Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.

NOUVELLES DES CANTONS.

Nouvelles des cantons
Nouvelles diverses
Un extrait de l'Institution chrétienne

Noms propres de cette page
 
FEUILLETON DU CHRONIQUEUR.
Ce qui se passa le 28 août, jour de Monsieur saint-Augustin dans le couvent de sainte-Claire

La Diète des Ligues Suisses va de nouveau se réunir à Baden. Les affaires de Genève y seront une fois encore mises sous les yeux des Confédérés. Messieurs de Genève ont choisi pour leurs ambassadeurs C. Savoie, Jean Lullin et G. Des Clefs, qui ont été prendre à Berne Ami Porral et se présenteront avec lui devant les députés des Cantons. Les ambassadeurs du Duc sont partis de leur côté. On se demande, non sans quelque anxiété, quelle est l'issue probable de ce débat. Le fond de la querelle ne change point.
La position des parties demeure aussi la même depuis long temps. Nous avons sous les yeux deux lettres adressées aux Seigneurs de Berne, l'une par M. de Lullin, gouverneur de Vaud, l'autre par MM. de Genève. Les Genevois redisent leur triste situation.

Leurs ennemis tiennent tous les passages et font de continuelles approches. Tantôt on les voit venir par la route de Gex, tantôt par le chemin de Thonon.
Ils ont avec eux six pièces de grosse artillerie. Les gentils-hommes de Faucigny, aux belles casaques blanches, se tiennent prêts à descendre au premier signal. Genève supplie très humblement et très affectueusement leurs Excellences d'envoyer aide et secours à pauvres gens perdus, qui s'offrent à elle et tout le leur, à leur plaisir, pour les satisfaire. - M. de Lullin s'assure de son côté que MM. de Berne ne seront point assez déraisonnables pour avoir à contre coeur la personne de son redouté prince, ou ses sujets, leurs bons voisins, pour chose dont ils ne sont coupables ni consentans. Il les prie de s'en prendre à l'Évêque seul, à ses impériaux et à ses Bourguignons. Que si quelques hostilités ont été commises; si, par exemple, de la marchandise appartenant à des Genevois se trouve avoir été capturée sur le lac par les gens de Nyon, rien, n'empêche que les négocians lésés ne suivent les voies de droit et ne fassent poursuite selon les lois et coutumes du pays. Il n'a point entendu dire que la défense de mener des vivres à Genève ait été renouvelée.

On le voit la question en est restée aux mêmes termes. Mais est-il peut-être survenu quelque changement dans la situation des Cantons? Entrons à ce sujet dans quelques détails et essayons de rendre l'état de la Confédération à l'intérieur, depuis les jours de la bataille de Cappel.

Zurich, par le traité de paix qui suivit cette guerre malheureuse, se soumettait à laisser les cinq cantons catholiques « dans la pleine possession de la véritable foi chrétienne, sans les troubler par des arguties ou des disputes; et sans attaquer ce qui est inattaquable. » Elle avait, le coeur dans le deuil, signé cet engagement. Il lui restait à payer avec Berne les frais de la Guerre.

À Berne, la caisse de l'état était épuisée. Le crédit de Zurich était tombé si bas qu'elle ne trouva à emprunter ni à Bâle ni à Strasbourg. Les deux villes jetaient de tristes regards sur leur humiliation et sur leurs portes. Celle qui avait couru au combat reprochait à l'autre ses lenteurs et sa conduite équivoque ; Berne à son tour accusait de tous ses malheurs la précipitation de Zurich. Les sujets des deux républiques faisaient entendre des plaintes amères sur la conduite des gouvernemens et sur celle des gens d'Eglise. Tels étaient pour les cantons réformés les résultats de la guerre.
Les catholiques au contraire contemplaient ces résultats en poussant des cris de victoire. Ils usaient largement du droit du vainqueur et rétablissaient en tous lieux leur culte dans les bailliages communs. Moines et religieuses de rentrer dans les cellules abandonnées de Rheinau, de Wettingen, d'Einsidlen et de Mouri. La restauration ne rencontrait pas de résistance. Un traité de combourgeoisie unissait les villes réformées entr'elles ; elles furent contraintes de le livrer; on nous raconte qu'un jour les députés des cinq Cantons parurent en diète portant à leur ceinture les lambeaux de ce traité et que les envoyés des villes humiliées furent réduits à dévorer cet affront.

Voilà donc la Suisse brisée en deux camps et dans l'un de ces camps habite la confiance, dans l'autre l'inquiétude et la timidité. Cependant un fait n'a pas tardé à se faire jour dans les cantons évangéliques, c'est le témoignage de l'attachement du peuple à la réformation. Les populations, parmi les plaintes qu'elles ont proférées, ont toujours réservé l'Évangile. « Entendez-nous bien, ont dit les paysans zuricois à leurs Seigneurs, aucun de nous ne songe à se départir de la Parole de Dieu. » Les campagnards bernois ont fait la même profession.

Cette semence divine n'est donc pas sans avoir jeté dans les coeurs des racines plus ou moins profondes. Les villes de Berne, de Bâle et de Zurich ont à la fois appelé Bullinger, le plus distingué des prédicateurs de la foi nouvelle, à venir remplir la place de leur premier pasteur; on sait qu'il a choisi Zurich et qu'il y tient honorablement le lieu qu'occupait Zwingli.

