Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

PROVERBES.

CXXXV. — Première partie du livre.

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1804. Les Proverbes de Salomon sont les sentences morales ou les maximes de sagesse que l'Éternel lui inspira. Il nous est dit ailleurs (1 Rois 4: 32) qu'il en prononça trois mille, et nous n'en possédons ici que huit ou neuf cents. La plupart furent rassemblés par Salomon lui-même tels qu'ils nous sont parvenus; d'autres eurent pour rédacteurs des prophètes qui vivaient au temps du roi Ezéchias (25: 1); puis, il en est quelques-uns d'un nommé Agur (30).

1805. On peut diviser le livre des Proverbes en cinq parties. La première contient les neuf premiers chapitres et forme un discours écrit probablement après tout le reste et destiné à servir d'introduction aux proverbes proprement dits. La seconde va du dixième chapitre au dix-septième verset du vingt-deuxième chapitre et se compose toute de maximes détachées. La troisième, qui comprend la fin de ce chapitre et les deux suivants, est un discours sentencieux que Salomon adresse à son fils. La quatrième renferme les proverbes recueillis sous Ezéchias et occupe cinq chapitres. Viennent enfin les paroles d'Agur, des avis au roi Lémuel et la description de la femme forte.

1806. (1.) Dans un court préambule (1-7), Salomon se présente, lui, le fils de David, le roi d'Israël, comme voulant instruire les hommes simples de cœur et les jeunes gens, afin qu'ils sachent discerner ce qu'il faut faire et ce qu'on doit éviter. Il dit que les sages eux-mêmes, en l'écoutant, deviendront encore plus sages, et afin qu'on voie tout de suite qu'il ne s'agit pas ici des leçons de la sagesse humaine, il déclare que sans la crainte de Dieu l'on ne saurait se les approprier; car l'insensé, qui ne craint pas Dieu, ne peut que mépriser la divine sagesse. C'est déjà ce que le Saint-Esprit avait exprimé par la bouche du Psalmiste (111: 10). À l'occasion de ce dernier passage, j'ai expliqué ce qu'il faut entendre par la crainte de l'Éternel [1721].

1807. (8-19.) Après avoir indiqué de la sorte son but, Salomon s'adresse à son fils, à Roboam sans doute, et dans sa personne à tous les jeunes gens. Il les supplie d'être attentifs aux leçons de leur père, sans mépriser celles de leur mère, et de ne pas se laisser entraîner au mal par les perfides conseils des méchants. Quelque dépravés que soient des parents, il en est peu qui ne désirent au fond de voir leurs enfants meilleurs et plus heureux qu'eux-mêmes; mais si Dieu vous a fait la grâce, ô mes jeunes lecteurs! de vous donner un père et une mère craignant et aimant le Seigneur, dites-vous que leurs leçons, leurs exhortations, leurs réprimandes, doivent vous être plus précieuses qu'une couronne et que les plus magnifiques joyaux (8, 9). Et si vous croyez que Dieu vous parle par ma bouche dans ce moment, ne penserez-vous pas que c'est aussi lui qui vous parle habituellement par la bouche de ce père qui n'a rien de plus cher que votre avenir, de cette mère qui ne vit en quelque sorte que pour vous? Défiez-vous, je vous en supplie, défiez-vous de vos amis de jeu ou d'études, qui vous tiennent si souvent des discours contraires à ceux de vos parents! Ils n'iront pas sans doute jusqu'à vous conseiller le pillage sur les grands chemins, comme cela pouvait se faire encore du temps de Salomon, après tant de guerres et de troubles, et comme on l'a vu pratiquer même par des gens d'une certaine distinction dans les siècles d'une demi-barbarie; mais de combien de façons les pécheurs ne peuvent-ils pas vous conduire à votre perte, si vous les écoutez plutôt que les leçons de la sagesse! (10-19.)

1808. (20-23.) Ce n'est pas sourdement qu'elle agit, la souveraine sagesse de Dieu, ce n'est pas en cachette qu'elle donne ses conseils, comme le font d'ordinaire les méchants. Elle invite hautement les pécheurs à se convertir, leur promettant son Esprit en abondance pour leur faire comprendre ses enseignements. Mais si les moqueurs continuent à se moquer, et les insensés, à haïr la vraie science; si vous, qui Usez ces lignes, vous rebutez les leçons du Seigneur et ses répréhensions, un jour vient où il se moquera de vous à son tour (Ps. 2:4). Dans votre détresse, vous crierez à Dieu, et Dieu ne vous répondra pas, si ce n'est pour vous dire: «Mangez le fruit de vos œuvres.» Vous avez semé le péché, vous ne pouvez recueillir que la misère. Ah! c'est une terrible chose que le mépris des grâces de Dieu; témoin Saül! Mais écouter la voix de l'Éternel, la serrer en son cœur, c'est ce qui fait la sûreté de l'âme.

1809. (2.) Sagesse, prudence, science, connaissance de Dieu, crainte de l'Éternel, obéissance à sa Parole, observation de ses commandements (1-7), tout autant d'expressions qui reviennent fréquemment dans les Proverbes et qui ont une intime ressemblance. On peut dire cependant, pour les distinguer les unes des autres, que la vraie science consiste à connaître Dieu: la sagesse, à craindre de lui déplaire; la prudence, à écouter attentivement sa voix; et que tout se résume dans le désir réel de faire sa volonté. Or voilà ce que nous devons demander à Dieu du fond de notre cœur (3), ce que nous devons chercher avec l'ardeur et la persévérance que d'autres mettent à la poursuite des biens de la fortune (4); car ce sont des grâces excellentes et le Seigneur seul les donne (6), gardant ainsi la voie de ceux qui l'aiment parce qu'ils ont été les objets de sa miséricorde (7, 8). Que fera surtout un jeune homme entouré de conseils perfides et de pièges tendus à sa moralité, s'il n'est conduit et protégé par la souveraine Sagesse? À moins qu'il ne veuille entrer au chemin de la mort et y périr comme tant d'autres, il lui faut la prudence et l'intelligence qui viennent de Dieu (10-22).

1810. (3.) La grâce et la vérité (3) sont deux grands traits du caractère de Dieu. Nous les avons vus souvent signalés dans le livre des Psaumes. La grâce, c'est-à-dire la miséricorde, et l'amour d'où cette miséricorde procède; la vérité, c'est-à-dire la conformité parfaite de la révélation divine avec les faits du monde visible et du monde invisible, comme avec les faits à venir qu'elle prophétisa et notamment l'entière rédemption des élus. Mais ce qui est en Dieu doit aussi se trouver en ses enfants. Comme lui, ils aimeront; comme lui, ils seront vrais, leur amour découlant du sien et leur véracité de la sienne. Si donc l'amour et la vérité ne vous abandonnent pas, si vous les écrivez sur les tablettes de vos cœurs, si vous vous appuyez sur l'Éternel sans vous confier en votre propre sens, si vous êtes humbles devant Dieu, vous serez fortifiés par sa grâce même et par sa vérité; «elles aplaniront (1-8) vos sentiers;» ce sera pour vous un principe de vie et une source de vigueur (1-8). Ce n'est pas à dire que celui qui craint l'Éternel soit, ici-bas, à l'abri de tous les maux; mais il sait posséder son âme dans la patience par la douce pensée que «l'Éternel châtie celui qu'il chérit, comme un père, l'enfant auquel il prend plaisir.» Bienheureux donc est l'homme qui a trouvé la vraie sagesse; car elle vaut mieux que l'argent et l'or, mieux que les perles! Qui le savait comme Salomon? Elle est l'arbre de vie que l'homme perdit en Éden (9-18). Cette sagesse de Dieu dont parle Salomon est celle par qui l'Éternel a fondé la terre et arrangé les cieux (19, 20). Au nombre des leçons qu'elle donne, l'auteur des Proverbes signale celles-ci: Ne pas craindre ce que craignent ceux qui ne mettent pas leur espérance dans le Seigneur (24-26); être prompt à donner et donner libéralement (27, 28); ne faire aucun tort au prochain (29); éviter les procès (30); ne point porter envie au méchant, quelle que soit sa prospérité (31), et ne pas marcher sur ses traces, car la malédiction de l'Éternel pèse sur la maison des méchants, mais il bénit la demeure des justes (33): quoi qu'il en soit, il fait grâce aux humbles et leur destine sa gloire (34, 35).

1811. (4: 1-19.) Salomon rappelle à son fils les instructions que lui avait données à lui-même David son père, celles aussi qu'il devait à la tendresse éclairée de Bathscébah. Ce discours reproduit en d'autres termes ce que nous avons lu dans les chapitres précédents sur le prix de la sagesse. Je me borne à en extraire quelques pensées auxquelles nous devons nous rendre d'autant plus attentifs que ce sont des pensées de Dieu, exprimées à la fois par la bouche de David et par celle de Salomon, l'un et l'autre prophètes de l'Éternel et types de Jésus-Christ. La Parole de Dieu est la vie de l'âme (4); la sagesse qu'elle donne en est la gardienne (5, 6); par elle, on est sur le chemin de la vraie gloire et de l'éternel bonheur (8-10), et, sous sa conduite, on peut courir sans broncher, parce qu'elle nous fait connaître les difficultés de la route, tout en nous enseignant le moyen de les vaincre (11, 12). 
Sans instruction quelconque, notre âme serait comme un corps privé de sang et de nerfs. Mais si la connaissance des choses humaines fait la vie de l'entendement ou de la pensée, il faut, pour que le cœur et la conscience vivent, l'instruction de Dieu, donnée par sa Parole. Voilà celle qu'il nous importe par-dessus tout de recevoir et de garder en dépit de Satan et du monde, qui voudraient nous la ravir (13). Il s'agit, à cet effet, de tenir nos pieds hors de la voie des méchants, vrais enfants du diable, dont tout le bonheur est de faire le mal et d'y pousser les autres, et qui s'attaquent surtout à la jeunesse. Mais la voie des méchants est une voie ténébreuse, l'issue en est un horrible précipice dont personne ne saurait sonder la profondeur; tandis que «la voie des justes est comme la lumière resplendissante, qui augmente son éclat jusqu'à ce que le jour soit dans sa perfection;», car il y a pour eux progrès dans la foi, comme pour les mondains progrès dans l'iniquité (14-19). Vous voyez que David, parlant à son futur successeur, n'était pas moins la bouche de Dieu que lorsqu'il écrivait les Psaumes (Ps. 1: 6).

1812. (20-27.) Après avoir redit à Roboam les pieux conseils de son aïeul, Salomon continue à lui faire entendre les leçons de la souveraine sagesse; et que de directions importantes en peu de mots! Il ne s'agit pas pour le serviteur de Dieu, comme pour l'honnête mondain, de régler seulement les dehors de sa conduite, et bien souvent de faire toute espèce de mal en se bornant à sauver les apparences: c'est du cœur que jaillissent les sources de la vie morale; c'est donc votre cœur que vous garderez de toute pensée, de toute affection, de tout sentiment coupables, et vous le garderez plus qu'un avare son trésor, une mère son enfant, un soldat le poste qui lui est confié (23). Puis, tandis que les honnêtes gens du monde attachent peu d'importance à la valeur de leurs discours, jurant, mentant, flattant, médisant et se moquant les uns des autres, vous éviterez toute parole peu convenable (24) et vous ferez la prière dont nous avons ailleurs un si beau modèle (Ps. 141: 3). Vos yeux enfin ne regarderont que ce qu'il leur est permis de voir, se dirigeant d'habitude sur le terme de la course et sur celui qui nous y attend (25). De cette manière (26, 27), votre conduite, en parfait équilibre, suivra la direction tracée des mains mêmes de Dieu; et si votre pied, hélas! entre encore quelquefois dans le mauvais chemin, vous l'en retirerez aussitôt, parce que votre cœur n'y sera pas (Ps. 1:1).

1813. (5.) S'il est une monstruosité qui doive inspirer à un homme honnête une invincible aversion, c'est la femme qui, foulant aux pieds le plus bel apanage de son sexe, a fini par abjurer toute pudeur. Pur lui-même, avant le mariage, de toutes liaisons coupables, il conserve jusqu'à la fin pour l'épouse que Dieu lui a donnée, l'affection tendre et unique qu'elle lui inspira dans son jeune âge. En s'écartant de cette voie sainte et pleine en même temps de joies légitimes, on vit d'une vie de jouissances amères, on ruine sa fortune, ses forces, sa santé, son honneur, et son âme plus que tout le reste; car on devient insensible aux leçons et aux réprimandes de la sagesse de Dieu, on s'enrôle dans l'affreuse bande des impies, et l'on meurt, triste et juste victime des folies de sa jeunesse si habituellement suivies des désordres de l'âge mûr. — Priez Dieu, mes chers lecteurs, afin que son Saint-Esprit vous préserve des séductions de l'impureté, et, dans l'effervescence de la passion, regardez à Jésus-Christ.

1814. (6.) Si l'impureté détruit l'âme, il est deux choses, une imprudence et un vice, qui détruisent les fortunes les mieux assises: ce sont les cautionnements et la paresse. Or, tout en reconnaissant qu'il y a une sainte pauvreté, comme le fut celle de notre Seigneur Jésus-Christ, il en est une dont l'homme doit rougir, savoir la pauvreté qui a sa source dans la négligence et le désordre. On comprend donc que la Parole de Dieu nous indique, ici et ailleurs, les moyens de nous en préserver (1-15). Voyez ensuite les sept choses que hait l'Éternel (16-19): l'orgueil, le mensonge, l'effusion du sang, rapprochement de trois idées que nous avons vu ailleurs [1624]; puis, le cœur perfide, l'habileté à faire le mal, les faux témoignages et les brandons de la discorde. Ce sont là de grandes abominations, et pourtant, combien elles sont communes.

