Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



CHRIST EN CHINE
LA VIE ET LE MESSAGE d'ANDRÉ GIH DE CHANGHAÏ


PREMIÈRE PARTIE

CHAPITRE I
LA CONVERSION D'UN TIGRE

II y a quelques armées, le groupe de Béthel tenait des réunions au Centre de la Chine. Je me souviens encore de ces jours où, matin et après-midi, nous nous réunissions avec les croyants, tandis que chaque soir les portes étaient ouvertes à ceux du dehors pour la prédication de la Bonne Nouvelle.
Le premier soir nous avons prêché sur l'importante question du péché, cherchant à montrer à ce peuple toute la gravité, toute l'horreur du péché et de ses terribles conséquences, pour leur présenter ensuite l'unique remède dans la Personne du Seigneur Jésus-Christ.

La réunion terminée, quelques personnes s'attardèrent pour causer ensemble. Passant près du groupe, je surpris un homme disant à voix basse « Il nous a tous fait passer pour des vauriens ce soir. S'il continue ainsi, demain nous lui ferons son affaire ! » Dans mon état de santé précaire, je ne me sentais guère d'attaque à supporter une rouée de coups. Je me dis en moi-même : « À quoi bon exaspérer ces gens en leur parlant du péché

Je pourrais peut-être prendre un autre sujet qui leur plairait davantage. » Mais quand j'exposai la chose au Seigneur dans la prière, Il me répondit : « Sois fidèle et continue à dénoncer le péché. » Et j'obéis sans discuter à l'ordre du Seigneur.

Le pasteur de l'endroit m'informa que le « leader » de l'opposition était surnommé « Tchaou le Tigre ». Ce nom suffisait à lui seul pour inspirer quelque inquiétude. J'appris aussi que le personnage en question était un vrai bandit, ayant juré de tuer son propre père. Il ne serait donc pas en peine pour assener au prédicateur quelques bons coups de matraque. Je me sentis alors envahi par une nouvelle frayeur. Cependant, le soir venu, nous avons de nouveau prêché sur le péché, le coeur humilié et tremblant devant notre Dieu.
Le service terminé, ce même groupe était encore là, plus furieux que jamais. Montrant du doigt le prédicateur, l'un d'eux s'écria : « Hier nous ne vous avons rien dit, mais si demain vous ne changez pas de sujet, vous aurez affaire à nous ! »

La nouvelle se répandit que ces hommes avaient bien décidé de battre le prédicateur le lendemain soir, de sorte qu'une foule plus nombreuse se pressa pour assister à la scène.
Se confiant en son Dieu, le prédicateur, d'un coeur humble et brisé, continua à prêcher sur le même sujet, laissant à Dieu les conséquences de son obéissance. À la fin du message, on entendit un cri perçant tout au bout de la salle, et un homme s'effondra sur le sol. « Mes péchés ! mes péchés ! » s'écriait-il au désespoir. Je ne pouvais continuer le service et, renvoyant la foule, je me dirigeai vers celui qui gisait là, prostré, sous la conviction de son péché.

C'était mon « Tigre Tchaou » en personne ! M'agenouillant près de lui, je mis mon bras autour de son cou. Il était devenu doux comme un agneau et se mit à confesser à Dieu tous ses péchés. Il me confia qu'il avait juré de tuer son père. Je l'engageai vivement à le lui confesser et à implorer son pardon. Le jour suivant, il se rendit chez son père, à quelques kilomètres de là, puis tombant à ses genoux avec larmes, il le supplia de lui pardonner.
Le soir même il était de retour à la réunion et rendit son témoignage, et quel témoignage, à la puissante grâce de Dieu ! Il faut rien de moins que la souveraine Grâce de Dieu pour transformer un homme de cette trempe. Car le tigre éduqué, le tigre apprivoisé restera toujours un tigre. C'est Dieu seul qui a le pouvoir de transformer une vie. Soyons donc fidèles à notre Dieu, fidèles aux âmes qu'Il nous a confiées.