Sur le bruit répandu qu'Ennius, le légat du St-Siège, avait offert aux Zuricois d'acheter son retour dans leurs murs, en leur payant leurs pensions arriérées, tout le peuple du canton s'émut, et le Conseil crut devoir dissiper ces craintes par un mandat qui témoignait de son attachement inébranlable à la réforme. La reconnaissance des bourgeois et des paysans pour la révolution accomplie et pour les bienfaits qu'elle leur a procurés pouvait donc être considérée comme un fait certain, et ce fait, les gouvernemens s'en sont prévalus. Ils se sont adressés à leurs sujets avec fermeté, avec douceur, avec espoir. Ils leur ont parlé ce langage auquel le peuple est toujours prompt à croire. Peu à peu les esprits se sont relevés. La confiance de la nation fait la force des cités républicaines.

Les villes ont reconnu à des signes non équivoques qu'elles avaient recouvré celle de leurs ressortissans. Bâle avait été contrainte, en 1525, par les paysans révoltés de la campagne, à les affranchir de la servitude; les paysans viennent de lui offrir leur soumission et de rentrer volontairement sous le joug. Les villes de Berne et de Bâle ont fait de nouveau, le 5 novembre 1533, une alliance particulière. Berne et Zurich ont repris dans les diètes leur attitude et leur langage accoutumé. L'équilibre semble être rétabli entre les deux partis qui divisent la Confédération. Néanmoins, il faut le dire, les réformés ont, dans plus d'une occasion, laissé voir que des traces de crainte sont demeurées attachées à leurs esprits. Leur conduite dans les affaires de Soleure suffirait à le montrer. Entrons sur les révolutions de cette ville dans quelques détails.

Les catholiques soleurois n'avaient pas vu sans une vive douleur le contingent du canton grossir les rangs des réformés dans les jours de la guerre de Cappel ; mais jusqu'à la conclusion de la paix, ils avaient contenu leur ressentiment. Ils éclatèrent alors en mouvement tumultueux. La messe fut rétablie dans l'église de St-Ours, la demeure du pasteur réformé fut livrée au pillage, et l'officier qui avait commandé le contingent soleurois fut, sans l'avoir mérité, accusé de sacrilège.
Sur ces entrefaites, les cinq cantons laissèrent à Soleure le choix d'acheter la paix 800 couronnes ou d'abolir le culte réformé. Le dernier de ces deux partis fut celui vers lequel se porta la multitude ; les citoyens les plus éclairés et les meilleurs plaidèrent vivement pour le premier. Pressé d'une et d'autre part le Conseil fut long-temps à hésiter. Un homme sage, humain, libre de préjugés, l'avoyer Wengi, était à la tête de la république. Il fut près d'amener les esprits dans une voie qu'il espérait faire agréer aux cinq cantons par l'intervention de l'ambassade française; c'était de laisser aux réformés la charge des 800 couronnes à payer et de leur concéder en échange le libre exercice de leur culte. Mais la violence l'emporta sur ces nobles intentions.

Les catholiques redoublant de menaces contraignirent les amis de l'Évangile à transporter hors des murs le lieu de leurs assemblées. Dans le même temps il arriva à Soleure un moine fribourgeois, fameux par le débordement de ses moeurs et par son fanatisme; le père Jérôme montra à ses auditeurs enflammés le Sauveur du monde pleurant sur la profanation de ses autels; il sut si bien accroître leur exaspération que les réformés, désespérant de la possibilité d'un rapprochement, ne songèrent plus qu'à conquérir par l'épée la reconnaissance de leur droit ; ils résolurent de s'emparer le 30 octobre, à midi, des portes et de l'arsenal, et de ne déposer les armes qu'après que le libre exercice de leur culte leur aurait été garanti. Mais l'avoyer, instruit de leur dessein deux heures avant celle où ils devaient l'exécuter, se hâta de faire retarder l'horloge de la ville et d'appeler à lui quelques-uns des membres du Conseil.

Les réformés, quelque peu déconcertés, s'assemblèrent néanmoins devant l'arsenal. Les catholiques coururent se ranger vis-à-vis d'eux. Alors Wengi, passant d'un rang à l'autre, et ne se lassant point de faire entendre aux deux partis la voix de la patrie et de la modération, les conjura de poser les armes et de remettre au grand Conseil le soin de leurs intérêts; ils lui promirent de le faire. Bientôt cependant les réformés, en proie au repentir et à la méfiance, se rallièrent, rompirent le pont de l'Aar, et se jetèrent dans les faubourgs. Dès ce moment la fureur de leurs adversaires ne connut plus de bornes ; ils envahirent l'arsenal, traînèrent l'artillerie au bord du fleuve, et déjà ils avaient lancé un premier boulet à la rive opposée, quand l'avoyer accourut. Une seconde pièce allait faire feu ; Wengi se précipita à la bouche du canon en s'écriant : « Je serai le premier que vous frapperez. Regardez à deux fois à ce que vous faites (1*) » La multitude recula étonnée; elle se dissipa et le reste du jour fut tranquille.

