CEUX QUE TU CACHES
Le Cantique des
Cantiques
SECTION V: Chapitres VI: 4; VII : 9
CHAPITRE XVIII
Communion interrompue
« Qui est
aveugle comme celui qui lut comblé
de biens, aveugle comme le serviteur de
l'Éternel. » (Esaïe XLII:
19.)
« je
suis descendue au verger des noyers pour
voir les fruits qui mûrissent, pour
voir si la vigne pousse. » « je
ne sais comment cela s'est fait, mais
avant que je m'en rendisse compte, mon
âme m'attira parmi les chars
d'Aminadab. » (Ch. VI: 11, 12.)
|
IL est nécessaire que la Sulamite
apprenne maintenant à quelles conditions
elle restera dans la lumière. Elle n'est pas
encore habituée à ce nouveau
degré d'union avec le Seigneur: elle ne
connaît pas ses dangers et les ruses
spéciales de l'ennemi, dans le domaine
où elle vient de
pénétrer.
Elle ne tarde pas à savoir de
quelle manière on peut interrompre la
communion, que cependant elle recherche: « je
suis descendue... pour voir », dit-elle, pour
voir si les fruits mûrissent... Ceci, dans
l'expérience, implique le regard
tourné vers soi; et immédiatement un
nuage se forme entre l'âme et Dieu. Elle est
le jardin, et ce n'est pas à elle de
chercher à voir s'il y a croissance. En
d'autres termes, elle n'a pas à analyser ses
expériences, ou à chercher à
découvrir si l'oeuvre prospère, elle
n'a qu'à regarder à Jésus
(Hébr. XII : 2). C'est
là sa part.
Ce n'est pas sans raison que le Seigneur
mentionne toujours les « yeux du coeur »,
qui indiquent l'attitude de
l'âme. C'est dans le fait
de regarder constamment à Jésus que
nous pouvons aussi demeurer constamment en lui.
« Si ton oeil est sain, tout ton corps sera
éclairé. »
(Matt. VI : 22.) La Sulamite a encore
à apprendre qu'un oeil sain est aveugle pour
tout ce qui n'est pas la volonté de Dieu.
Elle doit être heureuse de ne rien voir en
dehors de cette volonté, si elle
désire « demeurer » en
Lui.
Le jardin qu'elle va voir, ce peut
être aussi l'oeuvre accomplie ou à
accomplir, dans laquelle elle se laisse absorber.
Elle désire se rendre compte s'il y a
quelque promesse de fruit. Or, elle doit apprendre
à ne rien faire de son propre mouvement, en
dehors de son Bien-Aimé, même les plus
petites choses, car les petites choses peuvent
avoir de grandes conséquences. Il y a aussi
une question de temps, d'à-propos. La chose
juste peut être faite au mauvais moment. Sans
doute il désire qu'elle s'occupe du jardin,
et de la croissance de la vigne, encore faut-il
qu'elle attende d'être envoyée. Elle
doit apprendre à régler son pas sur
le sien et savoir que ceux qui croient vraiment en
sa toute sagesse se gardent de la
précipitation, ils attendent patiemment son
ordre de marche.
La Sulamite découvre rapidement
son erreur; et elle l'avoue aussitôt.
Peut-être s'était-elle laissée
distraire par les voix d'amis ou celles de
témoins; mais maintenant elle n'entend plus
la « voix douce et subtile », celle du
Seigneur. Quelle que soit la cause, confiante dans
son union avec Lui, elle était allée
voir si l'oeuvre prospérait sans que le
Seigneur l'eût envoyée.
Peut-être a-t-elle obéi à un
tempérament vif, actif, l'un de ceux qu'il
est difficile d'amener dans le calme et le repos de
Dieu, parce qu'ils recourent constamment à
leur activité naturelle, leur énergie
naturelle. « Seulement un regard »,
pensait-elle; et la voici prise dans un tourbillon
qu'elle compare au mouvement rapide des chars. Elle
n'est plus dans le sentier tracé par le
Bien-Aimé... elle a perdu la paix
intérieure.