Quant à moi, je suis né dans un foyer qui n'était pas très religieux. Depuis bien des générations, nous autres Chinois avons cru au Bouddhisme. Je me souviens encore d'avoir, dans mon enfance, accompagné ma mère au temple pour y brûler de l'encens en signe d'adoration. Ma mère ne prenait pas part aux incantations et ne pratiquait le végétarisme que cinq jours par mois. Bouddha enseigne que la mise à mort de toute créature est un péché, et que l'abstention de toute nourriture animale constitue un mérite suffisant pour racheter les péchés. Si le nombre des mérites dépasse celui des fautes commises, une place au Ciel est assurée.
Ma mère était une femme douce et bienveillante, quoique sans éducation, et n'avait aucune étroitesse d'esprit. Mon père était un adepte de Confucius et c'est avec lui que je fis mes premières études littéraires.

Confucius présente à ses adeptes cinq objets principaux de respect : Le Ciel, la Terre, le Roi, les Parents, les Maîtres. La synthèse des diverses religions de la Chine, le Confucianisme, le Bouddhisme et le Taoïsme, a donné naissance à l'adoration des ancêtres. Ainsi le jour de la commémoration de leur mort, on est en grands préparatifs. Des aliments leur sont offerts, des billets de banque sont brûlés en leur honneur et autres pratiques de ce genre. Quant à moi, pour faire comme tout le monde, je m'associais à ces cérémonies stériles, sans avoir la moindre conviction que les âmes des défunts allaient revenir pour recevoir tous ces dons. Mais il fallait bien suivre la tradition de nos pères !

Les enfants en général sont curieux. Je ne faisais pas exception à la règle, et c'était mon plaisir de me rendre au temple pour en inspecter tous les moindres recoins avec leurs innombrables idoles. Cela ne me produisait pas une bien grande impression, jusqu'à ce qu'un jour je découvris dans une des chambres des représentations terrifiantes de l'enfer. Les tourments des damnés, les figures hideuses des idoles me firent une telle horreur que, laissant les fidèles à leurs incantations, je poussai un cri et m'enfuis du temple en courant.

Plus tard, je m'intéressai aux doctrines bouddhistes, les mérites qu'on pouvait s'acquérir par le végétarisme et la pratique des chants religieux, dans l'espoir d'un vague salut dans l'autre monde. Les Chinois croient aussi à la métempsychose - la transmigration des âmes d'un stage de vie à un autre plus élevé, selon les mérites de chacun. Mais mon intérêt pour cette religion ne dura que quelques mois à peine car j'en réalisai toute la stérilité et la mort. Aucune puissance pour triompher du mal. On peut être un ardent adorateur de Bouddha, chanter des litanies d'un coeur bien pieux, puis retourner à sa vie de péché sans en avoir même la conscience troublée le moins du monde.

À cette époque je me souviens avoir reçu, je ne sais plus par qui, des petits livres dont je n'ai pas compris le contenu, mais qui portaient une gravure d'hommes aux longues barbes. Cela ne me plut guère, de sorte que je les détruisis sans même les lire. Je suppose que c'était des Évangiles, cette Parole divine que j'annonce maintenant à tous - mais Dieu a usé de grâce en pardonnant le péché de mon enfance.

Peu après, je me rendis, par simple curiosité, dans une église catholique, pour voir un peu ce qui s'y passait : C'était en été et j'avais mis mon grand chapeau de paille. Au moment de franchir le seuil du sanctuaire, quelqu'un envoya rouler mon chapeau sans autre forme de procès. Tout apeuré, je me hâtai de le ramasser et m'enfuis de ce lieu où je n'ai plus jamais remis les pieds.

Bien qu'habitant alors la banlieue de Changhaï, à cinq kilomètres seulement du centre, nous n'avions encore jamais entendu prêcher l'Évangile ! Et toutes les impressions plutôt négatives que j'avais reçues jusqu'alors m'avaient fermé le coeur à la religion en général, de sorte que je devins dès lors un parfait matérialiste. Mais Dieu, qui m'avait élu en Christ avant la fondation du monde, était à l'oeuvre en moi sans que j'en eusse conscience.