1815. (20-35; 7: 1-27.) Heureux, pour le redire, les enfants qui ont des parents pieux! plus heureux encore ceux qui retiennent leurs leçons! rien ne saurait mieux les garder du mal, surtout des pièges que tant de femmes et d'hommes pervertis tendent aux mœurs de la jeunesse. Ne vous étonnez pas de voir Salomon reproduire cette idée. Il n'est pas en effet de désordre plus funeste, et pour peu qu'on ait quelque expérience de la vie, on demeure persuadé que les mauvaises mœurs sont la cause la plus universelle de l'impiété et de la misère qui règnent ici-bas. Il n'est rien par quoi Satan fasse avec plus de succès son œuvre de destruction. Combien d'exemples votre mémoire ne peut-elle pas vous en fournir! Voyez notamment Ruben, Juda, les Israélites dans le désert, Samson et les fils d'Héli [498, 518, 982, 1285, 1307].

1816. (8.) Après ces exhortations plus ou moins spéciales, la souveraine Sagesse proclame de nouveau ses invitations aux petits et aux grands, à tous ceux qui manquent de la véritable intelligence et qu'elle appelle des insensés (1-11), les invitant à acquérir auprès d'elle la prudence qui vient de Dieu (1: 20-32). Elle définit la crainte de l'Éternel par ce seul mot: C'est la haine du mal (13). Mais ce qu'il y a de plus remarquable, c'est la manière dont elle parle de sa propre personne, car elle est une personne en effet. Relisez notamment les versets 22 et suivants jusqu'au 31e, et voyez si l'on a eu tort de penser que Celui que le Saint-Esprit désigne ici sous le nom de la souveraine Sagesse, est le même être qu'il nomme dans l'Évangile la Parole, la Parole qui était au commencement avec Dieu, qui était Dieu, sans qui rien n'a été fait (3:19, 20), qui est le Fils unique du Père, l'objet de son affection éternelle, l'ami des pauvres pécheurs (Jean 1 :1-14). C'est cet Ange de l'alliance éternelle qu'on a vu sur les montagnes, sur les chemins, dans les carrefours et les places publiques, appelant les pécheurs pour leur dire des choses souverainement importantes (1-6); c'est lui dont toutes les paroles ont été des paroles de vérité, de sainteté, de justice, et d'une simplicité qui les met à la portée de tous ceux qui sont droits de cœur (7-9); c'est à lui qu'appartient la puissance non moins que la sagesse, par lui que les rois règnent dans l'intérêt du bon ordre et que les tribunaux rendent leurs justes arrêts (14-17). Il aime ceux qui lui donnent leur cœur; il se fait trouver de ceux qui le cherchent; il a pour eux des richesses et une gloire qui demeurent à jamais; il les fait marcher dans la bonne voie, ce qui est le plus grand de tous les biens (18-21). Voyez si ce portrait n'est pas le portrait même de notre Seigneur Jésus-Christ. Ah! c'est bien de lui qu'on peut dire que «celui qui le trouve a trouvé la vie, mais que ceux qui le haïssent aiment la mort!» (32-36.)

1817. (9.) Le discours d'introduction du livre des Proverbes se termine par une parabole dont le sens, au moins dans sa première partie, ne saurait échapper à mes lecteurs (1-12). La souveraine, Sagesse est comparée à une reine qui a bâti son palais sur sept colonnes; sept, nombre sacré, à raison des sept jours de la création. Elle a préparé un festin, et elle envoie ses servantes dans les places publiques inviter tout le monde à venir manger de son pain et boire de son vin, notamment ceux que l'indigence exténue et qui manquent de sens. Sous ces images, il est impossible de ne pas reconnaître le Sauveur et les appels de sa grâce, tels qu'il devait les faire porter au monde par les messagers de la bonne nouvelle (Matth. 22: 1-14; Luc 14: 16-24), sans parler du pain et du vin que notre Seigneur a choisis pour en faire les symboles de son corps et de son sang, nourriture spirituelle des âmes. Quant à la femme insensée que décrit ensuite la parabole (1318), c'est l'image de la sagesse humaine; de cette sagesse, hélas! que les hommes décorent souvent du nom de philosophie ou même de religion. Rien de plus bruyant et à la fois de moins sensé. Orgueilleux de sa raison, l'homme fait grand étalage de son prétendu savoir; il se donne comme la source de la vérité; docteur, il attire à lui la multitude, la flatte par de belles paroles, la séduit par ses promesses et lui donne l'erreur pour toute nourriture. Or les gens dépourvus de sens, ceux à qui manquent les lumières du Saint-Esprit, s'y laissent aisément entraîner, ne considérant pas que «là sont les morts,» et que, pour avoir cédé aux attraits de la sagesse humaine, on se précipite «au fond de l'abîme!» En effet, tout homme qui n'est pas conduit par l'Esprit de Dieu, est mort dans ses fautes et dans ses péchés; ce qu'il présente comme des réalités ne sont que de vaines ombres; de lui ne peut sortir qu'une doctrine de mort, non de vie. Parmi ces savants si renommés et ces politiques si habiles, il n'est pas un seul individu qui ait su, de lui-même, trouver le chemin du ciel. «Là sont les morts et les habitants du sombre séjour.» Pour ce qui concerne le présent siècle, nous pouvons et devons les écouter avec une certaine déférence; mais si nous leur confions nos âmes, nous nous livrons de gaieté de cœur à une horrible perdition.

1818. Les versets 6 à 12, que j'ai laissés en arrière pour serrer de plus près le parallèle de la souveraine Sagesse et de la femme insensée, me paraissent une prophétie des enseignements de Jésus-Christ, de l'incrédulité qui les accueillit, des outrages dont il fut lui-même l'objet de la part des moqueurs, des grâces qu'il répandit sur ceux qui, à sa venue, attendaient pieusement la consolation d'Israël, et même du jugement à venir qui est remis entre ses mains. Abstraction faite de leur caractère prophétique, ces versets contiennent de grandes vérités morales. C'est d'abord que, pour vivre de la vraie vie, il faut renoncer, comme dit un apôtre, «à la vaine conduite qui nous a été transmise par nos pères (1 Pierre 1: 18).» Ensuite, et ceci rappelle une des paroles les plus frappantes de notre Seigneur (Matth. 7: 6), il n'est que trop vrai qu'à reprendre le méchant et l'impie, on n'obtient souvent autre chose que leurs insultes et leur haine; tandis que l'instruction trouve dans le cœur du fidèle un accueil bienveillant et de plus en plus fertile en sainteté. Si donc il est manifeste que la Parole de Dieu s'adresse à tout homme: aux incrédules pour les convertir, aux fidèles pour les conduire dans la bonne voie, il l'est également que cette Parole (et le livre des Proverbes en particulier), est spécialement destinée à ceux qui croient. Enfin, après avoir répété combien est grand le prix de la sagesse (10, 11), le Saint-Esprit nous rappelle la vérité toute simple, mais trop oubliée, que chacun subira les conséquences de sa conduite, au jour où Dieu fera venir toute œuvre devant son tribunal. En vivant pour lui, nous le glorifions et nous édifions notre prochain; mais, après tout, nous faisons notre propre bonheur. Si, au contraire, nous méprisons Dieu et les avertissements de sa Parole, nous nous perdons.


CXXXVI. — Seconde partie. Maximes.


1819. Bien que notre Étude précédente ait dû naturellement demeurer fort imparfaite, celle-ci le sera plus encore; car chacune des maximes qui se trouvent dans les beaux chapitres qui sont devant nous pourrait faire le sujet d'une méditation, et nous devons, au contraire, tout concentrer en quelques pages. Il faut donc nous borner à sortir de cette multitude d'instructions morales celles qui nous paraissent les plus remarquables ou les plus difficiles à saisir au premier aspect.

1820. Pour commencer par une observation générale, vous verrez que, dans la plupart de ses maximes, Salomon oppose le sage à l'insensé, le juste au méchant, l'homme intelligent à celui qui est dépourvu de sens, et aux pécheurs les gens de bien. Ce sont des expressions parallèlement synonymes, d'où nous concluons, comme de tout le reste de la Bible, qu'il n'y a proprement dans ce monde que deux classes d'individus: ceux que conduit l'Esprit de Dieu et ceux qu'il ne conduit pas, ceux qui sont justifiés par la foi et ceux qui ne se repentent point de leurs méchantes œuvres, ceux qui connaissent le Seigneur et ceux qui demeurent étrangers à ses voies, les pécheurs convertis et les inconvertis. Ces deux classes se subdivisent en plusieurs autres; de la seconde on peut passer dans la première; il n'est pas toujours facile de déterminer à laquelle des deux appartient un individu; mais, de fait, on est ou l'on n'est pas enfant de Dieu. Or, le livre des Proverbes s'adresse aux uns et aux autres, bien qu'avec une intention différente, comme je le disais à la fin de l'Étude précédente.

1821. (10: 1-16.) Il n'est pas de joie plus grande pour des parents pieux que de voir leur famille marcher dans le bon chemin; c'est là que tendent leurs exhortations et leurs prières. Mais quelle affliction profonde, si les enfants que Dieu leur a donnés ne veulent vivre que pour le monde! (5: 23.) — La justice de la foi est la vraie richesse; elle seule peut nous préserver de la mort, tout en nous assurant ici-bas mille bénédictions; cependant Dieu ne veut pas que ses serviteurs vivent dans l'oisiveté (6: 6-11). Souvent, il est vrai, l'homme ne se montre actif et diligent que par la passion d'amasser et de jouir; toujours est-il que la paresse est un vice qui ne se concilie pas avec la conversion du cœur (2-5). — Le juste est béni et le méchant maudit: voyez le juste Abel et le méchant Caïn; voyez le souvenir honorable qui se conserve d'un Abraham, d'un Joseph, d'un Samuel, d'un David, et l'opprobre qui demeure attaché au nom d'un Abiniélec, d'un Saül, d'un Simhi, d'un Absalom (6, 7). — Quand on est docile à la voix de Dieu, quelle que soit la bouche par laquelle ses ordres nous parviennent, on fait preuve à la fois d'humilité et de saints désirs: c'est la vraie sagesse. Agir autrement est pure folie et la ruine ne se fait pas attendre (8): témoins soient David et Nabal (1 Sam. 25).
Marcher droit c'est marcher sûrement; mais on ne saurait suivre des voies obliques sans finir par déceler l'hypocrisie de son âme (9).
Des yeux comme de la bouche on peut offenser et bénir; car s'il y a des regards bienveillants, il y a aussi des regards pleins d'insulte (10, 11). — La haine engendre les dissensions; mais si nous aimons nos frères, nous aurons de l'indulgence pour eux et nous couvrirons d'un voile leurs mauvais procédés (12). — On ne trouve la vraie sagesse que dans les discours et les livres des hommes en qui le Saint-Esprit a déposé la sagesse: quant à ceux qui n'ont, pour se conduire, que leur propre sens, rien ne saurait les garantir du mal, et qui écoute leurs conseils marche à sa ruine (13, 14). — Riche ou pauvre, la grande question est toujours de savoir si l'on est du nombre des justes ou de celui des méchants; il est sûr que les biens de la fortune donnent une force, une facilité d'action, une influence particulières, et les pauvres se trouvent naturellement exposés à des tentations que les riches ne connaissent pas. C'est un fait que la Parole de Dieu signale; mais il ne s'en suit pas que, par ses richesses, le riche soit plus près du salut, tout comme ce n'est pas non plus la pauvreté qui sauve (15, 16).

1822. Écouter l'instruction et la garder, c'est le chemin de la vie et du bonheur; mépriser la correction, d'où qu'elle vienne, ou l'oublier bientôt, c'est un fatal égarement (17). — Quand la haine règne dans le cœur, on est également coupable, soit qu'on la dissimule, soit qu'on lui donne cours par des paroles aigres et offensantes (18). — Le cœur étant, par nature, plein de péchés, si nous laissons aller notre langue, nous ne pouvons manquer de commettre transgression sur transgression. Il est donc prudent de parler peu; non pas, comme les politiques, afin de ne pas se compromettre, mais par peur du péché. Que de bien toutefois on peut faire en parole, quand on est animé de l'Esprit de Dieu, esprit de grâce et de vérité! (19-21; 31, 32.) — Si tous ceux qui ont de la fortune ne l'avaient acquise que par des moyens honorables et s'ils en faisaient un usage approuvé de Dieu, l'aisance dont ils jouissent leur serait en bénédiction; on ne les verrait pas si souvent inquiets, défiants, agités, insatiables, et, pour tout dire, plus malheureux et plus fatigués que s'ils étaient pauvres (22). — Les pécheurs non convertis se jouent de Dieu, prenant leur plaisir dans le péché; mais ils parviennent difficilement à bannir de leur cœur toute crainte, et ce qu'ils craignent leur arrive tôt ou tard. Les saints désirs du fidèle doivent également s'accomplir; mais quelle différence dans le résultat! (23-25.) — Un serviteur lent et paresseux est pour ses maîtres une occasion perpétuelle de contrariété: il pèche doublement, et par sa paresse, et par l'impatience qu'il donne. Mais nous, messagers du Seigneur auprès du monde, ne sommes-nous pas souvent aussi des serviteurs paresseux et négligents? (20.) — Dans la vie régulière et modérée des fidèles, dans l'empire que, par la grâce de Dieu, ils exercent sur leurs passions, il y a certainement des garanties de santé et de longévité que ne présente pas la vie désordonnée des mondains; les espérances des premiers vont s'épanouissant, jusqu'à ce qu'elles se convertissent en parfaite félicité dans le ciel, tandis que l'attente des méchants périra, quelle que soit cette attente. Ceux même qui croient que tout finit avec cette vie, verront un jour qu'ils se sont cruellement trompés (27, 28). — En marchant directement dans la voie de l'Éternel, on acquiert de nouvelles forces; mais si l'on ne suit cette voie qu'en apparence, comme Saül, on n'y trouve qu'une ruine plus certaine. Les seuls fidèles peuvent dire avec David (Ps. 16: 8): «L'Éternel est à ma droite; je ne serai point ébranlé» (29, 30).

