Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



CHRIST EN CHINE
LA VIE ET LE MESSAGE d'ANDRÉ GIH DE CHANGHAÏ


PREMIÈRE PARTIE

CHAPITRE V
SA PROMESSE EST VRAIE

 « Crois au Seigneur Jésus-Christ et tu seras sauvé, toi et ta maison. » Telle est la promesse du Seigneur pour le salut de toute la famille. Quand il a sauvé Noé, Il a sauvé tous les siens avec lui. Quand la ville de Sodome a été condamnée à une totale subversion, Il en a fait sortir Lot avec ses filles. Nous pouvons trouver bien des cas semblables dans toute la Bible. Quand Dieu veut atteindre une âme au sein d'une famille païenne, Sa méthode est parfaite. Il se sert ensuite de cette âme pour Se faire connaître par sa vie et par son témoignage, à tous ceux de sa propre maison. Dieu soit béni ! Ses promesses sont immuables et Il demeure fidèle. Non pas à cause de nous, indignes que nous sommes, mais à cause de Son grand amour, Il est fidèle et Il ne peut se renier Lui-même.

Après ma conversion, les premières conquêtes furent mes soeurs qui ne tardèrent pas à Lui ouvrir leur coeur. J'avais amené la cadette à l'École de la Mission où elle rencontra son Sauveur, tandis que l'aînée, elle aussi, vint à Christ et se mit à étudier la Bible à la maison, bien souvent jusque tard dans la nuit, tant cette Parole divine était précieuse à son coeur. Enfin, à notre grande joie à tous, ce fut notre chère maman qui, en réponse à nos prières, accepta le Seigneur Jésus comme son Sauveur.

Il ne restait plus que ma vieille grand'mère à sauver. Nous l'avons engagée vivement à mettre sa confiance dans le Seigneur Jésus, mais elle le refusa. C'est si difficile pour les Chinois d'âge mûr de renier toutes les superstitions qui ont influencé tout le cours de leur vie ! Ils croient que les âmes dans l'Au-delà ont besoin des choses de cette terre et leur offrent en sacrifice de l'argent, des chevaux, des coffrets, etc., le tout en papier qu'on fait brûler à leur intention. Le jour anniversaire de leur mort, on fait venir les prêtres bouddhistes pour faire des incantations et des cérémonies ayant pour but de les délivrer des tortures de l'enfer, et bien d'autres rites de ce genre. Aussi les vieillards ont-ils une certaine appréhension à l'idée d'abandonner ces pratiques pour la religion chrétienne qui ne tient aucun compte des morts et ne fait rien pour le salut de leur âme. Quelle garantie une telle religion lui apporterait-elle une fois qu'elle aurait quitté ce monde ? C'est pourquoi ma pauvre grand'mère résistait avec opiniâtreté à toutes nos supplications, donnant pour excuse : « Je suis trop vieille maintenant, c'est bon pour les jeunes de changer sa foi, moi je ne peux pas ! »

Lors d'une de nos tournées dans le sud de la Chine, le Seigneur a bien voulu bénir richement Sa Parole, de sorte que plus de mille personnes s'approchèrent de l'estrade pour se donner à Lui, implorant Son pardon et recevant Sa grâce toute-puissante. Dès que l'assurance du salut leur était accordée, leur visage s'illuminait d'une joie céleste tandis qu'ils rendaient leur témoignage devant tous à la louange et à la gloire de Dieu.
Je me souviens qu'en quittant une certaine ville pour nous rendre à la ville voisine, dix jeunes filles nouvellement converties voulurent nous y accompagner, ne craignant pas de marcher une vingtaine de kilomètres pour satisfaire leur soif intense de la Parole de Dieu. Il pleuvait à torrents et la route était glissante, mais peu importe, elles allaient de l'avant joyeusement, marchant pieds nus, tout en chantant les petits choeurs que nous venions de leur apprendre à la dernière réunion. L'une d'elles fit un faux pas et tomba de tout son long dans la boue, mais elle se releva bien vite, en disant « Dieu soit béni ! je ne me suis pas fait mal », et se remit à chanter de plus belle. Cet incident me fit une profonde impression, et je pensai alors à ma chère grand'mère. Le Seigneur se servait de moi pour sauver bien des pécheurs, et pourquoi pas elle ? Je me mis à crier à Dieu, le coeur étreint par un réel fardeau de prière pour cette précieuse âme, allant jusqu'à l'agonie. Les larmes coulant de mes yeux, je continuai à prier ainsi tout le long du chemin, jusqu'à ce que Dieu me rappela Sa précieuse promesse : « Crois au Seigneur Jésus-Christ et tu seras sauvé, toi et ta maison. » Et dans cette assurance je trouvai la consolation.

En rentrant de cette tournée je me rendis dans ma famille et trouvai ma pauvre grand'mère dans le même état, toujours aussi fermée et le coeur endurci. Mes prières avaient-elles donc été vaines ? Dieu ne répondrait-Il pas enfin en m'accordant la joie de la voir sauvée, selon Sa promesse ?

Peu de temps après, nous devions repartir pour le nord de la Chine. Nous y étions à peine depuis un mois lorsqu'un télégramme de Maman m'apprit que Grand'mère était bien malade et qu'il me fallait revenir sans tarder. Ce fut pour moi un terrible choc. « Grand'mère n'est pas encore sauvée, me dis-je, et qu'en sera-t-il de son âme si elle meurt avant mon retour ? » J'étais dans une grande angoisse et criai à Dieu tout le long du voyage, le suppliant de donner une évidence de sa conversion si vraiment l'heure du départ avait sonné pour elle. À mon arrivée, j'étais anxieux de savoir où elle en était, mais à mon grand soulagement, on me dit qu'elle allait un peu mieux. Je la trouvai assise sur son lit.
À ma grande stupéfaction, elle me dit tout tranquillement : « Tu sais, j'ai cru en Jésus-Christ. »
J'avais de la peine à croire à une si grande joie. Comment avait-elle pu recevoir enfin ce Sauveur qu'elle avait si longtemps rejeté ? À ma question, elle me répondit pour expliquer son changement d'attitude :
« Depuis que j'ai été malade, immobilisée sur ce lit pendant de longs jours, n'ayant rien à faire qu'à réfléchir, j'ai beaucoup pensé, et j'ai compris que la seule chose à faire pour moi, c'était de devenir chrétienne. »