Mais qui sont ces personnes de haut
rang, cause immédiate de son
égarement ? Peut-être des âmes
soeurs de son âme, auxquelles elle est
attachée par les liens spirituels les
plus puissants, peut-être
ses propres enfants spirituels devenus des chefs
(Psaume XLV: 17), ou d'autres encore qui, de
Jacobs, sont devenus des Israëls, princes
spirituels puissants avec Dieu.
O âme qui veux marcher de
façon ininterrompue dans la volonté
de Dieu, tu dois apprendre à être,
aveugle et sourde à tout ce qui n'est pas
Lui. Alors, tu pourras demeurer dans le Saint des
saints.
L'Appel à la Sulamite
«
Reviens, reviens, Sulamite, reviens,
reviens, que nous te regardions.
»
(Ch. VI: 13)
(1).
|
L'âme qui demeure avec le Seigneur a
vite l'intuition d'un pas fait hors de sa
volonté. Mais, comprendre sa faute, c'est,
pour elle, retourner aussitôt en
arrière, sans l'ombre d'une
hésitation. Ceci entraîne une
confession de péché, suivie du pardon
qui lui est accordé par le Sang
précieux de Christ.
L'appel, les termes de cet appel,
montrent que la Sulamite s'est enfuie pour se
réfugier dans sa sûre retraite : le
sanctuaire de Dieu. Il lui était impossible
de rester un instant de plus loin de son
Bien-Aimé, malgré ceux qui essayent
de la retenir.
Cachée dans la tente du
Souverain, elle entend les appels, les clameurs:
« Reviens, que nous te regardions. » Ceux
qui l'appellent refusent de la perdre; il est
à craindre qu'ils s'attachent à
l'instrument: le vase de terre qu'illumine la
présence du Seigneur. Ils l'assiègent
de leurs demandes.
Elle est « recherchée, et
comme une ville non délaissée »
(Esaïe LXII: 12), « Ta vie
aura plus d'éclat que le soleil à son
midi.... plusieurs te rechercheront » (ou te
courtiseront)
(Job XI : 17, 19).
La Question du Bien-Aimé
(2)
«
Qu'avez-vous à regarder la Sulamite
comme la danse de Mahanaïm?
»
(Ch. VI: 13).
|
À ceux qui recherchent celle qui est
« cachée en lui », c'est
maintenant le Seigneur qui parle . « Tout est
nu et découvert aux yeux de celui à
qui nous devons rendre compte »
(Hébreux IV: 13). «
Pourquoi regardez-vous la Sulamite? »
Quels sont vos motifs ? Serait-ce elle
que vous recherchez, ou son Seigneur ? Et il
reprend avec douceur cet élément
terrestre qu'il discerne en ces nobles âmes
et ajoute : « Pourquoi regardez-vous la
Sulamite comme la danse de Mahanaïm? » -
« Sa parole » est « vivante et
efficace..., pénétrante
jusqu'à partager l'âme de l'esprit...
! elle juge les sentiments et les pensées du
coeur »
(Hébr. IV: 12). Ce
désir de regarder la Sulamite n'est
évidemment pas dépourvu
d'éléments terrestres : elle leur
plaît, elle est agréable, ils aiment
à l'entendre.
Mahanaïm signifie deux
légions
(3). Jacob donne
ce nom à l'endroit où Dieu l'a
rencontré
(Genèse XXXII : 1, 2). «
Pourquoi regardez-vous à la Sulamite comme
à la rencontre de deux légions
d'anges? » Le Bien-Aimé a
peut-être discerné que ces
chrétiens ont vu en la Sulamite « au
delà de ce qui est écrit » ?
Saint Paul refuse de parler de la gloire des
révélations dont il a
été l'objet, « afin que personne
n'ait de moi, dit-il, une opinion supérieure
à ce qu'il voit
(Il Cor. XII : 6) : un pécheur
sauvé par grâce » !
.
CHAPITRE XIX
Équipement pour le Service
« Nous
sommes son ouvrage ayant été
créés en Jésus-Christ
pour de bonnes oeuvres, que Dieu a
préparées d'avance, afin que
nous les pratiquions. »
(Eph. II: 10).
« Que
tes pas sont beaux, fille de Prince....
oeuvre des mains d'un artiste.
