457. Verset
1. Pierre,
apôtre de
Jésus-Christ...
Voici enfin deux
épîtres de saint Pierre. S'il a
été le chef de l'Église et le
vicaire de Jésus-Christ, il doit l'avoir dit
quelque part. Cherchez bien.
Vous remarquerez, en
attendant, que ces deux épîtres
viennent , non seulement après toutes celles
de saint Paul, mais encore après celle de
saint Jacques. Cet arrangement, qui date des
premiers siècles, dit beaucoup. Si saint
Pierre avait été regardé comme
le chef de l'Église, croyez-vous que ses
épîtres n'eussent pas
été mises les premières ? Ne
dites pas qu'on n'a eu égard qu'à
l'importance des écrits. Cette raison
expliquerait bien pourquoi saint Paul a
passé le premier , mais n'expliquerait point
pourquoi saint Jacques a passé encore avant
saint Pierre. Cette raison , d'ailleurs, ne vaut
rien. Courte ou longue, importante ou non , une
lettre du pape sera toujours et partout mise
à la première place , ou, par honneur
encore et comme couronnant l'oeuvre, à la
dernière. Saint Pierre n'a été
placé ni au commencement ni à la fin
; les premiers éditeurs du livre n'ont donc
pas pensé qu'il y eut lieu à lui
donner une place d'honneur. N'objectez pas que ses
épîtres nous ont été
transmises sous le nom d'épîtres
catholiques , autrement dit universelles ; trois
autres sont dans le même cas, et c'est une
preuve de plus de l'égalité des
apôtres. Les premiers siècles
n'auraient pas donné à des
épîtres de Jacques, de Jean, de Jude,
un titre qui leur eut paru n'appartenir, de droit,
qu'à celles de saint Pierre.
Versets 3
et suiv. -
Actions de grâces pour le salut assuré
aux chrétiens
régénérés. Comment leur
vie doit répondre à cette immense
bénédiction.
458.
Versets 18 et 19.
Sachant que ce n'est point par des choses
périssables, comme l'or ou l'argent, que
vous avez été rachetés... mais
par le précieux sang de
Jésus-Christ.
Ces deux systèmes
de rachat que l'apôtre déclare
incompatibles, l'Église romaine a
prétendu les unir ; elle admet le rachat par
le précieux sang de Jésus-Christ,
mais elle vend le droit d'y avoir part. Vous
achetez une messe, dix messes, une moitié de
messe, un quart de messe, absolument comme on
achète, au marché, une livre, dix
livres, une demi-livre ou un quart de livre de
n'importe quelle denrée. Mais voici le grand
embarras. Celui qui paie dix messes
reçoit-il plus que celui qui n'en paie
qu'une? Si vous lui répondez qu'il ne
reçoit pas davantage, il demandera pourquoi
donc vous lui en faites payer dix; si vous lui
répondez que l'effet augmente avec le
nombre, alors voilà le salut, non seulement
en vente, mais aux enchères , et le plus
sûr moyen d'y arriver , c'est d'être
riche. Que de bizarreries entassées! Que de
sacrilèges, plutôt !
Si le pape a
réellement le pouvoir de tirer les
âmes du Purgatoire, pourquoi ne pas les en
tirer toutes?- Quoique cette objection ait
été souvent faite sous forme de
plaisanterie et par des gens peu religieux , elle
n'en est pas moins grave. Un pape qui se croirait
tout de bon en possession d'un semblable pouvoir,
comment aurait-il l'affreux courage de ne tirer des
flammes que les gens payant ou pour qui l'on paie ?
Ou les papes sont des monstres d'injustice et de
cruauté, ou ce système , au fond ,
n'est pas sérieux. On ne veut qu'effrayer et
faire payer.
Union des chrétiens avec Jésus-Christ.
459.
Versets 4-8. Vous
approchant de lui comme de la pierre vivante... ,
entrez vous-mêmes, comme des pierres
vivantes, dans la structure de l'édifice...
C'est pourquoi il est dit dans l'Écriture:
Voici, je place en Sion une pierre angulaire,
choisie et précieuse, et quiconque croira en
elle ne sera point confondu... Mais, pour les
incrédules, cette même pierre que ceux
qui bâtissaient ont rejetée, et qui
est devenue la pierre angulaire, leur est une
pierre d'achoppement...