Après avoir pris cette position de foi toute nouvelle pour elle, grâces à Dieu, elle demeura très ferme dans ses convictions. Elle dut faire face à la persécution. Même ses propres filles, mes tantes encore incrédules, vinrent la voir et se moquèrent d'elle. « Tu es si vieille, c'est absolument fou de ta part d'abandonner ainsi toutes tes espérances pour la vie à venir. Après ta mort, qui brûlera des vêtements pour toi ? Qui invitera les prêtres bouddhistes à faire un service pour la rémission de tes péchés ? Tu n'auras plus ni sacrifices ni rien et tout ce que tu as préparé toi-même pour ta vie à venir sera perdu. » Mais, Dieu soit béni, Grand'mère a tenu ferme. Elle put écouter sans sourciller tout ce flot d'arguments, ayant mis sa confiance dans le Seigneur Jésus, prête à tout abandonner pour Celui qui l'avait rachetée à un si grand prix.
Comme elle semblait aller mieux, je décidai de retourner à mon travail, sachant que mes collaborateurs m'attendaient et ayant l'assurance que le Seigneur me voulait là-bas pour Son service.

Six semaines plus tard, rappelé encore par un autre télégramme, j'arrivai trop tard cette fois. Ma chère Mémé s'était endormie dans le Seigneur ! Elle avait désiré revoir son petit-fils, le premier chrétien qu'elle eut jamais connu, mais le Seigneur en a décidé autrement, et Il l'a prise avec Lui dans la Patrie céleste où bientôt, à Son retour en Gloire, nous nous retrouverons tous, non plus dans nos corps d'infirmité, mais dans la splendeur d'un corps glorifié rendu semblable au Sien. Oh ! quelle merveilleuse espérance est la nôtre ! Nous savons qu'Il vient bientôt et que nous Le verrons face à face et qu'en LUI nous reverrons aussi tous les bien-aimés qui nous ont devancés. Avant son départ, ma grand'mère a eu comme une vision qui l'a transportée. Elle raconta qu'elle voyait quatre jeunes gens qui arrivaient et pria ma mère de préparer des lits pour les loger. Quand Maman lui demanda ce qu'ils venaient faire ici, elle lui répondit : « Oh ! ils vont m'emmener demain matin à Béthel pour étudier la Bible ! » Elle qui était illettrée et n'avait jamais rêvé de prendre un livre en main, c'était bien étrange qu'elle eût à cette heure suprême une pareille idée ! Mais « Béthel » signifie la « Maison de Dieu », c'est la Porte du Ciel (comme dit Jacob après son rêve). Et en effet, elle devait dès le lendemain en franchir le seuil lumineux et se trouver dans la Demeure du Très-Haut pour l'éternité. Oui, Dieu est fidèle et Sa promesse est sûre, nous en avons vu l'accomplissement.



CHAPITRE VI
DIEU ENVOIE LE RÉVEIL

 Le Seigneur Jésus est venu pour nous apporter la Vie, et la vie avec abondance. Après ma consécration ; Il me fit croître en grâce et en connaissance, étant toujours de plus en plus affamé de Sa Sainte Parole. Bien souvent je m'attardais à lire un livre après l'autre, découvrant alors une vérité nouvelle ici ou là, ce qui me donnait une immense joie.
Peu de temps après, un serviteur de Dieu, Seth Rees, vint à Changhaï avec sa famille pour tenir des réunions de réveil, dont la première eut lieu dans la plus grande église méthodiste de la ville. Il y eut une foule nombreuse. Il prêcha sur Actes 1. 8 : « Mais vous recevrez de la puissance, le Saint-Esprit venant sur vous. » (Version Pau-Vevey.)

Je sentais vivement ce besoin de puissance dans le service. Oui certes, le Seigneur m'avait déjà donné des âmes comme salaire. Mon service n'avait pas été stérile, mais oh ! combien j'avais encore besoin de Lui, de Sa plénitude, de Sa vie en abondance le Quand l'appel retentit pour les âmes assoiffées de cette puissance, je m'approchai de l'estrade avec d'autres pour prier. Et Il m'a rencontré, béni soit Son Nom ! Je Lui ai tout simplement ouvert mon coeur au large pour permettre au Saint-Esprit d'inonder mon être tout entier jusque dans les recoins les plus intimes de mon âme. Alors le sentiment ineffable de Sa précieuse présence me fut donné comme tout à nouveau ; oui, mon Seigneur était venu à moi en réponse à la prière
Je n'ai eu ni transports extraordinaires, ni visions extatiques, ni n'ai parlé en langues à cette occasion. Mais j'ai eu la tranquille assurance que désormais ma vie tout entière Lui était livrée, esprit, âme et corps, sans réserve aucune.

Bien que les réunions dans cette église aient dû être interrompues, certains pasteurs y ayant mis des objections, je ne puis que bénir Dieu pour cette unique et inoubliable soirée qui devait porter son fruit pour tout le reste de ma carrière. J'avais trouvé une nouvelle joie, une nouvelle certitude de Sa présence, une source de puissance débordante.
J'étais encore jeune à cette époque et très limité dans ma connaissance des Écritures, et je ne m'attendais pas à devoir tenir de grandes réunions. Mon seul désir était d'apprendre à prêcher l'Évangile car la passion des âmes me consumait toujours plus. Quand je pouvais accompagner un pasteur dans sa tournée, je ne manquais pas de le faire, ne serait-ce que pour porter sa valise et l'aider au cours de son voyage, afin de l'écouter prêcher et d'apprendre moi-même à cette école.
Mais je découvris bientôt, au cours de ces tournées, que « ce n'est ni par force, ni par, puissance, mais PAR MON ESPRIT, dit l'Éternel". Dès notre arrivée à destination, les gens nous entourèrent avec joie, et voyant que nous étions deux, ils exigèrent que nous parlions tous les deux et inscrivirent mon nom au programme. Ce fut un choc pour moi, le jeune étudiant qui ne se croyait pas du tout capable de prêcher à un si grand auditoire, Mais comme ils insistèrent, je suppliai le Seigneur de m'aider à annoncer Sa Parole.

