CHRIST EN
CHINE
LA VIE ET LE MESSAGE
d'ANDRÉ GIH DE CHANGHAÏ
PREMIÈRE PARTIE
CHAPITRE I
LA CONVERSION D'UN TIGRE
II y a quelques
armées, le groupe de Béthel tenait
des réunions au Centre de la Chine. Je me
souviens encore de ces jours où, matin et
après-midi, nous nous réunissions
avec les croyants, tandis que chaque soir les
portes étaient ouvertes à ceux du
dehors pour la prédication de la Bonne
Nouvelle.
Le premier soir nous
avons prêché sur l'importante question
du péché, cherchant à montrer
à ce peuple toute la gravité, toute
l'horreur du péché et de ses
terribles conséquences, pour leur
présenter ensuite l'unique remède
dans la Personne du Seigneur
Jésus-Christ.
La réunion
terminée, quelques personnes
s'attardèrent pour causer ensemble. Passant
près du groupe, je surpris un homme disant
à voix basse « Il nous a tous fait
passer pour des vauriens ce soir. S'il continue
ainsi, demain nous lui ferons son
affaire ! » Dans mon état de
santé précaire, je ne me sentais
guère d'attaque à supporter une
rouée de coups. Je me dis en
moi-même : « À quoi bon
exaspérer ces gens en leur parlant du
péché
Je pourrais
peut-être prendre un autre sujet qui leur
plairait davantage. » Mais quand
j'exposai la chose au Seigneur dans la
prière, Il me répondit :
« Sois fidèle et continue à
dénoncer le péché. »
Et j'obéis sans discuter à l'ordre du
Seigneur.
Le pasteur de
l'endroit m'informa que le
« leader » de l'opposition
était surnommé « Tchaou le
Tigre ». Ce nom suffisait à lui
seul pour inspirer quelque inquiétude.
J'appris aussi que le personnage en question
était un vrai bandit, ayant juré de
tuer son propre père. Il ne serait donc pas
en peine pour assener au prédicateur
quelques bons coups de matraque. Je me sentis alors
envahi par une nouvelle frayeur. Cependant, le soir
venu, nous avons de nouveau prêché sur
le péché, le coeur humilié et
tremblant devant notre Dieu.
Le service
terminé, ce même groupe était
encore là, plus furieux que jamais. Montrant
du doigt le prédicateur, l'un d'eux
s'écria : « Hier nous ne vous
avons rien dit, mais si demain vous ne changez pas
de sujet, vous aurez affaire à
nous ! »
La nouvelle se
répandit que ces hommes avaient bien
décidé de battre le
prédicateur le lendemain soir, de sorte
qu'une foule plus nombreuse se pressa pour assister
à la scène.
Se confiant en son
Dieu, le prédicateur, d'un coeur humble et
brisé, continua à prêcher sur
le même sujet, laissant à Dieu les
conséquences de son obéissance.
À la fin du message, on entendit un cri
perçant tout au bout de la salle, et un
homme s'effondra sur le sol. « Mes
péchés ! mes
péchés ! »
s'écriait-il au désespoir. Je ne
pouvais continuer le service et, renvoyant la
foule, je me dirigeai vers celui qui gisait
là, prostré, sous la conviction de
son péché.
C'était mon
« Tigre Tchaou » en
personne ! M'agenouillant près de lui,
je mis mon bras autour de son cou. Il était
devenu doux comme un agneau et se mit à
confesser à Dieu tous ses
péchés. Il me confia qu'il avait
juré de tuer son père. Je l'engageai
vivement à le lui confesser et à
implorer son pardon. Le jour suivant, il se rendit
chez son père, à quelques
kilomètres de là, puis tombant
à ses genoux avec larmes, il le supplia de
lui pardonner.
Le soir même il
était de retour à la réunion
et rendit son témoignage, et quel
témoignage, à la puissante
grâce de Dieu ! Il faut rien de moins
que la souveraine Grâce de Dieu pour
transformer un homme de cette trempe. Car le tigre
éduqué, le tigre apprivoisé
restera toujours un tigre. C'est Dieu seul qui a le
pouvoir de transformer une vie. Soyons donc
fidèles à notre Dieu, fidèles
aux âmes qu'Il nous a
confiées.
