ABRÉGÉ
DE LA DOCTRINE DU SALUT
XI
Vie
des rachetés
129.
Il est facile de voir, par les moyens mêmes dont le Saint-Esprit se
sert, que la Grâce de Dieu se propose pour objet prochain la
formation, puis le développement du NOUVEL HOMME ou de la vie
spirituelle dans les élus: régénération et sanctification
[85, 95]; ce que
l'Écriture appelle aussi la formation de Christ en eux
(1).
Nous avons dit que c'est, ici-bas, le salut [61, 69,
84]; puis, nous avons indiqué en peu de mots
les caractères
essentiels de l'enfant de Dieu, [94.] Le moment est
venu
d'exposer ce sujet plus à fond.
1)
La grâce de Dieu, capable de sauver tous les hommes. Est apparue,
nous instruisant, afin que renonçant à l'impiété et aux désirs
mondains, nous vécussions dans le présent siècle sagement,
justement et pieusement; attendant la bienheureuse espérance et
l'apparition de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur
Jésus-Christ, qui s'est donné lui-même pour nous, afin de nous
racheter de toute iniquité et de se purifier un peuple particulier,
zélateur des bonnes œuvres. Tite II, 11-14; Gal. IV, 19.
130.
Ceux que l'Écriture nomme les rachetés, eu égard à
leur
délivrance et à Celui qui les a sauvés au prix de son sang, elle
les nomme aussi les fidèles, ou les croyants, les enfants
de Dieu, les saints et même les parfaits (1). Ces
titres
rappellent à la fois leurs prérogatives et leurs devoirs. Ils
peuvent, les uns et les autres, nous faire pressentir quelle est
ici-bas la vie des élus de Dieu (2).
2)
Si vous invoquez comme Père celui qui, sans égard à l'apparence
des personnes, juge selon l'œuvre de chacun, conduisez-vous avec
crainte pendant le temps de votre séjour sur la terre. 1 Pier. I,
17; Ex. XX. 2, 3; 1 Pier. I, 15, 16; III,15; Rom. XII, 1, 2; Math. V,
48; Eph. V, 1, 2.
131.
Sous ces mots de VIE DES RACHETÉS, il faut entendre avant tout le
principe spirituel de leur activité extérieure, ou les désirs et
les affections qui déterminent habituellement leur volonté, désirs
et affections qui ne sont autres que la vie de Christ devenant notre
vie par la puissante eficace du Saint-Esprit (1).
1)
Pour moi, vivre c'est Christ. Philip. I, 21; Jean I, 4; V, 40; X, 10;
XIV, 16; Rom. VI, 4; VIII, 2, 6; 2 Cor. IV, 10; Philip. II, 5.
132.
Le désir dominant des rachetés est de connaître toujours mieux le
Seigneur et les conseils de sa grâce (1), de vivre constamment dans
sa communion et dans la société de ses enfants (2), de se
concilier son approbation (3), d'employer leurs forces au service de
sa gloire (4), et d'obtenir de lui le plus
haut degré possible de sainteté et de félicité (5). Les désirs
habituels des rachetés tendent ainsi vers Dieu et vers son ciel (6):
ce sont de saints désirs, désirs tout l'opposé de ceux
qu'inspirent la sensualité, l'avarice, l'orgueil, et, généralement,
les biens et les jouissances de ce monde (7).
1)
J'ouvre la bouche et je soupire, car je suis avide de tes
commandements. Ps. CXIX, 131; Prov. VIII, 11; Philip. III, 8-12; 2
Pier. III, 18; 1 Pier. II, 2.
2)
Qui ai-je dans les cieux! Et, auprès de toi, je ne prends plaisir en
rien sur la terre........ Pour moi, m'approcher de Dieu c'est mon
bien. Ps. LXXIII, 25, 28; 1 Jean I, 3; Mal. III, 16.
3)
Or maintenant, cherché-je la faveur des hommes ou celle de Dieu! ou
bien cherché-je à plaire aux hommes? Car si je plaisais encore aux
hommes, je ne serais pas esclave de Christ. Gal. l, 10; Col. 1, 10; 1
Thes. II, 4; IV, 1; 1 Cor. VII, 32.
