Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...


FEUILLETON DU CHRONIQUEUR.

ENCORE UNE SCÈNE DE LA RÉFORME À AIGLE.

 La résistance que Farel éprouvait à Aigle était entretenue par les moines mendians, qui prêchaient dans le pays d'alentour. Un jour Farel en rencontra un par aventure, qu'il savait avoir fortement crié contre lui et avoir prêché à Noville que tous étaient damnés qui l'entendaient. Le moine venait quêter du vin pour son couvent. Farel l'aborde : « Vous avez dernièrement prêché à Noville. - Oui, dit-il, déjà effrayé. - Et vous êtes d'avis que le diable peut prêcher l'Évangile de notre Seigneur, et que ceux qui l'entendent sont damnés - Nenny. - Pourquoi donc l'avez-vous prêché ? Je vous prie, montrez-moi s'il est chose que j'aie mal dite; car je veux mourir si j'ai mal enseigné le pauvre peuple, racheté du précieux sang de Christ. » - Lors le moine dit à Farel tout bas ; « J'ai ouï dire que tu es un hérétique et que tu séduis le peuple. - J'ai ouï dire, n'est pas assez; montre comment je le fais, et maintiens ce que tu as prêché. - Eh, qu'ai-je prêché de toi? qui l'a oui? Je ne suis point venu disputer, mais faire ma quête. Que tu aies bien ou mal prêché cela te regarde. » Et il se mit à se fâcher et à tourner deçà delà, comme fait conscience mal assurée.

À ce moment les gens de la campagne commençaient à revenir de leur oeuvre et Farel, en appelant quelques-uns, leur dit: «Voyez ce bon prêtre qui a prêché que ce que je dis est mensonge, qui à cette heure m'appelle hérétique ...» Le moine l'interrompit : «Qu'ai-je dit? Qui l'a entendu? Tu perds la tête. - Tu l'as dit devant Dieu; pourquoi nier ce qui a eu Dieu pour témoin? Viens plutôt et si je suis tel que tu le dis, maintiens-le; tu seras ouï plus volontiers que moi. » Le moine pour n'être pas sans réponse, parla des offrandes que Farel condamnait, disait-on. - « L'offrande est qu'on serve aux pauvres et qu'on garde les commandemens de Dieu. Un coeur brisé, c'est le vrai sacrifice et n'y en a d'autre qui ait vertu que celui par lequel notre Seigneur lave et renouvelle les siens.

Lors le frère, comme hors de sens, tira son bonnet de sa tête hors du chaperon, le jeta à terre et mit son pied sus en disant : « Je suis ébahi comme la terre ne nous abîme. » Et se mit à crier tant qu'un des assistans, lui touchant la manche, lui dit : « Écoutez-le, comme il vous écoute. &emdash; Excommunié, dit le moine ; mets-tu la main sur moi. » - Ils lui dirent : « Qui vous touche est-il donc excommunié ? Avez-vous un autre Dieu que nous, que l'on n'ose vous parler? » -

Sur ces entrefaites un officier survint, qui mena Farel et le moine en prison, l'un dans une tour, l'autre dans l'autre, et le samedi matin on les mena devant la justice. Là Farel prit la parole : « Mes Seigneurs, auxquels Dieu commande qu'on obéisse, vous ne tenez pas la place d'hommes; mais de Dieu et n'avez le glaive sans cause; mais pour servir la justice et procurer la gloire de Dieu. Or voici que ce frère a prêché que ma doctrine est impie et que ceux qui l'écoutent` sont damnés. Faites, Messieurs, qu'il maintienne sa parole, et s'il prouve que j'ai prêché contre Dieu, je ne demande nulle merci; sinon, prononcez de manière à ce que ceux qu'il abusait soient détrompés et votre peuple édifié. - L'entendant parler ainsi, le moine se jeta à genoux, disant: « Mes seigneurs, je demande pardon à Dieu et à vous ; Magister, je vous crie merci et je suis prêt à reconnaître que ce que j'ai prêché contre vous, je l'ai fait sur de faux rapports. - Mon frère, mon ami, lui dit Farel, ne me demandez point merci; car avant de vous avoir vu, je vous avais pardonné, et je me fusse tû, s'il n'eût été question de la doctrine que je prêche, là où gît l'honneur de Dieu. Quant à moi, je suis pauvre pêcheur comme les autres, ayant ma fiance, non pas en ma justice, mais à la mort de Jésus. Aussi ne demandé-je qu'on vous fasse aucun mal; mais que vous puissiez dire apertement devant moi ce que disiez derrière, et que je puisse vous donner raison de tout ce que j'ai prêché. » - Un seigneur de Berne entra comme Farel parlait encore et le moine a genoux se mit à demander de nouveau grâce et merci. Ce dont Farel, ayant honte, lui dit de la demander à Dieu. Lors le Bernois; « Je prends la chose envers mes Seigneurs, et voici ce que je prononce : Demain le frère se trouvera au sermon de Farel et s'il lui semble dire la vérité, il le confessera devant tous, si non il en dira son avis » Le moine accepta la sentence, promit en la main du seigneur de Berne de s'y conformer et descendit en conversant avec Farel. On ne l'a dès lors plus revu.

Farel cependant, comme cette affaire avait fait quelque bruit, crut devoir la mettre par écrit et il en envoya le narré, aux soeurs de Ste. Claire de Vevey, que les moines des alentours visitaient souvent. « Je vous retrace la chose comme elle a été faite, leur dit-il, sans rien mettre d'avantage ni le tourner autrement. Que s'il y a de vos frères qui soient mal édifiés de mes doctrines, dites-leur de venir me contredire, il ne leur sera fait outrage et la vérité vaincra. Et vous, mes soeurs, veuillez, pour l'honneur de Jésus, lire dans son Évangile ce qu'il a fait, vous attacher à sa doctrine et prier qu'il règne sur tous coeurs; et s'il y a rien dans mes paroles qui vous semble bon, je vous prie que m'en avertissiez pour l'amour de ce doux Sauveur. » - De réponse, Farel n'en reçut pas.

