Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE PROPHÈTE JONAS

CHAPITRE PREMIER
Un prophète en rupture de vocation.

Entrons maintenant dans l'étude quelque peu détaillée du texte. Ce chapitre premier nous met en présence : 1° d'un appel de Dieu ; 2° de la réponse qui y fut donnée et 3° des conséquences de cette réponse.

I. L'appel d'abord.
Comment se produisit-il ? Que signifie au juste cette expression : « la parole de l'Éternel fût adressée à Jonas » ? Fut-ce par le moyen d'un songe, ou d'une apparition, une théophanie ou une vision, comme on dit en langage théologique ? Fut-ce plutôt par la voix intérieure et cachée de l'Esprit ? Nous l'ignorons, et nul ne peut le dire. Nous l'ignorons également pour beaucoup d'autres serviteurs de Dieu de l'ancienne ou de la nouvelle alliance. Le mode de communication nous échappe le plus souvent. Qu'importe, après tout, qu'un mystère impénétrable plane sur la méthode dont Dieu a usé autrefois pour inculquer à ses messagers sa pensée et sa volonté ? L'essentiel, c'est le fait même et le contenu de la communication, et à cet égard, il ne peut subsister aucun doute, car les choses communiquées, données, sont des choses que « l'oeil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues, et qui ne sont point montées au coeur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment » (I Cor. II, 9), or « Dieu nous les a révélées par son Esprit. Car l'Esprit scrute toutes choses, même les profondeurs de Dieu ».
Ces choses ne sont donc pas, comme d'aucuns voudraient nous le faire croire, le fruit de l'expérience religieuse de Juifs pieux et patriotes ; elles ne viennent pas d'en bas, mais d'en haut ; de la terre, mais du ciel. Ce n'est pas l'homme qui s'élance vers Dieu et découvre Dieu, mais c'est Dieu qui descend, s'approche et se fait connaître tel qu'il est. Si le comment nous échappe, rien là d'étonnant. Il existe dans le monde religieux comme d'ailleurs aussi dans le monde scientifique, des faits constatés, décrits et certains. L'explication de ces faits peut varier, ou ils peuvent être restés jusqu'ici sans explication satisfaisante. Ils n'en sont pas moins des faits devant lesquels nous avons à nous incliner et dont nous avons à tenir compte.

Jonas, puisqu'il était prophète, avait déjà entendu un appel initial à se vouer au service de Dieu. Il y avait répondu nettement et sincèrement, puisque son maître veut l'employer pour une mission importante et difficile. Le premier appel devait être suivi d'une quantité d'autres, particuliers, en vue du travail spécial, et en quelque sorte quotidien, que requéraient les circonstances et les desseins de Dieu. Ainsi en est-il encore aujourd'hui pour nous : Nous avons entendu l'appel du Seigneur à nous tourner vers lui et à nous donner à lui : « Va-t-en aujourd'hui travailler dans ma vigne ». Nous y avons répondu, je l'espère du moins. Mais, dans la vigne, il y a des moments et des travaux fort différents. Au matin, le Maître nous dit : Va labourer. Plus tard, il nous envoie tailler ou épamprer. À d'autres moments, il s'agit de sarcler. Vient ensuite l'heure de recueillir les fruits. Il y a des besognes dures, ingrates et fatigantes ; il en est de faciles et agréables. Il faut qu'elles soient toutes accomplies, et que, nous reportant sans cesse à notre dérision première, nous soyons prêts à répondre à toute invitation de Celui auquel nous faisons profession d'appartenir sans réserve.

