DES RAYONS
ET DES OMBRES
CHAPITRE XII
L'épreuve de la foi
- La scarlatine, que voulez-vous dire ? fit
Nelly, regardant avec stupéfaction la bonne
qui enlevait les vêtements du
bébé avec une hâte
inusitée.
- Ce que je veux dire n'est pas
difficile à comprendre, répondit la
bonne d'une voix irritée. Vous devriez
être mieux apprise que d'aller dans ces sales
chaumières infectées par la
fièvre, pour apporter ensuite la maladie
à votre petit frère.
- Oh ! Marie, qu'ai-je fait ?
s'écria Nelly épouvantée.
Où est maman ? Il faut que j'aille lui
parler.
- N'allez pas encore ennuyer votre
pauvre maman, Nelly ; cela ne fera aucun bien.
Elle a eu assez de chagrins comme cela sans que
vous lui en fassiez encore davantage.
Mais Nelly était
déjà loin.
- Maman, s'écria-t-elle, en se
précipitant dans la chambre où Mme
Merton était assise,
paisiblement occupée à un ouvrage de
couture, je suis entrée dans une
chaumière où il y a la scarlatine et
la bonne dit que je l'ai peut-être
apportée au bébé.
Et la pauvre fillette se jeta aux genoux
de sa mère en sanglotant.
- Ma chère enfant, dit Mme Merton
tranquillement, bien qu'elle eût pâli
en entendant le terrible mot
« scarlatine », essaie de me
dire ce qui s'est passé.
- J'étais tout près de la
chaumière, maman, quand j'ai entendu
quelqu'un qui demandait de l'eau. Naturellement, je
suis entrée pour voir de quoi il s'agissait
et j'ai trouvé une pauvre fille horriblement
malade et je lui ai donné à boire. Je
ne pouvais pas faire autrement et ensuite je lui ai
parlé un peu de Jésus. Dis, maman,
ai-je eu tort ? Je crois vraiment qu'il ne
faut plus que j'essaie de faire quelque chose pour
le Seigneur, cela va toujours de travers.
Sa mère posa sa main sur la
tête inclinée de la fillette et dit
doucement :
- Ne te désole pas, ma
chérie, je crois que, dans ces
circonstances, tu as fait ce que tu devais
faire ; je suis si reconnaissante que ma
fillette ait pu parler du Seigneur Jésus
à cette pauvre malade.
- Mais, maman, si bébé
prend la fièvre ! Je
suis arrivée tout droit auprès de
lui, en sortant de cette maison et je l'ai pris
dans mes bras. Moi, je l'ai déjà eue,
donc je ne risque rien, mais lui ?
- Il va bien sans dire, Nelly, que si
j'avais su que tu avais l'intention d'aller dans
une maison où régnait la maladie, je
ne te l'aurais pas permis, mais tu as agi dans
l'ignorance et nous devons laisser le reste au
Seigneur. Je voudrais que tu connaisses la paix
parfaite que l'on éprouve quand on peut dire
en réalité : « Mes
temps sont en ta main ». Aucun mal ne
peut nous toucher sans sa volonté. Apprenons
à prendre directement de la main de notre
Père les joies et les épreuves de la
vie ; les rayons et les ombres viennent de Lui
et Il peut nous réjouir même au milieu
des larmes.
- Maman, tu sais toujours me consoler,
fit Nelly, je demande à Dieu tous les jours
de me rendre confiante et bonne comme tu
l'es.
- Demande-lui plutôt de te rendre
plus semblable au Seigneur Jésus, Nelly. Il
est notre exemple en toutes choses.
Mme Merton commençait à
espérer que toute cette affaire
n'était qu'une fausse alerte et Nelly n'y
pensait presque plus lorsqu'une nuit elle fut
réveillée par des sons
inusités. Des pas précipités
troublaient le silence et les
gémissements de Bébé se
mêlaient aux voix de maman et de Marie qui
parlaient tout bas, mais combien anxieusement.
Nelly retint son souffle et écouta. Le petit
frère était malade, elle en
était certaine. Serait-ce la terrible
fièvre ? Hélas, ce
n'était que trop vrai. Le rayon de soleil de
la maison était très malade. Pour
comble de malheur, M. Merton se trouvait en
voyage.
Alors commença une période
d'anxiété. La foi de la mère
était durement éprouvée. De
jour en jour l'état de l'enfant empirait. La
maison était silencieuse ; la tristesse
assombrissait tous les visages.
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