CEUX QUE TU CACHES
Le Cantique des
Cantiques
SECTION VI: Chap. VII : 10; VIII: 14
CHAPITRE XX
Ouvrier avec Dieu
« Nous
sommes ouvriers avec Dieu. »
(I Cor. III : 9). « Puisque nous travaillons
avec Dieu. » (II Cor. VI : 1).
« Le
Seigneur travaillait avec eux.
»
(Marc XVI: 20).
« Je
suis à mon Bien-Aimé, et ses
désirs se portent vers moi. Viens,
mon Bien-Aimé, sortons dans les
champs. » (Ch. VII : 11,
12).
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PRÈS cette description de la nouvelle
création en Jésus-Christ,
créée pour les bonnes oeuvres, les
paroles de celle qui est cachée en son
Bien-Aimé sont des plus appropriées.
Elles expriment le repos de la foi: je suis
à mon Bien-Aimé, uniquement à
sa disposition, séparée pour lui et
pour le service de l'Évangile
(Rom. I : 1). Il me cache dans le
creux de sa main... Il a fait de moi une
flèche polie
(Esaïe XLIX: 2). Ses
désirs se portent vers moi. Il désire
se servir du vase de terre qu'il a
préparé, et ses désirs vers
moi me portent Vers lui. « Viens mon
Bien-Aimé, je ne puis pas, je n'ose pas
aller sans toi; viens, allons au champ, le grand
champ de ce monde! »
Cachée en sa main, elle ne songe
qu'à lui et à ce
qu'il aime. C'est ici le
remède au sentiment de soi [self
consciousness], et à la timidité. Un
sentiment de Dieu qui exclue toute pensée de
soi, confère la culture la plus haute et la
plus grande Grâce... C'est là le
résultat de la manifestation de Christ
à l'âme livrée, lequel
résultat subsiste aussi longtemps qu'elle a
le sentiment de sa Présence. Mais la
délivrance continuelle de soi-même
vient de la certitude d'une même vie avec
Christ, de sorte que l'âme est comme
attirée hors d'elle-même pour demeurer
en lui.
Nous en avons un exemple avec la
Sulamite. Au début, et bien que Christ
demeurât en son coeur par la foi, elle avait
cette tendance à tout ramener à elle,
à se placer au centre, à voir toutes
choses dans leurs relations avec elle. Ceci est
manifesté par ses paroles: « Mon
Bien-Aimé est à moi. » - je suis
à lui
(chapitre II : 16) vient
ensuite.
Plus tard, cet ordre se renverse; elle
ne se met plus au centre. Elle se repose sur le
fait qu'elle est à lui : je suis à
mon Bien-Aimé et mon Bien-Aimé est
à moi
(Ch. VI : 3).
Et maintenant, même à la
seconde place, le moi a disparu. Elle est
plantée en lui. Il remplit ses
pensées et son esprit, ses facultés
intellectuelles et spirituelles. Ce qu'elle a, ce
qu'elle est, tout ce qui la concerne, tout ceci
n'existe plus dans sa pensée. Qu'Il puisse
faire ce qu'Il veut, qu'Il voie s'accomplir les
désirs de son coeur, qu'Il entre en Son
héritage parmi les saints, et
qu'elle-même soit tout ce qu'Il
désire, voilà ce qui occupe sa
pensée, ce qui se trouve au premier plan.
Mais lui pense à elle; il veille à ce
qu'elle ne manque de rien. Or, elle n'a besoin que
de ce qu'il considère comme lui étant
nécessaire, elle ne désire plus que
ce qu'il désire, et ce qu'il veut en
elle.
Heureuse, heureuse, l'âme qui vit
ainsi: s'oubliant elle-même en Lui! Ton
soleil ne se couchera plus car ton Dieu est ta
gloire et le sujet d'un bonheur inexprimable.
« Comme la fiancée fait la joie de son
fiancé, ainsi tu feras la joie de ton Dieu
»
(Esaïe LXII - 5).
LE SERVICE
La Vision s'étend
« Viens,
mon Bien-Aimé, sortons dans les
champs. »
(VII : 12).
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Sous la grande lumière d'En-Haut,
le monde s'étend devant elle. Une petite
partie de la vigne n'a pas à ses yeux plus
d'importance que toute la vigne. Elle ne dit plus:
mon Église, ma Mission, ma cause, mais elle
voit le vaste champ du monde. Elle a entendu son
Bien-Aimé dire: « J'ai encore d'autres
brebis qui ne sont pas de cette bergerie, elles
aussi il faut que je les amène, elles
entendront ma voix »
(Jean X : 16). Et elle est
entrée dans le grand plan de l'Amour divin.
