COURS DE
RELIGION CHRÉTIENNE.
INTRODUCTION
(Suite)
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- - En résumé, on voit
qu'il y a, dans notre état actuel,
insuffisance en toutes les choses
humaines, et que la destinée de
l'homme n'est pas, maintenant,
parfaitement conforme à sa
nature.
Sa nature est de désirer d'exister,
de jouir, de savoir ; sa
destinée présente est de ne
pouvoir, quoi qu'il fusse, atteindre
maintenant à un accomplissement
complet de ses voeux : il y a pour
nous tous incertitude de vie, insuffisance
de bonheur, imperfection de science :
Je n'ai rien refusé à mes
yeux de tout ce qu'ils m'ont
demandé, et je n'ai
épargné aucune joie à
mon coeur, et voilà tout est
vanité et rongement d'esprit.
(Ecc. 2. 10. 11) -
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- - En résumé, on voit
qu'il y a, dans notre état actuel,
insuffisance en toutes les choses
humaines, et que la destinée de
l'homme n'est pas, maintenant,
parfaitement conforme à sa
nature.
Sa nature est de désirer d'exister,
de jouir, de savoir ; sa
destinée présente est de ne
pouvoir, quoi qu'il fusse, atteindre
maintenant à un accomplissement
complet de ses voeux : il y a pour
nous tous incertitude de vie, insuffisance
de bonheur, imperfection de science :
Je n'ai rien refusé à mes
yeux de tout ce qu'ils m'ont
demandé, et je n'ai
épargné aucune joie à
mon coeur, et voilà tout est
vanité et rongement d'esprit.
(Ecc. 2. 10. 11)
- Pour lever ces contradictions entre ce
que nous sommes et ce que nous
désirons être, il ne suffit
pas de dire que par les progrès de
l'humanité elles se lèveront
d'elles-mêmes, et que les hommes
parviendront, soit dans ce monde, soit
ailleurs, à un état
d'immortalité, de béatitude
et de science parfaite. Il resterait
toujours à expliquer l'état
actuel, où nous en sommes si
loin : Pourquoi la lumière
est-elle donnée au misérable
et la vie à ceux qui ont le coeur
déchiré ?
(Job 3. 20)
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- - Pour tenter de lever autrement ces
contradictions entre la nature et la
destinée de l'homme, il est
indispensable de rechercher quelle est la
cause de son existence.
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- - La cause de son existence est en lui
ou hors de lui.
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- - Elle n'est pas en lui.
Nous sentons très bien que nous ne
nous sommes pas créés ;
que nous pourrions ne pas exister ;
que le monde pourrait exister sans
nous ; que nous ne sommes pas
nécessaires. -
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- - Si cela est vrai de nous en
particulier, cela est vrai de tous les
hommes, parce qu'ils sont nos
semblables ; comme la cause de notre
existence n'est pas en nous, la cause de
leur existence n'est pas en eux ; ils
pourraient aussi ne pas exister ; ils
ne sont pas nécessaires :
Si Dieu retirait à lui son esprit
et son souffle, toute chair expirerait en
même temps, et l'homme retournerait
dans la poudre.
(Job, 34. 14. 15)
Il ne sert donc de rien d'avancer que nous
avons reçu l'existence de nos
pères, nos pères des leurs,
et ainsi en remontant. Nous devons tous
nous entredire : Voici, je suis
formé de Dieu, aussi bien que
toi ; je suis aussi tiré du
limon.
(Job, 33, 6) On peut se
représenter l'humanité avec
une génération de moins,
puis avec deux de moins, puis avec trois
de moins ; et ainsi les
détruisant en idée toutes
l'une après l'autre, il en
résulte que l'espèce humaine
pourrait ne pas exister, qu'elle n'est pas
nécessaire.
Faites un simple effort d'imagination,
et représentez-vous le genre humain
détruit ; il restera la terre
et tous les animaux, la belle nature, le
soleil, le firmament ; l'homme n'est
pas nécessaire au
milieu de tout cela, et la terre
même qui nous porte renferme la
preuve que cette supposition a
été autrefois une
réalité (67, 68). -
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- - Si, comme il est évident, la
cause de l'existence de l'homme n'est pas
en lui, elle est hors de lui ; et
puisqu'il pourrait ne pas exister, il faut
bien que quelqu'un ait voulut qu'il
existât : L'Éternel
donne la respiration au peuple qui est sur
la terre, et l'esprit à ceux qui y
marchent »
(Esa. 42. 5)
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- - Celui qui est la cause de notre
existence, qui a voulu que nous existions,
qui est, en un mot, notre Créateur,
celui-là est
nécessaire ; s'il ne
l'était pas, il serait dans la
même situation que nous ; nous
pourrions nous représenter toutes
choses existant sans lui, comme nous nous
représentons très facilement
toutes choses existant sans nous. Alors il
n'aurait pas en lui la cause
véritable et réelle de notre
existence. Ainsi le signe certain auquel
nous devons reconnaître le
Créateur, c'est qu'il est
nécessaire. Dieu dit à
Moïse : Je suis celui qui suis.
