COURS DE
RELIGION CHRÉTIENNE.
ÉGLISE.
- 217
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- - Dix jours après l'ascension du
Sauveur, et à Jérusalem,
où il avait donné l'ordre
à ses disciples d'attendre l'effet
de sa promesse
(Luc 24. 49 ;
Act. 1. 4.), le jour de la
Pentecôte (99),
l'Église chrétienne a
commencé par l'effusion du
Saint-Esprit sur les apôtres, qui,
consacrés en présence de
tout le peuple par les langues de feu
posées sur leurs fronts,
reçurent alors les secours et les
pouvoirs nécessaires pour annoncer
au monde Christ, et Christ
crucifié.
(Act. 2. 1-12.)
Les apôtres n'ont pas
été seuls chargés de
cette grande et sainte entreprise. Des
compagnons d'oeuvre leur ont
été donnés qui, sous
les différents titres de
prophètes, de docteurs
(1 Cor. 12. 28.), de diacres
(Act. 6. 2 ;
Phil. 1. 1.),
d'évangélistes
(Act. 21. 8.),
d'évêques
(Act. 20. 17,
28.), d'anciens
(1 Pierre, 5. 1.), de
pasteurs
(Eph. 4. 11.), ont
contribué à fonder les
Églises ou les ont desservies. Les
plus remarquables de ces premiers
ministres de l'Église
chrétienne ont
été :
Étienne, le premier martyr
(Act. 6. 5, et
7. 1-60) ;
Philippe l'évangéliste
(Act. 8. 5-40.) ;
Marc, auteur du second des quatre
Évangiles, compagnon d'oeuvre de
saint Pierre et de saint Paul
(Act. 12, 12.
2 Tim. 4. 11 ;
1 Pierre 5. 13) ;
Barnabas, son cousin
(Col. 4. 10), compagnon de
saint Paul
(Act. 4. 36 ;
9. 27) ;
Apollos, disciple de l'école de
Jean-Baptiste, et célèbre
par sa science et son éloquence
(Act. 18. 24-28) ;
Luc, compagnon d'oeuvre de saint Paul, qui
très probablement l'avait converti,
l'auteur du troisième des quatre
Évangiles et du livre des Actes des
Apôtres
(Col. 4. 14 ;
2 Tim. 4. 11) ;
Enfin, Timothée, le disciple
chéri de saint Paul, auquel cet
apôtre a adressé deux
épîtres
(1 Cor. 4. 17 ; -
16. 10 ;
Phil. 2. 19.) -
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- 218
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- - Le livre des Actes contient, dans les
sept premiers chapitres, l'histoire du
commencement de l'Église
chrétienne à
Jérusalem et en Judée.
La persécution ayant
dispersé les fidèles, la foi
en Christ fut annoncée aux
Samaritains (115).
(Act. 8. 4-25.)
Ce progrès était un grand
pas vers le retour à un
système général
(88) ; car
c'était beaucoup pour des Juifs de
consentir à professer la même
religion que les Samaritains. Mais,
malgré l'ordre du Christ
d'enseigner toutes les nations
(Matt. 28. 19 ;
Marc, 16. 15 ;
Luc, 24. 47 ;
Act. 1, 8),
l'Évangile n'avait
été encore annoncé
à aucun étranger, à
aucun homme d'extraction païenne.
Ceux qui avaient été
dispersés par la persécution
n'avaient annoncé la parole
qu'aux Juifs seulement.
(Act. 11. 19.)
Corneille, baptisé par saint
Pierre, a été le premier des
Gentils reçu dans
l'Église ; et c'est
devant lui qu'est tombée la
barrière qui séparait le
peuple élu de toutes les autres
nations. La vision céleste qui eut
lieu à l'occasion de ce grand
événement, est le moyen dont
la Providence s'est servie pour faire
comprendre à saint Pierre la
vocation des Gentils.
(Act. chap. 10. 1-48 ;
11. 1-18.) -
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- 219
|
- - Alors le Seigneur voulut choisir un
nouvel apôtre, qui serait
également apte à annoncer
l'Évangile aux Juifs et aux
Gentils ; et, comme Dieu tient le
coeur des hommes dans sa main, il choisit
un jeune homme, nommé Saul,
né et élevé à
Tarse, en Cilicie, province de l'Asie
mineure, fils de père et de
mère juifs
(Act. 13. 9 ; -
21. 39 ;
Phil. 3. 5), d'abord
persécuteur acharné de
l'Église
(Act. 8. 1 -3 ),
témoin de la mort d'Étienne
le premier martyr
(Act. 7. 58), et qui, sous
le nom de Paul, après son
étonnante conversion sur le chemin
de Damas
(Act. 9. 1-21 ), devint un
des génies les plus extraordinaires
que le monde ait vus, un des plus grands
messagers divins que le Seigneur ait
inspirés, et l'apôtre qui a
le plus répandu l'Évangile
parmi les Gentils, depuis Jérusalem
jusqu'à Rome.
Une partie de son histoire remplit toute
la fin du livre des Actes depuis le chap.
13, et il est l'auteur des quatorze
épîtres ou lettres qui
suivent les Actes dans le Nouveau
Testament, toutes adressées
à des Églises qu'il a
fondées ou visitées, et
à des disciples qu'il a convertis
ou confirmés dans la foi ; la
dernière qu'il a écrite est
la seconde à Timothée,
adressée de Rome à ce
disciple, peu de temps avant son martyr
(2 Tim. 4. 6), par lequel il
scella une longue vie de travaux, de
combats et d'épreuves. -
-
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- 220
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- - L'Église que les apôtres
ont fondée n'est donc, comme les
faits le prouvent, que l'assemblée
ou la société des
chrétiens, et les caractères
de l'Église sont les mêmes
aujourd'hui qu'au commencement :
1° Le mélange des bons et des
méchants. L'Église n'est
bien connue que de Dieu : Le
Seigneur sait ceux qui sont siens
(2 Tim. 2. 19) ; et
comme nul ne le sait que lui, personne n'a
droit de dire à son prochain :
Je suis de l'Église et vous n'en
êtes pas. Dès le temps des
apôtres, il y a eu dans
l'Église des chrétiens de
nom et des chrétiens, de
fait ;
2° La vérité.
