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TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.

LES NOUVELLES DU PAYS.

Nouvelles du Pays - Premiers bruits - Les Genevois en campagne - Les envoyés des seigneurs de Berne -
Nouvelles diverses - Genève - Fribourg - Pays-de-Vaud - Lausanne -
Encore un extrait de l'Institution chrétienne

Noms propres de cette page
 
FEUILLETON DU CHRONIQUEUR.
Ce qui se passa le 28 août, jour de Monsieur saint-Augustin dans le couvent de sainte-Claire (Fin du récit de soeur Jeanne.)
Le chant d'un soldat bernois au retour de la bataille de Nyon (Gingins)

Premiers bruits.

« Croyez-moi, la guerre est au pays. » - « La guerre ? où donc est-elle ? » - « Dans les Joux. Tout est en mouvement de Neuchâtel à Genève. Sur toute la frontière on a vu des hommes d'armes, et de la montagne les bruits de guerre sont descendus dans la plaine. Mais voici quelqu'un qui nous en apporte des nouvelles.
- « Rien n'est plus vrai ; une bataille s'est donnée. Ce sont les Suisses qui sont descendus par la montagne, allant secourir Genève. On dit qu'ils sont plus de 700. Ils ont rencontré les Savoyards à Gingins, et d'un premier choc, ils leur ont tué 2000 hommes. On assure qu'il y avait 100 prêtres dans l'armée de Savoie, et on parle d'un de ces vaillans Suisses qui à lui seul en a tué plus de vingt. Ceux de Genève , si l'on dit vrai, se sont mis en marche de leur côté, environ 2000. Ils sont venus jusqu'à Coppet. À leur approche les Savoyards n'ont su que se cacher; les uns sous les choux, par les courtils; d'autres à la nage, tenant leur hallebarde; et Ils pensaient être tous pris et détruits et le pays gagné. Ce qui facilement pourrait être; car si ceux de Genève et les Suisses opèrent leur jonction, c'en est fait, comme l'on dit, et le pays est rendu. - C'est là tout ce que vous avez appris ? - Je n'ai pas d'autres nouvelles. - M'est avis que nous ferons bien d'attendre d'être plus amplement informés.

Nos dernières nouvelles. Marche et bataille.

C'est de Neuchâtel que sont partis les hommes d'armes. Aux discours de Claude Savoie, aux doléances qu'il faisait de la pauvre cité de Genève, les Neuchâtelois se sont sentis très émus de charité pour leur prochain et de pitié pour leurs frères en la foi. Ils disaient entr'eux et à Savoie : « Nous irons les secourir, et à nos dépens et de tout notre pouvoir. » Sur quoi ayant fait savoir leur ferme volonté à leurs frères d'armes des montagnes, de Bienne et des terres de Berne qui sont voisines, ils n'ont pas tardé à se trouver 900 hommes d'armes ensemble, belles gens de guerre, fidèles et de grand coeur, s'il y en a parmi les Suisses, prêts à partir pour la délivrance de Genève. À leur tête était un vieil officier, nommé Jacob Wildermouth. D'autres le nomment le Verrier (1). Avec un sien parent, nommé Erbardt, homme de coeur comme lui, il leur promit de les mener secrètement et promptement au but de leur expédition. Le 7 au soir, la petite armée était prête à se mettre en marche, quand le gouverneur du comté, M. de Prangins, grand adversaire de la Parole, comme ils disent, leur fit défendre de la part de Mad. de Longueville de bouger, sous peine de son indignation. Ce nonobstant tous ensemble répondirent : « Nous ne pouvons laisser mourir misérablement les chrétiens de Genève, qui font prêcher l'Évangile comme nous ; et pour autre cause on ne leur fait la guerre; pour cette querelle nous voulons tous mourir. » Plusieurs femmes invitaient leurs maris à y aller, disant qu'à leur défaut elles iraient, et quelques-unes mêmes y sont allées. Tous dirent donc : « Partons au nom de Dieu; allons combattre et mourir avec eux, ou les aider à être délivrés de leurs ennemis, et n'écoutons défense qu'on nous puisse faire. »

Quand ils furent arrivés au Val-de-Travers, deux lieues loin de Neuchâtel, il leur fut adressé de nouvelles défenses plus fortes que les premières, accompagnées de grandes menaces ensorte que le courage de plusieurs en fut ébranlé. Le capitaine Wildermouth et son banderet, André Messeller, s'en aperçurent : « Eh bien, leur dirent-ils, que ceux qui ne se sentent pas le courage de vivre et mourir pour aller secourir nos frères de Genève s'en retournent d'ici; et ceux aussi qui se font conscience de tuer tant de faux prêtres qu'on en pourra trouver, qu'ils ne viennent pas; car nous aimons mieux être peu de gens et de coeur, comme Gédéon, que de traîner des timides. » Ils dirent, et la troupe se mit à genoux, en oraison. Quand ils se furent relevés, le capitaine prit de nouveau la parole et leur dit d'une voix haute et de grande affection : « Que ceux à qui Dieu a donné le coeur de venir batailler pour nos frères viennent avec nous ; mais les autres qu'ils s'en retournent dans leurs foyers. » Et plus de 300 s'en retournèrent.

