Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
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L'ÉGLISE DE L'UNITÉ DES FRÈRES 


CHAPITRE XXI

A PROPOS DU JUBILÉ DE CENT CINQUANTE ANS DES MISSIONS MORAVES

 

Le 21 août 1882, il fut donné à l'Eglise de l'Unité de célébrer avec humiliation et actions de grâce le cent cinquantenaire de ses Missions parmi les païens.

Dans cette occasion le souvenir des bénédictions suprêmes qu'il avait plu à Dieu de lui accorder par le moyen de cette oeuvre, tout aussi bien que celui des grandes choses accomplies par son faible moyen dans le monde païens, s'éveilla en elle avec force.

A peine les travaux missionnaires moraves, commencés en 1732, eurent-ils été couronnés de leurs premiers succès, que le baron de Schrautenbach s'écria: « Est-ce l'Eglise qui a enrichi la Mission, ou est-ce plutôt la Mission qui a enrichi l'Eglise? La question ne saurait se résoudre sans difficulté. » Plus d'un siècle plus tard, l'évêque Tietzen, ouvrant à Herrnhut la session du synode général de 1879, s'écria à son tour: « Nous avons raison d'appeler nos Missions notre enfant de douleur; mais j'ajoute avec joie qu'elles sont aussi notre grande bénédiction, si bien que la suppression de cette oeuvre nous conduirait à pas rapides au devant de la décadence et de la ruine. »

Rien de plus vrai que ces paroles. Aucun travail, au même point que le travail missionnaire, n'a été, pour l'Eglise de l'Unité, une source intarissable de bienfaits divins.

Il importe ici de relever quelques détails. Ce qui, dès les vieux temps jusqu'à nos jours, a établi entre toutes les fractions de l'Eglise, abritant des nationalités diverses et séparées les unes des autres par d'immenses étendues non seulement, mais aussi par les différences de caractère les plus marquées, le lien le plus puissant, ce sont, à côté de la foi commune, les Missions, l'oeuvre poursuivie comme aucune autre, d'un même coeur.

Ce qui n'a cessé d'agrandir le cercle des amis que l'Eglise de l'Unité possède dans toutes les dénominations du protestantisme, c'est en premier lieu son oeuvre missionnaire.

Ce qui a puissamment contribué à maintenir en elle la foi vivante en l'invincible puissance de l'Evangile de Christ, c'est sa Mission. Pas de témérité plus grande que le départ de ses premiers missionnaires. Pas d'encouragement plus puissant non plus que le succès, accordé, dans la suite des temps, à cette entreprise. Du petit grain jeté, en 1737, dans le sol du monde païen, au milieu des craintes des uns,. des moqueries et de l'hostilité des autres, est sorti un arbre gigantesque : cent sept stations, onze annexes, trois cent trente-cinq frères et soeurs (1) missionnaires, assistés de plus de quinze cents aides indigènes au milieu de quatre-vingt-trois mille et cinquante païens, gagnés à Jésus-Christ (données statistiques de juillet 1887).

Ce qui, au sein de l'Eglise, s'est trouvé être l'ennemi implacable des mollesses du coeur et de la vie, l'aiguillon s'enfonçant sans cesse dans la chair, le stimulant de l'âme, c'est la Mission. A cette école, dure et bénie, l'Eglise a appris à prier, à donner et à travailler. « D'où viennent les trésors de vie chrétienne et de charité que la petite Eglise des Frères moraves a toujours possédés, de telle sorte qu'un séjour à Herrnhut, à Niesky ou à Neuwied peut être considéré comme une bienfaisante retraite par les chrétiens des autres Eglises, et que les communautés moraves, presque imperceptibles, ont agi partout comme un levain puissant et comme un agent actif de réveil ? D'où viennent ces richesses spirituelles, sinon de l'intense activité missionnaire de cette Eglise et de la sève puissante qui, de ses lointains champs de travail, reflue sans cesse vers le centre, comme le sang circule plus chaud et plus généreux dans un corps qui travaille davantage. » (2) Beau témoignage rendu par un homme étranger à l'Eglise de l'Unité, à ce dont celle-ci, à son insu souvent, a été redevable à ses Missions.