Béni soit Dieu, ce ne fut ni par force ni par puissance, mais bien par Son Esprit, et je vis des conversions à chacune de mes réunions, alors que la prédication du pasteur parut rester sans effet. À l'une des réunions, une profonde conviction de péché s'empara de l'auditoire tellement que l'un après l'autre se leva pour confesser ses fautes et demander les prières des frères. La bénédiction du Seigneur était là, bien des âmes furent sauvées, à la très grande joie du cher président dont le coeur débordait de reconnaissance. À la fin du service, il s'approcha et me dit : « Ce fut une réunion bénie. Maintenant voulez-vous prononcer la bénédiction ? » Je savais que je n'étais pas un pasteur attitré et n'avais donc pas le droit de faire cela, mais je terminai par la prière en demandant à Dieu de continuer à déverser Sa bénédiction sur Son peuple.

Telle fut ma première expérience dans une tournée d'évangélisation. C'est ainsi que j'appris à me confier entièrement dans le Saint-Esprit. J'étais encore bien inexpérimenté, et quand un appel nous parvint, demandant trois pasteurs pour la ville de Canton, j'espérais qu'on nous donnerait un prédicateur plus capable pour conduire la tournée. Mais aucun d'eux n'étant disponible, ce furent les trois novices qui partirent ensemble pour cette grande cité. Dans cette église nous avons vu vraiment la puissance du Saint-Esprit à l'oeuvre. Nous ne pouvons prêcher qu'un évangile tout simple, dans le langage courant à la portée de tous, mais la puissance de l'Esprit vint alors sur nous.

Malgré la difficulté de la diversité des dialectes, le message devant être interprété dans la langue courante de cette province, l'attention fut très soutenue. Quand je parlai de la nécessité pour les croyants de se charger de leur croix pour suivre le Crucifié, le Saint-Esprit fut répandu sur tout l'auditoire et, l'un après l'autre, ils se mirent à pleurer. Ils avaient reçu par l'Esprit la vision de la Croix du Seigneur Jésus.
Bientôt la congrégation tout entière était en larmes, y compris mon interprète, incapable de dire un mot de plus. Je cessai donc de prêcher et le service se changea en une immense réunion de prières. Tous tombèrent à genoux, courbés sous une puissante conviction de péché, pleurant et criant à Dieu pour le pardon, pour la purification par le précieux Sang de Jésus, puis pour le don du Saint-Esprit qui devait transformer leur vie.

C'est le Saint-Esprit qui seul peut convaincre un homme et l'amener à restituer ce qu'il doit. Le missionnaire nous raconta ensuite qu'il avait été occupé tous les jours suivants à recevoir les gens qui venaient confesser leurs infractions et lui demander pardon de leurs infidélités. Même sa fillette adoptive, âgée de quatre ans, fut atteinte par cette conviction de péché. Quand tout le monde fut sorti, elle vint à lui, les yeux pleins de larmes : « Oh ! Papa, pardonne-moi ! - Qu'est-ce qu'il y a, ma chérie ? - Tu m'avais défendu de prendre, des noisettes sur la table et j'en ai pris quand tu étais parti. Je ne pensais pas que c'était mal, mais le Saint-Esprit me l'a dit et je suis si triste, Papa, oh ! pardonne-moi ! » L'ayant prise dans ses bras, le fidèle berger l'assura de son plein pardon, puis lui fit comprendre la valeur du Sang de Jésus qui nous purifie de tout péché. Et l'enfant s'en alla en sautant de joie, dans l'assurance bénie de la réconciliation. C'est ainsi que le Saint-Esprit parlait à ce peuple, jeunes et vieux, savants et ignorants, les classes sociales les plus diverses étant atteintes sans distinction au cours des réunions.

LE RÉVEIL A SIENYOU

Voici ce qu'écrit W.-B. Cole au sujet du réveil dans l'une de nos nombreuses campagnes d'évangélisation :

« CHÈRE MISS HUGHES,
« Je sais que vous avez déjà été informée par nos frères de la merveilleuse bénédiction que Dieu s'est plu à déverser sur notre oeuvre ici. À Sienyou nous avions le dessein de former un Institut pour nos prédicateurs.
« Dès la première réunion ; l'Esprit de Dieu a été présent parmi nous. M. Tchoung a fait chanter les gens, et les visages souriants exprimaient la joie qui remplissait les coeurs. Le frère Gih est certainement un homme dont Dieu se sert puissamment. Il présente le message d'une façon tellement vivante et effective ; on sent que cela pénètre les coeurs. Miss Tchoung aussi est une précieuse messagère du Seigneur. Elle a donné pour les prédicateurs le plus émouvant appel qu'on ait jamais entendu, plaidant avec eux de tout son coeur, son visage inondé de larmes en parlant.

« Le troisième jour, dans une grande réunion pour les femmes - elles étaient environ deux ou trois cents - le Saint-Esprit se manifesta avec puissance par la prédication du frère Gih. Beaucoup de ces femmes étaient en larmes, confessant avec des sanglots dans la voix la longue liste de leurs péchés. La réunion commencée à deux heures se prolongea jusqu'à cinq heures passées. Bien des âmes firent l'expérience bénie du salut par grâce. Les étudiantes de l'École des Filles allèrent trouver Miss Tchoung. L'une d'entre elles se sentait particulièrement malheureuse à la suite d'une querelle avec sa compagne de classe. Sur le conseil de sa directrice, elle se hâta d'aller la trouver pour lui demander pardon. Ce fut alors toute une série de confessions et de larmes de la part du groupe entier, dont plusieurs s'étaient rendues coupables de tromperies envers leurs professeurs. Elles allèrent donc les trouver pour mettre tout en règle, et la réunion se termina avec des chants de joie, la joie de coeurs en paix avec Dieu. Ainsi l'école tout entière fut comme balayée à fond par le souffle puissant de l'Esprit, laissant maîtresses et élèves le coeur purifié de tous ses interdits.