4)
Or j'étais inconnu de visage aux assemblées de la Judée qui sont
dans le Christ. Seulement elles avaient entendu dire: Celui qui
autrefois nous persécutait, annonce maintenant la bonne nouvelle de
la foi que jadis il ravageait, et elles glorifiaient Dieu à cause de
moi. Gal. l, 23; 2 Cor. XII, 15;1 Cor. VI, 20; 2 Cor. l, 20.
5)
Il est une chose, une seule, que je demande à l'Éternel; je la
recherche avec ardeur. C'est de demeurer dans la maison de l'Éternel
tous les jours de ma vie, pour contempler la beauté ravissante de
l'Éternel et visiter avec soin son palais. Ps. XXVII, 4; 2 Tim. IV,
8; Esa. XXVI, 8, 9; 2 Cor. V, 2; 1 Cor. IX, 25; 1 Pier. V, 1; Apoc.
II, 10.
6)
O Dieu, tu es mon Dieu, je te cherche dès le point du jour; mon âme
a soif de toi, dans une terre aride, épuisée, sans eau. Ainsi je te
contemple dans le sanctuaire, pour voir ta puissance et ta gloire.
Car ta grâce vaut mieux que la vie. Ps. LXIII, 1, 2; XLII, 2; Coll.
III, 1-4; 2 Thes. III, 5.
7)
Quant à moi, qu'ainsi n'advienne que je me glorifie si ce n'est en
la croix de notre Seigneur Jésus-Christ, par le moyen de laquelle le
monde m'est crucifié et moi au monde. Gal. VI, 15; 1 Jean II, 15-17;
Eph. II, 2; Jacq. l, 27; IV, 4.
133.
Les affections du racheté sont aussi de saintes affections.
Réprimant avec énergie toute malveillance et ne pouvant y éprouver
aucune satisfaction, son cœur, renouvelé, le porte par-dessus tout
vers la source de tout bien, l'Auteur de son salut. Il aime Dieu (1).
C'est de cet amour même que proviennent les saints désirs dont on
vient de parler.
1)
Et l'Éternel, ton Dieu, circoncira ton cœur et le cœur de ta
postérité, pour aimer l'Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur et de
toute ton âme, afin que tu vives. Deut. XXX, 6; 1 Pier. I, 8; Ps.
CXVI, 1; Jean XXI, 17.
134.
Parce qu'il aime Dieu, il l'adore, le prie, le loue, s'entretient
avec lui, lit et médite sa Parole, sanctifie le jour qu'il a mis à
part et béni; et il rompt le pain en mémoire du Seigneur aussi
souvent qu'il lui est possible. Il voit sa bonne main dans toutes les
dispensations de la Providence et il cherche à comprendre
l'instruction qui lui est donnée par tout ce qui se passe sous ses
yeux. C'est-à-dire qu'il utilise avec un saint empressement tous les
moyens par lesquels le Saint-Esprit veut le rapprocher de Dieu
toujours plus. [111-127.] Il
place d'ailleurs en lui
toute sa confiance et pour le corps et pour l'âme
(1): en un
mol, il a de la piété (2), car la piété n'est autre chose que
l'amour de Dieu mis en pratique.
1)
Pour moi, je suis comme un olivier verdoyant dans la maison de Dieu;
je me confie en la grâce de Dieu à jamais et à perpétuité. Ps.
LII, 8; LXI, 4; 2 Cor. I, 9; 1 Pier. V, 7; lV, 19; Philip. IV, 6, 7.
2)
Que la Parole de Christ habile en vous richement, en toute sagesse;
et enseignez-vous et avertissez-vous les uns les autres, par des
psaumes et des hymnes et des cantiques spirituels. avec actions de
grâce, chantant de votre cœur au Seigneur. Et quelque chose que
vous fassiez en paroles ou en œuvres, faites tout au nom du Seigneur
Jésus, rendant grâce par lui à celui qui est Dieu et Père. Col.
III, 16, 17; IV, 2, 3; Ex. XXXI. 11, 16; 2 Pier. l, 3.
135.