Malgré ce mélange de bien et
de mal, de vérité et
d'erreur, l'Église possède
la vérité, et cette
vérité ne périra
point sur la terre ; il y aura
toujours des fidèles qui croiront
et professeront la
vérité : La
vérité, dit saint Jean
(2e ép., v. 2),
demeure en nous et sera avec nous
à jamais (248) ; -
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- 221
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- - 3° La perpétuité.
Aussi, l'Église est
perpétuelle. Elle existera aussi
longtemps que l'humanité. Sa
durée est garantie par le
Seigneur ; il a dit : Je suis
avec vous jusqu'à la fin du monde
(Matt. 28. 20) ;
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- - 4° L'universalité.
L'Église est partout où il y
a des fidèles, et tous les hommes,
sans aucune ombre de différence,
peuvent y entrer :
Là où il y a deux ou
trois personnes assemblées en mon
nom, a dit le Seigneur, je suis au
milieu d'elles
(Matt. 18. 20) ;
et à ses apôtres il a
commandé d'aller par tout le
monde prêcher l'Évangile
à toute créature
(Marc, 16. 15) ;
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- 223
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- - 5° L'indépendance, en ce
que l'Église n'est assujettie qu'au
Seigneur : Nous n'avons qu'un seul
maître, Jésus-Christ
(1 Cor. 8. 6) ;
Christ seul est notre maître, et
nous sommes tous frères
(Matt. 23. 8) ;
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- 224
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- - 6° La liberté de
conduite, chacun selon sa conscience et sa
foi : Que chacun agisse selon
qu'il est pleinement persuadé en
son esprit ! chacun rendra compte
à Dieu pour soi-même
(Rom. 14. 5.
12), de sorte que si
quelqu'un croit qu'une chose est
souillée, elle est souillée
pour lui.
(Rom. 14.14.)
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- 225
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- - Les seuls rites de l'Église
institués par le Christ
lui-même, et nommés à
cause de cela sacrements, sont le
baptême et la cène.
Le baptême est un signe qui
représente, par une ablution faite
maintenant avec quelques gouttes d'eau, la
pureté de coeur qui
caractérise le vrai
chrétien. Cette
cérémonie, instituée
par le Christ, quoiqu'il n'ait point
baptisé lui-même
(Jean 4. 2), était
autrefois l'introduction dans
l'Église ; et le baptême
ne s'administrait qu'aux adultes, selon
l'ordre du Seigneur, qui porte que
l'enseignement et que la foi
précèdent l'acte du
baptême : Instruisez toutes
les nations, les baptisant au nom du
Père, du Fils et du Saint-Esprit
(Matt. 28. 19) ;
Celui qui croira et qui sera
baptisé sera sauvé.
(Marc, 16. 16.)
L'usage a prévalu et peut
être conservé de baptiser les
petits enfants (*),
non dans l'idée que l'acte
matériel de répandre un peu
d'eau sur le front soit nécessaire
au salut : saint Pierre
déclare que le seul
baptême qui sauve est
rengagement d'une bonne conscience devant
Dieu (
I Pierre 3. 21) ; mais
dans le but de consacrer la naissance par
un acte religieux (**), et dans la
pensée que des parents,
pénétrés de la
vérité de la religion
chrétienne, peuvent s'engager
d'avance à y élever leurs
enfants. Aussi ce baptême serait nul
par le fait, si le voeu n'en était
ratifié, à l'âge de
raison, par ceux qui l'ont reçu.
Cette confirmation du voeu du
baptême doit avoir lieu avant la
première communion. (*)
-
- Note :
- * Rien dans la Parole de
Dieu ou dans l'enseignement des
apôtres ne permet de justifier cette
pensée; l'usage est encore une
résurgence du catholicisme qui n'a
point pris garde à ce que dit
l'Ecriture: Pierre leur dit: (1)
Repentez-vous, ET (2) que chacun de vous
soit baptisé au nom de
Jésus-Christ Actes 2: 38)
-
-
** Ne confondons pas le
baptême avec la présentation
d'enfants faite au temple; la signifaction
est différente l'une de
l'autre!
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- - La communion ou la cène a
été instituée par le
Christ, et célébrée
par lui avec ses disciples, pour la
première fois, la veille de sa mort
(Matt. 26. 26-28 ;
Marc 14. 22-24 ;
Luc 22. 19, 20 ;
1 Cor. 11.
23-29) :
J'ai appris du Seigneur, dit saint
Paul, ce que je vous ai
enseigné ; c'est que le
Seigneur Jésus, la nuit qu'il fut
livré, prit du pain, et, ayant
rendu grâces, il le rompit, et
dit : Prenez, mangez ;
ceci est mon corps qui est rompu pour
vous ; faites ceci en mémoire
de moi. De même aussi, après
avoir soupé, il prit la coupe, et
dit : Cette coupe est la nouvelle
alliance en mon sang ; faites ceci en
mémoire de moi toutes les fois que
vous en boirez. Car, toutes les fois que
vous mangerez de ce pain et que vous
boirez de la coupe du Seigneur, vous
annoncerez la mort du Seigneur
jusqu'à ce qu 'il vienne.
Le mode même de sa
première célébration
montre que la cène est un simple
repas, dont le pain et le vin n'offrent
aucune différence quelconque avec
le pain et le vin de tous les jours.
Communier, c'est donc prendre ensemble un
repas semblable au dernier repas de
Jésus et des apôtres ;
c'est entrer dans une intime union avec le
Sauveur et avec les fidèles qui
communient, et la sainteté de la
cène n'est nullement dans ses
symboles extérieurs, dans la table
ou la coupe, dans le pain ou le vin, mais
dans les bienfaits qu'elle rappelle, les
espérances qu'elle nourrit, et les
obligations qu'elle confirme (151).
La cène est donc un
mémorial du salut :
elle sert à conserver d'âge
en âge le souvenir de la mort du
Seigneur, et, sous ce point de vue, elle
est une grande preuve de la
vérité de
l'Évangile.
La cène est un gage du
salut : elle témoigne de notre
réconciliation avec Dieu. Le
Seigneur ne nous admet point à sa
communion pendant cette vie, pour nous
repousser loin de lui à l'heure de
la mort et dans
l'éternité.