« C'est dommage que le temps ait été si limité, car nous commencions tout juste à atteindre les hommes de l'assemblée. Quand ils sont partis pour Hinghoua, on les a accompagnés en foule, ce fut une manifestation grandiose. Puis nous sommes revenus à travers le centre de la ville, marquant le pas en chantant les choeurs de Béthel et en criant « Alléluia ! » Cela ne devait pas bien plaire au diable, car il a cherché à nous attirer des ennuis au prochain tournant du chemin. Mais chaque nouvelle attaque n'a servi qu'à retomber sur sa tête, à sa propre confusion.

« Comme nous bénissons notre Dieu pour cette immense bénédiction ! Nous avons vu Sa main à l'oeuvre, dirigeant toutes choses le long du chemin. Nous savions que notre Père nous préparait pour recevoir de grandes grâces, mais nous n'aurions pas osé attendre une telle manifestation de Sa puissance, comme des fleuves d'eau vive se déversant sur nous tous. Maintenant nous Lui demandons que le réveil se poursuive jusqu'à ce que tous les moindres recoins de Son oeuvre ici en soient atteints.

« Nous sentons qu'un lien nouveau s'est créé entre Sienyon et Béthel, le lien de coeurs unis en Lui. Nous ne pouvons trouver les paroles pour vous exprimer notre reconnaissance, mais nos prières vous sont acquises et je sais que vous aussi vous priez pour nous. Nous avons réalisé quelle vague puissante de prière a suivi nos frères de Béthel depuis leur départ de Changhaï pour cette mission dans le Sud.

« Un grand coup a été porté en faveur de la foi dans l'autorité de notre vieille Bible. En cela j'ai eu lieu de me réjouir. L'un de nos ouvriers en vue me fit observer combien cet Institut pastoral différait de la plupart rencontrés jusqu'ici où le mélange entre Modernisme et Orthodoxie ne pouvait donner aucun résultat permanent. Ici tous sont sur le terrain solide de la Parole de Dieu et Dieu a pu honorer Sa parole. Ce fut pour ma chère compagne et moi une confirmation de la position prise depuis que nous sommes ici comme Ses témoins. Aussi vous pouvez vous imaginer si nous sommes heureux ! L'accent donné sur le Retour prochain du Seigneur Jésus nous a aussi bien encouragés. Oui, chère Miss Hughes, vos hommes sont bien comme ces bons vieux Méthodistes du temps de John Wesley, de ceux qui croient encore à la conversion et à la sanctification.

« Nous avons maintenant un bon nombre de jeunes gens, et des plus âgés aussi, qui ont fait une expérience positive avec le Seigneur. Ils sont enflammés de zèle pour Christ, ils sont sanctifiés et croient de tout leur coeur au Livre divin. Comme le Seigneur est bon d'avoir ainsi répondu à nos prières.
« Bien à vous à Son service.

« W. B. COLE. »

Tout un groupe de ces chers jeunes du district de Mr. Cole ont pris sur eux de se rendre à Béthel, à leurs propres frais (et le voyage de Sienyou à Shanghaï est certainement plus long que de Lille à Marseille !).
Ce fut pour nous une inspiration. Nous les avons accompagnés à leur retour au son des cantiques, et le mois suivant voici la lettre que nous écrivait encore Mr. Cole :

« CHÈRE Miss HUGHES,
« Vous pouvez, si vous le jugez bon, utiliser cette lettre en écrivant à vos amis au sujet de l'oeuvre. J'aurais aimé vous répondre plus tôt, mais nous avons été tellement occupés par les « après » de la bénédiction que nous n'avions plus guère de loisir pour écrire.

« L'oeuvre se poursuit merveilleusement bien. Nous avons un groupe important de jeunes qui se sont offerts pour le service du Seigneur dans l'évangélisation. Je crois qu'il y en avait quatorze qui ont assisté à votre convention cet été.

« Après la clôture de l'école, notre Dr Soung est parti avec une bande de jeunes convertis pour une tournée de deux semaines à la Péninsule de Binghaï. Ils ont eu un succès remarquable et bien des âmes ont été sauvées. En cours de route, ils ont composé plusieurs chants de réveil qu'ils ont adaptés à des mélodies chinoises.
« Il y a eu depuis lors plusieurs autres tournées également bénies, dans la joie du Seigneur.

« Nous sentons cependant que ces jeunes ont besoin d'une préparation plus profonde au ministère. C'est pourquoi, réunissant tous ceux qui ne pouvaient se rendre à Changhaï, nous avons eu avec eux une retraite d'une semaine sur notre montagne de Hinghoua. Nous étions entre cinquante et soixante. Ce fut une semaine inoubliable. Je ne pouvais que bénir le Seigneur sans cesse en posant mes regards sur tous ces visages de jeunes gens ayant consacré leur vie entière à Son service. Notre Dr Soung est le « leader » de la jeunesse. Il a une grande puissance et une entière consécration. Ses progrès spirituels depuis son contact avec le Groupe de Béthel nous jouissent beaucoup. Nous croyons que le réveil n'a fait que commencer.
« Sincèrement à vous en Lui.

« W.B. Cole »

 

DIEU VISITE ENCORE SIENYOU !

« Sienyou, Fou-Kien (Chine), le 1er août 1932.

CHÈRE AMIE,
« Vous vous souviendrez sans doute que dans ma lettre de mai dernier je vous disais : « Nous attendons des réunions de réveil pour un avenir très proche. » Et maintenant il nous reste à louer le Seigneur pour l'accomplissement de la promesse, infiniment au delà de tout ce que nous osions demander ou penser.

« Les instruments du Seigneur furent les quatre membres du « Groupe Évangéliste de Béthel » qui nous ont visités en juin. Ils arrivèrent de Fou-Tchéou par un orage épouvantable qui rendait la route presque impraticable, voyageant tantôt en chaise Sedan, tantôt en pousse-pousse. Ils atteignirent enfin Hinghoua au bout de deux journées d'averses, leurs valises et leurs manteaux couverts de boue, mouillés jusqu'aux os, mais le visage rayonnant de la joie d'En Haut. Ils nous disent que ces pluies torrentielles avaient été pour eux comme le signe précurseur des ondées de bénédiction spirituelle que Dieu voulait déverser sur ces réunions. Nous avions affaire avec des hommes de Dieu sur qui les circonstances les plus déprimantes ne pouvaient avoir aucune prise.

