LA PALESTINE AU TEMPS DE
JÉSUS-CHRIST
CHAPITRE Il
LA GÉOGRAPHIE DES
EVANGILES (Suite)
La
Judée. - Jérusalem. - Son
nom. - Vue générale. - Les
murs d'enceinte. Le chiffre de la
population. - Les portes. - Les quatre
collines. - Les places. Les rues. - Les
synagogues. - Les monuments - Les tours.
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LA JUDÉE. -
JÉRUSALEM
L'aspect
général de la Judée est celui
d'un pays de montagnes.
Le sol est
rocailleux, la terre aride et
desséchée, et si le contraste de la
Judée et de la Galilée est encore
frappant aujourd'hui, il devait certainement
l'être plus encore au premier siècle.
En Galilée la nature était tour
à tour riante ou grandiose, partout riche et
luxuriante, la terre d'une admirable
fertilité, l'eau abondante, les champs bien
cultivés, le pays tout entier très
boisé. En Judée les montagnes
dominaient, abruptes, arides, incultes
(1) et l'impression
générale était celle de la
sécheresse et de la
désolation.
La capitale
était Jérusalem, la plus grande
cité de la Palestine, le siège des
autorités religieuses, le centre du culte et
de la vie publique, la ville qui attirait
immédiatement les regards. Elle est
située à douze heures de la
Méditerranée et à huit heures
du Jourdain. Dans la Genèse elle est
appelée Salem (2), et voici comment la tradition juive
expliquait le changement de son
nom
(3):
« Abraham a
appelé cet endroit Jireh et Sem l'a
appelé Salem. Et Dieu dit : Si je l'appelle
Jireh, cela déplaira au juste Sem, et si je
l'appelle Salem, cela déplaira au juste
Abraham. Je lui donnerai donc à la fois les
noms que chacun lui a donnés.
»
Nous commencerons par
chercher une vue d'ensemble de la
ville au premier siècle et, pour cela, nous
monterons sur la colline des Oliviers, nous
prendrons le chemin qui mène à
Béthanie et nous regarderons
Jérusalem telle qu'elle nous apparaît
à l'endroit précis où
Jésus la vit le jour des Rameaux et pleura
sur elle. La première impression est celle
d'une ville forte presque imprenable. Une
épaisse et haute muraille se dresse au
delà du torrent de Cédron, elle est
garnie de tours et s'éloigne à droite
et à gauche en remontant vers l'Est et
l'Ouest pour entourer toute la ville. Quelques.
unes des tours dépassent les autres en
hauteur. Il y en a surtout trois énormes que
l'on aperçoit de l'autre côté
de la ville dans l'éloignement. Dans
l'enceinte apparaît la masse des maisons
groupées, serrées les unes contre les
autres; elles n'ont point de toits mais des
terrasses et forment autant de petits cubes de
pierres blanches qui se détachent sur le
ciel bleu. Elles apparaissent à
inégales hauteurs, suivant qu'elles sont ou
non sur des collines. Enfin deux édifices
gigantesques dominent la cité : le Temple
(4) et le palais d'Hérode. Le
Temple apparaît comme une forteresse ou
plutôt comme une ville fortifiée dans
la ville. On distingue à peine au
delà des formidables murailles qui
l'entourent plusieurs enceintes successives
entourées de portiques et à
l'extrémité nord, à droite du
spectateur, le sanctuaire lui-même, dont le
toit très élevé est tout
entier garni d'aiguilles dorées. Enfin,
derrière le sanctuaire, séparé
du Temple mais, à cette distance, paraissant
faire corps avec lui, se dresse un cube monstrueux
dont la plate-forme supérieure domine toutes
les cours intérieures de l'édifice
sacré. C'est la tour Antonia. « Celui
qui n'a pas vu Jérusalem, disent les
Talmudistes, n'a jamais vu une belle ville
(5). »
Descendons maintenant
le mont des Oliviers, approchons-nous de la ville,
et, avant d'y entrer, examinons-en l'enceinte. Un
mur énorme percé de portes en fait
tout le tour; il environne la colline sur laquelle
le Temple est bâti, ferme Jérusalem au
Midi entoure aussi la colline de Sion qui est au
Sud Ouest, remonte vers le Nord, et faisant un
angle droit au sommet duquel est bâtie la
tour Hippicus, il semble entrer en ville et va en
ligne droite rejoindre le mur occidental du Temple.