Ce qui, en dernier lieu, a achevé de donner à l'Eglise de l'Unité son caractère oecuménique, ce qui l'a gardée de s'isoler dans un séparatisme malsain, et de se perdre dans des intérêts de clocher, c'est, à part les principes de grande largeur qui ont présidé à sa formation, son oeuvre d'évangélisation parmi les païens, détournant constamment ses regards d'elle-même et les dirigeant au loin, élargissant ses vues et lui prêchant journellement que le champ, c'est le monde.

A-t-on raison de dire que tous les Moraves, bien au clair sur la grandeur et la beauté, comme sur les immenses bienfaits qui ont découlé pour leur Eglise de son oeuvre missionnaire, ont donné leur coeur à cette sainte cause et que l'Eglise de l'Unité de nos jours peut s'appeler dans toute la force du terme, une Eglise missionnaire ? Dans un magistral rapport présenté à l'occasion du jubilé missionnaire à Herrnhut, Frédéric-Eugène Reichel, l'un des directeurs des Missions moraves, (décédé à Herrnhut le 14 novembre 1886), prononce à ce sujet cette confession humiliante: « Ce n'est pas toute l'Eglise qui porte sur le coeur l'oeuvre des Missions. Ce n'est pas toute l'Eglise qui donne comme Christ veut que les siens lui offrent leurs offrandes. Il y en a dans son sein beaucoup qui n'ont pas appris à s'écrier après David: je n'offrirai point à l'Eternel des holocaustes qui ne me coûtent rien. Il n'y en a que quelques-uns qui, saintement enflammés, plaident, par leurs paroles et par leurs actions, cette cause que Dieu, d'une manière toute spéciale, nous a confiée; quelques-uns seulement qui font briller leur lumière et qui répandent la chaleur. Donnons gloire à la vérité: L'Eglise de l'Unité, dans son ensemble, n'est pas digne de s'appeler une Eglise missionnaire. »

« Toutefois, au milieu d'elle, vit, donne, travaille, lutte et prie, croissant en nombre d'année en année, un groupe d'hommes et de femmes, petite Eglise missionnaire dans l'Eglise, qui a compris la vocation qui, dès 1732, a été celle des Moraves. Ce ne sont pas nécessairement ceux qui organisent nos bazars et nos loteries de Missions. Nous renoncerons même à les signaler à l'attention de chacun. Le Seigneur, ici encore, ,connaît seul ceux qui sont siens. Mais ce que nous dirons sans crainte de nous tromper, c'est que cette Eglise missionnaire se recrute avant tout d'entre les membres des petites sociétés de Missions volontairement formées au sein de nos communautés et qu'elle naît, de préférence, dans les cabinets de prière. Notre espoir pour l'avenir de notre oeuvre repose sur ces cercles intimes, charbons vivants et s'enflammant mutuellement pour nourrir le feu sacré. Il se fonde sur telle maison, telle pauvre mansarde, où s'étendent tous les jours vers le Seigneur les bras suppliants de telle famille, de telle veuve, infirme et faible peut-être, mais assez puissante pour mouvoir le bras du Seigneur. Toutes les fois, qu'à l'heure du danger et de l'angoisse, la direction des Missions en a appelé au concours de ces hommes et de ces femmes de prière, elle a senti renaître en elle la foi et le courage. Saluant l'aurore du jour du salut, elle a compris qu'il y avait, derrière elle, luttant à genoux, toute une armée de combattants pour le Seigneur. 0 homme de peu de foi, pourquoi avais-tu douté ? »

« Ont-ils su, eux-mêmes, ces membres de la vraie Eglise missionnaire, combien de grandes choses s'accomplissaient par leur moyen? je ne le pense pas. Quand le Roi leur dira au dernier jour: Venez, vous qui êtes bénis de mon Père, vous avez garanti mes messagers du danger, vous avez fortifié leur foi chancelante, vous avez anéanti les machinations de Satan contre les jeunes Eglises d'entre les païens, vous lui avez arraché des âmes, vous avez détruit les remparts des ténèbres et édifié mon Règne dans beaucoup de pays lointains - ils répondront: Seigneur, quand avons-nous servi tes messagers, détruit le royaume des ténèbres, édifié ton Règne, nous autres qui n'avons pas quitté la patrie ? Et le Roi leur dira: En vérité, en vérité, je vous dis, que vos soupirs et vos larmes ont été précieux devant moi ; vos prières ont accompli de vaillantes actions et vaincu dans la sainte bataille! »

