LA PALESTINE AU TEMPS DE
JÉSUS-CHRIST
LIVRE SECOND - LA VIE
RELIGIEUSE
CHAPITRE
XIII
LES FÊTES
La Pâque. - Son
époque. - Sa durée.
L'après-midi du 14 Nisan. - La
soirée du 14 Nisan - Le repas
pascal. L'institution de la
Sainte-Cène. - La Pentecôte.
- Les Tabernacles. - Le grand jour des
Expiations. - La Dédicace. - Les
Purim.
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Les grandes fêtes se
célébraient au Temple et nulle part
ailleurs Les Israélites montaient alors
à Jérusalem de toutes les parties de
la Palestine. On voyait aussi dans la ville des
« disséminés » en grand
nombre et, en parlant de la Cité sainte
(1), nous avons
décrit cette affluence extraordinaire de
pèlerins à telles ou telles
époques de l'année. La confusion dans
les rues était extrême
(2). Les
étrangers logeaient où ils pouvaient,
sous des tentes
(3), sous des
abris élevés à la hâte,
ou dans les villages des environs s'ils y avaient
quelque connaissance. La Pâque surtout
attirait beaucoup de monde. Les païens
eux-mêmes y venaient en curieux ;
c'était le moment, en
effet, de visiter Jérusalem. Quant aux
Juifs, ceux de Galilée par exemple, ils
montaient à la Ville sainte en caravanes et
chantaient en route les Psaumes dits des
pèlerinages
(4). Ces voyages
solennels étaient faits
régulièrement par les jeunes
garçons, à partir de l'âge de
douze ans.
La Pâque était un
mémorial et son but unique était la
célébration du souvenir de la
délivrance d'Egypte. Elle se fêtait
à date fixe et durait sept jours ;
commençant le quinze Nisan, elle se
terminait le vingt et un
(5).
Ces sept jours étaient
appelés jours des Azymes () c'est-à-dire des (pains) sans
levain. Le premier et le dernier étaient les
plus solennels. Comme la journée chez les
Juifs commençait non le matin mais la veille
au soir, la fête se trouvait débuter,
en réalité, le 14 Nisan au coucher du
soleil, et c'était dans l'après-midi
du 14 que l'agneau ou le chevreau pascal
était immolé au Temple.
Reportons-nous par la pensée
à la mémorable journée du 14
Nisan de l'an 30. C'est à deux de ses
apôtres que Jésus confie le soin de
préparer la fête
(6). En effet,
les disciples des Rabbins sacrifiaient la
Pâque et apprêtaient pour leurs
maîtres le repas sacré
(7). Pierre et
Jean vont donc choisir et acheter, sur la bourse
commune, l'agneau sans défaut et sans tache.
Ils le portent au Temple sur leurs épaules,
suivant la coutume
(8), et le
présentent aux sacrificateurs sous le nom
d'agneau pascal à l'entrée de la cour
des prêtres
(9). Ceux-ci s'en
emparent et l'égorgent sur l'autel des
holocaustes. Une foule immense de Juifs les
entourent, apportant chacun
l'animal consacré dont ils réclament
l'immolation
(10). Le peuple
s'amasse aux abords du Temple et dans le parvis des
Gentils. Un coup de trompette donne le signal de
chaque sacrifice. Le sang, recueilli par un
prêtre est répandu par lui au pied de
l'autel et s'écoule par des canaux
souterrains dans le torrent de Cédron.
L'animal est dépouillé et
vidé; ses entrailles et sa graisse sont
jetées dans le feu. Une prière est
prononcée, puis, les apôtres, prenant
le corps, l'emportent et préparent le repas
sacré dans la chambre haute d'un disciple
inconnu, qui déjà attendait le
maître et savait qu'il viendrait chez lui ce
soir-là.
L'animal devait être rôti et
non bouilli
(11). Aucun de
ses os ne devait être brisé, et on
brûlera ce qui ne sera pas
mangé.
Le soir venu, Jésus arrive avec
les dix autres apôtres. La salle est garnie
de tapis (12),
sur lesquels ils s'asseyent ou plutôt se
couchent à demi, suivant la mode orientale,
le bras gauche supportant le poids du corps; Jean,
qui est à côté (le son
maître est « penché sur son sein
(13) » et,
par conséquent à sa droite.
Autrefois, l'usage était de
prendre le repas pascal debout, en costume de
voyage, le bâton à la main, pour
reproduire, dans tous ses détails, la
scène du départ d'Égypte, la
nuit de la délivrance
(14), mais
cette coutume était depuis longtemps
tombée en désuétude.
Le festin sacré se
célébrait dans un ordre rituel. Les
Talmuds nous l'ont décrit dans ses plus
grands détails. tel qu'il se passait au
premier siècle. Quatre fois la coupe devait
circuler parmi les convives. Celui qui
présidait, annonçait, avant tout,
le commencement de la
fête, prononçait une formule de
bénédiction sur la coupe
(15), en buvait
et la faisait passer aux assistants
(16), puis tous
se lavaient les mains. C'est pendant que cette
première coupe circulait que Jésus
dit : « J'ai fort désiré de
manger cette Pâque avec vous, avant que je ne
souffre; car, je vous le déclare, je ne la
mangerai plus, jusqu'à ce qu'elle soit
accomplie dans le Royaume de Dieu. » Et ayant
pris une coupe et rendu grâces, il dit :
« Prenez cette coupe et distribuez-la entre
vous; car, je vous le déclare, je ne boirai
plus désormais du fruit de la vigne,
jusqu'à ce que le Royaume de Dieu soit venu
(17)». Il
ne s'agit nullement ici de l'institution de la
sainte Cène, mais seulement de la
première coupe du repas pascal. Après
le passage de cette coupe, on apportait les herbes
amères, et on les mangeait avec les pains
azymes; le pain d'abord, « car, disent les
Talmuds, ce n'est pas la coutume des hommes de
manger des herbes avant le repas
(18)».
Ces herbes amères trempées
de vinaigre ou d'eau salée rappelaient les
souffrances endurées autrefois en
Égypte.
A ce moment, l'un des assistants
interrogeait celui qui présidait au repas et
lui demandait la signification de ce qui se passait
sous ses yeux. Cette interrogation était
faite deux fois, et, entre les deux, le vin de la
seconde coupe était versé. Celui qui
présidait répondait en disant :
« Ceci est la Pâque que nous mangeons,
parce que Dieu est passé sur les maisons de
nos pères en Egypte », et, prenant les
herbes amères, il disait : « Nous
mangeons ces herbes amères parce que les
Égyptiens ont rendu amères les vies
de nos pères en Égypte.
»
Puis il tenait dans ses mains les pains
azymes et disait « Nous mangeons ces pains
sans levain, parce qu'on n'eut pas le temps de
faire fermenter la pâte avant que Dieu se
révélât
à nos pères et les
rachetât ; nous devons louer,
célébrer, honorer, magnifier Celui
qui a fait ces grandes et admirables choses a nos
pères et qui nous a amenés de la
servitude à la liberté, de la douleur
à la joie, des ténèbres
à une grande lumière. Disons donc :
Halleluiah! Louez le Seigneur. » Toute
l'assemblée chantait alors les Psaumes
CXIIIe et
CXIVe ; Les Pharisiens de
l'école de Schammaï s'arrêtaient
à la fin du Psaume CXIlle; ceux de
l'école de Hillel allaient jusqu'à la
fin du CXIVe.
Ce chant appelé Hallel sera
repris à la fin du repas
(19)
Après le chant, celui qui avait parlé
disait encore : « Béni sois-tu
Seigneur, ô notre Dieu, Roi Eternel, qui nous
as rachetés, qui as racheté nos
pères de l'Egypte et qui nous as
amenés à cette soirée
où nous sommes, pour que nous mangions ces
pains sans levain et ces herbes amères
». On buvait alors la seconde coupe, on se
lavait encore une fois les mains puis le
président prenait deux pains, en rompait un,
en plaçait les morceaux sur le pain
resté entier et disait : « Béni
soit celui qui a produit le pain pur de la terre.
» Puis il trempait les morceaux dans le plat
d'herbes amères et disait : «
Béni sois-tu, Seigneur notre Dieu, Roi
éternel, qui nous as sanctifiés de
tes préceptes et qui nous as appris à
manger ce repas ».
Il mangeait ensuite du pain, puis des
herbes après avoir rendu grâces
séparément pour chacun de ces
aliments. Les mêmes faits se passaient
lorsque l'agneau était partagé et
distribué entre les convives.
Il ressort clairement des textes
évangéliques que Jésus
institua la sainte Cène en deux fois. Il
établit la communion du pain pendant le
repas pascal et celle du vin après
(20). C'est
donc au moment précis où il venait de
tremper le morceau de pain rompu dans les herbes
amères que Jésus institua la
communion du pain. Ce fut «
pendant qu'ils mangeaient, » dit Marc
(21). L'agneau
mangé, le repas pascal était
considéré comme terminé; la
troisième coupe circulait alors et elle
portait le nom de « coupe de
bénédiction ». C'est avec elle
que Jésus institua la communion du vin
(22).
Enfin venait la quatrième et
dernière coupe et le chant de la seconde
partie du Hallel (Psaume CXIVe à CXVIIIe)
(23). Tout
était terminé.
Le lendemain 15 Nisan était le
premier et le grand jour de la fête. Il
n'était permis de travailler ni ce
jour-là ni le dernier.
Le 16, on offrait dans le sanctuaire une
gerbe de la moisson nouvelle, car la Pâque
était aussi la fête de l'ouverture des
récoltes. Le Sanhédrin
déclarait solennellement la moisson
commencée. L'obligation de manger des pains
sans levain pendant les sept jours était
absolue, et pendant tout ce temps il n'était
pas permis de sortir de Jérusalem. On s'est
demandé comment les disciples d'Emmaüs
(24) avaient pu
quitter la ville ; mais il faut remarquer que l'on
était déjà au soir du
troisième jour, c'est-à-dire au
commencement du quatrième, et que les
Rabbins ne faisaient pas du séjour
obligatoire une question d'une très grande
importance. « Il est plus louable,
disaient-ils, de rester les sept jours à
Jérusalem. On peut s'éloigner le
troisième s'il y a nécessité.
» Le traité Moed Katon, qui parle de ce
qui est permis et de ce qui est défendu
pendant les fêtes, condamne l'absence et
l'éloignement de Jérusalem, surtout
parce qu'on ne sera pas là le dernier jour
qui est très solennel, or il faut se
rappeler que les disciples d'Emmaüs revinrent
à la Ville sainte le soir même de leur
départ.
Nous ne savons rien ni par les Talmuds,
ni par Josèphe, l'usage
de relâcher un prisonnier à la
fête de Pâque
(25). Il est
probable que cette coutume avait été
récemment établie par les Romains et
au moment où ils avaient ôté au
Sanhédrin le droit d'exécuter une
sentence capitale.
Nous ne ferons que mentionner la
fête de la Pentecôte, car notre
intention n'est pas de décrire en
détail les fêtes juives, mais
seulement d'éclairer tels ou tels chapitres
du Nouveau Testament en recueillant, soit dans les
écrits de Josèphe, soit dans les
Talmuds, les passages qui peuvent aider à
leur interprétation ; or il ne nous est
parlé qu'incidemment de la Pentecôte
et dans un seul verset du livre des Actes
(26). Cette
fête se célébrait le
cinquantième jour après le 16 Nisan,
c'est-à-dire le 5, le 6 ou le 7 de Sivan,
suivant les combinaisons des mois caves ou pleins
en Ijar (27).
Elle était beaucoup plus civile que
religieuse, car on y fêtait avant tout la
clôture de la moisson
(28). L'usage
semble avoir été établi de
célébrer aussi à ce
moment-là le souvenir de la promulgation de
la Loi sur le Mont Sinaï
(29).
Moïse n'avait rien ordonné de
semblable, mais la Loi ayant été
donnée cinquante jours après la
sortie d'Egypte, la date de la promulgation tombait
précisément sur le jour de la
Pentecôte
(30)
Les Juifs l'appelaient la fête des
Semaines (31)
ou des Prémices
(32) ;
Josèphe l'appelle fête Hasartha ou
Hatsarttta, c'est-à-dire du Rassemblement,
et ce mot se retrouve dans les Talmuds
(33). Il
l'appelle aussi
(34), et ce nom
lui est resté quand elle est devenue une
fête chrétienne. Il nous raconte qu'on
la célébrait « avec joie et
empressement
(35) ».
Elle consistait surtout en
offrandes faites au Temple, un gâteau
nouveau, deux pains levés et un bouc pour le
péché
(36).
Nous nous étendrons davantage sur
la fête des Tabernacles, qui est
nommée dans les Évangiles
(37), et avait
aussi une importance beaucoup plus grande que celle
de la Pentecôte.
Elle se célébrait en
automne et rappelait le voyage des
Israélites dans le désert pendant
quarante ans; elle servait en même temps
à fêter la clôture de toutes les
récoltes et en particulier de la vendange.
Enfin elle était au commencement de
l'année civile dont le premier jour
était, nous l'avons dit
(38), le
premier du mois de Thischri
(39), qui
correspond à la fin de septembre et au
commencement d'octobre,
Les trompettes du Temple
annonçaient, solennellement le commencement
de l'année
(40). Le 2
Thischri était férié. Le 10
était le grand jour des Expiations ou du
Pardon (41).
