Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



DES RAYONS ET DES OMBRES

CHAPITRE IX
La désobéissance de Nelly

- Nelly ! fit Mme Merton, entrant un beau matin dans la chambre où la fillette étudiait sa leçon, as-tu bientôt fini ? J'aimerais que tu t'occupes de Bébé, pour que je puisse donner un coup de main à Marie. Elle a tant à faire aujourd'hui.
- Oh ! maman, répondit Nelly, d'un ton chagrin, sans lever les yeux de dessus son livre, j'avais si grande envie d'aller faire une longue promenade ce matin. Je voulais rapporter une provision de pommes de pin pour le feu de la cheminée. J'ai travaillé de toutes mes forces pour avoir fini de bonne heure et maintenant je dois m'occuper du petit !
- Cela me fait beaucoup de peine de penser que tu as cette déception, ma chérie, répartit doucement Mme Merton, mais je ne puis agir autrement. Tu dois comprendre qu'il est de mon devoir d'aider à Marie autant que je le puis. Elle a tant à faire maintenant et je crains que ses forces ne s'épuisent si la tâche est trop lourde pour elle.
- Je trouve que c'est honteux que tu doives faire les lits, balayer et relaver la vaisselle et faire toutes sortes d'affreuses choses que tu n'avais jamais l'habitude de toucher autrefois. Je dis que c'est injuste, et je déteste être pauvre !

Nelly avait parlé avec une violence qui bouleversa sa mère.
- Nelly ! Nelly ! où donc est ma petite fille si patiente, qui supportait si courageusement notre épreuve ?

La voix de Mme Merton était grave et triste. Nelly ne répondit pas et commença à serrer ses livres et ses cahiers. Mais ses gestes étaient brusques et saccadés et sa mère vit bien que ce n'était pas le moment de raisonner avec elle. Elle se borna donc à lui confier son petit frère en lui recommandant d'avoir grand soin de lui. Au moment de quitter la chambre elle vit que Nelly prenait un livre dont la lecture l'avait absorbée la veille.
- Nelly, je ne puis te permettre de lire, fit-elle avec quelque sévérité. Pendant que tu t'occupes de Bébé tu ne dois pas penser à autre chose qu'à lui. Maintenant qu'il marche seul nous devons le surveiller continuellement. Descends avec lui au jardin mais ne le perds pas de vue un seul instant.
- Çà c'est un peu fort, grommela Nelly dès que sa mère eut tourné le dos. Non seulement on me prive de ma promenade mais encore on me défend de lire. Enfin, je suppose que je puis tout de même prendre mon livre avec moi, si je ne l'ouvre pas. Cela ne m'a pourtant pas été interdit ! Eh bien ! viens-tu, ennuyeux gamin !

Saisissant sans aucune douceur la main du petit garçon, Nelly l'entraîna à sa suite dans le jardin.
Bébé leva ses yeux bleus, agrandis encore par la stupéfaction, vers le visage de sa soeur ; et lorsqu'il constata le sombre nuage qui l'obscurcissait, quand il vit qu'aucun sourire ne venait répondre au sien, ses lèvres se mirent à trembler et bientôt de grosses larmes coulèrent sur ses joues potelées. Enfonçant ses petits poings dans ses yeux, il se mit à appeler d'une voix plaintive : « Maman ! maman ! »
Le coeur de Nelly s'amollit à la vue de la détresse de son petit frère.
- Viens, mon chéri, dit-elle plus doucement. Soeurette te fera un joli bouquet.

Il n'en fallait pas davantage pour rasséréner l'enfant. Heureux et confiant, il mit sa main dans celle de Nelly et ensemble la grande soeur et le tout petit frère parcoururent les allées du vieux jardin. Les fleurs y croissaient en abondance ; les beaux lis majestueux, les roses odorantes, les oeillets, et tant d'autres encore embaumaient l'air ; les papillons et les abeilles voletaient d'une corolle parfumée à l'autre, et les oiseaux gazouillaient dans les bosquets touffus. Mais Nelly ne voyait ni n'entendait rien. Elle finit par s'asseoir sur un banc rustique et enjoignit à son petit frère de jouer avec les pierres qui jonchaient le chemin.
« Maman aurait pu me permettre de lire ; cela ne m'empêchait pas de surveiller Bébé, pensa Nelly en entr'ouvrant le volume qu'elle tenait à la main. Sûrement si elle voyait Jean tranquillement assis tout près de moi, elle me dirait elle-même que je puis lire une page ! »

Les yeux de la fillette tombèrent sur le commencement du chapitre qu'elle avait dû abandonner la veille et une voix sembla lui dire tout bas : « Finir un chapitre, ce ne serait pas mal ! » La conscience répliqua : « Maman m'a défendu de lire ». Mais l'autre voix se fit plus insistante. « Bébé est tout à fait tranquille ; il s'amuse si bien. Que pourrait-il lui arriver ? »

Hélas ! Nelly obéit au tentateur. Ses yeux parcoururent rapidement la page ouverte devant elle. Mais, comme vous le pensez bien, cette demi-mesure ne la satisfit pas. Captivée par l'intérêt du récit, elle s'absorba dans sa lecture ; les abeilles bourdonnaient autour d'elle, le gai soleil la baignait de ses chauds rayons, et Nelly lisait, lisait toujours. Elle avait oublié Bébé et son devoir et la défense de sa mère, lorsque tout à coup un vilain perce-oreille vint se promener sur la page ouverte. La fillette qui détestait tout ce qui rampe, se leva d'un bond pour se débarrasser de l'intrus.
Ce fut alors qu'elle s'aperçut que son petit frère n'était plus à ses côtés. En une seconde Nelly s'élança dans le jardin ; elle remonta une allée, en descendit une autre. Oh ! où pouvait donc se cacher Jean ? Soudain, une pensée épouvantable lui traversa l'esprit. Le puits ! Se serait-il égaré jusqu'au puits ? Avec la rapidité d'une flèche, Nelly dégringola le long de l'étroit sentier qui descendait dans le vallon, mais tout à coup elle s'arrêta net, médusée par le spectacle qui s'offrait à ses yeux épouvantés. Sur les planches vacillantes qui couvraient à demi l'ouverture du puits, