ROME ET LA
BIBLE
MANUEL DU CONTROVERSISTE
ÉVANGÉLIQUE
PRÉFACE
L'auteur de ce volume s'est souvent
demandé, en l'écrivant, comment il se faisait qu'un manuel
de ce genre n'existât pas depuis longtemps. L'idée en est si
simple, et l'utilité peut en être , nous semble-t-il, si
grande, que nous ne comprenions pas qu'on n'y eût pas encore
songé.
Mais, si l'idée est simple,
l'exécution a souvent été difficile. Il fallait, d'un côté,
ne laisser dans l'ombre aucun passage se rapportant aux
questions débattues, et, de l'autre, éviter des répétitions
fastidieuses; il fallait faire en sorte que chaque note
présentât un sens complet, et que cependant aucune, épuisant
le sujet traité, ne risquât d'enlever tout intérêt à celles
qui touchaient aux mêmes choses ; il fallait, en un mot, que
ce livre pût être consulté avec fruit sur chaque détail, et
supporter cependant une lecture suivie.
Avons-nous vaincu ces difficultés ?
Pas toujours, mais, nous l'espérons, assez souvent. Quand un
sujet revenait forcément dans plusieurs notes, nous avons
fait en sorte que chacune d'elles apportât quelque élément
nouveau, et que leur ensemble formât nu petit traité
complet. Une table, à laquelle nous avons donné beaucoup de
soin, réunit par des chiffres tout ce qui se tient par les
idées, et ou peut ainsi lire de suite tout ce qui se
rapporte à un sujet.
Désirant n'en omettre aucun, il nous
a quelquefois fallu user d'un arbitraire que la nécessité
justifiait. Certaines idées romaines sont tellement en
dehors du cercle évangélique, que l'Écriture n'eût fourni
aucune occasion directe d'en rien dire. Force a été de les
amener incidemment. C'est ainsi , par exemple, que nous
avons rattaché à l'ascension de Jésus-Christ ce que nous
avions à dire contre l'assomption de la Vierge.
Nous n'avons omis volontairement
aucun des passages sur lesquels l'Église romaine établit ou
ses prétentions ou ses dogmes. Mais elle accorde à ses
défenseurs, sur ce point, une si grande liberté, elle leur
permet de recourir à des citations si étranges, que nous ne
pouvons nous flatter d'avoir su tout ce qu'ils citent. Qu'il
nous suffise de n'avoir laissé passer aucun argument
scripturaire mis en avant par des controversistes de quelque
autorité.
A côté des questions qui n'ont pas
changé depuis trois siècles, il en est que les circonstances
actuelles nous obligeaient d'examiner avec une attention
particulière. Personne, aujourd'hui , ne s'étonnera que nous
ayons insisté sur ce qui a rapport au culte de la Vierge, à
la papauté, etc.
Notre version du Nouveau Testament
ne reproduit exclusivement aucune de celles que nous avons
eues sous les yeux ; le texte grec constamment à la main,
nous avons pris, dans toutes, ce qui nous semblait le plus
exact. Quelquefois, cependant, lorsque nous aurions risqué
de paraître ôter à dessein quelque expression dont l'Église
romaine fait usage, nous avons mieux aimé laisser quelque
inexactitude, et ne fournir aucun prétexte a l'accusation de
mauvaise foi.
Nous avons banni de notre langage
toute violence, toute plaisanterie, toute aigreur; nous
avons voulut que ce travail, de la première ligne à la
dernière, fût grave, chrétien, et que tout adversaire de
l'Église romaine pût le présenter sans scrupule à tout
défenseur de cette Église. Nous n'avons démoli que pour
reconstruire à côté, ou, plutôt, pour que l'édifice
évangélique, construit de la main de Dieu, apparût dans sa
forme et dans sa beauté primitives. Un catholique pourra ne
pas nous écouter; mais, s'il nous écoute, nul danger, pour
lui, de rester à moitié chemin : il ne quittera les autels
de Rome que pour se jeter, avec nous, au pied de la croix
déblayée, ouvrant son esprit à toutes les vérités et son
coeur à toutes les grâces.
Que le Maître des coeurs, des
esprits et de toutes choses, bénisse nos efforts ! Qu'il
affermisse entre nos mains cette « l'Épée de l'Esprit qui
est la Parole de Dieu » qui blesse et guérit, qui transperce
et sauve !
15 Novembre 1858.
Nous n'avons rien à changer à ces lignes,
préface de notre première édition. Heureux de l'accueil fait
à ce livre, nous le sommes surtout des témoignages unanimes
qui ont été rendus au sérieux de notre polémique, et à cette
modération dont nous déclarions avoir lâché de ne nous
départir jamais.
C'est dans le même esprit que nous
avons ajouté quelques développements dont on nous a signalé
la nécessité. La Table a aussi reçu quelques additions
importantes.
Que Dieu, qui a béni notre oeuvre,
continue à l'accompagner de sa bénédiction!
8 Avril 1860.
|