»
(Ch. VII : 1).
|
En réponse à la question
posée, ceux qui demandaient le retour de la
Sulamite, la décrivent: ils la voient tout
équipée pour le service, oeuvre d'un
Artiste, et ils la disent bénie. Car ils
comprennent maintenant qu'elle est
séparée pour Dieu, et ne peut aller
que lorsqu'elle est « envoyée »
!
Déjà, le Seigneur l'avait
employée, et nous avons vu sa joie «
des fruits » accordés à son
travail et des fleuves d'eau vive :
débordement spontané de la vie
abondante. Alors, elle ne comprenait pas les
conditions de l'action du Seigneur par elle, ni
comment elle devait collaborer avec lui. Mais
maintenant qu'elle a atteint la maturité et
peut recevoir la plénitude de Christ, elle
doit savoir combien il est solennel d'être
ouvrier avec Dieu, et qu'elle doit redouter
d'être, par son ignorance, un obstacle au
parfait accomplissement de ses desseins, par
elle.
Dans la description que font de la
Sulamite ceux qui l'appellent, nous trouvons les
caractéristiques de l'âme
équipée pour le service, et les
conditions de la collaboration avec Dieu.
I. Elle marche pas à pas...
selon l'Esprit
Dans sa retraite, la Sulamite cherche maintenant
à marcher selon l'Esprit
(Galates V: 16). Elle est l'oeuvre
d'un habile ouvrier, créée à
nouveau en Jésus-Christ. Il n'est plus
nécessaire qu'elle courre maintenant de
droite et de gauche et qu'elle dresse des plans,
car il a préparé son chemin. Le grand
Ouvrier, qui est le Tout-Puissant, l'a aussi
préparée pour l'oeuvre qu'il va lui
demander. Le plan, il le garde par devers lui, mais
il va guider pas à pas son ouvrière
pour le travail à accomplir.
Ses pieds sont beaux, car ils marchent
avec Dieu et elle est chaussée des sandales
que le Seigneur lui donne: le zèle que
communique l'Évangile de paix
(Eph. VI : 15). Paix au dedans, paix
au dehors, elle repose en lui dans une paix
parfaite et il la préserve du contact de ce
qui est terrestre. Pour elle, la grâce
abonde, et elle trouve en lui tout ce dont elle a
besoin si elle veille à le suivre pas
à pas, comme un petit enfant.
Il. Sa Nourriture est
céleste
« Le vin
parfumé ne manque pas ..., ni le
froment entouré de lis. »
(Ch. VII: 2).
|
Le vin du Nouveau Testament, c'est son Sang. Le
vin et le froment nous rappellent les paroles que
prononça le Seigneur quelques siècles
plus tard :
« Ma chair est véritablement
une nourriture et mon sang est véritablement
un breuvage. Celui qui mange ma chair et boit mon
sang demeure en moi et moi je demeure en lui...
Celui qui ME mange vivra par moi »
(Jean VI: 55, 56, 57).
La vie de Celui qui est un Esprit
vivifiant ne doit jamais manquer à
l'âme qui le sert, si elle veut être
puissante de sa puissance. Il est le Cep; le cep
communique la vie aux sarments.
Sa chair est le Pain de vie, la
nourriture céleste de la nouvelle
créature, ce qui est suggéré
par le « froment ». L'âme doit
apprendre, sous la direction du Saint-Esprit,
à discerner... le Corps, et à s'en
nourrir par la foi, avec actions de grâce,
pour ne pas devenir faible, malade
(I Cor. XI: 29, 30), et, de faible,
devenir forte, « vaillante à la guerre
»
(Hébr. XI: 34).
Fortifiée par la nourriture et le
breuvage célestes, et les assimilant
quotidiennement, elle s'aperçoit qu'elle est
nourrie en accomplissant la volonté de Dieu,
comme l'était aussi le Fils de Dieu «
aux jours de sa chair ». Fatigué, las
du chemin, il est fortifié par une
nourriture céleste, tandis qu'il s'occupe du
salut d'une pauvre femme pécheresse: «
Les disciples le priaient, disant: « Rabbi,
mange ! »; mais il leur répond: «
J'ai à manger d'une nourriture que vous ne
connaissez pas... Ma nourriture est de faire la
volonté de Celui qui m'a envoyé
»
(Jean IV: 32, 34).