La cène est enfin un moyen
de salut : elle nourrit la foi et
la sanctification : car communier
avec le Christ sans croire en lui, est
impossible ;
- la repentance : où
doit-on plus amèrement
déplorer ses péchés
qu'en présence des symboles du
sacrifice qui les efface ?
- l'humilité : car la
véritable égalité
devant Dieu, comme frères et comme
pécheurs, se trouve à la
table sainte ;
- la charité : parce qu'il y a
manifeste contradiction entre communier
avec son prochain et le haïr, s'en
venger, ou lui faire tort. -
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- 227
|
- - Le jour du culte et du repos
(71, 101),
universellement choisi par l'Église
chrétienne dès son origine,
est le premier jour de la semaine, en
mémoire de la résurrection
du Christ.
Saint Luc rapporte que le premier jour
de la semaine les disciples
s'étaient assemblés pour
rompre le pain
(Act. 20. 7), et ce jour,
qui a remplacé le Sabbat des Juifs,
lequel tombait sur le samedi, a
été nommé, du vivant
même des apôtres, le jour du
Seigneur : Je fus ravi en esprit,
dit saint Jean, un jour de
dimanche.
(Apoc. 1. 10.) -
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- 228
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- - La prédication de la parole de
Dieu et l'administration des sacrements
sont confiées dans l'Église
aux pasteurs, désignés dans
l'Évangile sous différents
noms (217), dont aucun
n'implique la moindre
supériorité des uns sur les
autres. Jésus a dit aux
apôtres : Ne vous faites
point appeler maître, car vous
n'avez qu'un seul maître, qui est le
Christ ; et pour vous, vous
êtes tous frères.
(Matt. 23. 8.)
Les pasteurs sont admis à ce saint
ministère par l'imposition des
mains : Ne néglige point,
écrit saint Paul à
Timothée, le don qui est en toi,
et qui t'a été donné
par l'imposition des mains de
l'assemblée des pasteurs
(1 Tim. 4.
14) »
ils ont droit à ce que leurs
fonctions soient environnées d'un
juste respect : Nous vous prions,
écrivait saint Paul, d'avoir
en considération ceux qui
travaillent parmi vous, qui
président sur vous selon le
Seigneur, et qui vous exhortent. Ayez pour
eux le plus grand amour, à cause de
l'oeuvre qu'ils font
(I Thess. 5. 12, 13), et
à ce que l'Église pourvoie
à leur entretien : Le
Seigneur a ordonné que ceux qui
annoncent l'Évangile vivent de
l'Évangile.
(1 Cor. 9. 14.) -
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- 229
|
- - Ce n'est pas seulement aux pasteurs,
c'est à tous les fidèles
avec eux, c'est à l'église
entière qu'est maintenant
confié le dépôt des
vérités religieuses, comme
autrefois au peuple élu (88) ;
chaque chrétien contribue pour sa
part à les maintenir et à
les conserver. Ce devoir est rendu facile
par la force et la simplicité des
preuves de la
révélation, et par la
puissance des moyens que la
Providence a employés pour en
assurer la conservation (248).
Les preuves de la vérité et
de l'inspiration de l'Écriture
sainte, sont : -
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- 230
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- - 1° L'intégrité de
ses auteurs : on ne peut
soupçonner des hommes pareils
d'avoir écrit des mensonges, ni
d'avoir feint une inspiration qu'ils
n'avaient point reçue ;
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- 231
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- - 2° Les aveux de ses auteurs, qui
racontent avec la même
simplicité leurs succès et
leurs revers, leurs vertus et leurs
fautes, leurs hontes et leurs
triomphes ;
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- 232
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- 3° L'accord des récits dans
tous les points essentiels, et leur
variation en quelques points
indifférents : plusieurs
livres de l'Écriture racontent les
mêmes
événements ; d'autres
ont été écrits vers
la même époque ; ainsi
les Chroniques répètent
souvent l'histoire des livres de Samuel et
des Rois ; plusieurs chapitres
d'Esaïe et de Jérémie
sont historiques ; les quatre
Évangiles contiennent en beaucoup
d'endroits les mêmes récits,
et les Épîtres de saint Paul
renferment des allusions fréquentes
au livre des Actes des
Apôtres ;
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- 233
|
- - 4° L'accord des livres
sacrés dans une foule d'allusions
trop insignifiantes pour avoir
été intentées
à plaisir par des imposteurs ;
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- 234
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- - 5° La suite et la liaison de la
Bible entière : l'Ancien
Testament est évidemment incomplet
sans le Nouveau, et sans l'Ancien
Testament le Nouveau est
incompréhensible ;
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- 235
|
- - 6° L'accord parfait de la Bible
avec la nature et la position actuelle de
l'homme (54) ;
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- 236
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- -7° L'opinion successive
des hommes de tant de siècles
et de tant de pays différents qui
ont eu foi en l'Écriture sainte
comme livre de vérité et
comme parole de Dieu : pour
contredire cette preuve, il faudrait
expliquer comment l'imposture a
commencé, et comment chaque
progrès dans les sciences ajoute un
degré de force à la
certitude de la Bible ;
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- 237
|
- - 8° L'impossibilité de
faire des changements graves au texte,
soit de l'Ancien, soit du Nouveau
Testament, prouvée par la
manière dont ils sont
arrivés jusqu'à nous ;
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- 238
|
- - 9° Les ouvrages
d'écrivains profanes,
étrangers au peuple juif, dont un
grand nombre rend témoignage
à la vérité des
événements rapportés
dans l'Ancien et le Nouveau
Testament ;
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- 239
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- - 10° Les faits, tels que la
situation du peuple Hébreu, unique
parmi les nations anciennes ; les
fêtes annuelles que les Juifs ont
toujours célébrées et
célèbrent encore (99 et 125) ; leur
dispersion et leur conservation parmi
toutes les nations ; la propagation
si rapide de l'Évangile par la
seule voie de la persuasion, malgré
les persécutions et les obstacles,
et le bien immense que le christianisme a
fait au monde ;
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- 240
|
- - 11° La supériorité
de la religion de Moïse,
comparée à l'état du
monde lorsqu'il a été
envoyé, et la
supériorité plus grande
encore de l'Évangile,
comparé à toutes les
doctrines, à toutes les religions,
et à l'état social du temps
de Jésus-Christ ;
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- 241
|
- -12° Les caractères
internes de l'Écriture
sainte, c'est-à-dire une foule de
traits et de détails si vrais, si
simples, si naïfs, si naturels qu'ils
font dire au lecteur sincère :
Ce n'est pas ainsi qu'on invente ;
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- 242
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- - 13° Les prophéties et
leur accomplissement, preuve qui seule
suffirait pour démontrer
l'inspiration, parce que Dieu seul
connaît l'avenir :
Déclarez-nous les choses qui
doivent arriver à l'avenir, et nous
saurons que vous êtes des
dieux !