Ce « il faut », elle le sait, est aussi
impératif que le « il faut » qui
conduisit le Seigneur à la Croix
(Jean III : 14;
Matthieu XVI : 21).
Elle sait aussi que le Père a dit
au Vainqueur du Calvaire, le jour qu'il s'assit
à sa droite: « Demande-moi, et je te
donnerai les nations pour héritage, les
extrémités de la terre pour
possession »
(Ps. II : 8).
Un ardent désir de conquête
possède son âme, et elle commence
à lutter en prière pour ceux qu'elle
n'a jamais vus; elle demande que leurs coeurs
soient consolés comme le sien l'a
été, et qu'eux aussi connaissent le
mystère de Dieu, c'est-à-dire Christ
(Col. II : 1, 2).
L'Esprit du voyageur
L'âme connaît maintenant cette
parfaite liberté d'esprit et de coeur qui
permet d'obéir rapidement à ce que le
Seigneur demande. Un logement lui suffit, puisque
sa demeure est en lui. Bien des fois elle lui avait
dit: « OÙ tu iras j'irai,
où tu demeureras je
demeurerai »
(Ruth. I: 16). C'est à lui de
la conduire et d'accomplir sa promesse. « Tout
lieu que foulera la plante de votre pied sera
à vous »
(Deut. XI: 24).
Les pays doivent être
réclamés pour lui, car ils
deviendront des royaumes de Dieu et de son Christ.
Il lui suffit donc d'être comme Abraham:
« étranger et voyageur », et de
séjourner sous des tentes au Pays de la
Promesse, qu'elle recevra en héritage plus
tard, lorsqu'elle régnera avec lui.
« Les pauvres posséderont le
pays et se réjouiront dans une abondance de
paix »
(Psaume XXXVII : 11).
Activité au service du
Bien-Aimé
Il n'y a point de temps pour l'oisiveté
dans une vie d'obéissance. Il y a une
activité incessante dans le royaume du Roi.
« Mon Père travaille jusqu'à ce
jour et je travaille aussi », disait
Jésus lorsqu'il demeurait ici-bas
revêtu de notre humanité. Si les anges
ont le devoir de veiller ici-bas sur ceux qui sont
« cachés en Christ », et de les
garder dans toutes leurs voies, ils ont fort
à faire
(Ps. XCI : 11). Il y a une
activité charnelle qui n'est pas selon Dieu,
et l'empêche d'agir; et une passivité
qui ne procède pas non plus de lui, et n'est
qu'une forme d'oisiveté. Lorsque Dieu peut
calmer l'agitation de la créature, et amener
celle-ci à une paisible collaboration avec
lui; il peut agir, travailler avec puissance
(Galates II: 8, A. V.). De son
côté, l'âme est diligente. De
bonne heure à l'oeuvre, comme le
Maître, elle va d'abord aux vignes. 0
âmes cachées en Christ, souvenez-vous
de l'intercession à l'intérieur du
voile!
La Joie de sauver des âmes
« Nous
verrons si la vigne pousse et la fleur
s'ouvre, si les grenadiers fleurissent.
»
(Ch. VII : 13).
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Autrefois, elle allait de son propre mouvement
au Jardin « pour voir si la vigne poussait
». C'est ainsi qu'elle s'était
trouvée hors de sa retraite en Lui. Aussi
maintenant elle dit: « Allons. » Elle a
toujours eu la passion des âmes, mais
autrefois son activité propre_ la
séparait du Seigneur. Maintenant, elle
craint de faire un pas sans lui. Si elle lui
demande ce qu'il veut, il la gardera de tout
errement.
Lorsqu'elle est en lui, elle peut voir
les champs, « qui déjà
blanchissent pour la moisson »
(Jean IV : 35). Avec lui, elle verra
l'oeuvre de la Grâce et en aura de la joie.
Les premières promesses de fruit, et les
fleurs couleur de sang des grenadiers, lui
causeront une grande satisfaction, lorsque
discernées chez les rachetés de
l'Agneau; parce qu'elles manifestent la
beauté cachée des membres de
l'Épouse. Son coeur sera satisfait.
Sa Communion avec son Seigneur
En Christ, l'âme croît dans la
connaissance de Dieu. Elle découvre combien
il y avait encore d'égoïsme dans les
premiers jours de sa marche avec le Seigneur, et la
place qu'occupaient le moi, le JE
(Ch. II : 3, 6).
