Salutation. Paul Prie pour l'avancement spirituel des Colossiens. La rédemption. Grandeur de Jésus-Christ, chef de l'Église (note 368). Nous étions autrefois éloignés de Dieu, ennemis de Dieu.
392.
Versets 22 et 28.
Mais maintenant Christ vous a
réconciliés avec lui par la mort
qu'il a soufferte en son corps, afin de vous faire
paraître devant lui saints, sans tache et
irrépréhensibles... C'est lui que
nous prêchons, reprenant et instruisant tout
homme en toute sagesse, afin de rendre tout homme
parfait en Jésus-Christ.
Nous rapprochons à
dessein ces deux versets, unis par le sens; le
reste n'est qu'une parenthèse où
l'apôtre exprime sa joie d'avoir à
prêcher cette doctrine, et à souffrir,
pour cela, comme son divin maître.
(01)
Ainsi, dans le
premier
verset, Jésus-Christ est l'auteur de la
réconciliation , du salut ; dans le second ,
il est la source du perfectionnement
chrétien.
Nous avons vu (notes 150,
153,
171,
etc.)
combien l'Église romaine a amoindri le
rôle de Jésus-Christ comme auteur du
salut ; nous pourrions montrer également
combien peu elle fait de lui la source du
perfectionnement religieux et moral.
Tantôt , attachant
la notion de ce perfectionnement à des
observances, à des mortifications, elle la
porte sur un terrain qui n'est pas celui du
christianisme, et où le Christ n'a rien
à faire. Les païens ont connu ce
perfectionnement-là ; les Hindous le
pratiquent avec plus de persévérance
et de rigueur que n'a jamais fait l'Église
romaine.
Tantôt,
prêchant le perfectionnement par l'exemple de
ceux qui, selon elle, y ont fait le plus de
progrès, il est rare qu'elle ne choisisse
pas, parmi ses saints , ceux qui ont cherché
la perfection dans ces observances
grossières , dans ces mortifications
superstitieuses. Voilà ce qu'elle aime
à proposer à l'admiration, à
l'imitation. Si nos modèles sont là,
Jésus n'en est plus un, car il n'y a rien de
semblable à imiter en lui.
Enfin, quand
l'Église romaine ne prêcherait que les
saints chrétiennement saints, il y aurait
à lui reprocher encore d'abuser de cette
prédication, de mettre les fidèles
beaucoup trop en face d'hommes, et beaucoup trop
peu en face de Jésus-Christ. Non que nous
blâmions , en soi, l'usage de louer les
saints véritablement dignes d'être
proposés pour modèles; mais cet usage
a ses dangers, et l'Église romaine, au lieu
de les éviter, s'y est jetée en
plein. Elle loue trop de saints; elle les loue trop
souvent; elle les lotie trop. Chacun d'eux est
comme un prince qu'entoureraient cent mille
courtisans prêts à dépasser,
pour sa gloire, toutes les bornes du vrai, du
vraisemblable. Il faut, à chaque nouveau
panégyrique, de nouvelles louanges, de
nouvelles merveilles. C'est la divinisation par
l'éloge, menant droit à la
divinisation par le culte.
Que devient, parmi
tout
cela, Celui en qui seul et par qui seul saint Paul
parlait de mener les chrétiens à la
perfection ? Le moindre saint en renom est plus et
fait plus que Jésus-Christ.
Le mystère de la rédemption renfermant tout ce qui est nécessaire au perfectionnement et au salut de l'homme, que les Colossiens repoussent toute doctrine plaçant le perfectionnement et le salut dans des observances qui rappellent celles de l'ancienne loi.
393.
Versets 16, 20 et
21. Que personne donc ne vous condamne au sujet du
manger et du boire... Si donc vous êtes morts
avec Christ à ces grossières et
matérielles instructions du monde, pourquoi
vous laissez-vous imposer encore ces
préceptes, comme si vous étiez encore
du monde (du monde grossier de jadis)? Ne mange pas
de ceci, vous dit-on; ne goûte pas de cela,
ne touche pas à cela...
Un catholique, à
qui on citait ces lignes, commença par nier
qu'elles pussent être de saint Paul, tant il
lui semblait impossible que l'Église romaine
eût osé, les connaissant,
établir la loi des jours
maigres.
