Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



DES RAYONS ET DES OMBRES

CHAPITRE XIII
Dieu répond aux prières

 

Malgré les soins entendus qui lui étaient prodigués, malgré la tendresse qui l'entourait, l'état du petit Jean ne faisait qu'empirer toujours. Une expression de profonde tristesse s'était répandue sur le visage si patient de Mme Merton. La bonne faisait son travail avec des yeux bouffis par les larmes et Nelly allait d'une chambre à l'autre, cherchant, avec un calme extraordinaire chez une enfant, à accomplir les petits devoirs que l'on attendait d'elle. Mais il lui semblait faire un rêve affreux qu'elle secouerait bientôt au réveil.
Un certain soir pourtant, elle n'y tint plus. Bébé avait terriblement souffert toute la journée et ses gémissements faisaient mal à entendre. Nelly, à bout de forces et de courage, arrêta le docteur qui sortait de la chambre du petit malade.
- S'il vous plaît, monsieur, demanda-t-elle d'une voix tremblante, me diriez-vous si mon petit frère va mourir ?

Le bon vieux docteur abaissa des yeux très doux et très bienveillants sur le visage pâle et hagard de la fillette ; il vit son regard qui cherchait le sien avec tant de confiance qu'il en fut ému malgré lui.
- Ma petite, nous ne pouvons pas dire d'avance comment iront les choses avec ces très jeunes enfants. Tu sais que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.

Nelly, malgré son manque absolu d'expérience, sentit qu'il lui cachait la vérité.
- Oh ! docteur, insista-t-elle, ne pouvez-vous plus rien faire pour lui ? Ne pouvez-vous pas guérir notre chéri ?
- Chère enfant, répondit gravement le docteur, je te dirai exactement ce qui en est. Ton petit frère est très, très malade ; il y aura une crise cette nuit, et je ne puis te dire comme cela tournera, mais je crains...
Il ne termina pas sa phrase. Nelly avait compris.
- L'enfant ne dort pas, continua-t-il ; si seulement son pauvre cerveau pouvait se reposer, ne fût-ce que pendant une heure, j'aurais quelque espoir.

Puis, se penchant vers Nelly, il ajouta très doucement :
- Petite, va demander au Seigneur d'envoyer le sommeil à ton petit frère. Il peut tout et Il est plein d'amour.

Nelly se glissa dans sa chambrette et s'agenouilla auprès de la fenêtre ouverte. Au dehors tout était calme et paisible. « Oh ! sanglota l'enfant, comment la nuit peut-elle être si belle quand nous sommes si malheureux ? Papa, papa, où donc es-tu maintenant ! Tu es bien loin et tu ne sais pas que ton petit garçon est mourant. » Et Nelly se figurait le désespoir de son père, rentrant à la maison, pour trouver que son fils avait cessé de vivre.

Nelly arrêta le docteur qui sortait...

Alors les pensées de l'enfant s'en allèrent au-delà des étoiles, vers Celui qui leur avait envoyé ce chagrin affreux. Elle savait qu'Il est encore aujourd'hui Celui qui jadis avait ressuscité le fils de la veuve et qui avait rendu Lazare à ses soeurs désolées. Oui, c'est à Lui qu'elle irait ; c'est à Lui qu'elle demanderait de sauver son frère.
Et là, environnée par le grand silence de la nuit étoilée, la fillette, pleine de confiance, dit au Seigneur son grand souci ; elle le supplia d'arrêter l'affreuse maladie et de donner à Bébé le sommeil dont il avait tant besoin. Tandis qu'elle priait ainsi, il lui sembla qu'un lourd fardeau lui était enlevé.

Elle ne sut jamais combien de temps elle resta à genoux. Peut-être le sommeil la gagna-t-il ; elle était si lasse. Quand elle se releva, il devait être près de minuit. À pas feutrés, Nelly descendit l'escalier. Dieu avait-il déjà exaucé sa prière ? Jean dormait-il ? Dans ce cas, il y avait de l'espoir. Le docteur l'avait dit.
Sans bruit, Nelly ouvrit la porte de la chambre. Son coeur se serra. Sur l'oreiller, la pauvre petite tête s'agitait sans trêve ; dans les yeux grands ouverts, le délire mettait sa détresse et le gémissement, sans cesse le même, sortait des lèvres desséchées par la fièvre. Nelly regarda sa mère ; son visage, toujours calme, était tiré et pâli par la douleur. Le docteur, qui était revenu, se penchait anxieusement sur le petit malade.
Tout à coup une pensée frappa Nelly. Se glissant auprès de sa mère, elle murmura :
- Maman, chante notre chant à Bébé je suis sûre que cela le fera dormir.
- Que dit-elle ? demanda le docteur.

