LE
PROPHÈTE JONAS
CHAPITRE III
Instrument d'un réveil populaire.
Pour la seconde fois, l'appel divin se
fait entendre :
« Lève-toi, va à Ninive,
la grande ville ». Il semble que la
première fois Jonas pouvait donner à
son message la teneur qu'il jugeait à
propos. Il recevait seulement l'ordre de crier
contre la ville corrompue, et par conséquent
de la menacer du jugement. Ici le contenu
même du message est donné au
messager : « proclames-y ce que
je t'ordonnerai ». Et ce que Dieu lui
ordonne de publier, à plein gosier,
c'est : Encore quarante jours, et Ninive
sera détruite ». Il s'agit,
non dune menace vague, mais d'une chose nette,
précise et terrible. Le chiffre quarante
revêt, dans la Bible, une signification
symbolique, marquant la préparation,
l'attente et la mise à l'épreuve.
Souvenons-nous des quarante
années d'Israël au désert ;
des quarante jours passés par Moïse sur
le Sinaï et par le peuple dans
l'anxiété au bas de la sainte
montagne ; de la tentation de Jésus qui
dura quarante jours et quarante nuits, et des
quarante jours qu'il passa sur la terre
après sa résurrection et avant son
ascension. Dans les quarante jours accordés
à Ninive, il y a comme un délai
manifestant la patience de Dieu et son désir
de pardonner. Tant il est vrai que la justice de
Dieu, même dans l'ancienne alliance, est
toute empreinte de miséricorde et de
support. Les menaces et les promesses de Dieu sont
conditionnelles : si le coupable se repent et
s'humilie, la menace cesse d'avoir son effet. si le
fidèle abandonne sa fidélité,
il perd le bénéfice de la
promesse.
Elle était courte, mais incisive
et directe, la prédication de Jonas. Il ne
se perdait pas en vaines paroles. Oh ! si nous
savions, nous prédicateurs de
l'Évangile, annoncer tout le conseil de
Dieu, avec franchise, courage et fermeté, en
allant droit au but, sans user de tant d'art et de
rhétorique, qui, le plus souvent,
ôtent à la vérité divine
tout son mordant et toute sa puissance. Quel
malheur que la prédication
soit devenue tantôt une froide dissertation
religieuse, théologique ou sociale,
tantôt une éblouissante cascade
d'images et de périodes sonores, au lieu de
rester ce qu'elle était au début, un
témoignage sans détours et sans
périphrases, simple et vivant, rendu
à Jésus « mort pour nos
offenses et ressuscité pour notre
justification ». À mesure que
la foi nette et forte à l'Évangile de
la grâce fait place à une religion
vague et vaporeuse, flasque parce qu'elle est
privée de la charpente osseuse des doctrines
pour la soutenir, nous voyons et nous verrons
toujours plus la chaire chrétienne devenir
une tribune ou un vain étalage de talent
oratoire qui recueille sa récompense :
les éloges pompeux des journaux religieux et
des organes politiques bien pensants, et aussi des
auditeurs avides de belles phrases qui ne touchent
pas la conscience.
La mission de Jonas était une
mission effrayante s'il en fuit ; elle
exposait le serviteur de Dieu à toutes
sortes d'avanies, à toute la fureur d'une
populace sans scrupule et sans frein. Eh
bien ! Il n'hésite pas un
instant ; il part, il pénètre
dans la ville, il la parcourt
durant toute une journée, et d'une voix
forte, qui ne tremble pas, il s'acquitte de sa
mission. Pour le coup, il est facile de voir que
l'amère expérience a porté son
fruit de soumission et d'obéissance. Son
obéissance à Dieu est silencieuse
comme l'avait été sa
désobéissance. Son aspect
extérieur, à ce moment, devait porter
les traces de la crise profonde par laquelle il
venait de passer : il apparaissait
« avec gloire » comme un
ressuscité et un vainqueur. Cela lui donnait
une singulière majesté et une
singulière autorité.
Le texte nous dit que Ninive
était une très grande ville
« de trois journées de
marche, » ce qui veut dire qu'il
fallait trois jours entiers, pour faire le tour de
son enceinte. Au premier abord nous nous trouvons,
une fois de plus, dans cet étrange livre, en
présence d'une impossibilité ;
le sens critique s'éveille et on souligne de
nouveau l'invraisemblance et l'exagération.
