Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PREMIÈRE ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX THESSALONICIENS

CHAPITRE PREMIER

Salutations. La piété des Thessaloniciens. Leur foi partout célèbre (note 261). Ils ont quitté les idoles pour servir le vrai Dieu, et pour attendre des cieux (note 100) son fils Jésus.


CHAPITRE II

Ce qu'a été la prédication de saint Paul.


396. Verset 5. Jamais, comme vous le savez, nous n'avons usé de flatterie, ni agi par quelque motif d'avarice; Dieu nous en est témoin.

L'Église romaine en dira-t-elle autant? - Nous nions qu'elle le puisse.

A. Sur la question d'avarice, nous avons dit tout ce que nous avions à dire. Le rôle que joue l'argent dans cette Église a été publiquement déploré, dans tous les temps, par les plus honorables de ses membres , et, malgré quelques adoucissements imposés par les moeurs modernes, ce rôle est grand encore. Nous l'avons montré n'y revenons pas.

B. Saint Paul se rend un autre témoignage. « Jamais, dit-il, nous n'avons usé de flatterie. » - C'est sur ce point que nous voulons insister, et la matière n'est que trop riche.
Nous signalerons donc, d'abord, la grande et fondamentale flatterie de l'Église romaine, celle qui s'adresse à l'homme, au vieil homme , au coeur humain. A cette flatterie se rattache tout ce que nous avons blâmé comme caressant le sentiment de la justice propre, et, directement ou indirectement, conduisant l'homme à se croire sauvé par ses mérites.

Cette flatterie éclate, en particulier, dans le culte des saints, divinisation de l'homme, orgueilleuse perspective offerte à la piété , perpétuelle négation du dogme de la croix , puisque voilà des hommes dont les mérites se sont trouvés, non seulement suffisants, mais surabondants, Elle éclate encore, cette flatterie , dans la manière dont l'Église romaine prêche les vertus chrétiennes. Elle ne sait guère les prêcher qu'en louant ceux qui les pratiquent, en exaltant, en divinisant leurs oeuvres elle ne sait demander une bonne oeuvre qu'en ouvrant le ciel à qui la fera. Nous avons entendu beaucoup de prédicateurs catholiques, et il y en a bien peu sur qui nous n'ayons eu à faire cette remarque. L'ardeur, souvent désordonnée, de leurs attaques contre le vice, fait ressortir d'autant leurs flatteries à la vertu.

Voila pour la flatterie religieuse. Que dirons-nous de la flatterie politique?
L'Église romaine, de tout temps, en a largement usé. Si elle s'est montrée quelquefois courageuse , souvent dure et impitoyable, envers les souverains qui lui résistaient en face, il n'est pas de caresses qu'elle n'ait prodiguées à ceux qui la favorisaient; sa complaisance à en faire des héros, des saints, a été sans bornes.

L'histoire contemporaine nous dispenserait, au besoin, de chercher nos preuves dans celle des temps antérieurs. Elle nous - montrerait tous les partis encensés et tous les partis maudits, selon qu'ils sont favorables ou non aux prétentions ultramontaines ; antécédents, valeur morale, tout cela n'entre pour rien dans l'appréciation, et le même parti pourra être, à la même époque, anathématisé dans un pays, caressé dans un autre , toujours uniquement selon sa manière d'être à l'égard de ces mêmes prétentions. Jamais le clergé n'avait si ouvertement laissé voir que son intérêt est la règle de ses affections , de ses paroles ; jamais son vieil usage de flatter les puissants n'avait été marqué de revirements si brusques. Aussi, rois ou non, les puissants savent à quoi s'en tenir. Ils profitent de cette faveur, qu'ils paient, mais ils ne s'y fient point ; ils savent qu'elle cessera le jour où ils ne la paieront plus.

Versets 6 et suiv. - L'apôtre continue de rappeler aux Thessaloniciens combien son ministère parmi eux a été désintéressé, dévoué, paternel. Leur amour et leur foi ont été sa récompense.