III. La Capacité de
l'âme au service de Dieu
« Tes
deux seins sont comme deux faons.
»
(Ch. VII : 4).
|
Cette capacité est
représentée sous l'image de seins
nourriciers comparés à des faons.
Mais il est significatif que ceux-ci ne sont plus
au milieu des lis comme au chapitre
V II: 2. Il y a deux sortes de
capacité: l'une d'elles, propre à la
créature, est petite et limitée;
l'autre, se perd continuellement, et de plus en
plus, en Dieu.
Passée au creuset, comme le
métal, l'âme pendant le temps de
fusion a perdu sa forme propre, ce qui l'a
préparée à se jeter en Dieu
comme l'eau revenue à sa source
se confond avec elle toujours
plus profondément. Ceci ne veut pas dire
qu'elle a perdu sa nature en tant que
créature, et que Dieu ne pourrait pas la
retirer de l'Océan où elle s'est
plongée et la rejeter [toutefois, cela, il
ne le fera pas].
L'âme unie à son
Bien-Aimé est « cachée avec
Christ en Dieu ». Faisant de lui sa demeure,
elle peut donner de la plénitude de Dieu aux
âmes dans la peine, car elle n'est plus
à l'étroit dans ses propres limites
ou dans ses affections.
« Ouvrez vos coeurs » ! dit
l'apôtre Paul aux Corinthiens. Il y a place
en son coeur pour tous: tous ceux pour qui le.
Seigneur a donné sa vie. Et tandis que le
Seigneur augmente sa capacité, il lui
communique, à mesure, de sa
plénitude, pour qu'elle la répande en
faveur des autres.
IV. Obéissance sans aucune
déviation
Son cou est comparé à une tour
« d'ivoire », ce qui suggère la
droiture inflexible, la persévérance.
Autrefois, son cou était comme une barre de
fer, car elle était obstinée,
volontaire
(Esaïe XLVIII: 4). Maintenant,
il n'y a plus en elle qu'une volonté
d'obéissance absolue, fidèle, sans
déviation. Ouvrière avec Dieu,
l'âme est établie par lui comme une
forteresse au milieu du peuple
(Jérémie VI: 27):
« Afin que tu connaisses et sondes leur voie.
» Humble et douce pour tout ce qui ne concerne
qu'elle, elle est « comme une tour d'ivoire
», inflexible, immuable, pour ce qui est de la
fidélité envers Dieu.
V. Un Coeur paisible, calme, est
nécessaire pour entendre la voix de
Dieu.
« Tes
yeux sont comme les étangs de
Hesbon. » (Ch. VII : 4).
|
Les expressions employées pour les «
yeux du coeur » donnent la mesure de la
croissance dans la vie divine. Ici, ils sont
comparés aux profondeurs calmes,
transparentes, des étangs. Sa vie
connaît maintenant le repos, le calme parfait
en Dieu. Elle a appris à demeurer dans le
calme, et à connaître son
Dieu.
Un tremblement de terre n'est plus
nécessaire pour lui apprendre que Dieu
travaille au salut du monde; elle reconnaît
en son coeur « le murmure doux et subtil
», par lequel il lui révèle sa
volonté, afin qu'elle soit son instrument
pour enseigner à ses enfants la
différence qu'il y a entre ce qui est saint
et Profane, entre ce qui est pur et impur
(Ézéchiel XLIV :
23).
Pendant qu'elle demeure en son
Bien-Aimé, elle reçoit le don de
discernement des esprits, aussi ne juge-t-elle plus
selon la chair et d'après ce que les yeux
voient, mais dans le sanctuaire et à la
lumière de Dieu.