1823. (11.) Si les fraudes et les vols de toute espèce sont en abomination devant Dieu, il en est de particulièrement odieux. Par exemple, la tromperie du marchand qui pèse scrupuleusement, mais avec de fausses balances; image de celui qui raisonne juste, mais sur des prémisses erronées (1). — Plus on a d'orgueil, plus on est sensible aux humiliations; c'est justement par là que l'orgueil est puni: être humble, c'est être sage (2). — Les biens, même les mieux acquis, ne peuvent rien pour sauver ceux qui les possèdent; c'est la justice qui délivre de la mort (10: 2), et mes lecteurs savent que cette justice n'est pas celle des œuvres (4). C'est elle qui, portée dans un cœur droit, conduit les fidèles ici-bas (3), aplanit leur chemin (5) et les sauve (6); tandis que les pécheurs non convertis sont détruits par leur perversité, renversés par leur méchanceté même, pris aux pièges de leur propre malice; c'est-à-dire que, pour leur malheur éternel, il ne faut pas autre chose que le mal qui est en eux (3, 5, 6). 
— Le Saint-Esprit répète que l'attente des méchants périra (10: 27, 28). C'est ce qui arrive souvent dans cette vie, mais ce qui ne saurait manquer d'avoir lieu après la mort. Pour m'en tenir à un seul point, combien n'y a-t-il pas de pécheurs qui, espérant de se convertir une fois, renvoient toujours, et qui finissent par ne pas se convertir (7). — Répétons aussi avec le Sage, que s'il y a des délivrances pour les fidèles, il est aussi de justes retours destinés aux méchants (8): écoutons les avertissements qu'il nous donne au sujet des maximes corruptrices qui sortent de tant de bouches hypocrites, en politique comme en morale et en religion (9), et reconnaissons effectivement que, si les serviteurs de Dieu peuvent être une bénédiction pour tout un peuple, il suffit des provocations de quelques pervers pour troubler un État; en sorte, hélas! qu'il est permis de se réjouir lorsque Dieu les retranche de la terre des vivants. Souvenez-vous d'Absalom (10, 11). Cependant, nous ne devons jamais parler avec mépris de notre prochain. Si nous n'avons que du mal à en dire, taisons-nous (12). La médisance ne marche pas sans l'indiscrétion: l'une est un manque de charité, l'autre un manque de probité et d'honneur (13). Un peuple prudent écoute les gens de bon conseil, et un homme sage ne se porte pas garant d'un inconnu (14,15). — La grâce dans une femme est, comme les richesses d'un homme haut placé, un puissant moyen d'influence (Abigaïl). Malheureusement cette influence n'est pas toujours bienfaisante (16). Et pourtant, en travaillant au bonheur d'autrui, nous faisons notre propre bonheur; tandis que, par nos affections égoïstes et si souvent cruelles, nous nous dévorons nous-mêmes (17).

1824. L'œuvre d'un homme, c'est l'ensemble de sa vie. Le pécheur non converti cherche à satisfaire le plus possible ses goûts et ses inclinations: il ne connaît pas d'autre bonheur. Mais il fait une œuvre qui le trompe; car c'est là précisément sa misère. Il n'en est pas ainsi de celui qui sème la justice, ou qui fait l'œuvre de Dieu: cette œuvre-ci est une œuvre de vie, l'autre est une œuvre de mort (18, 19). — Dieu regarde au cœur, et s'il aime les cœurs droits, il est impossible qu'il ne haïsse pas les cœurs égoïstes et hypocrites. — Du reste, les méchants ont beau se donner la main: non moins qu'à la tour de Babel, ils ne sauraient éviter la punition qui les attend (20, 21). — Rien n'est plus odieux chez une femme que la beauté sans la bonté et sans la piété: c'est, faut-il dire, une indigne tromperie. Mieux vaut une belle âme sous un vilain masque, que sous un beau visage une âme haïssable (22). — Tout le désir des enfants de Dieu est de voir régner l'ordre, la paix, la piété; il n'en est pas de même des méchants, dont les passions peuvent mieux se satisfaire dans les tourmentes qu'ils excitent (23). 
— Une sage administration des biens que Dieu leur a confiés est un des devoirs les plus importants et les plus difficiles des fidèles. Ils ont à se rappeler entre autres choses, qu'on ne se ruine pas en donnant; que la bienfaisance conserve plus sûrement que la parcimonie; que Dieu peut multiplier le fruit de leur travail à proportion de leur libéralité; que s'il leur est permis sans doute de tirer le meilleur parti de leurs moissons, ils ne doivent jamais spéculer sur la misère publique; qu'ils ont des biens pour faire du bien et non du mal; que s'ils se confient en leurs richesses ils sont perdus; que l'homme le plus riche marche à sa ruine s'il manque d'ordre et d'économie; enfin, que le plus grand gain qu'on puisse faire, c'est de gagner des âmes à Dieu: ce fruit-là est un fruit de l'arbre de vie, un fruit du Paradis (24-30). Après tout, et nonobstant les bénédictions dont l'enfant de Dieu est comblé, il ne laisse pas de souffrir ici-bas, parce qu'il est pécheur. Comment donc se pourrait-il que le méchant n'y eût aussi ses peines, et qu'il n'en eût encore de plus grandes après cette vie s'il ne se convertit pas? (31.)

1825. Dans le chapitre 12 et dans les suivants, je ne relèverai que les maximes nouvelles, ou qui, du moins, jettent un nouveau jour sur les maximes précédentes. — La réprimande a toujours quelque chose qui froisse notre orgueil, et il est fort difficile, même à un enfant de Dieu, de se voir corriger par un de ses frères les plus charitables, sans éprouver un premier sentiment de répulsion. L'on ne saurait dire toutefois qu'il haïsse d'être repris; car si cela était, on ne pourrait le reconnaître pour un enfant de Dieu (1). — La femme qui joint à la douceur de son sexe la force de l'âme et du cœur, est la couronne de son mari; mais il n'y a pas de douleur morale plus grande que celle d'un mari dont la femme est inconsidérée et légère. Quelle n'est donc pas l'attention qu'on doit apporter dans le choix d'une épouse! (4.) — En donnant des conseils, les gens pieux peuvent se tromper, mais non pas vouloir tromper; ils n'induiront jamais au mal volontairement, comme ne le font que trop les mondains, tels qu'un Jonadab, le cousin d'Amnon (5). — L'orgueil est déplacé chez le riche non moins que chez le pauvre, misérables pécheurs et faibles mortels tous les deux. Ce vice, si universel, est toujours haïssable; mais combien il l'est surtout en l'homme pauvre, qui devrait être humble comme sa position! D'un autre côté, si l'humilité sied bien à tout le monde, elle est particulièrement belle chez ceux que leur fortune place si haut dans la folle estime d'autrui (9). Celui qui maltraite les animaux oublie certainement le Dieu qui les créa, et qui ne nous les a pas donnés pour que nous les fassions souffrir (10). 
— Si l'on s'excite soi-même au bien quand on parle de bonnes choses, on s'excite pareillement au mal par les péchés de la langue: tel qui n'avait d'abord qu'une impatience subite, arrive à la colère pour avoir simplement exprimé son impatience, et sa colère s'enflamme de plus en plus par les discours véhéments qu'elle lui suggère (13). — Ceux qui se croient tellement sûrs de leur fait qu'ils n'écoutent aucun conseil, sont des orgueilleux et des imprudents. Tôt ou tard, ils se perdront, car leur orgueil même est la preuve qu'ils ne suivent pas la bonne route (15). — Il faut toujours, autant qu'on peut, se donner le temps de la réflexion. Vous fait-on de la peine? Laissez passer quelques moments avant de le témoigner. Peut-être alors penserez-vous qu'il vaut mieux vous taire, ou si vous parlez, vous le ferez avec plus de calme et de mesure (16). Dans tous les cas, ce n'est pas par des mots piquants qu'on fait du bien à son prochain (18). La vérité est immuable comme Celui de qui elle procède; elle seule peut faire à l'âme un bien permanent. Quant au mensonge, qui est le principal instrument de ceux qui machinent le mal, il n'est puissant que pour détruire; aussi l'Éternel l'a-t-il en abomination (18-22). — Remarquez ce qui est dit, en passant, du bonheur de ceux qui procurent la paix (20), et rapprochez de cette déclaration celle que vous lisez, Matth. 5:9. — Quant à la maxime contenue au verset 23, elle traite de la modestie qui accompagne toujours le vrai savoir. L'ignorant parle de tout avec assurance, et c'est ainsi qu'il se trahit; mais l'homme vraiment instruit ne fait point parade de sa supériorité. — Enfin, quand vous verrez un homme, un fidèle surtout, accablé sous le poids du chagrin, dites-lui quelque bonne parole de Dieu, et vous verrez comme elle le réjouira (25).

1826. (13.) Tel est le prix des corrections et des réprimandes que l'auteur des Proverbes reproduit à cet égard ses précédentes pensées (1), en y ajoutant une vérité trop souvent oubliée par les parents. Ils aiment si fort leurs enfants, disent-ils, qu'ils ne peuvent prendre sur eux de les châtier; mais c'est là justement une preuve qu'ils ne les aiment pas (24). — Nouveaux avertissements sur le devoir de gouverner sa langue; nouvelles déclarations sur le mal et aussi sur le bien qu'on se fait à soi-même par ses paroles (2, 3). — Passer sa vie à former des souhaits, c'est le propre du paresseux; mais ce n'est pas le moyen d'avoir ce qu'on désire. Or il existe aussi une paresse spirituelle, qui consiste à souhaiter les grâces de Dieu sans faire quoi que ce soit pour les obtenir. Oh! si je pouvais me convertir! si je pouvais ne plus pécher! si je pouvais goûter toujours la paix de Dieu! Et puis, on ne lit pas la Bible, on ne prie pas, on ne veille pas... (4). — Ce que Dieu hait, ses enfants le haïssent pareillement; ils doivent donc avoir, comme lui, le mensonge en abomination (5). — C'est par orgueil qu'on se fait plus riche qu'on ne l'est, et par avarice qu'on se dit pauvre tandis qu'on ne l'est pas: dans les deux cas il y a mensonge, par conséquent double péché et non des moindres (7). — Il est des cas où les richesses viennent en aide; mais si le pauvre est moins exposé aux vicissitudes de la fortune, quelle est en définitive des deux conditions la meilleure? (8.) — Les fidèles sont, dans le monde, une lumière qui y répand la vraie joie; les incrédules aussi parlent de leurs lumières, mais c'est une lampe qui s'éteindra. On peut aussi prendre la maxime dans ce sens, que le bonheur du méchant, comparé à celui des justes, est une pâle et inconstante clarté dans la nuit, à côté d'un jour pur et radieux (9). — Si l'on observe les choses comme elles se passent, on verra qu'il y a de l'orgueil au fond de toutes les querelles, et c'est ce même orgueil qui empêche d'écouter les bons conseils (10). 
— Ce qui fait le malheur de tant de gens, c'est que, cherchant ici-bas leur félicité, ils sont constamment trompés dans leurs espérances: il leur semble toujours que l'avenir vaudra mieux que le présent. Heureux ceux qui, en Jésus, espèrent la vie éternelle! ce sont les seuls hommes dont les souhaits se verront une fois pleinement réalisés (12,19). — Qui méprise la Parole de Dieu, périra par cette Parole même; quel sérieux avertissement pour nous qui en faisons maintenant l'étude! (13.) — Marcher avec intelligence ou, si l'on veut, avec bon sens dans la voie de Dieu, n'est pas chose si facile ni si commune qu'on le pense. On le dirait pourtant, à voir combien peu nous savons demander à Dieu qu'il éclaire notre entendement (14-16). — Quel soin ne devons-nous pas mettre dans le choix de nos sociétés! À tout âge, et surtout quand on est jeune encore, on contracte avec une extrême aisance les opinions et les mœurs d'autrui. C'est pourquoi, autant la société des enfants de Dieu peut nous être utile, autant celle des mondains nous est funeste (20). — Il n'y a pas de pauvre, si pauvre soit-il, à qui la terre ne donne de quoi se nourrir, pourvu qu'il consente à vivre d'une vie laborieuse et ménagère. Qui ne verrait dans ce fait la sage et tendre prévoyance du Père céleste? (23.)