(Ex. 3. 14)
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- - Ce Créateur est-il à
trouver dans la nature visible qui nous
environne ? Non. Les choses qui se
voient n'ont point été
faites de choses qui apparussent
(Héb. 11. 3) ;
rien dans la nature n'est
nécessaire, ni dans le
nombre des objets qui la composent, ni
dans leurs mouvements, ni dans leurs
formes, ni dans leurs couleurs.
Il n'est pas nécessaire qu'il y ait
dans le firmament le nombre
d'étoiles qui y brillent chaque
nuit, ou dans une prairie le nombre de
brins d'herbe qui y poussent chaque
printemps : Les oeuvres de
l'Éternel sont en grand nombre
(Ps. 104. 24), et nous nous
représentons le firmament avec une
étoile de plus ou de moins, une
prairie avec un brin d'herbe de plus ou de
moins. Quelqu'un a donc voulu qu'il
y eût précisément ce
nombre d'astres dans le ciel et ce nombre
de plantes dans la prairie : Dieu
compte le nombre des étoiles, il
les appelle toutes par leur nom
(Ps. 147. 4) ; Dieu
revêt l'herbe des champs.
(Matt. 6. 30)
Il n'est pas nécessaire que les
astres se lèvent en orient et se
couchent en occident. Tous ces grands
mouvements pourraient s'exécuter en
sens contraire sans qu'il en
résultât le moindre
désordre. Quelqu'un a donc
voulu que le lever des astres se fît
en orient et leur coucher en
occident : Dieu a donc
fait, les deux avec intelligence.
(Ps. 136. 5)
Il n'est pas nécessaire que le
tronc du peuplier soit lisse et que celui
du chêne soit noueux : Dieu
a fait germer de la terre tout arbre
désirable à la vue et bon
à manger.
(Gen. 2. 9)
Il n'est pas nécessaire que les
roses soient rouges ni que les lis soient
blancs : Ils ne travaillent ni ne
filent, et cependant Salomon, même
dans toute sa gloire, n'a pas
été vêtu comme l'un
d'eux.
(Matt. 6. 28, 29)
Une volonté supérieure est
donc intervenue pour déterminer la
forme de ces arbres et la couleur de ces
fleurs.
On peut multiplier à l'infini ces
preuves et ces exemples. Est-il
nécessaire que le miel ait une
saveur si douce et l'absinthe un
goût si amer ? Est-il
nécessaire que la violette ait un
parfum si agréable, que la
valériane ait une odeur infecte, et
que la tulipe n'en ait aucune ? Il y
a donc quelqu'un qui a voulu que
ces choses fussent telles que nous les
voyons : Toi seul, ô
Éternel, tu as fait les cieux, la
terre, les mers, et toutes les choses qui
y sont.
(Néh. 9. 6) -
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- Si rien dans la nature n'est
nécessaire, la nature n'est pas
Dieu, et celui qu'on ne peut se
représenter comme n'existant pas,
qui a en lui-même la raison de sa
propre existence, qui a voulu qu'il y
eût ce nombre d'étoiles dans
le ciel et ce nombre de plantes cette
année, ni plus ni moins ;
celui qui a voulu que les astres se
levassent en orient plutôt qu'en
occident ; qui a voulu que les fruits
et les fleurs eussent les formes, les
couleurs, les saveurs et les parfums
qu'ils ont et qu'ils pourraient ne pas
avoir, celui-là est le vrai Dieu,
le vrai Créateur, le seul
Être nécessaire.
Tous les autres existent, parce qu'il le
veut ; seul il existe par
lui-même. Il n'y a point de
maison qui n'ait été
bâtie par quelqu'un ; or, celui
qui a bâti toutes ces choses, c'est
Dieu.
(Héb. 3. 4) Nous
avons tous un même Père, et
un seul Dieu fort nous a tous
créés.
(Mal. 2. 10) -
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- - L'être nécessaire est
unique ; il n'y a qu'un Dieu :
Sache donc aujourd'hui et rappelle en
ton coeur que l'Éternel est Dieu,
et qu'il n'y en a point d'autre.
(Deut. 4. 39) Nous
n'avons qu'un seul Dieu.