Voici donc saint
Pierre
lui-même développant l'image de la
pierre. Mais cette pierre, base de l'Église,
c'est, pour lui, Jésus-Christ, et vous voyez
qu'il n'ajoute point ni ne paraît se douter
le moins du monde que ce glorieux privilège
ait passé à lui , Pierre , ou doive
passer à qui que ce soit. Remarquez que la
manière même dont il développe
l'image exclut l'idée d'une succession, d'un
remplacement. « Approchez-vous de lui, comme
de la pierre vivante.» C'est donc Jésus
qui est actuellement la pierre, et les versets qui
suivent mettent également tout au
présent. Plus loin (verset 25),
l'apôtre va appeler Jésus
l'évêque de nos âmes , et ne
rien dire non plus, ni de lui, Pierre, ni de
personne, comme étant ou devant être
le successeur de ce pasteur suprême.
460. Verset
9. Mais
vous êtes la race élue la
sacrificature royale...
Nous avons dit
(note
236)
que les ministres de l'Évangile ne sont
jamais appelés, dans le Nouveau Testament,
du nom de sacrificateurs. Ce verset nous
contredit-il ?
Non , car saint
Pierre
parle ici de tous les chrétiens , et, par
conséquent, figurément. Il veut dire
que, sous la loi nouvelle, tous ont le
privilège de s'approcher de Dieu aussi
près que l'homme peut le faire ; Christ,
sacrificateur et roi, forme avec, l'ensemble des
fidèles, profondément unis à
lui, ce corps où la gloire du chef se
reproduit dans chacun des membres.
Ainsi, non seulement
ce
serait jouer sur les mots que de s'autoriser de ce
passage en faveur de l'idée romaine du
prêtre-sacrificateur, mais rien n'est plus
contraire à celle d'une sacrificature
organisée, d'un sacerdoce
hiérarchique : l'unique endroit où ce
mot de sacrificature est employé en parlant
de chrétiens, c'est un endroit où il
s'agit de tous, de leurs privilèges à
tous et de leur gloire à tous. Aucun doute ,
d'ailleurs, sur la portée toute spirituelle
de cette appellation, car, au verset 5 ,
l'apôtre avait déjà dit :
« Entrez vous-mêmes , comme des pierres
vivantes , dans la structure de l'édifice ,
pour être une maison spirituelle , une
sacrificature sainte , afin d'offrir des sacrifices
spirituels agréables à Dieu par
Jésus-Christ, » et nous avons vu
ailleurs (note 448 ) ce que l'Écriture
entend par de semblables sacrifices, effusions de
reconnaissance et d'amour. Bien donc ici n'indique
ni un sacrifice à offrir, ni un sacerdoce
pour l'offrir, dans le sens ordinaire de ces
mots.
L'histoire de la
Messe
confirme ces observations. Elle nous montre
l'idée de sacrifice s'établissant,
dans l'Église, après celle du
sacerdoce, pour la justifier, la compléter.
Le prêtre romain n'a pas été
fait pour la Messe ; c'est la Messe qui a
été faite pour le prêtre
romain.
Versets 11
et suiv.-
Conduite que les chrétiens doivent tenir au
milieu des choses du monde.
461.
Versets 15 et 14.
Soyez donc soumis, pour l'amour du Seigneur,
à tout ordre établi parmi les hommes,
au souverain, comme étant au-dessus de tous,
aux gouverneurs, comme à des gens
envoyés de sa part...
Saint Pierre a peu
l'air,
vous le voyez, de se croire au-dessus des rois;
entre ces paroles et les prétentions des
papes, il y a une telle distance qu'on a peine
à comprendre comment l'orgueil humain, tout
audacieux qu'il est, a pu la franchir. Direz-vous
que c'étaient là des conseils de
circonstance? Que l'Église, en ces premiers
temps, ne pouvait faire que ce que lui conseille
ici saint Pierre? Oui; mais comprenez-vous saint
Pierre, dans ce cas, ne faisant aucune
réserve, ne disant pas un mot pour rappeler
ce qu'il eût regardé comme ses droits,
comme ceux de ses successeurs, comme ceux de
l'Église? C'est pourtant ce même saint
Pierre qui disait si bien (Actes Y): « Il faut
obéir à Dieu plutôt qu'aux
hommes. » Il admet donc des cas où le
chrétien devra désobéir aux
puissances de la terre ; mais que le règne
de l'Église et de ses ministres doive
être de ce monde , dominer sur les princes de
ce monde - c'est ce dont vous ne trouverez , dans
sa vie et dans ses épîtres, aucune
trace.
