CEUX QUE TU CACHES
Le Cantique des
Cantiques
SECTION I : Chapitre 1 à Chapitre 11:
7
CHAPITRE PREMIER
« Le Cantique des
Cantiques qui est de Salomon. »
(Ch. 1: 1).
« Vous
êtes mes amis si vous faites tout ce
que je vous commande. »
(Jean XV : 14).
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SALOMON préfigure le Seigneur
Jésus couronné comme roi après
sa victoire au Calvaire et son ascension : le
Seigneur assis à la droite de la
Majesté divine, après qu'il a fait la
purification de nos péchés
(Hébr. I: 3). Ayant
achevé l'oeuvre de la Rédemption, le
Seigneur est maintenant glorifié, et Il
attend celle qu'il a rachetée du milieu des
pécheurs, qui doit être son
Épouse et partager son trône; celle
qu'il a retirée du « bourbier fangeux
» et élève jusqu'à lui,
pour qu'elle hérite avec lui du trône
de gloire
(I Sam. Il : 8, A. V.).
Ce cantique est essentiellement celui de
Salomon parce qu'Il est celui du Céleste
Époux de l'âme rachetée, membre
de l'Épouse. Mais c'est aussi le Cantique de
celle qui a été rachetée,
puisqu'il est celui de l'Époux, que son
coeur bat à l'unisson du
sien, et que tout ce qu'elle a vient de lui, par le
Saint-Esprit.
Le cantique du Bien-aimé trouve
un écho dans les membres de l'Épouse.
« Et personne ne pouvait apprendre le cantique
», excepté ceux « qui ont
été rachetés de la terre
»
(Apoc. XIV : 3). C'est un cantique
qui sera chanté durant toute
l'éternité.
Dans le Cantique des Cantiques nous est
révélée la vie
intérieure du racheté qui est conduit
dans la connaissance du Seigneur. Voilée
dans un langage qui ne peut être compris
qu'avec le secours de l'Esprit éternel, nous
voyons comment l'Époux céleste se
fiance avec l'âme pour laquelle il est mort;
comment il la conduit, pas à pas, vers une
union toujours plus complète; comment il
l'attire par « les cordeaux de son amour
», et l'amène à s'oublier,
à abandonner sa vie. Il lui fait
expérimenter alors une même vie avec
Lui « qui a été
déclaré Fils de Dieu avec puissance,
par la résurrection d'entre les morts »
(Rom. I : 4).
Dans les premiers chapitres du Cantique,
l'Époux nomme celle qu'il a rachetée
son amie
(ch. I : 9,
15), sa compagne, son amour. Il la
déclare « la plus belle d'entre les
femmes »
(1: 8), il la nomme « sa colombe
» (parce que le Saint-Esprit demeure en elle),
mais il ne lui donne pas encore le nom
d'épouse.
Ceci marque le premier degré
d'une vie donnée; ce degré
d'amitié implique l'obéissance
à la volonté du Seigneur, la
loyauté à son service: relation
bénie et très précieuse; fort
éloignée cependant de l'union qu'il
souhaite. « Vous êtes mes amis, si vous
faites tout ce que je vous commande. » «
je vous appelle mes amis, parce que je vous ai fait
connaître tout ce que j'ai entendu de mon
Père. »
(Jean XV : 14, 15). Ces paroles
dénotent un degré d'intimité
qui dépasse de beaucoup les relations de
maître à serviteur, et qui cependant,
n'impliquent pas la qualité d'Épouse.
L'âme soupire après
Dieu
« Qu'il
me baise des baisers de sa bouche.
