Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.

DÉPART DE L'EMPEREUR POUR L'AFRIQUE.

Nouvelle de Berne
Pays Romand - Genève - Neuchâtel
Noms propres de cette page

FEUILLETON DU CHRONIQUEUR.
- Pierre Viret s'adressant à l'Eglise en payerne

GÈNES, 12 avril.

Voici une grande, une chrétienne, une mémorable nouvelle. Je vous le donne pour certain, l'Empereur part peut-être à cette heure de Barcelonne, pour aller combattre les corsaires de Barbarie. Depuis long-temps nous voyions de grands préparatifs se faire sur tous nos rivages. On savait d'autre part que François 1er levait des légions, et travaillait l'Allemagne. On craignait une nouvelle collision dans le sein de la chrétienté; François Sforce ajoutait aux fortifications d'Alexandrie, de Come et de Pavie; Alexandre de Médicis se hâtait de parfaire à Florence un nouveau rempart; les Suisses étaient au guet, et notre André Doria veillait par terre et par mer sur les mouvemens du roi de France. Tout-à-coup voilà le dessein de l'Empereur qui se révèle. Il gît en ce qu'il veut exterminer Barberousse et ses corsaires. Je vous ai retracé les cruelles déprédations des Barbaresques (Chroniqueur, page 23) ; et quel lieu en Europe n'a pas retenti des plaintes de tant de victimes! Eh bien, on annonçait que Barberousse se préparait à des crimes nouveaux, qu'il rassemblait de toutes parts des corsaires de la Méditerranée, qu'il ne se bornerait pas, comme l'année dernière, à butiner les rivages ; mais qu'il passerait en Sicile, qu'il s'emparerait du grenier de l'Italie et que même il osait songer à la conquête du royaume de Naples. Il était de la piété et de la gloire de l'Empereur de penser au salut de ses peuples et à l'honneur de la chrétienté; l'entreprise formée, il était de sa dignité de ne pas abandonner à un autre la gloire de la commander. Voyez-vous les peuples bénir son étendard, l'appeler le champion de la foi et attendre de lui leur délivrance? Il va noyer, dans des flots de sang africain l'envie et la haine, que tant de victoires remportées contre un roi chrétien ont attachées à ses pas; cette haine, il la rejettera sur les princes qui aiment mieux être spectateurs, qu'aides et compagnons, dans cette guerre sacrée.

Le Pape a le premier donné à l'entreprise grand honneur de paroles, et pour frayer à la guerre il a octroyé à l'Empereur les décimes des bénéfices de toute l'Espagne. Lui-même il a, de son argent, fait équiper neuf galères à Gènes, et il les fait commander par Virgile, de l'illustre maison des Ursins. Toute l'Espagne s'est éveillée à si pieuse guerre. André Doria, à qui l'Empereur, pour son expertise et pour sa foi éprouvée, a donné la principale charge de tout le train naval, a préparé en promptitude trente galères bien armées. Il en est une quadrirème pour l'Empereur; celle-ci a son lambrissement doré, sa poupe ornée de peintures et couverte de drap d'or ; les rameurs sont fort bien accoutrés de hoquetons de soie. La jeunesse de Ligurie et les plus vaillans de la noblesse se sont enrôlés à l'envi. Les légions ont été formées de jeunes et de vieux soldats. Du Guast les commande. L'Empereur eût une grande envie d'emmener avec soi de Lève mais le voyant trop imbécile de corps pour supporter les mésaises de la mer, avec ce que l'Italie a besoin d'un capitaine diligent, il a résolu de l'épargner et de lui laisser la garde de la Lombardie.

Un édit rigoureux a défendu aux vieilles bandes espagnoles de s'écouler vers la mer, par aucun désir de se trouver à la nouvelle guerre; car Charles ne veut pas que la province demeure dégarnie et livrée à la foi incertaine des Suisses ou des Français. Un vieux capitaine, Maximilien d'Eberstein, a amené par les Alpes 8,000 lansquenets, auxquels étaient mêlés, comme volontaires, plusieurs gentils-hommes de la race des gros seigneurs d'Allemagne. On les a libéralement reçus; Doria les a exhortés à supporter, le plus patiemment qu'ils pourraient, les mésaises de la navigation, et il leur a promis la victoire, que Dieu n'a jamais refusée aux pieux et aux forts.

Ainsi donc, en souveraine allégresse, on s'est embarqué sur 38 navires. Les galères du Pape partaient en même temps de Civita-Vecchia, où sa Sainteté est accourue pour les bénir; debout sur une haute tour, elle a entonné des prières et le choeur des prêtres a chanté des hymnes; puis les navires ont été signés et bénis, l'étendard a été remis à la main du général et, le vent étant à gré, la flotte a cinglé vers Naples, où elle va rallier les galères du vice-roi. On raconte que quelques soldats, mécontens de la petite solde et n'aimant pas la mer, commençaient à rabaisser malignement les espérances de victoire qu'on a conçues, et que le général, pour détruire le mal à son origine, les a fait jeter dans des sacs et noyer au profond de la mer.

