Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VII

Le salut.

-------

61. Le SALUT du pécheur, ou sa délivrance parvenue à sa pleine réalisation, consiste dans le rétablissement de l'image de Dieu en lui (1), et dans le retour à sa communion (2). Être sauvé, c'est être fait participant de la vie de Dieu (3), délivré de l'esclavage de Satan et du péché (4), amené à la glorieuse liberté des enfants de Dieu (5); c'est donc aussi échapper à la condamnation éternelle, et obtenir au contraire l'éternelle félicité (6). Pour cela, il faut, avant tout, recevoir le pardon de ses iniquités, ou, en d'autres termes, être délivré de leurs funestes conséquences (7).

1) Ayant revêtu le nouvel homme, celui qui se renouvelle en connaissance, à l'image de celui qui le créa. Col. III, 10.

2) Afin que vous aussi vous ayez communication (ou communion) avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. 1 Jean I, 3; Jean XVII, 21, 23.

3) Je suis crucifié avec Christ, et je vis, non plus moi, mais c’est Christ qui vit en moi; et quant à ce que je vis maintenant en la chair, je vis en la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui s'est livré lui-même pour moi. Gal. II, 20.

4) Grâces à Dieu de ce que vous, qui étiez esclaves du péché, vous avez obéi de cœur à l'empreinte de doctrine à laquelle vous avez été soumis... ayant été libres du péché. Rom. VI, 17, 18; XVI, 20; 1 Jean II, 13.

5) Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. 2 Cor. III, 17; Jean VIII, 36; Rom. VIII, 21; Gal. V, 1, 13.

6) Qui entend ma Parole et croit celui qui m'a envoyé a la vie, éternelle; et il ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. Jean V, 24.

7) Sachez donc que, par son moyen, le pardon des péchés vous est annoncé, et que quiconque croit est justifié de toutes les choses dont vous n'avez pu être justifiés en la loi de Moïse. Act. XIII, 38; Col. I, 12-14.


62. L'homme ne peut se sauver lui-même [19]; car il ne peut se pardonner à lui-même ses péchés, ni rétablir en lui limage de Dieu. S'il le pouvait, il serait faux de dire qu'il a besoin d'être sauvé, et pour certain Dieu ne nous eût pas donné un Sauveur.


63. Aussi l'Écriture nous enseigne-t-elle que le salut vient de Dieu, en Notre Seigneur Jésus-Christ(1). C'est lui qui, par les mérites de son obéissance parfaite et de son immense sacrifice (2), procure aux siens, dès à présent, le pardon de leurs péchés; par conséquent, l'exemption de la condamnation éternelle et l'intime communion du Père. Puis, il leur a acquis les grâces du Saint-Esprit, par lesquelles ils sont en état de lutter contre le péché, avec l'assurance d'en être finalement victorieux (3).

1) Le salut est par notre Dieu qui est assis sur le trône et par l'Agneau. Apoc. VII, 10; Act. III, 26; l Thes. V, 9; 2 Tim. II, 10.

2) Bien qu'étant Fils, il a appris l'obéissance par les choses qu'il a souffertes; et, ayant été consommé, il est devenu, pour tous ceux qui lui obéissent, auteur d'un salut éternel. ayant été proclamé de Dieu souverain sacrificateur, selon l'ordre de Melchisédec. Hébr. V, 8-10; II, 17; Philip. II. 8.

2) Or le Dieu de la paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds. Rom. XVI, 20.


64. Christ est donc notre justice (1), soit que nous l'envisagions sur la croix faisant l'expiation de nos offenses, ou que nous le contemplions dans le ciel distribuant le Saint-Esprit à ses rachetés. Jésus mourant pour nous (2), Jésus vivant en nous (3); c'est là qu'est le relèvement, la délivrance, ou autrement le SALUT.

1) On l'appellera l'Éternel notre justice. Jér. XXXIII, 16; l Cor. I, 30.