CHAPITRE III

Ne pouvant se rendre lui-même auprès d'eux, il leur a envoyé Timothée. Timothée est revenu, et Paul a été réjoui par tout ce qu'il a appris sur leur Église. Il désire d'autant plus aller les voir un jour.


CHAPITRE IV

L'apôtre rappelle aux Thessaloniciens les préceptes qu'il leur a donnés, particulièrement sur la pureté,


397. Versets 5, 4 et 7. La volonté de Dieu est que vous soyez sanctifiés, que vous vous absteniez des désordres de la chair, que chacun de vous sache posséder son corps dans la pureté et l'honnêteté... Car Dieu ne nous a point appelés à la souillure, mais à la sanctification.

Cette sanctification, cette pureté que saint Paul oppose à l'impureté païenne, vous ne le verrez jamais en faire quelque chose de légal, la rattachant à quelque institution, à quelque forme. Jamais, par exemple, il ne la montre excluant le mariage, ni pour les simples fidèles, ni pour les ministres de l'Église. Il la met tout entière dans le triomphe du chrétien sur l'impureté proprement dite, soit des désirs, soit des actes, et il n'ajoute aucun détail dont vous puissiez conclure que sa pensée allât plus loin.

Versets 9 et suiv. - La charité. Le travail. Enseignements sur la résurrection.


CHAPITRE V

Nul ne sait le moment où le Seigneur paraîtra. La vigilance. Revêtir les armes de Dieu (note 381). Respect et amour dûs aux pasteurs. Support. Patience. Joie chrétienne. Prière.


398. Verset 21. Éprouvez toutes choses; retenez ce qui est bon.

L'apôtre a recommandé, au verset 12, de respecter les ministres de l'Église ; le voici, non seulement permettant, mais recommandant aux fidèles de juger par eux-mêmes, d'éprouver toutes choses, afin de garder ce. qui est boit. Le respect pour les conducteurs de l'Église n'embrassait donc pas, dans sa pensée , l'obligation de s'en remettre à eux pour tout ce qui tient à la religion, et d'abdiquer, entre leurs mains , sa raison et sa conscience. C'est là , du reste, une observation qui ressort de l'ensemble de ses épîtres et du ton général de ses conseils. Vous n'y trouverez rien qui suppose un état de choses où le rôle des fidèles se borne à écouter, à obéir, et où le rôle des pasteurs soit de régler souverainement ce qu'il faudra croire et faire. La forme , le fond , les recommandations générales, les recommandations de détail, tout, au contraire, suppose des gens ayant la responsabilité de leurs croyances comme celle de leurs actions, et recevant de leurs conducteurs spirituels, non des ordres , mais de paternels et fraternels secours.


399. Verset 27. Je vous conjure, au nom du Seigneur, que cette épître soit lue par tous les saints frères.

Une recommandation si vive semble indiquer qu'il y avait, dans l'Église de Thessalonique, des gens disposés à cacher les épîtres de saint Paul; c'étaient, sans doute, quelques-uns de ces judaïsants contre lesquels nous l'avons vu s'élever, apôtres du salut par les observances et les oeuvres, quand il ne l'était, lui, que du salut par la foi.

D'autres judaïsants voudraient aussi vous cacher ces épîtres, et les Évangiles avec, et tout le Nouveau Testament, et toute la Bible. Prenez pour vous ce que dit ici saint Paul; lisez et cette épître, et les autres, et tout le reste. Le pape dit non, mais saint Paul dit oui. Lisez.



DEUXIÈME ÉPÎTRE DE SAINT PAUL AUX THESSALONICIENS

CHAPITRE PREMIER

Persévérance des Thessaloniciens au milieu des persécutions. Dieu consolera ses élus et punira leurs ennemis.


400. Verset 8. Exerçant la vengeance, avec des flammes de feu, contre ceux qui ne connaissent pas Dieu, et qui n'obéissent pas à l'Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ.

