Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



LE PROPHÈTE JONAS

AUX LECTEURS

Cette étude, préparée en vue des cours bibliques de Morges de cette année, y a été accueillie avec beaucoup d'empressement et de reconnaissance. Encouragé de divers côtés et diverses façons, l'auteur la publie en demandant à Dieu de l'accompagner de sa bénédiction.

Octobre 1911. 

INTRODUCTION

Ce que je me propose avant tout dans ces leçons, c'est d'étudier avec vous, chers lecteurs, la personnalité de ce prophète, soit au point de vue psychologique, soit au point de vue religieux, pour en tirer, comme cela doit toujours se faire dans des études bibliques telles que les nôtres, et comme cela est conforme au but constamment poursuivi par l'Écriture elle-même, des applications pratiques à notre temps, à nos circonstances et à nos besoins.

Ce travail vise d'une manière toute particulière les serviteurs de Dieu, c'est-à-dire ceux de ses enfants qui lui sont consacrés d'une manière toute particulière et complète, puisque Jonas était l'un d'entre eux. Il l'était en qualité de prophète. Nous le voyons dans 2 Rois, XIV ; 25, qui est d'ailleurs le seul passage qui nous le fasse connaître, indépendamment du livre que nous étudions. Nous y lisons que Jéroboam II, roi d'Israël (810 à 769 av. J. C.) rétablit les frontières d'Israël depuis l'entrée de Hamath, jusqu'à la mer de la plaine, selon la parole que l'Éternel, le Dieu d'Israël avait prononcée par son serviteur Jonas, fils d'Amittaï, qui était de Gath-Epher. Cette localité se trouvait dans la tribu de Zabulon.
Dans le livre qui porte le nom de Jonas, et qui est l'objet de notre étude, c'est bien le même personnage qui nous est présenté ch. I, v. 1. Il était prophète ; cela veut dire qu'il parlait, non en son nom personnel, ni de sa propre autorité, mais au nom de l'Éternel, comme son messager et son porte-voix ; cela veut dire aussi qu'il était un prédicateur de la justice, un dénonciateur énergique du péché, un annonciateur du châtiment de Dieu sur les coupables, un réveilleur de consciences, en un mot. Et c'est bien le rôle qu'il est appelé à jouer dans les pages que nous avons sous les yeux. Les prophètes devaient aussi proclamer le pardon, la délivrance et le salut, prochains ou lointains, accordés à tous ceux qui se repentiraient et s'humilieraient sincèrement. Jonas paraît l'avoir compris et s'y être refusé, prétextant sans doute qu'il s'agissait dans le cas qui lui était dévolu, de gentils, de païens, soumis à la justice de Dieu dans toute sa rigueur, mais indignes à tout jamais de ses compassions et de sa grâce. C'est là précisément la raison pour laquelle il s'est enfui à Tarsis ; c'est aussi pour cela qu'il fuit si mécontent lorsque Dieu pardonna à la ville. « N'est-ce pas là ce que je disais quand j'étais encore dans mon pays. C'est pourquoi je voulais prévenir la chose en m'enfuyant à Tarsis. Car je savais que tu es un Dieu miséricordieux, etc. ». Ces paroles mettent à nu ses véritables sentiments et les mobiles secrets de sa conduite.

Qui est l'auteur du livre de Jonas ? Il n'est nommé nulle part en cette qualité. Comme dans tous les cas analogues que présente la Bible, toutes les suppositions sont permises et aucune ne peut revêtir le caractère de la certitude absolue. Pour ma part, je n'hésite pas à penser que c'est Jonas lui-même et que nous nous trouvons ici en présence d'une sorte de confession faite à la troisième personne. L'objection à cette hypothèse, ainsi formulée : « On comprendrait difficilement, si Jonas était l'auteur du livre, qu'il n'y eut pas, en terminant, quelques expressions de repentir à la suite de ses réponses presque insolentes à l'Éternel » cette objection, dis-je, ne me paraît pas probante, d'abord parce que le récit, fait à la troisième personne, et très objectif, comme on dit aujourd'hui, ne comportait guère des effusions, et surtout parce que l'ensemble de la narration laisse largement l'impression que Jonas a tort et que l'Éternel a raison contre lui. La manière de présenter les sujets est souvent plus impressive que les explications en paroles expresses, et cette manière est presque toujours celle de la Bible, et en particulier celle des Évangiles. Elle suggère les sentiments plus qu'elle ne les exprime.

Voici une autre considération qui milite fortement en faveur de notre point de vue sur l'auteur : les pensées, les sentiments intimes, les paroles et les actes du héros sont décrits avec une sincérité et une exactitude étonnantes. Ce caractère, cette âme, sont si naturels, si vrais, si vivants que tout lecteur quelque peu attentif du livre en est saisi. Nous ne sommes point ici en présence d'une psychologie artificielle et factice, d'un fruit de l'imagination destiné à justifier et à illustrer un point de vue, une théorie, une vérité importante, telle, par exemple, que la vocation des gentils ; en un mot, le livre de Jonas n'est point un roman à thèse. Malgré le miracle du grand poisson, qui a étonné et offusqué tant de commentateurs, nous voguons en pleine réalité. Pour employer un langage tout moderne, ce sont bien des « tranches de vie » qui nous sont présentées. Avec Rousseau parlant des Évangiles, nous dirons volontiers du petit livre de Jonas : « Ce n'est pas ainsi qu'on invente ». Un phénomène analogue se présente d'ailleurs dans toute la Bible et peut servir à la caractériser : des faits prodigieux, déconcertants pour la raison humaine et pour la critique rationaliste, d'une part, et, de l'autre, un accent si simple et si sincère, des individualités si réelles, parlant et agissant comme on est en droit de s'y attendre d'après leurs caractères, leurs idées, leur mentalité, et leurs circonstances, qu'on ne peut faire autrement que de s'écrier : Ils ont vécu !