Dans le même temps Doria abordait à Barcelonne, où il est allé quérir l'Empereur avec ses galions. Les galions sont des vaisseaux construits pour la guerre, plus petits et plus bas que les navires de charge, faits pour braver tempête et soutenir outrance d'artillerie, et équipés de voiles carrées et de rames en petit nombre. De ces vaisseaux usent presque tous les écumeurs de mer. Doria a trouvé à Barcelonne grand amas de gens de guerre, piétons, nouvelets pour la plupart, cavalerie, de Castille, levée selon le droit qu'a le souverain d'appeler tous gens d'armes quand il marche contre les Maures, et beaucoup d'illustres seigneurs ne demandant pour solde que la bonne grâce de l'Empereur et le plaisir de bien faire leur devoir.

Entre ceux-ci excelle Ferdinand, Duc d'Albe, qui a à venger sur les Africains la mort de son père ; ce jeune homme donne l'espoir d'être un jouir un grand capitaine. Louis, beau-frère de l'Empereur, quittant secrètement Lisbonne, est venu de Portugal, amenant 23 de ces vaisseaux qu'ils nomment caravelles, accoutumés aux navigations des Indes et qui supportent toute mer, tant soit-elle furieuse. Encore étaient abordés plus de soixante navires de charge, venant de Flandres. Sur iceux ont été amenés grand nombre de condamnés à mort, auxquels l'ordonnance impériale a accordé la vie afin de les employer aux galères, pour renfort de rameurs; car on manque d'hommes pour ce pénible travail. Finalement l'Empereur est arrivé, le 2 avril, jour de St-Vincent de Paule, plus vite qu'on ne l'attendait. Il distribue les gens d'armes et les munitions dans les vaisseaux et fait publier que nul n'emmène valets inutiles ou femmes de mauvaise vie. Plus d'une fois déjà il est monté sur sa quadrirème et il est probable qu'il tient aujourd'hui la mer, faisant voile vers la Sardaigne et vers le port de Cagliari, qu'il a fixé pour rendez-vous à toute son armée marine. (1)

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NOUVELLES DE BERNE.

Espérer contre toute espérance, est la foi de la réforme, et Dieu n'a pas trompé son attente. Qu'était, il y a 12 ans, le fait de la Réformation ? Il n'avait pas même de nom dans le monde politique; ce fût à Worms qu'il l'acquit en s'alliant aux libertés de l'Allemagne. Et dès lors que de périls il a traversés! Spire, Augsbourg, comment a-t-il survécu? comment l'empereur n'a-t-il pas de ses bras de géant étouffé le faible adversaire encore à son berceau? La guerre! Ce cri s'est fait entendre bien des fois, et chaque fois quelque auxiliaire, auquel ne songeaient pas les Reformés, s'est montré leur libérateur.
C'était François, c'était Soliman, c'était quelque attaque inattendue. Ces derniers jours encore nous vivions dans une attente inquiète, témoins des préparatifs qui se feraient des deux côtés des Alpes, et si les dernières nouvelles ne nous trompent, l'orage ira encore cette fois éclater loin de nos montagnes et frapper des rivages lointains. Le 3 avril, Venise nous écrivait, « qu'elle armait 60 vaisseaux, que l'Empereur avait amené tant d'or qu'il ne savait bonnement qu'en faire, et qu'on s'attendait à le voir arriver en Italie avec grandes braveries. « Et voici que des lettres plus récentes nous tiennent un tout autre langage : il part pour la guerre sainte ; il emmène avec lui Muley - Hassem, le Bey dépossédé de Tunis. L'horizon s'est donc éclairci.
Déjà même on commence à s'occuper de la question qui, chaque fois que les évangéliques ont obtenu une trêve, leur a été jetée de nouveau. Il est rare que de deux idées qui se combattent l'une triomphe de l'autre de manière à l'absorber; d'ordinaire elles rencontrent quelque terre neutre sur laquelle elles cherchent à transiger; or, en ce présent cas, le terrain neutre est celui d'un concile général. C'est le sol sur lequel le politique appelle la Réforme, chaque fois que les bruits de guerre laissent place à la négociation. Charles et François ont naguères l'un et l'autre mis en avant cette idée d'un concile; c'est le Pape, c'est Paul III qui l'exploite aujourd'hui et joue le rôle de pacificateur. Il a envoyé en Allemagne avec cette pensée un homme sage et d'un esprit conciliant, c'est Verger. Verger est arrivé à la cour du Roi des Romains; le Landgrave y était; Ulrich de Wirtemberg était attendu et l'Électeur de Saxe devait ne pas tarder d'arriver. Un même sentiment anime ces chefs de l'Allemagne protestante, c'est celui de l'indignation contre François I qui, se disant leur ami, fait en même temps souffrir à leurs frères en la foi la persécution la plus cruelle.

Tous conviennent qu'ils voient moins de danger pour leur cause à se rapprocher de la maison d'Autriche qu'à s'unir au plus perfide des princes. Vous le voyez, les circonstances semblent se prêter à un rapprochement. Luther se tait, il souffre en son corps; les fureurs qui ont accompagné le soulèvement des anabaptistes l'ont navré et l'ont abattu. Les réformateurs, qui, quoi qu'on en ait dit, sont des hommes de paix, se laisseront-ils entraîner sur le terrain glissant qu'on leur présente? Je l'ignore. Mais il est deux choses que je sais. L'une est que jamais à Mantoue, dans le lieu que Verger propose pour la tenue d'un concile, il ne se réunira une assemblée où les protestans puissent se faire entendre librement. L'autre est que le jour du plus grand péril de la Réforme sera celui où l'Empereur de retour d'Afrique avec ses armées victorieuses, touchera le sol d'Europe, le coeur exalté, riche des trésors qu'il aura conquis et applaudi par tous les peuples de la chrétienté.