Ceux qui persévérèrent invoquèrent Dieu et partirent en bon ordre. En marchant ils se comptèrent ; ils étaient 415. Le temps était fort mauvais. La neige couvrait les montagnes. Ils se proposaient de traverser la Bourgogne, et d'arriver à Genève par St-Claude; mais ayant trouvé les routes fermées, ils se firent un chemin des plus rudes par dessus les hautes Joux et à travers les grands bois déserts qui séparent la Savoie de la Bourgogne. La neige couvrait le sol; il fallut la brasser jusqu'aux genoux. Bientôt la famine se joignit à la froidure ; car ils ne trouvèrent à manger, sinon quelques troncs de choux, encore ne vaut-il la peine d'en parler. Enfin le samedi 9 octobre, la troupe arriva avec la nuit dans le vallon et au village de St-Cergues, mais ils n'y trouvèrent ni habitans, ni provisions; les villageois s'étaient tous enfuis , emportant leur meilleur. Cependant ils y passèrent la nuit, faisant bonne garde. Vinrent trois ou quatre jeunes hommes, que les Savoyards avaient apostés, et qui se laissèrent prendre prisonniers. Ils feignirent d'être envoyés par les Genevois, pour servir de guides à leurs amis, et leur offrirent de les conduire sûrement à travers la contrée. Au pied de la montagne est le village de Gingins. Il tardait à nos braves d'y arriver dans l'espoir d'y trouver quelque aliment ; mais voici que pour leur déjeuner, il leur fallut livrer bataille.

C'était dimanche au point du jour. Trois à quatre mille hommes, Savoisiens, Italiens et Espagnols, tant à pied qu'à cheval attendaient nos Suisses dans la plaine, bien disposés à les prendre tous. La petite troupe était mal armée à peine cent avaient-ils des mousquets ; tous les autres n'avaient que leurs épées. Cependant chassés par la faim, ils descendirent la montagne à pas pressés. Les traîtres qui les guidaient au lieu de les conduire au village, leur montrèrent une prairie où ils leur promirent de leur porter de la nourriture et du vin ; et ils les firent entrer dans un chemin étroit et creux où l'on pouvait à peine marcher deux de front. Un ruisseau courait au travers. Une haie épaisse bordait les deux côtés.

Après avoir fait descendre les Suisses en ce lieu, les guides coururent avertir les Savoyards. Ils étaient rangés en deux corps ; le premier, de 1300 hommes, serra seul l'ennemi de près. Quand ils furent à une portée de mousquet, le capitaine de Gex, M. de Lugrin, s'avança et demanda à parlementer avec le chef des Neuchâtelois.
« Nous vous prions, dit Jacob Wildermouth, de nous donner passage pour aller à Genève. - Non ; nous ne vous le donnerons point. - Eh bien, nous le prendrons » repartit Jacob.
Il n'eut pas plus tôt dit qu'un de Gex le frappa du bois de son arquebute et le renversa à terre. Alors commença la mêlée. Wildermouth se releva, rentra dans les rangs des siens, et bien serrés, bien couverts, ils attendirent la décharge des Savoyards. Elle passa par dessus leurs têtes sans leur faire beaucoup de mal. Sortant alors de leurs fossés, il se jetèrent à travers la haie et se présentèrent hardiment à l'ennemi. Ils se battirent comme le font des hommes de coeur dans une position désespérée. Au lieu de recharger leurs mousquets, ils s'en servirent comme de massues. On remarquait entr'eux tous une femme qui combattait avec son mari et ses trois fils, tous vaillans compagnons et fervens à l'Évangile. Elle portait une épée à deux mains et disait, pour bailler courage à tous : « Je serais seule qu'avec cette épée je voudrais batailler tous ces Savoyards. » Et elle en fit, assure-t-on, grande déconfiture. Tous y allaient en gens bien résolus de vaincre ou de mourir. Aussi l'intrépidité a-t-elle fini par triompher du nombre.
Les Savoyards se sont enfuis laissant la terre jonchée de 200 des leurs (2). Parmi les morts se sont trouvés au premier rang les perfides guides ; il s'y est aussi trouvé plusieurs gentils-hommes et plusieurs prêtres. Les Suisses n'ont perdu que sept des leurs. Après une victoire si belle et si peu espérée, ils se sont mis à genoux sur le champ de bataille, ont remercié Dieu dans l'effusion de leurs coeurs de la protection qu'il leur avait donnée ; puis, partagés en trois corps, ils ont pris le chemin de Genève en marchant le long de la montagne. Que se passe-t-il cependant à Genève en ce moment ?

Les Genevois en campagne.

Le 5, on disait à Genève qu'il devait dans la nuit arriver du secours de Neuchâtel, et Baudichon reçut charge de pourvoir aux logemens; mais on attendit en vain.

Le 8, il y eut grand montre (revue) au pré de Palais.