1827. (14.) La prospérité de la famille dépend beaucoup de l'ordre et de l'activité d'une mère pieuse. Surtout dans les classes peu aisées de la société, le désordre de la femme est une source de ruine que ne saurait tarir le travail du mari (1). — Par les discours mêmes que lui dicte son orgueil, l'orgueilleux s'attire le mépris; tandis que les paroles humbles et modestes inspirent le respect (3). — Parmi les gens qui oublient Dieu et sa Parole, il en est pourtant qui cherchent la sagesse; mais où la trouveront-ils? Ce n'est pas en eux-mêmes; car s'ils étaient sages, ils ne mépriseraient pas Dieu (6,2). — On peut assez bien juger d'un homme par ses paroles. Autant donc que la chose est possible, tenez-vous éloignés de ceux qui n'ont à la bouche que des jurements, des mensonges, de mauvaises plaisanteries et souvent des impuretés (7). L'horreur pour le péché se concilie néanmoins avec une bienveillance affectueuse pour les pécheurs: c'est ce qui se voit chez les enfants de Dieu (9). — Nul homme ne saurait entrer en parfaite communauté de sentiments avec un autre homme: Dieu seul connaît à fond et nos peines de cœur, et les joies de nos âmes (10). — Combien de gens qui estiment suivre le chemin du ciel et qui s'avancent vers la perdition! Il n'y a rien de plus effrayant que cette pensée, rien qui doive nous faire mieux sentir le besoin d'être éclairés de Dieu, afin que sa Parole nous enseigne la droite route (Ps. 25: 4, 12); or elle nous l'indique avec une parfaite clarté (Jean 14: 6). — Hors de Christ, on peut rire, mais non pas être heureux; on a des joies, mais des joies qui finissent par d'horribles tristesses (12, 13). 
— Rien n'est au fond plus admirable ni plus digne d'imitation, que la simplicité du petit enfant qui croit tout ce qu'on lui dit, n'imaginant pas qu'on puisse vouloir le tromper; mais à raison des erreurs qui règnent dans le monde et des mille ruses de Satan, nous ne devons pas pousser la simplicité jusqu'à croire tout ce que débite le premier venu: cette espèce de défiance n'est pas contraire à la charité (15). — Il y a aussi une prudence qu'il ne faut pas prendre pour de la timidité: celui qui est conduit par l'Esprit de Dieu, n'est ni lâche ni téméraire (16) — La colère et la ruse sont les armes des caractères faibles, celle-là fait faire des folies et celle-ci se fait haïr: calmes et francs, voilà donc ce que nous devons être (17, 29). — Aimer le riche parce qu'il est riche, mépriser le pauvre parce qu'il est pauvre, quelle déraison! Et qu'est-ce encore si les pauvres, qui devraient s'aider mutuellement, se dénigrent et se déchirent entre eux? (20, 21.) — Rien ne dessèche l'âme comme les conversations légères, futiles, mondaines. En sortant de tels entretiens, on se sent appauvri, et ce n'est pas sans peine qu'on retrouve la communion de Dieu et le chemin de la prière (23). — Les richesses, à elles seules, ne rendent pas un homme digne de respect; mais si cet homme est riche en la foi, s'il fait de ses biens l'usage pour lequel Dieu les lui a confiés, sa fortune lui est une couronne (24). — Craindre Dieu, c'est nourrir en son cœur la pensée habituelle de Dieu, pensée douce et sérieuse; source de vie assurément, préservatif puissant contre le péché (27). — On a vu des malades triompher des plus grands dangers, grâce à la céleste paix qui régnait en leur cœur; tandis que le mécontentement est une fièvre qui dévore à la fois le corps et l'âme (30).

1828. (15.) Comme deux tisons allumés donnent un grand feu quand on les rapproche, ainsi en est-il de deux colères qui se rencontrent. Si donc on vient à vous le reproche sur les lèvres, répondez avec douceur pour éviter une explosion (1). — Les enseignements de la Bible, base de toute vraie science, acquièrent une grande valeur à passer par la bouche d'un homme qu'animent la foi et la piété; mais celles-ci étant les fruits du Saint-Esprit, c'est donc toujours Dieu qui donne force et grâce à sa Parole. Dans la bouche du pécheur non converti, cette Parole, au contraire, mal comprise et mal appliquée, ne peut que perdre de sa vérité. En général, le savoir chez un impie n'est qu'un moyen de plus pour faire le mal (2). — Où que nous soyons et quel que soit notre genre de vie, les yeux de l'Éternel sont sur nous et il lit dans nos cœurs: il me voit écrivant ces lignes, il vous voit les lisant. Quelle source de pensées sérieuses, consolantes et sanctifiantes tout à fois! (3, 11.) — Les versets 4, 5, 10, 12, 32 et 33 se rapportent à un sujet déjà plus d'une fois touché, tant il a d'importance. Le plus grand service qu'on puisse rendre à quelqu'un, c'est de le ramener au bon chemin, et il faut qu'un homme soit bien décidé à se perdre pour haïr d'être repris. Mais si l'on aime sa propre âme, on saura gré des réprimandes et des avertissements; c'est ainsi qu'on fera des progrès dans la vie de Dieu. — Les discours et les livres sont une semence de bien ou de mal qui trouve partout le terrain qui lui est propre. Un mot souvent, un seul mot dit (Proverbes 16.) à propos peut faire un bien infini, et il y a quelque chose de fort doux dans la pensée qu'on vient de répondre aux doutes, aux objections, aux inquiétudes, aux peines d'une âme, précisément comme il le fallait. Mais il importe, pour cela, de vivre en la présence de Dieu et de ne parler qu'avec réflexion (7, 23, 28). 
— Le culte des méchants, leur conduite et leurs pensées sont en égale abomination à l'Éternel (8, 9, 26): leur culte, parce que leur vie le convertit en insulte contre Dieu, et leurs pensées, parce que c'est le fond même de leur être méchant. Par la raison inverse, Dieu aime le culte des fidèles. Rappelez-vous ce qui est dit d'Abel et de son sacrifice; rappelez vous aussi la parole de Samuel (1 Sam. 15: 22). Pour que Dieu se plaise à nos prières, il faut que nous lui plaisions, et sans la foi, nous ne saurions lui être agréables (29). — La joie dans le cœur! la joie de la foi! la joie que donne le Saint-Esprit! la joie que David redemandait après son péché! (Ps. 51: 12.) Quelle grâce et quel bonheur! (13, 15, 23, 30.) Le méchant aussi connaît la joie, mais c'est une joie folle, et il n'aime que ce qui peut entretenir sa folie: ainsi point d'entretiens et de livres sérieux, tandis que le fidèle recherche tout ce qui peut le faire croître dans la grâce et dans la connaissance de l'Éternel (14, 21). — Malheur et pauvreté ne vont pas toujours ensemble, pas plus que bonheur et richesse; car le pauvre qui a la crainte de Dieu devant lui, est plus heureux que le riche qui ne pense qu'à jouir (16, 17). — En toutes choses il faut que la réflexion précède l'action; souvent même il peut être bon de prendre conseil des vrais sages. Ce devoir subsiste, encore qu'on se propose le meilleur but possible et qu'on soit mû par les plus pures intentions (32). — Remarquez enfin que ce qui élève l'homme, c'est de marcher avec humilité dans le chemin de la vie (24, 33).

1829. (16.) Plus j'avance, plus je regrette de ne pouvoir que glaner quelques épis au milieu de ces gerbes magnifiques. C'est comme le voyageur dans les Alpes: il voudrait tout voir et s'arrêter partout; mais le temps presse, et il faut qu'il passe outre sans avoir pu rassasier ses yeux. — Balaam se disposait à maudire les fils d'Israël, quand l'Esprit-Saint contraignit ses lèvres à les bénir. Souvent aussi nous méditons un discours ou une réponse que le Seigneur arrête dans notre bouche ou qu'il modifie à son gré. Il n'est pas rare également que Dieu donne à nos plans les plus mûrement combinés, des résultats tout autres que ceux auxquels nous avions visé. Mais si la sagesse de l'Éternel habite en nous, si nous le consultons sincèrement dans nos entreprises, nos projets ne seront pas facilement déjoués (1, 9, 23). — Même en péchant, l'homme non converti croit faire le bien, tant sa conscience est dépravée. À son tour, l'enfant de Dieu ne se trompe, hélas! que trop souvent sur la valeur morale de ses actes. Pour juger de la pureté d'une démarche, il faudrait en connaître à fond les motifs. Or le Seigneur les connaît, nos motifs, même ceux dont nous ne savons nous rendre compte; et voilà ce qui rend son jugement si redoutable pour de pauvres pécheurs tels que nous (2).
Toutes les œuvres de Dieu sont en parfaite harmonie, et il est dans l'ordre établi par lui que le pécheur non converti soit enfin rejeté. Comme celui qui creuse une fosse sous ses pieds doit y tomber, et comme le bois se consume dans le feu, de même le hautain sera nécessairement puni. Il s'estime juste ou du moins il croit pouvoir effacer lui-même ses péchés, il rejette avec incrédulité la Parole de Dieu ou du moins il n'en prend que ce qui lui convient, il ne rêve qu'honneurs, distinctions, vanité... «Mieux vaut, dit le sage, être humble d'esprit avec les débonnaires» (4, 5, 27, 18, 19). — Le pécheur a besoin d'une double grâce: l'expiation de ses péchés et la purification de son cœur, ou, en d'autres termes, le pardon et la sainteté. Or l'une et l'autre procèdent de Dieu. C'est sa grâce et sa vérité qui expient le péché par le sang de Christ, et, pour nous détourner du mal, cette même grâce et cette même vérité déposent dans nos cœurs l'amour de Dieu et la crainte de son nom (6, 17). — Roboam devait régner un jour. C'est pour cela que le Saint-Esprit lui donne, par la bouche de Salomon, des directions sur la sagesse qui fait les bons rois. En lisant la dernière de ces maximes, on pense involontairement à Celui qui est le vrai Roi et dont la faveur seule donne la vie (10-15).
Je passe sous silence le reste du chapitre pour m'arrêter aux deux derniers versets. La colère est une émotion si subite et si impétueuse qu'il faut une grâce toute particulière pour ne pas s'y laisser emporter. Exercer un constant empire sur soi-même, est un signe de force, de fermeté et de résolution beaucoup moins contestable que le courage du guerrier sur le champ de bataille (32). — La Providence intervient tellement en toutes choses, que ce qui nous paraît l'effet du hasard n'est encore que l'accomplissement de la volonté de Dieu. N'est-ce pas lui, par exemple, qui appauvrit et qui enrichit (1 Sam. 2: 7); et si quelqu'un devenait riche par un coup de dé, prétendrait-on que cela s'est fait sans que Dieu l'ait voulu? Nous n'en tirerons pas la conséquence que la meilleure manière de consulter Dieu soit, dans tous les cas, de nous confier au sort, mais simplement qu'il n'y a pas de hasard proprement dit (33).

1830. (17.) Le bonheur domestique (1), la confiance que s'acquiert un serviteur fidèle (2), la toute-science de Dieu (3), le respect dû aux pauvres (5), la malveillance (5, 13), ce qui fait l'honneur d'une famille (6), un mot encore sur la répréhension (10), les querelles (11, 14, 19), les jugements iniques (8,15, 23, 26), l'amitié (17), les cautionnements (18), l'orgueil (19), la joie et l'abattement (22); avec cela, diverses maximes relatives aux péchés de la langue (4,7, 9,20, 27,28) et deux sentences importantes sur l'acquisition de la sagesse (16,24): telles sont les instructions si variées de ce chapitre. Nous allons en reprendre quelques-unes. — Nul bien terrestre ne vaut le bonheur domestique. Ce bonheur consiste essentiellement dans la paix et la bonne harmonie; mais comment la paix régnera-t-elle entre des pécheurs, s'ils ne sont conduits et gardés par l'Esprit de Dieu? (1). — Se réjouir des malheurs d'autrui, c'est s'en rendre complice, c'est dire qu'on lui aurait fait soi-même du mal si on l'avait pu ou osé; il n'y a pas loin de là à l'horrible ingratitude qui rend le mal pour le bien. Ce sont des crimes que Dieu ne saurait laisser impunis (5, 13). 
— Ce qui honore vraiment une famille, ce ne sont pas des titres de noblesse ou la possession de grands biens: la piété des enfants, voilà la couronne des pères; la piété des parents, voilà la gloire de leurs fils (6, 21, 25). — Il n'y a pas moins d'iniquité à déclarer innocent le coupable, qu'à traiter en coupable l'innocent: l'iniquité est à son comble lorsqu'on s'est laissé gagner par de l'argent. En général, rien ne fausse le jugement comme un esprit intéressé; nous attribuons facilement toutes sortes de vertus à l'homme qui nous traite avec munificence (15, 26; 8, 23). — Il n'y a de solide amitié que celle qui repose dans un cœur pieux: le chrétien seul sait aimer ses amis en tout temps, et c'est dans l'adversité surtout qu'il se montre leur frère (17). — Ces instructions sont d'une grande importance, mais en voici que nous ne saurions écouter avec trop d'attention. Si nous aimons nos frères, nous nous garderons de divulguer leurs défauts et leurs fautes (9), et si nous aimons la vérité, il n'y aura pas en notre bouche le oui et le non sur un même objet (20); d'ailleurs, pour éviter les péchés de la langue, parlons peu, parlons avec réflexion, sûr moyen pour que nos discours acquièrent de l'autorité (27, 28). Il semble qu'une parole grave devrait toujours produire une sérieuse impression; mais non, il faut encore que celui qui la prononce soit un homme grave lui-même. Ensuite, plus on est élevé en dignité; plu6 il importe d'être constamment dans le vrai (7). — Voici enfin deux sentences fort sérieuses sur l'acquisition de la sagesse (16, 24). À supposer qu'on pût acheter à prix d'argent la foi et la piété, l'homme le plus riche, hélas! demeurerait encore dans sa folie. Il ira bien jusqu'au bout du monde chercher la fausse sagesse; mais quant à la véritable, son cœur ne s'en soucie pas.