Remarquez que l'obéissance et la désobéissance ne sont jamais représentées, dans le Nouveau Testament, comme obéissance à l'Église, désobéissance à l'Église; jamais il n'y est question de l'Église, de l'Église universelle, comme d'un pouvoir faisant des lois, donnant des ordres. L'Église visible unique, organisée, prenant des décisions, exigeant obéissance, est une notion inconnue dans le Nouveau Testament, inconnue pour le présent, car cette Église n'existe évidemment pas au moment où les apôtres écrivent , inconnue pour l'avenir, car ils n'en posent point les fondements, n'en parlent point, n'ont jamais l'air d'y avoir jamais songé.


CHAPITRE II

Que les Thessaloniciens ne se laissent pas séduire par des calculs téméraires sur l'époque du second avènement de Jésus-Christ.


401. Versets 5 et 4. Ce jour ne viendra pas que l'apostasie ne soit arrivée auparavant, et qu'on n'ait vu paraître l'homme de péché, le fils de perdition, cet adversaire qui s'élève au-dessus de tout ce qui est appelé Dieu oui est adoré, jusqu'à s'asseoir comme un dieu dans le temple de Dieu, se donnant pour un dieu.

Cet homme de péché, est-ce, comme on l'a souvent dit, le pape? - Le pape seul , non. L'homme de péché, le coeur humain révolté contre l'Évangile, a eu plus d'une incarnation; bornons-nous donc à dire que la papauté en est une , mais, à beaucoup d'égards, la plus complète, et certainement la plus hardie. Voyez comme elle s'est étudiée, dirait-on, à réaliser trait pour trait le tableau tracé ici par saint Paul. Les papes ne se sont-ils pas entourés d'honneurs divins? Qu'on nous dise ce qu'on pourrait faire de plus que ce qui se pratique à lent, égard dans certaines cérémonies. Saint Paul dit : « Jusqu'à s'asseoir comme un dieu dans le temple de Dieu. »

Le jour de son installation, c'est sur l'autel que le pape s'assied , et c'est là que les cardinaux viennent l'un après l'autre l'adorer; notez ce mot : c'est le mot consacré. Pourra-t-on dire, au moins, que ce ne sont là que des formes? Non, car ces formes correspondent à des pouvoirs longtemps revendiqués, longtemps exercés par les papes, pouvoirs dont quelques-uns sont encore en plein exercice , et dont les autres , quoique sommeillant aujourd'hui, n'ont jamais été répudiés par les papes ni par leurs docteurs.

Le fameux livre du cardinal Bellarmin sur l'autorité papale fait ouvertement du pape un dieu. Dominateur des princes et dispensateur des couronnes, il est aussi l'arbitre souverain des lois religieuses et morales ; tout ce qu'il commande est bien, tout ce qu'il défend est mal, et, pour tous les chrétiens de l'univers, une seule loi, obéir au pape, résume tout, remplace tout.

Si ces énormités de Bellarmin, approuvées par tant de papes, restent pour le moment dans l'ombre, il en est assez d'autres qu'on ne songe pas à voiler, et que l'habitude seule nous empêche de trouver tout aussi étranges.

Quand les Juifs , croyant Jésus un simple homme et l'entendant remettre les péchés, l'accusaient de se faire dieu, leur raisonnement reposait, comme nous l'avons montré, sur une idée très juste : remettre les péchés, c'est se faire dieu. Or, sur ce point, jamais le pape ne s'est tant fait dieu qu'aujourd'hui, car jamais les pardons de Rome n'ont été si abondamment, si audacieusement semés. Le fils de Dieu, dans toute sa vie terrestre, n'a pas remis autant de péchés que le pape en un jour , et si le nombre même des pardons n'en diminuait l'éclat, si la divinité du pape se mesurait sur le nombre de fois qu'il se donne l'air de l'exercer , - quel autre dieu serait quelque chose à côté de lui?

Versets 5 et suiv. - Illusions et dangers auxquels les échapperont, s'ils demeurent fidèles aux instructions de l'apôtre.


402. Verset 15. C'est pourquoi, mes Frères, demeurez fermes, et retenez les enseignements que nous vous avons donnés, soit de bouche, soit par notre lettre.

