Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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LA PALESTINE AU TEMPS DE JÉSUS-CHRIST


CHAPITRE X
LA VIE PUBLIQUE
(Suite)

L'année des Israélites avait deux commencements principaux. L'année ecclésiastique débutait au printemps; l'année civile en automne (38).

Voici ce double tableau

ANNÉE
ECCLÉSIASTIQUE

ANNÉE
CIVILE

NOMS
DES MOIS


1er mois

7e mois

Nisan

Mars-Avril

2e mois

8e mois

Ijar

Avril-Mai

3e mois

9e mois

Sivan

Mai-juin

4e mois

10e mois

Tammous

Juin-Juillet

5e mois

11e mois

Ab

Juillet-Août

6e mois

12e mois

Elul

Août-Septembre

7e mois

1er mois

Tischri

Septembre-Octobre

8e mois

2e mois

Marcheschvan

Octobre-Novembre

9e mois

3e mois

Kisleu

Novembre-Décembre

10e mois

4e mois

Tebêth

Décembre -Janvier

11e mois

5e mois

Schebât

Janvier -Février

12e mois

6e mois

Adar

Février-Mars

Le mois de Nisan était donc le premier de l'année ecclésiastique et le mois de Tischri le premier de l'année civile.
On voit que les mois ne correspondaient pas exactement aux nôtres. Nisan, par exemple commençait vers le milieu de mars pour se terminer vers le milieu d'avril; Ijar, vers le milieu d'avril pour se terminer vers le milieu de mai, et ainsi des autres.
De plus ces mois étaient lunaires, c'est-à-dire que les Juifs calculaient leur longueur sur la durée de la révolution de la lune autour de la terre. et, par conséquent, ils étaient plus courts que les nôtres, cette révolution se faisant en vingt-neuf jours douze heures quarante-quatre minutes trois secondes, ou vingt-neuf jours et demi à trois quarts d'heure près.

Le premier jour du mois était celui où l'on voyait pour la première fois la nouvelle lune dans les rayons du soleil couchant. Ceux qui l'avaient aperçue venaient immédiatement le déclarer au Sanhédrin qui proclamait le nouveau mois commencé. C'était ordinairement le soir du vingt-neuvième jour du mois qui finissait que ce fait se produisait. Si, par hasard, le soir de ce vingt-neuvième jour la lune n'avait pas été vue, alors le mois durait un jour de plus, soit trente jours, et, le lendemain soir, commençait de droit le nouveau mois, car au bout de trente jours, l'observation était inutile; on était certain que la lune était nouvelle. Les mois se trouvaient donc ainsi tantôt de vingt-neuf jours, tantôt de trente, suivant que l'observation était faite ou non le soir dit vingt-neuvième. Les mois de vingt-neuf jours étaient appelés mois caves; ceux de trente jours étaient des mois pleins. Le mois nouveau, on le voit, commençait en tout cas le soir à la nuit tombante, et, de là, venait l'usage invariable des Juifs de compter les vingt-quatre heures d'une journée d'un coucher de soleil à l'autre et non pas, comme nous, de minuit à minuit (39). Le premier jour du nouveau mois, on célébrait la néoménie, fête de la nouvelle lune (40).

