Salutations. La piété des Thessaloniciens. Leur foi partout célèbre (note 261). Ils ont quitté les idoles pour servir le vrai Dieu, et pour attendre des cieux (note 100) son fils Jésus.
Ce qu'a été la prédication de saint Paul.
396. Verset
5. Jamais,
comme vous le savez, nous n'avons usé de
flatterie, ni agi par quelque motif d'avarice; Dieu
nous en est témoin.
L'Église romaine
en dira-t-elle autant? - Nous nions qu'elle le
puisse.
A.
Sur
la question d'avarice, nous avons dit tout ce que
nous avions à dire. Le rôle que joue
l'argent dans cette Église a
été publiquement
déploré, dans tous les temps, par les
plus honorables de ses membres , et, malgré
quelques adoucissements imposés par les
moeurs modernes, ce rôle est grand encore.
Nous l'avons montré n'y revenons
pas.
B.
Saint
Paul se rend un autre témoignage. «
Jamais, dit-il, nous n'avons usé de
flatterie. » - C'est sur ce point que nous
voulons insister, et la matière n'est que
trop riche.
Nous signalerons
donc,
d'abord, la grande et fondamentale flatterie de
l'Église romaine, celle qui s'adresse
à l'homme, au vieil homme , au coeur humain.
A cette flatterie se rattache tout ce que nous
avons blâmé comme caressant le
sentiment de la justice propre, et, directement ou
indirectement, conduisant l'homme à se
croire sauvé par ses
mérites.
Cette flatterie
éclate, en particulier, dans le culte des
saints, divinisation de l'homme, orgueilleuse
perspective offerte à la piété
, perpétuelle négation du dogme de la
croix , puisque voilà des hommes dont les
mérites se sont trouvés, non
seulement suffisants, mais surabondants, Elle
éclate encore, cette flatterie , dans la
manière dont l'Église romaine
prêche les vertus chrétiennes. Elle ne
sait guère les prêcher qu'en louant
ceux qui les pratiquent, en exaltant, en divinisant
leurs oeuvres elle ne sait demander une bonne
oeuvre qu'en ouvrant le ciel à qui la fera.
Nous avons entendu beaucoup de prédicateurs
catholiques, et il y en a bien peu sur qui nous
n'ayons eu à faire cette remarque. L'ardeur,
souvent désordonnée, de leurs
attaques contre le vice, fait ressortir d'autant
leurs flatteries à la vertu.
Voila pour la
flatterie
religieuse. Que dirons-nous de la flatterie
politique?
L'Église romaine,
de tout temps, en a largement usé. Si elle
s'est montrée quelquefois courageuse ,
souvent dure et impitoyable, envers les souverains
qui lui résistaient en face, il n'est pas de
caresses qu'elle n'ait prodiguées à
ceux qui la favorisaient; sa complaisance à
en faire des héros, des saints, a
été sans bornes.
L'histoire
contemporaine
nous dispenserait, au besoin, de chercher nos
preuves dans celle des temps antérieurs.
Elle nous - montrerait tous les partis
encensés et tous les partis maudits, selon
qu'ils sont favorables ou non aux
prétentions ultramontaines ;
antécédents, valeur morale, tout cela
n'entre pour rien dans l'appréciation, et le
même parti pourra être, à la
même époque,
anathématisé dans un pays,
caressé dans un autre , toujours uniquement
selon sa manière d'être à
l'égard de ces mêmes
prétentions. Jamais le clergé n'avait
si ouvertement laissé voir que son
intérêt est la règle de ses
affections , de ses paroles ; jamais son vieil
usage de flatter les puissants n'avait
été marqué de revirements si
brusques. Aussi, rois ou non, les puissants savent
à quoi s'en tenir. Ils profitent de cette
faveur, qu'ils paient, mais ils ne s'y fient point
; ils savent qu'elle cessera le jour où ils
ne la paieront plus.
Versets 6
et suiv. -
L'apôtre continue de rappeler aux
Thessaloniciens combien son ministère parmi
eux a été
désintéressé,
dévoué, paternel. Leur amour et leur
foi ont été sa
récompense.
Ne pouvant se rendre lui-même auprès d'eux, il leur a envoyé Timothée. Timothée est revenu, et Paul a été réjoui par tout ce qu'il a appris sur leur Église. Il désire d'autant plus aller les voir un jour.