Enfin, dernier argument : nous ne pouvons supposer, qu'un auteur anonyme, lui aussi serviteur de Dieu, si l'on en juge par la valeur spirituelle du livre, que nous nous efforcerons de faire ressortir dans cette étude, se serait plu à raconter les expériences à la fois humiliantes et douloureuses de Jonas. Nous aimons mieux croire que nous les devons à Jonas lui-même. Nul n'était mieux qualifié que lui pour nous les donner, afin qu'elles servent d'avertissement et d'instruction à ses successeurs dans le service du Maître divin.

Jésus a sanctionné la réalité du récit de Jonas dans des paroles qui vous sont familières depuis longtemps. Dans Luc XI, 30, le Seigneur dit que Jonas fut un signe, c'est-à-dire un miracle, pour les Ninivites. Dans Matthieu XII, 38-40, nous lisons : « Une race méchante et adultère demande un miracle, mais il ne lui en sera accordé aucun autre que celui du prophète Jonas. » Puis il cite précisément les deux faits essentiels et caractéristiques du livre : les trois jours et trois nuits dans le ventre du grand poisson et la conversion des Ninivites à la voix de Jonas. Aux yeux de quiconque a appris à peser la valeur des expressions, il n'y a pas à hésiter : Jésus considère ces faits, non comme de simples images, mais bien comme des vérités historiques connues et admises de tous ses auditeurs. Nous n'en voulons d'autre preuve, car celle-là suffit, que cette réflexion : « Les Ninivites s'élèveront au jour du jugement avec cette génération et la condamneront parce qu'ils se repentirent à la prédication de Jonas ; et voici, il y a ici plus que Jonas. »

Devant une telle autorité et devant une telle déclaration, nous nous inclinons. Si l'on nous dit que Jésus a tout simplement accepté les idées, voire les préjugés de son temps tels qu'ils existaient, sans les contrôler, nous répondrons qu'il ne l'a manifestement pas toujours fait, puisqu'il s'est élevé, à plus d'une reprise, contre les vues et les interprétations des pharisiens et des docteurs de la loi. Puis, nous demanderons à ceux qui parlent ainsi de nous dire enfin clairement et une bonne fois pour toutes, comment ils comprennent la personne de Jésus. Il y aurait un immense avantage pour l'Eglise de Jésus-Christ à ce que la théologie évangélique moderne dise sans ambages de quelle manière elle se représente l'auteur de notre salut, le Ressuscité, Celui que Paul appelle « Dieu manifesté en chair. » Il est grand temps que les malentendus et les équivoques cessent. Lorsqu'enfin le règne de l'équivoque aura pris fin, la théologie et le règne de Dieu, qui y tient de près, quoi qu'on en dise, auront fait un pas de géant. Ce qui manque le plus à l'heure actuelle dans le monde théologique c'est l'entière sincérité. Quant à nous, nous n'hésitons pas à croire que Celui qui, dans le passage même que nous venons de citer, prophétise sa mort et sa résurrection, possédait des lumières suffisantes pour savoir si l'histoire de Jonas était une fiction ou une réalité. Quand on a le pouvoir de lire dans l'avenir comme dans un livre ouvert, il nous semble qu'on possède aussi celui de lire dans le passé.

Quand un critique moderne vient nous dire, se mettant ainsi en contradiction flagrante avec Celui qu'il appelle son Sauveur et son Maître : « La conversion des Ninivites, qui est le trait capital du récit, est d'une invraisemblance décisive, » nous protestons. Il est vrai qu'un autre critique, moins moderne chronologiquement et autrement, le rédacteur de la Bible annotée, dit de son côté : « Le fait de l'envoi du prophète à Ninive est conforme à ce que nous savons des relations du peuple d'Israël avec l'Assyrie à ce moment-là. » Et il conclut ainsi ses investigations : « Nous ne pouvons nous empêcher d'admettre la réalité de l'histoire de Jonas, lors même que l'auteur du récit a pu, dans les détails, se servir très librement du thème que lui fournissait l'histoire (1). »

« Il nous paraît même beaucoup plus compréhensible que le tableau du caractère de Jonas ait été tracé comme un tableau pris sur le fait que de ce qu'il ait été arbitrairement inventé. » Nous souscrivons pleinement à ce jugement, sauf en ce qui regarde la liberté de l'auteur concernant les détails, qui nous paraissent être l'un des signes essentiels de la réalité de tout récit, de celui-ci en particulier.

Comme nous avons raison, n'est-il pas vrai, d'inviter les critiques à se mettre d'accord, avant de prétendre nous imposer les résultats auxquels ils sont parvenus comme des résultats acquis pour toujours ! Continuons à nous nourrir paisiblement de notre précieuse et sainte Bible, qui demeure, sans nous laisser arrêter et troubler par une science qui passe.


Table des matières


1 Ceci n'est qu'une simple hypothèse, impossible à vérifier, comme la plupart des hypothèses de la critique.

 

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