(Esa. 41. 23.)
La prophétie n'a point
été apportée
autrefois par la volonté
humaine ; mais les saints hommes de
Dieu, étant poussés par le
Saint-Esprit, ont parlé.
(2 Pierre, 1. 21.)
L'homme ne sait pas ce qui arrivera le
lendemain.
(Jacq. 4. 14.) -
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- 243
|
- - Après cette étude de la
Bible, il est facile de se faire une juste
idée de l'inspiration des
envoyés divins et des
écrivains sacrés :
1° Elle est dans les idées,
et non dans les mots. Il y a de
cela deux preuves de fait : d'abord,
que chaque auteur sacré a un
style à lui, conforme
à son génie, son
caractère, son état, son
rang ; delà cette
différence que l'on remarquait
entre l'éloquence et le style de
saint Paul, entre ses lettres et ses
discours, et qu'il n'a point
contestée
(2 Cor. 10. 1) ;
ensuite qu'il y a dans la Bible des
contradictions insignifiantes (232) qui en
confirment la vérité, loin
de l'ébranler, mais qui ne
pourraient s'y trouver, si elle avait
été inspirée mot
à mot. -
-
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- 244
|
- - 2° L'inspiration n'a
été accordée que
lorsqu'elle était
nécessaire. Dieu ne fait rien
d'inutile. Très certainement, par
exemple, Dieu n'a point inspiré
à l'auteur du livre des Rois ou des
Chroniques que Salomon était fils
de David, parce que cet auteur le savait.
Mais très certainement Dieu a
inspiré à Esaïe son 53e
chapitre, parce qu'il était
impossible à un homme de
prévoir, plusieurs siècles
d'avance, la passion et la
sépulture du Christ.
Il n'est pas possible de distinguer
page par page dans la Bible, aussi
nettement que dans ces deux exemples,
quand il y a eu et quand il n'y a point eu
d'inspiration ; aussi, cela n'est
nullement nécessaire.
L'Ancien et le Nouveau Testament
contiennent d'ailleurs des erreurs en
histoire naturelle, et des détails
dont l'insignifiance montre
évidemment qu'il ne peut y avoir
là inspiration divine ; tels
sont, dans l'Ancien Testament, plusieurs
tableaux géographiques et
généalogiques ; et dans
le Nouveau, les salutations qui terminent
souvent les épîtres de saint
Paul, et quelques textes où l'on
reconnaît la familiarité de
l'amitié, et non l'autorité
de l'inspiration,
1 Tim. 5. 23 ;
2 Tim. 4. 13.) -
-
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- 245
|
- - 3° Sous le point de vue le plus
général, on peut dire que
l'inspiration de l'Écriture sainte
consiste en ce qu'il n'y a pas dans la
Bible une seule erreur ou une seule
omission préjudiciable à la
foi ou à la vertu.
Ceci nous explique la force de cette
déclaration de saint Paul :
Toute l'Écriture est
divinement inspirée
(2 Tim. 3. 16), et suffisait
pleinement au but miséricordieux du
Seigneur en donnant au monde une
révélation, qui est que
l'homme de Dieu soit accompli et
parfaitement propre à toute bonne
oeuvre. (
2 Tim. 3.17.) -
-
|
- 246
|
- - Les moyens par lesquels Dieu a
pris soin depuis le commencement que cette
révélation se
conservât parmi les hommes, ont
toujours été
proportionnés à
l'état du monde.
Le premier moyen a été la
tradition, qui a duré depuis
Adam jusque vers le temps de
Moïse : Souviens-toi du temps
d'autrefois ; considère les
années de chaque
génération ; interroge
ton père, et il le l'apprendra, et
tes anciens, et ils te le diront.
(Deut. 32. 7.) -
-
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- 247
|
- - Le second moyen a été
l'écriture, qui a
duré depuis Moïse
(Deut. 31. 24 ;
2 Rois, 22. 8) jusque vers
la moitié du 15e siècle
après Jésus-Christ :
Ces choses sont écrites, dit
saint Jean vers la fin de son
évangile, afin que vous croyiez
que Jésus est le fils de Dieu, et
qu'en croyant, vous ayez la vie par son
nom.
(Jean, 20. 31.)
Cette manière de sauver de l'oubli
et de conserver pures les
vérités religieuses
était bien plus sûre
que la simple tradition. Les
traditions s'altèrent bien plus
facilement et plus vite que les
manuscrits. Cependant, comme il fallait
près de trois années pour
copier la Bible, la rareté et le
haut prix des copies étaient un
grand obstacle aux progrès de la
foi (249) -
-
|
- 248
|
- - Le troisième moyen, qui a
commencé vers l'an 1440
après Jésus-Christ et qui ne
peut pas finir, c'est l'imprimerie,
et ce moyen est très
remarquable sous trois points de
vue : d'abord, il est maintenant
impossible que la Bible périsse sur
la terre, puisqu'il faudrait que les
exemplaires innombrables qui existent et
tous les moyens de la reproduire fussent
détruits à la fois ;
ensuite, il est maintenant impossible de
changer la Bible, d'y introduire ou d'en
retrancher un seul mot ; la plus
petite altération serait reconnue
à l'instant ; enfin, la
facilité extrême de
multiplier les exemplaires à peu de
frais donne lieu de prévoir le
temps où chaque homme sur la face
de la terre aura une Bible à lui.
-
-
|
RÉFORMATION.
- 249
|
- - C'est l'oubli dans lequel
était tombée la Bible
quelques siècles avant l'admirable
invention de l'imprimerie, qui a
principalement rendu nécessaire une
réforme dans l'Église,
chrétienne.
Depuis les empereurs romains Auguste, dans
le temps duquel le Christ est né
(Luc, 2. 1), et
Tibère, dans le temps duquel le
Christ est mort
(Luc, 3. 1), jusqu'à
Constantin, le premier empereur
chrétien, il s'est
écoulé environ 300 ans.