Quant à moi,
je suis né dans un foyer qui n'était
pas très religieux. Depuis bien des
générations, nous autres Chinois
avons cru au Bouddhisme. Je me souviens encore
d'avoir, dans mon enfance, accompagné ma
mère au temple pour y brûler de
l'encens en signe d'adoration. Ma mère ne
prenait pas part aux incantations et ne pratiquait
le végétarisme que cinq jours par
mois. Bouddha enseigne que la mise à mort de
toute créature est un péché,
et que l'abstention de toute nourriture animale
constitue un mérite suffisant pour racheter
les péchés. Si le nombre des
mérites dépasse celui des fautes
commises, une place au Ciel est
assurée.
Ma mère
était une femme douce et bienveillante,
quoique sans éducation, et n'avait aucune
étroitesse d'esprit. Mon père
était un adepte de Confucius et c'est avec
lui que je fis mes premières études
littéraires.
Confucius
présente à ses adeptes cinq objets
principaux de respect : Le Ciel, la Terre, le
Roi, les Parents, les Maîtres. La
synthèse des diverses religions de la Chine,
le Confucianisme, le Bouddhisme et le Taoïsme,
a donné naissance à l'adoration des
ancêtres. Ainsi le jour de la
commémoration de leur mort, on est en grands
préparatifs. Des aliments leur sont offerts,
des billets de banque sont brûlés en
leur honneur et autres pratiques de ce genre. Quant
à moi, pour faire comme tout le monde, je
m'associais à ces cérémonies
stériles, sans avoir la moindre conviction
que les âmes des défunts allaient
revenir pour recevoir tous ces dons. Mais il
fallait bien suivre la tradition de nos
pères !
Les enfants en
général sont curieux. Je ne faisais
pas exception à la règle, et
c'était mon plaisir de me rendre au temple
pour en inspecter tous les moindres recoins avec
leurs innombrables idoles. Cela ne me produisait
pas une bien grande impression, jusqu'à ce
qu'un jour je découvris dans une des
chambres des représentations terrifiantes de
l'enfer. Les tourments des damnés, les
figures hideuses des idoles me firent une telle
horreur que, laissant les fidèles à
leurs incantations, je poussai un cri et m'enfuis
du temple en courant.
Plus tard, je
m'intéressai aux doctrines bouddhistes, les
mérites qu'on pouvait s'acquérir par
le végétarisme et la pratique des
chants religieux, dans l'espoir d'un vague salut
dans l'autre monde. Les Chinois croient aussi
à la métempsychose - la
transmigration des âmes d'un stage de vie
à un autre plus élevé, selon
les mérites de chacun. Mais mon
intérêt pour cette religion ne dura
que quelques mois à peine car j'en
réalisai toute la stérilité et
la mort. Aucune puissance pour triompher du mal. On
peut être un ardent adorateur de Bouddha,
chanter des litanies d'un coeur bien pieux, puis
retourner à sa vie de péché
sans en avoir même la conscience
troublée le moins du monde.
À cette
époque je me souviens avoir reçu, je
ne sais plus par qui, des petits livres dont je
n'ai pas compris le contenu, mais qui portaient une
gravure d'hommes aux longues barbes. Cela ne me
plut guère, de sorte que je les
détruisis sans même les lire. Je
suppose que c'était des Évangiles,
cette Parole divine que j'annonce maintenant
à tous - mais Dieu a usé de
grâce en pardonnant le péché de
mon enfance.
Peu après, je
me rendis, par simple curiosité, dans une
église catholique, pour voir un peu ce qui
s'y passait : C'était en
été et j'avais mis mon grand chapeau
de paille. Au moment de franchir le seuil du
sanctuaire, quelqu'un envoya rouler mon chapeau
sans autre forme de procès. Tout
apeuré, je me hâtai de le ramasser et
m'enfuis de ce lieu où je n'ai plus jamais
remis les pieds.
Bien qu'habitant
alors la banlieue de Changhaï, à cinq
kilomètres seulement du centre, nous
n'avions encore jamais entendu prêcher
l'Évangile ! Et toutes les impressions
plutôt négatives que j'avais
reçues jusqu'alors m'avaient fermé le
coeur à la religion en
général, de sorte que je devins
dès lors un parfait matérialiste.
Mais Dieu, qui m'avait élu en Christ avant
la fondation du monde, était à
l'oeuvre en moi sans que j'en eusse
conscience.
