Salutation. Les épreuves. La patience. La prière. Les tentations.
450. Verset
17. Toute
grâce excellente et tout don parfait vient
d'en haut, et descend du Père des
lumières.
L'Église romaine
ne nie pas, en théorie, que toute
grâce ne vienne de Dieu ; ce que nous lui
reprochons, c'est de conduire les hommes à
l'oublier. Un saint qu'elle vous aura
enseigné à prier dans tous vos
besoins, comment pourriez-vous ne pas en venir
à le considérer comme l'auteur de
tout le bien qui vous arrive? Vous pourrez bien
encore, quand on vous interrogera, répondre
que ce saint n'a été que
l'intercesseur, que le canal; mais, dans le cours
ordinaire de vos sentiments et de vos
pensées, c'est lui que vous aurez eu devant
les yeux, lui que vous aurez remercié, lui
que vous aurez aimé. Qu'importe,
après cela, que vous sachiez énoncer,
dans l'occasion, une idée un peu moins
fausse? Votre idée, ,votre sentiment
habituel n'en aura pas moins été
faux. Or, ce sentiment faux, nous avons vu que
l'Église romaine le développe
aujourd'hui plus que jamais, surtout en ce qui
tient à la Vierge. De plus en plus on
enseigne à lui tout demander et à
tout attendre d'elle ; de plus en plus nous
l'entendons invoquer et remercier comme reine,
comme déesse, comme source divine de tous
les biens attendus ou reçus.
451. Verset
25. La loi
parfaite, qui est celle de la
liberté...
Saint Jacques, comme
saint Paul, voit la perfection du christianisme
dans sa spiritualité l'Évangile est
la loi parfaite, parce qu'il est celle de la
liberté, celle qui nous affranchit des
observances matérielles, nous prescrit un
culte spirituel et vivant, nous place sous l'empire
tout spirituel de Dieu. Cette déclaration
est d'autant plus remarquable chez saint Jacques,
que son épître nous
révèle une tendance plus pratique.
Sans attribuer plus que saint Paul le salut aux
vertus de l'homme, il presse avec plus de
détails la nécessité des
oeuvres , comme preuves, comme incarnations de la
foi. Mais, ces oeuvres qu'il prêche, ce sont
les bonnes oeuvres, bienfaisance, support,
charité sous toutes ses formes; les oeuvres
cérémonielles, les observances, les
pratiques, le salut attaché, à
quelque degré que ce soit, à la
fidélité dans des choses de ce genre,
- cherchez s'il en dira un seul mot, lui, pourtant,
nous le répétons, qui insiste avec
tant de force sur la nécessité des
oeuvres.
Égalité du riche et du pauvre. Ne nous reposons pas sur ce que nous aurons observé certaines parties de la loi de Dieu.
452. Verset
10. Car
quiconque aura observé toute la loi, s'il
vient à pécher contre un seul
commandement, est coupable, aussi bien que s'il les
avait tous violés.
La loi de Dieu est
un
tout, un ensemble unique; mais l'homme, par un
calcul dont il ne se rend pas compte, la divise et
la subdivise, observant ceci, violant cela,
élargissant insensiblement le cercle dans
lequel il péchera sans remords. C'est contre
ce calcul que saint Jacques veut nous
prémunir. L'Église romaine, au
contraire, l'encourage et le sanctionne ; sa
distinction des péchés en
véniels et mortels n'est autre chose que ce
calcul même, régularisé, devenu
doctrine, d'autant plus dangereux, par
conséquent, qu'on s'y livrera sans scrupule.
Une parole de Jésus-Christ nous a
déjà montré (note
11)
que, pour le chrétien véritable, il
n'y a point de petits péchés. Un bon
fils ne se permettra pas mieux d'offenser son
père dans les petites choses que dans les
grandes ; un père ou un maître
montrerait bien peu de sagesse et de bon sens s'il
enseignait à ce fils à entrer dans
ces distinctions.
Versets 14
et suiv. -
La foi et les oeuvres. La foi sans les oeuvres est
morte.
453. Verset
2 1. Notre
père Abraham ne fut-il pas justifié
par les oeuvres, lorsqu'il offrit son fils Isaac
sur l'autel?
Aucune contradiction
entre ce que dit ici saint Jacques et ce que nous
avons dit, avec saint Paul, contre l'idée du
salut acheté, en tout ou en partie, par les
oeuvres. Cette oeuvre par laquelle il est dit
qu'Abraham fut justifié, c'est une oeuvre
qui ne venait et ne pouvait venir que d'une foi
profonde, ardente ; être justifié par
une oeuvre de ce genre , fruit évident de la
foi seule , c'est l'être par la
foi.
