ABRÉGÉ
DE LA DOCTRINE DU SALUT
VII
Le
salut.
61.
Le SALUT du pécheur, ou sa délivrance parvenue à sa
pleine
réalisation, consiste dans le rétablissement de l'image de Dieu en
lui (1), et dans le retour à sa communion (2). Être sauvé,
c'est être fait participant de la vie de Dieu (3), délivré de
l'esclavage de Satan et du péché (4), amené à la glorieuse
liberté des enfants de Dieu (5); c'est donc aussi échapper à la
condamnation éternelle, et obtenir au contraire l'éternelle
félicité (6). Pour cela, il faut, avant tout, recevoir le pardon
de ses iniquités, ou, en d'autres termes, être délivré de leurs
funestes conséquences (7).
1)
Ayant revêtu le nouvel homme, celui qui se renouvelle en
connaissance, à l'image de celui qui le créa. Col. III, 10.
2)
Afin que vous aussi vous ayez communication (ou communion) avec le
Père et avec son Fils Jésus-Christ. 1 Jean I, 3; Jean XVII, 21, 23.
3)
Je suis crucifié avec Christ, et je vis, non plus moi, mais c’est
Christ qui vit en moi; et quant à ce que je vis maintenant en la
chair, je vis en la foi, la foi au Fils de Dieu, qui m'a aimé et qui
s'est livré lui-même pour moi. Gal. II, 20.
4)
Grâces à Dieu de ce que vous, qui étiez esclaves du péché, vous
avez obéi de cœur à l'empreinte de doctrine à laquelle vous avez
été soumis... ayant été libres du péché. Rom. VI, 17, 18; XVI,
20; 1 Jean II, 13.
5)
Là où est l'Esprit du Seigneur, là est la liberté. 2 Cor. III,
17; Jean VIII, 36; Rom. VIII, 21; Gal. V, 1, 13.
6)
Qui entend ma Parole et croit celui qui m'a envoyé a la vie,
éternelle; et il ne vient point en jugement, mais il est passé de
la mort à la vie. Jean V, 24.
7)
Sachez donc que, par son moyen, le pardon des péchés vous est
annoncé, et que quiconque croit est justifié de toutes les choses
dont vous n'avez pu être justifiés en la loi de Moïse. Act. XIII,
38; Col. I, 12-14.
62.
L'homme ne peut se sauver lui-même [19]; car il ne
peut se
pardonner à lui-même ses péchés, ni rétablir en lui limage de
Dieu. S'il le pouvait, il serait faux de dire qu'il
a besoin d'être sauvé, et pour certain Dieu ne nous
eût pas
donné un Sauveur.
63.
Aussi l'Écriture nous enseigne-t-elle que le salut vient de Dieu, en
Notre Seigneur Jésus-Christ(1). C'est lui qui, par les mérites de
son obéissance parfaite et de son immense sacrifice (2), procure aux
siens, dès à présent, le pardon de leurs péchés; par conséquent,
l'exemption de la condamnation éternelle et l'intime communion du
Père. Puis, il leur a acquis les grâces du Saint-Esprit, par
lesquelles ils sont en état de lutter contre le péché, avec
l'assurance d'en être finalement victorieux (3).
1)
Le salut est par notre Dieu qui est assis sur le trône et par
l'Agneau. Apoc. VII, 10; Act. III, 26; l Thes. V, 9; 2 Tim. II, 10.
2)
Bien qu'étant Fils, il a appris l'obéissance par les choses qu'il a
souffertes; et, ayant été consommé, il est devenu, pour tous ceux
qui lui obéissent, auteur d'un salut éternel. ayant été proclamé
de Dieu souverain sacrificateur, selon l'ordre de Melchisédec. Hébr.
V, 8-10; II,
17; Philip. II. 8.
2)
Or le Dieu de la paix écrasera bientôt Satan sous vos pieds. Rom.
XVI, 20.
64.