Pendant ce temps, la foi et le culte se
conservèrent assez purs au milieu
de persécutions terribles ;
mais, durant les onze siècles
suivants, la religion chrétienne
fut de plus en plus
défigurée et corrompue par
la faute des rois, des prêtres et
des peuples, qui ont introduit ou
laissé s'introduire dans
l'Église des rangs et des pouvoirs,
des cérémonies et des
pratiques, et même des commandements
et des doctrines, dont il est impossible
de montrer la moindre trace dans
l'Évangile.
L'ordre de Moise aux Hébreux avait
été complètement
transgressé par les
chrétiens : Vous
n'ajouterez rien à la parole que je
vous annonce, avait dit le
législateur des Juifs, et vous
n'en diminuerez rien, afin que vous
observiez les commandements de
l'Éternel votre Dieu.
(Deut. 4. 2.)
La Bible, qui n'existait qu'en manuscrit,
oubliée dans les
bibliothèques, finit par être
presque inconnue. L'ignorance
générale s'est longtemps
opposée à un retour vers les
préceptes et les
vérités contenus dans les
livres saints, et ce ne fut qu'au
commencement du 16e siècle depuis
Jésus-Christ, en 1517, que quelques
hommes pleins de courage, de foi, de
piété et de science,
donnèrent, par leurs écrits,
leurs prédications et leurs actes,
le signal d'une réforme totale de
l'Église chrétienne.
Ils sont connus sous le nom de
Réformateurs, et les principaux
d'entre eux sont : Martin Luther en
Allemagne, Ulrich Zwingle en Suisse, et
Jean Calvin en France. La
nécessité de cette
réforme était si urgente et
si universellement sentie, qu'elle
éclata presque partout en
même temps, jusqu'en Italie et en
Espagne. Dans plusieurs pays, elle fut
étouffée par les
persécutions ; dans beaucoup
d'autres, elle triompha ; et c'est
depuis ce temps que la
chrétienté est
principalement partagée en
chrétiens
évangéliques ou
réformés, et en catholiques
romains.
On peut signaler cinq différences
principales entre l'Église
réformée et l'Église
catholique : -
-
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- 250
|
- - 1° Différence de culte.
Les réformés ont rendu le
culte public aussi conforme que possible
à la simplicité de
l'Évangile (151) et à
l'exemple de la primitive Église,
tandis que les catholiques ont admis et
conservent des cérémonies et
des usages successivement introduits dans
le culte, et qui s'éloignent les
uns plus, les autres moins, de l'esprit de
l'Évangile et des directions de la
parole de Dieu : Si je venais
parmi vous en parlant des langues
inconnues, à quoi vous serais-je
utile ? Si la trompette ne rend qu'un
son confus, qui est-ce qui se
préparera au combat ?
J'aimerais mieux prononcer dans
l'église cinq paroles en me faisant
entendre, que dix mille paroles dans une
langue inconnue.
(1 Cor. 14. 6, 8,
19.)
- Que personne ne vous maîtrise
à son plaisir, sous prétexte
d'humilité, et par le culte des
anges.
(Col. 2. 18.)
- Pourquoi vous charge-t-on de ces
préceptes ? Ne mange point de
ceci, n'en goûte point, n'y touche
point, préceptes qui sont tous
pernicieux par leurs abus, n'étant
fondés que sur des ordonnances et
des doctrines humaines.
(Col. 2. 20, 21,22.)
Le royaume de Dieu ne consiste point
dans le manger ni dans le boire, mais dans
la justice, la paix et la joie par le
Saint-Esprit.
(Rom. 14. 17.)
La nourriture ne nous rend pas
agréables à Dieu ; car,
si nous mangeons, il ne nous en revient
aucun avantage, et si nous ne mangeons
pas, nous n'en recevrons aucun
préjudice.
(1 Cor. 8. 8.)
Mangez de tout ce qui se vend à
la boucherie, sans vous en informer pour
la conscience.
(1 Cor. 10. 25.)
L'Esprit dit expressément que, dans
les derniers temps, quelques-uns se
révolteront de la foi,
défendant de se marier, commandant
de s'abstenir des viandes que Dieu a
créées. Rien de ce que Dieu
a créé n'est à
rejeter, pourvu qu'on le prenne avec
actions de grâces.
(1 Tim. 1. 4)
Nous ne devons pas croire que la
Divinité soit semblable à de
l'or ou de l'argent, ou de la pierre
taillée par l'art et par
l'industrie des hommes.
(Act. 17. 29.)
- Le Seigneur, ayant aussi pris la
coupe et rendu grâces, il la leur
donna, disant : Buvez-en tous.
(Matt. 26. 27.)
- Jésus-Christ ne s'offre pas
plusieurs fois soi-même ;
autrement, il aurait fallu qu'il eût
souffert plusieurs fois depuis la
création du monde ; mais il a
paru une fois pour abolir le
péché, s'étant offert
lui-même en sacrifice. Christ a
donc été offert une
fois pour ôter les
péchés.
(Héb. 9. 25, 26,
28.)
L'oblation du corps de
Jésus-Christ a été
faite une seule fois, et, par une
seule oblation, il a amené pour
toujours à la perfection ceux qui
sont sanctifiés.
(Hébr. 10. 14.) -
-
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- 251
|
- - 2° Différence de
hiérarchie. On appelle
hiérarchie l'ordre et
l'ensemble des dignités
ecclésiastiques. Elles sont
très multipliées dans
l'Église catholique.
L'Église réformée,
à laquelle nous appartenons,
reconnaît une parfaite
égalité entre tous les
pasteurs. Vous savez, a dit
Jésus aux apôtres, que
ceux qui veulent commander aux nations les
maîtrisent ; mais il n'en sera
pas de même parmi vous ; au
contraire, quiconque voudra être
grand parmi vous, sera votre serviteur, et
quiconque voudra être le premier,
sera l'esclave de tous.
(Marc, 10. 42-45 ;
Luc, 22. 24-27.)
Ne vous faites point appeler
maître, car vous n'avez qu'un
maître, qui est le Christ, et vous
êtes tous frères.
(Matt. 23. 8.)
Je prie les pasteurs qui sont parmi
vous, moi qui suis pasteur comme eux,
écrit saint Pierre.