(1 Cor. 8. 6)
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- - L'être nécessaire est
nécessaire aujourd'hui, il
l'était hier, il le sera
demain ; il est toujours
nécessaire, Dieu est donc
éternel : Avant que les
montagnes fussent nées, et que tu
eusses formé la terre habitable,
d'éternité en
éternité, tu es et tu seras
le Dieu fort.
(Ps. 90. 2) Un jour est
devant le Seigneur comme mille ans, et
mille ans comme un jour.
(2 Pierre, 3. 8)
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- - L'être nécessaire est
nécessaire où nous ne sommes
pas autant que là où nous
sommes, ici, ailleurs, en tous lieux. Dieu
est donc immense et présent
partout : Je remplis les cieux et
la terre, dit l'Éternel.
(Jér. 23. 24)
Où irons-nous loin de son
esprit, où fuirons-nous loin de sa
face ?
(Ps. 139. 7)
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- - L'être nécessaire n'est
pas tantôt plus, tantôt moins
nécessaire ; il l'est sans
cesse également. Dieu est donc
immuable : Toi, ô
Dieu ! tu es toujours le même.
(Ps. 102. 28) Il n'y a
point en Dieu de variation ni d'ombre de
changement.
(Jacq. 1. 17)
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- - L'être nécessaire, qui
existe par lui-même, se suffit
à lui-même. Dieu est donc
souverainement heureux : Dieu n'a
besoin de quoi que ce soit.
(Act. 17. 25)
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- - Nous ne sommes rien de tout
cela : À qui ferez-vous
ressembler le Dieu fort
(Esa. 40. 18) ? et en
conséquence, Dieu est tellement
différent de nous, et nous sommes
si petits devant sa majesté
suprême, qu'il nous sera impossible
de sonder sa nature et de la
connaître parfaitement (213). Ces
mystères et ces
ténèbres ne pourront
affaiblir notre foi en son existence, qui
repose sur la certitude que nous avons de
la nôtre. Personne ne
connaît ce qui est en Dieu, si ce
n'est l'esprit de Dieu.
(1 Cor. 2. 11)
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- - Néanmoins, notre foi en Dieu,
comme créateur universel, ne nous
explique pas encore les graves et tristes
contradictions que nous avons
remarquées entre ce que nous sommes
et ce que nous voudrions être ;
car, puisque Dieu nous a
créés, pourquoi ne nous
a-t-il pas créés tels que
nous puissions, dès maintenant,
voir parfaitement se remplir notre
désir d'exister, de jouir et de
savoir assez ? Ainsi, nous sommes
naturellement amenés à nous
demander pourquoi Dieu nous a
créés ; en d'autres
termes, quel a été le but de
la création ?
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- - Nous sommes en droit de poser cette
question, parce que nous remarquons en
toutes choses un but :
L'Éternel a fait toutes ses
oeuvres avec sagesse.
(Ps. 104. 24) Il est bien
certain que le soleil a été
fait pour répandre la
lumière et la chaleur, que les sucs
de la terre ont été faits
pour servir à la croissance des
plantes, l'air qui nous environne pour
entretenir notre respiration, la main pour
saisir, l'oeil pour voir, l'oreille pour
entendre, etc., etc. Et il est essentiel
de remarquer que, par conséquent,
les choses qui nous semblent inutiles et
ne servir à rien, ont, sans nul
doute, un but qui nous échappe.
Ainsi, tous les jours on découvre
l'utilité de choses qui semblaient
n'en pas avoir. La première fois
que les hommes ont entendu gronder un
orage, savaient-ils que les orages servent
à épurer les airs ?
Tout a donc été fait dans un
but : L'Éternel a
possédé la sagesse
dès le commencement de ses
voies ; avant qu'il fit aucune de ses
oeuvres, elle était
déjà avec lui
(Prov. 8. 22) ; et
l'homme, pourquoi a-t-il été
fait ? -
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- - Voici d'ailleurs qui montre avec
évidence que tout a
été fait dans un but. Si
Dieu a créé tout ce qui
existe, il existait seul avant la
création : Dieu est celui
qui a appelé dès le
commencement ceux qui devaient
naître. Moi, l'Éternel, je
suis le premier.
(Esa. 41. 4)
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- - Ce temps
incompréhensible et
mystérieux, où Dieu existait
seul, aurait pu durer à
toujours ; car Dieu était
libre de créer ou de ne
créer point. Aucune contrainte ne
le forçait à tirer du
néant ce monde, les hommes, les
plantes, ou quoi que ce soit :
Toutes les nations sont devant lui
comme un rien.
(Esa. 40. 17) Il a
créé volontairement ;
donc il a eu un but. Quel est-il ?
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