Christ est donc notre justice (1), soit que nous l'envisagions sur la
croix faisant l'expiation de nos offenses, ou que nous le
contemplions dans le ciel distribuant le Saint-Esprit à ses
rachetés. Jésus mourant pour nous (2), Jésus vivant en nous (3);
c'est là qu'est le relèvement, la délivrance, ou autrement le
SALUT.
65.
La justice de Christ est une justice parfaite. Elle satisfait à
toutes les exigences de la loi, et même d'une manière qui eût
semblé impossible; car Jésus a tout à la fois accompli
la loi dans ce qu'elle commande et subit la malédiction qu'elle
prononce contre les transgresseurs (1). Or comme il est le Fils de
Dieu, la Parole éternelle faite chair, il en résulte que, soit son
obéissance, soit ses souffrances sont d'une valeur infinie, et que
la satisfaction exigée par la justice souveraine se trouve en plein
réalisée.
1) Il
est écrit: Maudit quiconque ne persévère pas dans toutes les
choses écrites au livre de la loi pour les pratiquer. (Deut. XXVII,
26.)... Or Christ nous racheta de la malédiction de la loi quand il
fut fait malédiction pour nous; car il est écrit (Deut. XXI, 23):
Maudit est quiconque est pendu au bois. Gal. III, 10-13; Rom. III,
21-25.
66.
L'Écriture nous dit que cette justice de Christ, appelée aussi la
justice de Dieu (1), peut devenir notre
justice par
imputation (2), attendu qu'il y a eu substitution
de
Jésus à nous. Ce qu'il a fait et souffert, c'est pour ses rachetés,
comme s'ils l'avaient fait et souffert avec lui. En Lui et par Lui
sont la justice et la vie, de même qu'en Adam et par lui sont le
péché et la mort (3).
1)
La justice de Dieu par le moyen de la foi en Jésus-Christ, pour tous
ceux et sur tous ceux qui croient. Rom. III, 22. Math. VI, 33.
2)
Comme Abraham crut Dieu et que cela lui fut imputé à justice,
sachez donc que ce sont ceux de la foi qui sont fils d'Abraham. Gal.
III, 6, 7; Gen. XV, 16; Rom. IV, 23, 24.
3)
De même que par le moyen de la désobéissance d'un seul homme
beaucoup d'hommes ont été constitués pêcheurs, de même aussi par
l'obéissance d'un seul, beaucoup d'hommes seront constitués justes.
Rom. V, 19; 11-18; VI, 3, 4, 8.
67.
Le moyen par lequel la justice de Christ nous est imputée, et avec
elle toutes les grâces qui s'y rattachent, c'est LA FOI (1). Acte du
sens moral ou de la conscience plus encore que de l'intelligence ou
de l'esprit, la foi est un sentiment fort complexe, ou très simple,
selon la manière dont on l'envisage. Elle consiste à recevoir le
témoignage de Dieu concernant son Fils (2); elle est en définitive
et tout simplement le
regard du cœur vers Jésus-Christ crucifié et glorifié (3), avec
la ferme persuasion que Dieu a le pouvoir d'accomplir ses promesses
(4).
1) Justifiés
donc par la foi, nous avons la paix auprès de Dieu par le moyen de
notre Seigneur Jésus-Christ. Rom. V, 1; III, 27; lV, 18-25.
2) Celui
qui croit au Fils de Dieu a le témoignage en lui-même; celui qui ne
croit pas Dieu le fait menteur, parce qu'il ne croit pas au
témoignage que Dieu rend au sujet de son Fils. 1 Jean V, 10.
3) C'est
ici la volonté de celui qui m'a envoyé que quiconque contemple le
Fils et croit en lui, ait la vie éternelle. Jean VI, 40. Ésa. XLV,
22; Jean III, 14, 15.
4) Abraham
fut fortifié dans la foi, donnant gloire à Dieu, et pleinement
persuadé que, ce qu'il a promis, il est puissant aussi pour
l'accomplir. Rom. IV, 21.
68.
C'est la foi, telle que nous venons de la définir, qui nous procure
le salut; c'est-à-dire le pardon de tous nos péchés
par
Christ (1) et une part à sa justice parfaite (2) C'est ce qu'on
appelle LA JUSTIFICATION PAR LA FOI, ou LA JUSTICE DE LA FOI (3).
