, et,
là-dessus, tout le système
romain.
A. Suivez
le raisonnement de saint Paul,
et vous n'y apercevrez rien de semblable. Il vient
de dire que, Juifs ou gentils, tous ceux qui
invoqueront le nom du Christ seront sauvés ;
il part de là pour montrer que
l'Évangile doit donc être
prêché, non pas aux Juifs seulement,
mais à tous. S'agit-il là de la forme
qu'aura cette prédication? Nullement ;
l'apôtre, dans ce moment même, ne parle
pas, ne prêche pas, mais écrit, et
cela seul montre assez que ce qu'il dit embrasse la
prédication en général,
l'écriture comme la parole, l'ensemble, en
un mot, des moyens par lesquels un homme est
conduit à la connaissance de
l'Évangile. « Tous étant
appelés, l'Évangile doit être
annoncé à tous. » Voilà
le résumé des trois versets. C'est se
jouer de l'auteur que de lui faire énoncer
là un système
ecclésiastique.
B. Avec
cet
empressement
à voir son système partout,
l'Église romaine est-elle au moins
arrivée à le constituer clairement et
définitivement? - Nous avons vu que
l'autorité réside, selon les uns,
dans le pape; selon d'autres, dans les conciles;
selon d'autres, dans l'accord du concile et du
pape; selon d'autres, dans l'Église , seule
en droit de ratifier ce qu'aura
décidé pape ou concile, pape et
concile. Que ce désaccord, en pratique, ne
soit pas toujours visible, tous ayant
intérêt à le voiler,- peu
importe; attaqués au nom d'un
système, nous avons le droit d'exiger que
ceux qui s'en arment contre nous commencent par
s'entendre entre eux, mais sérieusement et
tout de bon, non au moyen de ces compromis sans fin
grâce auxquels se maintient l'unité,
romaine extérieure. L'autorité,
jusque-là, ce ne sera pas un système,
mais un grand mot couvrant quatre systèmes,
un lien factice et menteur entre des choses
profondément diverses.
Les Juifs ne sont point rejetés en masse; ceux qui ont accepté le salut par grâce sont sauvés.
275. Verset
6. Mais si
c'est par grâce, ce n'est plus par les
oeuvres, car autrement la grâce n'est plus
grâce.
Toujours cette
doctrine.
Elle répugne à l'homme naturel, qui
ne renonce pas facilement à compter sur ses
oeuvres; mais elle devient ensuite la source des
plus pures joies. Il est infiniment plus doux de se
sentir sauvé par l'amour de Dieu et le sang
de Christ, que de s'imaginer qu'on le sera par
soi-même et par ses oeuvres. Nous avons
déjà Vu (note
267) que c'est
aussi
beaucoup plus rassurant.
Versets 11
et suiv. -
Paul veut donc travailler avec toujours plus de
zèle à l'évangélisation
des païens.
276.
Versets 13 et 14.
Car, je le dis à vous, gentils: En
qualité d'apôtre des gentils, je
glorifie mon ministère, m'efforçant
d'exciter de l'émulation chez ceux de mon
sang, et d'en sauver quelques-uns
Saint Paul
pourrait-il se
donner ici à lui-même ce nom
d'apôtre des gentils, des païens, si les
païens convertis auxquels il parle avaient
été évangélisés
par saint Pierre? Pourrait-il, dans tout ce
chapitre, ne faire aucune mention des travaux de
saint Pierre parmi eux? Vous verrez cependant
ailleurs avec quel soin il rappelle et loue les
travaux de ses moindres compagnons
d'oeuvre.
Versets 25
et suiv. -
Que les païens convertis ne s'enorgueillissent
pourtant pas. Ils peuvent tomber (voir
261) ;)es Juifs,
d'ailleurs, obtiendront un jour
miséricorde.
Exhortation à la vie chrétienne, à l'humilité , à l'union.
277.
Versets 4 et 5.