(1 Pierre 5. 1.)
Les apôtres, qui étaient
à Jérusalem, ayant appris
que ceux de Samarie avaient reçu la
parole de Dieu y envoyèrent Pierre,
et Jean.
(Act. 8. 14)
Celui qui a agi efficacement en Pierre,
dit saint Paul, pour /e
rendre apôtre des Juifs, a de
même agi efficacement en moi pour me
rendre apôtre des Gentils, et
lorsque Pierre fut arrivé
à Antioche, je lui
résistai en face, parce qu'il
méritait d'être repris.
(Gal. 2. 8-11.) -
-
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- 252
|
- - 3° Différence sur la
lecture de la Bible et le nombre de ses
livres. Le nombre des livres sacrés
oui composent l'Ancien et le Nouveau
Testament est augmenté, dans
les. Bibles catholiques, des livres que
nous nommons apocryphes,
c'est-à-dire, inconnus,
cachés, livres auxquels les
Juifs n'ont jamais attribué
d'autorité divine ; qu'ils ont
exclus de leur Bible ; que
Jésus-Christ et les apôtres
n'ont point cités comme en faisant
partie ; qui ont été
écrits à une époque
postérieure, et qui renferment des
preuves évidentes de leur origine
purement humaine.
Quant à la libre lecture de la
Bible, c'est un point sur lequel nous
croyons que la Bible même a
prononcé. Dans la parabole de
Lazare, Abraham répond au mauvais
riche, au sujet de ses
frères : Ils ont Moïse
et les prophètes, qu'ils les
écoutent !
(Luc, 16. 29.)
Sondez les Écritures, a dit
Jésus, car c'est par elles que
vous croyez avoir la vie éternelle.
(Jean, 5. 39.)
Toutes les choses qui ont
été écrites autrefois
ont été écrites pour
notre instruction, afin que, par la
patience et la consolation, que nous
donnent les Écritures, nous
retenions notre espérance.
(Rom. 15.4)
Nous vous écrivons ces choses,
afin que votre joie soit parfaite.
(1 Jean 1. 4)
Comme l'officier de Candace s'en
retournait, étant assis dans son
chariot, il lisait le
prophète Esaïe.
(Act. 8. 28.)
Après que cette lettre sera lue
parmi vous, faites qu'on la lise aussi
dans l'église des
Laodicéens.
(Col. 4. 16.)
Je vous conjure, par le Seigneur, que
cette épître soit lue
à tous nos saints frères.
(1 Thess. 5. 27.)
Toute l'Écriture est
divinement inspirée et utile
pour enseigner, pour convaincre,
pour corriger, pour instruire dans la
justice.
(2 Tim. 3. 16.) -
-
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- 253
|
- - 4° Différence de
doctrines. L'Église catholique
admet plusieurs doctrines que
l'Église réformée
croit contraires à la parole de
Dieu.
Il y a un seul médiateur entre
Dieu et les hommes.
(1 Tim. 2. 5.)
Personne ne vient au Père que
par moi.
(Jean 14. 6.)
Il n'y a point de salut en aucun autre
que Christ ; car, aussi, il
n'y a sous le ciel aucun autre nom qui ait
été donné aux hommes,
par lequel nous devions être
sauvés.
(Act. 4.. 12.)
La justice du juste sera sur lui, et la
méchanceté du méchant
sera sur lui.
(Ezé. 18. 20.)
- Et Marie dit : Voici la servante
du Seigneur.
(Luc 1. 38.)
Comme Jésus disait ces choses,
une femme de la troupe éleva la
voix, et lui dit : Heureux les flancs
qui t'ont porté et le sein qui t'a
nourri ! Mais plutôt, reprit
Jésus, heureux ceux qui
écoutent la parole de Dieu et qui
la mettent en pratique !
(Luc, 11. 27, 28.)
Quelqu'un lui dit : Voilà
ta mère, et tes frères sont
là dehors qui demandent à te
parler. Et il répondit : Qui
est ma mère et qui sont mes
frères ? Et étendant sa
main sur ses disciples, il dit :
Voici ma mère et mes
frères ; car quiconque
fera la volonté de mon Père
qui est aux cieux, celui-là est mon
frère, et ma soeur et ma
mère.
(Matt. 12. 47-50.)
- N'avons-nous pas, dit saint
Paul, le pouvoir de mener partout avec
nous une femme d'entre nos soeurs, comme
font les autres apôtres, et les
frères du Seigneur, et
Céphas ?
(1 Cor. 9. 5.)
Il faut que l'évêque soit
irrépréhensible, mari d'une
seule femme.
(1 Tim. 3. 2.)
Jésus étant venu à
la maison de Pierre, vil sa
belle-mère couchée au lit et
ayant la fièvre.
(Matt. 8. 14 ;
Marc, 1. 30 ;
Luc, 4. 38.)
- Pierre dit à Simon : Que
ton argent périsse avec toi,
puisque tu as cru que le don de Dieu
s'acquérait avec de l'argent.
(Act. 8. 20.)
- Le baptême, qui nous sauve, est
l'engagement d'une bonne conscience devant
Dieu.
(1 Pierre, 3. 21.)
Le royaume des deux est pour ceux qui
ressemblent aux petits enfants.
(Matt. 19. 14).
- Les Anges dirent aux
apôtres : Ce Jésus,
qui a été enlevé
d'avec vous au ciel, en reviendra de la
même manière que vous l'y
avez vu monter.
(Act. 1.11.)
Il faut que le ciel le contienne
jusqu'au temps du rétablissement de
toutes choses.
(Act. 3. 21)
Je suis le pain de vie. C'est l'esprit
qui vivifie ; la chair ne sert de
rien ; les paroles que je vous
dis sont esprit et vie.
(Jean, 6. 48.
63.) -
-
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- 254
|
- - 5° Différence de droit.
L'Église catholique, se
déclarant infaillible, interdit
tout examen et dit à ses
fidèles : Croyez, n'examinez
pas. L'Église
réformée, ne reconnaissant
d'infaillibilité qu'en Dieu, dit
à ses fidèles :
Examinez, et croyez après.
Cette différence est de toutes la
plus grave, parce qu'elle est
fondamentale, et qu'avant de l'avoir
conciliée, il est presque inutile
de discuter sur les autres.