Le dimanche 10, nouvel avis de l'arrivée de gens descendus de Neuchâtel. Jean Lambert fut élu fourrier pour les loger, et pour les payer on résolut de faire de la monnaie aux armes de Genève. À l'heure où se prenait cette résolution la bataille se donnait, sans qu'on n'en sût rien ; seulement on était surpris des éclairs et des tonnerres qu'il faisait du côté de Nyon. Ce ne fut que le lendemain que le bruit d'une bataille gagnée par les Neuchâtelois se répandit dans Genève. On racontait qu'ils avaient tué aux ennemis 576 hommes ; mais qu'ils étaient enfermés près de Nyon, ne pouvant passer outre, en grand danger de succomber. À cette nouvelle, il n'y eut dans tout Genève qu'un coeur et qu'un cri : « Nous ne serons point ingrats à tant de services, de peines, de diligence et d'amour. Hâtons-nous et volons secourir nos bons amis. »

On courut prendre les armes. En peu de momens trois pièces d'artillerie furent prêtes et 500 hommes se trouvèrent rangés sous les drapeaux (3). Sous Baudichon commandaient CI. Bernard et Jean Golle ; puis marchait le grand prévôt Domaine d'Arlod ; Ami Perrin, François Chamois et Jaques Desarts portaient les étendards. À l'approche de ces forces les Savoyards se replièrent. On s'avançait pleins de confiance. Il y a cinq lieues de Genève au village de Gingins ; on en avait franchi trois, on était aux portes de Coppet ; une lieue et demie encore et les Genevois ramenaient en triomphe leurs amis de Neuchâtel. Mais un événement inattendu vint changer la face des affaires et ruiner les espérances de Genève et de ses alliés.

Les envoyés des seigneurs de Berne.

Dans le même temps que se mettaient en marche les auxiliaires du Jura, les seigneurs de Berne faisaient partir deux députés avec charge d'aller négocier la paix entre les partis et de faire rebrousser chemin à ceux de leurs sujets qui se trouvaient dans les rangs des Neuchâtelois. Louis de Diesbach et Jean Rodolphe Naegueli arrivèrent à Coppet le samedi soir.

M. de Lullin, gouverneur de Vaud, s'était joint à eux. L'heure était celle où les Neuchâtelois descendaient dans le vallon de St-Cergues. Ils eurent avis de l'arrivée des députés et un Genevois qui se trouvait avec eux (n'était-ce point Cl. Savoie ?) descendit de la montagne dans le dessein de conférer avec ces seigneurs. Il montait un beau cheval espagnol. Un gentilhomme savoisien, nommé d'Alinges (seigneur de Colombier) le prit sous sa garde et lui promit sûreté; mais ils avaient mal compté tous deux. Lullin les fit arrêter et mettre d'Alinges en prison, disant qu'il n'avait pas le pouvoir de donner un sauf-conduit. Le lendemain - jour de la bataille, les députés bernois voulurent de grand matin aller joindre l'armée suisse et exécuter leurs ordres. Mais Lullin sut les retenir en prétextant la messe à entendre et le déjeuner ; il voulait donner aux Savoyards le temps de battre les Suisses ; on ne se mit donc en route que tard. Lullin était monté sur le beau cheval espagnol qu'avait le Genevois, et celui-ci, à ce que l'on raconte, était monté sur un âne. Trente chevaux les escortaient.

Arrivés près de Gingins, ils apprirent le combat qui venait de se donner et rencontrèrent les fuyards. À cet aspect, LuIlin s'arrêta, s'emporta contre les lâches et voulut les contraindre à retourner à l'ennemi ; mais il ne trouva point d'obéissance ; l'épouvante avait glacé les coeurs. Les députés bernois continuèrent seuls de s'avancer, sous l'escorte de quelques cavaliers que leur donna le gouverneur. Ils traversèrent le village de Gingins et longèrent quelque temps le pied de la montagne ; mais sans pouvoir atteindre les Neuchâtelois. Ceux-ci avaient traversé un marais et cherchaient un chemin qui les conduisit à Genève. Les députés rebroussèrent et prirent la route de Nyon. En chemin ils rencontrèrent un escadron savoyard qui les assaillit aux cris : « Tue, tue ; » un cavalier portait déjà le pistolet à la gorge de Diesbach, quand un gentilhomme de l'escorte arrêta le coup. « Épargnez les seigneurs de Berne, cria-t-il ; il n'a point tenu à eux d'empêcher ce qui vient d'arriver ; mais au gouverneur qui les a retenus jusques après le combat. » Cependant, les deux députés furent traités comme prisonniers de guerre.

On les fit descendre de cheval et marcher à pied un bon espace de chemin. À la fin, cependant, mieux instruits de ce qui s'était passé le matin et des obstacles mis par M. de LuIlin au départ des députés, les Savoyards les relâchèrent et les laissèrent aller joindre le gouverneur. À sa sollicitation, ils firent tant de diligence qu'ils rejoignirent la petite armée suisse.

Ils ordonnèrent aux sujets de Berne, de la part de leurs seigneurs, de se retirer, et ils exhortèrent les Neuchâtelois à en faire autant, en leur montrant les périls dont ils étaient entourés. Le Gouverneur leur donna assurance que s'ils abandonnaient leur dessein Ils ne seraient point attaqués. Ils étaient près de Founex : on les fit entrer dans le village et des vivres leur furent distribués gratuitement. Diesbach leur promit de s'entremettre pour moyenner une bonne paix entre le Duc et Genève. Ils finirent par reprendre le chemin de leurs foyers, et tout ce que Genève était promis de leur secours se trouva dissipé en fumée.