Nos capitales modernes, gigantesques
agglomérations de millions d'êtres
humains, un Paris, un Londres, un Berlin, un
New-York, n'approchent que de très loin dune
telle étendue. Dès lors, on est
porté à mettre en
doute l'authenticité et la
valeur du livre tout entier, à le
considérer comme une pure fiction. Ainsi
procèdent souvent nos savants
théologiens modernes, si bien qu'on peut
qualifier d'impressionniste leur critique biblique,
parce qu'elle ne repose, en fin de compte, que sur
une impression toute personnelle, rapide et
superficielle.
Et voici que l'archéologie, ici
comme en beaucoup d'autres cas, intervient avec ses
découvertes pour confirmer l'exactitude de
la Bible. Il importe, à cette occasion, de
remarquer que, très souvent, les
archéologues qui ne sont pas des hommes de
parti, sont en désaccord avec les
résultats dits assurés de la critique
biblique. Ce qu'on appelle, à juste titre,
le Verdict des monuments nie ou modifie
sensiblement le Verdict de la critique. Or, comme
cette dernière ne se fonde guère que
sur des hypothèses difficiles et même
la plupart du temps impossibles à
contrôler quant à leur fond
même, et que l'archéologie repose sur
des réalités vues et touchées,
nous devons prêter une oreille
particulièrement attentive à
l'archéologie. Voici ce qu'elle dit au sujet
de Ninive : « Trois jours de chemin,
c'est-à-dire, environ vingt-quatre lieues
de tour.
Cette ville immense en comprenait
proprement trois complètement distinctes. La
première et la plus récente des
trois, tout au nord, un peu vers l'est, portant
autrefois le nom de Dur-Sarrukin,
était située près du village
actuel de Khorsabad, où l'on a
retrouvé le palais du roi Sargon, le
destructeur de Samarie. - La seconde, beaucoup plus
ancienne, à environ trois lieues au
sud-ouest de la précédente, sur la
rive gauche du Tigre, en face de la ville actuelle
de Mossoul, portait proprement le nom de Ninive.
Sur son emplacement se trouvent aujourd'hui les
deux villages turcs de Koyoudjik et de Nabi-Janus,
« le prophète Jonas ».
Ce sont deux collines séparées par
une rivière, le Khoser, dont la
première, au nord, renferme les ruines d'un
palais de Sanchérib et de celui
d'Assurbanipal ; la seconde, au sud de la
rivière, des ruines d'un autre palais de
Sanchérib et de celui d'Asarhaddon.
Enfin, six à sept lieues plus au
sud-est, se trouve le troisième groupe de
ruines, l'emplacement de la plus ancienne des trois
villes. Calash (aujourd'hui Nimroud)
renfermant les restes de quatre palais magnifiques.
Les vastes espaces vides que ces villes laissaient
entre elles, étaient
couverts, surtout du côté de l'est,
où elles n'étaient pas
protégées par le Tigre, de nombreuses
forteresses. Le reste du sol pouvait être
livré à la culture, ce qui permettait
à la capitale de soutenir un très
long siège. On a pu s'assurer encore de
l'existence d'une muraille commune renfermant
l'ensemble des trois villes. » On nous
pardonnera cette longue citation, empruntée
à la Bible annotée, en raison
de son importance pour montrer la rigoureuse
précision de l'expression employée
par l'Écriture sainte. Il vaut la peine,
toutes les fois que l'occasion s'en
présente, et que la science profane nous en
fournit le moyen, de faire toucher du doigt
jusqu'à quel point la Parole divine
s'exprime conformément à la
réalité des choses.