C'est une ancienne enceinte, dont la
dernière partie est maintenant inutile, car
la cité s'est étendue au Nord dans un
quartier appelé Acra ou la ville basse. Ce
quartier est lui-même environné d'un
mur qui l'enferme et, avec lui, le palais du
procurateur et la tour Antonia ; enfin, au
delà, toujours au Nord, la ville
s'étend encore; des maisons éparses
et déjà nombreuses couvrent une
colline appelée Bézétha, et,
dans quelques années, Hérode Agrippa
(6) bâtira une troisième
muraille qui, continuant la première
enceinte à partir de la tour Hippicus,
enfermera un grand espace de terrain, entre autres
celui où se trouve le Calvaire, et rejoindra
la première enceinte non loin de la piscine
de Béthesda et tout près du
Temple.
Pendant la vie du
Christ, cette enceinte n'est pas faite et
l'emplacement du Calvaire est encore hors des
portes. Nous empruntons à Josèphe
cette distinction très nette des trois
murailles. La troisième n'existait pas au
temps de Jésus, la première seule
servait à la seconde là où la
première était devenue
inutile.
Les enceintes sont
admirablement construites. Les
murs sont « pleins de
saillies et d'enfoncements (1) ». Le premier
est garni de créneaux et fortifié par
soixante tours qui sont séparées les
unes des autres par un espace de deux cents
coudées (90 mètres). Le
deuxième mur a quatorze de ces tours et plus
tard le mur d'Agrippa en aura quatre-vingt-dix. La
ville, dit Josèphe, a trente-trois stades de
circonférence, ce qui fait sept
kilomètres environ, mais il ne faut pas
oublier qu'il comprend dans cette mesure la
muraille d'Agrippa qui ne fut élevée
qu'au milieu du premier
siècle.
Quel pouvait
être le nombre des habitants de la ville
pendant la vie de Jésus ? Il est très
difficile de le dire. Les
recensements de
population sont presque impossibles en Orient,
même aujourd'hui. Pour la population actuelle
du Caire, par exemple, on hésite entre un
minimum de deux cent mille et un maximum de six
à sept cent mille. Les témoignages
antiques font, pour Jérusalem, presque
entièrement défaut. Cicéron,
dans une de ses lettres, appelle Jérusalem
« une bicoque »
(7). Par contre, Hécathée
d'Abdère, cité par
Josèphe (8) évaluait le nombre des
habitants sous Alexandre le Grand à cent
vingt mille. Nous sommes disposé à
croire ce chiffre très peu
exagéré. Il nous donne un maximum ;
quant au minimum on petit le trouver ainsi : la
ville actuelle a à peine quinze mille
habitants ; si l'on tient compte de ce chiffre et
de la place qu'occupaient les anciennes enceintes,
ont peut donner à la ville antique un
minimum de quatre fois quinze mille habitants,
c'est-à-dire de soixante mille environ.
Jérusalem avait donc au moins soixante mille
habitant et au plus cent vingt mille. M. Renan
parle de cinquante mille seulement; ce chiffre est
bien faible. Cet auteur ne tient pas compte de
l'extrême facilité des orientaux
à s'entasser sur un étroit espace. M.
Chauvet (9) suppose quatre-vingt à cent
mille âmes, ce qui nous semble beaucoup plus
près de la
vérité.
Au moment des grandes
fêtes, le chiffre de la population augmentait
dans une proportion énorme. M. Hausrath
(10) va jusqu'à parler de trois
millions pour la fête de Pâque. Il est
certain que la foule affluait, à ce moment,
de tous les points du territoire. On dressait des
tentes dans les rues, dans la campagne, les
environs immédiats étaient
encombrés. Ce détail nous explique
pourquoi Jésus, dans les derniers temps de
sa vie, sortait de la ville tous les soirs et
allait passer la nuit à Béthanie ou
dans une ferme du mont des Oliviers. Il ne trouvait
pas à se loger à Jérusalem.
Nous comprenons aussi qu'autour de la croix,
dressée aux portes mêmes, il y eut une
véritable foule. Pendant le siège, la
population de l'inférieur de
Jérusalem fat au moins d'un
million.