Mais ne vous bornez
pas
à reconnaître que cette loi est
d'invention humaine, et que vous pouvez y
désobéir; comprenez surtout combien
le système dont elle n'est qu'une partie est
en opposition avec le système
chrétien.
Le chrétien est
mort, vous dit saint Paul, à toutes les
instructions de cette espèce, à
toutes les observances judaïques on rappelant
le judaïsme ; celui qui y cherche son salut
renonce , par cela même , à le
chercher où il est, savoir en
Jésus-Christ.
On vous dira que ces
choses servent au moins à mortifier la chair
; mais saint Paul va encore au-devant de cet
argument, et, au verset 23, il l'appelle «
apparence de sagesse, » vaine apparence contre
laquelle tous les versets précédents
sont autant de protestations. Nous avons vu
(note
316)
que le précepte de mortifier la chair est ,
sous l'Évangile, tout spirituel ; c'est
à l'esprit qu'il est dit de dompter la
matière, d'être le maître , de
régner. L'Évangile ne pourrait pas
dire autre chose sans cesser d'être
l'Évangile, et c'est pour cela que saint
Paul (verset 22) appelle maximes humaines,
ordonnances humaines, tout ce qui tendrait à
nous sortir de la spiritualité
évangélique.
394. Verset
18. Que
personne ne vous ravisse le prix de votre course,
vous faisant, sous prétexte
d'humilité, rendre un culte aux anges, et,
vainement enflé de son esprit charnel, se
lançant dans des choses qu'il n'a point
vues.
Deux questions dans
ce
verset, l'une de détail, l'autre
générale.
A.
La
première est celle du culte des
anges.
On a cherché
à adoucir l'évidente condamnation que
saint Paul prononce sur ce point. De ce que le mot
grec que nous traduisons par culte signifie aussi
superstition, on a voulu conclure que saint Paul
condamnait, non pas tout culte rendu aux anges ,
mais des superstitions introduites dans ce culte
par quelques chrétiens du temps.
L'ensemble du
verset,
l'absence de toute distinction, l'absence, dans le
Nouveau Testament , de toute mention d'un culte aux
anges, tout s'oppose à cet adoucissement. Ce
qui s'y oppose encore , c'est ce que saint Paul
nous dit du prétexte allégué
par les partisans de ce culte , l'humilité.
Si l'humilité qui conduit à rendre un
culte aux anges lui paraît une
humilité mal entendue, il est clair que ce
culte lui paraît condamnable en soi,
condamnable toujours, et non pas seulement dans
certains cas.
Paul confirme, par
conséquent, ce que nous en avons dit, dans
ce même point de vue, en parlant du culte des
saints. Quand Dieu, non seulement nous permet, mais
nous ordonne, dans toute l'Écriture, d'aller
à lui, droit à lui, et nous indique
Jésus-Christ comme notre unique
intercesseur, - ce n'est plus de l'humilité
que d'aller chercher ailleurs, moins haut, des
protecteurs et des intercesseurs : c'est pure
désobéissance.
B.
La
seconde question , qui amènerait aussi pins
d'une remarque sur les tendances romaines, est
celle de cet « esprit charnel » qui porte
l'homme à se lancer « dans des choses
qu'il n'a point vues.»
Pourquoi saint Paul
l'appelle-t-il charnel, ce penchant qui nous
entraîne, au contraire, vers les
régions les plus mystérieuses du
monde spirituel?
Parce que ce
penchant est
toujours fortement mêlé de
curiosité, d'orgueil ; parce qu'il nous
conduit toujours, dans les choses religieuses,
à affirmer au delà de ce qui nous est
révélé, au delà de ce
que Dieu a donné pour limite à nos
connaissances.
Voyez comme
l'Église romaine a été
entraînée à dépasser ,
non seulement la révélation, mais
même les droits, déjà si
larges, qu'elle s'attribuait comme
interprète de la révélation.
Elle n'a pas, disait-elle, le droit de créer
des dogmes ; elle n'a que celui de décider,
d'après l'enseignement divin , ce qui est
dogme ou non. En fait, s'en est-elle tenue
là? Non ; plusieurs de ses dogmes ne sont
point des interprétations de l'enseignement
divin , mais purement son enseignement à
elle, ses inventions, ses
créations.
Où a-t-elle pris,
par exemple, ce qu'elle enseigne sur les limbes,
séjour, selon elle, des enfants morts sans
baptême ?