Il n'aura point alors à craindre d'être tombé dans ses entreprises par de nouvelles attaques du Sultan. Soliman est embarrassé en Asie dans une guerre qui paraît devoir être longue et difficile. Voici ce que nous disent les lettres que nous recevons d'Italie et de Raguse. Les Perses, que leur haine envers les Turcs ne laisse jamais tranquilles, s'ébattaient petit à petit et ont fini par se jeter sur la Mésopotamie. Au rapport qui lui en fut fait, le coeur hautain de Soliman émut, et il se sentit partagé entre deux haines contraires, tant il estime chose pieuse de persécuter les chrétiens, tant il juge chose très-honnête de détruire la race d'Ismaël. Enfin il se résolut, passa l'Euphrate se jeta sur Tauris qu'il trouva abandonnée et attendit que l'ennemi vint de ses monts défendre ses provinces ravagées. Mais au lieu d'armée se précipita sur lui un orage comme jamais n'ont souvenance de n'en avoir vu descendre des montagnes. C'était équinoxe d'été, et voilà qu'un soudain hiver amène glaces, neiges, enlève tentes et pavillons, éteint les feux, couvre la terre d'une nuit profonde, et laisse l'armée des Ottomans persuadée que les mages de la Perse ont par leurs enchantemens déchaîné contr'eux les secrètes puissances du Caucasus, du père redouté des montagnes. Il a fallu faire retraite. Furieux, Soliman a cherché auprès de soi sur qui décharger sa colère et bien des têtes ont roulé. Puis il s'est jeté sur Bagdad, où il est présentement de sa personne, bien résolu de se venger sur la belle province de Babylone de l'affront qu'il estime avoir reçu.

- Encore un mot sur l'Allemagne. Ulrich de Wirtemberg vient d'accomplir la réforme de son Duché. On nous le représente sous les traits d'un nouveau Manassé et son peuple comme faisant retentir en tout lieu les hymnes de la piété et de la reconnaissance. Ils aiment à chanter : « Le salut nous est venu d'en-haut; il nous est venu par grâce et par pure miséricorde. »

À Tubingue, le 21 mars, la cène a été pour la première fois distribuée sous les deux espèces. Il a fallu, il est vrai, que l'ordre de le faire, arrivât du gouvernement. Les couvens se transforment en institutions pour de savantes études. Grynoeus et Phrygio ont été appelés de Bâle, et Camerarius de Nuremberg, pour reconstituer évangéliquement l'Université de Tubingue. Mélanchton a envoyé ses avis. Ulrich vient encore d'appeler auprès de lui Blarer, Schnef et Brenz, qui sont parmi les plus excellens des réformateurs de l'Allemagne Il ne se montre plus qu'entouré d'hommes évangéliques, et le peuple parait content de son prince et de la révolution. Il ne me reste qu'à vous instruire, de ce qui se passe dans les limites de la Confédération. Un fait suffira pour vous faire connaître quelle est la disposition des esprits. Sur un faux bruit répandu que Berne voulait les surprendre, les cinq cantons catholiques ont subitement pris les armes. Berne s'est plainte à la Diète, assemblée à Baden dans ces premiers jours d'avril, d'une défiance qui outrage son honneur; et saisissant cette occasion, elle a déclaré combien elle était blessée de la menace, faite par plusieurs cantons, de l'abandonner dans le cas où elle se verrait entraînée dans une guerre juste et nécessaire contre le Duc de Savoie.

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1. SOURCE : L'écrit intitulé «Du vray ministère de la vraye Église de Jésus-Christ, par Pierre Viret », adressé aux honorables Messieurs de Payerne.

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PAYS ROMAND.

GENÈVE. Extraits du registre du Conseil.

Le vendredi, 2 avril. M. le lieutenant déclare que plusieurs prêtres, recherchés par plusieurs créanciers, refusent de donner des cautions, prétextant qu'ils n'ont rien.

On lui donne ordre d'exiger des cautions ou de leur prendre leurs vêtemens (aut cis amoveat vestes).

Farel et Viret, prédicateurs de l'Évangile. On parle de leur donner une demeure, et parce qu'on ne trouve point de lieu plus commode que le couvent de Rive, on résout que MM. les syndics leur y donneront un logement honnête.

Observation de M. Roset. Le Conseil n'avait pas jusques à ce jour, voulu maintenir ouvertement les prêcheurs; mais depuis que la vénéfique a déclaré qu'elle a été induite par les bonnets ronds à empoisonner maître Viret, la renommée des prêtres s'est fort amoindrie dans Genève, et les prédicateurs se sont accrus d'autant. Puis il vient à Genève beaucoup de Français, persécutés pour l'Évangile (car le Roi en fait beaucoup brûler) ; et la cause de la réforme s'embellit plaidée par ces réfugiés. Le Conseil a donc fait chose agréable aux Genevois, en ordonnant que les prêcheurs fussent logés convenablement.
- Du 6. Toujours nouveaux ennuis faits à ceux de la ville par les traîtres de Peney, qui innovent en prenant les biens des citoyens et leurs personnes, emmènent ceux qu'ils peuvent appréhender, leur font leur procès et les exécutent comme rebelles à leur prince. Et parce que plusieurs des traîtres ont encore leurs femmes et leurs familles en cette ville, qui leur rapportent tout ce qui s'y fait, il est ordonné qu'on fermera les maisons des dits fugitifs, qu'on inventorisera leurs biens et qu'on bannira de la ville leurs femmes et leurs familles, qui en sortiront dans six heures.

