Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.

NOUVELLES DE L'EMPEREUR ET DE LA FLOTTE CHRÉTIENNE.

Confédération suisse, Berne
Pays Romand - Neuchâtel - Voyage et retour - Les idoles renversées
L'an MDXXX, le XXIII d'octobre fut ostée et abolie l'idolâtrie...
Noms propres de cette page

FEUILLETON DU CHRONIQUEUR.
- Encore une scène de la réforme à Aigle
- Trois lettre de Farel à Fortunatus André

GÈNES, 26 avril.

Nous ne nous trompions que sur le moment du départ de l'Empereur. Quinze jours encore, la grandeur des préparatifs et d'une autre part la quiétude de la mer l'ont retenu à Barcelonne. Enfin les vents sont devenus meilleurs et la flotte a quitté le rivage, en présence d'un peuple accouru pour voir ce grand jour. La quadrirème impériale s'est avancée la première avec quelques gros navires, donnant le signal au reste des vaisseaux; aussitôt tout s'est mis en mouvement. La multitude se pressait sur le bord de la mer; l'air a retenti du bruit des cors, des trompettes et des cymbales, des commandemens des capitaines et des cris de la foule, qui, en élevant les mains au ciel, souhaitait victoire à l'armée et glorieux retour à l'Empereur. Des courriers partaient à cette heure pour porter avec la plus grande célérité à tous les pays de l'Europe la nouvelle, tenue jusqu'alors secrète, de la volonté de Charles V. Toutes les côtes de la Méditerranée sont demeurées dans l'anxiété. de l'attente. (1)

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CONFÉDÉRATION SUISSE.

 

BERNE, 20 avril.

Un vaste incendie vient de consumer, dans la rue de l'hôpital, vingt-quatre maisons, avec des granges et des greniers. C'était avant-hier, dimanche; le feu a pris, on ne sait comment, peu après minuit; il a fallu beaucoup de peine pour s'en rendre maître. Le peuple était sous une impression de terreur. De bouche en bouche courait le nom de Médicis : « C'est Médicis, se disait-on, à quel autre qu'à lui attribuer ces incendies multipliés qui désolent la Suisse depuis deux ans? À St-Gall, à Zurich, dans tous les cantons réformés, que de ravages faits par le feu! Il existe assurément en Suisse une bande d'incendiaires; et par qui serait-elle entretenue et payée que par ce barbare? Elle existe depuis que les Suisses l'ont dépossédé de son château de Musso (1*) . On dit qu'il est soixante de ces incendiaires dans le canton de Berne. Pour se reconnaître, ils s'habillent d'une manière uniforme, culottes blanches doublées de rouge, le canon gauche partagé, au-dessous du genou une découpure à la mode des lansquenets, à la main un petit bâton blanc. L'un d'eux, saisi en Thurgovie, a confessé qu'un Seigneur italien, de grande taille, qu'il avait rencontré dans le val d'Aoste, lui avait promis un florin d'or pour chaque maison qu'il réduirait en cendres. Demandez au reste à ceux de nos soldats qui ont fait la campagne de Musso, interrogez notre brave Franz Naegueli qui les commandait, et ils vous diront quel homme impitoyable est cet italien. Tantôt auprès du Duc, tantôt auprès de l'Empereur, par le fer, par la flamme, par les mauvais conseils, il nous poursuit en tous lieux de sa vengeance cruelle. » - Tout en disant ainsi, on continuait de faire guerre à l'incendie. Enfin quatre maisons abattues l'ont arrêté dans son cours.

Du 28
. On persévère à accuser Médicis de l'incendie qui a dévoré nos maisons. Quelques étrangers arrêtés à cette occasion, ont déclaré qu'il leur avait commandé le crime; je ne sais si la torture a arraché ces aveux. Les magistrats mettent un grand soin à faire rebâtir promptement les maisons ruinées; elles étaient en bois et couvertes de bardeaux, suivant l'ancien usage; elles seront rétablies en pierres et couvertes de tuiles. La ville fournit les principaux matériaux et une collecte se fait à Berne et chez nos alliés pour aider les incendiés à supporter le reste de la dépense. Zurich donne 50 écus, Fribourg 100, Bâle 60 muids de blé, Soleure 100 florins du Rhin, St-Gall et Genève chacune 50 écus, Mulhausen du blé, le prince de Neuchâtel 20 écus, la ville 80 testons, Payerne 20 écus. Les maisons seront relevées avant l'hiver. (2)

 

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PAYS ROMAND.