Le grand Conseil s'assembla le lendemain. Il invita ceux de ses membres qui professaient la religion réformée à venir prendre part à ses délibérations ; mais ils se refusèrent à siéger. On fit ce qu'il était possible de faire pour empêcher l'éruption de nouvelles hostilités. Le soin de travailler à une pacification fut confié à une commission, dans laquelle on fit entrer les habitans de la campagne. La commission entra en pourparler avec les réformés et avec les envoyés accourus de toutes les parties de la Confédération. Mais tandis qu'elle poursuivait sa tâche, on eut le temps de reconnaître l'attachement de la grande partie du peuple à ses croyances d'habitude ; le nombre des réformés se réduisit encore par la défection ; il ne se composa bientôt plus que d'une poignée d'hommes fermes et persévérans. Alors on ne songea plus à employer envers eux d'autres moyens que ceux de la sévérité ; on leur imposa de fortes amendes, et l'on finit par les contraindre à choisir entre leur patrie et leur foi. Les suites de cette mesure furent beaucoup de malheurs domestiques et l'émigration de plus de soixante et dix familles. C'est le prix que Soleure a donné pour rentrer sous le joug, de l'Église romaine ; quelques communes du bailliage de Boucheckberg, sur lesquelles Berne avait le droit de haute justice, demeurèrent seules attachées à la réforme. Les efforts des Soleurois pour introduire par la violence la messe dans ces communes sont restés vains jusqu'à ce jour.

« Voilà l'oeuvre de notre politique, S'est écrié avec douleur le bon Haller, le digne pasteur de Berne, à la vue de ces résultats. Nous recueillons ce que nous avons semé. » Haller, l'homme de paix et qui s'est montré tel en toute rencontre, eut voulu voir Berne soutenir à Soleure la liberté de conscience et déployer pour l'y maintenir une vigueur qu'elle n'a pas montrée. Toute l'intervention de Berne s'est bornée à l'envoi de fréquentes députations. Les envoyés ont semé des paroles conciliatrices, ils ont fait aux réformés de belles promesses; ils cherchaient encore à les rassurer à l'heure où la fuite était devenue leur seul recours.

Le magistrat de Soleure expulsait vingt-cinq pasteurs de la campagne, qui avaient embrassé la réforme; il contraignait les bourgeois d'ouïr la messe et jetait en prison les évangéliques ressortissans des cantons, que Berne continuait à ne prêter à ses frères en la foi d'autre appui que celui de faibles et trompeuses paroles. Enfin n'espérant plus qu'en eux-mêmes, non moins indignés contre Berne que contre leurs concitoyens, quelques-uns des réfugiés soleurois ont pris les armes. De Buren, le lieu de leur refuge, ils ont déclaré dans toutes les formes la guerre à la ville de Soleure et ont commencé les. voies de fait envers leurs ennemis (1534). MM. de Soleure en ont fait grand bruit. Ils venaient de s'allier intimément avec Fribourg, et les deux villes étaient entrées dans une étroite union avec les cinq républiques du centre de la Suisse.

Plus d'une fois déjà tous ces cantons avaient couru aux armes, sur des bruits répandus que Berne avait embrassé la cause des réformés soleurois. Forts de leurs alliances, MM. de Soleure demandèrent hautement que les réfugiés fussent cités à Baden devant la diète des Confédérés. - « Nous ne comparaîtrons point, déclarèrent-ils, nous nous sommes mis sous la protection de Berne, c'est à Berne seule à nous juger ; que si nous sommes coupables à ses yeux notre vie lui appartient. »

Les seigneurs de Berne approuvèrent cette réponse. La demande de Soleure les avait blessés dans le sentiment de leurs droits et de leur souveraineté. Mais en même temps qu'ils offraient aux réfugiés de leur faire justice, ils leur faisaient dire de s'abstenir de toute violence, s'ils ne voulaient voir Berne renoncer à les protéger. Ils envoyaient dans le même temps des députés dans les diverses parties de leur canton, avec la mission d'instruire leurs sujets du véritable état des choses, de leur faire approuver leur ligne de conduite et de s'assurer de leur affection. Dès ce moment, les malheureux réfugiés soleurois ont perdu pour la plupart l'espoir de rentrer d'un long temps dans leurs foyers. Plusieurs d'entr'eux remettant à Dieu l'avenir, ont cherché une patrie nouvelle dans les cantons voisins, à Berne, à Bâle, à Neuchâtel. D'autres n'ont point ployé leur coeur. On cite les deux Rockenbach, Henri d'Arx et Jean Houbler. Ils ont osé, au nombre de neuf qu'ils sont, renouveler la déclaration de guerre faite en forme à la ville de Soleure, et ils lui ont, le 5 août dernier, envoyé un cartel, signé des neuf pauvres hommes, à qui justice est refusée (2*). » Soleure a porté la chose devant les Cantons. Et pendant qu'on la négociait les neuf malheureux, chassés de lieu en lieu, privés de toute protection, se sont vu arrêter et jeter dans les prisons de Buren. On dit aujourd'hui que Soleure, cédant aux sollicitations de Berne, consent à leur rendre leurs biens et à mettre par cette concession un terme à une lutte, qui a été bien près d'entraîner dans une nouvelle guerre les peuples de la Suisse (1b).

J'ai cru vous devoir ces détails sur les affaires de Soleure. Elles m'ont paru de nature à vous faire voir l'intérieur de la Confédération et à caractériser l'état de choses au sein duquel la diète de Baden vient de s'ouvrir.

.