Car de même que nous avons plusieurs membres
dans un seul corps, et que tous ces membres n'ont
pas une même fonction, de même nous,
quoique nous soyons plusieurs, nous sommes un seul
corps en Christ.
S'agit-il là de
l'unité comme on l'entend dans
l'Église romaine? Non. Aucune mention d'une
unité organisée, visible; c'est en
Christ qu'il s'agit d'être un seul corps.
Saint Paul, d'ailleurs, ne parle point ici de
l'Église universelle. Il s'adresse aux
chrétiens de Rome; il leur parle de l'union
qui doit régner, en Christ, dans leur
Église, dans l'Église de la ville de
Rome. Sans doute, l'union en Christ doit
régner dans l'Église universelle;
mais, encore une fois, ce n'est pas de
l'Église universelle qu'il est question ici,
ni d'une unité extérieure, ni d'une
organisation quelconque. Chacun, selon le don qu'il
a reçu de Dieu, doit concourir à
l'édification commune; voilà la
pensée de l'apôtre, telle qu'il la
développe dans les versets suivants. C'est
du concours de ces dons que résultera
l'unité, toute spirituelle, de ce qu'il a
appelé « un seul corps en Christ.
»
Les défenseurs de
l'Église romaine croient pouvoir s'emparer
de tout passage où il est question
d'unité, et ces passages, au fond, sont tous
contre elle. Plus l'auteur aura parlé
d'unité, plus sera frappante, en ces
endroits, l'absence de toute mention des moyens
d'unité que le système romain a
consacrés..
278.Verset
11. -...
Servez le Seigneur.
Quand nous disons
que
l'Église romaine accorde aux saints un culte
qui n'est dû qu'à Dieu, on ne manque
jamais de nous répondre par la fameuse
distinction entre le culte de Latrie,
réservé à Dieu, nous dit-on,
et celui de Dulie, celui qu'on accorde aux saints.
Reste à savoir si la différence des
mots fait la différence des choses, et si
les fidèles ne sont pas
inévitablement conduits à confondre
ces deux cultes.
Mais la distinction
même entre les deux mots n'est pas
fondée. Saint Paul nous dit de servir le
Seigneur, et le mot grec est
précisément celui d'où vient
Dulie, celui qui devrait selon le système,
être employé lorsqu'il s'agit des
saints. Même remarque en deux autres endroits
(Rom. VII, 6. Coloss. III, 24). Cette
différence si profonde n'est donc pas
même une différence de mots ; elle n'a
été imaginée que pour les
besoins de la cause. Quand le prêtre appelle
la foule autour d'un saint, et qu'il enseigne
à lui attribuer ou à lui demander
quelque faveur, il sait très bien que ce
saint sera un Dieu pour la foule, et que l'hommage
à lui rendu, n'importe sous quel nom, sera
une véritable adoration.
279. Verset
16. Soyez
unis dans les mêmes
sentiments.
Ce que l'apôtre a
dit (voir note
277)
de l'unité par le concours des dons que
chacun a reçus de Dieu, il le dit maintenant
de l'unité par le concours des sentiments,
car, avant les mots ci-dessus, on lit : «
Soyez dans la joie avec ceux qui sont dans la joie,
et pleurez avec ceux qui pleurent.» Rien donc,
là encore, qui se rapporte au système
romain. La Vulgate met : « Idipsum invicem
sentientes, » et, grâce à
l'ambiguïté du dernier mot, on a
souvent raisonné comme si l'apôtre
parlait de sentiments, dans le sens d'avis,
opinions. « Mêmes opinions,
concluait-on; donc, pour arriver là,
autorité centrale et infaillible.»- Il
serait difficile de se jouer plus
complètement et de saint Paul et de
l'évidence.
280.
Dira-t-on que nos remarques contre
l'unité romaine aboutiraient à faire
repousser toute organisation ecclésiastique,
tout essai de gouvernement dans
l'Église?Nullement.