J'étais
âgé de douze ans lorsque mon
père mourut. L'heure de l'épreuve
avait sonné pour toute la famille. Je
n'étais pas encore bien savant en ce
temps-là, mais la misère me
contraignit à chercher un emploi quelconque
pour gagner mon pain. Dans cette lutte pour la vie
je fis la découverte de bien des vices que
j'ignorais jusqu'alors et je finis par y tomber
moi-même, tout en continuant à
étudier la morale et la vertu dans mes
livres chinois. Mes parents m'avaient
élevé, avec mes frères, dans
la tempérance, l'honnêteté, la
générosité, la
simplicité de coeur. Mais ces vertus eurent
bien vite cédé le pas à toutes
les pratiques mauvaises et je tombai bientôt
dans un abîme de péché et de
ténèbres.
Le chemin du
transgresseur est rude ; j'y rencontrai des
épines, le désappointement et
l'amertume dans la faillite de tous mes projets, la
ruine de toutes mes
espérances.
Le murmure
s'échappait souvent de mes lèvres, me
sentant comme enfermé de toutes parts dans
une sombre prison. Mes propres parents
étaient mes pires ennemis. Ils semblaient
prendre plaisir à me voir sombrer dans ce
gouffre de péché et de souffrance,
sans que nul d'entre eux eût l'idée de
me tendre la main pour m'aider à sortir du
bourbier. J'en conçus une immense amertume
allant jusqu'à la haine pour
l'humanité tout entière. Ma nature
plutôt douce se changea en violence et je me
livrai sans retenue à des accès de
colère et de rage. Je devins querelleur avec
mes amis, au lieu de me juger moi-même pour
cette moisson d'iniquité, résultat de
mes propres semailles, et je ne m'arrêtai pas
même un instant dans ma course folle pour
écouter la répréhension de ma
conscience.
Comme
l'Évangile est vrai quand il dit :
« La lumière du corps, c'est
l'oeil. Si ton oeil est sain, tout ton corps sera
dans la lumière. Si ton oeil est mauvais,
ton corps entier sera dans les
ténèbres. Si donc la lumière
qui est en toi devient ténèbres,
combien grandes seront ces
ténèbres ! »
CHAPITRE II
MA CONVERSION
Oui, le diable
était là « comme un lion
rugissant cherchant qui il peut
dévorer », et il s'en fallut de
peu que je ne devinsse sa proie. Accablé par
les désappointements et le
découragement, ma vie était devenue
insipide et vide de sens. Ainsi le joyeux bambin
d'autrefois devint un garçon pessimiste,
toujours soupirant, accablé sous le poids de
la souffrance. Pour la moindre cause je fondais en
larmes et il m'arrivait même parfois de
pleurer la nuit dans mes rêves et de trouver
le matin mon oreiller tout
trempé.
À cette
époque, une nouvelle épreuve vint me
frapper dans le décès de mon oncle,
homme respecté et d'une situation brillante.
Ce fut une des pages les plus sombres de mon
existence. Ma vie ressemblait alors à cette
terre chaotique d'avant la création,
« informe et vide », toute
enveloppée de ténèbres. Mais
« l'Esprit de Dieu se mouvait sur la face
des eaux ».
Désespéré,
à bout de forces dès le printemps de
ma vie, j'en vins à envisager le suicide,
car après toutes mes faillites, à
quoi bon chercher à poursuivre ma route
ici-bas ?
Certains de mes amis
étudiaient l'anglais et commençaient
à le parler entre eux. Cela m'ennuyait de ne
pouvoir les comprendre et je résolus de
suivre leur exemple. « Moi aussi je
pouvais bien apprendre l'anglais ! »
Un de mes cousins m'enseigna l'alphabet et les
premiers éléments de la langue. Trois
mois plus tard je pris la décision de me
mettre en quête d'une école où
je pourrais poursuivre avec plus de succès
cette étude. Ce fut un pas très
important qui devait amener un grand tournant dans
ma vie.
Désireux de
trouver une bonne école, j'avais
visité la Mission Béthel qui avait
une école supérieure. Elle me
convenait bien, n'étant pas
éloignée de chez moi ; j'y
passai donc mon examen de rentrée. Les lieux
étaient très agréables, loin
du bruit de la ville, tout en étant
près du chemin de fer, ce qui me permettait
de rentrer chez moi chaque soir.
Mon unique but en
entrant à Béthel était
d'apprendre l'anglais, sachant qu'ils avaient des
professeurs américains et des
méthodes modernes. Mais comme c'était
une école missionnaire, on y faisait le
culte chaque matin. Tous les étudiants
assistaient à ce culte, mais moi, je
n'étais pas venu là pour me laisser
imposer la religion étrangère.