GENÈVE, 29 avril. Il ne s'est passé dans cette quinzaine à Genève qu'un fait digne de votre attention. Ce n'est pas l'admission de deux nouveaux bourgeois, reçus l'un pour 6, le second pour 4 écus, plus le sceau de cuir. Ce n'est pas non plus l'arrestation de M. le chanoine Gonin d'Orsières, compromis par les dépositions d'Antoina, et dont les parens, CI. Richarde, CI. Châteauneuf, Girardin de la Rive et Michel Varo, de concert avec M. le grand vicaire, demandent et obtiendront tôt ou tard l'élargissement. Ce ne sont point les nouvelles rapines des Peneysans. Le fait dont je dois vous parler est l'acceptation par les Conseils d'une Dispute religieuse. Le vendredi, 25 avril, entre en Sénat le frère Jaques Bernard, de l'ordre des frères mineurs, présentant « certaines propositions chrétiennes, sur lesquelles, disait-il, plusieurs sont dans l'erreur » et voulait en conférer publiquement afin que les errans viennent à vérité. Le secrétaire ayant lu ces propositions, on a délibéré long-temps, et l'on a fini par conclure qu'on ne doit empêcher frère Jaques de tenir sa dispute, ains la lui permettre, et afin que les gens d'église étudient la matière, on l'invite à signifier son dessein à MM. du chapitre. Le 30 mai est choisi pour le jour de la dispute. Et le Conseil, considérant qu'elle sera très propre à réunir les esprits et ramener la tranquillité dans Genève, la prend sous son autorité. Il y invitera les savans du pays et de l'étranger, et il espère que le résultat de la discussion sera de faire connaître aux personnes qui ne cherchent que leur salut de quelle part se trouve la vérité.

Je n'ai besoin de vous dire la joie des évangéliques et particulièrement des prêcheurs à l'ouïe de cette réponse du Conseil. « Ainsi, disent-ils, faisaient dans les anciens temps les rois d'Israël et de Juda, avant d'annihiler l'idolâtrie de leurs peuples, et de ruiner les abominations des hauts lieux. Dès qu'ils avaient reconnu la tromperie des faux prophètes, qui menaient le peuple aveuglé après leur Dieu Baal, ils faisaient comme vous pouvez lire dans l'histoire d'Ézéchias, de Daniel, et surtout du prophète Elie; ils convoquaient l'assemblée, ils s'adressaient au Dieu du ciel et Dieu prononçant pour eux se justifiait au coeur du peuple par une divine et merveilleuse voie. Alors l'honneur et la gloire étaient donnés au Dieu d'Israël, la cause était reconnue gagnée par ses serviteurs et un terrible exemple était fait de tous les faux prophètes qui souvent étaient mis à mort. Ce que ne feront pourtant ceux de Genève des sacrificateurs de l'Antéchrist, bien qu'ils en eussent aussi juste cause; mais usant de douceur, ils se conduiront comme ne feraient pas leurs adversaires, s'il leur arrivait de remporter la victoire. Ils montreront ainsi que leur sainteté surpasse celle des prêtres. Toutefois les autres nations seront si patientes nous ne savons si envers leurs persécuteurs, vu les tyrannies effroyables qu'ils font à présent sur la terre. Quand nous voyons tous les jours les exemples de ceux qui se retirent par deçà, qui ne sont pas seulement de petits compagnons, mais des savans et des seigneurs, penserions-nous que cela puisse ainsi durer long-temps sans y avoir un éclat? Nenny, certes; car d'autant plus on en fait mourir, d'autant plus y en a-t-il, et pour un qu'ils déchassent, ils en font naître mille. Ayons donc de l'intelligence et comprenons qu'elle sera la fin. »

Ainsi disent les prêcheurs et s'offrent tous à la mort de maintenir par la sainte Écriture ce qu'ils publient être véritable. Si voulez maintenant savoir quel est Jaq. Bernard, sachez qu'il est gardien dans ce couvent des Cordeliers qui a reçu Froment, Farel et Viret dans ses murs. Or ces Cordeliers pour la plupart connaissent bien les superstitions de leur religion; mais sages et prudens de ce monde qu'ils sont (car par leur prudence et sous cape de religion, ils ont beaucoup accumulé de richesses et fait un grand couvent dans Genève), ils usent de finesse avant de mettre bas leurs robes grises. Nous les voyons se préparer à rentrer dans le monde en se saisissant ici d'un titre, là d'un reliquaire, et surtout en se fiançant en mariage à de jeunes et belles filles; ils leur composent de belles dots, car autrement ne les pourraient avoir, combien que soient les plus beaux pères et verts galants qui soient parmi les religieux de Genève; et ne le font pas sans cause, car telle qui ne se fut fait faute de vivre en relation condamnable avec un prêtre, ne le voudrait épouser pour la conscience, tant on trouve étrange que moines, prêtres et nonnains entrent en légitime mariage.

Les prêcheurs de leur côté ne cessent de remontrer par les Écritures que ce ne sont que consciences de renard qui se confesse d'avoir abattu la rosée avec la queue en passant parmi les prés, mais non pas d'avoir pris la poulaille du pauvre homme. Mais il nous faut revenir à Jaq. Bernard.