Toute Église, en
tant que société d'hommes, a besoin
d'une organisation, d'un gouvernement; les Anciens
de chaque Église en étaient
incontestablement les chefs. Chaque Église,
selon les temps et les lieux, a pu modifier cette
institution première ; mais ce que nous
soutenons, c'est qu'elle n'a pu légitimement
le faire que dans le cercle tracé par les
idées et par les faits apostoliques. Elle a
pu choisir un de ses Anciens pour en faire le chef
des autres; elle n'a pas pu légitimement lui
reconnaître un droit divin. Elle a pu trouver
bon que l'Église eût un chef unique ;
elle n'a pas pu légitimement ordonner de le
reconnaître comme institué de Dieu.
Elle a pu faire des symboles; elle n'a pas pu
légitimement les imposer comme expression de
la pensée divine. Elle ne peut, surtout, en
aucun cas, s'intituler l'Église, se
considérer comme l'Église, car le
Nouveau Testament ne connaît pas
l'Église dans ce sens.
L'Église, dans le
Nouveau Testament, c'est tantôt
l'Église particulière dont on parle,
(Église de Jérusalem, Église
de Rome, de la ville de Rome), tantôt
l'Église chrétienne en
général, l'ensemble des
Églises, des chrétiens. Mais
l'Église dans le sens romain ,
l'Église visible universelle,
l'Église avec un centre unique, un chef
unique,- l'Écriture et les premiers temps ne
nous en montrent aucune trace, et, quand ce
système serait excellent en soi, on serait
encore hors du vrai en le disant fondé par
les apôtres.
281. Verset
1. Que
toute personne soit soumise aux puissances
supérieures, car il n'y a point de puissance
qui ne vienne de Dieu, et celles qui subsistent ont
été établies de
Dieu.
Il y a un abîme
entre ces mots et la prétention des papes de
ne reconnaître pour légitimes que les
souverains nommés ou confirmés par
eux, prétention qui dort en ce moment, mais
n'a jamais été retirée. Nous
avons déjà dit (note
130)
que, ce régime eût-il eu les bons
effets qu'on lui attribue, la question de droit
resterait la même : violation flagrante, par
les papes, et de l'esprit et de la lettre des
enseignements scripturaires. Saint Paul n'admet et
ne soupçonne ici, évidemment, rien de
semblable aux droits que l'Église a
revendiqués plus tard.
Versets 8
et suiv.-
Conseils divers sur l'amour du prochain, la
vigilance, la sobriété, la
pureté.
282.
Versets 1 et 2.
Quant à celui qui est faible dans la foi,
accueillez-le sans contestations et sans disputes.
L'un croit pouvoir manger de tout, et l'autre, qui
est faible dans la foi, ne mange que des
légumes.
Ainsi, selon saint
Paul,
c'est être faible dans la foi que de
s'abstenir de viande dans l'idée de plaire
à Dieu. L'homme fort dans la foi
dédaigne les petits moyens; il ne veut
plaire à Dieu que par les grands, seuls
réels, le dévouement, l'amour , la
victoire sur le mal.
Mais, dira-t-on,
dans les
versets suivants, saint Paul paraît ne pas
condamner les abstinences.
Erreur. Les versets
suivants ne sont que le développement du
conseil donné dans le premier: Recevoir avec
charité celui qui est faible dans la foi.
Saint Paul ne fait donc que joindre l'exemple au
précepte. Il excuse ces faibles dans la foi
qui ne mangent pas de viande , mais il s'en tient
à les excuser, et, s'il les excuse comme
faibles , c'est dire assez qu'il ne les excuserait
pas s'ils étaient forts.
Ces petits moyens
ont-ils
au moins l'avantage d'amener la force? Saint Paul
ne le dit pas, et il n'aurait pu le dire. Rien, au
contraire, n'est plus propre à maintenir le
chrétien dans un état de faiblesse;
rien n'est plus propre à le maintenir
enfant. Entrer dans la voie des abstinences, ce
serait, de la part d'un chrétien
déjà fort, un grand pas en
arrière. Elles trompent le fidèle ;
il croit faire beaucoup pour Dieu, et, au fond,
grâce à l'habitude prise, il fait peu,
très peu, beaucoup moins que celui qui aura
vaincu, ou seulement combattu, en quelque guerre
intime sérieuse.
