Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

XI

Vie des rachetés

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129. Il est facile de voir, par les moyens mêmes dont le Saint-Esprit se sert, que la Grâce de Dieu se propose pour objet prochain la formation, puis le développement du NOUVEL HOMME ou de la vie spirituelle dans les élus: régénération et sanctification [85, 95]; ce que l'Écriture appelle aussi la formation de Christ en eux (1). Nous avons dit que c'est, ici-bas, le salut [61, 69, 84]; puis, nous avons indiqué en peu de mots les caractères essentiels de l'enfant de Dieu, [94.] Le moment est venu d'exposer ce sujet plus à fond.

1) La grâce de Dieu, capable de sauver tous les hommes. Est apparue, nous instruisant, afin que renonçant à l'impiété et aux désirs mondains, nous vécussions dans le présent siècle sagement, justement et pieusement; attendant la bienheureuse espérance et l'apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ, qui s'est donné lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et de se purifier un peuple particulier, zélateur des bonnes œuvres. Tite II, 11-14; Gal. IV, 19.


130. Ceux que l'Écriture nomme les rachetés, eu égard à leur délivrance et à Celui qui les a sauvés au prix de son sang, elle les nomme aussi les fidèles, ou les croyants, les enfants de Dieu, les saints et même les parfaits (1). Ces titres rappellent à la fois leurs prérogatives et leurs devoirs. Ils peuvent, les uns et les autres, nous faire pressentir quelle est ici-bas la vie des élus de Dieu (2).

1) Esa. LXII, 12; Eph. I, 1; Col. I. 2; Rom. IX, 26; Act. IX. 13; 1 Cor. II, 6.

2) Si vous invoquez comme Père celui qui, sans égard à l'apparence des personnes, juge selon l'œuvre de chacun, conduisez-vous avec crainte pendant le temps de votre séjour sur la terre. 1 Pier. I, 17; Ex. XX. 2, 3; 1 Pier. I, 15, 16; III,15; Rom. XII, 1, 2; Math. V, 48; Eph. V, 1, 2.


131. Sous ces mots de VIE DES RACHETÉS, il faut entendre avant tout le principe spirituel de leur activité extérieure, ou les désirs et les affections qui déterminent habituellement leur volonté, désirs et affections qui ne sont autres que la vie de Christ devenant notre vie par la puissante eficace du Saint-Esprit (1).

1) Pour moi, vivre c'est Christ. Philip. I, 21; Jean I, 4; V, 40; X, 10; XIV, 16; Rom. VI, 4; VIII, 2, 6; 2 Cor. IV, 10; Philip. II, 5.


132. Le désir dominant des rachetés est de connaître toujours mieux le Seigneur et les conseils de sa grâce (1), de vivre constamment dans sa communion et dans la société de ses enfants (2), de se concilier son approbation (3), d'employer leurs forces au service de sa gloire (4), et d'obtenir de lui le plus haut degré possible de sainteté et de félicité (5). Les désirs habituels des rachetés tendent ainsi vers Dieu et vers son ciel (6): ce sont de saints désirs, désirs tout l'opposé de ceux qu'inspirent la sensualité, l'avarice, l'orgueil, et, généralement, les biens et les jouissances de ce monde (7).

1) J'ouvre la bouche et je soupire, car je suis avide de tes commandements. Ps. CXIX, 131; Prov. VIII, 11; Philip. III, 8-12; 2 Pier. III, 18; 1 Pier. II, 2.

2) Qui ai-je dans les cieux! Et, auprès de toi, je ne prends plaisir en rien sur la terre........ Pour moi, m'approcher de Dieu c'est mon bien. Ps. LXXIII, 25, 28; 1 Jean I, 3; Mal. III, 16.

3) Or maintenant, cherché-je la faveur des hommes ou celle de Dieu! ou bien cherché-je à plaire aux hommes? Car si je plaisais encore aux hommes, je ne serais pas esclave de Christ. Gal. l, 10; Col. 1, 10; 1 Thes. II, 4; IV, 1; 1 Cor. VII, 32.