Un fait qui paraît à
première vue au moins aussi extraordinaire
et aussi difficile à accepter que les
dimensions de la ville, c'est la promptitude de son
repentir. Si nous essayons de rapprocher ce fait de
ce qui se passerait dans l'une de nos
« Babylones » modernes à
l'ouïe d'un pareil message, le scepticisme
s'empare de notre esprit. Un tel
phénomène nous apparaît comme
irréalisable. - Et tout
d'abord, savons-nous bien au juste ce qui se
passerait si un vrai prophète, un,
envoyé de Dieu, revêtu de la puissance
et de la sainte liberté que donne son
Esprit, surgissait tout à coup et parlait
sans réticence aucune de nos fautes, de nos
crimes et des châtiments qu'ils
méritent ? Savons-nous seulement ce qui
se passerait si les prédicateurs de
l'Évangile se montraient plus fidèles
et plus courageux dans la dénonciation de
nos vices individuels et collectifs ; de notre
religion sans saveur, sans force et sans
efficacité, consistant bien davantage en
effusions et en paroles onctueuses qu'en
renoncement à nous-mêmes, en
sainteté, en justice et en
consécration ?
Nous ne le savons pas, parce que ces
hommes, nous ne les voyons ni ne les entendons
qu'à titre tout à fait exceptionnel,
et nous ne pouvons ni les voir ni les entendre par
la raison qu'ils n'existent pas ou pour ainsi dire
pas. Quand, de temps en temps, Dieu en suscita,
qu'ils s'appelassent Jean-Baptiste, Paul de Tarse,
ou Luther, Wesley, Spurgeon ; ou encore Moody,
Torrey ou Evan Roberts, ils ont assemblé des
foules énormes autour d'eux et ils ont
remué des dizaines de milliers
d'âmes, les amenant
à la conversion, au salut et à la vie
nouvelle. N'ayons pas la présomption de
ramener toutes les expériences religieuses
de l'humanité à notre pauvre petit
niveau.
D'autre part, on sait que les
Caldéens étaient des gens
profondément religieux, ayant
conservé pieusement les plus anciennes
traditions. Il ne fallait qu'une étincelle
pour raviver la flamme que des habitudes funestes
contractées menaçaient
d'étouffer entièrement. Cette
étincelle fut la parole de Jonas. On se
représente aisément des groupes de
centaines de personnes s'assemblant autour de lui,
légères et moqueuses d'abord, puis
plus sérieuses, réfléchies,
alarmées même ; lui posant
questions sur questions, le pressant de s'expliquer
plus à fond, enfin donnant des signes
visibles de douleur et de componction. Il y a une
contagion du repentir et de l'humiliation comme il
y en a une de l'égarement et de la folie.
Les foules sont impressionnables dans les sens les
plus divers. De là l'immense
responsabilité de ceux qui ont le don de les
électriser et de les manier. De quel crime
ne se rendent-ils pas coupables s'ils font
d'elles les instruments aveugles
de leur haine ou de leur ambition, qu'il s'agisse
de politique, de sociologie ou de religion !
N'est-ce pas là un spectacle auquel nous
sommes tellement accoutumés que nous n'y
prenons plus garde ? Que Dieu ouvre nos yeux,
nos oreilles et nos intelligences pour que nous
nous rendions compte du péril
contemporain !
À Ninive. nous nous trouvons en
présence d'un réveil populaire, dont
l'essence est une conviction profonde du
péché et tout ce qu'elle amène
à sa suite. Les gens de Ninive crurent
à Dieu. En d'autres termes, ils crurent
à la prédication de Jonas comme
à une parole même de Dieu, ils la
prirent au grand sérieux et la
reçurent humblement comme telle ; elle
leur apparut comme absolument vraie et sûre,
leur conscience lui rendant témoignage.
Jonas les traitait comme des criminels
condamnés et perdus ; et leur
conscience, réveillée, leur disait
qu'il en était bien ainsi. Puissions-nous
nous comporter de même à
l'égard des prophètes et des
apôtres, et surtout à l'égard
de Celui qui fut par excellence l'Envoyé et
le Prophète de Dieu ! Toute conscience
oblitérée, faussée ou muette,
ne saurait reconnaître la
voix de Dieu dans la parole de ses serviteurs et
dans celle de son Fils, parvenues jusqu'à
nous à travers les siècles.
Tout homme qui vit dans le
péché, aime son péché
et veut le garder ; tout homme à qui la
vie morale est indifférente,
considère la Bible comme un tissu de
légendes et d'absurdités, ou tout au
moins comme un livre vieilli, démodé.