Ce que l'apôtre
veut dire , c'est que l'absence de cette oeuvre, le
refus d'Abraham d'obéir à l'ordre de
Dieu, eût montré qu'il n'avait qu'une
foi morte ; il a donc été
justifié, non par l'oeuvre, mais par la foi
dont l'oeuvre n'était que la manifestation.
En d'autres termes, nous sommes justifiés
par la foi, mais par la foi vivante ; la foi
vivante étant celle qui produit les oeuvres,
les oeuvres deviennent ainsi la marque de la
justification, et, là où il n'y a pas
les oeuvres, il n'y a pas justification non plus,
mais parce qu'il n'y a pas la foi
vivante.
Tout cela, d'autre
part,
confirme que la doctrine du salut par la foi, non
seulement n'est pas hostile aux oeuvres, mais y
pousse plus que toute autre. La foi sans les
oeuvres est morte, nous dit l'apôtre au
verset 20, et il le' répète au verset
26. Nous avons vu saint Paul (note
431)
dire la même chose en d'autres termes, mais
tout aussi nettement.
Que chacun veille sur sa langue, car elle est la cause ou l'occasion d'une foule de péchés. Nature et caractères de la sagesse selon Dieu. Elle aime la paix, et la produit.
Les passions. Entre autres mauvais effets, elles ont celui de nous inspirer de mauvaises prières.
454. Verset
8.
Approchez-vous de Dieu, et il s'approchera de
vous.
Nous voici bientôt
à la fin du Nouveau Testament. Avez-vous
trouvé un seul endroit où il vous
fût ordonné ni conseillé de
vous approcher de Dieu autrement que directement,
ou par quelque autre que
Jésus-Christ?
Mais ce que
l'apôtre a dit, dans les versets
précédents, sur la
nécessité de ne s'approcher de Dieu
qu'avec des prières dignes de lui être
adressées , nous conduirait à
rappeler un des grands inconvénients de
l'invocation des saints.
Cet inconvénient,
c'est qu'on arrive à leur adresser des
prières que jamais on n'eût
adressées à Dieu, prières
futiles, prières coupables , prières
abaissant le ciel au niveau de tous les
intérêts et de toutes les passions. La
possibilité d'exprimer des voeux quelconques
vous encourage à les concevoir sans scrupule
; plus on est dévot à son patron,
mieux on ose lui dire et lui demander n'importe
quoi. C'est ce qui est surtout frappant dans le
culte de la Vierge. Les fidèles, surtout les
femmes, sont arrivés, dans quelques pays,
à ne plus avoir en Marie qu'une confidente
intime de toutes leurs faiblesses. La sagesse et la
justice éternelles n'existent plus que sous
les traits d'une femme plus indulgente, plus faible
que ne le sera jamais une femme ordinaire un peu
chrétienne et un peu
sérieuse.
On s'imagine
l'honorer en
se la représentant toujours plus accessible
à tous, toujours plus prête à
protéger quiconque aura recouru à
elle. Le clergé, au lieu de rectifier ce
sentiment, l'exploite. Vous n'entendez
qu'exhortations à tout demander à
Marie, que récits merveilleux sur les
résultats obtenus, et, souvent, dans les
exemples cités, les prières les plus
étranges sont celles qui sont
racontées comme ayant eu le plus de
succès.
Versets 9
et suiv. -
L'humilité. Ne pas juger. Se rappeler la
fragilité de la vie et la toute-puissance de
Dieu.
Les mauvais riches. La patience. Le serment. Les maladies.
455.
Versets 14 et 45.
Quelqu'un parmi vous est-il malade, qu'il appelle
les Anciens de l'Église, et qu'ils prient
pour lui, l'oignant d'huile au nom du Seigneur. Et
la prière de la foi sauvera le malade, et le
Seigneur le relèvera, et, s'il a commis des
péchés, ils lui seront
pardonnés.
Voilà, au premier
abord, l'Extrême-Onction. Regardez de plus
près, et vous ne la verrez plus.
Même avant
d'examiner les détails, on pourrait
déjà s'étonner qu'une
institution si importante n'eût
été mentionnée, dans tout le
nouveau Testament, qu'une fois, car nous avons
montré que, dans saint Marc (VI, 13), ce
n'est pas de cela qu'il est question. - Mais
passons.
Remarquez donc,
d'abord,
que les effets sont attribués ici, non
à l'onction, mais à la prière.
Et la prière de la foi sauvera le malade.
Voilà qui réduit déjà
notablement l'importance de l'onction, ancien usage
oriental que l'apôtre n'a pas cru devoir
condamner, mais qu'il ne sanctionne qu'en passant
et tout à fait incidemment. « Que les
Anciens prient pour lui, l'oignant d'huile au nom
du Seigneur, et la prière de la foi..,. -
etc.),
Remarquez ensuite
qu'un
des deux effets indiqués est un effet
miraculeux, celui de guérir le malade.