J'étais âgé de douze ans lorsque mon père mourut. L'heure de l'épreuve avait sonné pour toute la famille. Je n'étais pas encore bien savant en ce temps-là, mais la misère me contraignit à chercher un emploi quelconque pour gagner mon pain. Dans cette lutte pour la vie je fis la découverte de bien des vices que j'ignorais jusqu'alors et je finis par y tomber moi-même, tout en continuant à étudier la morale et la vertu dans mes livres chinois. Mes parents m'avaient élevé, avec mes frères, dans la tempérance, l'honnêteté, la générosité, la simplicité de coeur. Mais ces vertus eurent bien vite cédé le pas à toutes les pratiques mauvaises et je tombai bientôt dans un abîme de péché et de ténèbres.

Le chemin du transgresseur est rude ; j'y rencontrai des épines, le désappointement et l'amertume dans la faillite de tous mes projets, la ruine de toutes mes espérances.

Le murmure s'échappait souvent de mes lèvres, me sentant comme enfermé de toutes parts dans une sombre prison. Mes propres parents étaient mes pires ennemis. Ils semblaient prendre plaisir à me voir sombrer dans ce gouffre de péché et de souffrance, sans que nul d'entre eux eût l'idée de me tendre la main pour m'aider à sortir du bourbier. J'en conçus une immense amertume allant jusqu'à la haine pour l'humanité tout entière. Ma nature plutôt douce se changea en violence et je me livrai sans retenue à des accès de colère et de rage. Je devins querelleur avec mes amis, au lieu de me juger moi-même pour cette moisson d'iniquité, résultat de mes propres semailles, et je ne m'arrêtai pas même un instant dans ma course folle pour écouter la répréhension de ma conscience.

Comme l'Évangile est vrai quand il dit : « La lumière du corps, c'est l'oeil. Si ton oeil est sain, tout ton corps sera dans la lumière. Si ton oeil est mauvais, ton corps entier sera dans les ténèbres. Si donc la lumière qui est en toi devient ténèbres, combien grandes seront ces ténèbres ! »



CHAPITRE II
MA CONVERSION

 Oui, le diable était là « comme un lion rugissant cherchant qui il peut dévorer », et il s'en fallut de peu que je ne devinsse sa proie. Accablé par les désappointements et le découragement, ma vie était devenue insipide et vide de sens. Ainsi le joyeux bambin d'autrefois devint un garçon pessimiste, toujours soupirant, accablé sous le poids de la souffrance. Pour la moindre cause je fondais en larmes et il m'arrivait même parfois de pleurer la nuit dans mes rêves et de trouver le matin mon oreiller tout trempé.

À cette époque, une nouvelle épreuve vint me frapper dans le décès de mon oncle, homme respecté et d'une situation brillante. Ce fut une des pages les plus sombres de mon existence. Ma vie ressemblait alors à cette terre chaotique d'avant la création, « informe et vide », toute enveloppée de ténèbres. Mais « l'Esprit de Dieu se mouvait sur la face des eaux ».
Désespéré, à bout de forces dès le printemps de ma vie, j'en vins à envisager le suicide, car après toutes mes faillites, à quoi bon chercher à poursuivre ma route ici-bas ?

Certains de mes amis étudiaient l'anglais et commençaient à le parler entre eux. Cela m'ennuyait de ne pouvoir les comprendre et je résolus de suivre leur exemple. « Moi aussi je pouvais bien apprendre l'anglais ! » Un de mes cousins m'enseigna l'alphabet et les premiers éléments de la langue. Trois mois plus tard je pris la décision de me mettre en quête d'une école où je pourrais poursuivre avec plus de succès cette étude. Ce fut un pas très important qui devait amener un grand tournant dans ma vie.
Désireux de trouver une bonne école, j'avais visité la Mission Béthel qui avait une école supérieure. Elle me convenait bien, n'étant pas éloignée de chez moi ; j'y passai donc mon examen de rentrée. Les lieux étaient très agréables, loin du bruit de la ville, tout en étant près du chemin de fer, ce qui me permettait de rentrer chez moi chaque soir.

Mon unique but en entrant à Béthel était d'apprendre l'anglais, sachant qu'ils avaient des professeurs américains et des méthodes modernes. Mais comme c'était une école missionnaire, on y faisait le culte chaque matin. Tous les étudiants assistaient à ce culte, mais moi, je n'étais pas venu là pour me laisser imposer la religion étrangère. J'étais devenu très matérialiste, j'avais quelques notions de science, je connaissais bien la cause des phénomènes physiques et je n'avais pas besoin de leurs mômeries, ne croyant ni à Dieu ni à diable.

