DES RAYONS
ET DES OMBRES
CHAPITRE X
L'armure complète de Dieu
« Certainement je ne suis pas une
enfant de Dieu. Jamais je n'ai été
convertie. Je me suis trompée moi-même
et j'ai trompé les autres ! »
Les paroles s'échappaient comme un long
gémissement des lèvres de la petite
fille. Elle avait pleuré jusqu'à ce
qu'elle n'eût plus de larmes, puis elle
s'était mise à penser à sa
désobéissance, réalisant bien
que si Dieu n'y avait pas mis la main, son petit
frère se serait noyé. « Oh
combien le Seigneur a été bon pour
nous » se dit-elle. Mais en même
temps elle se souvint avec un terrible serrement de
coeur de sa froideur vis-à-vis du Seigneur
Jésus ; elle se rappela qu'elle avait
murmuré contre Lui, qu'elle avait
négligé sa Bible, qu'elle avait
souvent oublié de prier. Alors ses sanglots
reprirent de plus belle. « Sûrement
je ne suis pas une chrétienne. Si j'avais
vraiment aimé le Sauveur,
jamais je n'aurais pu agir comme je l'ai
fait. »
Et la pauvre petite Nelly se trouva
ballottée sur le sombre océan du
doute. Bien des chrétiens, beaucoup plus
âgés que notre petite amie, ont senti
les vagues glacées de ce terrible
océan s'abattre sur leur âme ;
ils ont dû lutter longtemps parfois avant de
reprendre pied sur le roc inébranlable de la
foi. Mais Nelly avait été bien
enseignée ; elle connaissait la Parole
de Dieu, aussi pour elle l'heure sombre ne fut pas
de longue durée. « Celui qui croit
en Moi a la vie éternelle. » Ces
paroles bénies, claires et distinctes comme
si la voix de Jésus lui-même les lui
adressait, résonnèrent à ses
oreilles ou plutôt dans son coeur. Nelly se
cramponna à cette assurance comme le
naufragé se cramponne à la
bouée de sauvetage. Elle
répéta bien des fois ces paroles
bénies comme pour s'en emparer.
« Je crois en toi, Seigneur Jésus,
murmura-t-elle, ton petit agneau a erré loin
de toi, mais je suis ton agneau quand même.
Ne permets pas que Satan me tente de
nouveau. » Agenouillée
auprès de son lit, la petite fille priait
ainsi et le Seigneur qui l'entendait lui envoya une
de ses précieuses promesses :
« Si nous confessons nos
péchés, Il est fidèle et juste
pour nous pardonner nos
péchés et pour nous
purifier de toute iniquité. » Ce
fut ainsi que la petite Nelly retrouva la
paix.
Au bout d'un temps qui lui parut bien
long, Nelly s'aventura jusqu'à la chambre de
sa mère ; elle ne savait pas quelle
réception l'attendait, mais elle avait la
gorge serrée et soupirait après le
pardon. Mme Merton, qui n'était pas encore
remise de sa terrible émotion, était
couchée sur son canapé. En entendant
le bruit de la porte, elle ouvrit les yeux et
aperçut la figure pâle et
désolée de sa petite fille. Le coeur
de la mère n'y put résister. Devinant
ce que son enfant avait souffert, elle n'en demanda
pas plus long. Sans un mot, elle ouvrit ses bras
tout grands et Nelly versa ses dernières
larmes sur l'épaule maternelle.
Après un moment, Nelly put
raconter à sa mère ce qu'elle venait
de dire au Seigneur : sa froideur croissante,
son indifférence, son égoïsme.
Elle confessa aussi l'angoisse par laquelle elle
venait de passer lorsqu'elle avait cru qu'elle
n'avait jamais été convertie.
- Oh ! Nelly, fit la maman, tu
n'avais pas revêtu ta cuirasse, puisque les
dards enflammés de Satan ont pu ainsi
pénétrer dans ton âme et te
causer une pareille souffrance.
- Ma cuirasse, maman ! fit
l'enfant, que veux-tu dire ?
- Je vais te l'expliquer. T'imagines-tu,
pour un instant, que Christ exige que toi, son
petit soldat, tu ailles au combat sans armes ?
Donne-moi ma Bible et je te montrerai quelle belle
armure a été préparée
pour toi.
Alors Mme Merton chercha
Éphésiens 6 et, commençant au
verset 13, elle lut à Nelly la description
de l'armure complète de Dieu.
- Oh ! maman, que c'est beau,
s'écria l'enfant, après avoir relu le
passage pour elle-même.
- En effet, ma chérie ; tu
vois que la première partie de l'armure est
la ceinture, cette merveilleuse ceinture de la
vérité. Si nous la revêtons,
quelle fermeté sera la nôtre. Puis
vient la cuirasse de la justice ; tu ne peux
la porter que si tu marches dans la sainteté
devant Dieu. Je crois que ma petite fille n'a pas
marché ainsi dernièrement, n'est-il
pas vrai ?
- Non, maman, dit Nelly, très
humblement.
- Et c'est ainsi que Satan a pu trouver
une entrée facile dans ton âme pour
ses dards enflammés. Comment as-tu
repoussé ce terrible ennemi, Nelly ?
- Je me suis mise à
répéter tous les versets que je
connaissais et qui me disaient que j'étais
sauvée par la foi dans le Seigneur
Jésus.
- Tu vois donc, ma chérie, que tu
as fait usage d'une de tes armes,
l'épée de l'Esprit qui est la Parole
de Dieu. Tu as aussi pris le bouclier de la foi,
puisque ton coeur se reposait sur ses
précieuses promesses. C'est ainsi que dans
ta faiblesse tu as remporté la
victoire.
Nelly demeura silencieuse. Tout ce que
sa mère lui disait lui semblait presque trop
grand et trop merveilleux pour elle, une petite
fille. Enfin elle demanda :
- Comment pouvons-nous avoir nos pieds
chaussés de la préparation de
l'Évangile de paix ?
- Cela signifie que nous devons toujours
être prêts à dire à ceux
qui nous entourent l'histoire de l'amour du Sauveur
- « Combien sont beaux les pieds de ceux
qui annoncent la paix, de ceux qui annoncent de
bonnes choses. » Dieu veuille que ma
petite fille le comprenne.
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