Alors, elle disait: « Mon
Bien-Aimé est pour moi... »
(Ch. I : 14), mais maintenant elle
dit: « Là je te donnerai mon amour.
» Je donnerai cet amour que tu as
planté en moi, je te le rendrai en le
répandant sur ceux pour qui tu es mort.
« Ce que vous avez fait à l'un de ces
plus petits de mes frères, C'est à
moi que vous l'avez fait », dit le Seigneur
(Matt. XXV : 40). En consolant le
coeur brisé avec des paroles
de guérison, en
proclamant aux captifs la liberté que donne
le Seigneur, en réconfortant ceux qui
pleurent avec le réconfort que Dieu donne,
la vie de l'âme rachetée est amour, et
l'amour, - l'amour du Seigneur, - est
satisfait.
Enfin, l'âme rachetée a
aussi appris à se trouver en tous lieux dans
le sanctuaire de sa Présence. Là, au
sein d'un service incessant, il est avec elle; et
là, en donnant à boire aux âmes
altérées, elle lui donne à
boire à Lui.
Portes ouvertes
« Nous
avons à nos portes tous les fruits
précieux... Mon Bien-Aimé,
je les ai gardés pour toi...
»
(Ch. VII : 14).
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À nouveau, elle dit: POUR TOI « les
fruits précieux ». POUR TOI. Elle a des
yeux pour discerner toutes sortes de
précieux fruits chez les autres, maintenant.
Autrefois, elle ne voyait qu'une sorte de fruit qui
lui semblât acceptable pour le
Bien-Aimé. Et elle s'attendait à le
trouver sur tous les arbres du jardin du Seigneur!
Maintenant, elle comprend les individualités
diverses, et discerne toutes sortes de fruits que
produit l'union avec Christ: fruits de la
lumière qui consistent en toute sorte de
bonté, de justice et de vérité
(Ephés. V : 9, C. H.).
Elle constate aussi qu'en marchant
fidèlement dans le chemin que le
Bien-Aimé ouvre devant elle, en s'acquittant
du service préparé pour elle, elle
n'a plus à courir de-ci de-là,
à la recherche d'occasions, pour moissonner
« les fruits précieux ». Ils sont
quotidiennement placés à la
portée de sa main, à la porte. Et il
lui faut une vigilante fidélité pour
recueillir ce qui est à ses
côtés, racheter le temps; et ne
laisser perdre aucune occasion (1)
.
.
CHAPITRE XXI
L'Âme a perdu le Contact
« Combien
plus le sang de Christ... purifiera-t-il
votre conscience... afin que vous serviez
le Dieu vivant... » (Héb. IX:
14).
« O que
n'es-tu mon frère... je te
rencontrerais dehors... je te
conduirais... » (Ch. VIII : 1, 2).
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CES paroles contrastent étrangement avec
les précédentes. Que s'est-il
passé? - « N'es-tu plus avec ton
Bien-Aimé, toi qui t'es donnée
à Lui ? Tu étais si heureuse de le
servir. Ses désirs étaient
tournés vers toi, et la communion si
parfaite que tu pouvais dire: « Allons ».
Et maintenant, tu parles de lui comme s'il
était au dehors, comme si tu avais à
le ramener auprès de toi ?
- L'âme a sans doute quitté
le sentier préparé pour elle.
Peut-être quelque sentiment de confiance
charnelle a provoqué ce qui cause sa
détresse. Elle n'avait pas discerné
cet écueil, et le Bien-Aimé permet
qu'elle y touche; car Il cherche à lui
enseigner comment elle peut demeurer en lui. Elle
s'aperçoit que, malgré tout le chemin
déjà parcouru, elle a fait fausse
route, de sorte qu'elle a perdu le sentiment de sa
Présence, et la bénédiction
qu'il met sur son travail ! L'oeuvre que poursuit
le Seigneur, c'est de la mettre dans un état
de complète dépendance, et dans
l'attitude qui lui permet d'être TOUT en
elle, TOUT en tout.
Elle a appris à ne point agir en
dehors de lui. Et maintenant elle a probablement
bronché en s'imaginant qu'elle savait
demeurer en lui.
Il est difficile D'ÊTRE
complètement VIDE de sa sagesse propre. Il
est encore plus difficile de RESTER VIDE. Il n'est
point facile d'être si complètement
détaché de toute connaissance qu'on
se trouve comme suspendu à Dieu dans une
faiblesse absolue, une dépendance totale,
comptant uniquement sur lui pour qu'il donne la
Sagesse d'En-Haut.