La Bible nous dit bien : « Prenez garde que personne ne fasse de vous sa proie par la philosophie et par une vaine tromperie, s'appuyant sur la tradition des hommes, sur les rudiments du monde et non sur Christ. » (Col. 2. 8.) J'étais alors de ces gens-là et ne voulais à aucun prix prêter l'oreille à la Vérité. Quand mes professeurs me demandèrent pourquoi je ne venais pas au culte du matin, je m'excusai en disant que j'habitais trop loin et ne pouvais arriver assez tôt. En cherchant à tromper les autres, je me trompais moi-même. Pitoyable état que le mien !

L'École de Béthel exigeait aussi de ses élèves l'étude de la Bible. Là, pas moyen d'échapper. Tout en voulant ignorer la question religion, j'étais heureux pourtant d'étudier cette Bible anglaise, sachant qu'elle contenait des trésors linguistiques sans pareils.
Mais la Parole de Dieu est vivante ; elle peut parler au coeur de ses lecteurs et les convaincre de leur état de péché et de misère. Elle nous révèle le grand remède de Dieu dans le don de Son Fils Jésus-Christ, crucifié sur le bois maudit afin de devenir le Sauveur du monde. Oui, « la Parole de Dieu est vivante et efficace, plus tranchante qu'aucune épée à deux tranchants, pénétrante jusqu'à partager âme et esprit, jointures et moelles, elle juge les sentiments et les pensées du coeur ». (Héb. 4. 12.)

Nous avons commencé par l'étude de l'Évangile selon saint Matthieu. Dans le Sermon sur la Montagne, ces paroles de Christ arrêtèrent mon attention : « Aimez vos ennemis. Bénissez ceux qui vous maudissent. Faites du bien à ceux qui vous haïssent, et priez pour ceux qui vous maltraitent et qui vous persécutent. » (Malt. 5. 34.) Un autre passage aussi me parut extraordinaire, c'est quand Pierre demanda à Jésus : « Combien de fois mon frère péchera-t-il contre moi et lui pardonnerai-je ? » Et le Seigneur lui répondit : « Je te le dis, non pas jusqu'à sept fois, mais jusqu'à septante fois sept fois. » Un tel enseignement dépassait totalement mes conceptions et ma raison. Confucius nous apprenait à rendre le bien pour le bien, mais rendre le bien pour le mal, comme Christ l'enseigne, c'est une autre affaire ! J'en conclus que la doctrine de Christ était vraiment excellente, mais ma croyance à son enseignement ne m'empêchait pas d'être toujours ce que j'étais : un pécheur perdu.

En poursuivant mes études, il m'arrivait parfois cependant d'assister au culte du dimanche. Dans notre classe biblique, on nous faisait faire des rédactions sur les sujets traités. Ainsi j'écrivis un jour un devoir sur l'adoration des Mages et fus gratifié d'une annotation flatteuse de mon professeur : « Récit intéressant - Excellent travail ! » Ainsi je progressai rapidement dans l'étude des Saintes Écritures :

Un jour nous eûmes entre étudiants une conversation intéressante en attendant le cours. Une des jeunes filles me demanda si je croyais au premier chapitre de la Genèse. « Non ! » répondis-je sans hésiter, car je ne croyais pas alors à l'existence d'un Créateur. J'en avais fini avec les notions de mon enfance, la crainte du tonnerre qu'on nous faisait passer pour « le bon Dieu en colère », etc. ; je connaissais la science et je croyais tout savoir en affirmant qu'il n'y avait ni Dieu ni monde à venir. J'étais bien décidé à ne croire que ce que mes sens pouvaient me démontrer comme le réel.
Mes camarades furent surpris de ma réponse et poursuivirent l'interrogatoire. « Si tu ne crois pas au Dieu créateur de l'univers et de l'humanité tout entière, peux-tu nous dire d'où tu es venu toi-même ? » Et cela m'amena, de question en question, à confesser ma croyance dans la doctrine de l'évolution. Mais cette doctrine ne pouvait me satisfaire le coeur, ni même la raison. Car après tout, si dans les temps antiques les singes ont évolué en êtres humains, pourquoi ont-ils cessé de le faire ? A-t-on jamais retrouvé des chimpanzés parvenus à un état intermédiaire entre le singe et l'homme ? Mais les savants en sont revenus de cette théorie qui ne peut être qualifiée de scientifique, car la science doit être basée sur des faits, non sur des spéculations.