Tout l'y choque et l'en éloigne. Mais tout
homme qui rentre en lui-même, qui se
connaît quelque peu, qui n'est satisfait ni
de son caractère, ni de sa conduite,
instinctivement, ou plutôt guidé
d'En-Haut, laisse d'abord de côté tout
ce qui, dans l'Écriture, dépasse sa
portée et son expérience actuelle et
trouve ce dont il a besoin, ce qui peut l'amener
à la foi, le saluant avec transports comme
venant de Dieu même, puisque cela
répond si magnifiquement à sa
situation et à ses besoins intimes. Peu
à peu, le trésor entier s'ouvrira
à ses regards émerveillés, et
il y puisera à pleines mains toutes les
paroles de grâce et de délivrance
qu'il renferme par centaines.
Le roi de Ninive, tout despote oriental
qu'il est, se conduit en homme sage et
sensé. Il se laisse gagner par le mouvement.
Que ce mouvement soit parti d'en
bas, du peuple, cela ne l'arrête en aucune
façon, et c'est là assurément
un fait très remarquable. Le peuple fait
bien de s'humilier ; lui, le roi, qui sent sa
grande part de responsabilité dans le mal,
ne fera qu'un avec lui et se placera à sa
tête. Que cela ne nous surprenne pas.
« Ce qui frappe dans les inscriptions qui
sont parvenues jusqu'à nous, dit un
historien de l'antiquité, c'est le
caractère profondément religieux des
rois. Ils se proclament
« vicaires » et serviteurs des
dieux. C'est en leur nom qu'ils font la guerre...
Le signe de la soumission de la part des vaincus,
c'est de sacrifier aux dieux du pays d'Assour...
Les rois rapportent aux dieux leurs victoires et
s'humilient devant eux : « Que mes
manquements et mes péchés, dit
Assour-bani-pal, soient effacés, et que je
me trouve réconcilié avec le Dieu,
car je suis l'esclave de sa puissance, l'adorateur
des grands dieux ».
Quand verrons-nous nos gouvernants et
nos magistrats entrer à pleines voiles dans
un mouvement de réveil des consciences et
publier un jeûne autre que le jeûne
officiel, traditionnel et formaliste, auquel ils se
croient appelés annuellement à
consacrer quelques phrases de
convention ! On sait ce que sont devenus nos
jeûnes : une offense de plus au Dieu que
nous avons déjà si gravement
offensé, et pour la masse une occasion de
bombance et de désordre. Seule une
élite composée de quelques rares
unités garde le but et l'esprit de
l'institution. Oh ! revenons à la
sincérité, ce sera un premier pas
vers la repentance. C'est ici, dans le domaine de
l'organisation ecclésiastique, du culte et
de la prédication, et non dans celui des
doctrines fondamentales de l'Évangile, qu'il
importerait de lutter énergiquement contre
un traditionalisme qui a figé en des
formules et en des habitudes mortes l'expression de
l'humiliation, de la foi, de l'espérance, de
l'amour et de l'adoration.
Les animaux eux-mêmes sont
associés au jeûne et au deuil.
N'est-ce pas singulier, ridicule même ?
Pas tant que vous le pensez peut-être. Toutes
les créatures ne sont-elles pas, selon la
Bible, et aussi selon la science la plus moderne,
étroitement solidaires de
l'humanité ? Ne sont-elles pas des
sollicitations au péché ou des
instruments de péché ? N'est-il
pas bon que l'homme se rende visible et sensible
à lui-même ce fait important
en donnant aux êtres qui
l'entourent et participent à sa vie les
marques des sentiments qu'il éprouve ?
Les animaux sont inconscients, partiellement tout
au moins, de ce qui arrive, mais l'homme augmente
par là la force et la profondeur de ses
impressions. Pourquoi habillons-nous de deuil les
chevaux et les chars qui portent au champ du repos
la dépouille mortelle de nos
bien-aimés ? Et pourquoi ornons-nous et
fleurissons-nous nos demeures aux jours de
fête ? N'est-ce pas pour que tout ce qui
est autour de nous semble participer à nos
joies et à nos douleurs et en renforce
l'impression dans nos âmes ? Ne
savons-nous pas que toute la création
assujettie à la vanité par la chute
de son roi, soupire et est en travail, attendant
avec un ardent désir la manifestation des
enfants de Dieu, qui sera le signal de son
affranchissement et de sa rénovation.