1831. Dans le chapitre 18, comme dans le précédent, nous avons des maximes sur le bonheur domestique (22), sur l'opposition du cœur de l'homme à la vraie sagesse (2, 15), sur l'importance de gouverner sa langue (4, 6, 7, 8, 13, 20, 21), sur l'iniquité dans les jugements (5), sur l'orgueil et l'humilité (12), sur l'abattement d'esprit (14), sur l'influence quelquefois si fâcheuse des présents (16), sur la vraie amitié (24). Ici se présentent encore des sentences contre les méchants (3), contre les paresseux (9) et contre les mauvais riches (23). Enfin, il y est parlé de la vraie et de la fausse sûreté (10, 11), des procès, toujours si incertains et si fâcheux (16-19), et, dans le premier verset, d'une espèce de caractère qui n'est pas facile à définir, parce que le texte lui-même est fort obscur. On peut le prendre en bonne ou en mauvaise part. Il désigne, ou bien l’homme qui, désirant d'obtenir la sagesse, s'isole de toutes choses au monde jusqu'à ce qu'il l'ait trouvée, ou bien celui qui s'isole de son prochain pour vivre à sa fantaisie, ce qui ne l'empêche pas de se mêler à tort et à travers de toutes choses. 
— La parole joue un si grand rôle dans les affaires d'ici-bas et nos discours occupent une place si importante dans notre vie morale, qu'on ne s'étonne point de voir le Saint-Esprit ne pas se lasser de nous donner des directions sur ce sujet. Après avoir comparé les bienfaits des paroles sages et saintes de l'homme pieux aux eaux profondes d'un fleuve qui fertilise et qui embellit de vastes territoires et dont la source est intarissable (4), il montre comment, au contraire, les paroles de l'homme passionné n'engendrent que des débats et des querelles, tout en lui faisant perdre sa propre âme (6,7). Il dit les charmes secrets qu'ont pour notre mauvais cœur les discours du médisant et le mal considérable que, par cette raison même, ils font à ceux qui les écoutent (8); il signale la légèreté dont on se rend coupable quand on répond à quelqu'un avant de l'avoir laissé achever (13); il rappelle encore une fois que nos conversations, bonnes ou mauvaises, nous sont utiles ou nuisibles à nous-mêmes, et non pas seulement à ceux qui les entendent, vérité morale d'une extrême importance, car il y va de la vie ou de la mort de notre âme (20, 21). — Le paresseux est frère du dissipateur, car c'est son temps et ses forces qu'il laisse perdre, par conséquent ses moyens d'existence (9). — Les riches s'imaginent avoir dans leur fortune un refuge assuré; mais c'est en l'Éternel qu'on trouve un asile contre la détresse (10, 11). — Si l'orgueil a sa punition dans l'abaissement et la ruine, l'humilité vraie est généralement honorée: l'homme modeste ne cherche pas la gloire, mais c'est la gloire qui vient le chercher (12). — L'abattement d'esprit est un grand mal, un mal moral qui peut devenir funeste. En cet état, crions à Dieu, qui peut seul nous relever (14). — Enfin, par vraie charité, le riche peut demeurer sourd aux sollicitations du pauvre, il devra même lui reprocher ses désordres; mais il ne le fera jamais avec des paroles dures, car ce ne serait autre chose que l'humeur de l'avare qui ne veut pas donner (23).

1832. (19.) La richesse et la pauvreté sont deux positions extrêmes, toutes pleines de périls et fécondes en devoirs très divers. Six versets de ce chapitre ont trait à ce sujet, souvent touché dans le livre des Proverbes (1, 4, 6, 7, 17, 22). Ils nous montrent le pauvre abandonné et desservi par ses propres amis, tenté d'appeler à son aide le mensonge et la fraude, mais se rendant honorable par sa droiture et sa fidélité s'il est un véritable enfant de Dieu; d'un autre côté, nous y voyons le riche entouré de complaisants et de flatteurs qui exaltent sa munificence, mais heureux seulement s'il a pitié du pauvre, car c'est alors à Dieu lui-même qu'il fait du bien dans la personne des indigents. — Une âme sans prudence est une âme folle qui, ne prenant que des résolutions précipitées, entasse fautes sur fautes. C'est ainsi qu'on s'attire mille calamités, et l'on ose souvent en accuser Dieu, comme s'il était l'auteur de notre folie! (2, 3.) Celui donc qui acquiert de la prudence aime son âme et trouve le bien, dit le Sage (8); mais en quoi consiste la vraie prudence, si ce n'est à observer les commandements de Dieu et à craindre son nom; et comment l'acquérir, si l'on méprise les conseils et l'instruction, lumières de l'âge mûr aussi bien que de la jeunesse? (16, 23; 20, 27.) À ceci se rattache le verset 18, qui, faisant allusion aux châtiments corporels dont il est permis d'user avec les enfants (13: 24), proclame indirectement la douloureuse vérité qu'un jour peut venir où le mal a pris des racines si profondes, qu'on ne saurait plus songer à l'extirper. — Nous avons d'ailleurs ici de nouveaux enseignements sur la colère: on y voit en particulier combien l'honneur selon Dieu est différent de l'honneur selon le monde, celui-ci recommandant la vengeance et celui-là nous disant de pardonner (11, 19); puis sur la paresse (15, 24) et sur le bonheur domestique (13, 14, 26); un mot sur le respect des rangs dans la société (10); une maxime enfin dans laquelle le Saint-Esprit oppose l'inconstance de l'homme, de ses pensées et de ses affections, à la constance immuable de l'Éternel et de ses conseils (21).

1833. (20.) En lisant ce qui nous est dit ici (2,8, 26,28) et au chapitre précédent (12), de la colère du roi et de sa faveur, de la puissance de son regard pour détruire le mal et pour dissiper les méchants, enfin de ce qui constitue la loi de son règne, savoir la grâce et la vérité, expressions si souvent employées dans le livre des Psaumes pour caractériser l'essence divine, la pensée se porte d'elle-même sur le Roi dont il est parlé au psaume 2, et ces maximes de Salomon en acquièrent une grande solennité. — Puis, quand on le voit condamner avec tant d'insistance l'ivrognerie (1), la paresse (4, 13), les fraudes du commerce (10, 23, 14, 17), les péchés de la langue (19, 20) et la vengeance (22), on doit tenir pour certain que ce sont là de grands vices; et pourtant, combien ils sont communs! Cela n'empêche pas que les hommes ne soient toujours prêts à vanter leurs bonnes qualités (6). Mais qui est-ce qui connaît le fond de son cœur? Ou, qui est-ce qui, le connaissant, osera parler de son innocence? (9.) Hélas! c'est dans le cœur surtout que le péché réside; et, comme il est dit ailleurs: «Qui est-ce qui tirera le pur de l'impur?» (Job 14: 4.) — En remontant au verset 5, remarquons ce que dit Dieu sur le prix des bons conseils: il les compare à une eau profonde où le sage va puiser sans cesse; voyez comme il déclare heureux les enfants du juste qui marchent sur les traces de leur père: c'est une bénédiction accumulée (7); notez l'importance que nous devons attacher aux actions des petits enfants: le mal qu'ils font n'est pas petit comme eux, car c'est ce qu'ils feront plus tard si Dieu ne les change (11). — Parmi les œuvres de l'Éternel, il n'en est pas de plus merveilleuses que l'œil et l'oreille, qui, malgré la distance, nous mettent en rapport avec le monde extérieur. Heureux ceux dont les oreilles écoutent tout ce que Dieu dit! heureux les yeux qui se tournent vers lui sans cesse! (12.) — De la maxime contenue au verset 19, il résulte que nous devons également nous éloigner du médisant et du flatteur, dont les paroles ne peuvent que gâter le cœur de ceux qui les écoutent. Le verset suivant renferme une terrible menace contre les enfants qui méprisent père et mère! Qu'on entende par leur lampe, ou leur vie ou leur conscience, il est sûr qu'il n'y a pour eux que mort et ténèbres dans l'avenir. — Non seulement nous ne devons pas rendre le mal pour le bien (17: 13), mais encore nous devons nous garder de rendre le mal pour le mal (22). — L'âme de l'homme est une lampe divine qui lui permet de pénétrer quelquefois à de grandes profondeurs (27); toujours est-il que ce qu'il y a de plus simple dans la vie nous échappe bien souvent, mais les fidèles se rassurent par la pensée que c'est Dieu qui dirige leurs pas (24). — Chaque âge a ses prérogatives: dans la jeunesse, la force; dans la vieillesse, l'expérience. Mais si le jeune homme est conduit par l'Esprit de Dieu et le vieillard soutenu par ce même Esprit, l'un et l'autre trouvent en Dieu ce qui leur manque (29). — Comparez enfin le dernier verset de ce chapitre avec le dernier du chapitre précédent, et vous verrez à qui Dieu réserve ordinairement ses grands coups et dans quel but.

1834. Les maximes contenues dans le chapitre 21 présentent peu de vérités morales que nous n'ayons déjà rencontrées. Rapprochons-en quelques-unes des traits les plus saillants de l'histoire sainte antérieurement à Salomon; ce sera la meilleure manière de les étudier. Le verset premier rappelle deux Pharaons: celui qui devint le bienfaiteur d'Abraham, et celui dont Dieu fit le protecteur de Joseph et de sa famille. — Le sacrificateur Héli croyait bien faire en reprenant ses coupables fils avec une grande douceur; mais dans le fond, c'est qu'il les honorait plus que l'Éternel, et Dieu, qui pèse les cœurs, le lui dit expressément (2). Saül, comme Caïn, était un méchant dont les sacrifices ne pouvaient être agréables au Seigneur, vu surtout qu'il les offrait dans des intentions toutes politiques (3, 27); combien de péchés d'ailleurs, et combien de crimes l'orgueil ne lui inspira-t-il pas? (4.) Ce fut par les soins et la diligence de Jacob que Laban vit augmenter ses troupeaux; par oisiveté qu'Esaü vécut d'une vie toute mondaine et perdit la plus grande des richesses (5). Poussé par l'amour de l'argent, Balaam suivit les voies du mensonge, et il y trouva la mort (6). Ce fut le butin qu'emmenaient les vainqueurs de Sodome qui devint la cause de leur défaite (7). Puis, si vous comparez la perversité d'un Ahitophel avec la droiture d'un David, vous sentirez la vérité de la maxime exprimée au verset 8. Quant à celles des versets 9 et 19, elles remettent en mémoire l'intérieur domestique d'Abraham et de Sara, à l'occasion d'Agar; celui d'Elkana et de Pennina, de David et de Mical.
— Les versets 10 et 13 nous transportent près de la citerne d'où Joseph essaye vainement de toucher par ses cris le cœur de ses meurtriers; ils nous rappellent aussi les lamentations des frères de ce même Joseph, lorsqu'ils sont envoyés en prison et qu'à leur tour ils se voient dans la détresse. — David, rendu sérieux par le châtiment infligé à Nabal, le fut bien plus encore lorsque Dieu le châtia lui-même en frappant le fils de Bathsébah (11). — Ce qui est dit au verset 12, c'est ce que ne manqua sûrement pas de faire ce même David après la ruine de Saül et de sa famille. — Abigaïl apportant au fils d'Isaï de la nourriture (14.); Moïse, heureux de bénir le peuple; Balaam, malheureux de ne pouvoir le maudire (15); Joab, le neveu de David, prudent à la manière des hommes, mais souverainement imprudent puisqu'il ne craignait pas Dieu, et trouvant enfin la mort au pied même de l'autel (16): tout autant d'exemples à l'appui des maximes auxquelles je les rattache. — Les Amalékites mangeaient, buvaient et dansaient (1 Sam. 90), lorsque David les atteignit et leur ravit tout ce qu'ils possédaient; ainsi en est-il de quiconque aime la joie et le vin, et les morceaux friands (17). Et, de même que l'Éternel ne racheta pas Israël de l'esclavage sans frapper Pharaon et les Égyptiens, bien souvent encore on le voit, du même coup, délivrer les siens et châtier les méchants (18). Les versets 30 et 31 rappellent enfin la mort lamentable de Saül et d'Absalom, non moins que la destruction des ennemis de Dieu et les victoires de son peuple, en mille circonstances qui se présentent d'elles-mêmes à l'esprit.

1835. (22: 1-16.) Avec les seize premiers versets de ce chapitre, se termine la seconde partie du livre des Proverbes. En voici les principales maximes: Une bonne réputation est certainement plus honorable, plus satisfaisante pour le cœur, plus sûre pour l'âme que de grandes richesses, et souvent elle nous met en position de faire plus de bien. Que le pauvre ne se croie donc pas entièrement déshérité, puisqu'il peut acquérir par sa diligence, par sa droiture et par sa piété, ce qui vaut mieux que de l'argent et de l'or (1). La pauvreté d'ailleurs, comme la richesse, est une situation voulue de Dieu. Le riche et le pauvre se rencontrent dans ce monde; ils vivent l'un près de l'autre; ni le riche ne peut se passer du pauvre, ni le pauvre se passer du riche, et il est sûr que s'il n'y avait que des riches tous seraient pauvres. Il est vrai que la fortune place dans une position de supériorité dont on peut facilement abuser, et malheur à celui qui opprime le pauvre; mais si le riche entre dans les vues de Celui qui a fait le pauvre afin de donner lieu à la bienfaisance, lien social plus puissant que la loi, il se prépare de précieuses bénédictions . Il y a une prudence qui n'est pas de la timidité: nulle part il ne nous est fait un devoir d'affronter toute espèce de dangers (3). — Entre cette prudence et la vraie humilité il existe d'étroites relations, comme entre l'orgueil et la témérité; or nous avons déjà vu que de grandes promesses sont faites à l'homme qui vit humblement dans la crainte de Dieu (4). 
— Le chemin du vice, souvent si attrayant, ne laisse pas d'être couvert d'épines et tout semé de pièges. Si donc quelqu'un aime son âme, qu'il retire son pied de cette mauvaise route, car il est dans la nature même des choses que le péché soit puni (5,8). — Aux maximes d'éducation que nous avons lues ailleurs, le Saint-Esprit en ajoute ici deux nouvelles qui sont d'une grande importance: l'une, que la direction morale et religieuse de l'enfant doit se commencer dès ses premiers pas, si l'on veut obtenir des résultats permanents; l'autre, que le péché habite dans le cœur du jeune enfant, qu'il y est, plus qu'à tout autre âge, à l'état de folie (car le propre de la folie est d'agir sans savoir ce qu'on fait), et que c'est là ce qui rend nécessaire les châtiments corporels, seule manière d'imprimer au tout petit enfant le sentiment de ses fautes (6,15). — Après ces sentences de la sagesse divine, sur lesquelles j'ai cru devoir m'arrêter, viennent quelques mots relatifs aux querelles (10), aux moyens de se concilier la faveur du roi (11), à la paresse et à ses vaines excuses (13), aux misères enfin qu'attirent sur leur âme ceux qui, abandonnés de Dieu, se livrent à la débauche (14).