« La première réunion eut lieu dans la cité de Hinghoua. Quelques semaines auparavant, nous avions été tentés de renoncer à cette offensive tant les conducteurs de l'endroit montraient peu d'enthousiasme à ce sujet. Mais le fardeau qui pesait sur nos coeurs ne devenait que plus lourd à cette idée, de sorte que nous sommes allés de l'avant avec confiance, sachant que le Seigneur voulait faire descendre Sa riche bénédiction aussi sur cette grande cité. Presque tous les prédicateurs du district étaient présents, sans compter bien des délégués des églises de la campagne environnante. Il y avait aussi les étudiants des écoles de la Mission et les personnages officiels de la ville. Bientôt les craintes des pasteurs furent dissipées en ce qui concerne l'intérêt suscité par de telles réunions. Les gens arrivèrent en foule, sous une averse épouvantable, les jeunes filles de l'École Supérieure sortant tout juste de leur dernier examen pour se précipiter à la réunion ; bref, l'intérêt fut bientôt à son paroxysme d'intensité.
« Ce fut une bien grande victoire, presque impossible à décrire. Le Surintendant du District et le Pasteur mirent fin à leur inimitié en confessant publiquement leur péché, et en se donnant la main, des membres de la faculté de théologie confessèrent leurs torts mutuels et l'harmonie entre eux fut bientôt rétablie. Les étudiants, saisis par une profonde conviction de péché, purent rendre témoignage à la Nouvelle Naissance et la purification de leur coeur. Des jeunes filles de l'École Supérieure restèrent pendant des heures agenouillées près de l'estrade jusqu'à ce que les vieilles querelles aient été réglées, les péchés confessés, et la joie du pardon rendue évidente par le témoignage des lèvres et l'expression lumineuse de leur visage.

« Le réveil a atteint aussi l'École Supérieure de Guthrie. Des garçons ayant été un problème pour leurs maîtres l'année passée se sont convertis. Le Directeur lui-même a pu rendre le témoignage d'une foi renouvelée après une longue période d'incrédulité, quasi d'athéisme, datant de ses années d'études aux États-Unis. Bien des ouvriers de Dieu confessèrent leur négligence dans le domaine de l'évangélisation et s'en retournèrent à leurs fonctions, avec le voeu d'annoncer désormais avec une nouvelle énergie cette Bonne Nouvelle du Salut par grâce. Deux semaines après la clôture des réunions, on pouvait voir tout un groupe de nouveaux convertis déjà organisés en pionniers de l'Évangile, se rendant dans les églises de la campagne environnante pour y apporter leur témoignage au parfait salut en Christ. Un centre de prière et d'étude biblique s'était formé aussi spontanément, se réunissant chaque Matin de six à sept heures, et les membres, au nombre de trente tout d'abord, montèrent bien vite jusqu'à soixante.

« La seconde réunion eut lieu dans la ville de Sienyou. Trois de nos frères de Béthel sont à la fois prédicateurs, chanteurs, musiciens, et l'un d'eux, Pierre Chang, vient d'un riche foyer méthodiste de Hong-kong. C'est un musicien de talent, ayant abandonné tout ce que l'art et l'opulence pouvaient lui procurer ici-bas, pour suivre la petite troupe de Béthel dans ses pérégrinations, « afin d'apprendre, dit-il, comment servir mon Seigneur ». Inutile de dire combien ces jeunes, à peine sortis des bancs de l'école, font impression parmi notre jeunesse chinoise. Ils savent présenter par leurs chants le message vivant de l'évangile. Ainsi des vérités fondamentales sont imprimées d'une façon indélébile dans l'esprit et la mémoire de ces jeunes. André Gih qui a été parmi nous déjà trois fois, prêche le même évangile que Wesley et les anciens méthodistes d'autrefois, et nous avons pu réaliser encore maintenant que ces vérités divines n'ont pas perdu leur efficacité. Un écrivain célèbre, initié à la mentalité chinoise, écrivait dernièrement : « Les Chinois sont un peuple inaccessible à la conscience du péché. » Mais quand ce messager de Dieu rempli du Saint Esprit se mit à leur parler (comme l'Apôtre Paul à Félix) « de la justice, de la tempérance et du jugement à venir », hommes et femmes furent frappés d'épouvante et littéralement baignèrent de leurs larmes l'autel du Seigneur en confessant leurs péchés, pour trouver ensuite la parfaite joie du salut.

« Au bout de huit jours de rencontres bénies, l'Esprit de Dieu a tellement balayé à fond tout l'auditoire qu'il a été amené à une parfaite unité de pensée et de but. Je me souviendrai toute ma vie de cette immense vague de prière s'élevant simultanément de ces centaines de coeurs pour monter ensemble vers le Trône de Dieu. Ce n'était pas la confusion des langues, mais l'impression d'une harmonie parfaite, comme un flot puissant de supplications se déversant par un même Esprit dans le coeur même de Dieu. Puis ce fut une scène inoubliable de consécration où tout fut mis sur l'autel tandis que les mains se levaient pour recevoir le Seigneur Jésus comme Seigneur de toute la vie. Quelle joie ce fut pour nous d'entendre ces témoignages de plusieurs de nos jeunes évangélistes ! Ils ont été amenés à comprendre que la Nouvelle Naissance doit se produire avant qu'on puisse parler d'éducation chrétienne et de progrès dans la foi. « Le Sang n'a pas perdu Sa puissance », fut l'un de nos choeurs de prédilection au cours de ces réunions et plus d'un peut témoigner de la réalité de ce glorieux Évangile de notre Rédemption éternelle. « Toujours bien à vous à Son Service.