4) Or j'étais inconnu de visage aux assemblées de la Judée qui sont dans le Christ. Seulement elles avaient entendu dire: Celui qui autrefois nous persécutait, annonce maintenant la bonne nouvelle de la foi que jadis il ravageait, et elles glorifiaient Dieu à cause de moi. Gal. l, 23; 2 Cor. XII, 15;1 Cor. VI, 20; 2 Cor. l, 20.

5) Il est une chose, une seule, que je demande à l'Éternel; je la recherche avec ardeur. C'est de demeurer dans la maison de l'Éternel tous les jours de ma vie, pour contempler la beauté ravissante de l'Éternel et visiter avec soin son palais. Ps. XXVII, 4; 2 Tim. IV, 8; Esa. XXVI, 8, 9; 2 Cor. V, 2; 1 Cor. IX, 25; 1 Pier. V, 1; Apoc. II, 10.

6) O Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès le point du jour; mon âme a soif de toi, dans une terre aride, épuisée, sans eau. Ainsi je te contemple dans le sanctuaire, pour voir ta puissance et ta gloire. Car ta grâce vaut mieux que la vie. Ps. LXIII, 1, 2; XLII, 2; Coll. III, 1-4; 2 Thes. III, 5.

7) Quant à moi, qu'ainsi n'advienne que je me glorifie si ce n'est en la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par le moyen de laquelle le monde m'est crucifié et moi au monde. Gal. VI, 15; 1 Jean II, 15-17; Eph. II, 2; Jacq. l, 27; IV, 4.


133. Les affections du racheté sont aussi de saintes affections. Réprimant avec énergie toute malveillance et ne pouvant y éprouver aucune satisfaction, son cœur, renouvelé, le porte par-dessus tout vers la source de tout bien, l'Auteur de son salut. Il aime Dieu (1). C'est de cet amour même que proviennent les saints désirs dont on vient de parler.

1) Et l'Éternel, ton Dieu, circoncira ton cœur et le cœur de ta postérité, pour aimer l'Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur et de toute ton âme, afin que tu vives. Deut. XXX, 6; 1 Pier. I, 8; Ps. CXVI, 1; Jean XXI, 17.


134. Parce qu'il aime Dieu, il l'adore, le prie, le loue, s'entretient avec lui, lit et médite sa Parole, sanctifie le jour qu'il a mis à part et béni; et il rompt le pain en mémoire du Seigneur aussi souvent qu'il lui est possible. Il voit sa bonne main dans toutes les dispensations de la Providence et il cherche à comprendre l'instruction qui lui est donnée par tout ce qui se passe sous ses yeux. C'est-à-dire qu'il utilise avec un saint empressement tous les moyens par lesquels le Saint-Esprit veut le rapprocher de Dieu toujours plus. [111-127.] Il place d'ailleurs en lui toute sa confiance et pour le corps et pour l'âme (1): en un mol, il a de la piété (2), car la piété n'est autre chose que l'amour de Dieu mis en pratique.

1) Pour moi, je suis comme un olivier verdoyant dans la maison de Dieu; je me confie en la grâce de Dieu à jamais et à perpétuité. Ps. LII, 8; LXI, 4; 2 Cor. I, 9; 1 Pier. V, 7; lV, 19; Philip. IV, 6, 7.

2) Que la Parole de Christ habile en vous richement, en toute sagesse; et enseignez-vous et avertissez-vous les uns les autres, par des psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels. avec actions de grâce, chantant de votre cœur au Seigneur. Et quelque chose que vous fassiez en paroles ou en œuvres, faites tout au nom du Seigneur Jésus, rendant grâce par lui à celui qui est Dieu et Père. Col. III, 16, 17; IV, 2, 3; Ex. XXXI. 11, 16; 2 Pier. l, 3.


