Il est écrit: TA PAROLE EST LA VERITE(Jean 17.17)... cela me suffit !

SAINT PIERRE (1)

CHAPITRE PREMIER



457. Verset 1. Pierre, apôtre de Jésus-Christ...

Voici enfin deux épîtres de saint Pierre. S'il a été le chef de l'Église et le vicaire de Jésus-Christ, il doit l'avoir dit quelque part. Cherchez bien.

Vous remarquerez, en attendant, que ces deux épîtres viennent , non seulement après toutes celles de saint Paul, mais encore après celle de saint Jacques. Cet arrangement, qui date des premiers siècles, dit beaucoup. Si saint Pierre avait été regardé comme le chef de l'Église, croyez-vous que ses épîtres n'eussent pas été mises les premières ? Ne dites pas qu'on n'a eu égard qu'à l'importance des écrits. Cette raison expliquerait bien pourquoi saint Paul a passé le premier , mais n'expliquerait point pourquoi saint Jacques a passé encore avant saint Pierre. Cette raison , d'ailleurs, ne vaut rien. Courte ou longue, importante ou non , une lettre du pape sera toujours et partout mise à la première place , ou, par honneur encore et comme couronnant l'oeuvre, à la dernière. Saint Pierre n'a été placé ni au commencement ni à la fin ; les premiers éditeurs du livre n'ont donc pas pensé qu'il y eut lieu à lui donner une place d'honneur. N'objectez pas que ses épîtres nous ont été transmises sous le nom d'épîtres catholiques , autrement dit universelles ; trois autres sont dans le même cas, et c'est une preuve de plus de l'égalité des apôtres. Les premiers siècles n'auraient pas donné à des épîtres de Jacques, de Jean, de Jude, un titre qui leur eut paru n'appartenir, de droit, qu'à celles de saint Pierre.

Versets 3 et suiv. - Actions de grâces pour le salut assuré aux chrétiens régénérés. Comment leur vie doit répondre à cette immense bénédiction.


458. Versets 18 et 19. Sachant que ce n'est point par des choses périssables, comme l'or ou l'argent, que vous avez été rachetés... mais par le précieux sang de Jésus-Christ.

Ces deux systèmes de rachat que l'apôtre déclare incompatibles, l'Église romaine a prétendu les unir ; elle admet le rachat par le précieux sang de Jésus-Christ, mais elle vend le droit d'y avoir part. Vous achetez une messe, dix messes, une moitié de messe, un quart de messe, absolument comme on achète, au marché, une livre, dix livres, une demi-livre ou un quart de livre de n'importe quelle denrée. Mais voici le grand embarras. Celui qui paie dix messes reçoit-il plus que celui qui n'en paie qu'une? Si vous lui répondez qu'il ne reçoit pas davantage, il demandera pourquoi donc vous lui en faites payer dix; si vous lui répondez que l'effet augmente avec le nombre, alors voilà le salut, non seulement en vente, mais aux enchères , et le plus sûr moyen d'y arriver , c'est d'être riche. Que de bizarreries entassées! Que de sacrilèges, plutôt !

Si le pape a réellement le pouvoir de tirer les âmes du Purgatoire, pourquoi ne pas les en tirer toutes?- Quoique cette objection ait été souvent faite sous forme de plaisanterie et par des gens peu religieux , elle n'en est pas moins grave. Un pape qui se croirait tout de bon en possession d'un semblable pouvoir, comment aurait-il l'affreux courage de ne tirer des flammes que les gens payant ou pour qui l'on paie ? Ou les papes sont des monstres d'injustice et de cruauté, ou ce système , au fond , n'est pas sérieux. On ne veut qu'effrayer et faire payer.

 


CHAPITRE II

Union des chrétiens avec Jésus-Christ.


459. Versets 4-8. Vous approchant de lui comme de la pierre vivante... , entrez vous-mêmes, comme des pierres vivantes, dans la structure de l'édifice... C'est pourquoi il est dit dans l'Écriture: Voici, je place en Sion une pierre angulaire, choisie et précieuse, et quiconque croira en elle ne sera point confondu... Mais, pour les incrédules, cette même pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, et qui est devenue la pierre angulaire, leur est une pierre d'achoppement...