M. de LuIlin et les députés descendirent à Coppet, pour y passer la nuit. Le lendemain matin, ils étaient ensemble au château, quand on vint leur dire que l'armée genevoise était aux portes de la ville. Vite ils lui dépêchèrent un hérault « Dites à ces gens que nous sommes ici pour conférer de la paix, et qu'ils aient à se retirer. » Les Genevois, fort chagrins de ce qu'ils entendaient, choisirent trois des principaux d'entr'eux et les envoyèrent, sur la parole des Savoyards, s'assurer de ce qui se faisait et, s'il était réellement question de paix, prendre part à la négociation.

Les gentils-hommes les introduisirent : « Venez, leur dirent-ils, et entrez en bonne foi. » Les trois envoyés étaient Jean d'Arlod, Thibaut Tocquet et Jean Lambert. Ils virent bien manger et bien boire M. de Diesbach, et bien banqueter les moyenneurs de la paix. Mais pour eux, au lieu de paroles de conciliation, leur fallut endurer bien autre chose et s'en aller bien liés et bien garrottés en la forteresse de Chillon, là où gît, depuis six ans, M. de St-Victor.

Cependant ceux de Genève attendaient sans méfiance le retour de leurs députés. Quelques-uns seulement, se doutant que ce fût sans retour, envoyèrent un trompette savoir ce qui en était, lequel rapporta avoir vu dans le vignoble moins de ceps que de soldats. Sur ce mal avisés s'en retournèrent croyant à ce faux rapport ; et depuis, ayant su la vérité, voulurent couper la tête au mensonger trompette, qui jamais ne sera plus estimé dedans Genève.
Vive avait été la départie, prompt fut aussi le retour. Bientôt les ambassadeurs de Berne entrèrent aussi dans la cité.
Ils se présentèrent en Conseil (le mardi 12), et voici à peu près comme ils ont parlé :
« Nos seigneurs et supérieurs savaient qu'une assemblée de gens s'était faite sur le Vau-Travers et qu'elle était conduite par ceux de Neuchâtel pour venir en cette ville. Ils n'ignoraient pas le peu de gens qu'ils étaient, 450 au plus, et qu'ils auraient à faire aux nobles et aux gens d'armes du pays assemblés au nombre de plus de 4000. Bien instruits de ces faits, ils nous ont envoyés pour les faire revenir en assurance puisqu'ils ne pouvaient pas parvenir en sûreté. Arrivés à Coppet, nous avons appris par le Gouverneur et les gentils-hommes que nos gens étaient attendus et descendaient le dimanche matin. Nous fûmes d'avis de les aller trouver et de les renvoyer en leur pays, aux dépens de M. de Savoie ; mais le Gouverneur et ses gentils nous entretinrent un peu trop, et quand nous arrivâmes à Gingins, deux ou trois combats s'étaient déjà donnés dans lesquels beaucoup de gens étaient tombés de part et d'autres ; toutefois plus d'un côté ; car des Savoisiens il en est demeuré plus de 120, même l'on dit 200, et peut - être plus encore.

Ayant vu cela, nous arrêtâmes nos Suisses ; car ils voulaient toujours courir et les Savoisiens étaient en grand nombre et prêts à les bien recevoir. Nous leur fîmes entendre qu'il serait mieux qu'ils s'en retournassent pour ce coup avec bonne victoire, que de se mettre en plus grand péril, avec ce qu'ils avaient été deux jours sans manger. Ainsi ils vinrent à Founex, où on leur a baillé à boire et à manger, après quoi ils se sont retirés en sûreté en leur pays. Revenus à Coppet avec M. le Gouverneur, nous avons parlé de faire quelque traité. C'est pourquoi nous vous demandons à cette heure que vous nous répondiez, s'il vous suffit que ceux de Peney se déportent de plus vous piller et que vous fassiez le semblable et ne sortiez plus sur eux. »

À ce discours, les Genevois ont eu peine à contenir leur courroux. Pour toute réponse, ils ont représenté aux députés le grand tort qu'ils venaient de leur faire en les privant de secours en une si grande calamité ; ils ont déclaré ne vouloir point entrer en négociation avec des traîtres ; et ils ont sommé Berne, par de nouvelles supplications, de leur donner, à forme de l'alliance, le secours qu'elle leur doit. Songeant ensuite aux trois députés de Genève, arrêtés par le Gouverneur de Vaud, contre le droit des gens et malgré la foi donnée, MM. de Genève ont résolu d'user de représailles.

Le bâtard de Wufflens était venu en ville avec les députés de Berne ; on l'a fait prisonnier. Un moine, homme de qualité, nommé De Montfort, se trouvait dans l'église de St-Jean, hors de Genève ; les Genevois ont été le saisir et ruiner la maison de St-Jean. Ils ont encore arrêté Pierre de Sales. Les trois pour leur servir d'otage et pour la sûreté de leurs députés.

Cependant, deux envoyés du Duc, d'Estavayer et Fontanel, se rendaient à Peney, chargés de faire aux Peneysans de nouvelles propositions, et de trouver les termes d'un accommodement ; mais leur démarche n'a obtenu aucun succès ; les Peneysans ne pensant pas qu'un prince doive faire trêve avec ses sujets rebelles. Les envoyés à leur retour ont vit les ambassadeurs de Berne. Ce qu'ils ont eu à leur dire les a grandement irrités. - « Quoi ! le terme que nos seigneurs vous ont donné est écoulé trois ou quatre fois, et vous n'avez rien fait à notre considération. Vous nous préférez trente ou quarante brigands attroupés ` à Peney. Eh bien, voilà vos lettres d'alliance, portez-les à votre maître, et lui déclarez que nous rompons avec lui. » Les deux envoyés se sont excusés de les recevoir. « Dites-lui donc qu'une dernière fois nous lui donnons un terme de quinze jours, pour rétablir la liberté du commerce avec Genève et dénicher les Peneysans, que s'il ne nous donne cette satisfaction, nous romprons sans retour et lui renverrons, par un héraut, les lettres d'alliance. »

Ainsi s'est terminée l'oeuvre des députés bernois. Ils vont partir bien mécontens et bien irrités contre Genève, des reproches que chacun leur fait. Quant aux Genevois, ils commencent à tourner bien sérieusement leurs regards vers la France, d'où on leur fait attendre du secours.

SOURCES.
Registres. Froment. Roset. Ruchat. Stettler. Boive. M. de Wufflens n'était pas Gouverneur de Vaud, comme le dit M. Thourel. Voici comment Guichenon raconte cette affaire. « Sa Majesté, dit-il, fit faire à Neuchâtel une levée de 1000 hommes. Ceux de Gex furent assez généreux pour refuser passage. Deux cents des leurs taillèrent en pièces l'ennemi, lui tuèrent 500 hommes et renvoyèrent le reste en France avec sauf-conduit. »

 

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NOUVELLES DIVERSES.

GENÈVE. Le 9 de ce mois, ordre a été donné à tous les citoyens, bourgeois et habitans qui sont dehors de la ville d'y rentrer dans six jours pour la défendre, à peine d'être traités comme traîtres.
Le même jour on a reçu des lettres de MM. de Fribourg, qui demandent le renvoi de ceux de leurs sujets qui sont venus servir Genève.

Le 10, trente-deux soldats demandent leur paie. Ils sont invités à rester, s'ils veulent demeurer pour quatre sous par jour.

- On voit les prêtres et les moines qui sont demeurés en ville, aller de maison en maison, confirmant dans leurs sentimens les personnes qui tiennent encore au catholicisme. Ils les confessent, ils baptisent, marient et disent la messe. Assez long-temps on a fermé les yeux ; enfin le 8 octobre le Conseil les a fait appeler et les a invités avec douceur à s'abstenir de dire la messe, s'ils ne veulent s'engager à faire voir qu'elle est fondée en la Parole de Dieu. On leur a conseillé aussi de ne pas se montrer en habits sacerdotaux, parce qu'ils risqueraient de les perdre, étant haïs de nos gens de guerre.

Un prêtre ayant été surpris avec une femme, ceux qui l'ont trouvé l'ont saisi de leur propre autorité et l'ont promené par la ville, monté sur un âne, faisant marcher après lui sa concubine équipée en laquais. Je ne sais qui des catholiques on des amis sincères de l'Évangile ce spectacle a affligé le plus. Qui sont-ils ces hommes qui se sont cru le droit de triompher d'un pécheur comme eux ? Ils ont donc oublié ce que fit Jésus quand des pharisiens lui amenèrent, triomphans aussi, une femme adultère ; les regards baissés, Il écrivit sur la terre, et ce qu'il écrivit n'était pas la condamnation de la pécheresse ; c'était peut-être la leur.

Nos lecteurs se souviennent-ils du docteur Claude Grossi, juge des trois châteaux ? (Chroniqueur, page 13). Nos Genevois viennent de le faire prisonnier. On l'amène, on l'interroge. Il avoue qu'il était juge à Peney ; mais il raconte que l'évêque l'a cassé de sa charge, parce qu'il s'est refusé à prononcer la condamnation des prisonniers. Il n'en a pas fallu davantage pour le faire libérer ; et le même peuple qui, il y a 17 ans, promenait injurieusement sa mule dans les rues de Genève, l'accompagne aujourd'hui jusques aux franchises avec tout honneur. On a même vu dans le cortège plusieurs de MM. du Conseil. -

On nous fait part du mariage de Jaques Bernard avec la fille belle, mais pauvre, de Jean l'imprimeur. Il la dote honorablement. Farel a béni leur mariage dans l'église de St-François de Rive.

Messieurs ont ordonné que le recteur de l'école vienne demeurer au couvent de Rive.

Les vignes et tous les fonds qui appartenaient ci-devant aux paroisses de cette ville serviront dorénavant à l'entretien des pauvres. Le couvent de Sainte-Claire sera converti en grand hospice, et un second hospice au pont du Rhône sera destiné aux passans. Tous les hôpitaux seront réduits à ces deux-là. (1*) -

FRIBOURG. Une députation d'Avenches est venue annoncer au Conseil que les Bernois cherchaient à leur faire adopter la réforme. Après avoir entendit les deux députés le Conseil a écrit à ses combourgeois d'Avenches « Persistez dans votre résolution et faites tout ce qui convient à votre honneur, en comptant sur notre secours. Et comme le bruit s'est répandu que les Bernois doivent marcher sur Genève, nous vous prions de nous Communiquer tout ce que vous pourrez apprendre à cet égard. » (Du 28 septembre).

Fribourg a résolu d'être sur ses gardes, le cas advenant que les Bernois marchent à Genève. Et s'ils attaquent le pays (de Vaud ?), les Gruyériens, le couvent de Payerne ou la ville d'Avenches, les Fribourgeois feront le nécessaire.

La fête de Saint-Nicolas a été célébrée selon la coutume. Un écolier en mitre et orné des vêtemens pontificaux, monté sur un âne, à défaut de pouvoir trouver une mule blanche, s'est avancé dans le rôle de St-Nicolas. Un autre écolier jouait celui de Ste-Catherine. Des anges le portaient en triomphe et des cavaliers d'honneur l'accompagnaient, suivis des enfans de choeur chantant des hymnes et des répons. Les deux saints ont distribué des bénédictions, auxquelles le peuple a grande confiance. Le soir il y a eu des goûters et des soupers de fondation ; et les enfans de choeur ont été devant les maisons les plus notables, régaler de leurs chants les personnes qui n'avaient pas assisté à la procession. (2*)

PAYS-DE-VAUD. Nouvelle invitation de MM. de Berne à ceux d'Avenches de laisser en paix Antoine Bonjour et ses compagnons évangéliques, et de ne les ennuyer ni molester ; avec prière à Dieu qu'il leur donne de laisser les traditions humaines pour vivre selon ses commandemens. (3 septembre). -

Supplique des frères de Payerne aux magnifiques seigneurs de Berne. Ils écrivent : « Nous sommes dûment informés que notre bon frère Ant. Saunier, allant visiter les frères tant de la Provence que du Piémont, est détenu prisonnier en la ville de Pignerolle, laquelle est à Monsieur de Savoie. Par quoi nous vous prions et humblement requérons, qu'il vous plaise envoyer vers Monseigneur à ce qu'il soit délivré. C'est lui par lequel Dieu premièrement nous a annoncé sa volonté. C'est lui par lequel, tant en France que par deçà et même en vos terres et seigneuries, l'Évangile a été grandement avancé. C'est lui qui de jour en jour, ainsi que Paul, expose non seulement ses biens, mais sa vie pour la gloire de bleu. Pour ce, Messieurs, pour l'honneur de Dieu, ayez-y regard. Priant Dieu vous tenir toujours en sa sainte garde. De Payerne, ce 28 septembre. Les vôtres humbles serviteurs et féaux alliés, les frères de Payerne tenant le parti de l'Évangile. »

Cette lettre vue, MM. de Berne ont écrit au duc de Savoie, « le priant et suppliant très affectueusement de libérer pour l'amour d'eux Saunier et son compagnon. Et s'il n'était libéré et que leurs serviteurs, sujets et bons amis dussent avoir à souffrir outrages ès pays ducaux, ne sauraient faire autre chose que d'user de pareille rigueur contre les sujets du Duc. » Et demandent une réponse par le porteur. Leur lettre est du dernier septembre 1535.

Une chétive pension a été faite à M. Le Comte, ministre de Grandson, qui jusqu'ici a servi sans paie ordonnée, savoir un muid de froment, mêlé de trois coupes de Messel, et demi-muid de vin. (3*) -

LAUSANNE. Lausanne hait l'Évêque, repousse la réforme, et promène ses regards autour d'elle avec inquiétude. Quelques zélateurs s'y remuent. Il en est qui sont, il n'y a pas long-temps, entrés au couvent des Dominicains de la Madelaine, et y ont commis quelques violences. On les a punis par la prison. Peu après, MM. de Lausanne ont établi des avoués (protecteurs) au couvent des Cordeliers de St-Francois, des Dominicains de la Madelaine et des religieuses de Belles-Vaux, pour empêcher qu'il ne s'y fasse aucun désordre.

En toute occasion se montrent l'embarras et la craintive prudence du Conseil. Ayant appris que plusieurs Genevois qui ont embrassé la réforme se sont réfugiés à Lausanne, pour fuir les troubles de leur patrie, il a incessamment donné ordre à leurs hôtes de les avertir de ne point parler religion et de n'en point disputer, afin de ne causer aucun désordre dans la ville. Nous avons rapporté la déclaration de neutralité de MM. de Lausanne entre Genève et le duc de Savoie et leur opposition aux enrôlemens tentés par un officier de Genève. Il ne manque pas à Lausanne d'hommes qui eussent couru offrir leurs bras aux Genevois. D'un autre côté, le doyen De Pré, avec ses gens de La-Vaux, allait se joindre à leurs ennemis ; on a eu peine à les retenir. On voudrait pouvoir s'allier à Berne sans s'allier à la réforme. De jour en jour on se rapproche davantage de Fribourg ; mais Fribourg n'est pas un appui. Déchirée au dedans, sans amis sûrs au dehors, que deviendra Lausanne au jour où se déploieront les jugemens de Dieu et où la trompette sonnera pour donner le signal des batailles ? (4*)

SOURCES.
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1*, Registres. Roset. Ruchat.
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2*, Archives de Fribourg. Dictionnaire de Kuenlin. T. 1, p. 305.
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3*. Archives de Berne. Journal de Le Comte.
.4*. Ruchat.

 

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ENCORE UN EXTRAIT DE L'INSTITUTION CHRÉTIENNE.

L'abrégé de la vie chrétienne.