Déjà depuis six jours,
c'est-à-dire depuis le 4, le grand
prêtre avait été
éloigné de sa maison et
s'était rendu dans une salle spéciale
du Temple (42),
car il lui fallait se sanctifier et se mettre
à l'abri de tout contact impur. Un
prêtre ordinaire le remplaçait au
Sanhédrin et ailleurs pendant ce temps de
retraite. Le 5, le 6 et le 7 Thischri, il offrait
lui-même le matin le sacrifice
perpétuel ordinaire, brûlait les
parfums, préparait les lampes et apportait
à l'autel la tète et les cuisses de
la victime (43)
; quelques vieillards de la section Beth Din
(44) du
Sanhédrin se rassemblaient et lisaient
devant lui l'office ordinaire. Le huitième
jour, les vieillards le remettaient aux anciens
parmi les prêtres qui
l'adjuraient de remplir ses
devoirs quand le dix serait arrivé. Pendant
les neuf jours qui précédaient le
jeûne solennel, il lui était Permis de
se nourrir comme d'habitude, mais le soir du
neuvième, il devait peu manger, pour pouvoir
résister au sommeil ; car il devait veiller
toute la nuit. Les prêtres l'entouraient, et,
s'ils le voyaient s'assoupir, ils le
réveillaient en lui parlant ou en faisant du
bruit. Enfin voici le 10, le jour du Jeûne
solennel, de l'Expiation, du Pardon. Le grand
prêtre entrait pour la première et la
dernière fois de toute l'année dans
le Lieu Très Saint. Le peuple passait toute
la journée dans le jeûne le plus
rigoureux, il lui était interdit de manger,
de boire, de se laver et de s'oindre d'huile
(45). L'onction
sacrée, autorisée le jour du Sabbat,
était défendue le jour des Expiations
(46). Les 11,
12 et 13 Thischri, le peuple se réunissait
encore pour se sanctifier et aussi pour
préparer ce qui lui serait bientôt
nécessaire, des tentes, des branches de
palmier et de saule. Ceux qui s'étaient
souillés du contact d'un cadavre
étaient depuis sept jours à
Jérusalem, occupés à se
purifier.
Le 15, premier jour des tabernacles,
immolait treize taureaux, et on passait la nuit
à Jérusalem.
Le 16, deuxième jour de la
fête, on immolait douze taureaux. Le 17,
troisième jour de la fête, on en
immolait onze.
Le 18, le quatrième jour, dix; le
19, le cinquième jour, neuf; le 20, le
sixième jour, huit; le 21, le
septième jour, sept; et enfin le 22, le
huitième et dernier jour, on n'en immolait
qu'un seul. Le premier et le dernier de ces jours
était comme pour la Pâque, les plus
solennels (47),
on les appelait jours de repos.
Chacune des huit journées de la
fête était marquée par de
grandes manifestations de joie. Chaque famille
demeurait sous des cabanes de feuillage. On
chantait l'Hosannah, en agitant des palmes
(48), et,
chaque jour, une libation de vin, renfermé
dans deux vases d'argent, était faite
à l'autel, ainsi que des libations d'eau
puisée dans nue cruche d'or, par un
prêtre, à la fontaine de Siloé,
et apportée au Temple en grande pompe. Le
prêtre montait à l'autel, le peuple
lui disait : « Élève ta main
», et il versait du côté de
l'Occident l'eau de la fontaine de Siloé, et
le vin du côté de l'Orient.
Le soir
(49), on
allumait deux candélabres dans le parvis des
femmes et une danse sacrée, dont l'origine
était récente
(50),
était exécutée devant ces
candélabres et au son de la musique. Elle
était appelée : de l'eau de la
libation ; nous en avons le pro. gramme
détaillé dans les Talmuds
(51). Le voici
: « Le soir du premier jour de la fête
ou descend dans la cour des femmes, et là on
prépare une grande scène. Des
candélabres d'or y sont fixés aux
murailles, et sur eux deux petites coupes d'or, on
y parvient par quatre marches, quatre jeunes
prêtres, ayant dans leurs mains des flacons
contenant cent vingt logs d'huile, en versent le
contenu dans chacune de ces petites lampes. Ils
les allument et il n'y a pas une
place dans Jérusalem qui ne brille
éclairée par elles. Des hommes pieux
et graves dansent devant elles ayant dans leurs
mains des torches allumées et chantent des
cantiques et des doxologies. Les lévites,
avec leurs cithares, leurs cymbales et d'autres
instruments, se tiennent en grand nombre sur les
quinze marches qui séparent la cour des
femmes de la cour d'Israël et chantent un
cantique. Deux prêtres se tiennent à
la porte qui est au sommet de ces quinze marches
ayant chacun une trompette dans la main. À
un signal donné par le capitaine du Temple
ils sonnent de la trompette. Ils descendent et
sonnent encore sur la dernière marche, ils
font de même dans la cour des femmes, dans le
parvis des Gentils et continuent à jouer de
la trompette jusqu'à la porte orientale.