2) Il fut livré à cause de nos offenses et il se réveilla [de la mort] à cause de notre justification. Rom. IV, 25.

3) La richesse de la gloire de ce mystère c'est Christ en vous, l'espérance de la gloire. Col. I, 27; Eph. III, 17; Gal. II, 20.


65. La justice de Christ est une justice parfaite. Elle satisfait à toutes les exigences de la loi, et même d'une manière qui eût semblé impossible; car Jésus a tout à la fois accompli la loi dans ce qu'elle commande et subit la malédiction qu'elle prononce contre les transgresseurs (1). Or comme il est le Fils de Dieu, la Parole éternelle faite chair, il en résulte que, soit son obéissance, soit ses souffrances sont d'une valeur infinie, et que la satisfaction exigée par la justice souveraine se trouve en plein réalisée.

1) Il est écrit: Maudit quiconque ne persévère pas dans toutes les choses écrites au livre de la loi pour les pratiquer. (Deut. XXVII, 26.)... Or Christ nous racheta de la malédiction de la loi quand il fut fait malédiction pour nous; car il est écrit (Deut. XXI, 23): Maudit est quiconque est pendu au bois. Gal. III, 10-13; Rom. III, 21-25.


66. L'Écriture nous dit que cette justice de Christ, appelée aussi la justice de Dieu (1), peut devenir notre justice par imputation (2), attendu qu'il y a eu substitution de Jésus à nous. Ce qu'il a fait et souffert, c'est pour ses rachetés, comme s'ils l'avaient fait et souffert avec lui. En Lui et par Lui sont la justice et la vie, de même qu'en Adam et par lui sont le péché et la mort (3).

1) La justice de Dieu par le moyen de la foi en Jésus-Christ, pour tous ceux et sur tous ceux qui croient. Rom. III, 22. Math. VI, 33.

2) Comme Abraham crut Dieu et que cela lui fut imputé à justice, sachez donc que ce sont ceux de la foi qui sont fils d'Abraham. Gal. III, 6, 7; Gen. XV, 16; Rom. IV, 23, 24.

3) De même que par le moyen de la désobéissance d'un seul homme beaucoup d'hommes ont été constitués pêcheurs, de même aussi par l'obéissance d'un seul, beaucoup d'hommes seront constitués justes. Rom. V, 19; 11-18; VI, 3, 4, 8.


67. Le moyen par lequel la justice de Christ nous est imputée, et avec elle toutes les grâces qui s'y rattachent, c'est LA FOI (1). Acte du sens moral ou de la conscience plus encore que de l'intelligence ou de l'esprit, la foi est un sentiment fort complexe, ou très simple, selon la manière dont on l'envisage. Elle consiste à recevoir le témoignage de Dieu concernant son Fils (2); elle est en définitive et tout simplement le regard du cœur vers Jésus-Christ crucifié et glorifié (3), avec la ferme persuasion que Dieu a le pouvoir d'accomplir ses promesses (4).

1) Justifiés donc par la foi, nous avons la paix auprès de Dieu par le moyen de notre Seigneur Jésus-Christ. Rom. V, 1; III, 27; lV, 18-25.

2) Celui qui croit au Fils de Dieu a le témoignage en lui-même; celui qui ne croit pas Dieu le fait menteur, parce qu'il ne croit pas au témoignage que Dieu rend au sujet de son Fils. 1 Jean V, 10.

3) C'est ici la volonté de celui qui m'a envoyé que quiconque contemple le Fils et croit en lui, ait la vie éternelle. Jean VI, 40. Ésa. XLV, 22; Jean III, 14, 15.

4) Abraham fut fortifié dans la foi, donnant gloire à Dieu, et pleinement persuadé que, ce qu'il a promis, il est puissant aussi pour l'accomplir. Rom. IV, 21.