Louis, Claude et Jaques Bernard sont trois frères d'une des familles les plus apparentes de Genève. Les deux premiers nous sont déjà connus. Louis est ce prêtre de la cathédrale qui jeta son vêtement d'homme d'église, dans le temple même, après avoir entendu prêcher l'Évangile. Viret a dès lors béni son mariage avec la soeur d'Ami Perrin. Claude donnait il y a peu dans sa maison l'hospitalité aux prêcheurs. Il est père d'une petite fille de huit ans, d'une intelligence bien extraordinaire et qui montre de merveilleuses connaissances; elle fait de temps en temps aux prêtres, sur divers articles de l'Écriture, des questions qui les confondent, et les bonnes gens, pour couvrir leur honte, publient honnêtement qu'elle est possédée. Jaques, le dernier des trois frères, était demeuré jusqu'à ce jour ferme dans la religion papistique; il l'a défendue contre Farel en plus d'une rencontre ; mais, tout en conférant avec les ministres, il a fini par se laisser vaincre et par se ranger à la réformation. Toutefois il ne s'est pas déclaré ouvertement et ne veut le faire qu'après qu'il aura soutenu publiquement une dispute de religion. Il a dans cette intention composé des thèses sur les points contestés, et, ayant reçu les encouragemens de Farel et de Viret, il s'est, comme je vous l'ai dit, présenté devant le Conseil avec eux. Le conseil leur a fait accueil. Aussitôt Bernard de publier son dessein. Il l'a signifié à l'Évêque, qui n'en tient compte, ains continue à faire prendre ses brebis partout où il les peut happer, à les dépouiller et à faire bon marché de ce qui n'est pas sien. Le frère Jaques a aussi envoyé ses articles au chapitre de son ordre, qui se tient présentement à Grenoble. Enfin il invite tous clercs et savans, tous ecclésiastiques et laïques, à venir disputer, en pleine liberté et sécurité toute, sur les cinq articles qu'il me reste à mettre sous vos yeux.

Jaques Bernard maintient et s'offre à défendre par les Écritures :

1°. Qu'il ne faut chercher d'être justifié de ses péchés qu'en Jésus-Christ;
2°. Qu'il ne faut adorer que Dieu;
3°. Que le gouvernement de l'Église ne doit être réglé que par la Parole de Dieu ;
4°. Qu'il a été suffisamment satisfait pour nos péchés par la seule oblation faite par Jésus-Christ;
5°. Que Jésus-Christ est le seul moyenneur entre Dieu et les hommes.

De ces doctrines il tire les cinq conclusions suivantes :

1°. Que ceux-là errent qui attribuent à leurs oeuvres la vertu de les justifier;
2°. Que c'est idolâtrie d'adorer des saints et des images;
3°. Que les traditions humaines et les constitutions dites de et qu'on devrait plutôt appeler papales, sont vaines et pernicieuses;
4°. Que la messe, les prières pour les morts, et celles qu'on leur adresse, ne servent pour le salut;
5°. Que les saints ne sont nos avocats (3).

 

SOURCES :
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1. Paolo Jovio. Schardii, rerum German. scriptores Il. Robertson. -
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2. Stettler. Savion. Ruchat. -
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3. Registres du Conseil. Froment. Roset. Ruchat.

 

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REVUE DU PASSÉ.

LA RÉFORME A NEUCHÂTEL.

 

Le clergé. Les pèlerinages. Les mystères. St-Guillaume. Première venue de Farel.

« Qu'ai-je à faire, dit l'Éternel, de la multitude de vos sacrifices ? »

Dix-sept années durant, Jeanne de Hochberg avait été à réclamer la restitution de Neuchâtel et à invoquer tantôt la justice et tantôt la pitié des Cantons.

Elle avait beau prier, elle avait beau faire ressouvenir les Confédérés qu'ils s'étaient toujours montrés « gardiens et défenseurs des biens des femmes veuves avaient trouvé bon le baillage, leurs baillis en prenaient possession avec plaisir et ils ne pouvaient se résoudre à s'en déprendre. Ils finirent pourtant par se laisser vaincre.

Berne et François 1er parlèrent si bien pour Jeanne que la diète consentit, en 1529, à lui rendre sa terre. La remise se fit les premiers jours du mois d'août, à Messire Olivier de Hochberg, prévôt de Neuchâtel et seigneur de Ste-Croix, et à Jean de Moranville, envoyé de la princesse. Les députés de Berne étaient présens et ses droits furent réservés.
Jeanne nomma gouverneur un gentil-homme du Pays-de-Vaud, George de Rive, seigneur de Prangins et de Grandcour. Comme le gouverneur faisait son entrée, Farel de son côté pénétrait à Neuchâtel, d'un pas inaperçu. La restauration, la république et la réforme y arrivaient donc à la fois.

Nous avons déjà touché à l'état religieux du pays. C'était au reste ici comme ailleurs. Au haut clergé l'orgueil et la luxure; aux vicaires la peine, l'ignorance et la pauvreté. Rendons pourtant aux chanoines de Neuchâtel la gloire qui leur est due; ils n'étaient ni sans science, ni sans habileté. Ils gouvernaient les États par l'influence que donne le savoir-faire uni à la richesse. De douze qu'ils étaient, six devaient appartenir à la noblesse, et six devaient être docteurs. Or, parmi ces derniers se trouva toujours quelque homme doué de la faculté de bien dire et qui sut écrire bellement et savamment la chronique du pays. Que ne joignaient-ils ces vertus terrestres à l'amour du peuple et à la piété, aux vertus qui font le pasteur. Mais de celles-ci nous ne trouvons pas de traces. Je me trompe ; il en était d'entre les chanoines (je citerai Jean de Livron et Étienne Bezancenet, curé du Locle) qui s'étaient fait une grande réputation de sainteté, car ils avaient été jusques à Jérusalem en pèlerinage. Étienne Bezancenet s'était senti volonté et dévotion d'aller visiter le St-Sépulcre ; il vendit, pour se défrayer, 60 émines d'orge pour 6 écus, et partit le 5 mai 1519 avec l'aide de Dieu et, comme il le dit, de la bénite Vierge. Il fut à la compagnie de Pierre Faucon, des donzels Pierre et Guillaume Archer et de Messire Paillasseau, chevaliers, tous de Fribourg, et de Messire Nicolas Gachet de Payerne, curé d'Yvonan. Les bonnes gens du Locle furent fort en peine de leur pasteur tant que dura son voyage; aussi quand, le 30 d'octobre, ils virent de nouveau son visage, lui firent-ils grand' venue et plusieurs aussi beaucoup de bien; et dès lors fut Étienne Bezancenet fait chanoine et demeura en grande estime et en grande vénération dans tout le pays.