L'ordre que reçoit Jonas est bref, positif et précis. Il ne comporte aucune hésitation sur la nature de l'oeuvre à accomplir et aucun doute sur la volonté expresse de Celui qui l'ordonne. C'est là un précieux privilège, dont le prophète aurait dû se montrer reconnaissant. Il n'en est pas toujours ainsi, en effet. Dieu, dans le but de nous mettre à l'épreuve, de nous faire chercher, prier, sonder et approfondir sa pensée et ses plans, laisse parfois planer sur ses directions une certaine obscurité et une certaine incertitude. Comme il connaissait Jonas, il use de condescendance envers lui et lui ôte ainsi tout prétexte à se dérober. Il s'agissait d'ailleurs d'accomplir une chose à laquelle nul prophète n'aurait jamais songé : se rendre dans une cité, toute païenne et corrompue, et crier contre elle, lui dire que sa méchanceté, comme jadis celle de Sodome, était parvenue à son comble ; et que, montée jusque devant la face de l'Éternel, et faisant appel à sa justice, elle ne tarderait pas à recevoir son terrible salaire. Il s'agissait, avec la charrue d'une prédication d'une hardiesse inouïe, de labourer profondément ce sol durci et plein de ronces et d'épines. Labeur peu attrayant et, au premier abord, peu réjouissant. C'est ce que le coeur de Jonas lui fait bien vite comprendre. De là sa réponse.

II. Cette réponse est muette.
Le serviteur ne discute pas avec son Maître. Il ne lui donne aucun motif de refus. Et cependant il refuse d'obéir. Il prend la route opposée à celle qui lui a été prescrite. Il s'enfuit lâchement vers l'Occident, prenant le premier vaisseau qui s'offre à lui, pressé qu'il était par sa volonté rebelle d'aller au plus vite où que ce soit, pourvu que cela l'éloignât du but assigné. Plus tard, nous le voyons au chapitre quatrième, dans un mouvement de mauvaise humeur il donne à l'Éternel la vraie raison de sa fuite : « Je savais que tu es un Dieu miséricordieux et abondant en grâce, et que tu le repens du mal » (sous-entendu : que tu as résolu de faire). Je ne voulais pas m'exposer à ce que ma prédication de prophète de malheur reçut un flagrant démenti de ta part à la face d'un peuple tout entier. En d'autres termes, c'est son amour-propre et son orgueil de Juif et de simple particulier (nous reviendrons sur ce point) qui l'ont poussé à la désobéissance ; et cette miséricorde divine, dont il a été et dont il restera l'objet, il en fait un grief à son auteur. Il la veut bien pour lui, mais elle lui porte ombrage quand elle s'applique aux autres ! Comme c'est bien là un trait pris sur le vif de notre pauvre coeur humain ! Périsse toute une ville ou tout un peuple, pourvu que l'événement me donne raison dans mes prévisions et dans mes menaces, c'est tout ce qu'il me faut !

On peut donc, remarquons-le, refuser d'obéir sans prononcer une seule parole, dire non par sa seule attitude et par ses seuls actes. Serviteur du Roi des Rois, on n'oserait pas contester avec un tel Maître et blâmer ouvertement les ordres reçus ; mais on n'hésite pas à faire sa propre volonté et à marcher selon l'impulsion de son coeur charnel. Que celui qui se sent indemne juge sévèrement Jonas ? Ce ne sera pas l'auteur de cette étude !

Le prophète en rupture de vocation s'imagine naïvement qu'en voguant dans la direction de Tarsis, il s'éloigne de la face, c'est-à-dire de la présence de Jéhovah. Moralement, oui, il s'éloigne et se sépare de son Dieu, mais son Dieu le suit et ne le quitte ni d'une seconde, ni d'un pas. Il est toujours là, tout près, veillant sur le rebelle, et lui préparant les expériences douloureuses, amères, qui le ramèneront à Lui. Ainsi, nous aussi, nous nous écartons de Dieu en suivant avec ou sans paroles, notre propre chemin, mais il ne nous abandonne pas à nous-mêmes. Sa Providence veille sur nous et ourdit la trame des circonstances qui nous feront rentrer en nous-mêmes et nous ramèneront à ses pieds, brisés et soumis.