68. C'est la foi, telle que nous venons de la définir, qui nous procure le salut; c'est-à-dire le pardon de tous nos péchés par Christ (1) et une part à sa justice parfaite (2) C'est ce qu'on appelle LA JUSTIFICATION PAR LA FOI, ou LA JUSTICE DE LA FOI (3). Être justifié, dans L'application de ce mot à des pécheurs, signifie «être traité comme juste, être tenu pour juste.» La foi nous justifie de cette manière: elle nous rend justes aux yeux de Dieu, bien que nous soyons injustes en nous-mêmes.

1) Tes péchés te sont pardonnés... ta foi t'a sauvée, va-t-en en paix. Luc VII, 48, 50; V, 20.

2) Que je sois trouvé en lui, ayant, non pas ma justice, celle qui vient de la loi, mais celle qui est par le moyen de la foi en Christ, la justice qui vient de Dieu pour la foi. Philip. III, 9.

3) Rom. III, 22; V, 18.


69. Cette foi, dont le siège est dans le cœur, y produit la sainteté (1); c'est-à-dire l'amour de Dieu et du prochain, et la soumission aux commandements de Dieu par reconnaissance pour son grand salut (2). Si elle ne sanctifiait pas, on ne pourrait pas dire qu'elle sauve; car ce serait prétendre qu'on est sauvé bien qu'on demeure esclave du péché, du monde et de Satan. Il ne faut pas dire pourtant que la foi ne nous justifie que parce qu'elle nous sanctifie (3). Ces deux effets de la foi, la justification et la sanctification, sont étroitement liés, mais ils ne sont pas une seule et même grâce, pas plus que les deux branches d'un tronc ne sont une seule et même branche, bien qu'elles ne puissent manquer de sécher toutes deux si, faute de racines, le tronc périt (4).

1) Je t'envoie parmi les hommes des nations... afin qu'ils reçoivent le pardon des péchés et un lot entre ceux qui sont sanctifiés par la foi en moi. Act. XXVI, 18; XV, 9; Eph. III, 17; Jacq. II, 24; Eph. II, 10.

2) Car Dieu ne nous a pas appelés pour l'impureté, mais dans la sanctification. 1 Thes. IV, 7; 1 Cor. VI, 20; 1 Thes. IV, 3; 1 Pier. I, 13-16.

3), Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi, et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu; cela ne vient pas des œuvres, afin que personne ne se glorifie. Eph. II, 8. 9.

4) La foi sans les œuvres est morte.... La foi d'Abraham opérait avec ses œuvres, et par les œuvres, la foi fut consommée. Jacq.II, 20-22; Jean V, 11.


70. La foi ne nous justifie pas non plus en vertu de quelque mérite qu'il y ait en elle, comme si c'était une œuvre qui pût tenir lieu de toutes les autres. Elle ne nous justifie pas davantage simplement parce qu'il a plu à Dieu qu'il en fût ainsi. Elle nous justifie parce qu'elle nous unit à Jésus-Christ (1). Postérité d'Adam et un avec lui par nature et par œuvres, le pécheur est fait par la foi postérité spirituelle de Jésus-Christ (2) et il devient un avec lui (3). Si nous croyons, sa sainte expiation nous est imputée comme si nous l'avions accomplie nous-mêmes (4), et c'est ainsi que sa justice devient notre justice et sa vie, notre vie.

1) Vous êtes le corps de Christ et ses membres, chacun pour votre part. 1 Cor. XII, 27; Rom. VI, 5; Jean XV, 5; 1 Jean IV, 15; Eph. II, 22.

2) Après qu'il aura mis son âme en oblation pour le péché. Il se verra de la postérité. Ésa. LIII, 10.

3) Je leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi... Jean XVII, 22.

4) Nous fûmes ensevelis avec Christ, par le moyen du baptême, dans la mort... et nous mourûmes avec le Christ. . . Rom. VI, 1-11; Gal. II, 20; Col. III, 20.

Chapitre précédent Table des matières Chapitre suivant