Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

VIII

La grâce.

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71. Le mot grâce a divers sens dans l'Écriture. En voici les principaux:

1° La libre et souveraine charité de Dieu, amour gratuit et non mérité, source de tous les dons qui sont faits à des pécheurs (1).

2° La puissante efficace du Saint-Esprit sur le cœur de l'homme, particulièrement dans les fidèles (2).

3° L’état de réconciliation avec Dieu, heureux partage de ceux qui croient (3).

Sous tous ces rapports, le salut est par grâce (4).

1) Il fait miséricorde à qui il veut. Rom. IX, 18; Ex. XXXIII, 19; Jean III, 16; Rom. XI, 5, 6; Luc XII, 32.

2) À chacun de nous la grâce est donnée selon la mesure du don de Christ. Eph. IV. 7; Luc II, 10; 1 Cor. XV, 10; 2 Cor. XII, 9; Hébr. XII, 28; Rom. XVI, 24.

3) Justifiés par la foi, nous avons la paix auprès de Dieu par le moyen de notre Seigneur Jésus-Christ, par lequel aussi nous avons eu accès par la foi à cette grâce dans laquelle nous nous tenons fermes. Rom. V, 2.

4) C'est par la grâce que vous êtes sauvés. Eph. II, 8.


72. Être sauvé, ou être en état de grâce, c'est donc une même chose; et quand il est dit que LE SALUT EST PAR GRÂCE, cela signifie que les rachetés doivent leur relèvement tout entier au libre et souverain amour de Dieu, sans aucun mérite de leur part. C'est dans son immense charité que le Père nous a donné un Sauveur, et dans sa charité encore qu'il nous donne, par l'Esprit, les dispositions convenables au salut.


73. Il ne saurait effectivement se trouver en nous aucun titre à la faveur de Dieu. Puisque nous avons violé sa loi; que nous l'avons fait volontairement, et même après avoir connu quel est le droit de Dieu contre ceux qui commettent le mal (1), il est manifeste qu'avant d'appartenir à Christ par la foi, nous ne méritons devant Dieu que la redoutable malédiction de la loi (2). [18, 19.]

1) Rom. I, 32; II, 1, 2, 3.

2) Ceux qui sont dans la chair, ne peuvent plaire à Dieu. Rom. VIII, 8; Ps. CXLIII, 2; Jean III, 6; Gal. III, 10.


74. Il est vrai que si nous avons cru du cœur à justice, la foi a produit en nous l'obéissance aux commandements saints, justes et bons du Seigneur notre Dieu (1); mais ce n'est pas cette obéissance qui nous sauve(2), puisque ce qui nous y a formé c'est la foi, cette foi même qui, dès à présent, nous procure le pardon de nos péchés et qui nous assure pour plus tard la vie éternelle. Or, de ces deux bénédictions, la loi ne peut, dans aucun cas, donner la première, et si elle promet la seconde c'est uniquement à ceux qui auraient accompli ses prescriptions dans tous leurs points et articles (3).

- Ainsi, l'obéissance, comme la foi, comme la justification et comme la gloire à venir: tout est grâce (4).

1) Je prends plaisir à la loi de Dieu selon l'homme intérieur. Rom. VII, 22; 2 Cor. X, 5; Rom. VI, 17; Jean XIV, 15.

2) Rom. IV, 1-5.

3) Car Moïse décrit ainsi la justice qui vient de la loi: - l'homme qui aura pratiqué ces choses vivra par elles. Rom. X, 5; Luc X, 25-28; XVII, 18-22.

4) C'est par la grâce de Dieu que je suis ce que je suis. 1 Cor. XV, 10.


75. Si nous nous obstinions à chercher, en tout ou en partie, le principe de notre salut dans nos œuvres; non plus sans doute dans ce que l'Écriture appelle «les œuvres mortes (2), mais dans celles mêmes qui résultent d'une certaine foi à l’évangile, nous nous mettrions de nouveau sous la loi, et il serait avéré que notre adhésion à l'évangile n'est pas la foi qui justifie. Par cette double raison, nous nous replacerions nous-mêmes sous la condamnation (2).

1) Hébr. VI, 1.

2) Vous êtes séparés du Christ, vous tous qui vous justifiez par une loi; vous êtes déchus de la grâce. Gal. V, 4.