L'apôtre rappelle aux Thessaloniciens les préceptes qu'il leur a donnés, particulièrement sur la pureté,
397.
Versets 5, 4 et
7. La volonté de Dieu est que vous soyez
sanctifiés, que vous vous absteniez des
désordres de la chair, que chacun de vous
sache posséder son corps dans la
pureté et l'honnêteté... Car
Dieu ne nous a point appelés à la
souillure, mais à la
sanctification.
Cette
sanctification,
cette pureté que saint Paul oppose à
l'impureté païenne, vous ne le verrez
jamais en faire quelque chose de légal, la
rattachant à quelque institution, à
quelque forme. Jamais, par exemple, il ne la montre
excluant le mariage, ni pour les simples
fidèles, ni pour les ministres de
l'Église. Il la met tout entière dans
le triomphe du chrétien sur
l'impureté proprement dite, soit des
désirs, soit des actes, et il n'ajoute aucun
détail dont vous puissiez conclure que sa
pensée allât plus loin.
Versets 9
et suiv. -
La charité. Le travail. Enseignements sur la
résurrection.
Nul ne sait le moment où le Seigneur paraîtra. La vigilance. Revêtir les armes de Dieu (note 381). Respect et amour dûs aux pasteurs. Support. Patience. Joie chrétienne. Prière.
398. Verset
21.
Éprouvez toutes choses; retenez ce qui est
bon.
L'apôtre a
recommandé, au verset 12, de respecter les
ministres de l'Église ; le voici, non
seulement permettant, mais recommandant aux
fidèles de juger par eux-mêmes,
d'éprouver toutes choses, afin de garder ce.
qui est boit. Le respect pour les conducteurs de
l'Église n'embrassait donc pas, dans sa
pensée , l'obligation de s'en remettre
à eux pour tout ce qui tient à la
religion, et d'abdiquer, entre leurs mains , sa
raison et sa conscience. C'est là , du
reste, une observation qui ressort de l'ensemble de
ses épîtres et du ton
général de ses conseils. Vous n'y
trouverez rien qui suppose un état de choses
où le rôle des fidèles se borne
à écouter, à obéir, et
où le rôle des pasteurs soit de
régler souverainement ce qu'il faudra croire
et faire. La forme , le fond , les recommandations
générales, les recommandations de
détail, tout, au contraire, suppose des gens
ayant la responsabilité de leurs croyances
comme celle de leurs actions, et recevant de leurs
conducteurs spirituels, non des ordres , mais de
paternels et fraternels secours.
399. Verset
27. Je
vous conjure, au nom du Seigneur, que cette
épître soit lue par tous les saints
frères.
Une recommandation
si
vive semble indiquer qu'il y avait, dans
l'Église de Thessalonique, des gens
disposés à cacher les
épîtres de saint Paul;
c'étaient, sans doute, quelques-uns de ces
judaïsants contre lesquels nous l'avons vu
s'élever, apôtres du salut par les
observances et les oeuvres, quand il ne
l'était, lui, que du salut par la
foi.
D'autres judaïsants
voudraient aussi vous cacher ces
épîtres, et les Évangiles avec,
et tout le Nouveau Testament, et toute la Bible.
Prenez pour vous ce que dit ici saint Paul; lisez
et cette épître, et les autres, et
tout le reste. Le pape dit non, mais saint Paul dit
oui. Lisez.
Persévérance des Thessaloniciens au milieu des persécutions. Dieu consolera ses élus et punira leurs ennemis.
400. Verset
8.
Exerçant la vengeance, avec des flammes de
feu, contre ceux qui ne connaissent pas Dieu, et
qui n'obéissent pas à
l'Évangile de notre Seigneur
Jésus-Christ.
Remarquez que
l'obéissance et la
désobéissance ne sont jamais
représentées, dans le Nouveau
Testament, comme obéissance à
l'Église, désobéissance
à l'Église; jamais il n'y est
question de l'Église, de l'Église
universelle, comme d'un pouvoir faisant des lois,
donnant des ordres. L'Église visible unique,
organisée, prenant des décisions,
exigeant obéissance, est une notion inconnue
dans le Nouveau Testament, inconnue pour le
présent, car cette Église n'existe
évidemment pas au moment où les
apôtres écrivent , inconnue pour
l'avenir, car ils n'en posent point les fondements,
n'en parlent point, n'ont jamais l'air d'y avoir
jamais songé.
