Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
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(Jean 17.17)
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L'ÉGLISE DE L'UNITÉ DES FRÈRES 


CHAPITRE X

LES FRERES ET LE MÉTHODISME ANGLAIS

 

A peine le mouvement religieux sorti de Herrnhut eut-il été transplanté en Angleterre, qu'il se heurta contre un autre mouvement, connu sous le nom de méthodisme anglais et se rattachant aux puissantes personnalités des frères Wesley et de Whitefield. Un rapide coup d'oeil jeté dans les rapports des premiers Frères avec les premiers méthodistes ne manquera pas d'intérêt et fera mieux comprendre l'antagonisme dans lequel n'ont jamais cessé de vivre ces deux dénominations du protestantisme contemporain.

Au mois de janvier 1736, un navire traversait l'Atlantique. Il emmenait en Géorgie une société étrange que la main de Dieu avait réunie. C'étaient vingt-six frères et soeurs moraves de Herrnhut, et, parmi eux, l'évêque David Nitschmann, d'une part, et de l'autre, les frères Wesley, Benjamin Ingham et Charles Delamotte, représentants de la jeune société méthodiste. Les uns et les autres allaient travailler en Amérique pour le règne de Dieu. Les Moraves y portaient le nom du Sauveur pour l'amour duquel ils avaient quitté la patrie. Et quant à John Wesley, il dit à ce sujet: « Notre but, en tournant le dos à l'Angleterre, n'était ni d'échapper à la misère, car Dieu nous avait bénis de biens temporels, ni de nous procurer les ordures de la richesse et de la gloire. Sauver nos âmes et vivre pour la gloire (le Dieu, tout pour nous était là! »

En route, les deux sociétés firent connaissance. Wesley étudiait la langue allemande, les Moraves étudiaient l'anglais. « Oh! » s'écria Wesley, « que nous soyons un, non seulement en parlant une seule et même langue, mais par le coeur et dans une seule et même conviction! »

Les temps futurs, avec leur division des camps, s'annonçaient-ils au fond du coeur de Wesley? Il est permis de le croire. Pour le moment, Dieu avait de grandes choses à lui dire par le moyen des Frères. Ecoutons-le dans son journal intime du 26 janvier 1736: « Une effroyable tempête venait d'éclater; je m'assis près des Allemands dont, dès longtemps, j'avais observé le grand sérieux et l'humilité. Sans qu'ils eussent voulu accepter quoi que ce fût, je les avais vus rendre aux autres voyageurs les services les plus humbles. « Cela fait du bien à nos coeurs orgueilleux, » avaient-ils dit; « notre bien-aimé Sauveur a fait pour nous bien plus que cela.

Poussés, battus, jetés à terre, ils s'étaient relevés sans mot dire. Durant la tempête donc, tu verras maintenant, me dis-je à moi-même, s'ils sont vraiment délivrés de l'esprit de crainte, d'orgueil, de colère et de vengeance. Pendant qu'ils chantaient le cantique par lequel ils aimaient à ouvrir leur culte, une immense vague se déversa sur le navire, déchirant la grande voile et remplissant d'eau jusqu'à l'entrepont. Nous étions comme engloutis dans l'abîme. Les voyageurs anglais poussaient des cris de détresse. Les Allemands continuaient à chanter. Mais n'as-tu pas eu peur? demandai-je plus tard à l'un d'eux. - « Dieu soit loué, non,» me répondit-il. - Mais vos femmes et vos enfants n'ont-ils pas eu peur? - « Non; nos femmes et nos enfants n'ont pas peur de mourir! »

Quelques semaines plus tard, le 7 février, John Wesley, arrivé en Géorgie, y fit la connaissance de Spangenberg. « je ne tardai pas à me rendre compte de l'esprit dont cet homme était animé », dit-il encore dans son journal, « et je lui demandai des conseils pour mon travail. Il me répondit: « Frère, il faut que je te fasse d'abord une ou deux questions. L'Esprit rend-il témoignage à ton esprit que tu es enfant de Dieu? » Surpris, je me tus, ne sachant trop que répondre. - S'en apercevant, Spangenberg continua: « Connais-tu Jésus-Christ? » - Et moi, après un moment de silence: je sais qu'il est le Sauveur du monde. - « Cela est vrai », répliqua le Morave, « mais sais-tu aussi qu'il est ton Sauveur à toi? » - je l'espère; il est mort pour me sauver. - Après cela Spangenberg n'ajouta plus que cette seule parole: « Te connais-tu toi-même ?» - je l'affirmai; hélas! je crains que ce n'ait été qu'un vain mot!»