J'étais devenu très
matérialiste, j'avais quelques notions de
science, je connaissais bien la cause des
phénomènes physiques et je n'avais
pas besoin de leurs mômeries, ne croyant ni
à Dieu ni à diable.
La Bible nous dit
bien : « Prenez garde que personne
ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par
une vaine tromperie, s'appuyant sur la tradition
des hommes, sur les rudiments du monde et non sur
Christ. » (Col. 2. 8.) J'étais
alors de ces gens-là et ne voulais à
aucun prix prêter l'oreille à la
Vérité. Quand mes professeurs me
demandèrent pourquoi je ne venais pas au
culte du matin, je m'excusai en disant que
j'habitais trop loin et ne pouvais arriver assez
tôt. En cherchant à tromper les
autres, je me trompais moi-même. Pitoyable
état que le mien !
L'École de
Béthel exigeait aussi de ses
élèves l'étude de la Bible.
Là, pas moyen d'échapper. Tout en
voulant ignorer la question religion,
j'étais heureux pourtant d'étudier
cette Bible anglaise, sachant qu'elle contenait des
trésors linguistiques sans
pareils.
Mais la Parole de
Dieu est vivante ; elle peut parler au coeur
de ses lecteurs et les convaincre de leur
état de péché et de
misère. Elle nous révèle le
grand remède de Dieu dans le don de Son Fils
Jésus-Christ, crucifié sur le bois
maudit afin de devenir le Sauveur du monde. Oui,
« la Parole de Dieu est vivante et
efficace, plus tranchante qu'aucune
épée à deux tranchants,
pénétrante jusqu'à partager
âme et esprit, jointures et moelles, elle
juge les sentiments et les pensées du
coeur ». (Héb. 4.
12.)
Nous avons
commencé par l'étude de
l'Évangile selon saint Matthieu. Dans le
Sermon sur la Montagne, ces paroles de Christ
arrêtèrent mon attention :
« Aimez vos ennemis. Bénissez ceux
qui vous maudissent. Faites du bien à ceux
qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous
maltraitent et qui vous
persécutent. » (Malt. 5. 34.) Un
autre passage aussi me parut extraordinaire, c'est
quand Pierre demanda à Jésus :
« Combien de fois mon frère
péchera-t-il contre moi et lui
pardonnerai-je ? » Et le Seigneur
lui répondit : « Je te le
dis, non pas jusqu'à sept fois, mais
jusqu'à septante fois sept fois. »
Un tel enseignement dépassait totalement mes
conceptions et ma raison. Confucius nous apprenait
à rendre le bien pour le bien, mais rendre
le bien pour le mal, comme Christ l'enseigne, c'est
une autre affaire ! J'en conclus que la
doctrine de Christ était vraiment
excellente, mais ma croyance à son
enseignement ne m'empêchait pas d'être
toujours ce que j'étais : un
pécheur perdu.
En poursuivant mes
études, il m'arrivait parfois cependant
d'assister au culte du dimanche. Dans notre classe
biblique, on nous faisait faire des
rédactions sur les sujets traités.
Ainsi j'écrivis un jour un devoir sur
l'adoration des Mages et fus gratifié d'une
annotation flatteuse de mon professeur :
« Récit intéressant -
Excellent travail ! » Ainsi je
progressai rapidement dans l'étude des
Saintes Écritures :
Un jour nous
eûmes entre étudiants une conversation
intéressante en attendant le cours. Une des
jeunes filles me demanda si je croyais au premier
chapitre de la Genèse.
« Non ! »
répondis-je sans hésiter, car je ne
croyais pas alors à l'existence d'un
Créateur. J'en avais fini avec les notions
de mon enfance, la crainte du tonnerre qu'on nous
faisait passer pour « le bon Dieu en
colère », etc. ; je
connaissais la science et je croyais tout savoir en
affirmant qu'il n'y avait ni Dieu ni monde à
venir. J'étais bien décidé
à ne croire que ce que mes sens pouvaient me
démontrer comme le
réel.
Mes camarades furent
surpris de ma réponse et poursuivirent
l'interrogatoire. « Si tu ne crois pas au
Dieu créateur de l'univers et de
l'humanité tout entière, peux-tu nous
dire d'où tu es venu
toi-même ? » Et cela m'amena,
de question en question, à confesser ma
croyance dans la doctrine de l'évolution.
Mais cette doctrine ne pouvait me satisfaire le
coeur, ni même la raison. Car après
tout, si dans les temps antiques les singes ont
évolué en êtres humains,
pourquoi ont-ils cessé de le faire ?