NOUVELLES DIVERSES

FRANCE. Leurs Majestés le roi de France et la reine de Navarre viennent de visiter les provinces du Midi. La reine voyage volontiers dans une litière couverte de velours noir, et chaque mulet de la litière est monté par un page d'honneur. Elle reçoit à son lever les femmes d'État (de qualité) et elles l'accompagnent au sermon qu'elle fait dire à son chapelain. Le Roi sème les grâces et impose les charges tour à tour selon son bon plaisir. D'un mot il a déclaré tous les héritages ruraux du Languedoc soumis aux tailles, qu'ils fussent à gens d'Eglise, à nobles ou à conseillers. D'un autre mot il a déclaré la chasse permise à tous non nobles du Languedoc.
À Lyon, une taxe extraordinaire de 5 écus par tonneau de vin a excité une violente sédition. Le peuple qui souffrait déjà de la charté des vivres, s'est porté aux magasins de plusieurs marchands et les a pillés. Le commandant militaire, et les magistrats, pour tranquilliser la populace, non seulement lui ont fait les plus belles promesses, mais ils ont fait ouvrir de force les magasins des plus riches commerçans et vendre leurs denrées à vil prix. Cependant le sieur de Boutières s'approchait avec des troupes, et une fois entré dans la ville, il a envoyé au supplice ceux qui lui avaient été dénoncés comme les chefs des séditieux.

La faculté de théologie de Paris fait ses efforts pour rendre vaine la résolution du Roi, de faire venir Mélanchton en France. Elle a fait paraître un traité destiné à prouver « qu'on ne doit point disputer avec les hérétiques. » En même temps elle a écrit à Sa Majesté pour la prier d'engager les protestans d'Allemagne à donner par écrit les articles de leur doctrine. Le Roi leur a fait remettre les douze articles envoyés par Mélanchton, qu'ils sont fort occupés à réfuter. Les yeux de Messieurs de la Faculté sont devenus si exercés à découvrir l'hérésie, qu'ils viennent de la surprendre chez le Pape; un livre de prières que l'on attribue à sa Sainteté, et un Bréviaire approuvé par elle, et duquel ont été retranchées plusieurs histoires qui paraissaient mal fondées, sont aujourd'hui soumis au sérieux examen de l'Université. (2b)

ALLEMAGNE. Mélantchon ira-t-il en France ? - Luther le souhaite et presse l'Électeur de le laisser partir. L'Électeur croit avoir de bonnes raisons pour ne pas permettre ce voyage. On dit en France que le Roi n'y songe déjà plus.
Ses envoyés continuent cependant de travailler l'Allemagne ; Henri VIII de son côté s'offre pour chef aux protestans, et Verger propose un concile à la chrétienté. Luther, invité par l'Électeur à lui dire sa pensée sur cette dernière proposition, a répondu en peu de mots. « Je suis Thomas l'incrédule, et ne croirai à un concile chrétien que quand je le toucherai de mon doigt. Que si l'on songe sérieusement à une convocation, le lieu ne m'importe; tout ce que je sais c'est que j'ai dès long-temps mérité d'y être brûlé par les saints qui s'y rassembleront. »

- Vous souvient-il de Jean de Leyde, du prophète de l'anabaptisme? Sa fierté s'était quelque temps conservée dans les fers. À la question de l'évêque de Munster : « de quelle autorité as-tu agi ? - et toi, a-t-il répondu, interrogeant l'évêque a son tour, des quelles autorité prétends-tu que cette ville t'appartient ? - Le chapitre m'avait élu, le peuple m'a accepté. - Et moi, dit Jean de Leyde, Dieu m'a destiné à commander à la terre et les vrais fidèles m'ont reconnu comme son envoyé. » - Peu de jours après il offrait à l'évêque, s'il daignait lui faire grâce, de s'employer à ramener à l'obéissance les anabaptistes de l'Allemagne et de la Hollande. Il descendait même plus bas : « Faites-moi enfermer dans une cage et qu'on me promène en tout lieu en me faisant voir pour un liard seulement ; par ce moyen vous amasserez plus d'argent que je ne vous ai fait de dommage. » - 0 coeur de l'homme! Tant de bassesses se cache-t-elle sous tant d'orgueil? (3)

CANTONS SUISSES. - Bâle. Calvin a quitté Bâle. Il se rend en Italie auprès de la duchesse de Ferrare. Chose à remarquer, on ne sait pas à Bâle qu'il soit l'auteur du livre qui commence à faire tant de bruit. Il part, j'ai lieu de le croire, pour fuir sa renommée. « Je suis tout ébahi, disait-il à un intime ami, que ceux qui ont quelque désir de la pure doctrine se rangent à moi pour apprendre, combien que je ne fasse quasi que commencer moi-même. Et voyez un peu ce qui m'arrive; moi qui, étant d'un naturel sauvage et honteux, aime requoy et tranquillité, je vais toujours cherchant quelque cachette où me retirer des gens; mais tant s'en faut que je vienne à bout de mon désir, que toutes retraites et lieux à l'écart me deviennent écoles publiques. Et cependant que tout mon but est de vivre privé sans être connu, Dieu me promène et me fait tournoyer et, maugré mon naturel, il me produit cri lumière et me l'ait venir en jeu, comme l'on dit. (4) »

Zurich. On nous fait part d'une fête qui vient de réunir de nombreux officiers Bernois et Zuricois. Deux des plus généreux amis de la cause évangélique, les baillis Haller de Lenzbourg et Lavater de Kybourg, voyaient avec peine les deux premiers cantons réformés divisés par la méfiance ; ils ont provoqué cette réunion. Des officiers bernois, la plupart d'Argovie, se sont rendus en grand nombre à Zurich; ils y ont trouvé vin d'honneur, hospitalité et réception cordiale. Lavater les a accueillis ensuite dans son château de Kybourg, - Ils ne sont retournés à leurs foyers, que pour y aller raconter ce qu'ils y ont trouvé de fraternité chez leurs frères et bons voisins les confédérés de Zurich. (5)

Fribourg. Il faut savoir que l'auberge de la Sauge (à l'embouchure de la Broye) a été vendue le 30 mars 1534, avec le droit de pêche, pour le prix de 1300 couronnes. Or le nouveau propriétaire est de la religion réformée. Et comme relativement à la justice cette auberge, bien que sur terre de Morat, est du ressort du duc de Savoie, le bailli de Cudrefin contraint l'aubergiste à assister à la messe, avec ses domestiques et sa servante. C'est ce dont plainte vient d'être faite au conseil de Morat. Le Conseil, ne voulant pas s'adresser à l'avoyer de Morat, Jacob Scheuwli, qui est de Fribourg, a demandé des directions à Berne.