La Bible est donc le livre le plus scientifique, car dès le premier chapitre de la Genèse, elle est basée sur des faits. Dieu nous déclare ces grands faits tout simplement et sans explications, car les faits n'ont pas besoin d'être expliqués : ils s'imposent. Mais les déductions de l'évolutionnisme ne peuvent satisfaire ni le coeur ni la raison, car si en fin de compte l'humanité a surgi d'un germe de protoplasme, ce germe lui-même, d'où est-il venu ? Les savants eux-mêmes n'en savent rien.

Ainsi au tréfonds de moi-même, j'étais bien convaincu qu'il devait y avoir un Dieu créateur de l'univers. Mais ma volonté altière et mon stupide orgueil refusaient de se courber devant les exigences de ce Dieu saint. Sa Parole nous le dit bien : « Car ce qu'on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux, Dieu le leur ayant fait connaître. effet, les perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité se voient comme à l'oeil, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables. » (Rom. 1. 19-20.) J'étais bien persuadé de l'existence de Dieu, mais ma nature pécheresse aimait les ténèbres plus que la lumière, le péché plus que la justice. « Et ce jugement, c'est que la lumière étant venue dans le monde, les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs oeuvres étaient mauvaises. Car quiconque fait le mal hait la lumière, et ne vient point à la lumière, de peur que ses oeuvres ne soient dévoilées. » (Jean 3. 19-20.) Voilà pourquoi je luttais contre Dieu et refusais de l'accepter comme le Créateur devant qui l'homme doit s'humilier. Il y a bien des gens qui déclarent ne pouvoir croire en Dieu parce qu'ils sont trop savants, trop érudits, trop sages pour croire de pareilles choses. La sagesse de ce monde nous détourne de Dieu, tandis que la connaissance véritable ne pourra jamais nous séparer de Lui. C'est le péché qui nous empêche de croire, pas autre chose. C'est parce que nous prenons plaisir à nos habitudes mauvaises, aux convoitises de la chair et que nous ne voulons pas être arrêtés sur cette voie de notre vie propre mais la suivre jusqu'au bout à notre gré.

Cette petite discussion dans la salle d'étude a servi à me faire entendre la voix de Dieu dans ma conscience, de sorte qu'au fond de mon coeur je crus à Sa souveraineté comme Créateur à partir de ce jour-là, mais j'étais malgré cela toujours un pécheur perdu. On peut avoir une connaissance exacte de toute la Bible et croire à l'existence de Dieu, et aller en enfer tout aussi bien qu'un païen qui n'a jamais entendu l'Évangile. Il nous faut avoir une expérience personnelle du salut, sinon nous ne sommes pas sauvés du tout.

Un jour notre école invita Miss Tippet, missionnaire, à venir nous faire des réunions de réveil. C'était un effort particulier pour gagner à Christ les étudiants, et nos professeurs nous offrirent en cette occasion le couvert gratuit pour nous permettre d'assister à toutes les réunions. Comme Confucius enseigne le respect des maîtres, nous avions pour nos professeurs la plus haute considération, tout comme pour nos propres parents.
Ainsi puisqu'ils nous invitaient si aimablement, nous pouvions vraiment pas refuser et avons décidé de rester à ces réunions. Nous nous sommes assis aux derniers bancs, et comme nous ne pouvions pas causer et que les messages ne nous intéressaient guère, nous avons passé le temps à nous écrire des billets les uns aux autres, à la grande joie de la missionnaire, qui s'imaginait que nous prenions des notes de son sermon !
Mais à mesure que les réunions se succédaient, la puissance du Saint-Esprit se faisait sentir et plusieurs personnes furent convaincues de péché et converties au Seigneur. Puis ce furent les témoignages retentissants de la joie et de la paix trouvées avec la grâce du pardon, ce qui nous fit une profonde impression. Je me souviens qu'un jour elle prit pour texte : « Tous ont péché et sont privés de la gloire de Dieu. » Nous avons tous péché, que ce soit d'une manière ou d'une autre, le péché est là.