135. L'amour des rachetés pour le Seigneur se manifeste encore dans l'amour qu'ils portent à leurs frères et à tous les hommes; c'est l'amour fraternel et la charité (1). Ces sentiments doivent être distingués de tout ce que le monde appelle amour, amitié, philanthropie, voix du sang et de la nature. La charité et la fraternité vraies, fruits de la foi, n'existent et ne peuvent exister que dans celui qui est né de Dieu et qui l'aime (2). Ces deux affections d’ailleurs, l'amour des frères et celui du prochain, bien que distinctes, sont inséparables. Qui n'aime pas les enfants de Dieu, n'importe à quelle Église ils appartiennent, n'est pas un enfant de Dieu lui-même (3), et qui n'aime pas tous ceux qui sontls d'Adam comme lui, n'importe la variété des races et des religions, n'est pas non plus un chrétien, car il renie son sang (4).

1) Et nous avons de lui ce commandement, que celui qui aime Dieu aime aussi son frère. I Jean IV, 21; 20; Lév. XIX, 18; 2 Pier. I, 5, 6.

2) Or la fin du précepte c'est l'amour, qui vient d'un cœur pur et d'une bonne conscience et d'une foi sans hypocrisie. I Tim. I, 5; 1 Jean II, 9-11; III,10.

3) Pour nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie, parce que nous aimons les frères. Celui qui n'aime pas son frère demeure dans la mort. 1 Jean III, 14.

4) Le Dieu qui a fait le monde et toutes les choses qui y sont.... a fait d'un seul sang toute nation d'hommes.... Act. XVII, 24...., 26.


136. Ainsi, pleins d'affection envers leurs semblables, les fidèles éprouvent de saintes sympathies pour toutes les misères de l'humanité. C'est le péché surtout et les maux qu'il attire sur ses victimes, qui excitent leurs douleurs, sollicitent leurs prières et occupent leur activité (1). La conversion des âmes leur procure une joie d'autant plus grande, que c'est là ce qui augmente le nombre de leurs frères en Christ et ce qui tend le plus directement à la gloire de son nom. Ici donc l'amour de Dieu et celui du prochain se combinent de la façon la plus intime, puisqu'on ne peut remédier aux misères spirituelles de l'humanité sans étendre le règne du Seigneur et de sa grâce (2).

1) Des ruisseaux d'eau coulent de mes yeux parce qu'on ne garde pas ta loi; Ps. CXIX. 136; 53; Rom. IX, 1, 2; 2 Cor. II. 4.

2) Paul et Barnabas traversèrent la Phénicie et la Samarie, racontant le retour des nations à Dieu, et ils causèrent une grande joie à tous les frères. Act. XV, 3; XI, 23; VIII, 8; Jean IV, 36; Luc XV, 23, 24.


137. Dans la pratique habituelle, les enfants de Dieu ont mille occasions d'exercer l'amour qui leur a été donné d’en Haut. C'est lui qui leur rend sacrés et précieux les devoirs de la justice (1). Epouses ou époux (2), flls ou pères (3), frères ou sœurs (4), domestiques ou maîtres (5), disciples ou docteurs (6), pauvres ou riches (7), faibles ou forts (8), heureux ou malheureux (9), il savent ce que, suivant la diversité des positions, ils doivent à chacun, en fait d'égards, de respect, d'obéissance, de soins, d'aide, de commisération, de support, de reconnaissance, et c'est avec joie que, sur tous ces points, ils ont à cœur d'accomplir leur devoir (10). Aimés ou haïs, protégés ou persécutés, bénis ou maudits des hommes, ils ne laissent pas de leur vouer un tendre intérêt et de le leur témoignent. Il va sans dire qu'ils ont en horreur l'homicide, le larcin, I'adultère et toute impureté, le faux témoignage et la médisance; car tous ces péchés sont absolument incompatibles avec la charité (11).

1) Toutes les choses que vous voulez que les hommes vous fassent, faites-les leur aussi de même. Math. VII, 12; 1 Jean III, 10.