Les moines de Payerne se montrent très-souvent à Fribourg. Monseigneur l'évêque y est aussi venu plusieurs fois cette année. Il supplie qu'on ne laisse pas chômer ses affaires et que les mutins du clergé soient forcés d'assister aux convocations. Il craint que ses sujets ne suivent l'exemple de ceux de Genève. Il prie le conseil de punir avec soin « les mauvais garnemens qui mangent de la viande. » Sur ses observations, on n'a pas encore renouvelé l'alliance avec la ville d'Avenches qui souffre l'hérésie dans ses murs. On ne permet point de propos irrévérens contre la sainte Vierge; un Fribourgeois qui s'était rendu coupable de ce délit a été invité à choisir entre la prison, une amende de 20 florins ou 14 jours d'exil.
Les Valaisans nous promettent bon secours. On leur a envoyé en don de la poudre à canon.

Le Conseil vient de faire cadeau à la chapelle de Notre-Dame-des-Hermites, d'un chandelier de cuivre, aux armes de l'État, qui a coûté 21 florins 4 batzen. C'est un ex-voto à l'occasion de la réforme, dont la ville et le pays ont été préservés par l'intercession de la glorieuse vierge Marie. Les députés de Fribourg en informeront ceux de Schwytz à la Diète de Baden.

La fréquence des querelles, qui deviennent souvent sanglantes, a conduit à porter la loi (du 2 septembre) qui punit la provocation au duel, d'un exil d'un mois et d'une amende de 10 livres.
Des gens d'Yvonand viennent se plaindre d'avoir été punis pour avoir assisté à la messe dans un village voisin. On les appuiera.
Plusieurs citoyens de cette ville partent pour aller en pèlerinage à St-Jaques-de-Compostelle.
Ainsi, l'on chemine à Fribourg (6).

SOURCES.
.
1b Recès des diètes. - Registres du Conseil de Genève. Archiv. de Berne, Welsche-Missiv. Bucher. - Meyer's, Schw. Geschichte. Tom. I. - Gloutz-Blotzheim, essai sur la tentative d'introduire la réforme à Soleure. - Bottinger, Continuation de Muller. Tom. Il. - Kirchoffer, vie de Haller. - Stettler, Tom. II - Ruchat.
.
2b Ferronii Ann. VIII. Ann. d'Aquitaine, V. page 140. Fleury contin. XXVII, page 525 et suivantes.
.
3 Lettres de Luther. Fleury. Ott, hist. anab. Sleidan.
.
4 Préface au commentaire de Calvin sur les psaumes.
.
5 Stettler II page 74.
.
6 Archives de Fribourg, de Morat et d'Estavayer.

 

.

UN EXTRAIT DU LIVRE DE L'INSTITUTION CHRÉTIENNE.

Le livre de Calvin est, comme nous l'avons dit un large résumé de la doctrine évangélique. Si nous jugeons bien, il va devenir pour les réformés ce qu'est le Maître des sentences pour les catholiques romains, le canon de leur doctrine et de leur discipline. La jeunesse en fera son étude, les générations qui viendront y chercheront leur aliment, et la postérité sera tentée de répéter ce qu'un homme de lettres vient d'écrire :

« Oncques on n'a mieux dit, dès les grandes années où saint Paul écrivit ses pages inspirées. »

L'ordre suivi par Calvin est celui du symbole des Apôtres. Dans six chapitres il traite de la loi, de la foi, de la prière, des sacremens, des sacremens des papistes, et de la liberté chrétienne. Je ne sais ce qui frappera le plus les lecteurs, de la hauteur spéculative à laquelle s'élève Calvin, de la clarté de la déduction logique ou du caractère pratique empreint à toute son oeuvre. Le dernier trait surtout m'a paru digne d'être remarqué. Les dogmes dans l'Institution sont toujours considérés comme principes. Leurs applications ne sont point adressées d'une manière vague à l'Eglise chrétienne en général, mais elles sont toutes rendues personnelles.

Aucune branche qui ne porte son fruit. Des profondeurs de l'argumentation jaillissent chaque fois une série de leçons utiles. L'article qui roule sur la prédestination n'est pas moins fécond que celui dans lequel se déroulent les lois morales du décalogue. Jamais de doctrine quiescente, jamais de prise laissée au sommeil, jamais de vérité posée par l'intelligence qu'un long enchaînement de conséquences n'en sorte à la gloire de Dieu et pour la paix des fils des hommes. C'est ce que les quelques extraits suivans ne serviront que bien imparfaitement à faire comprendre. Comment caractériser par des extraits ce dont le premier mérite est dans l'ordre, l'enchaînement et la force argumentative des déductions logiques.