L'amour des rachetés pour le Seigneur se manifeste encore dans
l'amour qu'ils portent à leurs frères et à tous les hommes; c'est
l'amour fraternel et la charité
(1). Ces sentiments
doivent être distingués de tout ce que le monde appelle amour,
amitié, philanthropie, voix du sang et de la nature. La charité et
la fraternité vraies, fruits de la foi, n'existent et ne peuvent
exister que dans celui qui est né de Dieu et qui l'aime (2). Ces
deux affections d’ailleurs, l'amour des frères et celui du
prochain, bien que distinctes, sont inséparables. Qui n'aime pas les
enfants de Dieu, n'importe à quelle Église ils appartiennent, n'est
pas un enfant de Dieu lui-même (3), et qui n'aime pas tous ceux qui
sont flls
d'Adam comme lui, n'importe la variété des races et des religions,
n'est pas non plus un chrétien, car il renie son sang (4).
1)
Et nous avons de lui ce commandement, que celui qui aime Dieu aime
aussi son frère. I Jean IV, 21; 20; Lév. XIX, 18; 2 Pier. I, 5, 6.
2)
Or la fin du précepte c'est l'amour, qui vient d'un cœur pur et
d'une bonne conscience et d'une foi sans hypocrisie. I Tim. I, 5; 1
Jean II, 9-11; III,10.
3)
Pour nous, nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie,
parce que nous aimons les frères. Celui qui n'aime pas son frère
demeure dans la mort. 1 Jean III, 14.
4)
Le Dieu qui a fait le monde et toutes les choses qui y sont.... a
fait d'un seul sang toute nation d'hommes.... Act. XVII, 24...., 26.
136.
Ainsi, pleins d'affection envers leurs semblables, les fidèles
éprouvent de saintes sympathies pour toutes les misères de
l'humanité. C'est le péché surtout et les maux qu'il attire sur
ses victimes, qui excitent leurs douleurs, sollicitent leurs prières
et occupent leur activité (1). La conversion des âmes leur procure
une joie d'autant plus grande, que c'est là ce qui augmente le
nombre de leurs frères en Christ et ce qui tend le plus directement
à la gloire de son nom. Ici donc l'amour de Dieu et celui du
prochain se combinent de la façon la plus intime, puisqu'on ne peut
remédier aux misères spirituelles de l'humanité sans étendre le
règne du Seigneur et de sa grâce (2).
1)
Des ruisseaux d'eau coulent de mes yeux parce qu'on ne garde pas ta
loi; Ps. CXIX. 136; 53; Rom. IX, 1, 2; 2 Cor. II. 4.
2)
Paul et Barnabas traversèrent la Phénicie et la Samarie, racontant
le retour des nations à Dieu, et ils causèrent une grande joie à
tous les frères. Act. XV, 3; XI, 23; VIII, 8; Jean IV, 36; Luc XV,
23, 24.
137.
Dans la pratique habituelle, les enfants de Dieu ont mille occasions
d'exercer l'amour qui leur a été donné d’en Haut. C'est lui qui
leur rend sacrés et précieux les devoirs de la justice (1). Epouses
ou époux (2), flls ou pères (3), frères ou sœurs (4),
domestiques ou maîtres (5), disciples ou docteurs (6), pauvres ou
riches (7), faibles ou forts (8), heureux ou malheureux (9), il
savent ce que, suivant la diversité des positions, ils doivent à
chacun, en fait d'égards, de respect, d'obéissance, de soins,
d'aide, de commisération, de support, de reconnaissance, et c'est
avec joie que, sur tous ces points, ils ont à cœur d'accomplir leur
devoir (10). Aimés ou haïs, protégés ou persécutés, bénis ou
maudits des hommes, ils ne laissent pas de leur vouer un tendre
intérêt et de le leur témoignent. Il va sans dire qu'ils ont en
horreur l'homicide, le larcin, I'adultère et toute impureté, le
faux témoignage et la médisance; car tous ces péchés sont
absolument incompatibles avec la charité (11).
1)
Toutes les choses que vous voulez que les hommes vous fassent,
faites-les leur aussi de même. Math. VII, 12; 1 Jean III, 10.