CXXXVII. — Troisième partie.


1836. D'ici jusqu'à la fin du chapitre 24, les enseignements de Salomon reprennent la forme de l'introduction. C'est un discours sentencieux dont je veux faire l'application à mes lecteurs. Bien que leurs circonstances soient différentes de celles du fils de Salomon, l'entreprise n'est pas trop difficile, parce que les préceptes de la Parole de Dieu reposent sur des principes généraux qui s'adaptent à tous les hommes, à tous les temps et à tous les lieux. — Commencez donc, mes chers lecteurs, par demander à Dieu un cœur docile afin que vous prêtiez l'oreille aux paroles des sages, que votre cœur se nourrisse de la vraie science et que vos lèvres, à leur tour, répandent la sagesse (22: 17, 18). C'est Dieu lui-même qui vous y invite, et n'est-il pas vrai que vous devez avoir toute confiance en ce qu'il vous dit? (19.) Si tous ne sont pas destinés à régner sur les peuples, il n'est personne qui ne puisse se voir revêtu de quelque autorité, comme père ou mère, comme maître, comme magistrat, comme instituteur ou institutrice, et tous les enfants de Dieu sont des témoins de la vérité dans ce monde, ce qui est une manière aussi de régner. Or, qu'est-ce que l'autorité entre les mains de celui qui n'a ni sagesse, ni prudence? Mais, au contraire, de quelle bénédiction ne serez-vous pas à vos inférieurs et généralement à votre prochain, si, par la grâce de Dieu, vous vous êtes mis en état de les conduire dans la vérité et par la vérité? (20, 21.) Savez-vous ce qui arrive à l'homme que la sagesse de Dieu n'éclaire pas? Il abuse de sa fortune pour opprimer les petits et les pauvres; de sa force pour se livrer à toutes sortes de violences; de son crédit pour se lancer dans mille spéculations aventureuses. Par degrés, il en vient à méconnaître les droits les plus sacrés, à commettre les fraudes les plus grossières; il finit par s'attirer la malédiction de Dieu et la misère (22-28). Mieux vaut la condition obscure de l'homme qui, habile dans son travail parce qu'il travaille en vue de Dieu, s'élève, comme Joseph, jusqu'au service des rois et y porte sa sainte activité (29).

1837. (23.) Si quelque circonstance vous fait asseoir à la table somptueuse des grands de ce siècle, soyez particulièrement sur vos gardes contre des tentations d'intempérance qui pourraient attirer sur vous et sur votre foi de justes mépris (1-3). Que la vue de ces somptuosités ne vous fasse pas envier le prétendu bonheur du riche, car les richesses se font des ailes et s'envolent, et il nous faut autre chose pour être heureux (4, 5). Ne croyez pas non plus que ceux qui vous invitent à leurs festins vous offrent toujours de bon cœur ce qu'ils mettent devant vous: chez eux l'orgueil lutte avec l'avarice; ils tiennent à faire les choses grandement, non pour vous, mais pour eux (6-8). — S'il est vrai, comme je le disais tout à l'heure, que vous devez rendre témoignage à Jésus-Christ devant le monde, il est des cas cependant où il vous est permis de demeurer muets. C'est lorsque vous auriez affaire avec des moqueurs déhontés ou avec des incrédules dont l'obstination vous serait connue. Vous vous tairez alors, non pas afin d'éviter leurs sarcasmes, mais de peur qu'ils ne méprisent le Seigneur (9). — Respectez les droits d'autrui; c'est le premier devoir d'un fidèle, car le Dieu fort jugera les iniques, il plaidera lui-même contre eux la cause des opprimés (10, 11). — Encore une fois, écoutez avec des cœurs dociles les enseignements de Dieu (12). Vous, pères, n'épargnez pas les corrections à vos enfants en bas âge; car à ce moment de la vie, c'est par la souffrance seule qu'ils peuvent apprendre le mal que contient le péché (13, 14); et vous, enfants, ayez un cœur sage, prononcez des paroles sensées, et vous serez la joie de vos parents (15, 16). 
O mes chers lecteurs, vous en particulier qui êtes jeunes, n'estimez pas bienheureux ceux qui peuvent satisfaire toutes leurs passions et ne leur portez pas envie. Craignez l'Éternel, si vous voulez que tout aille bien pour vous. Écoutez-le, devenez sages, que votre cœur se porte du bon côté, et fuyez ceux qui ne songent qu'à manger et à boire, se vouant eux-mêmes à la destruction (17-21). Écoutez aussi votre père quand il vous supplie d'éviter le mal, car nul ne saurait vous aimer plus que celui qui vous donna le jour; écoutez votre bonne mère jusqu'à sa vieillesse toute blanche, car vous ne saurez jamais ici-bas tout ce que son cœur est pour vous, tout ce qu'il désire, tout ce qu'il demande, tout ce qu'il sacrifie, tout ce qu'il souffre pour les enfants que Dieu lui a donnés (22). Et puis, remarquez que, dans ce monde de péché, la vérité n'appartient qu'à ceux qui l'achètent au prix de leur temps et de leurs peines, de leurs préjugés, de leurs goûts, de leurs habitudes, quelquefois de leurs plus chères et de leurs plus tendres affections. C'est Dieu qui la donne, et pourtant on ne l'acquiert pas sans de grands sacrifices. Et si vous êtes en possession de la vérité qui sauve, gardez-vous de la vendre, comme le firent Esaü et Saül sans avoir pu la ressaisir, du moins ce dernier; Aaron et David pour un temps assez long, et Salomon lui-même. Ces exemples vous montrent d'ailleurs à quel vil prix on abandonne si souvent la vérité de Dieu et le salut de son âme. Au fait, y a-t-il une seule chose au monde qu'on puisse raisonnablement accepter en compensation? (23.) Oh! quel bonheur pour des parents pieux que de voir leurs enfants rechercher par-dessus tout la sagesse! Quel bonheur, quand ils possèdent leurs affections et qu'ils les sentent marcher avec eux dans la bonne route au lieu de céder à la légèreté et aux passions de leur âge! Entraîné par ses camarades de plaisir, le jeune homme auquel les douces et saintes joies de la famille ne suffisent pas, marche rapidement de l'intempérance à la dissolution. Chacun de ses pas est une chute dont il se relève tout meurtri; mais à peine revenu de son étourdissement, il recommence le même train de débauche. Quelle vie! et quelle en sera la fin? (24-35.)

1838. (24.) Le monde est plein de gens qui ne songent qu'au mal et dont la prospérité quelquefois semble un objet digne d'envie. Mais souvenez-vous qu'il n'y a pas de prospérité réelle pour celui dont l'âme commet l'iniquité. Cherchez donc en Dieu votre force comme votre bonheur; en Dieu, source de toute sagesse, de toute science, de toute intelligence et de tout bon conseil. Vous aurez vos jours de détresse, mais vous les traverserez avec courage, parce que l'Esprit-Saint vous aidera. Et non seulement vous ne devez pas vous associer au méchant, mais encore votre devoir est de protéger vos frères contre les menées de l'iniquité; car, outre le mal que nous aurons fait, Dieu nous demandera compte de celui que nous aurions pu empêcher (1-12). — «Ta Parole est douce à mon palais comme le miel,» disait David (Ps. 119: 103). Ainsi en est-il de la sagesse que cette Parole communique à ceux qui la méditent, et tout vient à bonne fin pour qui est sage en Dieu (13,14). — Qu'il n'y ait donc rien de commun entre vous et ceux qui persécutent les élus du Seigneur (15), qui se réjouissent du malheur de leurs ennemis (17), qui s'excitent au péché par les péchés qu'ils voient commettre (19), qui troublent la société par leurs agitations (21), qui ont deux poids et deux mesures selon le parti auquel ils appartiennent (23); car vous attireriez sur vous la malédiction de Dieu et celle des hommes (15-21). Voici plutôt ce que vous ferez. En temps opportun, vous reprendrez le méchant comme il le mérite; vous montrerez à tout le monde votre bienveillance par de bonnes paroles; vous vous occuperez diligemment de vos propres affaires sans vous immiscer dans celles d'autrui, et vous prendrez pour règle de conduite, non pas de traiter votre prochain comme il vous traite, mais de le traiter comme Dieu vous a traités vous-mêmes (25-29). 
— Écoutons enfin, mes chers lecteurs, un nouvel enseignement de Salomon sur la paresse. Bien qu'il n'eût pas à cultiver lui-même ses champs et ses vignes, il ne restait pas nonchalamment assis sur son trône. Nul, dans son bon temps, ne fut plus studieux ni plus appliqué à ses devoirs. Il savait que Dieu est un être essentiellement agissant [58]; il connaissait les préceptes de sa loi (Gen. 3: 17-19; Exode 20: 9), et puis il avait vu, de ses yeux, les déplorables résultats de l'oisiveté (30-34). Concluons de tout cela qu'une vie inoccupée ne saurait être une vie d'enfant de Dieu. Nous avons d'ailleurs en cet endroit un exemple du bon effet que peut produire sur nous le spectacle des péchés et de la misère d'autrui. Sans même que nous le cherchions, il est impossible que nous ne sachions pas l'histoire de beaucoup de péchés. Mais au lieu de divulguer ce que nous apprenons ainsi, nous le mettrons dans notre cœur; c'est-à-dire que nous y penserons sérieusement, non pour condamner, mais pour nous instruire. Et voilà comment toutes choses peuvent tourner à l'édification de celui qui est conduit par l'Esprit du Seigneur.


CXXXVIII. — Quatrième partie. Proverbes recueillis sous Ezéchias.


1839. L'Ezéchias dont il est parlé au commencement du chapitre 25, fut un roi pieux qui descendait de Salomon et régna 250 ans après ce prince. De son temps vécurent plusieurs prophètes dont nous lirons plus tard les écrits, entre autres Ésaïe et Michée. Ce fut, pense-t-on, sous leur direction que se fit le recueil de Proverbes contenu dans les cinq chapitres qui s'offrent maintenant à nous. On y retrouve plusieurs des maximes précédentes, exprimées un peu différemment; mais il en est beaucoup de nouvelles. Nous continuerons de nous arrêter à celles qui nous paraissent offrir un intérêt particulier.

1840. (25.) Ce n'est pas l'hypocrisie assurément que le Saint-Esprit recommande à ceux qui gouvernent, mais, dans leurs discours, une prudente retenue, sans laquelle leurs meilleures intentions pourraient se voir déjouées. Ministres de Celui qui ne révèle de ses plans que ce qu'il faut, ils doivent s'efforcer de connaître sa volonté pour y conformer la leur, et ne prendre eux-mêmes pour conseillers et pour ministres que des hommes qui aient la crainte de Dieu (2-5). — S'il est permis quelquefois de défendre ses intérêts devant les tribunaux, il ne faut le faire qu'après s'être bien assuré de son droit et en évitant de compromettre celui des tiers. En général, quand on nous accuse et que nous voulons nous justifier, prenons garde de ne pas le faire aux dépens d'autrui (8-10). — Pour la maxime du verset 11, voyez 15: 23, et pour la suivante, voyez 9: 9; 15: 5, 31, 32. — «Le messager Mêle est santé:» cette sentence du chapitre 13: 17, se trouve reproduite ici. Afin d'en comprendre le sens, reportez-vous dans ces temps anciens où, pour avoir des nouvelles de ses amis, comme pour se procurer les choses nécessaires à la vie et hors de sa portée, on n'avait pas d'autres moyens que des messagers envoyés exprès. Mais s'il est vrai qu'une nouvelle, venue d'un pays lointain, est comme une eau fraîche dans les chaleurs de l'été, que ne doit pas être pour nous la bonne nouvelle du salut que Jésus-Christ nous a apportée du ciel! et combien ne devons-nous pas nous estimer heureux quand cette bonne nouvelle nous est annoncée par des messagers sûrs et fidèles! (13.) — La patience et les paroles douces fléchissent les cœurs les plus fiers; c'est ainsi que la langue, toute molle qu'elle est, brise les os (15). 
— Les versets 9 et 10 recommandent la discrétion dans les discours, et les versets 16 et 17 traitent de la discrétion dans la conduite. Quelque bien reçus que nous soyons chez des amis, craignons de les fatiguer de notre présence trop assidue (16, 17), surtout si ce sont de ces amis du monde qui, à l'occasion, ne se font pas faute d'inventer des calomnies contre ceux auxquels ils prodiguent d'ailleurs leurs caresses (18), qui les abandonnent dans la calamité et ne craignent pas d'insulter à leur malheur en se livrant devant eux aux éclats de la joie (19, 20). — Quant à nous, au contraire, si nous sommes des enfants de Dieu, loin de rendre le mal pour le bien (17: 13), ou même le mal pour le mal (24: 29), pour le mal, nous rendrons le bien. En faisant cela, nous amasserons des charbons sur la tête de nos ennemis, comme on amoncelle la braise sur le métal afin de le mettre en fusion ou comme on la rassemble pour la recueillir et l'enlever, et l'Éternel nous bénira (21, 22). — De plus, si nous aimons notre prochain, non seulement nous ne médirons jamais de lui, mais encore nous ne souffrirons pas qu'on le dénigre devant nous. Au lieu d'encourager le médisant par un sourire sympathique, notre air triste et sévère lui fermera la bouche (23). — La maxime du verset 26 peut s'entendre de trois manières: ou bien, le juste tombant en faute devant le méchant et lui étant ainsi en grand scandale; ou bien, le juste se prosternant en quelque sorte devant les méchants et donnant ainsi au peuple de Dieu un scandale non moindre; ou enfin, le juste succombant sous les coups des méchants, scandale pour ceux qui ne veulent pas comprendre pourquoi Dieu permet ici-bas un tel désordre. — Le verset 27, comme le verset 6, nous invite à l'humilité, le plus beau des fruits que la grâce de Dieu produise dans le cœur des fidèles. 
— Méditez enfin la maxime qui termine ce chapitre et qui remet en mémoire celle du chapitre 16: 32. Celui qui n'exerce aucun empire sur soi-même, est une ville démantelée où l'ennemi peut entrer librement pour la dévaster. Mais comment parviendrons-nous à maîtriser nos entraînements et nos passions, l'intempérance de notre langue et ses emportements, nos mauvaises pensées et nos folles imaginations? De nulle autre manière que par la puissance du Saint-Esprit venant au secours de notre faiblesse et domptant notre méchanceté (28).