L'année se composait donc de mois tantôt de vingt-neuf jours, tantôt de trente jours, en nombres inégaux. Quand elle était finie, on était, en tout cas, en retard, même en supposant une majorité de mois de trente jours, car il en faut de trente et un, et il n'y en avait pas Lin seul. Voici comment on complétait l'année : Les fêtes de la Pâque, de la Pentecôte, des Tabernacles, etc., outre les faits religieux qu'elles commémoraient, se rattachaient aussi à certains phénomènes agricoles. La Pâque devait concorder avec le début de la moisson; la Pentecôte avec la fin; les Tabernacles se célébraient à la clôture de toutes les récoltes. Moïse avait dit : « le mois de la Pâque, qui sera le premier de l'année (41), sera aussi le mois des épis (Abib) (42) »; et dans les Talmuds nous lisons ceci : (43) « La moitié de Tischri, tout le mois de Marschechvan et la moitié de Kisleu se font les semailles; la moitié de Kisleu, tout le mois de Thebéth et la moitié de Schebat c'est l'hiver; la moitié de Schebat, tout le mois d'Adar et la moitié de Nisan c'est la fin de l'hiver; la moitié de Nisan, tout le mois de Ijar et la moitié de Sivan on fait la moisson, la moitié de Sivan, tout le mois de Tamouz et la moitié d'Ab c'est l'été; la moitié d'Ab, tout le mois d'Elul et la moitié de Tischri c'est la canicule. » - Le Sanhédrin, quand l'année ecclésiastique était finie, se rendait compte approximativement des erreurs commises par l'état des récoltes et par la température. Les orges devaient être les premiers épis mûrs, et il fallait que la lune de Nisan coïncidât avec leur maturité. Si, à la fin du mois d'Adar, la végétation était retardée, s'il faisait froid, et si la maturité des orges demandait encore un mois environ, le Sanhédrin ajournait d'un mois le commencement de Nisan, et il créait un mois intercalaire qui suivait le mois d'Adar et que l'on appelait Veadar (second Adar). L'année se trouvait être alors de treize mois et comptait environ trois cent quatre-vingt-quatre jours.

Le mois de Nisan ainsi fixé, la Pâque commençait le quinze et durait jusqu'au vingt et un. La Pentecôte se célébrait juste le cinquantième jour après le seize Nisan. Si Nisan et Ijar étaient, tous les deux, mois caves, la Pentecôte tombait le sept de Sivan; si, au contraire, ils étaient tous les deux pleins, la Pentecôte se célébrait dès le cinq; et le six, si de ces mois l'un était cave et l'autre plein. Le doute qui subsiste toujours à cet égard oblige les chronologistes à ne jamais fixer les dates qu'à un ou deux jours près. Nous enverrons des exemples quand nous essayerons de donner la chronologie de la vie de Jésus (44).

Le grand jour des expiations ou le Jeûne se célébrait le 10 de Thischri; le 15 de ce même mois commençait la fête des Tabernacles qui durait sept jours. Ajoutons-y la Dédicace ou commémoration de la Restauration du Temple par Judas Macchabée, qui était fêtée le 25 Kisleu, et les Purim ou souvenir de la délivrance des Juifs au temps d'Esther, qui était fixé au 14 ou au 15 d'Adar. Nous reparlerons plus loin de ces fêtes (45).

Quant à la journée, elle était divisée en heures comme la nôtre et on se servait probablement de sabliers et de clepsydres, quoique ni Josèphe ni les Talmuds ne nous en parlent. Elle commençait, avons-nous dit, le soir au coucher du soleil, ou plus exactement à - six heures. La nuit était divisée en quatre parties ou veilles; de six heures à neuf heures, c'était le soir; de neuf heures à minuit, le milieu de la nuit ; de minuit à trois heures, le chant du coq de trois heures à six heures du matin, le matin (46). Les heures se comptaient à partir de six heures, soit du matin, soit du soir; sept heures du soir était la première heure de la nuit; sept heures du matin la première heure du jour; neuf heures du matin était la troisième heure du jour (47); midi, la sixième (48) trois heures de l'après-midi (49), la neuvième, etc.

Nous terminerons ce chapitre par quelques détails sur les impôts. Ils étaient de deux sortes : l'impôt dû à l'étranger et l'impôt pour le culte. Celui que l'étranger exigeait et dont l'établissement était récent, jouait un rôle important dans la vie du Juif. Il soulevait en lui un sentiment profond de révolte ; il entretenait sa haine, car il était la preuve palpable de sa servitude. « Devons-nous payer le tribut à César, oui ou non? » Celte question, sans cesse posée, équivalait à celle-ci: devons-nous nous soulever? Pourquoi donc l'étranger, après s'être emparé de notre pays, nous demande-t-il de l'argent ? Payer, c'est reconnaître son droit ; c'est être infidèle à la cause de Jéhovah. Nous sommes le peuple élu, nous devons être libres. - Nous avons dit quelle haine de l'étranger animait les Juifs, l'horreur que leur inspiraient les légionnaires qu'on rencontrait partout, l'effervescence des esprits.