Là, ils tournent leurs torches de l'Orient
vers l'Occident et disent: Nos pères en cet
endroit, le dos tourné au Temple et la face
vers l'Orient, ont adoré le Soleil ; mais
nous, nous tournons nos faces vers Dieu.
»
Le septième jour, on effeuillait
les branches de saules qui avaient recouvert les
tentes. Les Pharisiens attachaient à cet
acte une telle importance qu'ils le permettaient
même si le septième jour se trouvait
être un Sabbat. Plus tard ils
s'arrangèrent pour qu'il ne tombât,
jamais sur le samedi.
Le dernier et grand jour de la
fête nous intéresse
particulièrement parce qu'il est
spécialement mentionné dans
l'Evangile
(52).
C'était, avons-nous dit, le huitième
(53), « la
conclusion sainte de l'année» dit
Josèphe. Le peuple abandonnait ses
tabernacles de feuillages et se rendait en foule au
Temple, Malheureusement les Talmuds ne nous ont
laissé aucune indication spéciale sur
les actes sacrés accomplis ce
huitième jour. Il semble même qu'il
était moins solennel que les autres
puisqu'on n'y sacrifiait qu'un seul taureau.
Cependant le traité Succah
l'appelle, mais sans
préciser, « le dernier et bonjour de la
fête. » Il est remarquable que c'est
pendant ces journées où l'eau
répandue sur l'autel et les lumières
allumées dans le Temple jouaient un si grand
rôle que Jésus prononça ces
paroles : « Si quelqu'un a soif, qu'il vienne
à moi et qu'il boive
(54) » et
« je suis, moi, la lumière du monde
(55).
».
Au mois de Kisleu venait la fête
de la Dédicace
(56). Elle
durait huit jours, à partir du 25, et avait
été instituée en
mémoire du triomphe de Judas
Macchabée, qui avait restauré le
Temple après sa victoire sur Antiochus
Épiphane
(57). Voici ce
que nous en dit un des Talmuds « Les Rabbis
enseignent que le 25e jour du mois de Kisleu
(58) on
commence les huit jours en souvenir de la
Dédicace pendant lesquels on ne doit ni
s'attrister, ni jeûner, car lorsque les Grecs
entrèrent dans le Temple ils
souillèrent toute l'huile qui était
dans le Temple, mais le grand roi des
Asmonéens les vainquit ; on chercha et on ne
trouva qu'une fiole d'huile qui avait
été placée sous le sceau du
grand prêtre et où il n'y avait
d'huile que pour un jour. Il se fit un miracle, car
on s'en servit pendant huit jours. L'année
suivante on fit de ce souvenir des jours de
fête. » Maimonide tient le même
langage et ajoute ceci
(59) : «
Ces huit jours sont des jours de joie ; on allume
des lumières aux portes des maisons, pendant
huit nuits, pour rappeler ce miracle. Y a-t-il
plusieurs habitants dans une maison? on n'allume
pourtant qu'une seule lumière. Toutefois
celui qui veut honorer le commandement, en allume
autant qu'il y a de personnes et même
davantage, car on double le nombre des
lumières la seconde nuit, on le triple la
troisième, etc., par exemple, s'il y a dix
habitants dans la maison, on
allume dix lumières la première nuit,
vingt la deuxième, trente la
troisième et la huitième
quatre-vingts. » Il faut noter aussi que la
fête de la Dédicace ne se
célébrait pas seulement à
Jérusalem et au Temple, mais dans tout le
pays.
Les Purim, pendant lesquelles on lisait
solennellement le livre d'Esther, parce qu'on
commémorait en ces jours la
délivrance des Juifs sous Assuérus,
se célébraient les 140 et 15e jours
du mois d'Adar. La veille, le 13, était un
jour de jeûne. Nous croyons que cette
fête est mentionnée dans un passage de
l'Evangile de saint Jean
(60).
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