La justification de la foi opposée à celle des oeuvres.
« Comme la plupart des hommes imaginent je ne sais quelle justice composée de foi et d'oeuvres, je veux montrer que la justice de la foi diffère si fort de la justice des oeuvres que si l'une est établie, il faut nécessairement que l'autre soit renversée. Paul dit aux Philippiens, « que tout lui semble une perte au prix de l'excellence et de la connaissance de Jésus-christ son Seigneur, pour l'amour duquel il s'est privé de toutes choses et les regarde comme des ordures afin qu'il gagne Christ et qu'il soit trouvé en lui n'ayant point une justice qui lui fût propre et qui fût venue de la loi; mais celle qui naît de la foi en Jésus-Christ et qui vient de Dieu par la foi. »
Nous voyons ici qu'il les oppose comme des choses contraires, et montre qu'il faut que celui qui veut obtenir la justice de Jésus-Christ abandonne de nécessité la sienne propre.

Que si en établissant notre justice, nous rejetons la justice de Dieu, il faut nécessairement pour obtenir celle-ci que l'autre soit abolie. C'est aussi ce qu'il entend, quand il déclare que « le sujet de nous glorifier n'est pas exclus par la loi des oeuvres, mais par la loi de la foi. » D'où il suit que tandis que quelque portion de justice demeure en nos oeuvres, il nous reste quelque prétexte de nous glorifier. De sorte que si la foi exclut toute matière de gloire, la justice de la foi ne saurait aucunement subsister avec la justice des oeuvres. Il fait voir cela dans le quatrième chapitre de l'épître aux Romains de manière à ne laisser lieu à aucune cavillation. « Si Abraham, dit-il, avait été justifié par ses oeuvres, il aurait eu de quoi se justifier. » Or ajoutant incontinent qu'il n'a pas eu de quoi se justifier, il s'en suit qu'il n'a point été justifié par ses oeuvres. Il use ensuite d'un autre argument pris des contraires, disant, que « quand la récompense se donne à quelqu'un pour ses oeuvres, elle ne lui est pas imputée comme une grâce, mais comme une dette. » Or la justice est donnée à la foi comme une grâce ; il s'en suit donc que cela ne vient nullement du mérite des oeuvres. C'est donc une pure et vaine imagination de se figurer une justice composée de foi et d'oeuvres tout ensemble. »

Le prix des oeuvres.
« Il suit que les oeuvres, pour être mises à leur juste prix, doivent tirer leur estime plutôt de l'approbation de Dieu que de leur propre mérite. Car qui osera se vanter de quelque justice avec Dieu, à moins qu'il ne l'accepte ? Qui osera lui demander une récompense à moins qu'il ne l'ait promise ? C'est donc par la bénignité de Dieu que les oeuvres sont dignes et du titre de justice qu'on leur attribue, et de la récompense qui leur est donnée; comme en effet toute la valeur des oeuvres est fondée sur ce point que l'homme se propose en les pratiquant de donner à Dieu des témoignages de son obéissance.

» C'est vainement qu'on allégue, recourant à une subtilité, que nous sommes justifiés par la seule foi qui opère par la charité, voulant signifier par là que la charité sert d'appui à la justice. Nous confessons bien avec St-Paul (Galates 5, 6) que nulle autre foi ne justifie que celle qui est unie à la charité. Mais elle n'emprunte point de la charité la force qu'elle a de justifier; et elle ne justifie même par autre raison, que parce qu'elle nous introduit dans la communion de Jésus-Christ, pour nous faire participans de sa justice. Autrement ce serait renverser le raisonnement de l'apôtre, qu'il presse avec tant de véhémence dans le 4e aux Romains, quand il dit, « que la récompense n'est pas donnée à celui qui fait quelque oeuvre, comme une grâce, mais comme une chose due; mais que pour celui qui n'opère point, et qui croit simplement en celui qui justifie le pécheur, sa foi lui est imputée à justice. » Pourrait-il s'exprimer avec plus d'évidence qu'en parlant de la sorte ? C'est qu'il n'y a nulle justice par la foi, si ce n'est lorsqu'il n'y a point d'oeuvres, et que la fin n'est imputée à justice que lorsque la justice nous est donnée comme une grâce et non pas comme une chose due. »

L'origine de la fausse confiance.
« C'est au ciel qu'il faut lever les yeux pour apprendre plutôt à trembler qu'à concevoir une vaine confiance de nous-mêmes. À la vérité lorsque chacun de nous s'arrête à se comparer avec ses prochains, il est aisé de nous figurer que nous avons quelque chose que les autres ne doivent pas mépriser. Mais lorsque nous venons à nous élever à Dieu, cette confiance disparaît et s'évanouit en un moment. En effet, il arrive précisément à notre âme par rapport à Dieu ce qui arrive à nos yeux par rapport au ciel. Car, pendant que l'homme s'arrête à contempler les choses qui sont autour de lui, il conçoit une bonne opinion de la bonté et de la force de sa vue; mais s'il tourne les yeux du côté du ciel, et qu'il veuille regarder le soleil, il sera si fort ébloui, et tellement accablé de la lumière de ce grand astre, qu'il reconnaîtra plus de faiblesse dans sa vue, qu'elle ne semblait avoir de force lorsqu'elle s'arrêtait aux choses d'ici-bas.