Les enseignements. Comme le mot grec signifie aussi traditions, la Vulgate n'a pas manqué d'adopter ici ce dernier mot, et toutes les versions catholiques le reproduisent. Est-ce exact? Non ; le mot grec n'a évidemment pas, en cet endroit, le sens que l'usage donne à tradition; jamais homme, parlant de ses propres enseignements, ne les appellera, dans nos langues modernes, des traditions.

Tradition, suppose toujours un enseignement venu de loin, transmis déjà par plusieurs intermédiaires, et, dans le Nouveau Testament, quand le mot grec a ce sens, il est toujours pris en mauvaise part. Vous avez vu (Matth. XV) comment Jésus parlait de la tradition des Pharisiens; vous avez vu saint Paul (Gal. 1, 14) parler de la tradition de ses pères, mais en l'accusant d'avoir fait de lui un persécuteur de l'Évangile; vous l'avez vu encore (Col. 11, 8) parler de la tradition des hommes, mais en la représentant comme ennemie de la doctrine évangélique. Vous ne pouvez donc logiquement lui faire appeler de ce nom des enseignements qu'il donne lui-même, qu'il recommande comme vrais et comme saints. On a voulu que saint Paul parût entrer dans le système romain ; n'acceptez pas un argument qui n'a pour base qu'un jeu de mots.
Quant à l'argument qu'on essaierait de baser sur ce que saint Paul parle ici d'enseignements écrits et d'enseignements de bouche, voyez la note 391.


CHAPITRE III

Que les Thessaloniciens prient pour saint Paul ; qu'ils suivent ses directions et son exemple. Il n'a mangé, chez eux, le pain de personne, travaillant de ses mains pour vivre.


403. Verset 10. Aussi, lorsque nous étions avec vous, nous vous déclarions que si quelqu'un ne veut pas travailler, il ne doit pas non plus manger.

Quoique saint Paul ait approuvé ailleurs et approuve encore, au verset 9, qu'un salaire soit accordé aux ministres de l'Évangile, il montre ici que le ministre n'en est pas moins tenu d'obéir de son mieux à cette parole de Jésus-Christ
« Vous avez reçu gratuitement; donnez gratuitement. »

Condamnation , à plus forte raison, de ceux qui prétendraient être nourris et enrichis sans remplir aucun ministère; condamnation, par conséquent, de l'oisiveté monastique. Nul ne doit, sous prétexte de travailler à son salut, se refuser à travailler pour vivre - L'oisiveté, d'ailleurs, devient à peu près toujours, par les vices qu'elle enfante, un grand obstacle à ce même salut qu'elle devait faciliter. Pour un moine qui aura réellement consacré ses longs loisirs à la contemplation des choses saintes, combien d'autres en qui cette vie oisive n'aura, fait que développer les plus grossiers instincts! Pour un moine ou pour une religieuse d'une piété élevée, spirituelle, poétique, combien qui n'auront appris, dans leur cloître, qu'à attacher l'idée de la piété aux plus puériles observances! Si quelques Ordres ont mérité moins de reproches, ce sont ceux qui ont admis le travail, agriculture, enseignement, soin des pauvres, etc. Mais, alors, ce n'est plus la véritable vie monastique. Les éloges donnés aux Ordres laborieux sont la meilleure critique de l'oisiveté des autres , et, par là, de la vie monastique elle-même, puisque ces derniers sont ceux qui la pratiquent réellement.


404. Versets 14 et 15. Et si quelqu'un n'obéit pas a ce que nous vous recommandons par cette lettre, notez cet homme et n'ayez point de commerce avec lui, afin qu'il en ait de la confusion. Ne le regardez cependant pas comme un ennemi, mais reprenez-le comme un frère.

Condamnation de toute violence dans la discipline ecclésiastique. L'Église de Thessalonique aura donc, comme société humaine, le droit d'exclure un homme qu'elle jugera ne pouvoir plus lui appartenir; mais, comme société chrétienne, elle ne peut avoir d'autre droit que celui-là. L'exclusion, la répréhension fraternelle, voilà ses seules armes. C'est ce que Luther essaya de répéter au seizième siècle, - et cette proposition est une de celles qui furent solennellement condamnées par Léon X.

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