2) Femmes, soyez soumises à vos maris comme au Seigneur. — Maris, aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l'AssembIée. Eph. V, 22. , 25; Col. III, 18, 19; 1 Pier. III, 1-6.

3) Enfants, obéissez dans Ie Seigneur à vos parents, car cela est juste. — Et vous, pères, n'irritez pas vos enfants, mais élevez-les dans la correction et l'enseignement du Seigneur. Eph. VI, 1, 4; Col. III, 20, 21.

4) Oh! qu'il est bon et qu'il est agréable que des frères vivent bien unis entr'eux. Ps. CXXXIII, 1; Gen. XIII, 8; XLV, 1; 1 Jean IV, 20.

5) Esclaves, obéissez à vos seigneurs selon la chair, avec crainte et tremblement, dans la simplicité de votre cœur, comme au Christ. — Et vous, seigneurs, faites de même à leur égard, modérant les menaces. Eph. VI, 5, 9; Col. III, 22; IV, 1; 1 Pier. II, 18.

6) Nous vous demandons, frères, de reconnaître ceux qui prennent de la peine parmi vous et qui vous président dans le Seigneur, et qui vous avertissent, et de les estimer extrêmement dans I’amour à cause de leur œuvre. 1 Thes. V, 12. — Prêche la Parole, insiste en temps, hors de temps, reprends, réprimande, exhorte avec toute patience et avec doctrine. 2 Tim. IV, 2; Hébr. XIII. 17; 2 Tim. II, 25-26.

7) Que celui qui dérobait ne dérobe plus; mais plutôt qu'il prenne de la peine, faisant de ses mains ce qui est bon, afin qu'il ait de quoi donner à celui qui a besoin. Eph. IV, 28. Recommande à ceux qui sont riches dans le siècle présent........ de faire du bien, d'être riches en bonnes œuvres, d'être prompts à donner, de faire part de leurs biens.... 1 Tim. VI, 17-19; 1 Thes. IV, 10-12; 2 Thes. III, 10-12; Prov. XXII, 2; Luc XII, 16-21.

8) Je vous exhorte, frère, par notre Seigneur Jésus-Christ et par I’amour de l'Esprit, à combattre avec moi dans vos prières à Dieu pour moi, afin que je sois délivré des rebelles qui sont en Judée, et que mon service à l'égard de Jérusalem soit agréé des saints..... Rom. XV, 30, 31. Or nous devons, nous, les forts, porter les infirmités des faibles, et ne pas avoir de complaisance pour nous-mêmes... Rom. XV, 1; Math. XXVI, 38, 40; 1 Thes. V, 14.

9) Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent, pleurez avec ceux qui pleurent. Rom. XII, 15; 1 Thes. V, 14; Luc X, 30-37; Jean XI, 35.

10) Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés, revêtez-vous d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité, de douceur, de patience; vous supportant les uns les autres, et vous faisant grâce les uns aux autres, si quelqu'un a un sujet de plainte contre un autre; et comme le Christ vous fit grâce, vous aussi faites de même. Par-dessus toutes choses, revêtez-vous de l'amour qui est le lien de la perfection. Et que la paix de Dieu, pour laquelle aussi vous fûtes appelés en un seul corps, règne dans vos cœurs, et soyez reconnaissants. Col. III, 12-15; Rom. XII, 1-7; 1 Pier. II, 13-17; Eph. V, 21.

11) Bénissez ceux qui vous persécutent; bénissez et ne maudissez pas. Rom. XII, 14; Math. V, 44-47; Rom. XII, 17-21.

12) L'amour ne fait point de mal au prochain; l'amour est donc l'accomplissement de la loi. Rom. XIII , 10; 9; 1 Tim. I, 9, 10.