Du reste, voulez-vous savoir comment Messieurs du chapitre prêchaient la religion ? Ils veillaient à ce qu'aucune magnificence n'égalât celle de l'église, ni aucune pompe celle de son culte. - Le temple, assis en son haut lieu, rayonnait d'éclat et de Gloire. On comptait 20 autels et 50 chapelles dans son enceinte et dans ses alentours. Les saints les plus révérés y avaient leur demeure. Pas de sermons, pas de catéchismes, rien qui demandât de l'effort aux intelligences; toute l'instruction était en spectacles et consistait dans la représentation, qui se faisait en public, de quelqu'une des paraboles de l'Évangile et surtout du mystère de la passion. Le drame se jouait de rue en rue, en présence du peuple accouru de tout le pays. C'était, au dire de plusieurs, jours de péchés plus que de dévotion; aussi s'en suivait-il grand déploiement et grand débit d'indulgences. Il se faisait aussi presque chaque fois quelques miracles en ces temps, et surtout par le bon Guillaume, le saint patron de Neuchâtel. La tradition raconte de Guillaume, qu'anglais de naissance et se trouvant à Paris, livré aux études de la théologie, il avait gagné le coeur de deux jeunes princes, seigneurs de Neuchâtel, qui l'emmenèrent dans leur pays (vers l'an 1200). Ils le firent nommer chanoine, se l'attachèrent comme confesseur et le nourrirent de leur table. À sa mort, le respect du peuple le béatifia sans attendre une plus haute canonisation; la piété lui érigea des chapelles; les fontaines, les maisons, l'hospice entr'autres, et la ville entière furent placés sous son invocation. Le magistrat prit l'habitude de recourir à lui dans les mauvais jours. Il avait, disait-on, fait des miracles durant sa vie; on ne doutait pas qu'il n'en fit encore. Grande était donc sa gloire, quand un nouveau Guillaume vint faire oublier l'ancien.

Petit, de pauvre apparence, la figure commune, le front étroit, le teint pâle et brûlé du soleil, au menton deux ou trois touffes d'une barbe rousse et mal peignée, l'oeil de feu, la bouche parlante, tel était l'homme qui venait à son tour, prendre possession des rues et des places publiques de Neuchâtel. Il le faut reconnaître, il ne marchait pas seul. Tous les vices de l'ordre de choses qu'il venait combattre avaient été ses précurseurs et prêchaient avec lui. La vie des chanoines, traînée au grand jour, n'était pas faite pour en supporter la lumière. Celle des moines n'était pas moins haïssable. Il est près de Neuchâtel une abbaie de Prémontrés, fondée en 1143 par un religieux du lac de Joux; elle tire de la source près de laquelle elle est située, et du nom d'un saint évêque de Lausanne, la dénomination de Fontaine-André. Cette maison possédait beaucoup de dîmes; les moines nommaient aux cures de Meiri, de Cressier, de Fontaine ; leurs grandes richesses avaient allumé haine entr'eux et les chanoines de Neuchâtel et, dans leur soif de se nuire, il n'était noires turpitudes qu'ils ne racontassent les uns des autres. Je ne sais s'il y avait mieux à dire des religieux de Bevaix, de Motiers et de Corcelles. Ce dernier prieuré servait de demeure à l'abbé fugitif de St-Jean de Cerlier, dont Berne avait sécularisé le monastère; personne ne portait plus que lui de haine à la réformation.

D'une autre part, la réforme était recommandée par des faits puissants. Berne l'avait reçue, et c'était Berne qui venait de rendre Neuchâtel à son prince. Dans le comté, non plus qu'ailleurs, il n'était bruit que des doctrines nouvelles. Wittembach, qui les avait fait aimer à Zwingli, les prêchait encore à Bienne. Farel était à Morat. Les envoyés Bernois faisaient volontiers de la réforme, le sujet de leurs entretiens. Deux des hommes qui avaient le plus contribué à la faire accepter à Berne habitaient le voisinage de Neuchâtel ; l'un Nicolas Manuel, venait d'être nommé bailli de Cerlier, et l'autre, Jaques de Wattewille, était devenu seigneur de Collombier, et avait pris rang par son fief dans les États du pays. Les soldats du contingent neuchâtelois, qui avaient fait avec l'armée bernoise la guerre d'Interlaken et la campagne de 1529, revenaient pour la plupart avec la foi de leurs alliés dans le coeur. Il est donc vrai de dire que Neuchâtel était ouvert à la réforme et que Farel en y arrivant dut y trouver plus d'un appui et plus d'un secret ami de sa cause.