C'est ainsi que la Parole de Dieu commença à, pénétrer dans mon coeur. « TOUS ONT PÉCHÉ ! » Je me demandais si une telle déclaration pouvait être vraie. « Alors suis-je vraiment inclus dans ce grand « tous » ? Ai-je commis des péchés ? Mais je ne suis pourtant pas si coupable que cela, sinon les autorités auraient bientôt fait de me mettre en prison. » J'étais poli, respectueux, diligent dans mon travail, un vrai « gentleman » après tout. J'avais bien un peu d'orgueil dans le coeur, mais je ne m'en inquiétais guère de ce péché-là, me sentant supérieur à bien d'autres. Voilà, en un mot, ce que je pensais de moi-même.
Mais maintenant tout était bien différent. Ce n'était plus ce que MOI je pensais de mon propre état, mais ce que le SAINT-ESPRIT me révélait au tréfonds de mon être. Quand il mit en lumière tous mes péchés, je me vis soudain comme un pécheur perdu. Oui, j'avais péché contre DIEU ! Tous mes péchés « plus nombreux que les cheveux de ma tête », selon la parole du Psalmiste, se dressaient maintenant sous mes yeux et pesaient sur mon coeur comme un lourd fardeau. Oui, le message de la Missionnaire était vrai, la Parole de Dieu était exacte : il devait bien y avoir un Ciel et un enfer, et quant à moi, j'étais bien en route vers la condamnation éternelle, les ténèbres du dehors. Profondément convaincu de péché, je me sentais bien malheureux et j'aurais voulu m'écrier, comme ceux du jour de la Pentecôte : « Que ferais-je pour être sauvé ? »
Alors l'Esprit divin me fit voir « l'Agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ». Je levai les yeux par la foi et, contemplant le Fils de Dieu, le Sauveur béni pendu à cette croix maudite, souffrant, meurtri, ensanglanté, j'entendis Sa voix qui me disait aussi à moi, en me tendant Ses bras : « Venez à moi, vous tous qui êtes fatigués et chargés, et je vous donnerai du repos. » (Matt. 11. 28.) Je ne savais pas qu'Il m'avait tant aimé, moi païen, élevé dans les ténèbres d'une famille païenne, d'une nation idolâtre, et pourtant c'était un fait : « IL M'AIMAIT ! »

Pour la première fois de ma vie, je me courbai devant cette Croix et murmurai ma première prière : « 0 Dieu, aie pitié de moi, pécheur ! » Dieu soit béni ! Son grand amour s'est abaissé jusqu'à moi, un pauvre Chinois indigne et pécheur. Il a entendu mon cri et le fardeau de mes péchés a roulé d'un seul coup en bas de mes épaules, tandis qu'une paix ineffable et la joie du salut pénétraient dans mon coeur. À partir de ce jour-là je sus que j'étais devenu « une nouvelle créature en Jésus-Christ ». Loué soit le Seigneur ! Oui, l'Évangile est toujours la « puissance de Dieu pour le salut de quiconque croit ». C'est là la Bonne Nouvelle dont le monde a besoin, le message de Vie qui libère les âmes de l'esclavage du péché et de Satan.

Dès ma conversion, un nouveau sentiment de responsabilité s'empara de tout mon être. J'étais si heureux de ma nouvelle foi et pas du tout honteux de ma religion, je vous assure, car je sentais qu'être chrétien, c'est être un homme par excellence. Mes amis furent bien étonnés quand je leur annonçai que j'étais devenu chrétien et combien la Bible m'était précieuse. Dès lors je m'efforçai de persuader les gens de venir aux réunions. Je n'étais pas encore bien savant pour pouvoir leur expliquer moi-même la Parole de Dieu, mais j'avais à coeur de leur faire entendre la prédication. C'est bien le moindre service que tout chrétien devrait prendre à coeur pour les intérêts du Seigneur et pour le salut des âmes.


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