VI. Intuition : sens spirituel de la
volonté de Dieu
« Ton nez
est comme la tour du Liban, qui surveille
la plaine de Damas. » (Ch. VII : 5).
|
Jusqu'ici, il n'a pas été fait
mention du nez, siège de l'odorat, qui est
l'un des sens de la nouvelle création et
appartient à la maturité. C'est aussi
celui qui s'atrophie le plus facilement lorsque
l'âme s'égare. Esaïe
prophétise que le Seigneur « respirera
la crainte de l'Éternel »
(XI: 3). Ceci implique un sens
extrêmement délicat, une connaissance
intuitive de la volonté de Dieu, de sa
pensée, don comparé
à l'odorat, et
représenté sous l'image d'une tour.
Effectivement, cette connaissance est une force;
elle permet de marcher avec Dieu sans broncher,
dans la plus haute des atmosphères et la
plus intime des communions.
VII. Puissance auprès de Dieu
pour gagner les âmes
« Ta
tête est... comme le Carmel, et tes
cheveux ... comme la pourpre. Le roi est
enchaîné par tes tresses ...
»
|
Sa tête est comparée au Mont
Carmel, où Elle remporta la victoire
auprès de Dieu, et sur les hommes. Ses
cheveux sont comme la pourpre royale. « Le Roi
est enchaîné par tes tresses.
»
Cette image splendide suggère
« le sacerdoce royal » de ceux qui sont
affranchis du péché par le sang de
Jésus, ceux qui ont été faits
rois et sacrificateurs pour Dieu
(Apoc. I: 5, 6). Ils sont
séparés pour servir le Souverain
Sacrificateur à l'intérieur du voile,
et plaider avec lui en faveur du peuple
(Exode XVIII : 19).
Les cheveux, symbole de force (Samson),
sont montrés ici comme ayant une puissance
royale qui retient le roi captif. Ainsi Jacob
« s'attacha à Dieu » sur la pente
solitaire de la colline. Il s'attacha à
celui avec qui il luttait
(Genèse XXXII : 24, 26).
« Dans sa vigueur, il lutta avec Dieu; il
lutta avec l'ange et fut vainqueur. Il pleura et
lui adressa des supplications
(Osée XII : 4, 5). Sa force
c'était sa faiblesse; il ne pouvait que
s'attacher au Roi des rois qui se manifestait
à lui sous une forme humaine. Il osa lui
dire: « je ne te laisserai point aller que tu
ne m'aies béni... » Ainsi, il remporta
la victoire avec Dieu d'abord, puis sur les
hommes.
Unie au Bien-Aimé, l'âme
apprend à agir sur les coeurs par Dieu, au
lieu d'agir sur eux, avec le secours de sa
grâce, pour les tourner vers Dieu. Elle
n'essaye plus de gagner les hommes pour Dieu, mais
par Dieu. Elle se tient sous la lumière du
Shekina, « intercédant pour le peuple
». En Christ, elle agit sur
Celui qui règne sur le monde. Elle
enchaîne le Roi par sa force qui est la
Parole écrite, le suppliant humblement
« de faire selon qu'il a dit ».
L'Oeuvre d'un habile ouvrier
« Que tu
es belle!... Ta taille ressemble au
palmier. » (Ch. VII : 7, 8).
|
« Que tu es belle, que tu es
agréable », disent à la
Sulamite, ceux qui discernent en elle l'oeuvre de
l'Artiste divin. il l'a amenée en une
dépendance de tous les instants qui la garde
dans Sa volonté. Chaque jour, sa
capacité est agrandie, elle peut recevoir
davantage de la vie divine, de sorte que les fruits
qu'Il porte par elle sont comparés aux
grappes de la vigne. Maintenant, elle s'est
totalement oubliée elle-même, pour
n'exister plus qu'en lui, et sa
persévérance inébranlable est
pour lui comme une forte tour. Il l'a conduite
jusqu'en ces régions de calme parfait, calme
nécessaire pour qu'il puisse agir
parfaitement. Il lui a enseigné à
percevoir promptement sa volonté. Il lui a
montré quelle vigueur, quelle force se
trouvent dans la foi en sa Parole, cette foi qui
enchaîne en quelque sorte la
Toute-Puissance.
« Ta taille ressemble au palmier
», disent les témoins de sa croissance.