1841. (26.) Gloire et folie sont deux termes qui s'excluent réciproquement. Quand donc on voit le monde honorer l'impie et le méchant, c'est un désordre moral tel que celui d'un bouleversement dans les saisons, la neige en été et la pluie durant la moisson tout entière (1). — L'insensé est prodigue de mauvais propos contre les enfants de Dieu; mais, comme l'hirondelle au vol rapide, ils passent sur la tête sans s'y arrêter (2), tandis que l'insensé lui-même, par l'endurcissement de son cœur et l'abrutissement de son esprit, s'attire les justes coups de la vengeance divine (3). — Qu'opposerons-nous aux propos criminels de l'homme léger et incrédule, de l'homme violent ou sans pudeur? Quelquefois le silence (23: 9.) Il faut cependant savoir aussi lui répondre, pour qu'il ne croie pas ses discours sans reproche (5). Mais nos réponses doivent être graves, calmes, animées de l'Esprit de Dieu, en sorte que nous ne participions pas à la folie de celui avec qui nous nous entretenons (4). 
— L'homme le moins sage trouve à l'occasion des paroles sensées; mais c'est comme un boiteux qui s'efforce d'aller sans clocher, ou comme un homme ivre qui a saisi une épine en guise de bâton: les saines maximes du mondain ne font que rendre sa conduite plus choquante et l'on peut dire qu'elles lui percent la main, ou qu'elles le condamnent sans qu'il s'en doute (1, 8). — Ne nous laissons donc pas tromper par les belles professions du pécheur non converti, évitons de lui donner notre confiance (6), ne lui rendons pas des honneurs qui ne lui appartiennent point (8), et surtout ne lui facilitons pas le péché par des libéralités imprudentes, ce que paraît signifier le verset 10. — Quelquefois aussi le pécheur endurci semble entrer dans une meilleure voie; mais, comme le chien retourne à ce qu'il a vomi, il ne tarde pas longtemps à reprendre son mauvais train (11). Tel est l'insensé, selon la Parole infaillible de Dieu. On pourrait croire qu'il n'est pas d'homme plus sûr de sa perte; mais non, un jour peut venir où sa folie même l'effrayera salutairement, tandis qu'on ne sait qu'espérer de celui qui s'imagine à tort d'être sage, saint, juste et croyant (12). — Nouvelle description du paresseux: il invente les prétextes les plus absurdes pour demeurer dans l'inaction (13); il se tourne et se retourne sur son lit au lieu d'aller à l'ouvrage (14); lent dans le travail, il ne l'est pas moins dans le manger (15); parce qu'il ne fait rien il croit penser beaucoup, et personne ne s'estime plus propre à donner des conseils (16). — Épouser les querelles d'autrui au lieu de les pacifier 17), se jouer de sa parole et de la vérité (18, 19), colporter la médisance et fomenter les haines (20, 21), chercher à plaire aux gens en leur rapportant les mauvais propos tenus sur leur compte (22): tels sont les moyens abominables par lesquels Satan sème, entretient et envenime les dissensions. — La haine, que l'Écriture assimile au meurtre (1 Jean 3: 15), a honte d'elle-même, non moins que ce crime. Elle se dissimule sous des dehors affectueux, ce qui fait d'elle une septuple abomination, et tôt ou tard elle se manifeste publiquement. C'est un vase de terre plaqué en argent. Oui, «le méchant fait une œuvre qui le trompe» (11: 18), et remarquez sous quelle vive image cette idée se reproduit ici (23-27). 
— Enfin, la calomnie et la flatterie, diverses l'une de l'autre, sont également contraires à la charité: l'une est l'arme par laquelle on perd ses ennemis; l'autre, un poison qu'on verse dans le cœur de ceux qu'on appelle ses amis. Si le calomniateur satisfait sa haine, le flatteur satisfait son égoïsme; car s'il flatte, ce n'est que dans son propre intérêt (28).

1842. (27.) Un jeune homme se faisait fête d'une partie de plaisir à laquelle il comptait prendre part le lendemain. «S'il plaît à Dieu,» lui dit un vieillard. «Plaise ou non,» répondit le jeune insensé, et le lendemain il était mort... (1.) — Les louanges qu'on se donne à soi-même, toujours partiales et exagérées, sont un manque de tact qui provient de l'amour-propre et qui ne saurait se concilier avec l'humilité. Heureux celui qui est loué sans qu'il en sache rien (2). — Il est rare que le pécheur non converti ne soit pas d'une humeur pénible, lourd fardeau pour sa propre âme, sans parler de ce qu'il fait souffrir à ceux qui l'entourent. De là aux emportements de la colère et à ce mécontentement profond qui nourrit l'envie et la jalousie, il n'y a qu'un pas facile à franchir (3, 4). — Un homme qui reprend ouvertement des frères, leur montre plus de véritable affection que celui qui dissimule devant eux l'opinion qu'il a de leur conduite, ce qui est appelé ici «une amitié cachée;», car mieux vaut la franche réprimande d'un ami que les fausses caresses d'un ennemi (5, 6).
— On a dit avec raison que l'appétit est le meilleur cuisinier. Appliqué aux choses spirituelles, ce proverbe signifie que si nous avons faim et soif de Dieu, sa Parole et toute prédication évangélique nous seront toujours douces et bonnes, et que si quelquefois nous ne les goûtons pas, ce n'est pas leur faute, mais la nôtre (7). — On peut se voir appelé par la volonté du Seigneur à quitter son pays et sa famille pour utiliser ailleurs les talents qu'il nous a confiés, tout comme il arrive que, sans sortir de chez soi, l'on mène une vie agitée; mais en général rien n'est plus fâcheux que cette inquiétude d'esprit, ce mécontentement de son sort qui porte tant de gens à chercher toujours en de nouvelles choses et en de nouveaux lieux un bonheur qui s'éloigne à proportion de la peine qu'on se donne pour courir après lui, et qui, partout, se trouve en Dieu (8). — La véritable amitié conseille ce qui est bon, et un ami vrai qui vit près de nous peut nous rendre de plus grands services qu'un frère qui est loin (9, 10). — L'exhortation du verset 11 se retrouve en plusieurs autres endroits des Proverbes, et la maxime du verset 12 se lit au chapitre 22: 3, où je renvoie mes lecteurs, comme celle du verset 13, sur les cautionnements, rappelle le verset 16 du chapitre 20. — Le verset 14 n'est pas facile à comprendre. «Se lever matin» est une locution hébraïque qui désigne l'empressement à faire une chose. «Se lever de grand matin pour bénir à haute voix ses amis,» c'est, je pense, prodiguer à tout venant leurs éloges, même mérités; ce qui est fort souvent les desservir tout autant que si l'on en disait du mal. 
— Les versets 15 et 16, comme 19: 14; 21: 9, 19; 25: 24, reportent notre attention sur le bonheur domestique et sur ce qui y met le plus grand obstacle. Ici, Dieu dit à la femme ce qu'il ne faut pas qu'elle soit, et indirectement à l'homme, l'attention qu'exige de lui le choix d'une épouse; puis la patience avec laquelle il supportera l'humeur pénible de sa compagne s'il se trouve mal associé, et tout ceci se lie plus qu'on ne le croit aux grands intérêts de l'âme. — «Prenons garde les uns aux autres pour nous exciter à l'amour et aux bonnes œuvres» (Hébr. 10: 24). Cette exhortation me paraît exprimer la même pensée que la maxime du verset 17. «La vue d'un ami» signifierait alors, non un ami qu'on voit, mais un ami qui nous voit, qui nous surveille avec affection. — Rien ne ressemble plus au cœur d'un homme que le cœur d'un autre homme. Le moyen de nous connaître, c'est d'étudier notre prochain. Quand nous voyons partout tant d'orgueil, d'avarice, de méchanceté, disons-nous que notre cœur aussi est un cœur d'homme (19). — Et qu'y a-t-il dans tous les cœurs? Des désirs insatiables comme le sépulcre, des désirs qui ne trouvent qu'en Dieu leur satisfaction (20). — Les éloges et l'approbation des hommes sont une fournaise où l'orgueilleux est consumé comme le chaume; mais si quelqu'un est conduit par l'Esprit de Dieu, la louange l'humilie plutôt, et il sort du creuset comme l'or purifié par le feu (21). — Les souffrances ne convertissent pas à elles seules les pécheurs tant le mal est attaché à la nature humaine; il faut de plus la grâce puissante de l'Éternel notre Rédempteur (22). — Le chapitre se termine par quelques maximes qui ont trait à l'économie domestique des petits et des pauvres de ce monde; car, aux yeux de Dieu, rien, n'est petit, si le bonheur de ses enfants y est intéressé, et qui dira de quel mal est pour l'âme elle-même le manque d'ordre et de soins (23-27).

1843. (28.) Sans nous arrêter, dans ce chapitre, aux maximes toutes semblables à celles que nous avons lues précédemment, sur l'obscurcissement de l'intelligence par le péché (5), sur la pauvreté et la richesse (6, 8, 11, 20, 22, 27), sur les devoirs des enfants (7), sur le meurtre (17), sur la droiture du cœur et de la vie (18), sur l'activité et la paresse (19), sur l'impartialité dans les jugements (21), sur les réprimandes de la charité, qui finissent par gagner les cœurs plus que la flatterie (23), dirigeons particulièrement notre attention vers les vérités morales qui se présentent ici pour la première fois ou qui y sont plus fortement accentuées. — C'est une terrible chose qu'une mauvaise conscience! Au sein même de la prospérité, le cœur du méchant est ému par toute espèce de craintes, et sans que personne l'accuse, il se sent tourmenté. Ainsi fuyait Adam sous les arbres du jardin, avant même que l'Éternel lui eût dit: Qu'as-tu fait? (1.) — Les changements continuels dans l'administration d'un pays sont un des fléaux par lesquels le Seigneur châtie les peuples. À chaque révolution violente, on voit les méchants arriver au pouvoir et les gens de bien obligés de se tenir cachés; la nation, réduite à la misère, subit le joug d'hommes passionnés qui la gouvernent sans intelligence et dans leur seul intérêt, désordres qui ne pourraient se prolonger sans anéantir toute piété sur la terre (2, 12, 15, 16, 28). 
— Ce ne sont pas seulement les riches qui oppriment les pauvres; ceux-ci bien souvent n'ont pas de pires tyrans que leurs pareils, quand ils ont la force en mains (3). — Faire la guerre aux méchants, mais en n'y employant que les armes avouées de Dieu, est le devoir des hommes sages. Dans tous les cas, le méchant seul peut approuver les voies de l'iniquité (4). — Parmi ceux qui ne se font aucun souci d'observer la loi de Dieu, en est-il toutefois qui prient encore? Oui; mais leur prière est odieuse à l'Éternel, car en entretenant avec lui des relations, ils le font pour ainsi dire complice de leurs péchés (9). — Malheur, malheur aux séducteurs de l'innocence! En perdant les âmes, ils se perdent doublement eux-mêmes (10). — L'histoire de David après son péché est le meilleur commentaire qu'on puisse donner de la maxime contenue dans le verset 13. Rappelez-vous le psaume 32. Il n'y a pas de prospérité ni de grâce possibles pour le pécheur obstiné. Aussi peut-on appeler bienheureux ceux que la pensée de leurs péchés maintient dans une salutaire humiliation (14). — Un enfant qui dispose de ce qui appartient à son père ou à sa mère commet un vol réel, bien qu'il cherche à se le dissimuler (24). — L'orgueil enfin, ce mal si grave et si profondément enraciné dans l'homme; l'orgueil, source de tant d'altercations et de haines, n'est jamais plus funeste que lorsqu'il nous persuade que nous avons le cœur bon, honnête et fort. Loin de vous fier en votre cœur, souvenez-vous toujours que s'il était pur et bon, vous seriez sans péché (25, 26).