Le lendemain, retourné auprès de Spangenberg, Wesley lui demanda où il se rendrait en premier lieu. « je pense en Pennsylvanie », fût la réponse. « Mais ce que Dieu fera de moi, je ne le sais pas. je suis aveugle. je suis un enfant. Mon Père sait ce qu'il me faut et je suis prêt à aller là où il m'appellera.»

A partir du 25 février, J. Wesley et Delamotte s'établirent sous le toit des Frères, les suivant de près et les observant jour après jour. Wesley leur rendit alors ce témoignage: « Toujours occupés, faciles à vivre, ils marchaient dune Manière digne de leur vocation et glorifiaient l'Evangile de Jésus-Christ en toute chose. » Le 7 mars, l'un des Frères, poitrinaire, se trouvant fort mal, le méthodiste signala le danger à D. Nitschmann. Celui-ci lui répondit en souriant: « Il sera bientôt guéri; il est prêt pour l'Epoux ».

L'année suivante, 1738, Wesley retourna en Angleterre. A bord du vaisseau, il traça ces mots: « Il y a deux ans et quatre mois que j'ai quitté ma patrie pour annoncer l'Evangile aux Indiens de la Géorgie. J'ai appris, pendant ce temps, ce à quoi je ne m'attendais pas, c'est que moi, me rendant en Amérique pour convertir les autres, je n'étais pas converti moi-même. Aux bouts de la terre, j'ai compris que je suis privé de la gloire qui vient de Dieu, que mon coeur est entièrement corrompu et que, par conséquent, toute ma vie ne vaut rien .... je n'ai d'autre espoir que celui d'être sauvé par la grâce gratuite de Dieu en Jésus-Christ .... Il me faut cette foi qui est la ferme confiance que Dieu en Jésus-Christ m'a pardonné mes fautes. Il me faut cette foi qui dit: je vis, non plus moi-même, mais Christ vit en moi. Il me faut cette foi qu'on ne peut posséder sans le savoir, car celui en qui elle se trouve, est libéré de l'esclavage du péché, de toute crainte et de tout doute. joyeux dans l'espérance, il entend an dedans de lui ce témoignage de l'Esprit, rendu à son esprit, qu'il est enfant de Dieu.»

Ainsi préparé, J. Wesley remit le pied sur le sol de la patrie. Ce fut au moment même où Pierre Böhler et trois autres frères arrivaient en Angleterre. Le méthodiste, allant au devant des étrangers leur procura un pied à terre. Dieu, une seconde fois, selon sa sagesse merveilleuse, les avait unis les uns aux autres.

Pierre Böhler comprit, sans tarder, l'état spirituel des chrétiens anglais. « J'ai trouvé bien des personne.réveillées » dit-il, « mais je n'ai trouvé personne qui connût le Sauveur. Beaucoup de justice par les oeuvres, beaucoup d'exercices de piété: jeûnes, lectures, prières récitées d'après des livres &c. Quand je parle du Sauveur, on s'étonne, on pleure, on soupire, on se réjouit d'entendre de lui tant de bien. Vraiment, j'ai compassion de ce peuple qui est comme un troupeau sans berger. »