Que les Thessaloniciens ne se laissent pas séduire par des calculs téméraires sur l'époque du second avènement de Jésus-Christ.
401.
Versets 5 et 4.
Ce jour ne viendra pas que l'apostasie ne soit
arrivée auparavant, et qu'on n'ait vu
paraître l'homme de péché, le
fils de perdition, cet adversaire qui
s'élève au-dessus de tout ce qui est
appelé Dieu oui est adoré,
jusqu'à s'asseoir comme un dieu dans le
temple de Dieu, se donnant pour un
dieu.
Cet homme de
péché, est-ce, comme on l'a souvent
dit, le pape? - Le pape seul , non. L'homme de
péché, le coeur humain
révolté contre l'Évangile, a
eu plus d'une incarnation; bornons-nous donc
à dire que la papauté en est une ,
mais, à beaucoup d'égards, la plus
complète, et certainement la plus hardie.
Voyez comme elle s'est étudiée,
dirait-on, à réaliser trait pour
trait le tableau tracé ici par saint Paul.
Les papes ne se sont-ils pas entourés
d'honneurs divins? Qu'on nous dise ce qu'on
pourrait faire de plus que ce qui se pratique
à lent, égard dans certaines
cérémonies. Saint Paul dit : «
Jusqu'à s'asseoir comme un dieu dans le
temple de Dieu. »
Le jour de son
installation, c'est sur l'autel que le pape
s'assied , et c'est là que les cardinaux
viennent l'un après l'autre l'adorer; notez
ce mot : c'est le mot consacré. Pourra-t-on
dire, au moins, que ce ne sont là que des
formes? Non, car ces formes correspondent à
des pouvoirs longtemps revendiqués,
longtemps exercés par les papes, pouvoirs
dont quelques-uns sont encore en plein exercice ,
et dont les autres , quoique sommeillant
aujourd'hui, n'ont jamais été
répudiés par les papes ni par leurs
docteurs.
Le fameux livre du
cardinal Bellarmin sur l'autorité papale
fait ouvertement du pape un dieu. Dominateur des
princes et dispensateur des couronnes, il est aussi
l'arbitre souverain des lois religieuses et morales
; tout ce qu'il commande est bien, tout ce qu'il
défend est mal, et, pour tous les
chrétiens de l'univers, une seule loi,
obéir au pape, résume tout, remplace
tout.
Si ces
énormités de Bellarmin,
approuvées par tant de papes, restent pour
le moment dans l'ombre, il en est assez d'autres
qu'on ne songe pas à voiler, et que
l'habitude seule nous empêche de trouver tout
aussi étranges.
Quand les Juifs ,
croyant
Jésus un simple homme et l'entendant
remettre les péchés, l'accusaient de
se faire dieu, leur raisonnement reposait, comme
nous l'avons montré, sur une idée
très juste : remettre les
péchés, c'est se faire dieu. Or, sur
ce point, jamais le pape ne s'est tant fait dieu
qu'aujourd'hui, car jamais les pardons de Rome
n'ont été si abondamment, si
audacieusement semés. Le fils de Dieu, dans
toute sa vie terrestre, n'a pas remis autant de
péchés que le pape en un jour , et si
le nombre même des pardons n'en diminuait
l'éclat, si la divinité du pape se
mesurait sur le nombre de fois qu'il se donne l'air
de l'exercer , - quel autre dieu serait quelque
chose à côté de
lui?
Versets 5
et suiv. -
Illusions et dangers auxquels les
échapperont, s'ils demeurent fidèles
aux instructions de l'apôtre.
402. Verset
15. C'est
pourquoi, mes Frères, demeurez fermes, et
retenez les enseignements que nous vous avons
donnés, soit de bouche, soit par notre
lettre.
Les enseignements.
Comme
le mot grec signifie aussi traditions, la Vulgate
n'a pas manqué d'adopter ici ce dernier mot,
et toutes les versions catholiques le reproduisent.