La connaissance même que le
Seigneur donne, peut devenir un obstacle à
des développements ultérieurs de vie
spirituelle, si nous nous y attachons comme si nous
les possédions en propre.
À chaque nouveau degré
franchi, c'est toujours : « je connais
imparfaitement, alors je connaîtrai
parfaitement, comme j'ai été connu.
»
(I Cor. XIII : 12).
Le Danger du propre effort
Le silence du Seigneur est le premier indice
d'une interruption de communion : silence dans le
coeur, silence dans la Parole écrite, qui
est l'expression de la Parole vivante, et le
langage qu'il emploie pour communiquer sa
pensée.
Nous avons déjà vu que le
silence du Seigneur peut être une
épreuve de la foi, pour provoquer la
confiance en lui, même s'il ne parle plus,
même s'il n'accorde aucune manifestation de
sa Présence. En ce cas, il y a un sentiment
paisible de repos, et la certitude que tout est
entre les mains de Dieu; qu'il fortifiera et
gardera ceux qui « marchent dans les
ténèbres et n'ont pas de
lumière », mais s'assurent en lui , et
que l'épreuve conduira à une
communion plus grande tandis qu'on avance en
accomplissant sa volonté.
La pensée de la Sulamite n'est
pas en repos. Elle a l'intuition que le silence du
Bien-Aimé implique quelque faute de sa part,
et que c'est une invitation à demeurer
à ses pieds
jusqu'à ce qu'elle ait trouvé la
cause du mal (2).
Ses paroles montrent qu'elle est sur le point
d'être brisée par cette
séparation. Elle n'est plus en sa retraite
accoutumée, et le sentiment de n'avoir plus
de foyer lui est insupportable. En cet instant
d'angoisse, elle souhaite que son Bien-Aimé
soit comme un être humain, - une personne
tangible comme son frère, - afin de le
pouvoir saisir et de le conduire en un paisible
endroit où il l'instruirait.
Souhait bien inutile. Ce n'est pas ainsi
que le Seigneur instruit, tout propre effort est
vain. Lutter ne fait qu'augmenter le sentiment de
l'éloignement, de misère; lutter,
protester, empire les choses. 0 âme dans la
détresse, fuis l'agitation. Bien
plutôt, mets-toi au bénéfice du
sang versé pour toi, réfugie-toi au
Calvaire. Là, le Seigneur t'enseignera ses
voles.
Au verset
un, la Sulamite dit qu'on l'a
méprisée. Peut-être s'est-elle
trop étendue sur le sujet de sa communion
avec le Bien-Aimé? Peut-être lui
a-t-on dit qu'elle était
présomptueuse et extravagante, sous couleur
de piété et d'obéissance ?
Dans la joie qu'elle éprouvait de la
glorieuse Présence qui illumine son coeur et
sa vie, elle avait oublié que le Seigneur ne
lui a promis ici-bas que souffrance, tribulation,
mépris. « Heureux [bénis]
serez-vous lorsque les hommes vous haïront,
lorsqu'on vous chassera, vous outragera, et qu'on
rejettera votre nom comme infâme à
cause du Fils de l'Homme »
(Luc VI : 22).
Elle demande qu'il l'enseigne
« Je
t'amènerai à la maison de ma
mère, tu me donneras tes
instructions, je te ferai boire du vin
parfumé, du moût de mes
grenades... » (Ch. VIII : 2).
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Si elle l'avait oublié, ne fût-ce
que pour un instant, elle sait maintenant qu'elle
est l'ignorance même, et qu'elle ne
connaît rien comme il le faut
connaître. C'est ici l'oeuvre
dudivin Ouvrier: il projette sa
Lumière dans l'âme, qui en est
illuminée, mais il la ramène au
sentiment de son ignorance naturelle; il lui
communique sa sagesse, mais il empêche que le
vaisseau de terre s'imagine qu'il possède
cette sagesse en propre. Ainsi, elle doit
constamment s'attendre à Lui et lui dire:
« Enseigne-moi! »
« Enseigne-moi, et je te ferai
boire du vin parfumé du moût de mes
grenades. » Le Bien-Aimé est toujours
au centre de son être, il occupe toujours la
première place en son coeur. Un voile
s'étend entre elle et lui, mais il est quand
même sa vie. Son désir est toujours de
le satisfaire.
L'Âme réclame le lieu de
son Repos
« Que sa
main gauche soit sous ma tête et que
sa droite m'embrasse.