Devoirs des maris et des femmes. Vivre en paix avec tous les hommes. Chercher la paix en Dieu.
462. Verset
12. Car
les yeux du Seigneur sont sur les justes, et ses
oreilles sont attentives à leurs
prières.
Tous les apôtres,
tous les livres du Nouveau Testament viennent
successivement vous dire que Dieu est prêt
à entendre vos prières; tous les
apôtres, tous les livres du Nouveau Testament
se taisent, vous le voyez, sur la
nécessité ou l'utilité de
faire passer vos prières par les
saints.
463. Verset
15. Soyez
toujours prêts à répondre pour
votre défense, avec douceur et respect,
à quiconque vous demandera raison de
l'espérance qui est en vous.
Voilà qui suppose
évidemment une connaissance raisonnée
des vérités de la foi. Serait-ce
rendre raison que de. dire sur chaque point: «
Mon curé me l'a dit, et c'est
l'Église qui l'enseigne ? » N'objectez
pas qu'il faudra donc que chacun soit un savant, un
docteur; nous avons expliqué (132)
ce
qu'est le droit et le devoir d'un chrétien
à cet égard. Saint Pierre n'entendait
évidemment pas que chacun fut tenu de savoir
répondre à tout; nous ne le demandons
pas plus que lui. Ce que nous demandons, c'est que
ce soit pour chacun et un droit et un devoir de
connaître, en religion, tout ce qui sera
à sa portée, d'élargir autant
qu'il le pourra le cercle de ses connaissances
religieuses, d'avoir enfin, autant que cela lui est
possible, une foi qui soit véritablement
à lui.
Versets 17
et suiv. -
Souffrir, à l'exemple de Jésus-Christ
(01),
les
persécutions du monde. Le déluge,
figure du baptême...
464. Verset
21. Non de
ce baptême qui nettoie les souillures du
corps, mais de celui qui est l'engagement d'une
bonne conscience devant Dieu, et c'est
celui-là qui nous sauve maintenant par la
résurrection de
Jésus-Christ.
A.
Le
baptême ne sauve donc pas par lui-même
; il ne sauve qu'autant que le baptisé,
fidèle à l'engagement qu'il a pris ou
qu'on a pris pour lui, soutenu, dans sa
fidélité, par les grâces que
figurait le baptême, conserve sa conscience
pure et met son espérance en
Jésus-Christ. Rien, dans l'Écriture,
ne nous montre cette nécessité
absolue du baptême que l'Église
romaine a enseignée, et qui l'a conduite
à cette doctrine affreuse de la perte
éternelle des enfants morts sans
baptême.
B.
Cette
vertu de conférer la grâce, vertu
magique, en quelque sorte, puisqu'elle est celle
d'une cérémonie et se passe du
concours de celui qui en est l'objet, -
l'Église romaine l'attribue à tous
les sacrements, et nous avons déjà
montré, à propos de
l'Extrême-Onction , combien cela est
contraire à la spiritualité de
l'Évangile.
Un sacrement n'est
et ne
peut être qu'un signe, un symbole, une
occasion de grâce ; en faire une cause de
grâce , c'est de la magie et du
matérialisme: Il se fit là-dessus ,
dans les débats du concile de Trente,
quelques réflexions fort sages ; mais on
était lié par ce qui venait
d'être décrété sur le
baptême, et on ne crut pas pouvoir accorder
moins aux autres sacrements.
Tous donc ils furent
déclarés conférant la
grâce par eux-mêmes , ex opere operato,
par la cérémonie qui en forme le
corps visible, et on laissa aux docteurs le soin de
s'arranger avec l'Évangile et le bon sens,
également contraires à cette doctrine
étrange. Fût-elle moins fausse en soi,
les faits en démontreraient assez la
fausseté.
Que devient,
demanderons-nous, cette masse énorme de
grâces perpétuellement versées,
par le fait des sacrements, sur le monde catholique
? Quel prêtre, surtout, communiant tous les
jours, pourrait ne pas être un saint? Et dans
les siècles où tout était
catholique, où l'administration des
sacrements avait toute l'activité, toute
l'extension possibles, - pourquoi fut-on si loin de
ce qu'aurait dû produire un si miraculeux
état de choses?