« W. B. COLE. »

La campagne suivante pour André Gih et ses compagnons fut dans l'intérieur du pays. Le long voyage à travers les montagnes, par chaise à porteurs et à pieds se déroula une fois de plus sous des pluies torrentielles. Parfois les chaises devaient être remorquées à travers des torrents impétueux tandis que voyageurs et porteurs pataugeaient ensemble de leur mieux.
La conférence eut lieu dans la plus grande église méthodiste de la ville, pouvant contenir environ trois mille personnes, autrefois l'église du père du Dr Soung. En racontant l'histoire de cette tournée, Gih s'exprima ainsi

« Miss Hughes, nous avons appris une meilleure méthode de travail cette année - nous laissons tout simplement le Saint-Esprit conduire les choses comme Il l'entend, et c'est Lui qui fait l'oeuvre tout entière, Lui seul. »

Le réveil a commencé tandis que Gih s'adressait aux prédicateurs. Aucun effort ne fut fait pour « produire le réveil ». Aucun appel n'a été adressé, mais l'Esprit a agi puissamment par le message donné. Comme précédemment, le besoin de confesser le péché fut le premier indice de l'oeuvre divine commencée dans le coeur des auditeurs. Parmi les écoliers, garçons et filles ont été poussés à faire des restitutions, à confesser des torts à leurs professeurs dont ceux-ci n'avaient jamais rien su. Puis ce fut dans l'École Biblique qu'une conviction de péché générale s'empara de la famille entière des étudiants. C'était Philippe Li qui prêchait alors. Il avait eu un grand fardeau de prière pour ce peuple et on l'invita à prendre le service à la Chapelle. Il avait pris son trombone pour en jouer, mais ne put s'en servir. Prenant l'exemple de Saul qui persécutait l'église tout en pensant servir Dieu, il l'appliqua aux étudiants chinois des écoles supérieures, ennemis de l'Évangile comme il l'avait été lui-même, dit-il, bien que fils de pasteur. Ce message pénétra profondément dans les coeurs et quand Philippe demanda qui voulait confesser ce même péché et s'en repentir, plus de 90 % des étudiants levèrent la main ! L'aumônier de l'école lui-même se leva et fit la confession suivante :

« Moi, votre conducteur spirituel, je n'ai fait que l'oeuvre d'un mercenaire, recevant chaque mois mon salaire. Je ne vous ai pas enseigné la vraie religion et j'ai critiqué ces hommes de Béthel. Je viens leur demander pardon devant tous (et en disant cela, il alla tendre la main à Philippe) et je vous demande pardon aussi à vous, mes chers étudiants. »

Puis ce fut le tour du directeur chinois du collège :
« J'ai été élevé en Amérique, dit-il, et c'est là que j'ai attrapé le germe nocif du modernisme. Je me suis opposé à la visite des frères de Béthel dans cette ville. Je les trouvais trop émotifs, mais hier soir leur message m'est allé tout droit au coeur et j'ai été convaincu de mon péché. Je me suis dit : voilà des années que j'enseigne la religion à ces jeunes gens, et maintenant ces prédicateurs de Béthel, des jeunes comme eux, viennent leur prêcher et tous se convertissent. C'est donc moi qui ai tort. L'enseignement et l'éducation que je vous ai donnés ont été une faillite et n'ont pu vous influencer. Je le reconnais humblement et je vous demande de prier pour moi. »
En disant ces mots, lui aussi se tourna vers Philippe et lui tendit la main. Ensuite ce fut une missionnaire qui confessa l'opposition qu'elle avait ressentie à l'idée de cette tournée des frères de Béthel. Elle se réjouissait maintenant de voir la puissance de Dieu opérer ainsi parmi eux et elle vient tendre la main à notre frère.

Je me souviens qu'un jour une amie de ma femme est venue nous voir et nous entretenir de son oeuvre. Elle n'était pas satisfaite et se plaignait de bien des choses qui n'allaient pas à son gré. « Eh bien, prions ensemble », répondis-je simplement. Elle se mit à rire. Nous nous sommes mis à genoux néanmoins, tandis qu'elle continuait toujours à ricaner sous cape. Mais dès que j'ai commencé à invoquer le Seigneur, tandis que les larmes coulaient de mes yeux, son coeur fut touché et elle eut conscience de la sainteté de cette heure dans la présence de Dieu. Elle confessa ensuite d'elle-même son péché, implorant le pardon du Seigneur et rentra chez elle, une nouvelle créature, régénérée par le don du Saint-Esprit. Sa vie fut transformée dès ce jour-là et elle connut la plénitude de l'Esprit dans son ministère. Bien souvent nous avons eu ensemble des moments bénis dans la communion du Seigneur. Nous avons décidé que pas un jour ne devrait se passer sans qu'une âme au moins n'ait été attirée à Christ par notre témoignage personnel. Et chaque soir notre petit groupe de prière se réunissait pour se communiquer les expériences de la journée. La passion des âmes nous tenait si fort au coeur que nous étions prêts à nous poster au coin de toutes les rues pour y annoncer l'Évangile. Nous étions bafoués, insultés, parfois même roués de coups, mais rien ne pouvait éteindre notre joie dans le Seigneur. Béni soit Dieu pour la plénitude de bénédiction de l'Évangile de Christ !



CHAPITRE VII
MON MARIAGE

Bien que ma ville natale ne fût éloignée de Changhaï que de cinq kilomètres à peine, l'Évangile n'y avait encore jamais été annoncé et je fus le tout premier chrétien de l'endroit, ma famille la première famille au service du Seigneur. De même, mon mariage fut le premier mariage chrétien célébré en ce lieu.
Selon l'antique coutume chinoise, la mariée doit être vêtue de rouge, mais une Chinoise convertie à Christ s'habille de blanc. Comme pour les Chinois le vêtement blanc est celui du deuil, cela fit sensation de voir une nouvelle mariée ainsi revêtue. Après la cérémonie officielle, ce sont les festins de famille réunissant les nombreux amis qui viennent présenter aux nouveaux époux leurs voeux et leurs hommages.
Ils ont aussi une coutume qui consiste à enfermer les conjoints dans la chambre nuptiale dont les amis gardent la porte, leur adressant de l'autre côté de la cloison des quolibets et des questions plaisantes. Quand on voulut procéder de la sorte avec ma chère compagne et moi, le meneur de la bande nous proposa d'un ton badin de leur chanter « un cantique évangélique ». « Fort bien, répondis-je, nous vous chanterons volontiers des cantiques, mais cela est bien trop sacré pour se passer dans l'atmosphère de la plaisanterie. Si vous voulez des cantiques, il faut vous engager à écouter aussi toute la suite de la réunion. » Ils y consentirent, et nous nous sommes mis à chanter et à prêcher la Parole, l'appuyant de notre propre témoignage, ce qui produisit une profonde impression sur tous nos hôtes. Après cela ils ne demandèrent plus rien et quittèrent la chambre l'un après l'autre dans le plus grand silence. Et les nouveaux mariés tombèrent à genoux pour supplier Dieu d'arroser la semence précieuse répandue dans les coeurs.