- Le 9. Confirmation de cet arrêt, nonobstant les requêtes de plusieurs femmes des dits fugitifs; on rejette entr'autres celle de la femme de Philibert Berthelier, qui s'est remariée à l'un d'eux; on ne veut pourtant chasser de la ville les enfans du dit Berthelier, ains les aider en tout ce qu'on pourra.
Le même jour ordonné de faire bonne garde et de fermer la porte de St-Gervais, sur l'avis que des gens de guerre sont arrivés à Peney. Le prêtre Potu se refusant de faire le guet, M. le lieutenant le fera mettre en prison.

Les religieux de Rive exposent qu'ils ont dessein de vendre certains meubles pour avoir de quoi vivre, mais qu'on dit que nous voulons les en empêcher; c'est pourquoi ils prient qu'on y pourvoie. On leur répond que ces biens sont vêtemens et draps d'église, faits pour le service du couvent et que s'ils veulent s'en servir, il faut qu'ils donnent caution de les rendre.
Le bruit court que les chanoines de St-Pierre songent à transporter leur chapitre à Annecy. Si le fait se confirme, on ira leur demander les droits et les objets divers qui doivent demeurer pour l'usage des successeurs.
Enfin on parle d'Antoina la détenue et parce que, d'après ses dernières paroles, on soupçonne qu'elle n'a pas dit toute la vérité, on arrête qu'elle sera de nouveau mise à la torture.

- Le 13. Tout examiné, l'empoisonneuse Antoina est condamnée à mort.
Ce dit jour sont défendues les danses du virolet (rondes dansées en public), vu qu'il y a eu déjà querelle en un ou deux endroits et que des servantes. qui dansaient ont offensé M. le Lieutenant et Guillaume Farel. Cries à ce sujet seront faites au son de trompe.

- Ce 14, le Conseil vient d'ordonner l'arrestation de M. le chanoine Gonin (ou Hugonin) d'Orsières, compromis par les révélations d'Antoina.

- Les pauvres soeurs de Sainte-Claire sont fort en deuil de tout ce qui se passe. Elles ont eu surtout grand chagrin à voir qu'on logeât les prêcheurs chez les pères de St-François, tout près de leur couvent, où ils leur font bien de l'ennui; disant qu'elles sont pauvres aveugles, errantes en la foi, et que pour leur sauvement on les devrait mettre hors de prison, ne les plus laisser nourrir ces cafards de cordeliers à bonnes perdrix et chapons gras, mais les sortir, et les toutes marier selon le commandement de Dieu. D'autres fois « disent que la ville ne sera unie de foi qu'elles n'en soient dehors. Et font tant, nous dit la soeur Jeanne, que les hérétiques commencent fort à persécuter les soeurs ; car les mauvais garçons se tiennent sur les galeries de la ville, droit du jardin du couvent et toute la journée tiennent le jeu d'arquebuse, et chantent des chansons injurieuses, et pour ce les soeurs n'osent entrer au jardin sinon voilées et plusieurs ensemble; et ont fini par jeter des pierres, et si Dieu n'y eût mis la main, ils en eussent écervelé quelqu'une; et sont contraintes de n'y plus aller, ni pour cueillir herbes, ni pour autre chose nécessaire, dont elles ont pourtant grand faute.

SOURCES. Paul Jove. Struvii rerum German. Script. III, p. 417. Schardii, hist. Germ. Il, p. 1341.

Lettres, de Venise, de Raguse, etc. dans les Arch. de Berne. Paul Jove. Steidan. Schnurer, Wurtemb. Kirchen reform. Satlers Gesch. dies Herzogthums. Crusius Schwaebische Chronik.- Ruchat.

 

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REVUE.

NEUCHÂTEL.

 

« Ce fut un jour de fête; toutes les cloches saluèrent son lever, le peuple s'assembla à la face du ciel, et les mains levées, il jura fidélité au prince qui faisait le serment de respecter ses libertés. »

Encore une ville assise au pied des monts, et se baignant dans l'azur des eaux. Sur une colline s'élève un château et un temple. Le château était naguères la demeure des comtes, au temps de l'illustre maison de Neuchâtel; il est la résidence du gouverneur aujourd'hui qu'un prince éloigné, le duc d'Orléans Longueville est devenu par mariage l'héritier des anciens seigneurs. Descendons, passons devant les maisons des chanoines; une pente rapide nous conduit au milieu des rues étroites, demeure des bourgeois.

Çà et là se laissent apercevoir des traces d'une richesse naissante; voilà où l'on travaille la laine, et où l'on fait de bon, si ce n'est de beau drap; d'autres branches d'industrie ont commencé à fleurir; cependant les citoyens sont encore pour la plupart vignerons et agriculteurs. La ville, serrée entre ses remparts, se dessine en carré entre le lac et la colline; au sud elle touche au vignoble, au nord s'étendent les jardins des bourgeois et les pâturages du Chaumont, à dos s'élèvent les petites rapides du Jura.