Commençant hardiment la lutte contre toute cette propre justice, cette poursuite de la paix dans le chemin des oeuvres, ces vains efforts de l'homme naturel, Pierre Böhler prêcha la libre grâce de Dieu en Jésus-Christ et la réconciliation par le sang du Sauveur. Il insistait sur ce point que, sans exiger quoi que ce soit de la part du pécheur, Dieu lui donne tout, et tout, quelquefois, en un seul instant. Il eut, alors, selon le témoignage de Spangenberg, un nombre considérable de personnes qui s'approchèrent des Frères et reçurent avec empressement le précieux message dont ils étaient les porteurs. Entre autres, une grande influence s'exerça par Böhler sur John Wesley. « je te prie », écrivait le Morave au méthodiste, « ne renvoie pas d'un seul jour de croire en Jésus-Christ comme en ton Sauveur. Garde-toi du péché de l'incrédulité. Si tu ne l'as pas encore vaincu, sois-en victorieux aujourd'hui. L'amour de Jésus est grand, riche, ineffable, sans bornes. Rien, si ce n'est ton incrédulité, ne saurait l'empêcher de te venir en aide. C'est pourquoi: crois! » - Quelques jours seulement après la réception de cette lettre, le grand méthodiste traversa ce qu'il appela dès lors le moment de sa conversion. Cc fut le 24 mai 1738, vers neuf heures du soir. « Dès cette heure décisive, » dit-il, « je sentis que Christ m'avait racheté de la loi du péché et de la mort. je me mis à prier de toute mon âme pour ceux qui m'avaient persécuté. je rendis témoignage devant tous les assistants de ce que, pour la première fois, j'éprouvais au fond de mon coeur .... je dus, il est vrai, continuer à lutter avec tout ce que j'avais de forces contre le péché. Mais, tandis que, sous la loi, j'avais succombé quelquefois, si ce n'est souvent, je demeurais vainqueur, maintenant que j'étais sous la grâce ! » *

Chose digne d'attention. L'expérience par laquelle Wesley venait de passer, contenait tous les éléments de la scission qui allait se produire entre les deux camps, morave et wesleyen. A l'instant même où le ministère des Frères eut amené cette âme à la paix, elle échappa à la tutelle de ceux qui avaient été ses conducteurs à Christ et se mit à choisir son chemin à elle!

Ce que Pierre Böhler, dans sa prédication, avait relevé dans le seul but de faire ressortir avec plus de vigueur la gratuité absolue du salut en Christ, savoir la possibilité d'une conversion instantanée sous l'action puissante de l'Esprit produisant la foi dans le coeur humain, devint un point cardinal de la dogmatique méthodiste. Quant à la doctrine de la vie nouvelle aussi, toute la différence des deux courants se dessina nettement dans ces paroles, la première celle de Wesley à l'heure de sa conversion: « La lutte continuait pour moi sous la grâce comme sous la loi; je devais toujours y engager toutes mes forces, mais avec cette différence que je demeurais vainqueur ». La seconde, celle du morave Töltschig, parlant à Wesley le lendemain de sa conversion: « Il ne te faut plus lutter avec l'ennemi comme autrefois; il faut t'enfuir de devant lui dès qu'il s'est montré, et te réfugier sous la croix du Sauveur!» Et le témoignage public même que Wesley, à peine converti, rendit de l'expérience qu'il avait faite, n'était-il pas un acte étranger à l'esprit morave?

Il n'y avait cependant, de la part de Wesley, rien encore qui eût pu faire croire à une rupture. Ce fut sans le concours de sa volonté, qu'au moment décisif de sa vie spirituelle, au milieu du bouleversement profond de tout son être, il retrouva, enrichi par ce que les Frères avaient pu lui donner, la voie religieuse dans laquelle l'avait poussé, dès sa jeunesse, nue piété toute conforme au génie du peuple anglais.

Dominé, pour l'heure, et par le sentiment d'une grande reconnaissance envers les Frères et par celui de sa faiblesse personnelle, Wesley partit, peu de temps après sa conversion, pour Marienborn, où il fit la connaissance de Zinzendorf, et pour Herrnhut, où il entra en relations avec Christian David. Dans ce dernier lieu surtout, il reçut des impressions profondes. « C'est ici », s'écria-t-il, « que j'aimerais passer ma vie, mais mon Seigneur et Maître m'a appelé à travailler dans une autre partie de sa vigne. je me décidai donc à quitter cet heureux village, lundi 13 août. Martin Dober et quelques autres frères m'accompagnèrent une heure de chemin. Quand donc viendra le jour où une chrétienté semblable à ces gens, couvrira la terre comme les eaux couvrent l'abîme des mers! » Et dans une lettre à son frère Charles, il ajouta: « L'esprit qui règne chez les Frères dépasse notre plus haute attente. jeunes et vieux, ils ne respirent que foi et amour, toujours et partout ».

