Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE PROPHÈTE JONAS

CHAPITRE IV
Déçu et mécontent.

Quel retentissement cette résolution de l'Éternel d'épargner la grande cité va-t-elle avoir dans l'âme de son serviteur ? Va-t-il se réjouir profondément et bénir le Dieu d'amour de ce qu'il a t'ait grâce ? de ce que sa prédication, à lui Jonas, a amené un tel résultat, et de ce qu'il a été, en même temps qu'un prédicateur de la justice rigoureuse du Dieu trois fois saint, un moyen de conversion, de pardon et de délivrance ? C'est bien là ce qui devrait être, ce que nous serions en droit d'attendre d'un homme dont la chair, avec ses passions et ses convoitises, a été crucifiée, mais ce n'est point ce qui s'offre à nous. Dans la vie de tous les enfants de Dieu, entre ce qui doit exister et ce qui s'y trouve en réalité, la distance est parfois bien grande et le contraste bien profond et bien douloureux. Jonas est mécontent, irrité, découragé. Comme Elie après une victoire dont les suites ont été autres que celles qu'il attendait, il demande à quitter ce monde. Tout cela est bien humain, profondément humain, trop humain.
Les serviteurs de Dieu dans la Bible sont os de nos os, chair de notre chair. Ils sont tout près de nous, par conséquent, et leurs sentiments, leurs impressions, leurs expériences sont pour nous de la plus grande utilité. Jeter le manche après la cognée, en avoir assez, se plaindre amèrement et préférer mourir, parce que le Seigneur du ciel et de la terre à mis son programme à la place du nôtre et a arrangé les choses à sa façon au lieu de prendre conseil de notre sagesse et de nos désirs, n'est-ce pas là quelque chose d'éminemment moderne, de toujours actuel ? N'est-ce pas notre manière d'être habituelle, et ne pouvons-nous pas juger par là, comme Jonas put et dut le faire, de ce qui reste encore de personnel et de charnel tout au fond de nos coeurs et de notre service ?

Nous nous imaginons parfois avoir totalement abdiqué entre les mains de notre divin Maître et lui avoir tout remis. Vienne une circonstance qui déjoue notre secrète attente, et nous voilà abattus, renversés, voilà que tout est remis en question pour nous ! Le but principal de l'éducation de notre Père céleste à notre égard est précisément de nous faire toucher du doigt le fond même de notre nature, et nous n'y arrivons que bien lentement et à travers beaucoup de tribulations. Misérables que nous sommes ! Qui nous délivrera complètement et pour toujours de ce moi qui, bien que crucifié virtuellement et en gros, renaît si souvent et se manifeste d'une manière si fâcheuse pour nous et pour la gloire de Celui que nous faisons profession de servir ? Un seul peut le faire et le fera, le grand Vainqueur ! « Grâces soient rendues à Dieu qui nous a donné la victoire par Jésus-Christ, notre Seigneur. »

Jonas est doublement froissé :

Dans son orgueilleux et exclusif patriotisme juif. Qui sait s'il n'avait pas délivré son message avec d'autant plus de force et de conviction qu'il s'agissait de la ruine d'une nation païenne, riche et prospère, étrangère aux privilèges du peuple élu et, à son regard prévenu, exclue à tout jamais de ces privilèges ? Et voici que l'Éternel retire sa condamnation, qu'il pardonne, pour un temps, du moins ; voici qu'il admet, sinon dans son alliance, du moins dans sa bienveillance et dans sa faveur cette nation idolâtre et rebelle. Il n'y comprend plus rien ; toute sa conception du plan de Dieu et de Dieu lui-même, toute sa théologie, en un mot, s'obscurcit. Que de théologiens modernes errent dans les ténèbres, tâtonnant à l'aventure et de leurs mains débiles et mal assurées l'espace infini qui s'ouvre devant eux, et cela pour des raisons toutes semblables ! Ils ont pensé que Dieu devrait ou aurait dû agir de telle ou telle façon, qui est la leur, qu'est le fruit de leur sagesse, à la fois terrestre, charnelle et diabolique ! Oh ! que la théologie et les théologiens reviennent « à la loi et au témoignage » et se remettent humblement à l'école de Dieu au lieu de prétendre mettre Dieu à leur école, et nous verrons la lumière céleste éclairer de nouveau la plupart des profondeurs prétendues insondables !