C'est au nombre de ces amis secrets de l'Évangile qu'était Emer Beynon, curé de Serrière. Farel descendit chez lui. Beynon ne s'étant point senti le coeur de lui confier sa chaire, ce fut devant l'église qu'il prêcha. Beaucoup de Neuchâtelois étaient accourus pour l'entendre; ils l'emmenèrent en ville et le conduisirent à la Croix-du-Marché de dessus la plateforme; ce fut de cette place qu'il fît son premier sermon. C'était un des premiers jours de décembre.

Les jours suivans, il continua de prêcher sur les places, aux portes de la ville et dans les maisons. Ces mystères d'amour de l'Évangile, profanés dans les spectacles offerts à la multitude, Farel les présenta aux coeurs dans leur simple vérité.
Il y eut du bruit, comme d'ordinaire. « A l'eau, à l'eau, » crièrent quelques-uns, « et le jetons à la fontaine; » mais d'autres empêchèrent qu'il ne lui fût fait du mal et avouèrent hautement qu'ils goûtaient sa prédication. Farel, surpris et tout ému de ce succès, ne put renfermer sa joie dans son coeur; il se hâta d'en faire part à Guillaume Du Moulin, qu'il avait laissé à Noville, et à ses frères, les pasteurs des quatre Mandemens. Il leur écrivit :

« Salut, grâce et paix vous soit. Je ne veux pas vous laisser ignorer, mes frères bien chers, ce que Christ a opéré dans les siens; car, contre toute espérance, il a touché ici les coeurs de plusieurs, qui, malgré des ordres tyranniques et l'opposition des gens à tête rase, sont accourus à la parole que nous leur avons annoncée, aux portes des villes, dans les rues, dans les granges, dans les maisons. Ils l'ont écoutée avec avidité, et, ce qui est merveilleux à dire, presque tous ont cru ce qu'ils ont entendu, sans excepter même les choses les plus opposées aux erreurs qui étaient en eux les plus enracinées. Rendez donc avec moi grâces au Père des miséricordes, de ce qu'il a daigné se montrer propice à ceux sur qui pesait le joug, de la tyrannie, et veuillez en même temps, mes frères, ne point mal juger de notre absence. Le Seigneur m'est témoin que je ne suis pas absent de vous pour ne pas porter la croix avec vous, avec qui je souhaiterais de vivre et de mourir. Mais la gloire de Christ et la soif qu'ont ses brebis de sa Parole me contraignent d'aller au devant de souffrances que la langue se refuse à exprimer. Christ, il est vrai, me rend toutes choses légères; que sa cause, ô mes amis, vous soit chère, et chère par dessus toutes choses. Et veuille le Seigneur être avec vous en tout ce que vous faites, et vous, conserver pour sa gloire la santé de l'âme en celle du corps. Adieu, mes frères, et bien vous soit. Je suis votre serviteur au Seigneur. »

Guillaume FAREL.

De Neufchâtel, 15 décembre 1529.

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Voyage et retour.

 

« Marche, marche homme de Dieu; et vous peuples, apprenez la justice. »


Peu de jours après qu'il eût écrit ces lignes, Farel se rendit à Morat et de Morat à Aigle. Il y était à peine arrivé que des envoyés de Berne vinrent l'y quérir. Morat venait d'embrasser la réforme à la pluralité des voix. Ce fait attirait les regards de tous les alentours; le levain de l'Évangile gagnait de proche en proche; c'était un moment à ne pas négliger. Farel partit donc avec les envoyés. Ils traversèrent la Gruyère; à St-Martin de Vaud, où il passa la nuit, il fut grossièrement attaqué par le curé et par d'autres prêtres. Les Gruyériens le haïssaient cordialement, et leur comte disait à qui voulait l'entendre qu'on devrait brûler le Luther français. La crainte que Berne inspirait sauva seule, en cette occasion, les jours de l'homme de Dieu.

Il consolida la réforme à Morat et dans le Vully. Plus loin, Bienne était réformée et travaillait à amener le Val St-Imier à sa foi. Au-delà de Bienne s'étendent, dans les gorges du Jura, les vallées de la Prévôté. Une ancienne église collégiale, dont le supérieur porte le titre de prévôt, a donné le nom au pays. Le chapitre résidait à Moutiers, en un gros bourg. Les habitans sont sujets de l'évêque de Bâle, mais une ancienne alliance de combourgeoisie les unit aux Bernois, et Berne n'avait pas eu plutôt embrassé la réforme, qu'ils s'étaient tournés vers elle, et lui avaient fait part des griefs qu'ils avaient contre leur prévôt. « Tant pour la cire , tant pour la sépulture, tant pour le convoi; il n'était pas de fin, disaient-ils, à ce qu'on exigeait d'eux. Une fois entr'autres dans l'année, le prévôt les assemblait dans l'église et leur ordonnait de lui déclarer s'ils étaient paillards, adultères, ou coupables d'autre péché secret, et quand un d'eux lui avait confessé son péché, ou qu'il avait été décelé, il le condamnait incessamment à racheter sa faute pour le prix de trois livres de la monnaie de Bâle. » Berne était suppliée de protéger le pauvre peuple. Elle y envoya Farel.