Nous ne sommes point à nous, mais à Dieu, c'est là tout l'abrégé de la morale chrétienne. Que si nous ne sommes point à nous-mêmes et que nous appartenions à Dieu, il paraît manifestement quel est le but où il faut diriger notre vie. Nous ne sommes point à nous ; notre raison donc et notre volonté ne doivent dominer dans nos actions. Nous ne sommes p oint à nous ; ne nous proposons donc point pour but de ne chercher que les choses qui nous sont expédientes selon la chair. Nous ne sommes point à nous ; oublions-nous donc nous-mêmes autant qu'il se peut avec les choses qui nous regardent.

D'autre côté nous sommes au Seigneur, vivons donc et mourons au Seigneur. Nous sommes au Seigneur, que sa volonté donc et sa sagesse président sur toutes nos actions. Nous sommes au Seigneur ; que donc toutes les parties de notre vie se rapportent à lui comme à leur fin légitime. Oh ! que l'homme aura bien profité dans l'école du Seigneur, lorsque reconnaissant qu'il n'est pas à soi, il ôtera à sa propre raison l'empire et le gouvernement de soi-même pour le résigner tout entier entre les mains de Dieu !

Une des conséquences de la précédente doctrine la consolation du chrétien dans le combat de la vie.
Le combat que les fidèles soutiennent en s'étudiant à la patience nous est élégamment décrit par St-Paul dans ces paroles - « Nous sommes, dit-il, pressés par toutes sortes d'afflictions ; mais nous n'en sommes point accablés. Nous nous trouvons dans des difficultés insurmontables ; mais nous n'y succombons pas néanmoins. Nous sommes persécutés, mais non pas abandonnés. Nous sommes abattus, mais non pas entièrement perdus. » Ainsi nous voyons que porter patiemment la croix n'est pas être insensible à la douleur, comme les Stoïciens nous ont follement dépeint leur sage. Ils le montrent ayant dépouillé toute son humanité et sur l'esprit duquel les choses adverses et fâcheuses font la même impression que celles qui réjouissent. Mais quels progrès ont-ils fait avec leur sublime sagesse ? Certes, ils nous ont représenté un fantôme de patience qui ne s'est jamais trouvé entre les hommes et qui n'y peut pas être non plus. En voulant même trop raffiner sur la nature de la patience, ils en ont ruiné la force et l'usage dans la vie humaine. On trouve même encore aujourd'hui dans le christianisme de nouveaux Stoïciens, qui s'imaginent que c'est un grand défaut de gémir, de pleurer et d'être en inquiétude. Ces paradoxes sauvages ont presque d'ordinaire pour auteurs des gens oisifs, qui, s'exerçant plus dans la spéculation que dans la pratique, ne peuvent enfanter que de semblables imaginations...

Pour nous, nous n'avons que faire de cette farouche et dure philosophie, que notre Seigneur et notre maître a non seulement condamnée dans sa Parole, mais encore réfutée par son propre exemple. Il a gémi et pleuré, tant pour sa propre douleur que pour la compassion et la pitié dont il était touché envers les autres. Et il n'a pas ordonné à ses disciples d'agir d'une autre manière. « Le monde, leur dit-il, se réjouira et vous serez dans la tristesse ; il rira et vous pleurerez. » Mais afin que l'on ne tournât point cela en mal, il prononce que ceux qui pleurent sont heureux. Ce qui ne doit surprendre personne. Car si l'on improuve toutes sortes de larmes, que jugerons-nous du Seigneur Jésus, du corps duquel sont découlées des gouttes de sang ? Si toute crainte et toute frayeur est taxée d'incrédulité, que penserons-nous de l'horreur dont son esprit fut si fort épouvanté ? Si toute tristesse nous déplaît, comment approuverons-nous ce qu'il confesse, que son âme fut saisie de tristesse jusqu'à la mort ?.
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J'ai voulu toucher ces choses afin d'empêcher les bonnes âmes de tomber dans le désespoir, et de renoncer à l'étude de la patience, sous prétexte qu'il ne leur est pas possible de se dépouiller du sentiment qu'ils ont naturellement pour la douleur. Or il faut nécessairement que ceux qui changent ainsi la patience en stupidité et un homme ferme et constant en une souche perdent courage lorsqu'ils voudront se former à la patience. L'Écriture au contraire loue la patience des saints, quand ils sont tellement affligés de la grandeur de leurs maux, qu'ils n'en sont point entièrement abattus pour y succomber quand ils ont l'âme tellement imbue d'amertume, qu'ils ne laissent pas de ressentir en même temps les douceurs d'une satisfaction spirituelle ; quand ils sont tellement pressés par l'affliction qu'ils ne laissent pas de respirer et de trouver même de la joie dans les consolations de l'Esprit de Dieu. Cependant ces différens mouvemens jettent leur âme dans l'agitation. La nature qui fuit et abhorre tout ce qui lui est contraire leur donne mille peines ; mais d'un autre côté aussi la piété les porte au milieu de ces difficultés à obéir à la volonté de Dieu.

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La patience chrétienne et celle des philosophes...