III. Les conséquences de la rébellion.
Il fallait à Jonas ni plus ni moins qu'une tempête déchaînée par Celui qui fait des vents ses serviteurs et des flammes de feu ses ministres, tempête dans laquelle sombrent son orgueil. et sa volonté propre. Tandis que les marins crient chacun à leur dieu, lui, devenu étranger au sien, dort profondément. Première humiliation, lorsque viendra le réveil.

L'équipage se rend compte que cet événement inattendu, peut-être tout à fait extraordinaire et anormal pour la saison où l'on était, pourrait bien être un châtiment, tandis que lui demeure inerte et muet. Il importe de souligner à ce propos que chez les païens les plus enracinés dans leur idolâtrie on rencontre souvent des mouvements de conscience et des éclairs de vérité et de sincérité bien propres à rabaisser nos prétentions de gens à la tête de toutes les lumières. Elle se tourne souvent contre nous cette parole de Jésus aux pharisiens - « Les péagers et les gens de mauvaise vie vous devancent dans le royaume de Dieu. »

Jonas ne se réveille complètement de sa torpeur physique et spirituelle que lorsque le sort le désigne, à la grande stupéfaction de tous, mais non à la sienne, comme le coupable. Nous voyons par là que Dieu peut se servir du sort pour donner des indications. Nous savons aussi qu'il peut s'en passer, et qu'il s'en passe le plus souvent. En user en dehors de cas tout à fait exceptionnels, nous paraît dangereux. C'est souvent tenter Dieu pour lui faire dire, en quelque sorte malgré lui, ce qu'il a résolu de ne pas dire. En cela, comme en toutes choses, il faut être guidé et gardé par le Saint-Esprit. Ce moyen de consulter la divinité se comprend mieux chez les compagnons de Jonas que nous ne l'admettrions chez Jonas lui-même. Tout dépend de la nature et du degré de lumière intérieure que l'on possède.

Secoué et réprimandé par le capitaine : Que fais-tu dormeur ? lève-toi. (Quel sujet d'exhortation et d'appel pour la chrétienté d'aujourd'hui !) pressé de questions, il est appelé à confesser, en même temps que son Dieu, créateur, et par conséquent souverain Maître des éléments, ce qu'il aurait dû faire spontanément depuis bien des heures, sa désobéissance et l'état d'interdit dans lequel il se trouve vis-à-vis de Celui auquel il était sensé appartenir corps et âme. Seconde humiliation, plus profonde que la première. - Enfin, consulté sur ce qu'il y a à faire pour que la mer, qui redouble de fureur, s'apaise, il déclare que pour que le navire soit sauvé, lui doit être rejeté. Il devient donc son propre juge et est appelé à prononcer sa propre sentence motivée « car je sais que c'est à cause de moi que cette grande tempête est venue sur vous. » Troisième humiliation, plus volontaire, et aussi plus complète, que les deux autres. Elle en est le couronnement.

Quel avertissement pour nous dans cette parole du prophète ! Un seul homme de Dieu, infidèle à son mandat, peut devenir la cause de grands malheurs atteignant ceux au milieu desquels il vit. « Aucun de nous ne vit pour soi-même. » Tout ce que nous sommes, tout ce que nous faisons et disons, influe sur ceux qui nous entourent. Une solidarité étroite nous unit à eux, et à l'humanité tout entière, qui se ressent nécessairement de notre attitude et de notre conduite. Insensé celui qui dit : si j'agis ainsi, cela ne regarde que moi. Cela regarde tout le monde, et tout particulièrement ceux qui nous touchent de plus près. Quelle portée et quelle valeur cela ne donne-t-il pas à toutes nos résolutions, à toutes nos démarches et à toutes nos actions ! Et quelle sérieuse responsabilité ce fait ne crée-t-il pas pour nous ! Pensons-y ! Nous sommes malédiction ou bénédiction suivant que nous sommes dans la voie de la désobéissance à Dieu ou dans celle de la soumission.