Après son retour à Londres, John Wesley, assisté de son frère, se mit à diriger à Fetter Lane (Londres) le troupeau morave formé par P. Böhler, parti pour l'Amérique. C'est dans ce milieu que l'esprit méthodiste, ouvertement manifesté, se heurta une première fois contre l'esprit morave. On le comprendra par l'impression que la société de Fetter Lane produisit, a la fin de l'année 1739, sur le frère Ph. H. Molther, arrivé d'Allemagne. « je fus saisi de frayeur », dit-il, « quand, en franchissant le seuil de la chapelle, j'entendis les gens soupirer, gémir et hurler. Ils me dirent que c'était là l'effet du Saint-Esprit et de la puissance de Dieu! D'un autre côté, lorsque je me fus adressé à chacun individuellement, je ne pus nier que la plupart ne se missent en peine de leur salut. »

Molther essaya de protester contre ce qu'il envisageait comme un égarement. Combattant le travail humain, s'efforçant de démasquer la propre justice, il mit en pleine lumière la personne du Sauveur, offert à la foi pour la justification et la sanctification du pécheur. Quelques-uns applaudirent. D'autres accusèrent le nouveau venu de mysticisme et de quiétisme. La division éclata irréparable. La charité, de part et d'autre, fit défaut. Le 20 juillet de l'année 1740 enfin, la rupture se consomma par la sortie des frères Wesley de Fetter Lane.

A partir de ce moment, l'abîme se creusa toujours plus profond entre les éminents chefs du méthodisme anglais et les Frères. Qu'on en juge par les citations suivantes que nous empruntons aux annales de la société de Fetter Lane de 1741, année ou elle possédait dans son sein le prudent et ferme Spangenberg. A la date du 12 avril: « Spangenberg eut avec Charles Wesley un entretien au sujet de cette thèse que nul ne peut recevoir le pardon de ses péchés avant d'avoir le coeur pur. » A la date du 12 mai: « Spangenberg fit visite à Wesley. L'un des adeptes de ce frère prétend en être arrivé à un degré de perfection tel qu'il n'y a pour lui plus de danger. Nous lui dîmes d'être sur ses gardes. » A la date du 13 mai: « Spangenberg et Böhler allèrent voir John Wesley qui avait autour de lui quelques-uns de ceux qu'il appelait en santé par la foi (Matth. 9, 12). Ces gens dirent ne plus vouloir rien savoir de la doctrine qui faisait d'eux de pauvres pécheurs. Ils admettaient être entourés du mal, mais en ajoutant que le mal n'était point en eux, ni ne pouvait entrer dans leur coeur. Nous leur donnâmes le conseil de veiller. » Le 17 mai: «Spangenberg, visitant le docteur Watts, lui dit notre manière de voir quant à la perfection chrétienne. Nous estimons être lavés de nos péchés par le sang de Christ et être affranchis par là de l'empire du péché. Mais nous croyons aussi qu'il faut que celui qui est net, se lave toujours de nouveau les pieds. jamais nous ne cesserons de blanchir nos vêtements dans le sang de Christ. »

Ce qui nous semble achever de prouver l'incompatibilité des deux courants, c'est que Zinzendorf même, dont la largeur ecclésiastique et chrétienne est au-dessus de tous les doutes, joignit ses protestations à celles de Spangenberg. « Il ne voulait pas qu'on prit l'Eglise des Frères et les méthodistes pour une seule et même chose et il s'exprima là-dessus très franchement en public. Que les méthodistes prêchassent dans les rues, sur les places publiques et dans les champs, ce n'était pas à cela qu'il s'arrêtait, bien qu'il ne fût pas, à cet égard, de la même opinion qu'eux. Mais c'était avec leur doctrine qu'il n'était pas d'accord » (1). Plus tard, le comte fit une nouvelle et courte visite tant à Oxford qu'à Londres. Le mouvement religieux et le réveil avaient pris des proportions étonnantes. « Zinzendorf fit ce qui était en son pouvoir au milieu de ces circonstances pour avancer la cause du Seigneur. Toutefois, il ne pouvait ni ne voulait envisager comme son affaire de donner la main à ce qui se passait sous ses yeux» (1).