2)
Femmes, soyez soumises à vos maris comme au Seigneur. — Maris,
aimez vos femmes, comme le Christ a aimé l'AssembIée. Eph. V, 22. ,
25; Col. III, 18, 19; 1 Pier. III, 1-6.
3)
Enfants, obéissez dans Ie Seigneur à vos parents, car cela est
juste. — Et vous, pères, n'irritez pas vos enfants, mais
élevez-les dans la correction et l'enseignement du Seigneur. Eph.
VI, 1, 4; Col. III, 20, 21.
4)
Oh! qu'il est bon et qu'il est agréable que des frères vivent bien
unis entr'eux. Ps. CXXXIII, 1; Gen. XIII, 8; XLV, 1; 1 Jean IV, 20.
5)
Esclaves, obéissez à vos seigneurs selon la chair, avec crainte et
tremblement, dans la simplicité de votre cœur, comme au Christ. —
Et vous, seigneurs, faites de même à leur égard, modérant les
menaces. Eph. VI, 5, 9; Col. III, 22; IV, 1; 1 Pier. II, 18.
6)
Nous vous demandons, frères, de reconnaître ceux qui prennent de la
peine parmi vous et qui vous président dans le Seigneur, et qui vous
avertissent, et de les estimer extrêmement dans I’amour à cause
de leur œuvre. 1 Thes. V, 12. — Prêche la Parole, insiste en
temps, hors de temps, reprends, réprimande, exhorte avec toute
patience et avec doctrine. 2 Tim. IV, 2; Hébr. XIII. 17; 2 Tim. II,
25-26.
7)
Que celui qui dérobait ne dérobe plus; mais plutôt qu'il prenne de
la peine, faisant de ses mains ce qui est bon, afin qu'il ait de quoi
donner à celui qui a besoin. Eph. IV, 28. Recommande à ceux qui
sont riches dans le siècle présent........ de faire du bien, d'être
riches en bonnes œuvres, d'être prompts à donner, de faire part de
leurs biens.... 1 Tim. VI, 17-19; 1 Thes. IV, 10-12; 2 Thes. III,
10-12; Prov. XXII, 2; Luc XII, 16-21.
8)
Je vous exhorte, frère, par notre Seigneur Jésus-Christ et par
I’amour de l'Esprit, à combattre avec moi dans vos prières à
Dieu pour moi, afin que je sois délivré des rebelles qui sont en
Judée, et que mon service à l'égard de Jérusalem soit agréé des
saints..... Rom. XV, 30, 31. Or nous devons, nous, les forts, porter
les infirmités des faibles, et ne pas avoir
de complaisance pour nous-mêmes... Rom. XV, 1; Math. XXVI, 38, 40; 1
Thes. V, 14.
9)
Réjouissez-vous avec ceux qui se réjouissent, pleurez avec ceux qui
pleurent. Rom. XII, 15; 1 Thes. V, 14; Luc X, 30-37; Jean XI, 35.
10)
Ainsi donc, comme des élus de Dieu, saints et bien-aimés,
revêtez-vous d'entrailles de miséricorde, de bonté, d'humilité,
de douceur, de patience; vous supportant les uns les autres, et vous
faisant grâce les uns aux autres, si quelqu'un a un sujet de plainte
contre un autre; et comme le Christ vous fit grâce, vous aussi
faites de même. Par-dessus toutes choses, revêtez-vous de l'amour
qui est le lien de la perfection. Et que la paix de Dieu, pour
laquelle aussi vous fûtes appelés en un seul corps, règne dans vos
cœurs, et soyez reconnaissants. Col. III, 12-15; Rom. XII, 1-7; 1
Pier. II, 13-17; Eph. V, 21.
11)
Bénissez ceux qui vous persécutent; bénissez et ne maudissez pas.
Rom. XII, 14; Math. V, 44-47; Rom. XII, 17-21.
12)
L'amour ne fait point de mal au prochain; l'amour est donc
l'accomplissement de la loi. Rom. XIII , 10; 9; 1 Tim. I, 9, 10.
138.