Jadis le comté dont Neuchâtel est la capitale occupait autour d'elle une assez grande étendue; il comprenait l'Erguel, Cerlier, Arberg, Nidau, la montagne de Diesse. Des partages l'ont affaibli. Les conquêtes de Berne l'ont refoulé derrière la Thièle. Tel qu'il est aujourd'hui il occupe une terre de dix lieues de long sur une largeur de cinq lieues.

Cette terre, dans son peu d'étendue, renferme trois plateaux et trois zones différentes. Le long du lac d'étend le vignoble. La population y est pressée, les villes et les villages s'y succèdent sans interruption, les vignes et les vergers y occupent tour à tour le sol, ici lentement incliné, là découpé en terrasses qui descendent brusquement au rivage. On y rencontre les châteaux de Thièle, de Colombier, de Boudry et ceux des grands vassaux de Gorgier et de Vaumarcus.

La seconde région se prolonge derrière la montagne. Elle comprend deux grandes vallées élevées l'une et l'autre d'environ 4,000 pieds au dessus du niveau du lac. L'une part du mont Chasseral, court derrière les pentes du Chaumont et se réunit au vignoble à Rochefort, au pied du mont de la Tourne. C'est le val de Ruz, avec ses vingt villages et son château de Valangin. Dans le fond de la vallée, le Seyon s'est creusé un lit rocailleux, profond, inégal; un jour vous le prendriez pour un faible ruisseau, le lendemain il élargira son flot, creusera les flancs du Chaumont, se fera jour à travers les rochers, et précipitera avec fracas contre les murs de Neuchâtel ses eaux enflées et limoneuses.

L'autre des vallées de la région moyenne va s'allongeant derrière les pointes du Chasseron et derrière la montagne de Boudry aux crêtes ardues et aux flancs couverts de noirs sapins. Elle s'étend jusques au Grand-Taureau et aux limites de France. C'est le val de Travers, riante prairie entre deux parois de rochers qui tantôt s'éloignent et laissent entrevoir la vallée, tantôt se resserrent et de si près qu'elles semblent au moment de se réunir et de fermer le bassin.

De prairie en prairie et de rocher en rocher, la Reuse coule ses eaux bruyantes, elle franchit l'étroit passage de la Clusette, arrive au vignoble non loin de Rochefort et du pied du Chaumont passe sous les murs de Boudry, qu'elle mine, insensiblement et va, une demi-lieue plus loin, verser au lac les eaux de cette seconde vallée. - Du village de Rochefort, en suivant le rapide chemin qui gravit le mont de la Tourne, nous arriverons à la troisième des régions qui se partagent le pays de Neuchâtel. Elle est élevée de 2,000 pieds au-dessus du niveau du lac. C'est la région des montagnes, des noires joux et des verts pâturages. On n'y rencontrait Il y a 200 ans aucune habitation. C'est au commencement du quatorzième siècle que J. Droz, de Corcelles, construisit le Verger, première maison du Locle, et 6 ans après, une famille du Pays-de-Vaud jeta sur un sol marécageux les premiers fondemens du village de la Sagne. Dès lors la Sagne a donné naissance aux Ponts, et la population accrue de la plaine du Locle s'est versée dans les vallées contigues de la Chaux-de-Fonds et de la Brévine. Tout ce qui est au-delà de ces vallées est terre de la Haute-Bourgogne et pays de l'Empereur.

Ainsi se dessine le pays. Petit, s'il obéissait à un seul maître, le voilà encore brisé entre deux seigneurs, Le Valangin et la région des montagnes formaient un fief de la maison de Neuchâtel; le fief était puissant, le seigneur a conçu des pensées d'indépendance. Ce sont de vieilles haines et de vieilles rivalités. L'hommage a pourtant été prêté jusques au commencement de ce siècle; mais durant les seize années que les Suisses ont régi Neuchâtel, le Valanginois n'a rien négligé pour faire oublier son titre de sujet; et c'est vainement que le duc de Longueville réclame aujourd'hui de René de Challant le serment ordinaire du vassal.

Le pays esquissé, essayons de caractériser la nation. C'était un bon peuple que les Bourguignons, nous disent tous les vieux chroniqueurs, facile, cordial, le moins barbare entre les barbares, et très susceptible de civilisation. Ajoutons un peuple ami de ses foyers, qui à la soif des aventures et à des goûts très militaires joignait les douces habitudes de la vie patriarcale. Le pas lent. Du laisser-aller. Plus de coeur que d'imagination, plus de sens que de brillante fantaisie. Ils n'allaient en avant qu'en regardant au passé et ne s'en détachaient qu'avec peine. Aux lieux où ils touchaient aux populations allemandes, ce caractère s'alliait à quelque chose de tenace et de dur.

Or, parmi les traditions que les Bourguignons avaient héritées de leurs pères, se trouvait celle de la fidélité au prince, le chef et l'élu de la nation. « Mes fidèles » (meine treue), c'est de ce nom que le prince appelait ses braves. Les malheurs, l'héroïsme et la gloire des rois Rodolphiens nourrirent ce sentiment chez les peuples de l'Helvétie romande.

À l'idée de la royauté se liait dans le moyen-âge celle d'une haute protection. Le roi c'était la justice, c'était la miséricorde, c'était la majesté. La royauté se brisa en fragmens, le Pays-de-Vaud eut ses princes et Neuchâtel les siens; mais ceux du Pays-de-Vaud appartenaient à une famille étrangère; les comtes de Neuchâtel étaient indigènes. Sortis du peuple, ils vécurent près de lui, et se montrèrent chevaleresques, héroïques, gracieux; l'attachement de la nation pour son prince prit un caractère d'affection. Ce sentiment caractérisait les Neuchâtelois, lorsqu'ils ont vu le sceptre de leur souverain passer en des mains étrangères.