Nous avions fait le projet de consacrer notre « lune de miel », non pas à un voyage d'agrément pour notre plaisir égoïste, mais à un cours biblique au profit de tous les amis présents. Deux jours après, le gai compagnon qui menait la noce fut trouvé à genoux sur le sol couvert de boue. Oh ! quand une âme est réduite au désespoir sous la conviction de péché, elle ne réfléchit pas si elle se trouve sur un beau tapis ou sur la terre nue. Il s'agit d'une transaction immédiate avec le Seigneur. Ainsi ce jeune homme était là prosterné, pleurant et criant à Dieu pour obtenir miséricorde. Il fut sauvé le jour même et il est maintenant un évangéliste ardent comme le feu, gagnant des âmes par centaines.

« Un Témoignage de la Grâce » est le sujet de l'histoire suivante, écrite par Miss Hughes, dans leur feuille Rethel Heart Throbs (littéralement : Les Battements du Coeur de Béthel) :

« Un réveil béni vient d'éclater à Lunghoua, un faubourg de Changhaï où nous avons une salle d'Évangélisation. Lunghoua est la ville natale d'André Gih. Il est venu à Béthel autrefois comme simple étudiant, ayant fait le voeu solennel de ne jamais devenir chrétien. Après son mariage célébré dans la chapelle de Béthel, Gih et sa compagne sont retournés à Lunghoua, au foyer maternel où un festin familial leur fut offert. Des amis et parents de près et de loin s'étaient rassemblés en cette joyeuse journée, entre autres un certain Mr Shih, fils d'un citoyen hautement respecté. Ce fut par le témoignage d'André Gih à son mariage que Mr Shih entendit pour la première fois le message de l'Évangile. Il venait d'un milieu des plus conservateurs. Son père était un homme despote et violent qu'on avait surnommé « le loup » à cause de sa violence. Il exigeait en tout temps, qu'il eut tort ou raison, une obéissance sans réplique.

« Après sa conversion à Christ, le jeune Shih, maintenant né de nouveau, trouva la vie au foyer paternel très difficile. Avant d'être venu au Sauveur, il avait injustement accusé sa femme d'infidélité et lui avait retiré sa confiance, mais maintenant toutes choses étaient faites nouvelles dans sa vie.

« Un jour il rêva que Christ se présentait à lui et lui demandait : « Est-ce que tu m'aimes vraiment et Si oui, voici la croix que tu auras à porter désormais. » Et il comprit qu'il s'agissait de la persécution à venir. Le 8 février, il y eut une grande cérémonie chez eux pour l'adoration des ancêtres et son vieux père lui demanda de se joindre à ce rite familial. « Ou tu adoreras avec nous, ou bien tu mourras ! Et si ce n'est pas toi qui meurs, c'est moi qui mourrai ». Bien entendu, le jeune Shih refusa de céder. Le vieux père eut le coeur brisé de ce que son fils put ainsi mépriser la mémoire de ses ancêtres. Il menaça de le frapper. La famille le déclara solennellement un fils indigne de porter son nom. Il se sauva de la maison et se cacha dans la forêt. À minuit, son frère le trouva là, à genoux dans la prière et le supplia de rentrer. Le père lui dit simplement : « Je veux bien te pardonner encore aujourd'hui ; mais demain nous renouvellerons la cérémonie et tu seras le premier à présenter l'encens. Je vais préparer un cercueil au cas où tu refuserais de m'obéir !

« Ses amis le supplièrent de renier Christ, mais il leur rendit son témoignage avec d'autant plus d'ardeur : « J'aime mon père, mais Christ a tant fait pour moi ! Je l'aime Lui par-dessus tout et dois Lui obéir le premier. » En réponse à la prière, on n'osa pas le battre encore ce jour-là, mais le, père le garda sous clef.

« Il lisait sa Bible la nuit en secret, à la lueur d'une chandelle. Son père le découvrit et brûla son précieux Livre. Un dimanche, il se rendit à la salle de Béthel, mais son père alla l'y chercher et le traîna dehors. Ce jour-là il le frappa sur tout le corps avec un gros gourdin. Dans sa souffrance intense, il cria à Dieu dans une agonie de prière pour son malheureux père comme pour lui-même. II ne pouvait plus bouger tant ses membres lui faisaient mal. Sa femme était alors très malade, et cette même semaine leur petit enfant leur fut repris. Les évangélistes de Béthel vinrent le voir et prier pour sa femme. Elle s'était moquée de lui au début, mais à présent elle avait été gagnée et avait pris position pour Christ avec son mari, sur quoi le terrible père lui fit aussi sentir ses coups.

« Un jour un de ses amis lui dit confidentiellement : « Il te faut partir de la maison, ton père à l'intention de te tuer. » Mais il répondit : « Non, je ne partirai pas avant que Dieu Lui-même ouvre la porte. » Déjà ses amis avaient annoncé d'un ton moqueur : « Bien sûr qu'il va partir d'ici et se faire nourrir par ses chers missionnaires ! » C'est pourquoi il était bien décidé à attendre que Dieu lui montre clairement son chemin.