76. Puis donc que c'est bien par la foi seule que nous sommes sauvés, et non par aucune œuvre de justice que nous ayons faite (1), il en résulte que c'est gratuitement, PAR LA GRÂCE DE DIEU; c'est-à-dire par l'effet d'un amour complètement immérité, et par un acte de Dieu, libre et souverain comme la création du monde.

1) Nous étions aussi nous-mêmes autrefois dépourvus de sens, rebelles, égarés, asservis à diverses convoitises et à diverses voluptés, vivant dans la malice et dans l'envie, dignes d'être haïs, nous haïssant les uns les autres. Mais quand la bonté de Dieu, notre Sauveur, et son amour envers les hommes sont apparus, il nous a sauvés, non en vertu d'œuvres qui fussent dans la justice et que nous eussions faites, mais selon sa miséricorde, par le moyen du bain de la renaissance et du renouvellement de l'Esprit saint, qu'il a répandu richement sur nous par Jésus-Christ notre Sauveur; afin que, justifiés par sa grâce, nous devinssions héritiers selon l'espérance de la vie éternelle. Tite , 8-7.


77. Souvenons-nous d'ailleurs de ce qu'est la foi qui sauve. [67.] Y a-t-il rien en elle qui ressemble à une œuvre, dans le sens ordinaire que les Écritures attachent à ce mot, et qui leur fait opposer les œuvres à la grâce (1)? Serait-ce en effet une œuvre méritoire? Regarder du cœur à Jésus-Christ; recevoir le témoignage qui lui est rendu, est-ce mériter qu'il nous sauve? est-ce payer ce qu'il a fait et souffert pour nous sauver? Oui, si l'on veut, la foi est une œuvre; œuvre divine (2), œuvre du cœur et de la conscience, puisqu'elle consiste à regarder vers Jésus-Christ pour être sauvé; mais ce n'est pas en sa qualité d'œuvre qu'elle nous sauve, ou par son travail et par son mérite propre. Il faudrait pour cela qu'elle fût parfaite; or l'homme le plus croyant ne peut que gémir des nombreuses défectuosités de sa foi (3).

1) Si c'est par grâce, ce n'est plus d'après des œuvres, autrement la grâce n'est plus grâce; et si c'est d'après des œuvres, ce n'est plus grâce, autrement l'œuvre n'est plus œuvre. Rom. XI, 6.

2) Jean VI, 29.

3) Je crois, Seigneur! subviens à mon incrédulité. Marc IX, 24.


78. En tous cas, il est sûr que la foi qui justifie, est une œuvre de la grâce de Dieu, et, le plus ordinairement, le résultat de nombreuses et de lentes opérations de cette grâce.

Dire qu'un homme puisse se donner la loi ou l'acquérir par ses forces naturelles, ce serait dire qu'il est, en dernier résultat, l'auteur de son salut et qu'il a sujet de se glorifier, ce que la parole de Dieu déclare impossible (1). Il est donc bien clair que si nous sommes sauvés par le moyen de la foi, c'est cela même qui constate que nous le sommes PAR GRÂCE (2).

1) Où donc est le sujet de se glorifier? Il est exclu. Par le moyen de quelle loi? Celle des œuvres? Non, mais par le moyen de la loi de la foi. Rom. III, 27.

2) Il nous a été gratuitement donné, quant au Christ, de croire en lui. Philip. l, 29. C'est par la foi, afin que ce soit selon la grâce. Rom. IV, 16; Eph. II, 8; Math. XVI, 17; Jean VI, 37, 44, 65; Act. XIV, 27; Jacq. I, 16-18.


79. Au-dessus de tous ces raisonnements, lesquels d'ailleurs sont appuyés sur les déclarations de l'Écriture, viennent, pour décider ce point important, les nombreuses portions de la Parole infaillible du Dieu éternel qui établissent la doctrine solennelle et si consolante aux fidèles: la doctrine de l'élection de grâce (1).

1) Il y a aussi dans le temps présent quelque chose de réservé selon l'élection de grâce. Rom. X, 5.


80. Le monde entier s'étant volontairement plongé dans le mal (1), Dieu pouvait sans injustice le rejeter tout entier (2).

Mais il a, de tout temps, élu ou choisi, en Christ, ceux qu'il lui a plû, afin de les éclairer, de les justifier, de les sanctifier et de les glorifier (3); ce qui constitue les quatre grâces fondamentales du salut (4).