Voici donc saint Pierre lui-même développant l'image de la pierre. Mais cette pierre, base de l'Église, c'est, pour lui, Jésus-Christ, et vous voyez qu'il n'ajoute point ni ne paraît se douter le moins du monde que ce glorieux privilège ait passé à lui , Pierre , ou doive passer à qui que ce soit. Remarquez que la manière même dont il développe l'image exclut l'idée d'une succession, d'un remplacement. « Approchez-vous de lui, comme de la pierre vivante.» C'est donc Jésus qui est actuellement la pierre, et les versets qui suivent mettent également tout au présent. Plus loin (verset 25), l'apôtre va appeler Jésus l'évêque de nos âmes , et ne rien dire non plus, ni de lui, Pierre, ni de personne, comme étant ou devant être le successeur de ce pasteur suprême.


460. Verset 9. Mais vous êtes la race élue la sacrificature royale...

Nous avons dit (note 236) que les ministres de l'Évangile ne sont jamais appelés, dans le Nouveau Testament, du nom de sacrificateurs. Ce verset nous contredit-il ?
Non , car saint Pierre parle ici de tous les chrétiens , et, par conséquent, figurément. Il veut dire que, sous la loi nouvelle, tous ont le privilège de s'approcher de Dieu aussi près que l'homme peut le faire ; Christ, sacrificateur et roi, forme avec, l'ensemble des fidèles, profondément unis à lui, ce corps où la gloire du chef se reproduit dans chacun des membres.

Ainsi, non seulement ce serait jouer sur les mots que de s'autoriser de ce passage en faveur de l'idée romaine du prêtre-sacrificateur, mais rien n'est plus contraire à celle d'une sacrificature organisée, d'un sacerdoce hiérarchique : l'unique endroit où ce mot de sacrificature est employé en parlant de chrétiens, c'est un endroit où il s'agit de tous, de leurs privilèges à tous et de leur gloire à tous. Aucun doute , d'ailleurs, sur la portée toute spirituelle de cette appellation, car, au verset 5 , l'apôtre avait déjà dit : « Entrez vous-mêmes , comme des pierres vivantes , dans la structure de l'édifice , pour être une maison spirituelle , une sacrificature sainte , afin d'offrir des sacrifices spirituels agréables à Dieu par Jésus-Christ, » et nous avons vu ailleurs (note 448 ) ce que l'Écriture entend par de semblables sacrifices, effusions de reconnaissance et d'amour. Bien donc ici n'indique ni un sacrifice à offrir, ni un sacerdoce pour l'offrir, dans le sens ordinaire de ces mots.

L'histoire de la Messe confirme ces observations. Elle nous montre l'idée de sacrifice s'établissant, dans l'Église, après celle du sacerdoce, pour la justifier, la compléter. Le prêtre romain n'a pas été fait pour la Messe ; c'est la Messe qui a été faite pour le prêtre romain.

Versets 11 et suiv.- Conduite que les chrétiens doivent tenir au milieu des choses du monde.


461. Versets 15 et 14. Soyez donc soumis, pour l'amour du Seigneur, à tout ordre établi parmi les hommes, au souverain, comme étant au-dessus de tous, aux gouverneurs, comme à des gens envoyés de sa part...

Saint Pierre a peu l'air, vous le voyez, de se croire au-dessus des rois; entre ces paroles et les prétentions des papes, il y a une telle distance qu'on a peine à comprendre comment l'orgueil humain, tout audacieux qu'il est, a pu la franchir. Direz-vous que c'étaient là des conseils de circonstance? Que l'Église, en ces premiers temps, ne pouvait faire que ce que lui conseille ici saint Pierre? Oui; mais comprenez-vous saint Pierre, dans ce cas, ne faisant aucune réserve, ne disant pas un mot pour rappeler ce qu'il eût regardé comme ses droits, comme ceux de ses successeurs, comme ceux de l'Église? C'est pourtant ce même saint Pierre qui disait si bien (Actes Y): « Il faut obéir à Dieu plutôt qu'aux hommes. » Il admet donc des cas où le chrétien devra désobéir aux puissances de la terre ; mais que le règne de l'Église et de ses ministres doive être de ce monde , dominer sur les princes de ce monde - c'est ce dont vous ne trouverez , dans sa vie et dans ses épîtres, aucune trace.


CHAPITRE III

Devoirs des maris et des femmes. Vivre en paix avec tous les hommes. Chercher la paix en Dieu.