Elle est bien touchante la confiance que témoigne l'équipage à ce rebelle, en le consultant comme il le fait. Cela montre bien qu'il restait en lui des traces visibles de son contact avec Dieu. C'est pour cela aussi qu'après tous les efforts humainement possibles, mais vains, on lui obéit en exécutant sur lui la sentence qu'il vient de prononcer. Toutefois ces pauvres gens, dont le coeur est à la bonne place, se justifient en quelque sorte de l'acte qu'ils vont accomplir comme d'une nécessité qui leur est imposée par le Dieu de Jonas lui-même. Il faut obéir, quoi qu'il leur en coûte, et ils obéissent, en implorant la grâce de l'Éternel. sur cet acte nécessaire. - « Et la fureur de la mer s'apaisa ». C'était donc bien le remède qu'il fallait à la situation. Il fallait, en effet, que la désobéissance de l'homme de Dieu, reçut son salaire, et le reçut d'une manière éclatante et publique. Ce fut pour tous, équipage et passagers, une prédication puissante et inoubliable de la sainteté et de la justice du Dieu d'Israël. Ils apprirent ainsi qu'on ne se joue pas de ce Dieu. Et cela était d'autant plus nécessaire qu'il s'agissait d'un de ses représentants attitrés. Le jugement de Dieu doit commencer par sa propre maison, par les siens, par son peuple, vis-à-vis desquels il doit se montrer plus sévère que vis-à-vis du monde, à cause même des grâces et des privilèges qu'ils ont reçus, et auxquels il ne veut et ne doit rien laisser passer, soit dans leur propre intérêt spirituel et éternel, soit dans celui du monde, qui les considère de près et juge du Maître par les serviteurs.

Un homme jeté par-dessus bord, un homme à la mer, pour sauver le vaisseau et tous ceux qu'il porte ! Ne voyez-vous pas dans ce fait un rapprochement qui s'impose à l'attention ? Bien des siècles plus tard, un homme aussi a été jeté dehors, englouti au plus profond de l'abîme de la colère de Dieu, pour arracher à la mort et à la perdition éternelle ce navire qui s'appelle la terre et ses passagers qui s'appellent les hommes. « Vous n'y entendez rien, dit Caïphe au Sanhédrin, et vous ne considérez pas qu'il nous importe qu'un seul homme meure pour le peuple et que toute la nation ne périsse pas ». Or, ajoute l'Évangéliste, il ne dit pas cela de son propre mouvement, mais étant souverain sacrificateur cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation. Jonas, lui aussi, prophétise en acte qu'il faut qu'un seul meure pour que tous échappent à la ruine. Nous n'oublions pas toutefois, qu'une différence essentielle sépare Jésus de Jonas : Jésus était le Saint fait péché pour nous et se sacrifiant volontairement pour les coupables, et Jonas était un serviteur coupable subissant un châtiment mérité.

Plus tard, nous assistons, dans le livre des Actes, à un autre naufrage. Parmi les passagers se trouvait aussi un serviteur de Dieu, celui-là allant où Dieu l'envoyait pour délivrer le message que son Dieu lui avait confié. C'est grâce à lui que tous ses compagnons de voyage furent sauvés. « Un ange du Dieu à qui je suis et que je sers m'est apparu cette nuit et m'a dit : Paul, ne crains point... Dieu t'a donné tous ceux qui naviguent avec toi ». Ici, le sauveur de ses compagnons reste vivant et les sauve par sa présence et son intercession. Les deux images se complètent et embrassent le salut tout entier tel qu'il fut réalisé par Christ.

Une impression profonde demeure de ce chapitre du livre de Jonas : Toute désobéissance, toute infidélité, est un obstacle radical au témoignage du serviteur, de la servante du Seigneur, du vôtre, du mien. Il faut que sans tarder le mal soit reconnu, confessé et répudié ; il faut que l'interdit disparaisse au plus vite, que la relation entre le serviteur et son Maître puisse ne plus rencontrer d'empêchement. Mais pour cela il faut que le serviteur soit jeté à la mer et descende dans les profondeurs où l'on crie au Seigneur. C'est ce que nous allons voir au chapitre suivant.


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