L'amour chrétien n'est pas en paroles seulement, et il se nourrit de
sacrifices (1). Celui qui aime va jusqu'à donner sa vie (2); nul
service à rendre ne lui paraît humiliant (3); aucun
renoncement ne lui coûte, surtout s’il s'agit d'amener des âmes à
Jésus-Christ (4), ou de ménager la conscience de ses frères (5).
1)
Mes petits enfants, n'aimons pas de paroles ni de langue. mais en
œuvre et en vérité. 1 Jean III, 18; Jacq. II, 15, 16.
2)
En ceci nous avons connu l'amour, c'est qu'il a laissé sa vie pour
nous; nous aussi nous devons laisser notre vie pour nos frères. 1
Jean III, 16; Jean XV, 13; Act. XX, 24; Philip. II, 17, 18.
3)
Vous devez vous laver les pieds les uns aux autres; car je vous ai
donné un exemple, afin que comme je vous ai fait, vous aussi vous
fassiez de même. Jean XIII, 14, 15; Rom. XII, 10, 11; Math. XX,
26-28.
4)
Bien que libre à l'égard de tous, je me suis asservi moi-même à
tous, afin d'en gagner un plus granit nombre....... j’ai été
toutes choses à tous, afin que de toutes manières j'en sauve
quelques-uns. Rom. IX, 19-22.
5)
Si un aliment scandalise mon frère, je ne mangerai plus jamais de
viande, afin de ne pas scandaliser mon frère. 1 Cor. VIII, 13; X,
23, 24; Philip. II, 4.
139.
Une autre disposition que produit l'amour des rachetés pour le Dieu
de leur salut, c'est une soumission entière et habituelle à sa
volonté de quelque manière qu'il la leur
manifeste. Ils veulent ce que Dieu veut. C'est-à-dire qu’il y a
dans leur cœur, résignation (1), patience
(1),
contentement (3).
1)
C'est l'Éternel, qu'il fasse ce qui lui semblera bon. 1 Sam. III,
18; Esa. XXXIX, 8; 2 Sam. XVI, 10; Luc XXII, 42.
2)
L'Éternel I’avait donné, l’Éternel l'a ôté, que le nom de
l'Éternel soit béni. Job I, 21; Rom. XII, 12; Luc XXI. 19; 2 Cor.
VI, 4; Gal. V, 22; Jacq. V, 10,11.
3)
J'ai appris à être content de l'état où je me trouve; je sais
être humilié, je sais aussi être dans l'abondance; je suis initié,
en toutes choses et à tous égards, soit à être rassasié, soit à
avoir faim, soit à être dans l'abondance, soit à être dans
I’indigence. Philip. IV, 11,12; 1 Tim. VI, 6; Hébr. XIII, 5.
140.
Il y a surtout dans le cœur des fidèles une parfaite obéissance à
la loi de Dieu. Cette loi qui n'est terrible que pour ceux qui y
cherchent follement leur justice [18], est
infiniment
précieuse à ceux qui sont sauvés par la foi, soit qu'ils la
prennent dans l'Ancien Testament ou dans le Nouveau. Là, sont des
prohibitions et des préceptes qu'approuve pleinement la conscience
d'un racheté de Jésus-Christ (1); ici, une foule de directions
morales, tant dans les Évangiles que dans les épîtres des apôtres,
saintes directions que l'enfant de Dieu bénit son Père céleste de
lui avoir fournies; car si elles ne lui donnent pas l'impulsion, ce
qui est l'office propre de la foi, ce sont elles qui jalonnent sa
route, qui sont comme le patron sur lequel il sait que le
Saint-Esprit veut former son âme, et qui, dictées par l'amour de
Dieu pour son peuple, ont elles-mêmes tout leur accomplissement dans
l'amour (2). Aussi les fidèles aiment-ils la loi de Dieu comme ils
aiment Dieu lui-même, et s'ils n'aimaient pas cette loi, comment
l'observeraient-ils? En d'autres termes, le chrétien est l'homme du
devoir, et le devoir lui est doux, ce qui est
après tout le
vrai contrôle de I’amour qu'on a pour Dieu (3).