138. L'amour chrétien n'est pas en paroles seulement, et il se nourrit de sacrifices (1). Celui qui aime va jusqu'à donner sa vie (2); nul service à rendre ne lui paraît humiliant (3); aucun renoncement ne lui coûte, surtout s’il s'agit d'amener des âmes à Jésus-Christ (4), ou de ménager la conscience de ses frères (5).

1) Mes petits enfants, n'aimons pas de paroles ni de langue. mais en œuvre et en vérité. 1 Jean III, 18; Jacq. II, 15, 16.

2) En ceci nous avons connu l'amour, c'est qu'il a laissé sa vie pour nous; nous aussi nous devons laisser notre vie pour nos frères. 1 Jean III, 16; Jean XV, 13; Act. XX, 24; Philip. II, 17, 18.

3) Vous devez vous laver les pieds les uns aux autres; car je vous ai donné un exemple, afin que comme je vous ai fait, vous aussi vous fassiez de même. Jean XIII, 14, 15; Rom. XII, 10, 11; Math. XX, 26-28.

4) Bien que libre à l'égard de tous, je me suis asservi moi-même à tous, afin d'en gagner un plus granit nombre....... j’ai été toutes choses à tous, afin que de toutes manières j'en sauve quelques-uns. Rom. IX, 19-22.

5) Si un aliment scandalise mon frère, je ne mangerai plus jamais de viande, afin de ne pas scandaliser mon frère. 1 Cor. VIII, 13; X, 23, 24; Philip. II, 4.


139. Une autre disposition que produit l'amour des rachetés pour le Dieu de leur salut, c'est une soumission entière et habituelle à sa volonté de quelque manière qu'il la leur manifeste. Ils veulent ce que Dieu veut. C'est-à-dire qu’il y a dans leur cœur, résignation (1), patience (1), contentement (3).

1) C'est l'Éternel, qu'il fasse ce qui lui semblera bon. 1 Sam. III, 18; Esa. XXXIX, 8; 2 Sam. XVI, 10; Luc XXII, 42.

2) L'Éternel I’avait donné, l’Éternel l'a ôté, que le nom de l'Éternel soit béni. Job I, 21; Rom. XII, 12; Luc XXI. 19; 2 Cor. VI, 4; Gal. V, 22; Jacq. V, 10,11.

3) J'ai appris à être content de l'état où je me trouve; je sais être humilié, je sais aussi être dans l'abondance; je suis initié, en toutes choses et à tous égards, soit à être rassasié, soit à avoir faim, soit à être dans l'abondance, soit à être dans I’indigence. Philip. IV, 11,12; 1 Tim. VI, 6; Hébr. XIII, 5.


140. Il y a surtout dans le cœur des fidèles une parfaite obéissance à la loi de Dieu. Cette loi qui n'est terrible que pour ceux qui y cherchent follement leur justice [18], est infiniment précieuse à ceux qui sont sauvés par la foi, soit qu'ils la prennent dans l'Ancien Testament ou dans le Nouveau. Là, sont des prohibitions et des préceptes qu'approuve pleinement la conscience d'un racheté de Jésus-Christ (1); ici, une foule de directions morales, tant dans les Évangiles que dans les épîtres des apôtres, saintes directions que l'enfant de Dieu bénit son Père céleste de lui avoir fournies; car si elles ne lui donnent pas l'impulsion, ce qui est l'office propre de la foi, ce sont elles qui jalonnent sa route, qui sont comme le patron sur lequel il sait que le Saint-Esprit veut former son âme, et qui, dictées par l'amour de Dieu pour son peuple, ont elles-mêmes tout leur accomplissement dans l'amour (2). Aussi les fidèles aiment-ils la loi de Dieu comme ils aiment Dieu lui-même, et s'ils n'aimaient pas cette loi, comment l'observeraient-ils? En d'autres termes, le chrétien est l'homme du devoir, et le devoir lui est doux, ce qui est après tout le vrai contrôle de I’amour qu'on a pour Dieu (3).

1) Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton âme, et de toute la force, et de toute la pensée et ton prochain comme toi-même. Deut. VI, 5; Lév. XIX, 18; Ex. XX, 1-17; Lév. XVIII; Deut. VI.

2) Au reste, frères, nous vous le demandons, et nous vous y exhortons dans le Seigneur Jésus, que comme vous avez appris de nous de quelle manière il faut marcher et plaire à Dieu, vous y abondiez de plus en plus. Car vous savez quels préceptes nous vous donnâmes par le Seigneur Jésus; car la volonté de Dieu c'est votre sanctification. 1 Thes. IV, 1-3; Rom. XII-XV, 7; 2 Cor. XIII, 11: Eph. IV-VI; Col.III-IV; 1 Thes. IV, V; Hébr. XII, XIII; Jacques, I-V; 1 Pier. I, 13-25; II-V

3) Car c'est ici l'amour de Dieu, que nous gardions ses commandements, et ses commandements ne sont point pesants; parce que tout ce qui a été engendré de Dieu est victorieux du monde. 1 Jean V, 3, 5; Ps. CXIX, 70, 77, 97; Rom. VII, 12, 22; 1 Cor. IX, 16, 17; Rom. I, 14.


141. Les saintes affections que nous venons de décrire, toutes si contraires à notre mauvaise nature [14], ont pour auteur le Saint-Esprit; la grâce de Dieu en est la source [110], et elles ont pour principe, dans les fidèles, leur foi en Jésus-Christ, cette foi même qui les justifie, ou leur assure le pardon de leurs péchés (1). Parce que Dieu les a aimés en Christ d'un amour éternel, ils I’aiment à leur tour et ils marchent dans son amour. Ainsi donc, ils aiment non pas pour être aimés, mais à raison de ce qu'ils le sont. Leur mobile est essentiellement la reconnaissance, et non l'intérêt ou l'égoïsme (2).

1) C'est de la foi que nous attendons l'espérance de la justice..., mais d'une foi qui déploie son efficace par le moyen de l'amour. Gal. V, 5, 6; 1 Pier. I, 8, 9; Jean IV, 19; 10, 1; Col. III, 15; Eph. V, 2; Gal. II, 20; Rom. VIII, 37; Apoc. I, 5; Jean XV, 9.

2) Nous l'aimons parce qu'il nous aime le premier. 1 Jean IV, 19.


142. C'est là ce qui leur inspire l'horreur du mal et l'attachement au bien (1) Le péché leur est odieux parce qu'il déplaît à l'Éternel (2), parce qu'il a été la cause des souffrances de Jésus-Christ (3), parce qu'il intercepte leurs relations avec Dieu (4). Sous quelque forme qu'il se présente à eux, ils le repoussent et le combattent, car ils ont crucifié la chair avec ses convoitises (5): la chair, cela ne veut pas dire le corps seulement, lequel est l'organe et non le principe du péché; mais c'est le péché même qui habite en nous depuis la chute et qui se traduit en toutes sortes d'actions et de pensées coupables, honteuses, dégradantes; souillures du corps et de l'esprit (6).

1) Que l'amour soit sans hypocrisie. Ayez en horreur le mal, vous tenant collés au bien. Rom. XII, 9; Philip. IV, 8; Jude 23.

2) C'est contre toi-même, contre toi seul, que j'ai péché, et ce qui est mal à tes yeux c'est ce que j'ai fait. Ps. LI. 4; 2 Sam. XI, 27; 2 Cor. V, 21; Rom. VI, 6-23; Gal. V, 24.

3) Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, un juste pour des injustes. 1 Pier. III, 18; Hébr. II, 9.

4) Ce sont vos iniquités qui font séparation entre vous et votre Dieu; et ce sont vos péchés qui font qu'il cache sa face de vous, pour ne plus vous écouter. Esa. LIX, 2.

5) Ceux qui sont au Christ ont crucifié la chair avec ses passions et ses désirs. Gal. V, 21.