Mme Merton sourit tristement en répondant :
- Nelly me demande le petit cantique que j'ai toujours eu l'habitude de chanter à mes enfants pour les endormir. Pour eux, quand ils sont en bonne santé, l'effet en est magique, mais mon chéri n'entendrait plus rien maintenant.
- Je n'en suis pas si sûr que vous, fit le docteur. Il se pourrait fort bien que la mélodie bien connue atteigne le cerveau et calme l'enfant. Mais pouvez-vous chanter ?
- Une mère peut n'importe quoi pour son enfant, docteur.
- En effet, fit-il, elle le peut.

Au fond de son coeur, Mme Merton pensait que son enfant s'en allait ; mais malgré tout elle commença à chanter. Les premières notes s'élevèrent si douces, mais si inexprimablement tristes, que les yeux du docteur se remplirent de larmes et que Nelly cacha sa tête dans les couvertures pour étouffer ses sanglots. Que de fois la mère n'avait-elle pas chanté ce petit cantique, les bras potelés de son chéri autour de son cou, et sa voix ensommeillée cherchant à suivre la sienne !

Tandis que la mélodie s'élevait et s'abaissait en cadence, le docteur observait attentivement l'enfant. L'harmonie familière semblait se frayer un passage à travers les brumes de l'inconscience et peu à peu la petite tête resta immobile, les gémissements s'arrêtèrent et une pâleur de cire remplaça la rougeur de la fièvre. La mère s'imagina que le dernier moment arrivait ; elle continua de chanter et les simples paroles du cantique, parlant toutes du tendre amour de Jésus, semblaient tomber sur son propre coeur ulcéré comme une rosée bienfaisante, et lui donner la force d'aller jusqu'au bout. Plus tard, elle pleurerait ; maintenant elle voulait chanter jusqu'à ce que l'âme de son petit enfant eût été recueillie par le Sauveur. Dans son coeur, elle pensait : « Seigneur, prends mon enfant ; je te le rends ! »

- Donnez-moi votre main, dit enfin le docteur lorsque le chant se tut. Il la prit et la plaça sur le front du petit qui était tiède et moite. Mme Merton leva vers le docteur des yeux étonnés. Elle vit sur son visage une expression de vraie joie.
- La crise est passée, chère Madame, la fièvre est tombée. Le Seigneur vous rend votre enfant.

C'en était trop pour la pauvre mère. Épuisée par l'angoisse et la fatigue, elle ne put supporter la joie soudaine qui venait remplacer la douleur et elle serait tombée à terre si des bras vigoureux ne l'avaient soutenue. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle rencontra ceux de son mari qui la regardaient avec anxiété.

M. Merton était revenu. Il était entré dans la chambre tandis que sa femme chantait et était arrivé précisément à l'instant voulu pour recevoir la pauvre mère dans ses bras.
Le docteur s'était retiré et ils étaient seuls maintenant.
- Regarde, ma chérie, fit M. Merton en tirant le rideau qui masquait la fenêtre et en montrant à sa femme les lueurs de l'aube qui illuminaient le ciel : « le soir, les pleurs viennent loger avec nous, et le matin, il y a un chant de joie ».

Et maintenant que le soleil se lève, annonçant un nouveau jour, et que son premier rayon vient caresser le front de l'enfant endormi, nous laisserons les heureux parents et la petite Nelly à genoux, disant toute leur reconnaissance au Père des miséricordes dont les compassions sont infinies et dont l'amour ne tarit Jamais.

La convalescence de l'enfant fut très longue. Il y eut encore bien des jours pénibles' à traverser. Mme Merton, fatiguée par les longues veilles et l'anxiété, dut à son tour s'aliter. Nelly fut une infatigable petite garde-malade, entourant de soins et de tendresse ce petit frère qu'elle avait cru perdu, et sa mère qui apprit ainsi à s'appuyer sur elle. Quand les malades lui laissaient un instant de repos, au lieu de courir à la lecture qu'elle aimait tant, comme elle l'aurait fait autrefois, Nelly s'occupait de ses petites soeurs, qui sans elle se seraient senties bien abandonnées.

C'est ainsi que Nelly apprit qu'au lieu de « mourir pour Jésus » comme elle l'avait pensé, le Seigneur lui demandait de vivre pour Lui, et que quelque chose qu'elle fît en paroles ou en oeuvres, elle pouvait le faire pour le Seigneur Jésus.


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