Certainement la chose est telle. Toutes les consciences bien exercées en la piété trouvent que les miséricordes de Dieu sont le seul et unique asile du salut où l'on puisse sûrement aspirer, quand il s'agit d'entrer en compte avec Dieu. Car si les étoiles qui semblent si claires et si lumineuses durant les ténèbres de la nuit, perdent toute leur lumière à la venue du soleil, que devons-nous penser de la plus parfaite innocence que l'on puisse imaginer en l'homme, lorsqu'elle sera comparée avec la pureté infinie qui est en Dieu ? Ce sera alors un examen merveilleusement sévère, qui pénétrera jusqu'aux plus secrètes pensées ; qui, comme dit St-Paul, produira dans la lumière ce qui est caché dans les ténèbres, qui découvrira les plus profondes pensées des coeurs, et qui forcera la conscience, quoique dissimulée ou réfractaire, à mettre en plein jour les choses mêmes qui lui sont maintenant échappées de la mémoire. Là toute la pompe et toute l'apparence extérieure des bonnes oeuvres, dont on fait maintenant un si grand cas, se montrera vaine et inutile. Il sera seulement question de la seule sincérité du coeur. Ainsi toute hypocrisie quelle qu'elle puisse être, non seulement celle par laquelle ceux qui se reconnaissant méchans dans le secret de leur âme, se contrefont devant les hommes, mais aussi celle par laquelle chacun se flatte devant Dieu, toutes ces espèces d'hypocrisie, dis-je, tomberont couvertes de honte et de confusion, quoique maintenant elles soient enflées d'orgueil et comme enivrées d'arrogance.

» Ceux qui n'élèvent point leurs pensées à un pareil spectacle, peuvent bien s'applaudir pour un moment et établir leur propre justice d'une manière douce et agréable, mais leur fantôme s'évanouira tout incontinent devant le jugement de Dieu. Ils se trouveront en cela semblables à un homme qui, ayant fait en songeant un grand amas de richesses, se trouve les mains vides à son réveil.

Que bien plus heureuse est l'Eglise, qui, selon l'expression d'un père (St-Bernard), a des mérites sans présomption et peut hardiment présumer sans mérites. Elle peut présumer d'autant plus hardiment qu'en le faisant elle ne présume point, parce qu'elle a une ample matière de se glorifier dans la grandeur des miséricordes de Dieu.

La gloire rendue à Dieu.
Il faut en ce sujet considérer principalement deux choses, l'une que la gloire de Dieu soit conservée et maintenue en son entier, et l'autre que nos consciences puissent jouir de repos et de tranquillité, sans craindre son jugement.

Nous voyons combien de fois, et avec quel soin, l'Écriture nous exhorte à rendre à Dieu seul la louange et la gloire lorsqu'il est question de la justice. L'apôtre témoigne même que la fin que Dieu s'est proposée en nous conférant la justice en Jésus-Christ, a été de faire paraître la sienne propre. Puis il ajoute incontinent quelle est cette manifestation, savoir qu'il soit lui seul reconnu juste et justifiant celui qui a la foi en Jésus-Christ. Par là ne voyons nous pas clairement que la justice de Dieu n'est pas mise dans tout son jour, s'il n'est seul estimé juste et s'il ne communique le don de la justice à ceux qui ne l'ont point mérité ? Pour cette raison il veut que toute bouche soit fermée et que tout le monde se trouve condamnable devant lui, parce que pendant que l'homme a de quoi se défendre, la gloire de Dieu en est diminuée à proportion.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Certes la chose est telle. Jamais nous ne nous glorifions véritablement en Dieu, à moins que nous ne nous dépouillions de notre propre gloire. Au contraire il faut poser cette maxime comme constante et générale, que quiconque se glorifie en soi-même se glorifie contre Dieu. Car St-Paul dit, que les hommes ne sont assujettis à Dieu, que lorsque toute matière de gloire leur est ôtée.

Et il ne faut pas que quelqu'un nous réplique, que l'homme ne se glorifie point lorsque sans orgueil il fait un aveu sincère de sa propre justice. Car il n'est pas possible qu'un semblable aveu n'engendre la confiance, et que la confiance n'engendre la vaine gloire. Il faut donc en parlant de la justice nous ressouvenir, que nous devons toujours avoir cette fin devant les yeux, que la louange en demeure tout entière à Dieu, puisque pour faire paraître sa justice, comme dit l'Apôtre, il a répandu sa grâce sur nous afin de montrer tout ensemble qu'il est juste et qu'il justifie celui qui a la foi en Jésus-Christ (Rom, III, 25). « C'est par grâce, dit-il encore, répétant la même chose, que vous êtes sauvés, par le moyen de la foi; et cela ne vient pas de vous, c'est un don de Dieu. Cela ne vient pas de vos oeuvres, afin que nul ne se glorifie. » (Ephes. II, 8).
Il faut conclure que l'homme ne peut sans sacrilège s'attribuer la moindre portion de justice, puisqu'il ne saurait le faire sans rabaisser, ou sans amoindrir la gloire de la justice de Dieu. » (1c).


Table des matières

Page suivante:
Le retour d'Italie ( la prochaine quinzaine)

.

1* Ici Will der este Mann sein der umkommen mués; betrachtet due sache bas (bosser).
« Parlez, chers Confédérés, n'était-ce pas là la conduite d'un brave ? On eût répandu du sang et l'on n'eût eu ni plus ni moins. Suisses, mettez du baume sur vos blessures et quelque peu d'eau dans votre vin. Nous voulons à l'avenir ne haïr que le vice et jamais plus nos Confédérés. » Strophe d'un chant soleurois.