1844. Pour m'en tenir aux principales maximes contenues dans le chapitre 29, remarquez-y d'abord le danger que courent ceux qui, étant repris de leurs fautes, se raidissent contre la répréhension sans vouloir s'humilier: le jour du dernier châtiment viendra, et il n'y aura plus de pardon, car le temps de la réprimande sera passé (1). — Voyez ensuite avec quel soin les enfants de Dieu doivent éviter toute contestation, non seulement entre eux, mais avec les mondains. De quelque manière qu'ils s'y comportent, en se fâchant ou en riant, ils démentent leur caractère, et la paix de leur âme ne peut qu'être troublée (9). Notez encore au verset 18 la nécessité des révélations divines, et la foi en ces révélations comme le lien social par excellence; au verset suivant, l'insuffisance des paroles d'homme pour corriger les vicieux. La Parole inspirée elle-même est sans force auprès des cœurs qui n'ont de Dieu qu'une crainte d'esclave, ce que peut signifier aussi la maxime de ce verset (18, 19). — Je recommande surtout à votre attention celle du verset 25. Autant la bonne crainte de Dieu, crainte toute filiale, se montre douce et salutaire, autant la crainte de l'homme est amère et funeste. L'appréhension de déplaire au monde, non moins que la frayeur des mauvais traitements, entraîne à toutes sortes de lâchetés, de feintes, de fausses démarches et quelquefois de crimes. On n'ose pas confesser sa foi, on recule devant son devoir, on s'efforce d'épouser tous les avis, on ferme les yeux sur le mal le plus évident et on le laisse commettre, si on ne le commet pas soi-même. Rappelez-vous Abraham en Égypte, Ruben devant la citerne, Aaron fondant le veau d'or, Moïse lui-même près du buisson, David en face de ses puissants neveux, et bien d'autres. On ne saurait énumérer tous les péchés auxquels conduit la crainte du monde, crainte qui ne peut être surmontée que par la confiance en Dieu, c'est-à-dire par la foi en ses promesses et en sa puissante protection (25). 
— Vous retrouverez d'ailleurs dans ce chapitre, comme dans les précédents, de nouvelles sentences relatives aux devoirs des gouvernants (2, 4, 12, 14, 16), à ceux des enfants et des parents (3, 15,17), à la flatterie (5), à la colère (22), à l'orgueil et à l'humilité (23). Vous y entendrez encore le Saint-Esprit opposer l'un à l'autre le malheur des méchants et le bonheur des justes (6), recommander à ceux-ci les intérêts des pauvres et des opprimés (7), s'élever contre les hommes qui, par leur impiété, sont les perturbateurs de la paix publique et poursuivent de leur haine les enfants de Dieu (8,10). Il vous répétera que les discours du sage sont pleins de retenue et qu'il y a beaucoup de folie dans l'irréflexion (11, 20), que le pauvre et l'oppresseur se rencontrent (22: 2) et que l'Éternel fait luire sa lumière sur l'un et sur l'autre (13); que si c'est un devoir de bien traiter ses domestiques, ce n'en est pas un de les gâter en nivelant les conditions (21); que celui qui profite d'un péché en est coupable, à l'égal de celui qui l'a commis (24). — Les enseignements se pressent avec abondance dans le dernier chapitre des Proverbes de Salomon, et ils se terminent par une déclaration fort solennelle. Il y a, et il faut qu'il y ait entre le méchant et le juste, entre le pécheur non converti et le croyant, une profonde ligne de démarcation. Le mondain doit être antipathique au fidèle, comme celui-ci l'est au mondain. Cette antipathie, quant au fidèle, est conciliable avec la charité; mais s'il prie pour les méchants, s'il est prêt à tout faire sauf le péché et à tout souffrir sauf la colère de Dieu, pour les retirer de la perdition, il ne peut qu'avoir en abomination leur incrédulité, leur formalisme, leur hypocrisie, leur orgueil, leurs débauches, leur vie aussi coupable qu'inutile (27).


CXXXIX. — Cinquième partie. Paroles d'Agur; avis au roi Lémuel; la femme forte.


1845. On ne sait, ni qui est Agur, l'auteur des sentences contenues dans le chapitre 30, ni qui furent ses deux disciples Ithiel et Uchal. Il paraît toutefois qu'Agur fut un homme de Dieu, un prophète par qui l'Éternel faisait entendre sa parole. Il commence son discours avec une grande humilité, car il connaît son ignorance naturelle, et de plus il est saisi de respect à la pensée de Celui qui a créé toutes choses; il se demande si quelqu'un est capable de comprendre son nom, Jéhovah, ou son éternité et celle de son Fils, de ce même Fils dont il est parlé au psaume second et que Salomon appelle la Sagesse [1816]. Puis, il déclare que toute la Parole de Dieu est pure, sans défaut et sans tache, et qu'il n'est pas permis à l'homme d'y rien ajouter (2-6). Ensuite, il implore du Seigneur deux grâces excellentes: la première, de le préserver d'orgueil et de mensonge; la seconde, de ne lui donner ni pauvreté ni richesse, à cause des tentations auxquelles on se voit exposé dans ces conditions extrêmes (7-9). Quant au reste de son discours, on y trouve, exprimées d'une manière tout à fait vive et originale, plusieurs maximes pleines de sagesse et de vérité.

1846. (30.) Pour résumer les instructions de ce chapitre, nous avons d'abord un avertissement sur la charité que nous devons aux serviteurs d'autrui (10); à cet avertissement succède rémunération de quatre classes de péchés particulièrement graves (11-14), et de quatre choses insatiables comme la sangsue (15, 16). Ici vient une malédiction terrible contre les enfants qui méprisent père et mère (17). Après cela, une nouvelle énumération de quatre phénomènes qui échappent aux investigations de l'homme; ce qui conduit le prophète à parler du mystère et de l'hypocrisie dont s'enveloppe la malheureuse femme qui devient infidèle à ses premiers devoirs (18-20). Quatre choses également nous sont présentées comme constituant un désordre des plus funestes à la société et à la famille (21-23); et à ces quatre plaies morales, non moins qu'aux précédentes, l'écrivain sacré oppose le beau spectacle que nous offre la sagesse de quatre bêtes fort petites et la noble démarche des êtres que Dieu a établis rois sur les animaux et sur les hommes (24-31). Le tout se termine par une exhortation à garder un humble silence, soit lorsque nous avons cédé à quelque tentation d'orgueil qui a. pu nous compromettre, soit quand il s'élève dans nos cœurs des pensées que nous ne pourrions exprimer sans crime, soit enfin quand nos paroles risqueraient d'exciter des querelles (32, 33). — Je voudrais, à mon tour, ramener l'attention de mes lecteurs sur trois choses et même sur quatre, qui me semblent particulièrement remarquables dans ce chapitre: le témoignage que le Saint-Esprit y rend à la divinité du Fils de Dieu (4), l'entière soumission qu'il nous demande aux enseignements de l'Écriture (5, 6), la faible estime qu'il veut que nous fassions des biens de la fortune (8), enfin la sentence qu'il porte contre ceux qui s'estiment purifiés de leurs péchés, bien qu'ils ne le soient pas, une des formes de la propre justice. On s'avoue pécheur, on prétend avoir de la repentance; mais on ne sent pas le besoin d'une expiation venant de Dieu, et l'on ne croit pas en Celui qui a fait cette expiation (12).

1847. (31.) Qui est ce roi Lémuel à qui s'adressent les avis contenus dans le dernier chapitre des Proverbes? Quelques-uns pensent que ce pourrait être un prince étranger, né d'une Israélite pieuse. Il raconterait ici les discours que lui tenait sa mère, discours qu'on devrait envisager comme ceux de la souveraine Sagesse, puisque le Seigneur les a fait ajouter aux écrits de Salomon, son prophète. D'autres pensent que Lémuel (ce mot veut dire Dieu soit avec toi) est Salomon lui-même, qui se désignerait sous le nom d'amitié que lui donnait Bathscébah dans son enfance; rapprochement d'idées tout à fait naturel, au moment où il va répéter les discours de sa pieuse mère. Il est vrai que l'original présente quelques mots étrangers au dialecte hébreu; mais quand on considère les relations que Salomon eut.avec tant d'étrangers, et par son commerce et par ses mariages, il ne serait pas étonnant qu'il eût emprunté çà et là quelques mots de leur langue. Après avoir, de la manière la plus touchante, exhorté son fils à fuir le libertinage et le goût du vin, non moins qu'à suivre les lois de la justice et de l'équité, exhortation dont tous les jeunes gens ont besoin et qui acquiert une force particulière à passer par la bouche de celle qui les porta dans ses flancs et qui pria si souvent avec eux (3-9), la mère du roi Lémuel fait le tableau de la femme vigilante, active, soigneuse, économe et charitable; tableau qu'elle termine par ces mots: «La grâce est illusoire et la beauté s'évanouit, mais la femme qui craint l'Éternel est celle qu'on doit louer» (10-31). Le travail et l'économie, une vie aimable et sédentaire, le soin de sa famille et des pauvres de son voisinage, ne sont donc pas les seules vertus que Dieu demande à la femme, comme ce n'est pas non plus dans sa beauté que résident ses vrais charmes. Il faut avant tout qu'elle soit pieuse; et rien n'est plus éloigné de ce que Dieu aime qu'une jeune fille qui, occupée de sa personne, ne songe qu'à plaire au monde et à s'attirer les regards.

1848. Malgré la rapidité et l'insuffisance de ces Études, mes lecteurs auront certainement admiré l'excellence du saint livre qui en a été le sujet. Si je rassemblais dans un ordre systématique toutes les vérités morales qui viennent de nous occuper, on serait frappé de la plénitude et du caractère vraiment divin de ce cours de morale. Là se trouvent à la fois des directions relatives aux détails les plus minutieux de la vie, comme il convient à un père faisant l'instruction de ses enfants, et les principes les plus élevés et les plus généraux, comme on doit les attendre d'un roi donnant des lois à son peuple. Nous y lisons les devoirs de ceux qui gouvernent et de ceux qui sont gouvernés, ceux des maris et des femmes, des pères et des enfants, des maîtres et des domestiques, des riches et des pauvres, des savants et des ignorants, des vieillards et des jeunes gens, de l'offensé et de l'offenseur, de l'âme qui est abreuvée d'afflictions comme de celle à qui Dieu les épargne. Ce ne sont pas les actions seulement que cette sainte morale soumet à ses préceptes, car elle ne cesse de revenir sur le mal et le bien qu'on peut faire par ses paroles. Puis il est bien évident qu'elle émane de Celui qui «regarde au cœur,», car elle nous invite par-dessus tout à surveiller nos pensées, nos sentiments et nos affections. Ce que le Saint-Esprit y recommande avec le plus d'instance, c'est la crainte de l'Éternel et la confiance en sa grâce, l'amour de la vérité et de la justice, l'humilité devant Dieu et devant les hommes, la modération en toutes choses, la charité sous ses diverses formes, le culte spirituel et vrai qu'on doit au Seigneur.

1849. Ce n'est pas à dire que la morale du livre des Proverbes ait toute la perfection de la morale évangélique: elle n'est pas moins pure, elle est même à beaucoup d'égards plus explicite et plus développée; mais elle a, dans ses motifs ou ses mobiles, quelque chose de plus élémentaire et de moins élevé, si l'on veut. La révélation de Dieu, sur tous les points, a été progressive, comme doivent l'être ces Études; toujours est-il que les maximes de Salomon sont de Dieu, non moins que celles de Jésus-Christ et de ses apôtres. Il est à remarquer, dans tous les cas, que ce n'est pas par la morale que nous sommes sauvés, puisque le salut ne s'acquiert pas par les œuvres, mais par la foi. Si quelqu'un cherchait à conformer sa vie aux préceptes du Nouveau Testament pour gagner ou mériter ainsi la vie éternelle, il ne ferait autre chose que rendre la perte de son âme plus certaine. De même en serait-il de celui qui chercherait dans le livre des Proverbes la voie du salut proprement dite. Mais si nous sommes vraiment chrétiens, sauvés par la foi en Jésus-Christ, nous aurons à cœur de glorifier Dieu par notre conduite et nous ouvrirons fréquemment ce saint Livre, afin d'y puiser les directions journalières dont nous avons besoin. Sans doute le fidèle est conduit par l'Esprit de Christ, et c'est dans le Nouveau Testament, en particulier dans les épîtres des apôtres, que se trouvent écrites avec une suprême perfection les règles de la vie chrétienne; mais voici un livre où la souveraine Sagesse a déposé des trésors de science et de prudence, en nous disant: «Mon fils, ne repousse pas mes instructions.» Pourrions-nous ne pas l'écouter? Un des chrétiens les plus éminents de ce siècle a raconté que, chaque fois qu'il se trouva dans des circonstances particulièrement difficiles, il relut d'un bout à l'autre le livre des Proverbes et qu'il ne manqua jamais d'y trouver les directions qu'il lui fallait. C'est ainsi qu'il était conduit par l'Esprit de Dieu, et je ne doute pas que s'il arrive à bien des personnes, même pieuses, de manquer quelquefois aux devoirs les plus simples de la vie, c'est qu'elles négligent la lecture de cette portion si importante de la Parole de l'Éternel.

1850. Quant au pécheur non converti, qu'il lise et relise les Proverbes de Salomon en s'examinant lui-même sur ce patron de vérité, d'humilité et de charité. S'il le fait sérieusement, il ne tardera pas à voir de quelle multitude de péchés son âme est souillée; il sentira le besoin d'un Sauveur pour les expier, et puisse-t-il aller sans retard se laver dans les saintes eaux de la grâce de Dieu. — Le fidèle à son tour, en comparant ce qu'il est avec ce qu'il devrait être selon les préceptes de la souveraine Sagesse, sentira toujours plus le prix de la miséricorde qui lui a été faite, et sans laquelle il ne pourrait subsister un instant devant Dieu.

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