(Rom. VIII, 19-23.) La nature tout
entière, associée à la chute
et à ses terribles conséquences, doit
participer aussi aux fruits éternellement
bénis de la rédemption. Nous pouvons
comprendre maintenant ce qui se produisit à
Ninive.
« Qu'ils crient à
Dieu avec force et qu'ils reviennent de leur
mauvaise voie ». Il semble
que nous percevons quelques
échos du cri de détresse et d'appel
à la miséricorde divine et à
la purification contenu dans le psaume 51e. Il ne
s'agit pas de faire un discours à Dieu,
d'aligner des expressions correctes et
élégantes, des promesses solennelles
et trompeuses ; il s'agit, dans l'angoisse
d'une âme qui se sent perdue, de demander
grâce avec toute l'énergie dont elle
est capable. Et cela doit être
accompagné d'une conversion décisive
et complète, d'une rupture avec le
péché intérieur, avec la vie
de péché, avec de mauvaises habitudes
contractées depuis l'enfance
peut-être. Et c'est bien ce qui eut lieu
à Ninive. « Celui qui cache ses
transgressions, dit le Livre, ne prospérera
point, mais celui qui les confesse et les
délaisse obtiendra
miséricorde ».
Ici, encore, à l'exemple des
Ninivites, soyons droits et souvenons-nous que Dieu
ne se paie pas de mots, lui qui sonde les coeurs et
les reins, mais de réalités. Celui
qui veut la fin, c'est-à-dire le pardon, la
paix et la communion avec le Père
céleste, doit vouloir aussi le moyen unique,
qui est le recours à lui, accompagné
de la séparation radicale d'avec ce qui, en
nous, n'est pas de lui et pour lui. Il y a parmi
nous infiniment plus et mieux que
Jonas. Prenons garde qu'au jour du jugement les
Ninivites ne s'élèvent contre notre
génération et contre nos personnes
parce qu'ils surent mieux que nous répondre
à l'appel et à l'attente de
Dieu !
« Dieu vit qu'ils
agissaient ainsi et qu'ils revenaient de leur
mauvaise voie ». Ce qui le touche,
redisons-le sans nous lasser, ce ne sont pas tant
les paroles prononcées, les signes
extérieurs du deuil, les larmes, que le fait
de quitter son mauvais chemin. À un acte, il
ne résiste pas, il ne résiste jamais.
Tout le travail de la conscience, toutes les
tristesses du coeur, c'est-à-dire toute
conviction et tout sentiment du
péché, doivent aboutir, en fin de
compte, à une résolution de la
volonté et à une attitude ferme et
décisive, d'une part vis-à-vis du
mal, de l'autre vis-à-vis de Dieu. Nous
insistons parce que le texte insiste, et parce que
c'est une chose essentielle et que souvent l'Ennemi
donne le change aux hommes à cet
égard. Il leur fait croire que les
émotions religieuses et les manifestations
extérieures et parfois publiques de la
componction suffisent. Ici, comme ailleurs, comme
partout, il faut absolument arriver à du
pratique.
Alors, « Dieu se repent du mal
qu'il avait résolu de faire ». Ce
qui vent dire tout simplement que Dieu retire sa
décision de frapper, qu'il retient son bras.
Remarquons que nous sommes ici en présence
d'une manière de parler fréquente
dans la Bible, mais qui est une figure de langage
et pas autre chose. Dieu a l'air de changer, mais
au fond il reste le même, car il est
immuable ; et c'est précisément
parce qu'il reste le même, à la fois
saint et miséricordieux, qu'il retire sa
sentence quand sa créature rentre dans
l'ordre. Ce qui change, en réalité,
c'est cette dernière, et bienheureuse
est-elle si elle change pour se tourner du bon
côté ! - Pour Ninive, la
grâce accordée fût un
répit de 150 ans. Après quoi,
retournée à ses anciens errements,
elle dut subir le jugement de destruction
prononcé contre elle par l'Éternel.
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