Nous n'avons encore
parié que de l'enceinte ; avant d'entrer
dans la ville, examinons les
portes. Chacune d'elles forme
dans l'épaisseur de la muraille une
allée voûtées d'une certaine
profondeur et fermée par des battants
à ses deux extrémités. C'est
ainsi qu'étaient faites aussi toutes les
portes du Temple .Au dessus de la voûte
était une chambre spacieuse où
pouvaient se tenir ceux qui défendaient
l'entrée. Nous ne savons rien de positif sur
le nombre des portes et sur l'ordre dans lequel
elles étaient placées. Reland, dans
son fameux ouvrage sur la Palestine
(11), en nomme plusieurs, mais se borne
à une simple nomenclature :
1° la porte
Ancienne au N.-E. ;
2° la porte
d'Éphraïm ou de Benjamin ;au Nord ;
3° la. porte de
l'Angle au N.-O. ;
4° la porte de
la Vallée,
5° la porte du
Fumier;
6° la porte de
la Source au S.-E.
Nous ne reconnaissons qu'une
seule de ces portes, celle du Fumier ou des Egouts
; elle est indiquée par
Néhémie
(12) et était près de
l'emplacement actuel de la porte .Elle fut
appelée aussi porte des Esséniens.
Mais il y en avait d'autres que Reland ne nomme pas
; par exemple la porte des Jardins, à l'Est
près de laquelle était le Calvaire
(13). Le deuxième mur
destiné à entourer l'Acra ou la ville
basse commençait à cette porte. Elle
tirait son nom de plantations d'arbres fruitiers,
nombreuses de ce côté de
Jérusalem. Au premier siècle ces
jardins tendaient à disparaître et
étaient remplacés par des maisons.
Quelques années plus tard Agrippa fera
entrer ces maisons dans la ville en bâtissant
le troisième mur. Ces jardins se trouvaient
placés sur des terrains très
accidentés ; les grottes et les rochers y
étaient nombreux ; quelques-uns
appartenaient à de riches personnages.
Joseph d'Arimathée, membre du
Sanhédrin, en possédait un et y avait
fait creuser dans le roc un tombeau pour lui et les
siens ; le Calvaire était
précisément là, dans l'angle
formé par le premier et le second mur
d'enceinte, au carrefour des routes de la vieille
et de la nouvelle ville et à quelque pas de
cette porte des Jardins qui fut certainement celle
par laquelle Jésus sortit accompagné
de Simon, de Cyrène portant la
croix.
Nous savons aussi
l'existence d'une certaine porte des Poissons
(14), mais sans pouvoir en indiquer
l'emplacement (15) ; à côté d'elle
se trouvait le marché aux poissons tenu par
des Tyriens et alimenté par les
pêcheurs du lac Tibériade
(16).
A l'Est,
derrière le Temple, une porte appelée
aujourd'hui porte Saint-Etienne
(17) était nommée autrefois
porte des Brebis; le réservoir de
Béthesda était tout auprès, et
c'est par elle que passaient les brebis
destinées aux sacrifices. On aime à
se représenter que la scène du
chapitre X de l'évangile de saint-Jean s'est
passée près de cette porte.
Jésus voyait entrer et sortir les brebis et,
suivant sa méthode constante, faisait
simplement allusion à ce qui se passait sous
ses yeux en disant : « Je suis, moi, la porte
des brebis. » Elle était la principale
sortie de la ville à l'Est, elle touchait le
Temple. Jésus dut sans cesse entrer dans la
ville et en sortir par cette porte. C'est par elle
qu'il passa le jeudi soir 6 avril 30
(18), quand il sortit de Jérusalem
pour aller au jardin des Oliviers où il fut
arrêté. Plus loin que l'emplacement de
la porte des Brebis et du même
côté on voit aujourd'hui un reste de
temple d'Hérode
(19), une entrée aujourd'hui
murée appelée porte d'or
(20). Par elle on pénétrait
dans les cours intérieures du Temple, et
comme elle s'ouvrait sur la vallée de
Cédron et le mont des Oliviers, c'est
probablement par elle que Jésus passa le
dimanche des Rameaux. Nous ne pouvons parler avec
précision d'aucune des autres portes de
Jérusalem dont Néhémie et
d'autres écrivains de l'Ancien Testament
nous donnent les noms. Au midi, du reste, il n'y en
avait pas (21), le mont Sion était par
là inaccessible.
Entrons maintenant
dans la ville. Nous avons nommé
déjà les quatre
collines sur lesquelles elle était
bâtie : Sion, Morijah, Bézétha
et Acra. Nous savons déjà que
Bézétha, couvert de maisons au temps
du Christ, était cependant encore en dehors
des enceintes.