1)
Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, et de toute ton
âme, et de toute la force, et de toute la pensée et ton prochain
comme toi-même. Deut. VI, 5; Lév. XIX, 18; Ex. XX, 1-17; Lév.
XVIII; Deut. VI. 2)
Au reste, frères, nous vous le demandons, et nous vous y exhortons
dans le Seigneur Jésus, que comme vous avez appris de nous de quelle
manière il faut marcher et plaire à Dieu, vous y abondiez de plus
en plus. Car vous savez quels préceptes nous vous donnâmes par le
Seigneur Jésus; car la volonté de Dieu c'est votre sanctification.
1 Thes. IV, 1-3; Rom. XII-XV, 7; 2 Cor. XIII, 11: Eph. IV-VI;
Col.III-IV; 1 Thes. IV, V; Hébr. XII, XIII; Jacques, I-V; 1 Pier. I,
13-25; II-V
3)
Car c'est ici l'amour de Dieu, que nous gardions ses commandements,
et ses commandements ne sont point pesants; parce que tout ce qui a
été engendré de Dieu est victorieux du monde. 1 Jean V, 3, 5; Ps.
CXIX, 70, 77, 97; Rom. VII, 12, 22; 1 Cor. IX, 16, 17; Rom. I, 14.
141.
Les saintes affections que nous venons de décrire, toutes si
contraires à notre mauvaise nature [14], ont pour
auteur le
Saint-Esprit; la grâce de Dieu en est la source [110],
et
elles ont pour principe, dans les fidèles, leur foi en Jésus-Christ,
cette foi même qui les justifie, ou leur assure le pardon de leurs
péchés (1). Parce que Dieu les a aimés en Christ d'un amour
éternel, ils I’aiment à leur tour et ils marchent dans son amour.
Ainsi donc, ils aiment non pas pour être aimés, mais à raison de
ce qu'ils le sont. Leur mobile est essentiellement la reconnaissance,
et non l'intérêt ou l'égoïsme (2).
1)
C'est de la foi que nous attendons l'espérance de la justice...,
mais d'une foi qui déploie son efficace par le moyen de l'amour.
Gal. V, 5, 6; 1 Pier. I, 8, 9; Jean IV, 19; 10, 1; Col. III, 15; Eph.
V, 2; Gal. II, 20; Rom. VIII, 37; Apoc. I, 5; Jean XV, 9.
2)
Nous l'aimons parce qu'il nous aime le premier. 1 Jean IV, 19.
142.
C'est là ce qui leur inspire l'horreur du mal et
l'attachement au bien (1) Le péché leur est
odieux parce
qu'il déplaît à l'Éternel (2), parce qu'il a été la cause des
souffrances de Jésus-Christ (3), parce qu'il intercepte leurs
relations avec Dieu (4). Sous quelque forme qu'il se présente à
eux, ils le repoussent et le combattent, car ils ont crucifié la
chair avec ses convoitises (5): la chair, cela ne veut pas dire le
corps seulement, lequel est l'organe et non le principe du péché; mais
c'est le péché même qui habite en nous depuis la chute et qui se
traduit en toutes sortes d'actions et de pensées coupables,
honteuses, dégradantes; souillures du corps et de l'esprit (6).
1)
Que l'amour soit sans hypocrisie. Ayez en horreur le mal, vous tenant
collés au bien. Rom. XII, 9; Philip. IV, 8; Jude 23.
2)
C'est contre toi-même, contre toi seul, que j'ai péché, et ce qui
est mal à tes yeux c'est ce que j'ai fait. Ps. LI. 4; 2 Sam. XI, 27;
2 Cor. V, 21; Rom. VI, 6-23; Gal. V, 24.
3)
Christ aussi a souffert une fois pour les péchés, un juste pour des
injustes. 1 Pier. III, 18; Hébr. II, 9.
4)
Ce sont vos iniquités qui font séparation entre vous et votre Dieu;
et ce sont vos péchés qui font qu'il cache sa face de vous, pour ne
plus vous écouter. Esa. LIX, 2.
5)
Ceux qui sont au Christ ont crucifié la chair avec ses passions et
ses désirs. Gal. V, 21.