C'est à peine s'ils connaissent l'époux de Jeanne de Hochberg. Elle-même vit loin d'eux. Jeanne est une femme de cour, vaine, prodigue, toujours endettée, qui ne se souvient de son pays de Neuchâtel que comme d'une ferme qui doit lui rapporter son revenu.

Quel changement! Quelle épreuve pour le dévouement des Neuchâtelois ! Cette épreuve, leur fidélité la supportera-t-elle? Nous ne savons mieux répondre à cette question qu'en faisant part à nos lecteurs d'une lettre qui nous est adressée de Neuchâtel :

« Au Chroniqueur,

« Vous exprimez, dans le premier numéro de votre journal (page 6), le désir de savoir si, à l'époque de l'occupation de la Principauté par les Suisses (1512 à 1529), les Neuchâtelois ne firent aucune tentative pour s'affranchir, pour se former en république et pour s'allier aux Cantons. Vous dites que s'ils le firent vous n'en trouvez aucune trace. Je vais, en peu de mots, répondre à votre désir, et mettre sous vos yeux la preuve du dévouement que notre peuple a montré envers ses princes dans ce moment difficile.

« C'était à la fatale époque des guerres d'Italie. Les Suisses s'étaient opposés à Louis XII. Ils voyaient avec colère le grand zèle avec lequel Louis d'Orléans servait dans l'armée de France. Il était partout à la tête des Français. Les quatre cantons alliés de Neuchâtel étaient surtout fort irrités de ce qu'un prince qui avait instamment recherché la qualité de Suisse et avait souhaité d'être admis à leur alliance la plus intime, se conduisit avec si peu de ménagement. Enfin Berne et Soleure envoyèrent des députés à Neuchâtel avec charge de confirmer le peuple dans son attachement aux Cantons. Les députés allèrent plus loin. Convaincus qu'il n'y avait dans la ville qu'un sentiment, ils proposèrent aux ministraux et aux Conseils de s'emparer du château, et, pour éviter pis, de prendre les rênes de l'état. Ils requirent en même temps les magistrats de sévir contre plusieurs bourgeois qui avaient suivi d'Orléans en Italie : ils nommèrent Blaise Hory et Nicolas Jaquemet, seigneur d'Orsens, les fidèles écuyers du prince. Le Conseil réunit les citoyens. Les députés assistèrent à l'assemblée en leur qualité de bourgeois. Pierre Pury, banneret, fit connaître le sujet pour lequel la bourgeoisie était convoquée. Il ajouta que si le Conseil avait suivi son propre mouvement, il se serait borné à prier les seigneurs ambassadeurs d'aviser par eux-mêmes à la tranquillité de l'État, sans engager la bourgeoisie dans des démarches qui pouvaient blesser les devoirs qui lient de fidèles sujets à leur souverain.

Les chanoines appelés à opiner les premiers embrassèrent cette idée, qui fixa les suffrages de l'assemblée. Vainement Albert de Stein, l'un des députés, sollicita les ministraux à se saisir du gouvernement, vainement il les assura que si Neuchâtel n'y pourvoyait les Confédérés seraient conduits à s'emparer du comté. Les magistrats résistèrent à la tentation de jouer du souverain. Ils repoussèrent l'idée d'une révolution qui, bien qu'irrégulière dans sa forme, pouvait paraître commandée par les circonstances, et légitimée, quant au fond, par des raisons de bien public. Les principes de prudence, de sagesse et de fidélité l'emportèrent. On écrivit à Jeanne de Hochberg pour l'instruire de ce qui venait de se passer; on la pria d'employer tout son crédit sur l'esprit du prince son mari, pour l'engager à regagner promptement l'amitié des Cantons, et on la supplia de prévenir des malheurs qui désoleraient l'amour et la fidélité des Neuchâtelois. »