Ce que l'Évangile doit produire chez ceux qui ont passé des dissolutions du paganisme à la pureté chrétienne. Vigilance. Charité. Courage. L'attente du jugement.
465. Verset
18. Et si
le juste même n'est sauve qu'à peine,
que deviendront l'impie et le
pêcheur?
Le juste même n'est
sauvé qu'à peine, vous dit
l'apôtre, et tous les justes, tous les vrais
saints, ceux mêmes que l'Église
romaine a adopté, l'ont pensé, l'ont
dit comme saint Pierre. Comprenez donc, comme eux
et comme lui, ce que nous avons déjà
vit en tant d'endroits : Point d'homme qui puisse
avoir des mérites pour d'autres.
466. Verset
1. Voici
ce que je recommande aux Anciens qui sont parmi
vous, moi qui suis Ancien comme eux, et
témoin des souffrances de
Christ...
Le plus grand ennemi
des
papes n'imaginerait rien de plus embarrassant pour
eux que ces paroles de saint Pierre et celles qui
vont suivre.
Non seulement il ne
se
dit pas le chef suprême de ces Anciens, de
ces pasteurs qu'il exhorte, mais vous n'apercevrez,
dans toute l'exhortation , ni une idée ni un
mot qui indique ou suppose rien de tel.
On a essayé de
prétendre que la suprématie de saint
Pierre ressortait assez du fait même d'une
exhortation aux Anciens ; comme si sa charge
d'apôtre n'expliquait pas assez ce
rôle, et comme si nous n'avions pas vu saint
Paul en faire autant, ou plutôt davantage,
car le ton de saint Paul est beaucoup mieux celui
d'un chef. Saint Pierre, ici, ne rappelle pas
même son autorité d'apôtre. Moi
qui suis Ancien comme eux, dit-il, et la seule
supériorité qu'il s'attribue,
supériorité qui lui est commune avec
tous les apôtres, c'est d'avoir
été témoin des souffrances de
Christ. Il a parlé au chapitre
précédent (verset 11) des
ministères divers exercés dans
l'Église, mais sans rien dire d'un
ministère suprême; il va parler (au
verset 4) du prince des pasteurs, et ce prince des
pasteurs sera, comme partout, Jésus-Christ,
et l'apôtre ne dira rien d'un successeur ,
d'une succession quelconque.
Étrange pape!
Étrange prédécesseur de ceux
qui allaient s'emparer de "Tu es Pierre", et en
tirer de si prodigieuses
conséquences!
467.
Versets 2 et 5.
Paissez le troupeau de Dieu dont vous êtes
chargés, veillant sur lui, non par
contrainte, mais de bon gré, non pour un
gain sordide, mais par affection, non en dominant
sur les héritages du Seigneur, mais en
devenant les modèles du
troupeau.
Autant de conseils
que
l'Église romaine a peu suivis, et qui n'ont
été nulle part plus violés
qu'à Rome même, par les soi-disant
héritiers de celui qui les avait
écrits. C'est là, sur ce
prétendu trône de saint Pierre ,
qu'ont vécu les pasteurs les plus indignes;
c'est là que le gain sordide a le plus
ouvertement et le plus scandaleusement joué
son rôle; c'est là que l'esprit de
domination s'est montré plus hautain et plus
hardi que sur aucun autre trône de la
terre.
468. Verset
5. De
votre côté, vous, plus jeunes,
soumettez-vous aux Anciens, et, vous soumettant
tous les uns aux autres, revêtez-vous
d'humilité.
En tronquant ce
verset,
on en a fait une des colonnes du despotisme
clérical. « Soumettez-vous aux
prêtres, » vous dit-on, et on s'en tient
là. Saint Pierre demande bien qu'on soit
soumis aux pasteurs; mais c'est au moment où
il vient de leur dire à eux-mêmes
qu'ils ne doivent pas dominer sur les
héritages dît Seigneur, et il ajoute ,
ce qui est plus significatif encore ... « Vous
soumettant tous les tins aux autres,
revêtez-vous d'humilité. » Le
pasteur a donc à être humble devant
les simples fidèles, comme les simples
fidèles devant lui, et l'apôtre , au
verset suivant, prêche encore à tous
l'humilité. L'ensemble est donc tout autre
que ce qu'on a prétendu voir dans quelques
mots, isolés et arrangés.