462. Verset 12. Car les yeux du Seigneur sont sur les justes, et ses oreilles sont attentives à leurs prières.

Tous les apôtres, tous les livres du Nouveau Testament viennent successivement vous dire que Dieu est prêt à entendre vos prières; tous les apôtres, tous les livres du Nouveau Testament se taisent, vous le voyez, sur la nécessité ou l'utilité de faire passer vos prières par les saints.


463. Verset 15. Soyez toujours prêts à répondre pour votre défense, avec douceur et respect, à quiconque vous demandera raison de l'espérance qui est en vous.

Voilà qui suppose évidemment une connaissance raisonnée des vérités de la foi. Serait-ce rendre raison que de. dire sur chaque point: « Mon curé me l'a dit, et c'est l'Église qui l'enseigne ? » N'objectez pas qu'il faudra donc que chacun soit un savant, un docteur; nous avons expliqué (132) ce qu'est le droit et le devoir d'un chrétien à cet égard. Saint Pierre n'entendait évidemment pas que chacun fut tenu de savoir répondre à tout; nous ne le demandons pas plus que lui. Ce que nous demandons, c'est que ce soit pour chacun et un droit et un devoir de connaître, en religion, tout ce qui sera à sa portée, d'élargir autant qu'il le pourra le cercle de ses connaissances religieuses, d'avoir enfin, autant que cela lui est possible, une foi qui soit véritablement à lui.

Versets 17 et suiv. - Souffrir, à l'exemple de Jésus-Christ (01), les persécutions du monde. Le déluge, figure du baptême...


464. Verset 21. Non de ce baptême qui nettoie les souillures du corps, mais de celui qui est l'engagement d'une bonne conscience devant Dieu, et c'est celui-là qui nous sauve maintenant par la résurrection de Jésus-Christ.

A. Le baptême ne sauve donc pas par lui-même ; il ne sauve qu'autant que le baptisé, fidèle à l'engagement qu'il a pris ou qu'on a pris pour lui, soutenu, dans sa fidélité, par les grâces que figurait le baptême, conserve sa conscience pure et met son espérance en Jésus-Christ. Rien, dans l'Écriture, ne nous montre cette nécessité absolue du baptême que l'Église romaine a enseignée, et qui l'a conduite à cette doctrine affreuse de la perte éternelle des enfants morts sans baptême.

B. Cette vertu de conférer la grâce, vertu magique, en quelque sorte, puisqu'elle est celle d'une cérémonie et se passe du concours de celui qui en est l'objet, - l'Église romaine l'attribue à tous les sacrements, et nous avons déjà montré, à propos de l'Extrême-Onction , combien cela est contraire à la spiritualité de l'Évangile.

Un sacrement n'est et ne peut être qu'un signe, un symbole, une occasion de grâce ; en faire une cause de grâce , c'est de la magie et du matérialisme: Il se fit là-dessus , dans les débats du concile de Trente, quelques réflexions fort sages ; mais on était lié par ce qui venait d'être décrété sur le baptême, et on ne crut pas pouvoir accorder moins aux autres sacrements.

Tous donc ils furent déclarés conférant la grâce par eux-mêmes , ex opere operato, par la cérémonie qui en forme le corps visible, et on laissa aux docteurs le soin de s'arranger avec l'Évangile et le bon sens, également contraires à cette doctrine étrange. Fût-elle moins fausse en soi, les faits en démontreraient assez la fausseté.

Que devient, demanderons-nous, cette masse énorme de grâces perpétuellement versées, par le fait des sacrements, sur le monde catholique ? Quel prêtre, surtout, communiant tous les jours, pourrait ne pas être un saint? Et dans les siècles où tout était catholique, où l'administration des sacrements avait toute l'activité, toute l'extension possibles, - pourquoi fut-on si loin de ce qu'aurait dû produire un si miraculeux état de choses?


CHAPITRE IV

Ce que l'Évangile doit produire chez ceux qui ont passé des dissolutions du paganisme à la pureté chrétienne. Vigilance. Charité. Courage. L'attente du jugement.


465. Verset 18. Et si le juste même n'est sauve qu'à peine, que deviendront l'impie et le pêcheur?

Le juste même n'est sauvé qu'à peine, vous dit l'apôtre, et tous les justes, tous les vrais saints, ceux mêmes que l'Église romaine a adopté, l'ont pensé, l'ont dit comme saint Pierre. Comprenez donc, comme eux et comme lui, ce que nous avons déjà vit en tant d'endroits : Point d'homme qui puisse avoir des mérites pour d'autres.