 

SOURCE.
La lettre aux nonnains de Vevey, qui se trouve dans la Bibliothèque de MM. les pasteurs de Neuchâtel. Elle est aussi dans Choupard.


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TROIS LETTRES DE FAREL A FORTUNATUS ANDRÉ.
(Écrites peu après l'établissement de la reforme à Neuchâtel.)

 

Première lettre.

« grâce et paix de la part de Dieu. Mon frère, j'ai reçu deux de vos lettres. Si vous saviez l'état dans lequel j'ai vécu, vous ne sauriez trouver mauvais que je n'aie pas répondu à vos premières, puisque je n'ai pu même écrire à Capiton et à Bucer, qui me sont plus chers que la vie, et que je n'eusse pu agir différemment envers mon propre père, s'il vivait encore.

« Vous souhaitez de savoir comment vont ici les choses du Seigneur. Je vous dirai qu'elles vont assez bien, eu égard au temps passé, puisque plusieurs voient plus clairement les tromperies de l'Antéchrist et qu'on a une grande liberté de parler de Jésus-Christ. Mais si l'on considère combien il reste de chemin à faire et combien les hommes sont éloignés de la pureté, de l'innocence et de la charité qui doivent se trouver dans les chrétiens, que vous diriez en vérité que tout va mal! Combien de racines difficiles à déraciner ne faut-il pas arracher encore avant que le champ soit propre à recevoir la semence! que de travaux que de sueurs! que d'obstacles à vaincre! Il est besoin de laboureurs durcis à la peine. Il faut que celui qui sème dans l'espérance de la moisson vive, en l'attendant, de ce qu'il a chez lui, et il aura quelque peine à le faire par la disette qui court. Je sais que le Père n'abandonne pas ses enfans je le sais et je le vois, sans avoir besoin de me rappeler que la prophétie l'a promis. Ce ne sont pas des montagnes ce sont des épreuves, ce sont des tourmens difficiles à décrire que j'annonce à qui veut entrer dans cette carrière. C'est pourquoi, mon frère, si vous avez bien appris Christ, et que vous sachiez l'enseigner purement aux autres, sans les vaines controverses de l'eau et du pain, ou des censés et des dîmes, dans lesquelles plusieurs font consister le Christianisme; si vous savez ne proposer autre chose sinon qu'il faut renoncer à toute impiété et à toute injustice, s'armer de foi, chercher et serrer le trésor qui est là haut, où Jésus-Christ est à la droite du Père, et payer au glaive ce qui appartient au glaive ; si vous n'avez en vue que de travailler à planter les germes d'une foi qui soit opérante par la charité; mettez-vous en chemin, bien résolu à porter la croix, qui vous attend à la porte.

Vous n'aurez de repos qu'après la fatigue. Une grande porte est ouverte; mais pour ceux seulement qui prennent plaisir à paître le troupeau et non à manger les brebis; qui sont prêts à souffrir beaucoup d'injures pour des services rendus et à recevoir des maux en échange du bien.

Je vous mets ces choses devant les yeux, non pour vous ôter, mais pour vous donner courage. Généreux soldat, vous n'aurez point à faire à des ennemis lâches ou abattus ; mais à des adversaires pleins de force. Vous les vaincrez en mettant votre confiance en Dieu; l'affaire est sienne et non la vôtre et c'est bien lui qui combattra. J'en ai dit assez; il ne me reste qu'à prier le Seigneur de vous diriger. Saluez de ma part tous les fidèles et en particulier votre femme et votre hôte. À Morat le 27 janvier 1531. »

Seconde lettre
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« Qu'ajouter, ô mon frère, à ce que je vous ai écrit ? Que vous dire, si ce n'est que la moisson est grande, qu'il y a peu d'ouvriers, que je n'ai que des peines à vous annoncer et que si le Seigneur n'accomplissait envers nous sa promesse, nous serions les plus à plaindre des hommes Il ne nous laisse pas sans pain après le travail; mais ce pain n'est pas délicat et nous le prenons tel que sa bonté nous le donne. Je ne veux mentir et la vérité, la voilà. Écoutez les inspirations de votre père; écoutez celles de vos frères; quelque incommode que soit cette guerre, ils vous encourageront à vous y engager. Christ daigne vous enseigner, ô mon cher, ce qui fera servir votre vie à sa gloire. À Neuchâtel, le 12 février 1531. » -

André ne peut venir encore ; sa femme est souffrante et ne saurait supporter tant d'agitations; Farel écrit une troisième fois.

Troisième lettre.

Vous a-t-il été donné de pouvoir annoncer l'Évangile, gardez-vous d'enfouir le talent que vous avez reçu. Avant d'écouter votre femme, prêtez l'oreille à votre Dieu. Vous devez à Dieu le compte des âmes qui gémissent. sous la tyrannie, tandis que votre voix pourrait les enseigner et les conduire à Christ. Ne vous effrayez pas de ce que je n'ai aucun salaire à vous offrir. Il y a de la douceur à être pauvre, à souffrir disette. que dis-je, à mourir pour Jésus-Christ. »

Fortunatus l'entendit; il se mit en route avec sa femme, et il est aujourd'hui l'un des fidèles amis et des compagnons d'oeuvre de Farel à Morat, à Genève et du Pays-de-Vaud.




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