2° C'est aussi et surtout l'amour-propre personnel de Jonas qui est froissé. L'Éternel vient de donner un flagrant démenti à son message. Pour qui va-t-il passer aux yeux des Ninivites ? Il va devenir pour eux un objet de risée ; ils vont le couvrir de leurs sarcasmes ; ou bien, ce qui est pire encore, l'aborder avec un sourire de pitié et de triomphe sur lui ! C'est là une humiliation impossible à accepter. Tout son être proteste et s'indigne et il en arrive à des paroles qui frisent le blasphème. Il reproche à Dieu sa miséricorde, cette miséricorde dont tout récemment encore il était si heureux et si reconnaissant de profiter. Quelle injustice et quelle folie ! Toutefois, que celui d'entre nous qui se sent indemne lui jette la pierre ! Que celui ou celle que l'amour de soi, mordu et entamé par les dispensations, souvent mystérieuses, de la providence divine, n'a pas rendu malheureux et plaignant, le condamne comme un être d'exception, comme une sorte de monstre ! Ce ne sera pas nous, car alors nous prononcerions sur nous-mêmes. Jouir pour son propre compte et sans se lasser des compassions infinies et inépuisables du Seigneur, et s'étonner ou s'attrister de ce qu'il les dispense si libéralement à d'autres que nous en croyons indignes, qu'en pensez-vous ? Sommes-nous tout à fait étrangers à un tel sentiment ? Je ne le pense pas. Comme notre égoïsme est habile à trouver des ruses et des prétextes !

Une chose plus surprenante encore que l'irritation de Jonas, c'est la longanimité et la mansuétude de l'Éternel qui s'exercent en sa faveur au moment même où il vient de les lui reprocher. Quelle infinie bonté dans cette simple question deux fois répétée : « Fais-tu bien de t'irriter ? » Et en même temps, quelle tristesse ne respire-t-elle pas ? Le Seigneur, lui, a vraiment le droit de se plaindre et de s'affliger, et il le fait de telle sorte que la conscience du coupable soit vivement touchée. Il semble qu'on entend la voix de Jéhovah dans le jardin d'Eden : « Où es-tu Adam ? As-tu mangé de l'arbre dont je l'avais défendu de manger ? » Si Jonas a été déçu dans son attente, et cela parce qu'il n'est pas entré dans la pensée de Celui auquel il appartenait et en la présence duquel il n'aurait pas dû cesser de se tenir ; si, par conséquent, c'est par sa faute uniquement qu'il a été déçu ; l'Éternel, de son côté, a été trompé une seconde fois dans ce qu'il pouvait légitimement attendre du prophète après la mort et la résurrection par lesquelles il l'avait fait passer.

Jonas, en sortant du grand poisson, n'en avait-il pas fini pour toujours avec sa volonté propre ? Eh bien non ! le vieil homme reparaît plus égoïste et plus agressif que jamais, semble-t-il. Et malgré cela, Dieu se montre plein de compassion, attentif aux souffrances, aux fatigues et aux besoins de son serviteur, aux détails de ses sentiments et de sa situation. Il se rend parfaitement compte de son état d'âme. Jonas s'est laissé surprendre par l'Ennemi. Il y a en lui de la mauvaise humeur, de l'amertume. Les tendresses divines ne paraissent pas l'émouvoir.
Le kikajon (1) le réjouit pour quelques heures, mais d'une manière toute charnelle. De même qu'il n'aurait pas voulu que l'Éternel lui donnât un démenti vis-à-vis des Ninivites, de même aussi il refuse obstinément de se donner un démenti à lui-même en s'humiliant de nouveau comme il l'avait fait précédemment. Il s'entête, mais Dieu sait très bien qu'au fond Jonas est meilleur qu'à l'apparence, que son attitude et son langage dépassent en réalité sa pensée et ses sentiments vrais ; que c'est parce que sa conscience l'accuse qu'il montre tant de raideur. S'il était aussi sûr d'avoir raison qu'il veut bien le dire, il ne se montrerait pas aussi passionné et aussi insolent.
Ce qui montre le fond même de son âme, c'est le fait qu'il a écrit cette confession, qui nous laisse sous l'impression très nette que Dieu a le dernier mot, parce qu'il est resté en fin de compte le Maître de Jonas et que le prophète n'avait plus rien à répliquer. Et le fait que Dieu condescend à justifier sa ligne de conduite, à argumenter avec son serviteur montre bien qu'il ne considère pas son cas comme désespéré. « Si ton coeur s'émeut, lui dit-il, de la mort d'une plante fragile, dans l'existence et dans la disparition de laquelle tu n'es pour rien, mon coeur à moi ne sera-t-il pas infiniment plus touché par la situation d'une cité colossale, dont les innombrables habitants sont mes créatures immortelles, et où les innocents se trouvaient déjà en grand nombre, malgré sa corruption, avant qu'elle prît le sac et la cendre ? »