A-t-on jamais retrouvé des chimpanzés
parvenus à un état
intermédiaire entre le singe et
l'homme ? Mais les savants en sont revenus de
cette théorie qui ne peut être
qualifiée de scientifique, car la science
doit être basée sur des faits, non sur
des spéculations.
La Bible est donc le
livre le plus scientifique, car dès le
premier chapitre de la Genèse, elle est
basée sur des faits. Dieu nous
déclare ces grands faits tout simplement et
sans explications, car les faits n'ont pas besoin
d'être expliqués : ils
s'imposent. Mais les déductions de
l'évolutionnisme ne peuvent satisfaire ni le
coeur ni la raison, car si en fin de compte
l'humanité a surgi d'un germe de
protoplasme, ce germe lui-même, d'où
est-il venu ? Les savants eux-mêmes n'en
savent rien.
Ainsi au
tréfonds de moi-même, j'étais
bien convaincu qu'il devait y avoir un Dieu
créateur de l'univers. Mais ma
volonté altière et mon stupide
orgueil refusaient de se courber devant les
exigences de ce Dieu saint. Sa Parole nous le dit
bien : « Car ce qu'on peut
connaître de Dieu est manifeste pour eux,
Dieu le leur ayant fait connaître. effet, les
perfections invisibles de Dieu, sa puissance
éternelle et sa divinité se voient
comme à l'oeil, depuis la création du
monde, quand on les considère dans ses
ouvrages. Ils sont donc inexcusables. »
(Rom. 1. 19-20.) J'étais bien
persuadé de l'existence de Dieu, mais ma
nature pécheresse aimait les
ténèbres plus que la lumière,
le péché plus que la justice.
« Et ce jugement, c'est que la
lumière étant venue dans le monde,
les hommes ont préféré les
ténèbres à la lumière,
parce que leurs oeuvres étaient mauvaises.
Car quiconque fait le mal hait la lumière,
et ne vient point à la lumière, de
peur que ses oeuvres ne soient
dévoilées. » (Jean 3.
19-20.) Voilà pourquoi je luttais contre
Dieu et refusais de l'accepter comme le
Créateur devant qui l'homme doit s'humilier.
Il y a bien des gens qui déclarent ne
pouvoir croire en Dieu parce qu'ils sont trop
savants, trop érudits, trop sages pour
croire de pareilles choses. La sagesse de ce monde
nous détourne de Dieu, tandis que la
connaissance véritable ne pourra jamais nous
séparer de Lui. C'est le péché
qui nous empêche de croire, pas autre chose.
C'est parce que nous prenons plaisir à nos
habitudes mauvaises, aux convoitises de la chair et
que nous ne voulons pas être
arrêtés sur cette voie de notre vie
propre mais la suivre jusqu'au bout à notre
gré.
Cette petite
discussion dans la salle d'étude a servi
à me faire entendre la voix de Dieu dans ma
conscience, de sorte qu'au fond de mon coeur je
crus à Sa souveraineté comme
Créateur à partir de ce
jour-là, mais j'étais malgré
cela toujours un pécheur perdu. On peut
avoir une connaissance exacte de toute la Bible et
croire à l'existence de Dieu, et aller en
enfer tout aussi bien qu'un païen qui n'a
jamais entendu l'Évangile. Il nous faut
avoir une expérience personnelle du salut,
sinon nous ne sommes pas sauvés du
tout.
Un jour notre
école invita Miss Tippet, missionnaire,
à venir nous faire des réunions de
réveil. C'était un effort particulier
pour gagner à Christ les étudiants,
et nos professeurs nous offrirent en cette occasion
le couvert gratuit pour nous permettre d'assister
à toutes les réunions. Comme
Confucius enseigne le respect des maîtres,
nous avions pour nos professeurs la plus haute
considération, tout comme pour nos propres
parents.
Ainsi puisqu'ils nous
invitaient si aimablement, nous pouvions vraiment
pas refuser et avons décidé de rester
à ces réunions. Nous nous sommes
assis aux derniers bancs, et comme nous ne pouvions
pas causer et que les messages ne nous
intéressaient guère, nous avons
passé le temps à nous écrire
des billets les uns aux autres, à la grande
joie de la missionnaire, qui s'imaginait que nous
prenions des notes de son
sermon !