« Enfin le Seigneur lui envoya Ses serviteurs de Béthel et, selon ses propres termes, « ils délièrent l'ânon dont Jésus voulait se servir » et l'emmenèrent avec eux. Quand il arriva à Béthel, Miss Hughes s'informa avec bienveillance de sa santé, lui proposant un séjour à l'hôpital de la Mission pour guérir de ses blessures en disant : « Vous savez, quand un membre souffre, dans le Corps de Christ tous les membres souffrent. »

Ces paroles d'encouragement et de sympathie lui réchauffèrent le coeur. Avec des larmes de joie il rendit son témoignage au Tabernacle. Il est maintenant à l'École biblique où il se prépare pour le ministère. »

La suite de notre « lune de miel » fut une excursion dans la province voisine, non pas en touristes certes, mais pour y annoncer l'Évangile. Arrivant dans l'église du lieu qui était fort spacieuse, nous n'y trouvâmes qu'un très petit auditoire, à peine une vingtaine. Nous n'étions pas satisfaits à si bon marché, et voyant que personne d'autre n'entrait dans l'édifice, nous avons parcouru les rues de la ville en chantant des cantiques. Quand les gens s'arrêtaient pour nous écouter, nous leur avons expliqué que la nouvelle mariée - bien que ce ne soit guère la coutume en Chine - était venue à eux pour leur dire quelque chose d'important par le chant de ces cantiques. Ainsi nous avons tout abandonné pour l'amour de l'Évangile, nous souciant fort peu d'être méprisés ou admirés des hommes. Nous ne cherchions aucune autre faveur que celle de notre Dieu. Ainsi la foule fut bientôt conquise et après leur avoir adressé quelques paroles préliminaires, nous avons pu les persuader d'entrer dans le temple qui fut bientôt rempli du haut en bas. La puissance du Seigneur était là et des âmes se convertirent soir après soir. Pas une réunion ne se passa sans que vingt ou trente personnes ne s'approchèrent de Dieu en recherchant Son pardon. Ainsi l'intérêt alla en grandissant au cours de toute cette série de réunions et notre joie fut à son comble dans cette nouvelle manifestation du merveilleux amour de notre Dieu et de Sa faveur sur notre union en Lui.

Voici encore un extrait de la Feuille de Béthel:
« Avec l'interruption forcée du travail médical, il n'y en a eu aucune dans l'enthousiasme et la consécration totale de nos fidèles pionniers. Pendant tout le temps de notre épreuve, ils ont senti la nécessité de poursuivre le combat plus ardemment que jamais. Gih et sa compagne ont répondu à un appel pour l'évangélisation dans cette province. Il s'y trouve une école laïque dans laquelle on sent un esprit particulièrement hostile au christianisme. Notre frère raconte, l'histoire dans la lettre qui suit. C'était leur première tournée missionnaire ensemble depuis leur mariage. Gih et sa femme sont tous deux des élèves de l'École biblique de Béthel.

« Dieu soit béni pour Sa présence avec nous encore aujourd'hui ! Tse Ying (Mme Gih) a parlé ce matin et moi j'ai pris la réunion de l'après-midi. Il y avait environ une centaine de personnes ce matin. Tse Ying a été très courageuse en délivrant son message et une dizaine d'âmes se sont tournées vers le Seigneur. L'après-midi, c'était seulement pour les étudiants, trois cents environ. Il y avait un bon esprit à la réunion. Je leur ai parlé de la Repentance, et à la fin du service trente jeunes gens ont demandé le pardon de Dieu. Mais ce n'est là qu'un petit commencement, il nous faut encore un brisement général des coeurs et c'est ce que nous attendons du Seigneur.

« Ici toutes les écoles sont du gouvernement. Elles célèbrent toutes le culte du Soleil. On n'a le droit d'y prêcher Christ que trois fois par semaine pendant un quart d'heure seulement et cela non pas à l'école entière mais uniquement aux deux ou trois chrétiens qui s'y trouvent. Dans une telle école on peut prêcher le Soleil à l'école entière mais non pas Christ. Quelle pitié ! Et pourtant les instituteurs chinois semblent satisfaits d'un tel état de choses. « Et qu'en est-il des non-chrétiens ? demandai-je à celui qui m'informait du règlement, car la foi vient de ce qu'on entend, dit la Parole de Dieu. » Il me répondit qu'on ne faisait rien pour eux. Oh ! que Dieu veuille susciter parmi ce peuple des centaines de témoins qui parcourront la Chine entière et proclameront « Jésus seul » afin de secouer hors de leur sommeil tous ces soi-disant « chrétiens ». Priez pour nous afin que le Seigneur glorifie Son Nom en ce lieu.

« André Gih. »

Voici bien des années que nous avons été à Son service. Parfois nous allons au travail ensemble, parfois nous sommes séparés. Au début de notre mariage, ma femme a dû faire un séjour à l'École biblique pour sa préparation au ministère, tandis que je partais de mon côté pour une tournée avec de biens maigres ressources. De part et d'autre nous avons connu la souffrance, mais c'était de tout notre coeur que nous avions accepté de souffrir pour Lui. Le premier été j'étais en tournée dans le Sud de la Chine tandis qu'elle était restée à Changhaï. Nous étions tourmentés par une véritable invasion de moustiques toutes les nuits et elle n'avait pas les moyens de s'acheter une moustiquaire, de sorte qu'elle passait de longues heures d'insomnie à exécuter ces ennemis innombrables. Soucieux de son épreuve, j'en faisais un ardent sujet de prière lorsqu'un ami, apprenant mon mariage récent, me fit un don de cinq dollars pour ma compagne. Avec une profonde reconnaissance j'acceptai de la main de mon Dieu ce don qui me permit d'acheter sans tarder le tulle nécessaire que j'envoyai à Changhaï. Mais elle avait déjà passé bien des semaines de souffrance. Nous avons connu la pauvreté, mais jamais le murmure. Si elle avait exposé ses besoins à ses amis, elle aurait été bien vite délivrée, mais elle avait pour principe de n'en parler qu'à son Seigneur, de sorte que moi-même, son mari, je les ignorais bien souvent. Mais notre Père céleste sait que nous avons besoin de ces choses et c'est Lui qui a pourvu une fois de plus par le moyen de cet ami.

FIN DE LA PREMIÈRE PARTIE

Table des matières

 

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