469. Verset
15.
L'Église qui est à Babylone,
élue comme vous, et mon fils Marc, vous
saluent.
Babylone, ont dit
les
commentateurs romains, c'est Rome; donc Pierre a
écrit de Rome.- Voilà, dans tout le
Nouveau Testament, le seul mot auquel on ait pu
essayer de rattacher la tradition du séjour
de saint Pierre à Rome.
Rome, dans
l'Apocalypse,
est appelée Babylone ; mais, ce nom
figuré que l'Apocalypse n'emploie qu'au
milieu de ses plus poétiques pages, comment
admettre que Pierre l'eut ainsi jeté dans un
morceau simple et froid, dans une salutation,
à côté d'un nom d'homme, mon
fils Marc? D'ailleurs, au lieu de s'imaginer battre
en brèche, avec cet unique mot, les
arguments de toute espèce que le Nouveau
Testament nous a fournis (voir à la Table)
contre le séjour de Pierre à Rome,
c'est à nos adversaires à
défendre ce mot même contre tous ces
arguments réunis. Le silence des Actes, des
Épîtres, les passages nombreux, et des
Épîtres et des Actes, que nous avons
montrés absolument inconciliables avec un
séjour de Pierre à Rome, -
voilà tout autant de raisons pour que la
Babylone de saint Pierre ne puisse être ce
qu'on prétend.
En d'autres termes,
aussi
longtemps que ces arguments subsistent, Babylone,
ici, ne peut pas signifier Rome, et, d'autre part,
aussi longtemps que Babylone ne peut pas signifier
Rome, tous ces arguments subsistent. Voilà
le cercle dans lequel on est condamné
à tourner.
Salutation. - Faire de continuels progrès dans la sainteté de la vie et la fermeté de la toi. Pierre annonce sa fin prochaine.
470. Verset
15. Mais
j'aurai soin qu'après mon départ,
vous puissiez toujours vous souvenir de ces
choses.
L'apôtre ne
s'expliquant pas sur les moyens qu'il compte
employer dans ce but, on a profité de son
silence pour voir dans ce verset tout le
système de l'Église romaine,
autorité enseignante, infaillibilité,
etc.
Il est évident, au
contraire, qu'une promesse en termes si
généraux exclut l'idée d'une
autorité visible, hiérarchiquement
organisée, infaillible ; un homme dont la
pensée serait de vous recommander
l'obéissance à un corps de docteurs
dirigés par le Saint-Esprit, jamais vous ne
comprendrez qu'il se bornât à dire :
« Je prendrai soin que vous puissiez vous
souvenir» de ce que je vous ai
enseigné. Les mots mêmes condamnent
l'interprétation romaine. Remarquez, en
effet, ce futur : et Je prendrai
soin.»
A quelle époque
écrit-il cela?
Il vient de dire
qu'il
n'est pas loin de sa fin, et ce détail nous
place au moins à trente ans de la mort du
Sauveur. Pierre aurait donc été
trente ans le chef de l'Église, sans
établir, sans proclamer, au moins, un
système en dehors duquel, nous dit-on,
l'Église tombe en poussière? Il en
serait, au bout de trente ans, à ne pas en
parler comme d'une chose existante, comme, mais
comme d'une chose à laquelle il avisera? Je
prendrai soin! Mais est-ce là, en tout cas,
ce qu'il devrait dire? Vous enseignez que
l'autorité visible et infaillible est une
institution de Jésus-Christ ; est-ce que
saint Pierre en parlerait comme d'une chose venant
de lui, de lui, Pierre? Un plan divin se
changerait-il, sous sa plume, en un simple projet
conçu par lui? Est-ce lui qui dirait :
« Je prendrai soin, » quand il s'agirait
d'un soin pris, depuis tant d'années, par
son maître, et des projets éternels de
Dieu pour la conservation de la
vérité sur la terre?
De quoi parle-t-il
donc?
- Quelques interprètes ont pensé
qu'il faisait allusion à l'Évangile
de saint Marc, composé sous ses yeux; le
verset suivant appuierait cette supposition.
D'autres explications ont aussi été
proposées. Nous n'avons pas à les
discuter ici ; il nous suffit que l'explication
romaine soit démontrée
inadmissible.
Versets 17
et suiv. -
Grandeur du Christ. Clarté des
prophéties depuis leur accomplissement en
lui.