Puisque nous avons tiré de la considération de la volonté de Dieu la principale raison de porter la croix avec courage, il nous faut brièvement définir quelle différence y entre la patience chrétienne et la patience des philosophes. Véritablement il y en a bien peu parmi eux qui soient montés jusqu'à ce degré d'intelligence que de reconnaître, que c'est la main de Dieu qui nous exerce ici-bas par les afflictions, et qu'ils aient pensé qu'il fallait à cet égard obéir aux ordres de sa Providence. Mais ceux-mêmes qui en sont venus jusque là n'allèguent nulle autre raison, si ce n'est qu'il est nécessaire de s'y soumettre. Or cela, qu'est-ce autre chose, sinon de dire qu'il faut céder à Dieu parce que ce serait en vain que l'on s'efforcerait de lui résister ? .
Car si nous obéissons seulement à Dieu parce qu'il est nécessaire de lui obéir, nous cesserons de lui rendre notre obéissance toutes les fois que nous pourrons l'éviter. Mais l'Écriture prétend ne nous considérions tout autre chose dans la volonté de Dieu, savoir premièrement sa justice et son équité, et ensuite le soin qu'il a de notre salut. .

Ainsi les exhortations que le christianisme nous fait à la patience sont telles que si la pauvreté, ou l'exil, ou la prison, ou l'opprobre, oui les maladies, ou la perte des parens et autres semblables adversités nous inquiètent ou nous tourmentent, nous ayons à considérer que nulle de ces choses n'arrive que par la volonté et la providence du Seigneur, et que de plus il ne fait rien qu'avec une très juste et très sage dispensation. Car au fond le nombre presque infini des péchés que nous commettons tous les jours ne mérite-t-il pas d'être châtié avec une sévérité mille fois plus grande que n'est celle dont il use quand il nous châtie selon sa bénignité ? N'est-il pas raisonnable que notre chair soit domptée et qu'elle s'accoutume à porter le joug, de crainte qu'elle ne s'égare dans les excès de l'intempérance où la porte sa nature? La justice et la vérité de Dieu ne sont-elles pas dignes que nous endurions pour l'amour d'elles ? .

Si l'équité de Dieu paraît évidemment dans toutes nos afflictions, nous ne pourrons ni résister, ni murmurer sans nous rendre coupables d'injustice. La religion chrétienne ne nous adresse donc pas de vaines et froides exhortations, comme sont celles des philosophes, mais des remontrances vives et pleines d'efficace. Elle ne nous dit pas comme eux qu'il faut nous soumettre, parce que c'est une chose nécessaire ; mais elle nous dit qu'il faut prendre patience, parce que l'impatience est une rebellion contre la justice de Dieu...

Et comme rien ne nous est vraiment aimable, que lorsque nous connaissons qu'il nous est bon et salutaire, ce miséricordieux Seigneur nous console en nous assurant que lorsqu'il nous afflige par la croix, il n'a d'autre dessein que de pourvoir à notre salut. Que si les tribulations nous sont salutaires, pourquoi ne les recevrions-nous point avec un esprit doux et paisible, et avec un coeur tout plein de reconnaissance ? C'est pourquoi en les endurant patiemment nous ne cédons point à la nécessité, mais nous y acquiesçons pour notre propre bien. Ces considérations feront qu'autant que notre coeur se trouve à l'étroit dans la croix, par le sentiment de l'amertume qui l'accompagne toujours, autant sera-t-il mis au large par la joie spirituelle répandue. De là s'en suivront les actions de grâces, inséparables du contentement. Que si la louange du Seigneur et lés actions de grâces ne peuvent sortir que d'une âme satisfaite ; si elles ne doivent être empêchées par rien au monde ; il paraît de là combien il est nécessaire que l'amertume qui suit toujours la croix soit tempérée par la joie spirituelle. (institution chrétienne, L. III)


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1 L'auteur de l'Histoire de Neuchâtel, publiée en 1787, nomme ce capitaine Jaques Baillod. « C'était un verrier, dit-il, fait à peu près comme un Esope, mais vaillant capitaine. Or à Genève il est resté un proverbe touchant ce brave. Y a-t-il un enfant qui pleure ou fasse bruit, On l'apaise en lui faisant grandes menaces de faire venir le Baillod. »
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(2) Roset. Stettler dit 500 ; Stumpf 440, Froment 2000. Je ne répéterai pas après eux que l'on comptait cent prêtres parmi les morts.
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(3) Roset. Froment dit 2000 hommes et 8 pièces d'artillerie.


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Alinges - André - Antoine - Arlod - Augustin - Avenches -

Baillod - Baudichon - Bernard - Berne - Bonjour - Bourgogne -

Calvin - Catherine - Cergues - Chillon - Claire - Claude - Colombier - Coppet - Cordeliers -

Desarts - Diesbach - Diète - Erbardt - Estavayer -

Farel - Fontanel - Founex - France - François - Fribourg - Fribourgeois -

Gédéon - Genève - Genevois - Gex - Gingins - Golle - Grandson - Grossi - Gruyériens - Guichenon -

Italie - Italiens -

Jacob - Jaques - Jean - Jeanne - Jésus - Joux -

Kuenlin -

Lausanne - Longueville - Louis - Lugrin - Lullin -

Madelaine - Messel - Messeller -

Naegueli - Neuchâtel - Neuchâtelois - Nicolas - Nyon -

Payerne - Peney - Peneysans - Perrin - Piémont - Pierre - Pignerolle - Prangins - Provence -

Rhône - Roset - Ruchat -

Saunier - Savoie - Savoyards - Stettler - Stoïciens - Stumpf - Suisses -

Thibaut - Thourel - Travers -

Vaud - Vaux - Victor -

Wildermouth - Wufflens -

 

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