CHAPITRE V


466. Verset 1. Voici ce que je recommande aux Anciens qui sont parmi vous, moi qui suis Ancien comme eux, et témoin des souffrances de Christ...

Le plus grand ennemi des papes n'imaginerait rien de plus embarrassant pour eux que ces paroles de saint Pierre et celles qui vont suivre.
Non seulement il ne se dit pas le chef suprême de ces Anciens, de ces pasteurs qu'il exhorte, mais vous n'apercevrez, dans toute l'exhortation , ni une idée ni un mot qui indique ou suppose rien de tel.

On a essayé de prétendre que la suprématie de saint Pierre ressortait assez du fait même d'une exhortation aux Anciens ; comme si sa charge d'apôtre n'expliquait pas assez ce rôle, et comme si nous n'avions pas vu saint Paul en faire autant, ou plutôt davantage, car le ton de saint Paul est beaucoup mieux celui d'un chef. Saint Pierre, ici, ne rappelle pas même son autorité d'apôtre. Moi qui suis Ancien comme eux, dit-il, et la seule supériorité qu'il s'attribue, supériorité qui lui est commune avec tous les apôtres, c'est d'avoir été témoin des souffrances de Christ. Il a parlé au chapitre précédent (verset 11) des ministères divers exercés dans l'Église, mais sans rien dire d'un ministère suprême; il va parler (au verset 4) du prince des pasteurs, et ce prince des pasteurs sera, comme partout, Jésus-Christ, et l'apôtre ne dira rien d'un successeur , d'une succession quelconque.

Étrange pape! Étrange prédécesseur de ceux qui allaient s'emparer de "Tu es Pierre", et en tirer de si prodigieuses conséquences!


467. Versets 2 et 5. Paissez le troupeau de Dieu dont vous êtes chargés, veillant sur lui, non par contrainte, mais de bon gré, non pour un gain sordide, mais par affection, non en dominant sur les héritages du Seigneur, mais en devenant les modèles du troupeau.

Autant de conseils que l'Église romaine a peu suivis, et qui n'ont été nulle part plus violés qu'à Rome même, par les soi-disant héritiers de celui qui les avait écrits. C'est là, sur ce prétendu trône de saint Pierre , qu'ont vécu les pasteurs les plus indignes; c'est là que le gain sordide a le plus ouvertement et le plus scandaleusement joué son rôle; c'est là que l'esprit de domination s'est montré plus hautain et plus hardi que sur aucun autre trône de la terre.


468. Verset 5. De votre côté, vous, plus jeunes, soumettez-vous aux Anciens, et, vous soumettant tous les uns aux autres, revêtez-vous d'humilité.

En tronquant ce verset, on en a fait une des colonnes du despotisme clérical. « Soumettez-vous aux prêtres, » vous dit-on, et on s'en tient là. Saint Pierre demande bien qu'on soit soumis aux pasteurs; mais c'est au moment où il vient de leur dire à eux-mêmes qu'ils ne doivent pas dominer sur les héritages dît Seigneur, et il ajoute , ce qui est plus significatif encore ... « Vous soumettant tous les tins aux autres, revêtez-vous d'humilité. » Le pasteur a donc à être humble devant les simples fidèles, comme les simples fidèles devant lui, et l'apôtre , au verset suivant, prêche encore à tous l'humilité. L'ensemble est donc tout autre que ce qu'on a prétendu voir dans quelques mots, isolés et arrangés.



469. Verset 15. L'Église qui est à Babylone, élue comme vous, et mon fils Marc, vous saluent.

Babylone, ont dit les commentateurs romains, c'est Rome; donc Pierre a écrit de Rome.- Voilà, dans tout le Nouveau Testament, le seul mot auquel on ait pu essayer de rattacher la tradition du séjour de saint Pierre à Rome.

Rome, dans l'Apocalypse, est appelée Babylone ; mais, ce nom figuré que l'Apocalypse n'emploie qu'au milieu de ses plus poétiques pages, comment admettre que Pierre l'eut ainsi jeté dans un morceau simple et froid, dans une salutation, à côté d'un nom d'homme, mon fils Marc? D'ailleurs, au lieu de s'imaginer battre en brèche, avec cet unique mot, les arguments de toute espèce que le Nouveau Testament nous a fournis (voir à la Table) contre le séjour de Pierre à Rome, c'est à nos adversaires à défendre ce mot même contre tous ces arguments réunis. Le silence des Actes, des Épîtres, les passages nombreux, et des Épîtres et des Actes, que nous avons montrés absolument inconciliables avec un séjour de Pierre à Rome, - voilà tout autant de raisons pour que la Babylone de saint Pierre ne puisse être ce qu'on prétend.