(Ch. 1: 2.)
|
L'âme rachetée a entendu le
Seigneur lui dire: « Tu es à moi
»; à quoi elle a répondu: «
je suis à Toi », trouvant ainsi la paix
par le sang de la Croix. Peut-être de longues
années se sont passées sans qu'elle
fît un pas de plus; ne connaissant rien du
Rédempteur comme Époux de son
âme. Un jour cependant, elle a eu la
céleste vision. De quelque manière,
quelque part, elle a eu, par la grâce de
Dieu, une révélation de cette union
avec Christ, qui a aussitôt
éveillé en son coeur d'ardentes
aspirations. Et, sous l'action intérieure du
Saint-Esprit, elle a été conduite
à rechercher une connaissance de Dieu aussi
complète que possible.
Alors, dans l'ardeur de sa recherche,
elle s'écrie: « Qu'Il me baise. »
Déjà, elle connaissait le baiser
paternel de la réconciliation, alors qu'elle
se réfugiait tel l'enfant prodigue, aux
pieds du Père céleste. Mais
maintenant elle souhaite davantage : son âme
soupire après une communion aussi parfaite,
aussi étroite que possible, avec le
Père et le Fils.
C'est bien là le cri de celui
qui, ayant l'esprit de l'Épouse, est
attiré par Dieu Lui-même. « Car
ceux qu'il avait auparavant connus, il les a aussi
prédestinés à être
conformes à l'image de son Fils »
(Romains VIII : 29); de même
qu' « il nous avait élus en Lui, avant
la création du monde, afin que nous soyons
saints et irrépréhensibles devant
Lui, dans l'amour ».
(Eph. 1: 4).
L'âme a besoin d'une vision
céleste de tous les instants pour
s'affranchir de soi et des choses de ce monde. Il
faut que le coeur soit illuminé pour saisir
l'espérance de sa vocation. Plus la vision a
de netteté, plus l'abandon de soi au
Saint-Esprit est complet pour que se réalise
la vision, et plus la soif de Dieu est intense.
Fournaise d'ardent désir créé
par l'Esprit éternel, soif de Dieu qui est
la condition suprême pour le connaître.
La Vision
« Ton
amour vaut mieux que le vin. »
(Ch. 1: 2).
|
Nous nous montrerons peu dignes de notre
vocation céleste, si nous ne pensons
qu'à ce que nous abandonnons. « Ton
amour est meilleur », s'écrie
l'âme, dans le Cantique. Ce ne sont que des
scories que nous abandonnons, lorsque nous
échangeons les trésors terrestres
pour les célestes. Tout ce qui est de la
terre ne dure qu'un instant, ce qui est divin est
éternel.
L'Âme a fait son choix
« Ton nom
est comme un parfum répandu; c'est
pourquoi les vierges t'aiment.
[Le
même mot hébreu traduit ici
« vierges » est rendu dans le
psaume LXXXIII: par l'expression «
ceux que tu caches », - ou
protèges -]. Entraîne-moi, et
nous courrons après toi.
»
(Ch. I: 3-4).
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C'est le Nom du Seigneur qui attire l'âme
et l'émeut. Le nom évoque à
notre pensée la Personne dont le coeur a
besoin. « Ton Nom est comme un parfum
répandu, c'est pourquoi les vierges
t'aiment. » Les jeunes âmes sont
conquises par lui, dès l'abord, et elles
l'aiment à cause de ses dons. Mais celle qui
a une vision céleste s'écrie: «
Attire-moi, et nous courrons après Toi!
» « Afin que je le connaisse, Lui!...
» Tel est le désir que l'Esprit divin
éveille dans le coeur.
De plus, au fur et à mesure que
l'âme va de l'avant pour connaître le
Seigneur, d'autres se trouvent attirées par
sa course. À moins que nous n'ambitionnions
un parfait développement dans le domaine
spirituel, nous sommes un obstacle dans le chemin
des autres. Mais nous exerçons
inconsciemment une - force d'attraction vers Dieu,
si nous cherchons à le connaître et
à marcher avec Lui.