Il reste Sion ou la
ville haute, Morijah ou la colline du Temple, et
Acra ou la ville basse. Josèphe place Sion
au S.-O., séparant entièrement cette
montagne de celle du Temple (Morijah), à
l'Est Cette affirmation ne s'accorde pas avec les
données bibliques qui parlent toujours de
Sion comme de la montagne sainte
(22), celle sur laquelle s'élevait
le sanctuaire, et les archéologues modernes
s'accordent à rectifier sur ce point les
données de l'historien juif. Sion n'est pas
la colline S.-O. mais la colline orientale, y
compris l'éminence sur laquelle était
le Temple.
Sion est la vieille
ville, celle de David qui, au temps de
Jésus, occupait toute la partie sud de
Jérusalem. Le nom primitif d'une colline
s'était étendu à plusieurs
quartiers, les plus élevés de la
cité. Puis Jérusalem avait grandi au
Nord et grandissait encore au premier
siècle. Une vallée profonde
séparait là ville haute de la colline
du Temple d'une part et de la ville basse de
l'autre. Cette vallée, appelée
vallée des fromagers ou du Tyropoeon, a
disparu presque entièrement aujourd'hui.
Elle est comblée par les décombres et
les détritus amassés depuis dix-huit
siècles. Le nom de vallée des
fromagers lui était donné au premier
siècle et il datait sans doute des origines
de la ville.
La place principale
de Jérusalem était au fond de cette
vallée, elle s'appelait Xystus et, au dire
de Josèphe, aurait été le
forum de la ville, le lieu des assemblées
populaires, le Pnyx de la cité. Sur cette
place était le palais du
conseil. Enfin au-dessus passait un pont
(23) reliant la colline du Temple
à la ville haute. Si nous nous
plaçons sur cette colline du Temple, nous
voyons à nos pieds Jérusalem tout
entière. Elle nous apparaît comme
formée de deux villes distinctes, la haute
et la basse. La ville haute est à notre
gauche, la ville basse à notre droite et,
devant nous, séparant ces deux
moitiés de la cité, le vieux mur de
la première enceinte avec le Tyropoeon et la
grande place du Xystus.
Le second mur (qui
sera plus tard dans l'intérieur) entoure au
Nord toute la ville basse.
Si nous parcourons
l'intérieur de Jérusalem, nous y
trouvons quelques places
publiques outre celle que nous venons de nommer :
la place des Bouchers
(24), la place des Ouvriers en laine
(25), le marché des Engraisseurs,
celui des Lainiers (habité par des foulons
païens) appelé aussi marché
supérieur (26). Il y avait encore une place dont le
nom nous est inconnu
(27) et qui devait être sur la
plate-forme du Temple ; Jésus dut bien
souvent la traverser.
Ces places sont
balayées tous les jours
(28), détail qui contraste avec la
malpropreté des villes de l'Orient moderne.
Il n'y a point de jardins, car on craint l'odeur de
l'engrais (29, sauf cependant un jardin de roses
qui date du temps des prophètes
(30). Les fourneaux sont interdits
à cause de la fumée
(31). Les rues sont
étroites, mais les plus importantes ont
été dernièrement pavées
par Hérode le Grand. Çà et
là apparaît une voie plus large que
les autres et dans celles-ci des boutiques, des
bazars, mais c'est toujours près des portes
qu'il y a le plus de mouvement et que sont
ménagés les plus larges espaces. Nous
ne connaissons les noms que de deux rues, celle des
Boulangers (32) et celle du Temple, qui longeait le
mur occidental de la montagne sainte. La ville est
tout entière en montées et en
descentes; nous savons que la montée qui
donnait accès au Temple n'était pas
très rapide. Les boeufs et les brebis la
gravissaient aisément. L'enfant était
dispensé de se présenter au
Sanctuaire pour les trois grandes fêtes,
jusqu'au jour où, d'après
l'école de Hillel, « il pouvait monter
seul la montagne du Temple en donnant la main a son
père (33). »
Le mouvement des rues
dans nos grandes villes modernes ne saurait nous
donner aucune idée de la vie
journalière dans les grandes cités du
monde antique. A Paris à Londres, ce qui
frappe avant tout, c'est le grand nombre des
voitures. Or, à Rome, les chars ne
circulaient que la nuit. Le jour, les trottoirs
étaient envahis par les étalages des
marchands qui n'avaient point de boutiques
fermées comme de nos jours, et sur la
chaussée circulaient les piétons et
les litières. Quant aux chevaux, aux chars,
aux voitures, ils ne passaient qu'après la
chute du jour et lorsque les boutiques
étaient fermées. Il en était
de même à Jérusalem. On ne
voyait aucune voiture dans les rues ; quant aux
litières, elles étaient rares et
d'ordinaire remplacées par des chameaux ou
des ânes. Du reste, la plupart des rues
étaient si étroites, que jamais
voiture au monde n'aurait pu y
pénétrer. C'est à peine si
deux ânes chargés pouvaient y marcher
de front.