6)
Or les œuvres de la Chair sont manifestes. Ce sont l'adultère, la
fornication, l'impureté, l'impudicité, l'idolâtrie, les
sorcelleries, les inimitiés, les querelles, les jalousies, les
animosités, les disputes, les divisions, les sectes, l'envie, les
meurtres, l'ivrognerie, la gourmandise, et les choses semblables à
celles-là, au sujet desquelles je vous déclare d'avance, comme
aussi je l'ai dit auparavant, que ceux qui font de telles choses
n'hériteront pas du royaume de Dieu. Gal. V, 19-21; 2 Cor. VI, 16 à
VII, 1.
143.
Dire que la chair est crucifiée, c'est dire qu'elle mourra et non
pas qu'elle est morte. À côté de l'homme nouveau reste toujours
quelque chose du vieil homme. Celui-ci même conserve parfois une
grande puissance. Ainsi, des appétits naturels à discipliner, de
véhéments désirs à régler, des sentiments fort intenses à
modérer, de vives affections à contrôler, un persistant égoïsme
à comprimer: telle est la tâche journalière de celui qui aime Dieu
(1). Et quand on pense d'ailleurs que le fidèle vit dans un monde de
péché (2), qu'il est exposé à de fréquentes attaques de Satan
(3), il n'est pas étonnant que sa sainteté ne se développe pas par
un progrès uniforme et continu. Elle a des alternatives de mieux et
de plus mal; il semble quelquefois qu'elle défaille comme nous
l'avons dit [98], c'est un combat continuel que la
vie du
racheté (4).
1)
Moi donc, je cours, non comme à l'aventure; je frappe du poing, non
comme déchirant l'air; mais je meurtris mon corps et le réduis en
servitude, de peur qu'après avoir prêché à d'autres, je ne sois
moi-même réprouvé. 1 Cor. IX, 26, 27; Rom. VIII, 12, 13; Gal. II,
20; V, 25; Luc XXI, 34; Eph. V, 3-6; Rom. VII, 14-25; Philip. III.
13, 14.
2)
Nous savons que nous sommes de Dieu et que le monde entier gît dans
le mal. 1 Jean V, 18; I, 1-6; Jean XVII. 15.
3)
Le diable, votre partie adverse rôde comme un lion rugissant,
cherchant qui il pourra engloutir. 1 Pier. V, 8, 9; Eph. VI, 12.
4)
Marchez par I’Esprit et n’accomplissez point le désir de la
chair; car la chair désire le contraire de I’Esprit, et Esprit le
contraire de la chair; et ces choses sont opposées I’une à
l'autre afin que vous ne pratiquiez pas les choses que vous voudriez.
Gal. V, 16, 17.
144.
C'est pourquoi les fidèles vivent dans la vigilance,
utilisant avec assiduité les moyens de la grâce de Dieu [111-127],
particulièrement l'étude consciencieuse de la Bible et la prière
de la foi; car ils savent très bien qu'ils n'ont pas plus la
capacité de marcher seuls dans la voie du salut, qu'ils n'ont eu
celle d'y entrer (1). C'est donc par la foi qu'ils veillent et qu'ils
luttent; c'est en Jésus-Christ qu'ils cherchent leur lumière et de
lui qu'ils attendent leur triomphe.
Par
cela même leur vigilance n'est pas accompagnée d'inquiétude. Ils
s'effraient sans doute à la seule idée de perdre le salut, mais ils
savent en qui ils croient et ils se reposent sur lui dans leur
persévérance à bien faire (2). [99.]
1)
Que la Parole de Christ habite en vous richement, en toute
sagesse....., et...... persévérez dans la prière. veillant en elle
avec actions de grâces. Col. III, 16; IV, 2; Act. II, 42; Eph. VI,
10-18; Jude 20, 21.
2)
Ainsi, mes bien-aimés accomplissez votre salut avec crainte et
tremblement; car c'est Dieu qui opère avec efficace en vous et le
vouloir et le faire, en vertu de son bon plaisir. Philip. II, 12, 13;
Math. X, 22; Philip. IV, 6, 7; 1 Jean II, 24; Esa. LXV, 22; Jean
XIII, 1.