L'apôtre nous
demande d'être indulgents pour qui usera
d'abstinences: il ne parle donc des abstinences que
comme d'une pratique particulière à
quelques-uns, nullement comme d'un système
établi. C'est ce que prouve encore le verset
12 : « Chacun de nous rendra compte à
Dieu pour soi-même. » Ainsi, non
seulement il ne dit pas qu'une Église
chrétienne ait à établir ce
système, mais il condamne,
évidemment, celles qui
l'établiraient, puisque ce serait ordonner
ce qu'il ne s'agit, selon lui, que de
tolérer par charité.
283. Verset
17. Car le
royaume de Dieu ne consiste ni dans le manger ni
dans le boire, mais dans la justice, dans la paix,
et dans la joie par le
Saint-Esprit.
Conclusion et
confirmation de tout ce qui précède.
Quiconque cherchera le Royaume de Dieu, la
sanctification, le salut, dans les abstinences, le
cherchera où il n'est pas. Respectons sa
bonne intention, mais disons-lui qu'il se trompe.
Ne le méprisons pas, mais méprisons
les moyens qu'il emploie , et disons hardiment
qu'une Église qui les consacre, qui les
commande, consacre et commande ce que saint Paul
regardait comme un grand amoindrissement de
l'esprit du christianisme.
284.
Remarquez pourtant bien qu'il ne se
borne pas à dire en quoi ne consiste pas le
royaume des cieux. Il ajoute en quoi il consiste :
Justice, paix et joie par le Saint-Esprit. Si donc
il condamne, d'un côté, ceux qui
enseigneraient à chercher le salut dans des
pratiques , il ne condamne pas moins, de l'autre,
ceux qui se contenteraient de repousser ces
moyens-là, s'imaginant devenir
chrétiens par cela seul, ou, ce qui serait
pis encore, ne songeant qu'à se
délivrer d'un joug. Une révolte
contre l'Église romaine doit être un
retour à l'Evangile ; en renonçant
à chercher le royaume de Dieu où il
n'est pas, il faut immédiatement se mettre
à le chercher où il est. En secouant
les superstitieuses misères des faibles dans
la foi, il faut travailler aussitôt, avec
l'aide de Dieu, à passer dans les rangs des
forts.
285. Verset
1. Nous
devons donc, nous qui sommes (plus) forts,
supporter les infirmités des
faibles.
Qu'appelle-t-il plus
forts? - Évidemment, d'après tout ce
qui précède, ceux qui ne font pas ces
distinctions d'aliments. Ajoutez que saint Paul dit
Nous; il se range donc parmi ceux qui ne les font
pas. Ajoutez encore que ce « Nous »
comprend les chrétiens de Rome. Donc les
chrétiens de Rome, ceux, du moins, que saint
Paul approuve, ne faisaient pas non plus ces
distinctions.
Versets 3
et suiv. -
Citation d'un verset de psaume, et, à ce
sujet, éloge de l'Écriture
Sainte.
286. Verset
4. Car
tout ce qui a été écrit jadis
l'a été pour notre instruction, afin
que, par la patience et par la consolation que
donnent les Écritures, nous ayons
l'espérance.
Que pourraient
signifier
ces paroles si l'apôtre n'approuvait pas que
ces Écritures dont il parle fussent entre
les mains de tous? Que signifieraient-elles , par
exemple, dans une épître aux Romains
actuels? Ils ne trouveraient pas à se
procurer, dans Rome, une seule Bible en leur
langue, ou, s'ils en trouvaient une, ils ne la
liraient qu'en cachette, avec la prison en
perspective.