Si elle l'a pris
quelque
part, c'est dans les poètes
païens.
Où a-t-elle pris
le Purgatoire?
Il est vrai qu'elle
affirme apercevoir ce dernier dogme dans quelques
endroits de l'Écriture; mais quand le fond
du dogme - ce que nous nions - s'y trouverait, nous
demanderions encore où elle a pris les
assertions dont elle l'entoure. Qui lui a dit ce
que sont , ce que font, ce que souffrent ou ne
souffrent pas les âmes enfermées dans
ce lieu?
Qui lui a
révélé cette
comptabilité, si bien tenue, grâce
à laquelle tout ce que vous aurez
gagné d'indulgences sur la terre est
retranché de vos jours de peine après
la mort? Tout cela, ce n'est pas
interprétation de choses
révélées, mais enseignement
direct, et enseignement reposant... sur quoi? Votre
curé vous dit : « Sur l'autorité
de l'Église. » Mais l'Église ,
nous le répétons , déclare
elle-même n'avoir pas le pouvoir de
créer des dogmes. Donc , encore une fois,
sur quoi reposent des enseignements de ce
genre?
Cette remarque a
été souvent faite, de nos jours,
à l'occasion du dogme de 1854,
l'Immaculée Conception. Quand l'histoire de
Marie, telle que les Évangiles la racontent,
laisserait, ce qui n'est pas (voir notes 105,
109,
268,
etc.), quelque probabilité au nouveau
dogme,- on pourrait toujours dire au pape: «
Qu'en savez-vous? Que pouvez-vous en savoir?
Où avez-vous pris ce que vous en
dites?
Quel moyen avez-vous
eu
d'affirmer, en 1854, ce que vous n'affirmiez pas en
1853? Cette affirmation n'est pas seulement celle
d'un dogme, d'une idée , mais celle d'un
fait historique ; l'affirmation d'un fait
historique suppose la découverte de preuves
historiques, - et vous ne dites pas que vous en
ayez découvert. Encore une fois, quand vous
avez affirmé l'Immaculée Conception,
qu'en saviez-vous? Que pouviez-vous en savoir?
»
Aussi voyons-nous
que
l'on commence, pour se tirer d'affaire, à
élargir en théorie ces droits qu'on a
si témérairement élargis dans
la pratique. L'Église romaine continue,
officiellement, à ne se donner que pour
l'interprète infaillible de la
révélation ; mais elle permet que ses
docteurs lui accordent davantage, et le moment
approche, évidemment, où elle
s'érigera en révélation
permanente, enseignant sans être tenue de
dire où elle a pris ce qu'elle enseigne. Ce
qu'elle a fait pour l'Immaculée Conception,
elle veut pouvoir le faire pour tout ce qu'il lui
conviendra d'enseigner ; elle espère aussi
mettre en sûreté, par là, bon
nombre d'enseignements plus anciens qu'elle sait
bien n'être guère mieux fondés
sur aucune preuve appréciable. Ainsi
achèvera-t-elle de mériter la
condamnation prononcée par saint Paul contre
les docteurs « enflés de leur esprit
charnel, » et se lançant
témérairement dans des choses «
qu'ils n'ont point vues, » qu'ils n'ont eu
aucun moyen de savoir.
Exhortation a une vie nouvelle. C'est Jésus-Christ qui est notre vie (note 359). Dépouiller le vieil homme. Bonté, humilité, modestie, support, charité. Les chrétiens forment un seul corps (note 368) , appelé à la paix de Christ. Édification mutuelle. Devoirs des maris, des femmes, des pères, des enfants, des serviteurs.
Devoirs des maîtres. Exhortations diverses. Éloges donnés par l'apôtre (voir 334) à plusieurs de ses compagnons d'oeuvre. Salutations.
395. Verset
16. Et
lorsque cette lettre aura été lue
parmi vous, faites qu'on la lise aussi dans
l'Église des Laodicéens, et que vous
lisiez aussi celle de
Laodicée.
Ces épîtres
que Paul recommandait de faire lire à tout
le monde, - croirez-vous, comme l'Église
romaine voudrait vous le faire croire, que ce
même saint Paul vous défendrait
aujourd'hui de les lire? Mais vous les avez lues;
vous comprenez de reste pourquoi on voudrait vous
les ôter. Désobéissez sans
crainte ; vous obéissez à saint
Paul.
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