L'âme qui s'est donnée au
Seigneur sait que c'est là son oeuvre, et
qu'il l'achèvera. Il l'attirera hors
d'elle-même et jusqu'en
Lui, sa demeure, par le Saint-Esprit. « Nous
courrons après toi. » Ce qui lui
revient, c'est de vouloir; elle ne peut que
s'abandonner à la sagesse de son Seigneur,
et répondre à l'attirance qu'elle
ressent pour Lui.
La Demeure du Roi
«
Entraîne-moi; nous courrons
après Toi. Le Roi m'a introduite
dans ses appartements. Nous nous
égaierons et nous réjouirons
en Toi. Nous célébrerons ton
amour... Dans la droiture, ils t'aiment.
»
(Ch. I: 4).
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À peine s'est-elle décidée
pour Dieu qu'elle s'écrie: « Le Roi m'a
introduite dans ses appartements. » Notons
qu'il ne s'agit pas de la salle du Banquet, mais
des appartements, où elle sera
préparée pour être rendue
capable de saisir une plus grand connaissance de
son Seigneur. Et, dans l'expérience du
racheté, ceci peut être la
révélation du Consolateur, le
Saint-Esprit de la promesse. Déjà,
l'âme a reçu, sous son influence, le
don de la vie éternelle. Déjà,
le Saint-Esprit a fait naître en elle les
aspirations vers Dieu; mais peut-être ne
l'a-t-elle jamais connu en tant que Personne, et
comme Celui que le Père a donné pour
prendre de ce qui est à Jésus afin de
le révéler. Aussi avait-elle une
tendance à donner plus d'importance à
sa consécration et à sa foi
qu'à l'action intérieure du
Saint-Esprit et au Saint-Esprit lui-même.
Elle ne possédait donc pas la joie qu'il y a
à le connaître comme Instructeur
personnel, chargé par le Père et le
Fils de la conduire en toute la plénitude
'de Dieu.
« Le Roi m'a introduite..., nous
nous égalerons... Nous
célébrerons ton amour. »
À cause des nouvelles
révélations dont l'âme est
l'objet, elle apprend à se réjouir
dans le Bien-aimé plutôt que dans ses
Dons; de sorte qu'elle aussi, avec les vierges,
elle voit sa gloire et célèbre son
Nom. Et quand elles s'entretiennent ensemble, ce
n'est plus seulement de leur activité pour
le Seigneur qu'elles parlent, mais du
Seigneur lui-même.
L'oeuvre, elle la laisse pour le jour où le
feu éprouvera le travail des
rachetés; mais ensemble elles
célèbrent l'amour du
Bien-aimé. Pour pouvoir s'entretenir ainsi
de la Personne de Christ spontanément,
joyeusement, il est nécessaire de marcher en
toute intégrité, avec une conscience
nette de toute offense, devant Dieu et devant les
hommes.
Elles t'aiment, en toute droiture,
ô Christ, toi qui es l'Oint de
l'Éternel.
Les Révélations dans
les appartements du Roi
« Je suis
noire, mais belle, ô filles de
Jérusalem; comme les tentes de
Kédar, comme les pavillons de
Salomon. »
(Ch. 1: 5).
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Sous l'influence du Saint-Esprit, l'âme a
vu la terrible lumière, l'éclatante
lumière, comparable à celle d'un
cristal étincelant
(Ezéch. 1: 22), qui
révèle la Présence de Dieu, et
elle a compris que ce qui est terrestre est la
noirceur même. Alors, écrasée,
accablée, elle s'écrie dans la
détresse: « je suis noire !