Le lecteur aura
remarqué que les noms des rues et des places
qui nous ont été conservés,
indiquent toujours quelque métier: les
bouchers, les chaudronniers, les boulangers; ces
noms nous portent à croire que les divers
métiers étaient groupés par
quartier dans l'intérieur de
Jérusalem, occupant qui une rue, qui une
place, qui un carrefour. Cette opinion se confirme
quand nous savons le nombre incroyable de
synagogues que
possédait Jérusalem. Il y en avait
480 (34). On comprend ce chiffre exorbitant,
lorsqu'on sait qu'aujourd'hui, dans les villes
musulmanes, le nombre des mosquées n'est pas
moins considérable. Chaque famille a pour
ainsi dire ]a sienne. Les synagogues de
Jérusalem étaient certainement la
propriété exclusive des grandes
familles et surtout des corporations. Il y en avait
une, par exemple, appelée synagogue des
chaudronniers. De plus, les étrangers de
passage dans la ville avaient à leur usage
la synagogue spéciale de la contrée
d'où ils venaient ; il y avait les
synagogues des Cyrénéens, des
Ciliciens, des Asiatiques, des Alexandrins
(35). Dans celle-ci on employait la
langue grecque et on lisait la traduction des
Septante. Toutes ces synagogues étaient
très fréquentées et chaque
matin, au lever du jour, les rues se remplissaient
de femmes, de scribes, de Pharisiens, leurs
Tefillin attachés sur le bras, se rendant
à leur synagogue
préférée.
Parlons maintenant
des monuments que nous
avons aperçus dit haut du Mont des Oliviers
: les tours d'enceinte, le palais d'Hérode
et la tour Antonia.
Nous décrirons
le Temple dans des chapitres spéciaux de
notre second livre auxquels nous renvoyons le
lecteur. Les tours d'enceinte
étaient nombreuses, nous en distinguons
trois, les tours Hippicus, Phasaël et de
Mariamne Elles sont toutes neuves ayant
été construites ou plutôt
surélevées par Hérode le
Grand. La tour Hippicus (nom d'un ami
d'Hérode) était quadrangulaire
(36). Elle avait vingt-cinq
coudées (11 m. 25) de côté,
trente coudées (13 m. 50) de hauteur,
à partir de l'endroit où elle cessait
d'être intérieurement massive
(nullement creuse )à
l'intérieur on avait creusé une
citerne de vingt coudées (9 m.) de
profondeur. Elle avait deux étages,
plusieurs chambres et au sommet était garnie
de créneaux de trois coudées. Le
parapet avait deux coudées. Sa hauteur
totale était de quatre-vingts coudées
(36 m.).
La tour Phasaël
(nom d'un frère d'Hérode) avait
quarante coudées (18 m.) de
côté. C'était un cube
régulier, à partir de l'endroit
où elle cessait d'être
intérieurement massive. Elle était
assez luxueusement arrangée, avait un
portique intérieur et une salle de bains. Sa
hauteur totale à partir dit sol était
de quatre-vingt dix coudées (40 m. 50). On
dit qu'elle ressemblait assez au phare
d'Alexandrie.
La tour de Mariamne
(nom d'une des femmes d'Hérode) était
massive jusqu'à la hauteur de vingt
coudées (9 m.). Elle formait aussi un
carré de vingt coudés (9 m.) et avait
au total cinquante-cinq coudées (27 m. 75).
L'intérieur était encore plus luxueux
que celui de la tour Phasaël. Ces trois tours
déjà fort hautes, surtout les deux
premières, paraissaient plus
élevées encore parce qu'elles
étaient bâties sur des collines. Titus
laissa ces tours debout. Elles étaient au
nord du palais royal et la tour Phasaël
subsiste encore en partie sous le nom de tour de
David.
La tour Hippicus
était exactement où est aujourd'hui
le château de Jérusalem, qui a
été bâti par les Sarrazins sur
ses fondements, à l'angle nord ouest du
premier mur d'enceinte.
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