Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...


FEUILLETON DU CHRONIQUEUR.

PIERRE VIRET S'ADRESSANT À L'ÉGLISE EN PAYERNE.

 Mes chers frères et bons amis de Payerne, Pierre Viret vous désire grâce et paix en notre Seigneur Jésus-Christ.

Quand en ce temps-ci, il a plu à Dieu notre bon Père, de faire par sa grâce luire la lumière de sa sainte Parole en ces pays, il vous a fait cet honneur de vous choisir des premiers sur lesquels il a voulu faire luire les rayons de cette lumière. Mais tous, de première arrivée, n'ont pas pu connaître que c'était la lumière de Dieu, qui leur était présentée, pour les tirer des profondes ténèbres desquelles ils avaient été si long-temps détenus sous la tyrannie de l'Antéchrist, lequel ils pensaient être vrai vicaire de Dieu, voire Dieu en terre, comme on nous le faisait à croire à tous par ci-devant. Car il nous est à tous advenu en cet abîme comme aux pauvres prisonniers qui sont mis en la lumière du soleil, après avoir été long-temps détenus en d'obscurs cachots. Car le long séjour qu'ils ont fait en ces ténèbres, et la longue accoutumance qu'ils ont eue avec icelles, est cause qu'ils ne peuvent pas facilement porter la lumière du soleil. Et si telle chose advient à ceux-là mêmes qui ont quelquefois vu le soleil auparavant, ont été nourris dans sa lumière, et toujours la désirent; ce n'est pas de merveille si ceux qui ont été toute leur vie détenus ès ténèbres, se trouvent fort éblouis en leur entendement, quand cette lumière leur est présentée, laquelle ils ne virent jamais, et même ne peuvent pas croire que ce soit lumière, ains la tiennent pour ténèbres et estiment vraie lumière les ténèbres par lesquelles ils sont aveuglés. Ce qui demeure ainsi jusqu'à ce qu'il plaise à Dieu de leur ouvrir les yeux par sa grâce.

Puisqu'ainsi est, nous ne devons pas trouver trop étrange si de première entrée tous les hommes. ne sont pas d'accord pour recevoir cette lumière divine par ensemble. Car puisque les hommes sont ténèbres de leur nature, et fuient la lumière, ce n'est donc pas chose nouvelle si plusieurs la rejettent, ni de laquelle nous ayons occasion de nous émerveiller, ains nous devons beaucoup plus nous émerveiller quand nous voyons aucuns qui la reçoivent. Et quand il plaît à Dieu de s'approcher des hommes de si près, comme s'il leur tendait la main du ciel, par le moyen du ministère et de la prédication de l'Évangile pour se manifester à eux en son fils Jésus-christ, il ne se fait pas connaître du premier coup, et en pareille mesure, à tous ceux à qui il lui plaît de se faire connaître; ainsi il distribue ses grâces a ceux qu'il lui plaît, en tel temps et telle mesure qu'il lui semble être expédient. Et pourtant l'Évangile ne peut être prêché purement au monde que Satan ne trouve moyen de mettre les hommes en dissension les uns avec les autres, comme vous l'avez éprouvé depuis que le saint Évangile est prêché parmi vous.

Vous savez comment à vous et à nous, il nous suscite des adversaires en très grand nombre, et dedans et dehors, lesquels sont bien plus forts, bien plus à craindre que nous selon le monde sans aucune comparaison. Vous en avez de toutes parts avec grandes menaces. Plusieurs néanmoins en étaient que Dieu a illuminés et appelés à son service, auquel maintenant ils se portent tout aussi bien que les premiers.

Vous donc qui avez été les premiers auxquels Dieu a fait la grâce de vous inspirer à recevoir cette lumière divine, gardez-vous de mettre jamais en oubli un tel bienfait de Dieu; ains lui en rendez grâces éternelles, et qu'on ne puisse pas dire de vous à bon droit ce qui est écrit dans l'Évangile, savoir: les premiers seront les derniers.

Et vous lesquels Dieu a puis appelés, rendez pareillement grâces à ce bon Dieu de ce qu'il ne vous a pas voulu laisser périr en cette fange, ou vous batailliez contre votre salut tant que vous pouviez; ains vous a fait miséricorde. C'est à vous maintenant à suivre l'exempte de St. Paul, lequel a de tant plus grande ardeur travaillé à avancer l'Évangile qu'auparavant il avait été plus affectionné persécuteur d'icelle, avant qu'il eût été converti à Jésus-Christ.