145.
Toutefois, ce combat même et les revers partiels que les plus pieux
n'y essuient que trop fréquemment, ces revers, dis-je, ou ces fautes
dont les tristes effets se font souvent sentir fort longtemps (1),
ont pour résuItat d'entretenir dans leur cœur une profonde humilité
(2). Cette disposition, que
nous avons vue sous une de ses formes être la racine de la foi [86],
se présente, avec la charité, comme le caractère distinctif des
enfants de Dieu; deux grâces qui, réunies, constituent la modestie
(3), la débonnaireté ou la douceur (4), le plus bel ornement des
chrétiens, la couronne de leur vie et de leur mort (5).
1)
Gen. XLII, 36.
2)
Cette parole est certaine et digne d'être entièrement reçue, que
Jésus-Christ est venu dans le monde pour sauver des pêcheurs, dont
je suis le premier 1 Tim. I, 15; 1 Pier. V, 6; 2 Cor. XII, 7; 1 Cor.
XV, 8, 9; Eph. III, 8; Act. XX, 19; Jacq. IV, 9, 10; Math. V, 5.
3)
Estimez par humilité les autres supérieurs à vous-mêmes. Philip.
Il, 3; 1 Pier. V, 5; Rom. XII, 10; 1 Pier. III, 3-6.
4)
Que votre modération soit connue de tous les hommes; le Seigneur est
près. Philip. IV, 5; Math. V, 3-5.
5)
Qui s'abaisse sera levé. Luc XIV, 11; 7-11; XVIII, 9-14, 15-17.
6)
Act. VII, 60.
146.
De cette manière on peut dire que la foi se nourrit de ses fruits.
Plus nous vivons de la vie des rachetés, plus nous sentons notre
misère; par conséquent aussi Christ nous devient toujours plus
précieux. Notre foi s'affermit donc, et en s'affermissant elle
développe au dedans de nous la vie de Dieu (1).
1)
Veux-tu savoir, ô homme vain, que la foi sans les œuvres est morte?
Abraham, notre père, ne fut-il pas justifié par les œuvres quand
il offrit Isaac son fils sur l'autel! Tu vois que la foi opérait
avec ses œuvres, et que par les œuvres, la foi fut consommée.
Jacq. II, 20-22; 2 Pier. I, 3-11.
147.
Mais n'oublions pas un trait distinctif du caractère des saints, et
qui imprime à leur vie un cachet tout particulier; c'est la vérité.
Ennemis de tout ce qui leur paraît faux et mensonger, ils défendent
avec un zèle toujours nouveau la saine doctrine (1), se gardant
eux-mêmes de toute hypocrisie et de tout ce qui s'écarte du vrai,
en paroles et en actions (2). Quelles que puissent être les
défectuosités de leur foi et de leur sainteté, ils sont donc au
moins revêtus de
droiture et d'intégrité devant Dieu (3). C'est ainsi qu'ils
attendent, dans la paix, le jour de la venue du Seigneur, où toutes
choses seront mises en lumière et où ceux qui auront placé leur
espérance en lui ne seront point confus.
1)
Bien-aimés, ayant beaucoup d'empressement à vous écrire au sujet
de notre commun salut, j'ai dû vous écrire pour vous exhorter à
combattre pour la foi qui a été transmise une fois aux saints. Jude
3; Gal. I, 8; 1 Jean IV, 1-6; Math. VII, 15; 3 Jean 3.
2)
Heureux l’homme à qui I’Éternel n'impute pas l'iniquité, et
dans l'esprit duquel il n'y a point de fraude. Ps. XXXII, 2; XVII, 4;
I Pier. II, 1; Luc XII, 1; Ps. XV, I, 2; Col. III, 9, 10; Eph. IV,
23, 25.
3)
Craignez l'Éternel et servez-le en vérité. 1 Sam. XII, 25; Ps. CX
LV, 18; Esa. LXI, 8; Jean IV, 23, 24; 1 Jean III. 18, 19; Act.
VIII. 24; Gen. XX, 5; I Rois IX, 4; Ps. XXV, 21; XXVI, 1, 11; Prov.
XIX, 1.
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