»
(Ch. VIII : 3).
|
La Sulamite peut être sotte et ignorante,
une chose cependant ne peut être mise en
doute: l'intégrité de son coeur et sa
volonté immuable d'obéissance. «
Mon unique désir est d'être
enseignée par toi, dit-elle. Ce que je
recherche, c'est que tu sois satisfait. O
connaître à nouveau la paix qu'il y a
à reposer « dans les bras
éternels ».
Elle s'était imaginée
qu'elle savait maintenant marcher avec lui, et elle
s'aperçoit qu'elle est aussi faible que
jamais. Elle a besoin d'être portée.
Elle comprend ce que signifie: « devenir
humble comme un petit enfant », et les paroles
du Maître: « Celui qui se rendra humble
comme ce petit enfant, sera le plus grand dans le
royaume des cieux »
(Matt. XVIII : 4). Elle avance dans
la vérité, mais ses progrès la
conduisent de la Croix vers un berceau! Et sa
croissance jusqu'en la stature du Christ se
manifeste dans l'esprit de l'enfant qui aime
à se réfugier dans le sein du
Père.
L'Âme se repose. Le
Bien-Aimé veille sur elle
« Je vous
en conjure, filles de Jérusalem,
pourquoi vouloir réveiller l'amour
avant qu'il le veuille?
»
(Ch. VIII : 4).
|
Dès que l'âme, dans sa
misère, a réclamé l'endroit de
son repos, elle s'est sentie comme portée -
ainsi qu'un bébé dans les Bras
éternels. Comme la mère qui entend le
moindre gémissement de son enfant, ainsi du
Bien-Aimé qui entend le plus faible appel de
celle qui lui appartient.
Il répond au cri de celle qu'il a
rachetée : « Me voici! »
(Esaïe LVIII : 9). Alors qu'elle
s'agitait, qu'elle disait sa plainte, et ce qu'elle
voudrait qu'il fût : « Je..., je....
je... », il gardait le silence. Mais à
son premier cri de détresse il s'est
trouvé à ses côtés pour
la soutenir et l'amener en son repos.
Lorsque l'âme « livrée
» a conscience du moindre nuage entre elle et
le Seigneur, qu'elle se réfugie dans le
coeur du Père, qu'elle se confie en
l'aspersion du sang répandu sur le
Propitiatoire à l'intérieur du voile.
« Si quelqu'un a péché, nous
avons un Avocat auprès du Père,
Jésus-Christ le juste. Il est lui-même
la propitiation »
(I Jean II : 1, 2).
Le Seigneur prend soin maintenant de
celle qui s'est réfugiée en lui. Il
s'élève contre les filles de
Jérusalem qui veulent l'éveiller, et
leur dit de laisser sa rachetée à ses
soins.
À chaque nouveau degré de
développement spirituel de la Sulamite, il
est nécessaire qu'il rappelle à
l'ordre les filles de Jérusalem. De
même, les fils des prophètes viennent
à la rencontre d'Élisée chaque
fois qu'il se prépare à « faire
une nouvelle étape à la suite du
prophète Elle. À la fin, ils se
contentent de se tenir à distance pour voir
ce que sera l'issue de cette marche
persévérante et ce qu'il en
adviendra.
Il semble qu'il y ait quelque chose
d'analogue dans la conduite des filles de
Jérusalem. Peut-être ont-elles eu
quelque part dans la dernière
expérience faite par la
Sulamite, et elles s'attirent
cet ordre du Seigneur de la laisser en
repos.
Ou bien, discernant que l'Esprit de Dieu
est avec elle, ces personnes l'ont pressée
d'aller ici et là sans comprendre qu'en
dehors de la volonté du Seigneur, elle n'est
qu'un vase vide, inutile. Si elle les
écoutait, elle aurait vite fait de
dépasser la mesure de grâce qui lui
est départie. Le besoin peut être
très grand, l'appel pressant, mais de quelle
utilité pourrait-elle être si ce n'est
pas lui qui l'envoie ?
Les personnes qui veulent lancer dans
l'action ceux que Dieu possède, sont une
cause de danger à tous les degrés de
l'expérience chrétienne. Elles ne
restent pas volontiers en spectatrices, à
l'écart, et le Bien-Aimé leur demande
pour. quoi elles veulent réveiller celle qui
se repose en lui. L'amour du Bien-Aimé la
réveillera et la ramènera à
l'action quand il le voudra, lui. Car c'est lui qui
opère en elle le vouloir et le faire, selon
son bon plaisir
(Phil. II : 13, A. V.).
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