Mais à mesure
que les réunions se succédaient, la
puissance du Saint-Esprit se faisait sentir et
plusieurs personnes furent convaincues de
péché et converties au Seigneur. Puis
ce furent les témoignages retentissants de
la joie et de la paix trouvées avec la
grâce du pardon, ce qui nous fit une profonde
impression. Je me souviens qu'un jour elle prit
pour texte : « Tous ont
péché et sont privés de la
gloire de Dieu. » Nous avons tous
péché, que ce soit d'une
manière ou d'une autre, le
péché est là.
C'est ainsi que la
Parole de Dieu commença à,
pénétrer dans mon coeur.
« TOUS ONT
PÉCHÉ ! » Je me
demandais si une telle déclaration pouvait
être vraie. « Alors suis-je
vraiment inclus dans ce grand
« tous » ? Ai-je commis
des péchés ? Mais je ne suis
pourtant pas si coupable que cela, sinon les
autorités auraient bientôt fait de me
mettre en prison. » J'étais poli,
respectueux, diligent dans mon travail, un vrai
« gentleman » après
tout. J'avais bien un peu d'orgueil dans le coeur,
mais je ne m'en inquiétais guère de
ce péché-là, me sentant
supérieur à bien d'autres.
Voilà, en un mot, ce que je pensais de
moi-même.
Mais maintenant tout
était bien différent. Ce
n'était plus ce que MOI je pensais de mon
propre état, mais ce que le SAINT-ESPRIT me
révélait au tréfonds de mon
être. Quand il mit en lumière tous mes
péchés, je me vis soudain comme un
pécheur perdu. Oui, j'avais
péché contre DIEU ! Tous mes
péchés « plus nombreux que
les cheveux de ma tête », selon la
parole du Psalmiste, se dressaient maintenant sous
mes yeux et pesaient sur mon coeur comme un lourd
fardeau. Oui, le message de la Missionnaire
était vrai, la Parole de Dieu était
exacte : il devait bien y avoir un Ciel et un
enfer, et quant à moi, j'étais bien
en route vers la condamnation éternelle, les
ténèbres du dehors.
Profondément convaincu de
péché, je me sentais bien malheureux
et j'aurais voulu m'écrier, comme ceux du
jour de la Pentecôte : « Que
ferais-je pour être
sauvé ? »
Alors l'Esprit divin
me fit voir « l'Agneau de Dieu qui
ôte le péché du
monde ». Je levai les yeux par la foi et,
contemplant le Fils de Dieu, le Sauveur béni
pendu à cette croix maudite, souffrant,
meurtri, ensanglanté, j'entendis Sa voix qui
me disait aussi à moi, en me tendant Ses
bras : « Venez à moi, vous
tous qui êtes fatigués et
chargés, et je vous donnerai du
repos. » (Matt. 11. 28.) Je ne savais pas
qu'Il m'avait tant aimé, moi païen,
élevé dans les ténèbres
d'une famille païenne, d'une nation
idolâtre, et pourtant c'était un
fait : « IL
M'AIMAIT ! »
Pour la
première fois de ma vie, je me courbai
devant cette Croix et murmurai ma première
prière : « 0 Dieu, aie
pitié de moi,
pécheur ! » Dieu soit
béni ! Son grand amour s'est
abaissé jusqu'à moi, un pauvre
Chinois indigne et pécheur. Il a entendu mon
cri et le fardeau de mes péchés a
roulé d'un seul coup en bas de mes
épaules, tandis qu'une paix ineffable et la
joie du salut pénétraient dans mon
coeur. À partir de ce jour-là je sus
que j'étais devenu « une nouvelle
créature en Jésus-Christ ».
Loué soit le Seigneur ! Oui,
l'Évangile est toujours la
« puissance de Dieu pour le salut de
quiconque croit ». C'est là la
Bonne Nouvelle dont le monde a besoin, le message
de Vie qui libère les âmes de
l'esclavage du péché et de
Satan.
Dès ma
conversion, un nouveau sentiment de
responsabilité s'empara de tout mon
être. J'étais si heureux de ma
nouvelle foi et pas du tout honteux de ma religion,
je vous assure, car je sentais qu'être
chrétien, c'est être un homme par
excellence. Mes amis furent bien
étonnés quand je leur annonçai
que j'étais devenu chrétien et
combien la Bible m'était précieuse.
Dès lors je m'efforçai de persuader
les gens de venir aux réunions. Je
n'étais pas encore bien savant pour pouvoir
leur expliquer moi-même la Parole de Dieu,
mais j'avais à coeur de leur faire entendre
la prédication. C'est bien le moindre
service que tout chrétien devrait prendre
à coeur pour les intérêts du
Seigneur et pour le salut des âmes.
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