Avisez donc tous ensemble de vous bien disposer à rendre votre devoir à ce bon Père céleste, lequel vous a fait tant de bien à tous, et priez-le qu'il vous donne de persévérer à ce que vous puissiez mettre encore meilleur ordre là où il y a du désordre et redresser ce qui demeure encore ruiné. Car c'est une oeuvre laquelle n'est pas faite en un jour et à laquelle notre vie ne peut suffire. Mettons-y donc tous la main en notre endroit, afin que nous ne défaillions en notre office: ne laissons pas à faire à d'autres ce que nous pouvons faire nous-mêmes; car nous ne savons quel devoir auront ceux qui viendront après nous. La nature du monde est d'aller plutôt en empirant qu'en amendant, parquoi avisons tous, non pas à ce que les autres doivent faire; mais à ce que nous devons faire de notre part, pour nous en acquitter fidèlement envers Dieu.

Je dis ceci du grand désir que j'ai de voir Dieu glorifié encore davantage parmi vous et je ne pense pas que vous trouviez étrange que je vous sollicite, comme si j'étais un homme que vos intérêts n'attouchassent que faiblement et qui ne me dusse que peu soucier de votre Église, de sa ruine ou de son édification. Car quand il n'y attrait d'autre raison pour m'émouvoir à faire ce que je fais, sinon que je suis d'un même pays avec vous et que je suis voire voisin bien prochain, si aurais-je assez suffisante cause en cela. Car si je dois désirer que Dieu soit glorifié entre les hommes, où dois-je désirer qu'il le soit plus et plus tôt qu'au pays de ma naissance et entre mes circonvoisins? et si je suis tenu de souhaiter et de travailler à avancer le salut d'un chacun, autant qu'à me sera possible, de qui dois-je avoir plus de soin que de ceux-là de mon pays?

Que si mon ministère n'a pas tant profité envers tous que je le désirais de bon coeur, j'en suis fort déplaisant; je ne m'en étonne toutefois pas, me souvenant que les apôtres du Seigneur eux-mêmes ont peu fait de profit chez ceux de leur nation et que tous les serviteurs de Dieu ont expérimenté quelque chose de cette ingratitude, voire entre leurs plus prochains parens. Si est-ce toutefois que de ma part, j'ai encore grande occasion de louer Dieu en cet endroit, à savoir, en ce qu'il lui a plu faire cet honneur, non pas à moi, qui en suis par trop indigne, mais à ce saint ministère lequel il m'a commis, de ne le laisser dutout demeurer oiseux et sans fruit. Car j'ai rencontré beaucoup de bonnes brebis du Seigneur, lesquelles ne me rejettent pas, ains me reconnaissent pour ministre de la grâce de Dieu, par lequel il lui a plu les appeler à sa connaissance. Et quand ainsi ne serait, si aurais-je bien grande occasion de rendre grâces à ce bon Dieu, de ce qu'il lui a plu se servir de mon ministère, pour amener mon père et ma mère à la connaissance du Fils de Dieu, et de me faire le témoin de la profession chrétienne qu'ils en font. Quand ce bon Dieu n'aurait fait servir mon ministère à autre chose, si aurais-je occasion de le bénir d'une tant grande grâce.
Mais il lui a plu m'en faire encore davantage envers plusieurs, parmi lesquels vous êtes des premiers. Vous savez comment le Seigneur m'a appelé parmi vous; vous savez quels travaux et quels combats nous avons soutenus par ensemble, non pas par notre force et vertu; mais de Dieu qui nous a toujours assistés. Vous savez en combien de dangers nous avons été et mes compagnons et moi, qui avons travaillé en votre Église, les uns après les autres. Et quant à moi vous savez quel témoignage et quelle enseigne de mon ministère je porte encore en mon corps, et combien Dieu m'a assisté en ce grand danger de mort; vous savez comment de ceux qui pour lors étaient mes ennemis sont devenus mes amis et mes frères en la maison de Dieu.

Puis donc qu'il a plu à notre bon Dieu de nous conjoindre ensemble par une tant sainte conjonction, pour soutenir sa querelle, parmi tant d'assauts et de dangers, c'est à bon droit que je désire de voir croître et mûrir le fruit de vos labeurs et de ceux de mes compagnons et des miens, en ce en quoi il a plu à Dieu (le souverain ouvrier, qui a fait toute l'oeuvre) se servir de nous, comme de bien pauvres instrumens de sa grâce; par lesquels toutefois il a voulu être glorifié.


MIETTE.
Il ne mérite pas le nom d'homme, celui qui dévoye l'aveugle dé sa voie et n'ôte pas la pierre de dessous ses pas ; mes frères, travaillons à lui rendre bien unie la voie par laquelle Dieu l'appelle à soi.

VIRET.



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