Ce fut à Tavannes que Farel se montra d'abord; il entra dans le temple que le prêtre disait la messe, et prenant la parole, il prêcha d'une telle véhémence et d'une si grande efficace, qu'incontinent qu'il eut achevé, tout le peuple d'un accord mit bas les images et les autels; le pauvre prêtre qui chantait la messe ne la put parachever; ains tout étonné s'enfuit en sa maison, encore tout revêtu de ses habits pontificaux, et cuidait être perdu, car jamais n'avait vu faire tel ménage. Ceux des lieux circonvoisins ayant appris ces choses vinrent chercher Farel, désirant fort de l'ouïr, et bientôt ceux de Sornetan et de Moutiers reçurent l'Évangile ainsi qu'avaient fait ceux de Tavannes. L'Évêque eut beau se plaindre; Farel et ses deux compagnons d'oeuvre, Claude de Glautinis et Henri Pourceletti faisaient chaque jour quelque nouveau progrès; ils allaient de lieu en lieu brisant les croix, convoquant les communautés, recueillant les suffrages et réformant le pays, avec une merveilleuse audace. Berne crut devoir recommander à Farel la modération : « Vous dépassez les bornes, lui écrivit-elle; contentez-vous de remplir la tâche de prédicateur de l'Évangile et mettez surtout votre soin à inculquer au peuple quelle est la nature de la liberté que l'Evangile donne; car, vous le voyez, il est des gens qui s'imaginent, en se joignant à nous, d'être affranchis de toute dîme. Faites que la Réforme ne soit cause de scandale, et qu'on ne puisse dire qu'elle ait fourni l'occasion de faire tort à personne. Nous vous le disons par affection. »

Quand cette lettre arriva à Moutiers, Farel n'y était déjà plus (août 1530). Il était descendu à la Bonneville, et y était entré en dispute avec le curé. La Bonneville est située sur les limites de l'évêché de Lausanne; mais elle en fait encore partie. Le Conseil du lieu résolut de renvoyer à l'Évêque la décision du différend. Farel, heureux à la pensée de prêcher l'Évangile au coeur du diocèse et sous les yeux de l'Évêque, partit pour Lausanne le coeur léger. Berne envoya des députés prier les Conseils de l'accueillir avec faveur. Mais Messieurs de Lausanne ne se montrèrent pas moins prudens que les Conseils de la Bonneville : « Ce n'est point à nous, répondirent-ils, à admettre un prédicateur dans les chaires de nos temples ; la chose concerne l'Évêque et son chapitre. » Et Farel, quelle que fût sa bonne volonté, vit bien qu'il ne lui restait qu'à revenir sur ses pas. Ce fut alors qu'il se rendit une seconde fois à Neuchâtel. (Juin 1530).

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Les idoles renversées.

 

« Ils se prosternent devant l'ouvrage de leurs mains, devant ce que leurs doigts ont fait! »

Farel à son retour à Neuchâtel, trouva la ville toute divisée. D'une part étaient le Gouverneur, les prêtres et leurs gens; de l'autre, les bourgeois, tant les principaux que le peuple. Les zélateurs de la réforme se montraient d'autant plus hardis, qu'ils savaient bien que Berne ne les abandonnerait pas. Quant au nombre, il s'en fallait peu qu'ils n'égalassent leurs adversaires. Farel les réunit, et il commença de nouveau à prêcher dans les rues et dans les maisons.

Un jour il se trouva quelques personnes qui demandèrent pourquoi la Parole de Dieu n'était pas annoncée dans un temple, et le peuple l'entendant mena Farel, malgré les prêtres, dans l'église de l'hôpital. « Jadis, leur dit le prêcheur, Christ est né dans une étable pauvrement; eh bien, il paraît qu'à Neuchâtel aussi, l'Évangile doit naître parmi les infirmes et les pauvres. » Les murs du temple étaient parés d'images et de tableaux; il y porta le premier la main et tout fut bientôt enlevé. Alors le Gouverneur s'émut; il avait exigé des Neuchâtelois l'engagement de ne point innover en religion jusqu'à la prochaine arrivée de la comtesse; il se plaignit à elle de ce qu'ils violaient leur serment et pria en même temps les Bernois de le délivrer de la présence de Farel. Les bourgeois de leur côté envoyèrent à Berne, rappeler qu'ils avaient combattu sous les drapeaux de la république, dans la guerre de la réformation, qu'ils avaient été compris dans le traité de paix qui régissait la Suisse, et qu'en vertu de cette paix ils avaient le droit d'abolir la messe dans leurs murs, si la réforme y avait conquis la pluralité des suffrages. Berne ne put croire que le nombre des réformés surpassât celui des sectateurs de l'ancienne foi; elle ne fit donc que recommander à tous de laisser libres les consciences, et à Farel de se borner à prêcher, à instruire, à faire comprendre à ses auditeurs la vraie nature de la liberté chrétienne et à ne pas faire passer, de son autorité, des changemens en religion.