Le seul moyen de se
débarrasser de ce verset, c'est de supposer
que saint Paul ne dirait pas du Nouveau Testament
ce qu'il disait là de l'Ancien. Ainsi, il ne
dirait pas que les Évangiles ont
été écrits pour notre
instruction et pour notre consolation ; il ne le
dirait pas non plus des Épîtres, y
compris les siennes... - Voilà ce qu'il faut
supposer pour soutenir le système
romain.
Versets 5
et suiv. -
Encore l'unité en Christ (note
279).
Bénédictions de Dieu sur les
païens convertis. L'apôtre Joue ceux de
Rome. Il n'a voulu, dit-il, que leur rappeler ce
qu'ils savaient.
287.
Versets 15, 16,
29.-... Selon la grâce qui m'a
été donnée de Dieu pour
être ministre de Jésus-Christ parmi
les païens, exerçant la sacrificature
de l'Évangile de Dieu, afin que l'oblation
des païens lui soit agréable,
étant sanctifiée par le
Saint-Esprit... Et je sais que, lorsque je viendrai
chez vous, je viendrai avec la plénitude des
bénédictions de l'Évangile de
Christ.
Encore des
assertions
incompatibles avec la supposition que saint Pierre
fût en ce moment à Rome, ou eût
précédemment prêché
à Rome. Il est évident,
d'après ces paroles, que saint Paul se croit
en droit d'annoncer sa venue, sa venue à
lui, Paul, comme une bénédiction plus
grande qu'aucune de celles dont les
chrétiens de Rome avaient été
favorisés jusque-là.
288. Mêmes
versets.
- Saint Paul exerce,
dit-il, la sacrificature de l'Évangile de
Dieu,- et le Nouveau Testament, avons-nous dit
(notes
236
et 256),
ne
donne jamais ce nom au ministère
évangélique, Ce verset nous
contredit-il? Nullement, car il n'y a là
qu'une figure. Les païens sont
représentés sous l'image d'une
oblation à offrir sur l'autel de Dieu, et
saint Paul est le sacrificateur appelé
à offrir cette oblation; il ne fait donc ici
que redire figurément qu'il est
l'apôtre des païens. - Maintenons donc
notre assertion : Le ministre, dans le Nouveau
Testament, n'est jamais appelé
sacrificateur; le ministère n'est jamais
appelé sacrificature.
Cette remarque est
grave
dans la question de la Messe grave aussi contre le
système romain du sacerdoce en
général , du rôle des
prêtres dans l'Église. Le ministre est
un serviteur de Dieu, enseignant à aller
à Dieu; le sacrificateur est un
intermédiaire nécessaire entre Dieu
et l'homme. De là l'intérêt
qu'ont eu les prêtres à se donner pour
sacrificateurs, et à vouloir que le mot
même de prêtre, après n'avoir
signifié que a Ancien, »
signifiât sacrificateur.
289.
Versets 3
à 15. Saluez Priscille et Aquilas, mes
compagnons d'oeuvre en Jésus-Christ...
Saluez Épénète, qui m'est
cher... Saluez... etc.
Vingt-sept personnes
nommées, saluées, et pas un mot pour
saint Pierre. Nouvelle preuve qu'il n'était
pas à Rome.
Nouvelle preuve
aussi
qu'il n'y avait point été. Ce
même saint Paul qui n'aurait rien dit des
travaux de son collègue, de son chef, du
chef de l'Église, le voici rappelant avec le
plus grand empressement les services rendus par
Aquilas et par Priscille; le voici ajoutant
à plusieurs des vingt-sept noms quelques
détails sur ce qu'ont fait ceux qui les
portent. Marie, une Marie inconnue, « a
beaucoup travaillé » pour les
fidèles de Rome. Andronique et Junias sont
« considérables parmi les
apôtres.» Urbain est son «
compagnon d'oeuvre en Christ., Tryphène et
Tryphose, deux femmes, , travaillent en Notre
Seigneur. » Perside, autre femme, a aussi
« beaucoup travaillé pour le
Seigneur..., et pas un mot sur celui qui aurait
été le chef de tous ces
ouvriers!