Est-ce exact? Non ; le mot grec n'a
évidemment pas, en cet endroit, le sens que
l'usage donne à tradition; jamais homme,
parlant de ses propres enseignements, ne les
appellera, dans nos langues modernes, des
traditions.
Tradition, suppose
toujours un enseignement venu de loin, transmis
déjà par plusieurs
intermédiaires, et, dans le Nouveau
Testament, quand le mot grec a ce sens, il est
toujours pris en mauvaise part. Vous avez vu
(Matth. XV) comment Jésus parlait de la
tradition des Pharisiens; vous avez vu saint Paul
(Gal. 1, 14) parler de la tradition de ses
pères, mais en l'accusant d'avoir fait de
lui un persécuteur de l'Évangile;
vous l'avez vu encore (Col. 11, 8) parler de la
tradition des hommes, mais en la
représentant comme ennemie de la doctrine
évangélique. Vous ne pouvez donc
logiquement lui faire appeler de ce nom des
enseignements qu'il donne lui-même, qu'il
recommande comme vrais et comme saints. On a voulu
que saint Paul parût entrer dans le
système romain ; n'acceptez pas un argument
qui n'a pour base qu'un jeu de mots.
Quant à l'argument
qu'on essaierait de baser sur ce que saint Paul
parle ici d'enseignements écrits et
d'enseignements de bouche, voyez la note
391.
Que les Thessaloniciens prient pour saint Paul ; qu'ils suivent ses directions et son exemple. Il n'a mangé, chez eux, le pain de personne, travaillant de ses mains pour vivre.
403. Verset
10. Aussi,
lorsque nous étions avec vous, nous vous
déclarions que si quelqu'un ne veut pas
travailler, il ne doit pas non plus
manger.
Quoique saint Paul
ait
approuvé ailleurs et approuve encore, au
verset 9, qu'un salaire soit accordé aux
ministres de l'Évangile, il montre ici que
le ministre n'en est pas moins tenu d'obéir
de son mieux à cette parole de
Jésus-Christ
« Vous avez
reçu gratuitement; donnez gratuitement.
»
Condamnation , à
plus forte raison, de ceux qui prétendraient
être nourris et enrichis sans remplir aucun
ministère; condamnation, par
conséquent, de l'oisiveté monastique.
Nul ne doit, sous prétexte de travailler
à son salut, se refuser à travailler
pour vivre - L'oisiveté, d'ailleurs, devient
à peu près toujours, par les vices
qu'elle enfante, un grand obstacle à ce
même salut qu'elle devait faciliter. Pour un
moine qui aura réellement consacré
ses longs loisirs à la contemplation des
choses saintes, combien d'autres en qui cette vie
oisive n'aura, fait que développer les plus
grossiers instincts! Pour un moine ou pour une
religieuse d'une piété
élevée, spirituelle, poétique,
combien qui n'auront appris, dans leur
cloître, qu'à attacher l'idée
de la piété aux plus puériles
observances! Si quelques Ordres ont
mérité moins de reproches, ce sont
ceux qui ont admis le travail, agriculture,
enseignement, soin des pauvres, etc. Mais, alors,
ce n'est plus la véritable vie monastique.
Les éloges donnés aux Ordres
laborieux sont la meilleure critique de
l'oisiveté des autres , et, par là,
de la vie monastique elle-même, puisque ces
derniers sont ceux qui la pratiquent
réellement.
404.
Versets 14 et 15.
Et si quelqu'un n'obéit pas a ce que nous
vous recommandons par cette lettre, notez cet homme
et n'ayez point de commerce avec lui, afin qu'il en
ait de la confusion. Ne le regardez cependant pas
comme un ennemi, mais reprenez-le comme un
frère.
Condamnation de
toute
violence dans la discipline ecclésiastique.
L'Église de Thessalonique aura donc, comme
société humaine, le droit d'exclure
un homme qu'elle jugera ne pouvoir plus lui
appartenir; mais, comme société
chrétienne, elle ne peut avoir d'autre droit
que celui-là. L'exclusion, la
répréhension fraternelle,
voilà ses seules armes. C'est ce que Luther
essaya de répéter au seizième
siècle, - et cette proposition est une de
celles qui furent solennellement condamnées
par Léon X.
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