Elle a atteint tout son développement, et
elle est comme une colonne dans la maison de son
Dieu. Le palmier est un arbre qui, - dans un milieu
favorable, - pousse droit, et porte du fruit. Il
n'est ni écrasé, ni courbé, ni
tordu, malgré le poids de ses fruits. «
Plus il est resserré à la base, plus
il fleurit; plus haut il pousse, plus fort et plus
large il se développe au sommet
(4).
»
« Les justes croissent comme le
palmier », dit le Psalmiste de ceux qui sont
plantés dans la Maison de Dieu
(Psaume XCII : 13). La croissance est
rapide dans la pure atmosphère de la
montagne de Dieu, dans la Lumière de sa
Présence. La vie de Dieu
ne peut être liée; elle ne peut
être détournée dans les
sentiers tortueux. Elle ne peut collaborer avec
l'obscurité. Même si elle est
opprimée, méprisée,
détestée, elle s'élève
toujours plus haut et devient toujours plus
puissante, elle gagne une région qui
s'étend au-dessus des choses de la terre et
porte du fruit pour Dieu.
Les aspirations d'un auditeur
« J'ai
dit: « je monterai au palmier, j'en
saisirai les rameaux!...
»
(Ch. VII : 8).
|
D'autres auditeurs entendent probablement la
description faite de la fille du Prince, qui est
une avec Lui, et sa collaboratrice. L'un d'eux,
ému, se lève et dit: Moi aussi je
suivrai le même chemin, j'ambitionne une
même communion, « je monterai ! ».
Ce n'est pas là, coeur brûlant de
zèle, ce n'est pas là le chemin. Le
sentier qui monte, d'abord, descend. Tu dis: «
je saisirai les branches. » Et de quoi
pourraient-elles te servir ? Pourquoi les branches,
quand tu peux avoir la sève! La vie divine
qui coule librement dans le palmier et par
lui.
Ils sont nombreux, ceux qui saisissent
les palmiers du Seigneur; ils s'y attachent, s'y
suspendent. Mis à l'épreuve, ils
montrent cependant qu'ils ne connaissent
guère le chemin solitaire tracé par
le Seigneur, chemin qui passe par la vallée
de l'ombre de la mort, pour aboutir à
l'union avec Christ en Dieu.
Pauvres êtres qui vous suspendez
aux palmiers, qui avez besoin de vous appuyer sur
quelqu'un, que deviendrez-vous quand Dieu
ébranlera toutes choses et ne laissera
debout que ce qui est inébranlable
(Hébr. XII: 27, A. V.)
?
O âme qui cherche, il est bon de
désirer la communion avec le
Bien-Aimé, et de vouloir être rendu
semblable à lui; mais le sentier qui conduit
au but que tu désires atteindre est
solitaire; il faut y marcher seul
(Nombres XXIII : 3), et se
donner sans partage pour suivre
l'Agneau où qu'il aille. Alors, tu
connaîtras le Seigneur.
- «Qu'il en soit ainsi »,
répond l'enfant de Dieu. Et, se tournant
vers la Sulamite, il dit : « Que tes seins
soient comme les grappes de la vigne, le parfum de
ton souffle comme celui des pommes, et ton palais
comme un vin excellent qui coule aisément,
faisant parler les lèvres de ceux qui sont
endormis »
(VII: 9, 10).
C'est comme s'il disait à la
Sulamite: « A mesure que tu communiques de la
plénitude de la vie de Dieu aux autres, que
ta capacité soit encore augmentée, et
que le Bien-Aimé trouve toujours en toi
abondance de fruit.
« Que la crainte du Seigneur et
l'intuition de ce qu'il aime deviennent toujours
plus puissantes en toi (let thy scent grow
stronger), comme le parfum des pommes; le parfum du
Bien-Aimé que tu as comparé à
un pommier parmi les arbres de la
forêt.
« Et que le Vin nouveau du Royaume
(le Sang de Christ) soit en toi une puissance que
rien n'amoindrisse, que rien ne pervertisse;
qu'elle reste pure. Alors tes lèvres
parleront, pendant que tu reposes en lui, sourde,
aveugle, et comme endormie pour tout ce qui n'est
pas lui: la force, le TOUT de ta vie. »
|