»
Non pas
délibérément, du fait
d'offenses volontaires ou du péché,
car le racheté qui cherche à
connaître son Dieu a rejeté de sa vie
tout ce qu'il sait être mauvais; c'est
pourquoi il a été conduit jusqu'aux
appartements du Roi. Mais l'action du Saint-Esprit
s'approfondit toujours davantage chez ceux qui, du
fond du coeur, ont dit: « Nous courrons
après Toi », et il révèle
dans le coeur et la vie tout ce qui est contraire
à la pensée de Dieu. Si l'âme
obéit en tout ce qui lui est
révélé, le moment vient que
dans les appartements royaux la Lumière
l'inonde; alors, en se voyant, elle s'écrie:
« je suis noire. » Non pas
défigurée par les
péchés maintenant rejetés,
mais noire en elle-même, bien que
purifiée par le précieux sang de
Christ; noire en son être même qui
porte le maudit héritage du premier Adam. Il
fut un temps où elle ne pensait qu'à
la noirceur du péché;
dorénavant, elle a
découvert que sa beauté en tant que
créature n'est que corruption
(Daniel X: 8, 9). Et, avec Job, elle
s'écrie: « Maintenant, mon oeil t'a vu,
et je me prends en horreur. »
[Job XLII: 5, 6, A. V.
(1)].
Quand cette horreur de soi-même
est réelle et profonde, le racheté
n'hésite pas à le reconnaître.
Certains enfants de Dieu voudraient garder
secrète cette destruction nécessaire
de la vie propre; ils ne veulent pas être
aussi droits vis-à-vis des autres qu'ils le
sont devant Dieu, mais il faut que tout orgueil
soit brisé avant que puisse venir la
délivrance; il faut que toutes les
apparences, même celles de
spiritualité religieuse, soient
abandonnées pour que nous puissions
être amenés à une vie
transparente, et devant Dieu, et devant les
hommes.
« Filles de Jérusalem, je
suis noire mais belle, s'écrie l'âme
rachetée. Noire, en moi-même, aussi
noire que les tentes de Kédar, rugueuses,
laides; mais belle, agréable, comme les
splendides tentures du pavillon de Salomon. Belle
à cause de l'oeuvre achevée du
Rédempteur, belle parce que je demeure en
mon Bien-aimé, et qu'aux yeux du Dieu trois
fois saint, je suis recouverte de ses perfections.
»
- « Éternel, devant Toi: Une
avec le Seigneur,
- Là, je vis; et cependant, ce n'est
plus moi:
- C'est Christ qui vit en moi et
adore...
- Qui pourrait m'être ou plus cher ou
plus proche
- Tout le coeur du Père est à
moi !
- À moi! Et cependant, uniquement au
Fils !»
- W. P
.
CHAPITRE Il
La Connaissance de
Soi-même
« Si
quelqu'un vient à moi et ne hait
pas... sa propre vie, il ne peut
être mon disciple. »
(Luc XIV : 26).
« Ne
prends pas garde que je suis noire.... car
le soleil m'a regardée. Les enfants
de ma mère se sont irrités
contre moi; ILS m'ont mise à garder
les vignes. Ma vigne à moi, je ne
l'ai point gardée.
»
(Ch. 1: 6).
|
JUSQUE-LA, l'objet de cette
révélation s'était
occupée dans l'oeuvre du Seigneur. Des amis
l'y avaient invitée. Mais maintenant, sous
les feux de l'éclatante lumière, elle
comprend qu'il n'y a pas eu l'appel du Seigneur
lui-même et elle constate l'inutilité
de son service, l'inutilité d'une
activité charnelle. Cependant, ce service,
comme il l'avait absorbée ! Infiniment plus
que le désir d'être rendue conforme
à l'image de Christ ! Comme Marthe, elle
s'était laissée occuper par bien des
choses, et en particulier par les
difficultés spirituelles des autres, par
leurs besoins religieux, et elle avait
oublié de s'asseoir aux pieds de
Jésus. Désormais, elle attendra que
ce soit bien Lui qui l'appelle à son
service.