Cependant, en dépit de ces divergences de vues profondément senties, on ne négligea pas de faire, de part et d'autre, quelques suprêmes tentatives de réconciliation. Le 27 avril 1741, entre autres, Wesley, après s'être montré fort irrité contre les Frères, parla à Spangenberg d'une union qu'il estimait possible. Mais Spangenberg répondit que les principes étaient en jeu. Puis, douloureusement ému: « Oh! si nous avions le même esprit, si le feu divin embrasait nos coeurs, ils déborderaient et se sentiraient unis. » Peu après cet incident, quelques Frères se rendirent auprès de Wesley pour lui demander humblement pardon d'avoir manqué envers lui de charité. On répéta cette démarche une seconde fois et Wesley renouvela ses propositions d'union, promettant de formuler sur papier ses griefs contre les Frères. Mais cela ne se fit pas et la position demeura très tendue.

La rupture, accomplie sans remède entre les Frères et la branche wesleyenne du méthodisme, était moins accentuée entre les Frères et Whitefield. Celui-ci, quoique blâmé par les Moraves à cause de sa doctrine de la réprobation, continua à entretenir avec eux des rapports d'amitié. Il déclara publiquement, à la fin de 1741, sentir, dans son coeur, la grâce de Dieu au milieu de la société de Fetter Lane, et exprima le désir de se joindre aux Frères. Plus tard (1742) il eut, à ce sujet, un entretien avec Spangenberg. « Les bases de notre foi sont pourtant les mêmes », s'écria-t-il. Mais Spangenberg, dans une sage retenue, lui répondit qu'il fallait un seul et même esprit. On en resta là. L'entrevue se termina par une fervente prière de Spangenberg. Au pied du trône de la grâce, ceux qui ne pouvaient marcher la main dans la main, reçurent de nouvelles forces pour s'aimer à travers toutes leurs divergences. (2)

Depuis les temps des Wesley et des Whitefield d'une part, des Zinzendorf et des Spangenberg de l'autre, beaucoup de chrétiens ont souffert, au sein de l'Eglise morave, de ne pouvoir donner la main au méthodisme anglais. L'incompatibilité des vues et la différence d'esprit qui n'ont jamais cessé, de se manifester dans les rapports de ces deux courants religieux, ont souvent pesé comme un lourd poids sur tel coeur morave, et sont devenues pour plusieurs une occasion de chute, en les entraînant loin du chemin de la charité et du support fraternel en Christ. Mais, tout en déplorant cette scission et en nous humiliant de nos péchés contre le grand commandement de l'amour, nous déclarons ne pouvoir passer par dessus ce qui., pour nos pères spirituels, a été un obstacle impossible à franchir. Courbant la tête sous une dispensation de Dieu aussi mystérieuse que pénible, nous acceptons que le méthodisme anglais et la piété morave ne puissent jamais s'allier sous un seul et même drapeau ecclésiastique - jamais, jusqu'au grand jour où, l'imperfection humaine ayant été engloutie dans les perfections du monde à venir, et les Eglises visibles ayant disparu chacune avec son mandat, Christ sera tout en tous.



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*) A l'appui de ce qu'on vient de lire nous citerons le passage suivant de l'écrivain méthodiste Jacqson (voir F. Bovet, comte de Zinzendorf, 3ème édition p. 259) : « J. et Ch. Wesley, quelles que fussent leurs excellentes qualités, n'avaient trouvé ni la sainteté, ni le bonheur avant d'avoir appris par P. Böhler que la foi en Christ nous sauve du péché, de sa coulpe et de sa domination, que cette foi est un don du Saint-Esprit, agissant sur un coeur pénitent, et qu'elle est suivie immédiatement du témoignage intérieur de la miséricorde de Dieu et de notre adoption. C'est incontestablement à cette doctrine que la prédication méthodiste a dû son efficace et son succès. Sans doute, Dieu aurait pu se servir d'un autre moyen pour en donner la connaissance aux Wesley ; mais il ne l'a pas fait. P. Böhler a été l'instrument dont il a voulu se servir pour leur communiquer ce bienfait et pour le communiquer par eux à des milliers d'âmes. »
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(1) Spangenberg, vie du comte.
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(2) Plus tard, Whitefield aussi se retira des Frères et attaqua Zinzendorf dans un écrit plein des plus graves inculpations, On pressait le comte de le poursuivre, mais celui-ci ne consentit pas même à répondre: :« Whitefield », dit-il, « est un homme dont la prédication peut encore faire beaucoup de bien à beaucoup de monde; aussi ne voudrais-je pas écrire quoi que ce fût qui pût nuire à la considération dont il jouit. (Bovet, comte de Zinzendorf. 3ème édition, page 240.)

 

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