Le secret de ces passions s'explique par l'impopularité de l'impôt. Un bon patriote ne le donnait qu'en protestant. Judas le Gaulonite se souleva pour ne pas le payer, et l'un des reproches faits à Jésus-Christ était celui-ci : il va avec les publicains, avec les receveurs d'impôts (50), il consent donc à payer le tribut. «Votre maître ne paie-t-il pas le tribut? » demanda-t-on un jour à un des apôtres (51), Cette question est des plus naturelles, on supposait Jésus opposé à l'impôt.
Il avait pour base le recensement de la population ; aussi ces dénombrements étaient-ils détestés, et quant aux « publicains », aux receveurs, ils formaient une classe de parias abhorrés. On appelait publicain Lin employé de bas étage chargé de recueillir l'argent de l'impôt. Il était au service des fermiers généraux, gros personnages qui vivaient de leurs déprédations, après que les publicains avaient eux-mêmes retenu sur leurs perceptions un droit exorbitant. Les Talmuds se font souvent l'écho du mépris inspiré par les publicains. On n'acceptait pas leur témoignage en justice. «Quand les Rabbins virent que les publicains exigeaient trop, ils les repoussèrent » (52), c'est-à-dire ils ne furent plus admis à porter témoignage. « Parmi ceux qui ne peuvent pas juger et dont le témoignage ne peut être entendu, il faut compter les exacteurs et les publicains (53). » Le traité Nedarim (54) met sur le même rang les publicains, les sicaires et les voleurs.

Dans les Évangiles, les publicains sont souvent nommés à côté des pécheurs et des païens. « Qu'il soit pour toi comme un publicain et un païen » (55), dit un jour Jésus, et ailleurs nous lisons : « Les publicains et les pécheurs s'approchaient de lui (56). » Il faut entendre ici par pécheurs non pas ceux dont la vie était immorale, mais simplement ceux qui n'acceptaient pas les règles pharisiennes et n'accomplissaient pas exactement tous les rites. Ils étaient considérés comme païens ; ils vivaient à la païenne, ils étaient « pécheurs comme les païens (57). » Il est probable que les publicains n'avaient pas plus de droits que les païens et que le parvis des Gentils leur était seul accessible. La parabole du Pharisien et du publicain ne nous fournit aucune indication à cet égard, car si celui-ci se tient « loin », c'est plutôt par humilité que par nécessité.

Les impôts étaient de deux sortes comme les nôtres, directs et indirects.
L'impôt direct était payé aux agents du fisc impérial et ne passait pas par les mains des publicains. Il y en avait deux, l'impôt foncier et l'impôt personnel (58). Ce dernier était probablement d'un denier par tête (59).
Les publicains touchaient les impôts indirects, c'est-à-dire les redevances perçues sur les marchandises importées et en partie aussi sur les marchandises exportées (60).

Il y avait, bien entendu, une hiérarchie entre les publicains. Zachée était (61) (chef des publicains). Nous pouvons donc distinguer le fermier général, qui était chevalier romain et auquel était affermée la totalité des impôts de la province pour un certain nombre d'années (cinq d'ordinaire), au-dessous de lui les publicani majores, chefs des péagers, au nombre desquels était Zachée. Ils touchaient les impôts pour le peuple romain. Enfin, sous leurs ordres, venaient les publicani minores, les péagers proprement dits (exactores, portitores, visitatores), dans le Nouveau Testament (62)). Ils visitaient les marchandises et touchaient les péages sur les routes et les ponts.

Nous lisons dans Maïmonide : « Il faut tenir le publicain pour un voleur, quand il est païen. » Ce dernier trait montre que les publicains n'étaient pas tous païens et qu'il se trouvait des Juifs pour accepter ces fonctions. Nous savons, du reste, que Zacchée était Juif. Ces publicains nationaux n'étaient pas toujours des exacteurs et la tradition rabbinique parle de l'un d'entre eux qui avait laissé un souvenir bienfaisant. « Le père de R. Zeira fut loué parce qu'il avait été doux et honnête dans sa charge de publicain. Il exerça le publicanat pendant treize ans et, quand le fermier général arrivait dans une ville, il avait coutume de dire : allez dans vos chambres vous cacher, de peur qu'il ne vous voie et que, remarquant votre grand nombre, il n'augmente le cens annuel. »