Farel continua donc ses prédications tant à Neuchâtel que dans les alentours. À Neuchâtel c'était dans le temple de l'hôpital. Mais un jour, ce fut le 23 octobre, il lui échappa de dire à ses auditeurs, qu'ils ne devaient faire moins d'honneur à l'Évangile que les papistes à la messe, et que, puisqu'on la disait dans la grande église, l'Évangile aussi devait y être annoncé. Il dit, et les voilà qui le mènent à l'église en grand tumulte, qui s'en emparent par la force et qui le font monter en chaire, où il fit bien l'un des plus forts et des plus entraînans sermons qu'il ait jamais faits.

Ce fut si véhémentement qu'il reprit les abus de l'Église romaine, ce fut avec tant de clarté qu'il montra la conformité de la doctrine qu'il prêchait avec celle des saintes Écritures, que le peuple, ouvrant les yeux et touché subitement d'un grand zèle, se prit à crier à haute voix :

« Nous voulons suivre la religion évangélique, nous voulons nous et nos enfans vivre et mourir en icelle. » Et se tournant ils se jetèrent sur les images, qu'ils renversèrent, qu'ils mutilèrent et dont ils ne laissèrent que des débris. Ils n'épargnèrent pas même la Notre-Dame de Pitié que feue Madame de Hochberg, mère de la comtesse, avait fait faire. Les plus ardens à l'oeuvre étaient les soldats qui avaient fait avec les Bernois la campagne de Genève contre le duc de Savoie, et qui étaient depuis peu de jours de retour dans leurs foyers.

Déjà les jours précédens, ils invitaient leurs compagnons d'armes des villages à venir avec eux attaquer les chanoines en leur château. Ils ne laissèrent pas un autel debout. Les patères furent jetées du haut du cimetière en bas, et les hosties, ils se les donnèrent les uns aux autres, pour bien montrer que ce n'était que pain ordinaire. Toute opposition fut inutile. Le Gouverneur ne réussit point à faire entendre sa voix. Les quatre ministraux, si l'on dit vrai, s'étaient rangés du côté du peuple et s'attachaient, sans se montrer, à régulariser ses mouvemens. On lit aujourd'hui sur les murailles de l'église de Neuchâtel, ces mots gravés pour faire vivre à jamais la mémoire de cette journée :

 

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L'AN MDXXX, LE XXIII D'OCTOBRE

FUT OSTÉE ET ABOLIE L'IDOLÂTRIE DE CÉANS

PAR LES BOURGEOIS.

Le Gouverneur à la comtesse de Neuchâtel.

 

Monsieur de Prangins paraît n'avoir rendu à la princesse de Neuchâtel qu'un mois plus tard le compte des faits accomplis ce jour du 23e octobre. Après lui en avoir fait le narré, après lui avoir montré l'inutilité de ses efforts pour apaiser gens qui lui disaient, « que pour le fait de Dieu et de leur âme, il n'avait rien à leur commander, » il poursuivait de la manière suivante le récit des événemens :

« Après tout ce bruit, fus-je avisé que rien n'était plus nécessaire que d'envoyer à MM. de Berne pour pourvoir à cette affaire. Il ne me semblait licite d'appeler MM. de Fribourg, Soleure et Lucerne, pour aucuns grands différends qu'ils ont ensemble, craignant qu'il ne vous vînt à dommage; ne fut donc appelé que le canton de Berne pour avoir quelque sûreté. Or les seigneurs de Berne envoyèrent trois ambassadeurs (2*), qui me tinrent assez gros et rudes propos, disant qu'ils s'émerveillaient de ce que j'empêchais la pure et vraie Parole de Dieu et que j'eusse à m'en désister, car autrement votre état et seigneurie en pourraient pis valoir. Et pour ce que je leur fis remontrance, qu'il serait licite d'appeler les trois autres cantons, desquels êtes bourgeoise, ils se dressèrent contre moi en me disant, que si je le faisais, mal vous en adviendrait, car ils avaient assez de grabuge par ensemble. À la fin ils prirent la matière en leurs mains et, après plusieurs peines et labeurs ils conclurent par un accord qu'avec ce pli vous envoie.

Or, Madame, devez entendre que la plupart de cette ville, hommes et femmes, tiennent fermement à l'ancienne foi et n'ont jamais voulu consentir aux outrages qui ont été faits; ains comme bons sujets ont obéi à mes commandemens. Les autres sont jeunes gens de guerre, forts de leurs personnes, ayant le feu à la tête, remplis de la nouvelle doctrine, ayant part et faveur des dits seigneurs de Berne, qui n'ont jamais voulu attendre que le peuple fut bien ensemble pour voir de quel côté il y aurait le plus de voix. Ainsi du jour que les ambassadeurs de Berne furent arrivés, fumes contraints de laisser tenter le plus, autrement il fût demeuré des gens morts, car ils étaient délibérés les contraindre l'épée à la main, et ne pûmes seulement avoir jour ni heure de relâche. Ajoutez qu'il fut dit par un des ambassadeurs : « Tournez-vous de quel côté que vous voudrez, si passerez-vous par là, car nos seigneurs supérieurs jamais ne les veulent abandonner. »

Lors me fut fait requête par ceux qui tenaient le parti du saint sacrement qu'ils voulaient mourir martyrs pour la sainte foi, ce que je ne voulus souffrir, craignant que ce ne fût entreprise pour vous faire perdre votre état, et consentis à ce qu'on allât aux voix, en réservant néanmoins vos droitures et seigneuries.