« La prière de la foi sauvera le
malade; le Seigneur le relèvera. »
Est-ce là ce qu'on enseigne sur
l'Extrême-Onction ? Nullement ; on ne
l'administre , au contraire, que comme une
dernière et suprême préparation
à la mort.
Mais si les effets
de
l'Extrême-Onction ne sont pas ceux de
l'onction dont parle saint Jacques, pouvez-vous
dire qu'il ait enseigné
l'Extrême-Onction ?
Pour la fonder sur
ces
quelques mots , il faudrait s'en tenir à ce
que ces mots enseignent, - et vous ne le pouvez
pas. La Vulgate essaie d'adoucir. Au lieu d'une
guérison miraculeuse, elle indique un simple
soulagement , et nous voilà un peu moins
loin de l'Extrême-Onction romaine. Mais le
texte grec est inexorable. Il nous transporte dans
l'économie miraculeuse des premières
années de l'Église, et, pour en tirer
l'extrême-onction, il faut commencer par
l'arranger en vue de
l'Extrême-Onction.
Mais, dira-t-on, une
chose reste pourtant. L'apôtre a parlé
d'une onction ; il ne l'a pas
désapprouvée. Pourquoi repousser
l'usage d'une onction ?
C'est, d'abord,
parce
qu'il ne nous paraît pas que les paroles de
saint Jacques renferment un ordre positif. Ce
sentiment a été celui des premiers
siècles, car il s'est passé bien du
temps avant que l'Église adoptât et
généralisât l'usage
mentionné par cet apôtre. L'histoire
nous a conservé des détails sur la
mort de beaucoup de personnages des premiers
siècles, et l'Extrême-Onction n'y
figure pas.
Autorisés donc et
par la forme du conseil de saint Jacques, et par le
silence, des autres apôtres, et par celui de
l'histoire aux premiers siècles, nous avons
pu nous considérer comme libres de ne pas
admettre un usage qui ne pouvait plus, d'ailleurs,
avoir le sens qu'indique saint Jacques.
Privée de son élément
miraculeux, employée, non en vue de la
guérison du malade , mais uniquement en vue
de son salut, l'Extrême-Onction devenait
nécessairement la source d'une
sécurité fausse et dangereuse. On ne
demande plus si un malade est mort
chrétiennement, mais s'il a reçu
l'Extrême-Onction ; on ne demande même
pas s'il l'a reçue ayant encore ses sens ,
pouvant éprouver les sentiments qu'elle
suppose, mais simplement s'il l'a reçue ;
c'est l'onction même , c'est l'huile , qui
est supposée ouvrir le ciel. On a beau ne
pas enseigner officiellement cela; on l'enseigne
assez par cela seul qu'on administre souvent
l'Extrême-Onction à des malades sans
connaissance, abus qu'il est impossible
d'éviter. De là,
nécessairement, une foi superstitieuse en la
vertu magique de l'onction ; de là une
déplorable brèche à la
spiritualité de l'Évangile. C'est ce
qu'ont voulu éviter ceux qui ont aboli
l'Extrême-Onction ; c'est, fort probablement,
ce qui avait empêché les premiers
siècles d'en adopter l'usage. Elle n'a pu
s'établir qu'à une époque
où le christianisme était
déjà plus ou moins
éloigné de sa spiritualité
première.
456. Verset
16.
Confessez vos fautes les uns aux
autres.
Si on vous dit que
voilà la confession , répondez qu'il
est impossible, au contraire, que l'apôtre
eut ainsi parlé si elle eut
été en usage ou qu'il eut voulu
l'établir. Quelle trace avez-vous là
du droit de lier et de délier ? « Priez
les uns pour les autres, afin que vous soyez
guéris, car la prière du juste, faite
avec ferveur, a une grande efficace. »
Voilà la fin du verset.
Confession mutuelle
des
péchés ; prière, ensuite, de
tous pour tous, afin que Dieu ait pitié de
tous. La Vulgate essaie, encore ici, de venir en
aide au sens romain, et, grâce à elle,
au lieu de : « Confessez vos fautes les uns
aux autres, » Sacy a pu traduire: , Confessez
vos fautes l'un, à l'autre,» ce qui a
un peu plus l'air d'un entretien à deux.
Malgré cela, rien encore n'indique un
ministère officiel , exercé par qui
que ce soit. L'apôtre, immédiatement
ayant, quand il s'agissait de l'onction à
administrer aux malades, a dit d'appeler les
Anciens, les prêtres ; ici, nulle mention
d'eux. Jamais vous n'imaginerez un docteur romain
parlant de la confession des péchés,
du pardon des péchés, sans dire un
mot de la confession sacramentelle, de l'absolution
ni du prêtre.
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