Mais ceux qui l'entourent ne comprennent
pas ce qu'elle éprouve. Pourquoi cette
horreur de soi, et d'une activité sur
laquelle, cependant, Dieu avait mis son sceau? Ils
jugent et condamnent celle qu'ils ne comprennent
plus, et elle en souffre. Elle ne leur avait jamais
confié sa certitude de l'inutilité de
ses efforts; elle ne leur avait pas parlé de
la transaction passée
entre Dieu et elle. Sans doute, elle s'était
déchargée de tous ses soucis sur le
Seigneur et elle avait marché
victorieusement dans la lumière
reçue. Mais maintenant qu'elle voyait son
travail sous l'éclatante lumière,
tout ce qu'elle aimait autrefois lui faisait
horreur, tout cela n'était en
définitive que le fruit de SON MOI: un moi
abhorré, un moi hideux, un moi
consacré !
« Ne prenez pas garde, crie-t-elle,
car le soleil m'a regardée (ou
BRÛLÉE). » Dieu est un Soleil, un
Feu consumant, son éclatante sainteté
m'a brûlée, aveuglée. «
Malheur à moi, je suis perdu, car j'ai vu le
Roi. »
(Esaïe VI : 5).
L'âme a un sentiment si vif de ce
qu'elle est en elle-même, qu'il lui semble
avoir été comme mise à nu aux
yeux de tous aussi bien qu'au regard de Dieu.
Aussi, les louanges, les appréciations
favorables, toutes ces choses qu'aime la chair,
sont pour elle une vraie souffrance. Tout
désir d'être considérée,
honorée, est à jamais banni de son
coeur. Ce qu'elle demande, c'est un plus profond
abaissement pour que le Seigneur seul soit
discerné et glorifié.
Le cri de l'âme pour son
Bien-Aimé
«
Dis-moi, ô toi qu'aime mon
âme, où tu pais ton troupeau,
et où tu le fais reposer sur le
midi, car pourquoi serais-je comme une
femme errante ? »
(Ch. 1: 7).
|
Se détournant de son entourage et de
l'incompréhension des autres, se
détournant aussi de cette connaissance
d'elle-même si douloureuse, l'âme
recherche la présence de son
Bien-aimé. Il sait, Lui, combien elle
soupire après sa présence et qu'elle
a décidé de considérer toutes
choses comme une perte, « à cause de
l'excellence de la connaissance du Seigneur
Jésus-Christ ». Il sait, Lui, à
quel point elle se déteste, et qu'elle se
repose uniquement sur sa Justice, de façon
bien plus complète qu'autrefois, ce qui est
son seul mérite devant le trône de
Dieu. Il sait tout cela. Il l'aime, Il prend soin
d'elle. Aussi se tournant vers Lui, elle lui dit
du fond du coeur - «
Dis-moi, ô toi qu'aime mon âme,
où tu fais reposer ton troupeau sur le midi.
»
Le commencement de la Vie nouvelle peut
être comparé au matin d'un nouveau
jour, et son parfait développement [sa
maturité], au midi de la journée; un
midi sans brouillards, sans ombres. « Le
sentier du juste est comme la lumière
resplendissante [de l'aurore], dont l'éclat
augmente jusqu'à ce que le jour soit dans sa
perfection. »
(Prov. IV : 18). « Ta vie se
lèvera plus brillante que le midi,
même s'il y a obscurité, ce sera comme
le matin. »
(Job. XI: 17).
Dans les desseins divins, toute
âme nouvellement née doit être
conduite par delà les ombres jusque dans
l'éclatante lumière de la vie du
Sanctuaire, du Saint des saints. Combien de
rachetés, cependant, restent dans un
demi-jour et ne parviennent jamais « au repos
de midi »; image du coeur qui se repose en
Dieu dans l'union au Fils unique du
Père.
« Dis-moi quelque chose de ce repos
de midi », réclame l'âme
donnée sans réserve; car elle craint
de perdre la vision qu'elle a reçue. Et dans
le bruit des langues autour d'elle, les langues de
ceux qui l'ont mise à garder les vignes,
elle redoute de se laisser détourner du but,
et de devenir comme l'épave jetée
de-ci de-là; d'être comme une personne
errante, comme une âme allant à
l'aventure, à côté des
troupeaux de ses compagnons.