Le droit d'examen réclamé
par l'Église réformée
est clairement établi par les
exemples et les déclarations de
l'Évangile. Les fidèles de
Bérée sont loués
d'avoir examiné journellement
les Écritures pour s'assurer que ce
que saint Paul leur disait y était
conforme.
(Act. 17. 11.)
Jésus-Christ lui-même dit aux
Juifs : Sondez les
Écritures ; car ce sont elles
qui rendent témoignage de moi
(Jean 5. 39) ;
et il renvoie les frères du mauvais
riche à Moïse et aux
prophètes.
(Luc 16. 29.)
Saint Paul, traitant des plus graves
doctrines de la foi, dit aux
Corinthiens : Je vous parle comme
à des personnes
intelligentes ; jugez
vous-mêmes de ce que je vous dis
(1 Cor. 10. 15) ; et
aux Thessaloniciens, après avoir
dit : Ne méprisez point les
prophéties, il ajoute :
Éprouvez toutes choses et
retenez ce qui est bon.
(1 Thess. 5, 20, 21.) -
-
|
AVENIR.
- 255
|
- - Remis en possession de ce droit
d'examen qui ramène toutes les
questions à l'autorité de
l'Évangile, et qui, avec le temps,
achèvera de délivrer
l'Église de toutes les erreurs et
de toutes les divisions qui y restent
encore, l'avenir du genre humain est donc
assuré, et rien ne peut
arrêter ses progrès.
Le Christianisme est réservé
à des triomphes qui ne cesseront
que lorsque tous les hommes seront
chrétiens. Alors s'accompliront les
derniers événements qui
doivent achever les destinées de
l'humanité. -
-
|
- 256
|
- - 1° La résurrection.
L'heure viendra où tous ceux qui
sont dans les sépulcres entendront
la voix du Fils de Dieu, et ils sortiront.
(Jean, 5. 28.)
Nous sommes persuadés que celui qui
a ressuscité le Seigneur
Jésus nous ressuscitera aussi par
Jésus.
(2 Cor. 4. 14.)
Le changement que la résurrection
opérera en nos corps nous est
presque inconnu, et nous savons seulement
par l'Évangile que ce changement
sera très grand : Ceux qui
seront jugés dignes de parvenir
à la résurrection des morts
ne pourront plus mourir, parce qu'ils
seront semblables aux Anges.
(Luc, 20. 36.)
Christ transformera notre corps vil
pour le rendre semblable à son
corps glorieux
(Phil. 3. 21.)
Le corps est semé corruptible,
il ressuscitera incorruptible ; il
est semé méprisable, il
ressuscitera glorieux ; il est
semé infirme, il ressuscitera plein
de force ; il est semé corps
animal, il ressuscitera corps spirituel.
(1 Cor. 15. 42. 43.)
Cet événement marquera la
fin des choses terrestres :
Après cela viendra la fin ;
l'ennemi qui sera vaincu le dernier, c'est
la mort.
(1 Cor. 15. 24, 26.) -
-
|
- 257
|
- - 2° L'immortalité.
L'état où la
résurrection nous fera entrer sera
l'immortalité, c'est-à-dire,
une autre vie après cette vie, une
seconde existence qui ne finira point.
Cette grande vérité, qui a
été universelle parmi les
hommes dans tous les temps, et qu'on
retrouve plus ou moins
défigurée et confuse dans
toutes les religions, même les plus
grossières ; cette
vérité connue des Juifs et
exprimée dans l'Ancien Testament en
ces termes : La poudre retourne
à la poudre, et l'esprit remonte
à Dieu qui l'a donné
(Ecc. 12. 9), a
été mise dans tout son jour
par la religion chrétienne.
L'Évangile n'a aucun sens, s'il n'y
a point d'immortalité, et la
différence entre ce que la raison
et ce que la révélation nous
en apprend, est surtout que la raison
l'espère, la suppose, la
déduit de considérations
diverses, tandis que l'Évangile la
déclare et la garantit.
L'immortalité de notre divin
Maître est un gage de la
nôtre ; il a dit lui-même
à des hommes comme nous :
Parce que je vis, vous vivrez !
(Jean 14. 19)
Et la certitude d'un nouvel ordre de
choses qui ne prendra point fin est
exprimée partout dans
l'Évangile comme un point de
fait : Les choses visibles ne sont
que pour un temps ; mais les
invisibles sont éternelles.
(2 Cor. 4. 18 ; -
5. 1.) -
-
|
- 258
|
- - 3° L'avènement. Le
Fils de l'homme viendra dans sa gloire, et
tous les saints Anges avec lui, et alors
il s'assiéra sur le trône de
sa gloire, et toutes les nations seront
assemblées devant lui.
(Matt. 25. 31, 32.)
Ce Jésus qui a été
enlevé d'avec vous au ciel, en
reviendra de la même manière
que vous l'y avez vu monter.
(Act. 1. 11.)
Annoncez la mort du Seigneur
jusqu'à ce qu'il vienne.
(1 Cor. 11. 26.)
Il était juste que le Christ
reparût plein de majesté en
ce monde, où il s'est montré
dans un état d'abaissement et
d'humilité. -
-
|
- 259
|
- - 4° Le changement de la foi en
vue. Nous voyons maintenant comme par un
miroir obscurément ; mais
alors nous verrons face à face.
(1 Cor. 13. 12.)
Nous verrons le Seigneur tel
qu'il est.
(1 Jean 3. 2.) -
-
|
- 260
|
- - 5° Le jugement, qui aura
lieu par le Christ lui-même :
C'est Christ qui est établi de
Dieu pour être le juge des vivants
et des morts.
(Act. 10. 42)
Ce jugement portera sur la vie
entière : Il nous faut tous
comparaître devant le tribunal de
Christ, afin que chacun reçoive
selon le bien ou le mal qu'il aura fait.
(2 Cor. 5. 10.)
Chaque homme sera jugé selon les
grâces et les facultés qu'il
a reçues ; Jésus a
dit : A chacun à qui il
aura été beaucoup
donné, il sera beaucoup
redemandé, et il sera plus
exigé de celui à qui
beaucoup aura été
confié.
(Luc 12. 48.)
Enfin, chacun sera jugé selon sa
loi : Tous ceux qui auront
péché sans avoir eu la loi,
périront sans être
jugés par la loi.