Alors les catholiques dirent en pleurant «que les noms et surnoms des bons et des pervers allaient être écrits en perpétuelle mémoire, et qu'ils protestaient de vous être bons et pauvres bourgeois, à vous faire service jusques à la mort. » Les autres dirent le semblable en toute autre chose où il vous plaira les commander sauf est réservée icelle foi évangélique, dans laquelle ils veulent vivre et mourir. Après quoi le plus étant passé, le 4 de ce mois de novembre, furent trouvés dix-huit hommes surpassant le nombre de ceux qui tenaient la foi catholique.

Et quand le plus fut trouvé du côté de la foi évangélique, les ambassadeurs de Berne voulurent que chacun dût vivre selon le contenu de leur réformation, qu'on ne dût point dire de messe dans votre maison et que ceux qui voudraient ouïr messe fussent punis de 10 livres d'amende, ce que jamais je ne voulus consentir et fis mes réserves. Et depuis j'ai toujours fait chanter messe dans votre château.

Étant ensuite averti qu'ils étaient nuit et jour à travailler les villages, j'ai appelé par devant moi les gouverneurs de toutes les justices et paroisses de votre comté, lesquels en présence l'un de l'autre se sont déclarés de vouloir vivre et mourir sous votre protection et vous obéir comme bons sujets doivent faire, sans changer l'ancienne foi, jusqu'à ce que par vous en soit ordonné. Et pource que par les ambassadeurs leur a été dit, que n'était nullement possible que vinssiez par deçà, en sont demeurés fort dolents; et néanmoins verront volontiers Monsieur le Marquis, et, puisque autrement ne peut être, ils feront ce qu'il vous plaira leur commander par le dit Seigneur, espérant que, quand serez de loisir, viendrez pour réhabiliter toutes choses.

Néanmoins, comme il sera nécessaire de faire plusieurs constitutions nouvelles, il est nécessaire que Monseigneur vienne pourvu de bons conseils et de totale puissance, car, Madame, voilà que MM. de votre chapitre sont ruinés en cette ville. Ils m'ont prié de leur donner place pour faire le service divin, et j'ai avisé qu'ils se pourront retirer au prieuré de Vau-Travers qui leur compète, jusques à la venue de Monseigneur. ils jouiront pendant ce temps de leurs prébendes comme du passé. S'ils le préfèrent ils peuvent se retirer chacun dans sa maison paternelle, ou en son bénéfice. J'ai aussi envoyé au Val-de-Travers les enfans de choeur pour vaquer au divin office. Quant aux reliques, ornemens et titres de votre église, j'ai serré et retiré ce que j'ai pu dans votre maison, et de ceux de l'abbaie de Fontaine-André l'ai fait aussi. Je fais recouvrer les censés et revenus sous votre main pour qu'opprobre et qu'inconvénient n'en arrive, jusqu'à ce que par vous, Madame et Messieurs nos princes, en soit plus amplement ordonné. À la date du 20 novembre 1532.

Signé : Georges DE PRANGINS.
SOURCES.

Choupard. Kirchhofer, vie de Farel. Vie de Farel par Perrot. Extrait de l'Inventaire de M. Olivier Perrot. Vie de Farel par Rosselet. Chronique des Chanoines. Annales de Fontaine-André, ouvrage manuscrit de M. Matile. Annales de Boive. Mémoire sur l'Église collégiale et le Chapitre de Neuchâtel, dans le Schw. Geschichtsforscher. VI. Ruchat.

Table des matières

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1* Hottinger raconte cette guerre dans son Histoire des Suisses II, page 226 de la traduction.
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2* Antoine Noll, Sulpice Archer et Jaque Fribolet.
 


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Noms propres de cette page:
 
Afrique - André - Antéchrist - Antoina - Antoine - Aoste -

Baal - Bâle - Barcelonne - Bernard - Berne - Bernois - Bevaix - Beynon - Bezancenet - Bienne - Boive -

Châteauneuf - Confédération - Confédérés - Corcelles - Cordeliers -

Daniel -

Écritures - Étienne - Évangile - Ézéchias -

Farel - Faucon - Fortunatus - Fribolet - Fribourg - Froment -

Gachet - Gall - George - Georges - German - Geschichtsforscher - Girardin - Glautinis - Gonin - Grenoble - Gruyère - Gruyériens - Guillaume -

Hochberg - Hottinger -

Jaques - Jean - Jeanne - Jérusalem - Jésus - Joux - Jovio - Juda - Jura -

Kirchhofer -

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Mandemens - Martin - Matile - Médicis - Méditerranée - Meiri - Moranville - Morat - Motiers - Moutiers - Mulhausen - Musso -

Naegueli - Nenny - Neuchâtel - Nicolas - Noll - Noville -

Olivier -

Paillasseau - Payerne - Peneysans - Perrin - Perrot - Pierre - Pourceletti - Prangins - Prémontrés -

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