Les Instructions du
Bien-Aimé
« Si tu
ne le sais pas, ô la plus belle
d'entre les femmes, sors sur les traces du
troupeau, et pais tes chevrettes
près des tentes des bergers.
»
(Ch. 1: 8).
|
Le Bien-Aimé répond aussitôt
au cri de l'âme, par ces paroles: « Si
tu ne le sais pas », impliquant ainsi qu'elle
est, en une certaine mesure, responsable de son
ignorance. Ses directions ne se trouvent-elles pas
dans le Livre ? Mais ses yeux ont été
comme retenus, de sorte qu'elle n'a pas
discerné que le
Bien-aimé est Un avec le Père, qu'il
est la Porte permettant l'accès jusqu'au
coeur du Père.
Il nourrit son troupeau à midi
« dans le sanctuaire »; et si les
rachetés connaissaient le grand Pasteur des
brebis, et la puissance du sang de l'Alliance
éternelle
(Hébreux XIII : 20), ils
entreraient et sortiraient et trouveraient leur
nourriture dès l'instant qu'ils se sont
donnés sans réserve.
Même si le « repos de midi
» implique une certaine maturité, et
s'il n'est réalisé dans sa
plénitude que par l'âme qui poursuit
la connaissance de Dieu, cependant dès les
premiers pas dans la vie spirituelle, le
racheté trouve accès auprès de
Dieu en Christ. À chaque degré de son
développement, le racheté peut entrer
avec hardiesse dans le Saint des saints par le sang
de Jésus. Il est invité à
s'approcher avec un coeur sincère et une
entière confiance, ayant le coeur
purifié d'une mauvaise conscience
(Hébr. X : 19-22), avec
l'absolue certitude de trouver grâce et
secours en temps de besoin.
Le Bien-aimé nomme celle qui le
recherche « la plus belle d'entre les femmes
», bien qu'elle-même se trouve noire.
Mais, plus elle est misérable à ses
propres yeux, plus elle est belle aux siens.
- « 0 âme, je te montrerai le
miracle,
- La valeur inestimable de mon sang!
- Tu es plus blanche que la neige des
montagnes,
- Tu es resplendissante aux yeux de ton
Dieu. »
Et comme elle lui a demandé où
elle devait aller, le Bien-aimé l'envoie sur
les traces du troupeau; il l'invite à
continuer de s'occuper auprès des tentes des
bergers.
Lorsque l'âme se voit incomprise
des autres enfants de Dieu qui semblent
méconnaître son chemin et la vision
céleste à laquelle elle veut
obéir, elle est en danger de s'isoler,
d'abandonner les assemblées
(Héb. X : 25) dans les tentes
des bergers; elle est en danger de ne plus voir la
nécessité de persévérer
dans les moindres choses au service du
Maître, de délaisser toute
activité déjà confiée
à ses soins.
Lorsque le Saint-Esprit dépouille
l'âme de ce qu'on peut nommer un moi
consacré et une activité charnelle,
il est important de continuer à s'acquitter
fidèlement du moindre devoir et d'apprendre
à agir par principe non plus parce que la
chose intéresse ou attire.
« Va sur les traces du troupeau,
dit le Bien-Aimé. » Garde-toi de
t'enfermer avec les quelques personnes qui te
comprennent, mais avance sur le chemin du devoir,
laissant à ton Seigneur qui est
fidèle, de choisir le moment et la
manière d'exaucer ta requête. Alors,
tu connaîtras « le repos de midi »,
tu reposeras dans le coeur même de
Dieu.
« Mais prends garde aussi, en
avançant sur les traces du troupeau dont le
grand Berger prend soin, de ne point te
préoccuper de cette avance plus que de ton
Bien-Aimé. C'est à Lui seul que tu
dois regarder. Lui te conduira par le droit chemin,
jusqu'à la cité d'habitation. »
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