(Rom. 2. 12, 14)
Moïse, en qui vous espérez,
disait Jésus aux Juifs, est
celui qui vous accusera.
(Jean, 5. 45.)
- Celui qui me rejette, disait
encore Jésus, et ne
reçoit point mes paroles, il
a déjà qui le juge ; la
parole que j'ai annoncée est celle
qui le jugera au dernier jour.
(Jean 12. 48.) -
-
|
- 261
|
- - 6° Les rétributions.
Tous sortiront du tombeau, ceux qui
auront bien fait, en résurrection
de vie ; ceux qui auront mal fait, en
résurrection de condamnation.
(Jean 5. 29.)
Dieu rendra à chacun selon ses
oeuvres, la vie éternelle
à ceux qui, en
persévérant dans les bonnes
oeuvres, cherchent la gloire, l'honneur et
l'immortalité ; maïs
l'affliction et l'angoisse sur tout homme
qui fait mal.
(Rom. 2. 6, 7, 9.)
Cette condamnation des méchants est
représentée dans
l'Évangile sous les images les plus
frappantes, qui expriment principalement
les idées : de
l'éloignement de Dieu :
Ensuite il dira à ceux qui
seront à sa gauche :
Retirez-vous de moi
(Matt. 25. 40) vous tous
qui faites métier d'iniquité
( Luc, 13. 27) ! du sentiment
qu'ils auront de leurs pertes : Le
mauvais riche étant en enfer et
dans les tourments, lève les yeux
et voit de loin Abraham et Lazare dans son
sein
(Luc 16. 23), et de remords,
de regrets si déchirants que
l'Évangile les compare à
un ver qui ne meurt point.
(Marc 9. 44)
Ces peines seront proportionnées et
au mal que l'on aura fait et au bien que
l'on aura pu faire. Le Christ disait aux
Galiléens de son temps :
Tyr et Sidon (quoique deux villes
païennes) seront traitées
moins rigoureusement que vous au jour du
jugement.
(Matt. 11. 22.) -
-
|
- 262
|
- - La béatitude. Les
justes, au contraire, goûteront une
félicité trop pure et trop
sainte pour que nous puissions nous en
faire dès maintenant une
idée complète : Ce
que nous serons alors n'est pas encore
manifesté
(1 Jean 3. 2), mais contre
laquelle les misères de cette vie
ne peuvent être mises en
balance : II n'y a point de
proportion entre les souffrances du temps
présent et la gloire à
venir, qui doit être
manifestée en nous.
(Rom. 8. 18.)
Autant qu'il nous est permis de
l'entrevoir par les déclarations de
la parole de Dieu, qui s'exprime moins
figurément sur le sort des bons que
sur celui des méchants, les justes
jouiront : de la consolation de
toutes leurs peines :
Dieu essuiera toutes larmes de nos
yeux, et la mort ne sera plus, et il n'y
aura plus ni deuil, ni cri, ni travail
(Apoc. 21. 4) ;
d'une entière délivrance de
toute tentation : Le Seigneur me
délivrera de toute mauvaise oeuvre
et me sauvera dans son royaume
céleste
(2 Tim. 4. 18) :
Celui qui est mort est affranchi du
péché
(Rom. 6. 7) ;
du souvenir délicieux du bien
qu'ils auront fait : Heureux sont
les morts qui meurent au Seigneur !
ils se reposent de leurs travaux et leurs
oeuvres les suivent
(Apoc. 14. 13) ;
du développement de leurs
facultés ; le maître
dira : Cela va bien, bon et
fidèle serviteur ; tu as
été fidèle sur peu de
chose ; je t'établirai sur
beaucoup
(Matt. 25. 21) ;
d'une science parfaite : Nous ne
connaissons qu'imparfaitement, mais je
connaîtrai comme j'ai
été connu
(1 Cor. 13. 9.
12) ;
du bonheur de retrouver ceux qu'ils auront
aimés : Je ne veux pas que
vous soyez dans l'ignorance sur ce qui
concerne les morts, afin que vous ne vous
affligiez pas comme font les autres hommes
qui n'ont point d'espérance ;
car si nous croyons que Jésus est
mort et qu'il est ressuscité, nous
devons croire aussi que Dieu
ramènera par Jésus ceux qui
seront morts, afin qu'ils soient avec lui
(1 Thess. 4. 13-14),
et de la société des
êtres purs et saints qui habitent
notre future patrie. Sur le Tabor,
Moïse et Élie apparurent
avec gloire, et parlaient de la mort que
Jésus devait accomplir à
Jérusalem.
(Luc 9. 30. 31.)
Abraham, Isaac et Jacob, et tous les
prophètes, sont dans le
royaume de Dieu.
(Luc, 13. 28.)
Vous êtes venus.... aux esprits
des justes qui sont arrivés
à la perfection.
(Héb. 12. 23.)
Il y a plusieurs demeures dans la
maison de mon Père ; si cela
n'était pas, je vous l'aurais dit
(
Jean, 14.
2) .
Enfin, d'une intime union avec le
Seigneur, de son amour et de la vue de sa
gloire : Je prie pour ceux qui
croiront en moi, afin que tous ne soient
qu'un, comme toi, ô mon.
Père ! tu es en moi et comme
je suis en loi ; queux aussi soient
en nous ! Mon désir est que
là où je suis, ceux que tu
m'as donnés y soient avec moi, afin
qu'ils contemplent la gloire que tu m'as
donnée.
(Jean, 17. 20, 21, 24.)
Ainsi nous serons toujours avec le
Seigneur.
(1 Thess. 4. 17.) -
-
|
CONCLUSION.
- 263
|
- - Par une facile comparaison, on peut
maintenant se convaincre que Dieu, dans sa
miséricorde, nous a sauvés
parfaitement ; qu'au moyen de
la rédemption par
Jésus-Christ, les trois funestes
contradictions (19, 20, 21) qui existent
entre ce que nous sommes et ce que nous
voudrions être, sont levées,
et que notre désir d'exister, de
jouir et de savoir, sera un jour
parfaitement rempli. C'est donc
ici la vie éternelle de le
connaître, toi, seul vrai Dieu, et
Jésus-Christ que tu as
envoyé !
(Jean, 17. 3.)
-
-
|
FIN.
|