En d'autres termes, aussi longtemps que ces arguments subsistent, Babylone, ici, ne peut pas signifier Rome, et, d'autre part, aussi longtemps que Babylone ne peut pas signifier Rome, tous ces arguments subsistent. Voilà le cercle dans lequel on est condamné à tourner.



SAINT PIERRE (2)

CHAPITRE PREMIER

Salutation. - Faire de continuels progrès dans la sainteté de la vie et la fermeté de la toi. Pierre annonce sa fin prochaine.


470. Verset 15. Mais j'aurai soin qu'après mon départ, vous puissiez toujours vous souvenir de ces choses.

L'apôtre ne s'expliquant pas sur les moyens qu'il compte employer dans ce but, on a profité de son silence pour voir dans ce verset tout le système de l'Église romaine, autorité enseignante, infaillibilité, etc.

Il est évident, au contraire, qu'une promesse en termes si généraux exclut l'idée d'une autorité visible, hiérarchiquement organisée, infaillible ; un homme dont la pensée serait de vous recommander l'obéissance à un corps de docteurs dirigés par le Saint-Esprit, jamais vous ne comprendrez qu'il se bornât à dire : « Je prendrai soin que vous puissiez vous souvenir» de ce que je vous ai enseigné. Les mots mêmes condamnent l'interprétation romaine. Remarquez, en effet, ce futur : et Je prendrai soin.»

A quelle époque écrit-il cela?
Il vient de dire qu'il n'est pas loin de sa fin, et ce détail nous place au moins à trente ans de la mort du Sauveur. Pierre aurait donc été trente ans le chef de l'Église, sans établir, sans proclamer, au moins, un système en dehors duquel, nous dit-on, l'Église tombe en poussière? Il en serait, au bout de trente ans, à ne pas en parler comme d'une chose existante, comme, mais comme d'une chose à laquelle il avisera? Je prendrai soin! Mais est-ce là, en tout cas, ce qu'il devrait dire? Vous enseignez que l'autorité visible et infaillible est une institution de Jésus-Christ ; est-ce que saint Pierre en parlerait comme d'une chose venant de lui, de lui, Pierre? Un plan divin se changerait-il, sous sa plume, en un simple projet conçu par lui? Est-ce lui qui dirait : « Je prendrai soin, » quand il s'agirait d'un soin pris, depuis tant d'années, par son maître, et des projets éternels de Dieu pour la conservation de la vérité sur la terre?

De quoi parle-t-il donc? - Quelques interprètes ont pensé qu'il faisait allusion à l'Évangile de saint Marc, composé sous ses yeux; le verset suivant appuierait cette supposition. D'autres explications ont aussi été proposées. Nous n'avons pas à les discuter ici ; il nous suffit que l'explication romaine soit démontrée inadmissible.

Versets 17 et suiv. - Grandeur du Christ. Clarté des prophéties depuis leur accomplissement en lui.


471. Verset 20.-... Nulle prophétie de l'Écriture n'est d'une interprétation particulière.

Donc, nous dit-on , c'est à l'Église qu'il appartient de les expliquer.
Nous avons vu (note 224) ce qui contredit, en fait, cette conclusion : c'est que l'Église romaine ne l'a jamais mise en pratique , n'ayant jamais donné à ses fidèles une interprétation des prophéties.

L'eût-elle fait, le sens de ce passage ne serait encore nullement celui qu'elle veut y voir. Lisez de 19 à 21 , et vous verrez que cette « interprétation particulière» n'est point celle de quelqu'un interprétant la prophétie, mais de la prophétie s'interprétant elle-même, par elle-même. Le sens est donc qu'aucune prophétie n'est sans voiles aussi longtemps que Dieu, maître des événements, ne l'a pas lui-même interprétée en l'accomplissant. La traduction exacte serait : « Aucune prophétie n'a, en soi, de quoi s'expliquer seule et par elle-même.» En d'autres termes: Il faut que le Saint-Esprit, qui l'a dictée, nous l'explique lui-même, et c'est par les événements que l'explication nous arrive.