Les innocents, ce sont ces cent vingt mille hommes qui ne savent pas distinguer leur droite de leur gauche, de tout jeunes enfants, selon les apparences les plus plausibles.

Toutes ces choses ont été écrites pour nous servir d'instruction et d'avertissement. Ne pensons pas, nous qui faisons profession d'avoir été engendrés à la vie nouvelle, que nous en ayons pour toujours fini avec la vieille nature pécheresse et que plus jamais il ne se produira aucun retour offensif de son influence. Gare aux surprises ! « Que celui qui se croit debout prenne garde qu'il ne tombe ! » - « Veillons et prions, car l'esprit est bien disposé, mais la chair est faible. » Bénissons le Seigneur pour son pardon et son support envers nous qui les méritons si peu ! Mais n'abusons pas de cette bonté. Ne disons pas, ne pensons pas que la grâce nous autorise en quelque sorte dans nos mécontentements, dans nos murmures et dans nos révoltes.
Si, dans son amour, le Seigneur fait croître un kikajon pour abriter et rafraîchir nos coeurs brûlés par les ardeurs de l'épreuve, ne mettons pas nos coeurs dans le kikajon, mais dans Celui qui nous le donne et qui peut nous le retirer quand bon lui semblera :

Laisse agir la Toute-Sagesse
En ton Sauveur assure-toi.
S'il semble oublier ta détresse
Il ne veut qu'éprouver ta foi.
Attends, demeure-lui fidèle,
Sache souffrir sans murmurer ;
Car déjà sa main paternelle
Est là qui va te délivrer.

Et ne veuille pas la gouverner, cette main, au gré de ta fantaisie d'un moment. Enfin, écoute en silence les questions qu'il pose à ta conscience, ne réplique pas sans cesse à ses arguments, laisse-le se justifier devant toi et laisse-lui le dernier mot. À lui la gloire, à toi la confusion de face ! Car Il s'est toujours montré fidèle, et toi, tu ne l'as pas été.


CONCLUSION

Voici un livre biblique qui, au premier abord et pour un regard superficiel ou prévenu, parait aussi éloigné que possible de nos circonstances et de nos préoccupations. Tout y est extraordinaire dans les faits, tout y renverse les notions scientifiques, philosophiques ou théologiques qui prévalent aujourd'hui. Si bien qu'il est traité par beaucoup avec un grand dédain. Et cependant tout y est d'une intensité, d'une réalité de vie, d'une vérité psychologique et religieuse qui confondent tous nos partis pris et tout notre esprit critique. Il y a là une richesse de vues fécondes, une plénitude d'expériences utiles, d'enseignements pratiques qui nous obligent à nous écrier : Cet écrit est à la fois humain et divin au plus haut degré. Nous nous inclinons avec respect et reconnaissance devant cette oeuvre et devant Celui de qui nous la tenons. Ainsi en est-il, à des degrés divers, de toute la Bible, incompréhensible, énigmatique, pour l'homme charnel, pleine de problèmes insolubles pour le chrétien qui l'étudie avec sa seule intelligence ; mais lumineuse, riche, vivante et vivifiante pour l'homme qui a faim et soif de justice, de vérité, de salut et de sanctification. C'est pour cela que, sans accepter aucune théorie tendant à rendre compte du mode de son inspiration, mais croyant fermement qu'elle est inspirée, nous ne voudrions en retrancher ni une ligne ni un mot. Ce serait, à nos yeux une véritable amputation, une opération chirurgicale qui pourrait porter préjudice à tout l'organisme.

La clef des Écritures, c'est l'Esprit qui leur à donné naissance et qui est accordé à quiconque a résolu de sortir de sa vie propre pour vivre la vie de Dieu. Emparons-nous de la clef, et le trésor est à nous tout entier !


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A


1 Plante à peu près impossible à déterminer. On traduit souvent par ricin, mais en vertu d'une simple supposition.

 

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