1) Nous savons que nous sommes de Dieu, et que le monde entier gît dans le mal. 1 Jean V, 19.

2) L'ordonnance de Dieu est que ceux qui commettent de telles choses sont dignes de mort. Rom. l, 32; Jér. XVIII; Rom. IX, 11, 19-22.

3) Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus-Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes, dans le Christ; selon qu'il nous élut en lui avant la fondation du monde, pour que nous fussions saints et sans défauts devant lui dans l'amour, ayant déterminé d'avance de nous adopter à soi par le moyen de Jésus-Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, à la louange de la gloire de sa grâce, par laquelle il nous a reçus en grâce dans le bien-aimé. Eph. l, 3-6; 1 Pier. I, 1, 2; Math. XI, 25, 26; XXIV, 22, 24, 31; Jean X, 16; Act. XIII, -18: Rom. VIII, 30, 33; IX, 23, 24; XI, 5, 6; 2 Thes. II, 13, 14; Tit. I, 1, 2; Jacq. II, 5; Jean XIII, 18; XV, 16,19.

4) Jésus nous a été fait sagesse, justice, sanctification et [entière] délivrance. 1 Cor. l, 30.


81. Rien, dans les élus de Dieu, ne les rend par nature plus dignes du salut que les autres (1). Le Seigneur a sans doute des raisons qui ont motivé son choix; mais ces raisons ont leur fondement en lui-même et non dans les objets de sa faveur. Elles sont enveloppées d'un mystère que nous devons respecter et qui ne nous sera révélé que plus tard (2).

Alors nous comprendrons et nous adorerons toute la sagesse des conseils de Dieu. En attendant, ce qu'il nous en a révélé ne peut nous laisser aucun doute sur ce point; c'est que ceux qui sont sauvés, le sont PAR LA GRÂCE.

1) Nous tous aussi, parmi les fils de la rébellion, nous avons autrefois vécu dans les désirs de notre chair et de nos pensées, et nous étions par nature enfants de colère aussi bien que les autres. Eph. II, 3.

2) O profondeur de la richesse et de la sagesse et de la connaissance de Dieu! Combien sont insondables ses jugements, et inscrutables ses chemins! Car qui connut la pensée du Seigneur, ou qui fut son conseiller, ou qui lui donna le premier et la pareille lui sera rendue? Rom. XI, 33-35; 1 Cor. XIII, 12.


82. Redisons encore que c'est en Jésus-Christ qu'est l'élection de grâce. [80.] C'est-à-dire qu’au lieu de nous inquiéter l'esprit à savoir si nous sommes élus, nous devons regarder du cœur vers Jésus-Christ, et recevoir le témoignage de Dieu à son égard. [67.] Avec le pardon de nos péchés, nous trouverons en lui notre élection; tout comme c'est en continuant de regarder vers lui que nous l'affermirons (1).

1) C'est pourquoi empressez-vous d'autant plus à rendre fermes votre appel et votre élection; car en faisant ces choses, vous ne broncherez jamais; car ainsi l'entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ vous sera richement accordée. 2 Pier. l, 10, 11.


83. Et si nous recevons ces doctrines, ce sera pour nous la source d'une joie ineffable de penser que nous avons été aimés d'un amour éternel (1); en sorte que Jésus ne s'est pas donné pour nous afin que Dieu pût nous aimer, mais parce qu’il nous a aimés (2). Nous comprendrons aussi qu'ayant été aimés de Dieu lorsque nous étions des méchants, il n'est rien que nous ne puissions maintenant attendre de son amour infini, ou de sa GRÂCE (3).

1) Je t'ai aimé d'un amour éternel; c'est pourquoi je t'ai attiré par ma miséricorde. Jér. XXXI, 3; 2 Tim. I, 9, 10.

2) Dieu a tellement aimé le monde qu'il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne périsse point, mais qu’il ait la vie éternelle. Jean III, 16; Rom. VIII, 35-38; Eph. III, 17, 18.

3) Dieu constate son amour envers nous, en ce que lorsque nous étions encore des pêcheurs, Christ mourut pour nous. A bien plus forte raison donc, justifiés maintenant en son sang serons-nous sauvés de la colère par son moyen. Rom. V, 7, 8; VIII, 30, 31, 37, 38.

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