Ce fut bientôt après que les Suisses s'emparèrent de la principauté. Ai-je besoin de conclure et de dire que l'attachement pour la personne de ses princes caractérise le peuple de Neuchâtel?
Et pourtant, il est également vrai de le dire, Neuchâtel est affectionné à la Suisse, Neuchâtel aime la liberté. Comment serait-elle depuis les vieux âges l'alliée des Cantons; comment aurait-elle combattu tant de fois dans les batailles des Confédérés, sans avoir aimé la vie républicaine? Des Alpes au Jura, la république est dans la nature du sol : elle est dans les institutions, dans les moeurs, et dans les souvenirs; elle est dans l'air que le peuple respire. Les peuples, il est vrai, y sont parvenus par diverses voies. Dans l'Helvétie bourguignonne et entr'autres dans les villes du Pays-de-Vaud, la Commune a conservé mainte tradition du municipe romain; dans les Cantons les libertés sont de conquête récente et datent du moyen-âge; Neuchâtel me parait avoir reçu des deux parts. Ses coutumes les plus anciennes lui viennent de Bourgogne, et c'est sous l'abri de son alliance de combourgeoisie avec Berne que ses libertés ont pris leur développement. La Commune s'est lentement affranchie. Sa première charte est de l'an 1188 ; elle changeait la servitude en servage.
J'ignore à quelle époque la bourgeoisie a commencé d'avoir ses députés aux États du pays ; mais je sais que ces députés y conservèrent long-temps un rôle subordonné à celui du clergé et de la noblesse. Aux chanoines appartenait le premier rang dans les audiences des États; ils y exerçaient la principale influence ; or les chanoines avaient en haine la démocratie; ils l'avaient vue avec douleur prévaloir chez les Confédérés, et c'est avec plus de peine encore qu'ils la voyaient prendre son essor dans les limites de leur obédience. La Commune était donc entravée dans son progrès. Au commencement du seizième siècle, les pouvoirs des quatre ministraux, exécuteurs des ordonnances de la pluralité des citoyens, n'allaient guère au-delà de la fonction de simples chargés de police et de percepteurs des giètes, des droits de consommation et des revenus très-peu considérables de la cité. Ils se donnaient le nom de serviteurs de la communauté (ministri, ministrales, mestrales); on les nomme aujourd'hui Messieurs les Maîtres-bourgeois.
Ce sont les dernières années qui ont ajouté singulièrement à leur pouvoir. Diverses causes y ont contribué. En premier lieu, l'accroissement de l'industrie, de la richesse et de la population. Puis les embarras du prince. Jeanne de Hochberg, toujours prodigue, toujours pauvre, s'est trouvée aussi toujours prête à échanger de nouvelles franchises contre de nouvelles sommes d'argent. Elle a de plus fait, lors de l'occupation des Suisses, plus d'une largesse à ses Neuchâtelois, dans le but d'entretenir ou de récompenser leur dévouement. Mais c'est surtout dans les seize années pendant lesquelles les Confédérés ont été les maîtres du pays que se sont consolidées les franchises des bourgeois. Messieurs les chanoines vous le raconteront. Ils vous diront en garnissant combien les baillis furent prodigues de concessions et combien à leur départ le peuple était devenu difficile à gouverner, Ce nom Suisse éveillait partout des pensées de démocratie. À Neuchâtel aussi le peuple, qui jusqu'alors n'avait pas eu d'existence, se sentit et se leva. Il ne connaissait pas la justice ; il la trouva auprès des baillis. Étrangers, indépendans, ils la firent souvent impartiale. Ils ne permettaient pas que les citoyens fussent excommuniés pour des intérêts terrestres. Ils protégeaient les pauvres censitaires contre l'avarice des possesseurs de fief. Les nobles et le clergé cessèrent d'être exempts des charges communes. Les chanoines vendaient et changeaient leurs bénéfices; sur leurs vieux jours, Ils en disposaient en faveur de leurs amis; tandis qu'ils nageaient dans une oisive opulence, les chapelains, à qui ils abandonnaient les charges de leurs offices, étaient si mal rétribués qu'ils ne pouvaient vivre ; les Confédérés y mirent meilleur ordre. Un vicaire à lui seul était chargé des fonctions pastorales dans la ville de Neuchâtel, encore ne prêchait-il pas; un prédicateur fut nommé. Le curé s'adjugeait les aumônes qui se faisaient pour les pauvres de l'hôpital ; il fut mis un terme à ce désordre. Les baillis ne laissèrent pas non plus de mettre à profit le temps trop court de leur pouvoir et de vendre aux citoyens plusieurs privilèges.

À la fin de leur règne, les Conseils se trouvèrent organisés, à plus d'un égard, comme ceux des villes de la Confédération., Celui des Vingt-Quatre s'enhardit jusqu'à songer à contracter de sa propre autorité une alliance avec Bienne. Il nomme aujourd'hui aux châtellenies, aux mairies, aux offices de judicature. Le Conseil des Quarante se réunit quand il est question d'achats, de ventes, de la réception de nouveaux bourgeois, de la reddition des comptes annuels.

Ce n'est pas tout. Les villes suisses refoulent de nos jours la démocratie; à Neuchâtel nous voyons les Conseils tracer pareillement un cercle autour d'eux et se constituer peu à peu en aristocratie bourgeoise. Le peuple n'est pas sans en gémir. Chaque année se renouvellent les plaintes des bourgeois externes contre les envahissemens de ceux de la cité, les plaintes du commun des citoyens contre l'omnipotence des Conseils et la concentration du pouvoir dans les mains des ministraux et des jurés; plaintes toujours renaissantes et toujours éludées. Le peuple est timide, incertain, et sa voix n'a pas d'écho. Depuis la restauration de la maison d'Orléans, et surtout depuis les jours de la réforme, Berne est demeurée dans le comté en possession de la meilleure part du pouvoir, et Berne est l'alliée de la haute bourgeoisie. La liberté paraît donc devoir demeurer pour le présent dans les limites de l'aristocratie et dans les formes qu'elle vient de se tracer.

Résumons maintenant et rapprochons les traits dont se compose, dans ces premières années du seizième siècle, la vie neuchâteloise; il en résultera un tableau plein de contrastes et d'originalité. On dirait ce mélange vague, incertain, de pourpre, d'azur et des couleurs les plus sombres répandu certains soirs d'été sur les flancs veloutés du Jura, brillant reflet des Alpes sur les noires forêts des montagnes franc-comtoises. la monarchie s'allie à la république, la vivacité française à la ténacité du Germain, la finesse de l'habitant des montagnes à la franchise vigneronne et militaire. Les coutumes de Bourgogne se marient aux libertés des villes de là, Confédération. Le Pays-de-Vaud touche bien, comme Neuchâtel, aux populations françaises et aux populations allemandes; mais ce n'est pas de si près.