L'impôt religieux payé pour le culte et pour le service du Temple était de deux drachmes (63) (1fr. 75 c. environ). Il était dû par tout Israélite qui avait atteint l'âge de l'initiation religieuse (10 à 12 ans) ; c'était le Sanhédrin qui avait décidé que les dépenses du sacrifice quotidien supportées par le trésor du Temple seraient couvertes par un impôt (64).
Cette didrachme était perçue en Palestine le 15 du mois d'Adar et, dans les pays situés au delà du Jourdain, un peu avant les Tabernacles ; partout ailleurs, là où il y avait des Juifs, à n'importe quelle époque.

Le mois d'Adar correspond en partie à notre mois de Mars or, il est très difficile de dater de ce moment le fait rapporté par saint Matthieu (65). Il se placerait beaucoup plus aisément entre Avril et Octobre (66) ; mais il faut remarquer que la réclamation est faite à Jésus au retour de son voyage à Césarée de Philippe ; il était en retard pour l'acquittement du tribut.

Nous avons parlé de l'impôt direct payé aux agents du fisc impérial. Il n'était perçu par eux que là où le procurateur gouvernait. Dans les tétrarchies il était payé aux Hérodes. Nous savons que sous Archélaüs la Judée, l'Idumée et la Samarie rapportaient six cents talents environ par an (trois millions cent soixante-huit mille francs). La Galilée et la Pérée rapportaient sous Antipas deux cents talents (un million cinquante-six mille francs). Enfin la tétrarchie de Philippe ne rapportait que cent talents (cinq cent vingt-huit mille francs).


Table des matières

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LA VIE PUBLIQUE (début: Les poids, les mesures...)
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LA VIE A LA CAMPAGNE ( (Les voyages ...)

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38 Wieseler, Synopse chronologique, p. 437-484. Schürer, op. cit., p. 669. Chavannes, Revue de théologie de Strasbourg, année 1863, p. 218 et suiv.
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39 Ev. de Jean, XIX, 31 ; Ev. de Luc, IV, 40.
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40 Épître aux Coloss., II, 16.
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41 Exode, XII, 2.
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42 Exode, XIII, 4.
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43 Bara Mezia, fol. 10
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44 Voir livre II, chapitre XV, Les dates principales de la vie de Jésus.
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45 Voir livre II, chapitre XIII, Les Fêtes.
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46 Ev. de Marc, XIII, 35.
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47 Actes, ch. II, 15.
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48 Ev. de Marc, XV, 25 et 33.
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49 Actes, III, 1.
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50 Ev. de Matth., IX, 11; Ev. de Marc, Il, 16.
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51 Ev. de Matth., XVII, 24. Ce passage n'est cependant pas entièrement probant, car il s'agit ici de l'impôt payé au temple et non de l'impôt payé aux Romains.
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52 Sanh., fol. 25, 2.
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53 Id., ibid.
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54 Ch. 3, hal. 4.
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55 Ev. de Matth., XVIII, 17.
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56 Ev. de Luc, XV, 1.
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57 Ep. aux Galates, II, 15.
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58 L'impôt foncier était payé en nature. On devait la dîme de toutes les récoltes, sauf celle du vin et des fruits dont on remettait le cinquième c'est-à-dire la double dîme. Il semble aussi, d'après certains passages, que l'on payait un impôt sur le revenu qui était de 1 % et on l'acquittait moitié en nature, moitié en espèces.
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59 Appien, De Reb. Syr, 49.
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60 Tite-Live, 32, 7; Cicéron, Verrines, 2, 72.
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61 Ev. de Luc, XIX. 2.
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62 Voir aussi Jos., D. B. J., II, 14, 4. Les publicani majores étaient appelés Gabbaï en araméen et les minores, Moches.
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63 Ev. de Matth , XVII, 24 et suiv.
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64 Mischna, Schekalim, 1, 3; Megillah Taanith, I, 1.
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65 Ev. de Matth., XVII, 24 et suiv.
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66 Ev. de Jean, VI, 4 ; VII, 2 ; Ev. de Luc, IX. 51.

 

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