6) Or les œuvres de la Chair sont manifestes. Ce sont l'adultère, la fornication, l'impureté, l'impudicité, l'idolâtrie, les sorcelleries, les inimitiés, les querelles, les jalousies, les animosités, les disputes, les divisions, les sectes, l'envie, les meurtres, l'ivrognerie, la gourmandise, et les choses semblables à celles-là, au sujet desquelles je vous déclare d'avance, comme aussi je l'ai dit auparavant, que ceux qui font de telles choses n'hériteront pas du royaume de Dieu. Gal. V, 19-21; 2 Cor. VI, 16 à VII, 1.


143. Dire que la chair est crucifiée, c'est dire qu'elle mourra et non pas qu'elle est morte. À côté de l'homme nouveau reste toujours quelque chose du vieil homme. Celui-ci même conserve parfois une grande puissance. Ainsi, des appétits naturels à discipliner, de véhéments désirs à régler, des sentiments fort intenses à modérer, de vives affections à contrôler, un persistant égoïsme à comprimer: telle est la tâche journalière de celui qui aime Dieu (1). Et quand on pense d'ailleurs que le fidèle vit dans un monde de péché (2), qu'il est exposé à de fréquentes attaques de Satan (3), il n'est pas étonnant que sa sainteté ne se développe pas par un progrès uniforme et continu. Elle a des alternatives de mieux et de plus mal; il semble quelquefois qu'elle défaille comme nous l'avons dit [98], c'est un combat continuel que la vie du racheté (4).

1) Moi donc, je cours, non comme à l'aventure; je frappe du poing, non comme déchirant l'air; mais je meurtris mon corps et le réduis en servitude, de peur qu'après avoir prêché à d'autres, je ne sois moi-même réprouvé. 1 Cor. IX, 26, 27; Rom. VIII, 12, 13; Gal. II, 20; V, 25; Luc XXI, 34; Eph. V, 3-6; Rom. VII, 14-25; Philip. III. 13, 14.

2) Nous savons que nous sommes de Dieu et que le monde entier gît dans le mal. 1 Jean V, 18; I, 1-6; Jean XVII. 15.

3) Le diable, votre partie adverse rôde comme un lion rugissant, cherchant qui il pourra engloutir. 1 Pier. V, 8, 9; Eph. VI, 12.

4) Marchez par I’Esprit et n’accomplissez point le désir de la chair; car la chair désire le contraire de I’Esprit, et Esprit le contraire de la chair; et ces choses sont opposées I’une à l'autre afin que vous ne pratiquiez pas les choses que vous voudriez. Gal. V, 16, 17.


144. C'est pourquoi les fidèles vivent dans la vigilance, utilisant avec assiduité les moyens de la grâce de Dieu [111-127], particulièrement l'étude consciencieuse de la Bible et la prière de la foi; car ils savent très bien qu'ils n'ont pas plus la capacité de marcher seuls dans la voie du salut, qu'ils n'ont eu celle d'y entrer (1). C'est donc par la foi qu'ils veillent et qu'ils luttent; c'est en Jésus-Christ qu'ils cherchent leur lumière et de lui qu'ils attendent leur triomphe.

Par cela même leur vigilance n'est pas accompagnée d'inquiétude. Ils s'effraient sans doute à la seule idée de perdre le salut, mais ils savent en qui ils croient et ils se reposent sur lui dans leur persévérance à bien faire (2). [99.]

1) Que la Parole de Christ habite en vous richement, en toute sagesse....., et...... persévérez dans la prière. veillant en elle avec actions de grâces. Col. III, 16; IV, 2; Act. II, 42; Eph. VI, 10-18; Jude 20, 21.

2) Ainsi, mes bien-aimés accomplissez votre salut avec crainte et tremblement; car c'est Dieu qui opère avec efficace en vous et le vouloir et le faire, en vertu de son bon plaisir. Philip. II, 12, 13; Math. X, 22; Philip. IV, 6, 7; 1 Jean II, 24; Esa. LXV, 22; Jean XIII, 1.