CHAPITRE II


472. Verset 1. De même qu'il y a eu de faux prophètes parmi le peuple, il y aura aussi parmi vous de faux docteurs, qui introduiront sourdement des schismes pernicieux...

Toutes les déclarations de ce genre, l'Église romaine les applique à ceux qu'il lui convient de considérer comme Hérétiques. - Jeux de mots; guerre de mots. L'Écriture annonce de faux docteurs; commencez donc par prouver, l'Écriture à la main, que ce n'est pas vous qui l'êtes.

Tous ces passages, d'autre part, sont autant d'arguments contre le système romain. Saint Pierre, comme saint Paul, annonce de faux docteurs; saint Pierre, comme saint Paul, se tait absolument sur l'existence d'une autorité visible à laquelle les fidèles aient à se rattacher. S'il n'en parle pas en ces endroits, c'est, évidemment, qu'il ne la connaissait pas.

Versets 2 et suiv. - Châtiment des corrupteurs et de ceux qui se laisseront séduire. Fausse et criminelle liberté des esclaves de la chair.


CHAPITRE III


473. Verset 18. Croissez dans la grâce, et dans la connaissance de notre Seigneur et Sauveur Jésus-Christ.

Connaître Jésus-Christ n'est pas seulement le connaître, mais avoir sous les veux tout son amour, toute son oeuvre ; croître dans cette connaissance est la plus belle et la plus exacte image des progrès du chrétien.

La tâche d'une Église est d'aider à cette croissance; celle qui n'y aidera pas ne sera pas véritablement chrétienne. L'Église romaine y aide-t-elle? Est-ce la connaissance de Jésus-Christ qu'elle enseigne, qu'elle développe? Est-ce d'elle que les chrétiens éminents qu'elle a comptés parmi ses membres avaient reçu cette connaissance ? Que savent de Jésus-Christ ceux qui n'en savent que ce qu'elle en dit? Et dans les pays où elle a pu, sans contrôle, façonner le christianisme à sa manière , que devient Jésus-Christ et l'oeuvre de Jésus-Christ? - Voir notes 359 et 478.

Et puisque c'est par cette belle image que l'apôtre termine sa seconde épître, puisque c'est là comme la dernière parole qu'il a léguée au monde, jetez un coup d'oeil, en terminant, sur l'ensemble de ces deux épîtres, et voyez si celui dont Rome a fait le premier pape est plus près que saint Paul ou que saint Jacques de prêcher ce qu'ont enseigné ses successeurs.

Rappelez-vous si vous avez vu, dans ces épîtres, ou quelque trace des prétentions papales, ou la Messe, ou le Purgatoire, ou la Confession, ou les Indulgences, ou les abstinences, ou le culte des saints, ou le culte des images, ou le célibat des prêtres; et, en particulier, tandis que la papauté actuelle ne sait ouvrir la bouche que pour vous parler de la Vierge, rappelez-vous si les deux épîtres de saint Pierre vous ont offert même son nom. 


(01) Le verset 19, Où il est question d'« esprits en prison » auxquels Jésus-Christ « alla prêcher, » a été cité en faveur de la doctrine du purgatoire.
Ce passage est un des plus difficiles de la Bible; mais, s'il est impossible de dire exactement ce qui nous y est enseigné. il est au moins facile de voir que ce n'est pas ce qu'on prétend.
Un seul mot, celui de prison, pourrait indiquer le purgatoire; le reste n'y a aucun rapport.
D'abord, le fait est énoncé comme ayant eu lieu une seule fois. Jésus « a alla prêcher. »

Or, s'il s'agit du purgatoire, peuplé tous les jours de nouvelles âmes, que signifie cette visite unique d'il y a bientôt deux mille ans?
Et à qui Jésus alla-t-il prêcher? A ceux. nous dit l'apôtre, qui avaient été rebelles. Quand? Du temps de Noé. Nouvelle preuve qu'il est question là d'un fait unique, non d'un fait qui aurait à se renouveler sans cesse.

Quand ces détails, enfin, seraient moins inconciliables avec la notion du purgatoire, que vaudrait encore une mention si obscure, si brève, à côté du complet silence que l'Écriture a gardé partout sur ce point , malgré , nous l'avons vu, tant d'occasions d'en parler?
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