471. Verset
20.-...
Nulle prophétie de l'Écriture n'est
d'une interprétation
particulière.
Donc, nous dit-on ,
c'est
à l'Église qu'il appartient de les
expliquer.
Nous avons vu
(note
224)
ce qui contredit, en fait, cette conclusion : c'est
que l'Église romaine ne l'a jamais mise en
pratique , n'ayant jamais donné à ses
fidèles une interprétation des
prophéties.
L'eût-elle fait, le
sens de ce passage ne serait encore nullement celui
qu'elle veut y voir. Lisez de 19 à 21 , et
vous verrez que cette « interprétation
particulière» n'est point celle de
quelqu'un interprétant la prophétie,
mais de la prophétie s'interprétant
elle-même, par elle-même. Le sens est
donc qu'aucune prophétie n'est sans voiles
aussi longtemps que Dieu, maître des
événements, ne l'a pas lui-même
interprétée en l'accomplissant. La
traduction exacte serait : « Aucune
prophétie n'a, en soi, de quoi s'expliquer
seule et par elle-même.» En d'autres
termes: Il faut que le Saint-Esprit, qui l'a
dictée, nous l'explique lui-même, et
c'est par les événements que
l'explication nous arrive.
472. Verset
1. De
même qu'il y a eu de faux prophètes
parmi le peuple, il y aura aussi parmi vous de faux
docteurs, qui introduiront sourdement des schismes
pernicieux...
Toutes les
déclarations de ce genre, l'Église
romaine les applique à ceux qu'il lui
convient de considérer comme
Hérétiques. - Jeux de mots; guerre de
mots. L'Écriture annonce de faux docteurs;
commencez donc par prouver, l'Écriture
à la main, que ce n'est pas vous qui
l'êtes.
Tous ces passages,
d'autre part, sont autant d'arguments contre le
système romain. Saint Pierre, comme saint
Paul, annonce de faux docteurs; saint Pierre, comme
saint Paul, se tait absolument sur l'existence
d'une autorité visible à laquelle les
fidèles aient à se rattacher. S'il
n'en parle pas en ces endroits, c'est,
évidemment, qu'il ne la connaissait
pas.
Versets 2
et suiv. -
Châtiment des corrupteurs et de ceux qui se
laisseront séduire. Fausse et criminelle
liberté des esclaves de la chair.
473. Verset
18.
Croissez dans la grâce, et dans la
connaissance de notre Seigneur et Sauveur
Jésus-Christ.
Connaître
Jésus-Christ n'est pas seulement le
connaître, mais avoir sous les veux tout son
amour, toute son oeuvre ; croître dans cette
connaissance est la plus belle et la plus exacte
image des progrès du
chrétien.
La tâche d'une
Église est d'aider à cette
croissance; celle qui n'y aidera pas ne sera pas
véritablement chrétienne.
L'Église romaine y aide-t-elle? Est-ce la
connaissance de Jésus-Christ qu'elle
enseigne, qu'elle développe? Est-ce d'elle
que les chrétiens éminents qu'elle a
comptés parmi ses membres avaient
reçu cette connaissance ? Que savent de
Jésus-Christ ceux qui n'en savent que ce
qu'elle en dit? Et dans les pays où elle a
pu, sans contrôle, façonner le
christianisme à sa manière , que
devient Jésus-Christ et l'oeuvre de
Jésus-Christ? - Voir notes 359
et 478.
Et puisque c'est par
cette belle image que l'apôtre termine sa
seconde épître, puisque c'est
là comme la dernière parole qu'il a
léguée au monde, jetez un coup
d'oeil, en terminant, sur l'ensemble de ces deux
épîtres, et voyez si celui dont Rome a
fait le premier pape est plus près que saint
Paul ou que saint Jacques de prêcher ce
qu'ont enseigné ses successeurs.
Rappelez-vous si
vous
avez vu, dans ces épîtres, ou quelque
trace des prétentions papales, ou la Messe,
ou le Purgatoire, ou la Confession, ou les
Indulgences, ou les abstinences, ou le culte des
saints, ou le culte des images, ou le
célibat des prêtres; et, en
particulier, tandis que la papauté actuelle
ne sait ouvrir la bouche que pour vous parler de la
Vierge, rappelez-vous si les deux
épîtres de saint Pierre vous ont
offert même son nom.
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