Il y a 10 lieues de Lausanne aux limites de Bourgogne, il y en a 10 jusques aux frontières allemandes, et ce théâtre a suffi au développement de l'individualité et des moeurs indigènes; mais Neuchâtel se rapproche du sommet du triangle que forme l'Helvétie romande et qui s'appuie au Léman; Berne et la France l'enserrent; aussi a-t-elle bien plus d'élémens français et bien plus du caractère allemand que Lausanne et que les villes du Pays-de-Vaud. Elle a quelque chose de cette trempe ferme, de ce génie politique et positif qui caractérise Berne. Mais Berne, née d'une révolution, a grandi par la liberté, tandis que Neuchâtel s'est détachée insensiblement du moyen-Age et est demeurée monarchique. De là sa physionomie. De là ce mélange de féodalité et de vie municipale, d'habitudes domestiques et de vie d'aventures, d'élégance et de rudesse, de cordialité républicaine et de moeurs des cours, de fine bonhomie bourguignonne et d'helvétique franchise, d'idées nouvelles et d'antiques traditions. Il y a pour l'ambition et pour la soif d'égalité. Il y a pour le coeur du Suisse et pour le dévouement et l'honneur. Les soldats du prince ne sont pas ceux de la république ; il a ses fidèles, troupe choisie, toujours prête à voler à son commandement. Les bourgeois de leur côté, dès que Berne appelle leur secours, se rangent sous leur helvétique bannière, ils chargent quelques voitures du vin et des provisions qui doivent alimenter la troupe jusqu'à ce qu'elle puisse se nourrir aux dépens de l'ennemi, et ils courent gaîment réunir leurs enseignes aux drapeaux héroïques des Confédérés. Tout s'arrange, tout s'accorde avec assez de bonheur, tout se concilie... j'excepte le jour où les Confédérés rencontrèrent sur les champs de bataille les couleurs et l'épée du prince de Neuchâtel; nos lecteurs savent qu'à ce jour les Suisses prirent la chose un peu plus sérieusement.

 

SOURCES.

Châteaux suisses de Hottinger, Tome II. Annales de Boive. Chronique des Chanoines par De Pury Chambrier, sur la Mairie de Neuchâtel. Mémoires sur l'église collégiale et le Chapitre de Neuchâtel dans le Schweitz. Geschichtiorscher, Tome VI. Kirchhofer. Müller. Archives de Berne.

 

PETITE CHRONIQUE

Le 11 avril, S. A. épouse du duc d'Orléans, est accouchée d'un fils, l'héritier de la principauté. L'enfant aura nom François. - Nous apprenons que LL. EE. de Berne ont vendu, le 26 février, à J. J. de Watteville; leur avoyer, la terre de Villars-le-Moine et Clavelières. près Morat, pour le prix de 6500 livres. - Des députés de Fribourg sont arrivés à Moudon dans le but de réconcilier cette ville avec Yverdon. Le prix du vin se maintient à 25 flor. le char et 10 d. le pot.


Table des matières

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Noms propres de cette page:

Africains - Aigle - Albe - Albert - Alexandre - Alexandrie - Allemagne - Alpes - André - Annecy - Antoina - Arberg - Asie - Augsbourg -

Babylone - Baden - Bagdad - Barbaresques - Barbarie - Barberousse - Barcelonne - Berne - Berthelier - Bienne - Boive - Boudry - Bourgogne - Bourguignons - Brenz - Brévine -

Cagliari - Camerarius - Castille - Caucasus - Cerlier - Challant - Chambrier - Chasseral - Chasseron - Chaumont - Chaux - Christ - Clusette - Colombier - Come - Confédération - Confédérés - Corcelles - Crusius -

Diesse - Diète - Dieu - Doria - Droz -

Eberstein - Erguel - Espagne - Euphrate - Europe - Évangile -

Farel - Ferdinand - Flandres - Florence - Français - François - Fribourg -

Gènes - Genève - Genevois - Germain - German - Gervais - Grynoeus - Guillaume -

Hassem - Helvétie - Hochberg - Hottinger - Hugonin -

Jaquemet - Jove -

Landgrave - Léman - Lisbonne - Locle - Lombardie - Longueville - Louis -

Manassé - Mantoue - Maures - Maximilien - Mélanchton - Mésopotamie - Morat - Moudon -

Naples - Neuchâtel - Neuchâtelois - Nicolas - Nidau - Nuremberg -

Orsens - Orsières - Ottomans -

Pape - Paul - Payerne - Peney - Perse - Philibert - Phrygio - Pierre - Portugal - Potu - Principauté - Pury -

Raguse - Réformation - Reformés - René - Reuse - Rive - Rochefort - Rodolphiens - Romains - Romand - Ruchat -

Sagne - Sainteté - Sardaigne - Sforce - Soleure - Soliman - Suisses -

Taureau - Tauris - Thièle - Tubingue - Tunis - Turcs -

Ulrich - Ursins -

Valangin - Valanginois - Vaud - Vaumarcus - Vecchia - Venise - Villars - Vincent - Viret - Virgile -

Watteville - Wirtemberg - Worms - Wurtemb -

Yverdon -

 

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