290. On
demande comment nous expliquons
donc l'existence d'une Église à Rome,
et nous avons déjà fait observer
qu'il y en avait bien d'autres dont les fondateurs
ne sont pas connus.
Ce chapitre ne nous
fournirait-il pas les moyens d'en dire un peu plus?
Tant de gens loués par saint Paul comme
ayant travaillé pour l'Évangile,
deux, en particulier, appelés par lui
apôtres, et même considérables
parmi les apôtres,- voilà qui est plus
que suffisant pour expliquer l'existence d'une
Église. Plusieurs de ces personnes sont
nommées par saint Paul comme personnellement
connues de lui ; il les a vues, les unes en Asie,
les autres en Grèce, et il les a vues
chrétiennes. Elles ont donc pu, puisque les
voilà à Rome, y introduire
l'Évangile, et c'est ce que fait entendre
soit ce nom d'apôtres donné à
deux d'entre elles, soit cet éloge du
zèle de plusieurs autres. Ainsi s'explique
et l'existence d'une Église
chrétienne à Rome, et le fait d'une
épître adressée par saint Paul
à cette Église, et le désir
qu'il exprime d'aller la visiter. Mais, plus
l'affaire s'éclaircit, moins il reste de
place pour saint Pierre, et de vraisemblance an
système qui ne peut se passer de lui.
291. Verset
17. Or, je
vous exhorte, mes Frères, à vous
tenir en garde contre ceux. qui causent des
divisions et des scandales au détriment de
la doctrine que vous avez apprise, et à vous
éloigner d'eux.
L'Église romaine
s'est souvent autorisée de ces paroles pour
condamner, au nom de saint Paul, quiconque rompait
l'unité.
Saint Paul blâme
les divisions, sans doute; mais lesquelles? Les
divisions , dit-il, «au détriment de la
doctrine que vous avez apprise, » de la saine
doctrine, de l'Évangile pur. S'il les
condamne, c'est donc dans la supposition que
l'Évangile sera resté pur, et que, en
se séparant, on se sera séparé
de l'Évangile.
La question revient
donc
toujours à la question de
vérité. Ne dites jamais : « Un
tel s'est séparé donc il a tort.
» Dites: « A-t-il eu, oui ou non, des
raisons pour se séparer? Est-ce de la
vérité qu'il s'est
séparé, ou de l'erreur?» Avant
de condamner, examinez.
Dire qu'on ne doit
jamais
se séparer, ce serait dire qu'on ne doit pas
s'inquiéter de vivre ou non dans l'erreur,
et que, si on vient à s'apercevoir qu'on y
est, il faut hypocritement y rester. Avec ce
principe, les Juifs seraient restés Juifs,
les païens seraient restés païens,
et le christianisme serait mort en
naissant.
Le principe
contraire,
vous dit-on, n'amènera-t-il pas divisions
sur divisions? - Cela revient à dire qu'il
pourra y avoir des gens abusant du droit de
séparation. Qu'est-ce que cela prouve contre
le droit lui-même? Est-il un droit au monde
qu'on ne pût aussi attaquer, détruire,
sous prétexte qu'il y a des gens qui en
abusent ou qui en abuseront? Laissez ces
objections, qui ne sont que des subterfuges.
Abordez la question en face, et jamais vous ne la
résoudrez logiquement que dans le sens de la
liberté.
Voici la fin de
l'Épître aux Romains. Demandez-vous
à vous-même encore une fois,
sérieusement et devant Dieu, si vous y avez
vu l'Église romaine et son système.
Où est le pape? Où est
l'infaillibilité, soit du pape, soit de
l'Église? Où est l'unité
visible? Où est la hiérarchie?
Où est saint Pierre évêque de
Rome? Où est, enfin , tout ce dont Rome
allait devenir le centre?
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