Le cent-cinquantenaire des Missions moraves fut célébré dans toutes les parties du monde, par l'Eglise de l'Unité tout entière, par chacune de ses branches et dans chacune de ses communautés, comme aussi dans la plupart de ses stations missionnaires.

Des milliers d'amis, s'associant dans ce jour à la joie de l'Eglise, lui témoignèrent leur sympathie et leur reconnaissance pour les bénédictions reçues par le ministère de la Mission morave. A Bethléem (Etats-Unis), une quarantaine de pasteurs, appartenant aux dénominations les plus diverses, vinrent assister à la fête. A Herrnhut, les représentants de toutes les sociétés de Missions de l'Allemagne, de celle de Bâle et de l'Eglise vaudoise du Piémont, se donnèrent rendez-vous sur les lieux mêmes d'où étaient partis les premiers missionnaires. 'L'Ecosse avait envoyé son député; l'évêque de Rochester et l'archevêque de Cantorbéry des télégrammes de fraternelle sympathie. A Montmirail, se réunirent les délégués des sociétés de Missions de langue française et des Eglises nationales et libres de la Suisse romande. Emouvant spectacle pour qui comparait le froid silence et le triste isolement de 1732 à ce débordement d'affection fraternelle et à cet universel concert de louanges et d'actions de grâces pour les miracles, accomplis par Dieu, 150 ans durant, des glaces du Groënland jusqu'au milieu des Papous de l'Australie et dans les vallées de l'Himalaya!

Préoccupée du désir d'ériger un monument visible de ces beaux moments, l'Eglise avait résolu de faire construire une chapelle d'actions de grâces dans l'île de Saint-Thomas, où avaient abordé ses deux premiers missionnaires, et où avaient succombé ses premiers témoins, enlevés par une épidémie meurtrière. Le 21 août 1882, à onze heures du matin, eut lieu la pose solennelle de la pierre fondamentale de cet édifice.

Pour en couvrir les frais, les Hottentots du Cap de Bonne-Espérance avaient envoyé un don de cent francs ,et les Esquimaux du Labrador trois fois autant. Presque deux ans plus tard, le 16 mai 1884, la chapelle achevée put être consacrée à Dieu en présence du gouverneur des Antilles danoises et d'une foule recueillie de deux mille personnes.

Il avait été décidé, en outre, de réunir un fonds, dit du jubilé, dont les intérêts serviraient à faciliter à l'Eglise des entreprises missionnaires nouvelles, auxquelles elle avait été, dès longtemps, obligée de se refuser, faute d'argent. Dieu accorda sa bénédiction aussi à ce projet. Le fonds lu jubilé atteignit la somme de plus de 118,900 francs.

Cinq nouvelles années d'activité missionnaire se sont écoulées dès lors pour l'Eglise de l'Unité. Dieu lui a permis de prendre pied dans la presqu'île d'Alaska et d'agrandir par là son oeuvre. Il lui a fait espérer, également, un nouveau travail à accomplir dans le Northqueensland (Australie). Qu'il la trouve toujours prête à aller là où il l'appellera, et toujours assez patiente pour attendre, avant de s'avancer, que le divin signal ait été donné. Ce qui est hors de doute, c'est qu'elle vit moralement de ses Missions et que, celles-ci disparues, elle tendrait à disparaître à son tour. «Jamais il n'y aura d'Eglise morave sans Missions parmi les païens. jamais, non plus, il n'y aura de Missions moraves qui ne soient une affaire de l'Eglise. »



Table des matières

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(1) Soit 2 o/o des communiants de l'Eglise tout entière et 8 1/2 o/o des hommes adultes de la branche allemande.
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(2) Alf. Boegner, la tâche missionnaire de l'Eglise.

 

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