145. Toutefois, ce combat même et les revers partiels que les plus pieux n'y essuient que trop fréquemment, ces revers, dis-je, ou ces fautes dont les tristes effets se font souvent sentir fort longtemps (1), ont pour résuItat d'entretenir dans leur cœur une profonde humilité (2). Cette disposition, que nous avons vue sous une de ses formes être la racine de la foi [86], se présente, avec la charité, comme le caractère distinctif des enfants de Dieu; deux grâces qui, réunies, constituent la modestie (3), la débonnaireté ou la douceur (4), le plus bel ornement des chrétiens, la couronne de leur vie et de leur mort (5).

1) Gen. XLII, 36.

2) Cette parole est certaine et digne d'être entièrement reçue, que Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver des pêcheurs, dont je suis le premier 1 Tim. I, 15; 1 Pier. V, 6; 2 Cor. XII, 7; 1 Cor. XV, 8, 9; Eph. III, 8; Act. XX, 19; Jacq. IV, 9, 10; Math. V, 5.

3) Estimez par humilité les autres supérieurs à vous-mêmes. Philip. Il, 3; 1 Pier. V, 5; Rom. XII, 10; 1 Pier. III, 3-6.

4) Que votre modération soit connue de tous les hommes; le Seigneur est près. Philip. IV, 5; Math. V, 3-5.

5) Qui s'abaisse sera levé. Luc XIV, 11; 7-11; XVIII, 9-14, 15-17.

6) Act. VII, 60.


146. De cette manière on peut dire que la foi se nourrit de ses fruits. Plus nous vivons de la vie des rachetés, plus nous sentons notre misère; par conséquent aussi Christ nous devient toujours plus précieux. Notre foi s'affermit donc, et en s'affermissant elle développe au dedans de nous la vie de Dieu (1).

1) Veux-tu savoir, ô homme vain, que la foi sans les œuvres est morte? Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres quand il offrit Isaac son fils sur l'autel! Tu vois que la foi opérait avec ses œuvres, et que par les œuvres, la foi fut consommée. Jacq. II, 20-22; 2 Pier. I, 3-11.

147. Mais n'oublions pas un trait distinctif du caractère des saints, et qui imprime à leur vie un cachet tout particulier; c'est la vérité. Ennemis de tout ce qui leur paraît faux et mensonger, ils défendent avec un zèle toujours nouveau la saine doctrine (1), se gardant eux-mêmes de toute hypocrisie et de tout ce qui s'écarte du vrai, en paroles et en actions (2). Quelles que puissent être les défectuosités de leur foi et de leur sainteté, ils sont donc au moins revêtus de droiture et d'intégrité devant Dieu (3). C'est ainsi qu'ils attendent, dans la paix, le jour de la venue du Seigneur, où toutes choses seront mises en lumière et où ceux qui auront placé leur espérance en lui ne seront point confus.

1) Bien-aimés, ayant beaucoup d'empressement à vous écrire au sujet de notre commun salut, j'ai dû vous écrire pour vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise une fois aux saints. Jude 3; Gal. I, 8; 1 Jean IV, 1-6; Math. VII, 15; 3 Jean 3.

2) Heureux l’homme à qui I’Éternel n'impute pas l'iniquité, et dans l'esprit duquel il n'y a point de fraude. Ps. XXXII, 2; XVII, 4; I Pier. II, 1; Luc XII, 1; Ps. XV, I, 2; Col. III, 9, 10; Eph. IV, 23, 25.

3) Craignez l'Éternel et servez-le en vérité. 1 Sam. XII, 25; Ps. CX LV, 18; Esa. LXI, 8; Jean IV, 23, 24; 1 Jean III. 18, 19; Act. VIII. 24; Gen. XX, 5; I Rois IX, 4; Ps. XXV, 21; XXVI, 1, 11; Prov. XIX, 1.

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