Être justifié, dans L'application de ce mot à des pécheurs,
signifie «être traité comme juste, être tenu pour juste.» La foi
nous justifie de cette manière: elle nous rend justes aux yeux de
Dieu, bien que nous soyons injustes en nous-mêmes.
1)
Tes péchés te sont pardonnés... ta foi t'a sauvée, va-t-en en
paix. Luc VII, 48, 50; V, 20.
2)
Que je sois trouvé en lui, ayant, non pas ma justice, celle qui
vient de la loi, mais celle qui est par le moyen de la foi en Christ,
la justice qui vient de Dieu pour la foi. Philip. III, 9.
3)
Rom. III, 22; V, 18.
69.
Cette foi, dont le siège est dans le cœur, y produit la sainteté
(1); c'est-à-dire l'amour de Dieu et du prochain, et la soumission
aux commandements de Dieu par reconnaissance pour son grand salut
(2). Si elle ne sanctifiait pas, on ne pourrait pas dire qu'elle
sauve; car ce serait prétendre qu'on est sauvé bien qu'on demeure
esclave du péché, du monde et de Satan. Il ne faut pas dire
pourtant que la foi ne nous justifie que parce qu'elle nous sanctifie
(3). Ces deux effets de
la foi, la justification et la sanctification, sont étroitement
liés, mais ils ne sont pas une seule et même grâce, pas plus que
les deux branches d'un tronc ne sont une seule et même branche, bien
qu'elles ne puissent manquer de sécher toutes deux si, faute de
racines, le tronc périt (4).
1)
Je t'envoie parmi les hommes des nations... afin qu'ils reçoivent le
pardon des péchés et un lot entre ceux qui sont sanctifiés par la
foi en moi. Act. XXVI, 18; XV, 9; Eph. III, 17; Jacq. II, 24; Eph.
II, 10.
2)
Car Dieu ne nous a pas appelés pour l'impureté, mais dans la
sanctification. 1 Thes. IV, 7; 1 Cor. VI, 20; 1 Thes. IV, 3; 1 Pier.
I, 13-16.
3),
Car c’est par la grâce que vous êtes sauvés, par le moyen de la
foi, et cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu; cela ne
vient pas des œuvres, afin que personne ne se glorifie. Eph. II, 8.
9.
4)
La foi sans les œuvres est morte.... La foi d'Abraham opérait avec
ses œuvres, et par les œuvres, la foi fut consommée. Jacq.II,
20-22; Jean V, 11.
70.
La foi ne nous justifie pas non plus en vertu de quelque mérite
qu'il y ait en elle, comme si c'était une œuvre qui pût tenir lieu
de toutes les autres. Elle ne nous justifie pas davantage simplement
parce qu'il a plu à Dieu qu'il en fût ainsi. Elle nous justifie
parce qu'elle nous unit à Jésus-Christ (1). Postérité d'Adam et
un avec lui par nature et par œuvres, le pécheur est fait par la
foi postérité spirituelle de Jésus-Christ (2) et il devient un
avec lui (3). Si nous croyons, sa sainte expiation nous est imputée
comme si nous l'avions accomplie nous-mêmes (4), et c'est ainsi que
sa justice devient notre justice et sa vie, notre vie.
1) Vous
êtes le corps de Christ et ses membres, chacun pour votre part. 1
Cor. XII, 27; Rom. VI, 5; Jean XV, 5; 1 Jean IV, 15; Eph. II, 22.
2) Après
qu'il aura mis son âme en oblation pour le péché. Il se verra de
la postérité. Ésa. LIII, 10.
3) Je
leur ai donné la gloire que tu m'as donnée, afin qu'ils soient un
comme nous sommes un, moi en eux et toi en moi... Jean XVII, 22.
4) Nous
fûmes ensevelis avec Christ, par le moyen du baptême, dans la
mort... et nous mourûmes avec le Christ. . . Rom. VI, 1-11; Gal. II,
20; Col. III, 20.
|