.

2* Rechtloser Mener.

.

1c. Liv. Ill. chap. XI, XII, XIII de l'édition vulgaire. - il y a loin de la première édition de l'institution à celle qui est aujourd'hui en usage et qui est conforme à la dernière qu'ait donnée Calvin et qui est sortie de presse à Genève, chez Robert Étienne, en 1559. Calvin a travaillé sans relâche à ce livre. « Plus la maladie me tourmentait, dit-il, plus je redoublais d'efforts pour laisser après moi un écrit qui répondit à la bienveillante attente de tant d'hommes pieux et leur fût une preuve de ma reconnaissance.

C'est donc ici le premier don que Calvin offrit à l'Eglise et c'est celui qu'il lui a fait comme par testament. Il serait intéressant d'étudier dans les diverses éditions l'histoire de ses idées. On prendrait pour guide Gerdes, qui, dans les Missel. Groningiana, a donné l'histoire littéraire du livre de l'institution Trois choses ne pourront échapper à la personne qui fera ce travail.

1° Elle sera frappée du parfait accord de l'écrivain avec lui-même. Calvin modifie son plan, il ajoute à ses idées, il développe, il confirme, mais ses doctrines ne changent pas.

2° On ne méconnaîtra pas en second lieu les progrès que l'auteur a faits en vieillissant en modération et en prudente réserve, surtout lorsqu'il traite les graves sujets de la prédestination et de la discipline.

3° On reconnaîtra enfin que partout ce que Calvin a successivement ajouté à son livre, notre première édition ne se trouve plus être que le squelette de ce que l'oeuvre est devenue dans des réimpressions successives.

Les six chapitres se sont accrus au point d'en former quatre-vingts. Ces 80 chapitres sont distribués en quatre livres.

Le premier traite de la connaissance de Dieu, de celle de l'homme et de la considération de la providence divine. il y est parlé du péché originel, de l'infirmité du franc-arbitre, de la régénération, de la loi et du premier office d'icelle, de la foi enfin. Ici se trouve l'exposition de la première partie du symbole; il est discuté de la Trinité, de la puissance de Dieu et de la création.

Le second livre est tout entier employé à dire le mystère de notre rédemption.

Dans le troisième, il est parlé du St-Esprit ou de Dieu sanctificateur, des fruits de la foi, de la pénitence, de la justification, de la liberté chrétienne; de la prière, principal exercice de la foi; enfin de l'élection divine et de la vie à venir. C'est en ce lieu que Calvin formule ce que les premiers Pères avaient laissé enveloppé de vague et de mystère; le mot qu'Ambroise, que Jérôme ont bégayé, qu'Augustin n'a prononcé que d'une lèvre tremblante, la bouche de Calvin l'articule et l'achève.

Il pose la doctrine de l'élection, « n'en ayant trouvé, dit-il, aucune autre qui soit rationnelle, biblique, qui glorifie Dieu, renverse l'orgueil et qui donne repos assuré à la conscience. »

La quatrième partie traite :

1° De l'Eglise, du gouvernement d'icelle, de l'ordre et de la discipline.

2° Des Sacremens. Les sacremens sont aux yeux de Calvin une image des gracieuses promesses de Dieu, un appui pour l'infirmité humaine. il ne leur reconnaît pas une action surnaturelle et mystérieuse. Ils ne sont efficaces que par le Saint-Esprit et la foi. Néanmoins la Cène, quoique dise Gerdes, n'est pas pour lui ce qu'elle est pour Zwingli. il donne moins à la raison que le réformateur Zuricois. « Quelques-uns, dit-il, pensent que c'est par la foi seule que nous mangeons le corps et buvons le sang de Jésus-Christ ; Christ me paraît nous signifier chose plus sublime et plus vivante, quand il parle de la manducation de son corps, il éloigne toute expression qui pourrait nous laisser à penser que la vie, qu'il nous donne, nous arrive par la voie de simple connaissance. »

Le dernier chapitre de l'institution traite du gouvernement politique. Tel est devenu le plan de ce livre dans soir édition dernière.


.

Anar - Abraham - Allemagne - Ambroise - Ami - Aquitaine - Argovie - Aux - Augustin - Avenches -

Baden - Bâle - Bernard - Berne - Bottinger - Boucheckberg - Bourguignons - Boutières - Broye - Bucher - Bullinger - Buren -

Calvin - Claire - Compostelle - Confédération - Confédérés - Cudrefin -

Diète -

Einsidlen - Électeur - Ennuis - Estavayer - Étienne -

Ferrare - Ferronii - Fleury - France - Fribourg - Froment -

Genève - Genevois - Gerdes - Geschichte - Gex - Gloutz - Groningiana -

Henri - Hollande - Houbler -

Italie -

Jacob - Jaques - Jean - Jérôme - Jésus -

Kirchoffer - Kybourg -

Languedoc - Lenzbourg - Leyde - Lullin - Luther - Lyon -

Mener - Marie - Mélanchton - Mélantchon - Mener - Morat - Mouri - Muller - Munster -

Navarre - Neuchâtel - Nyon -

Paul - Philippiens -

Rheinau - Robert - Rockenbach - Romand - Ruchat -

Sauge - Savoie - Scheuwli - Schwytz - Sleidan - Stettler - Strasbourg -

Thomas - Thonon - Trinité -

Valaisans - Vierge -

Wengi - Wettingen -

Yvonand -

Zurich - Zwingli -

 

- haut de page -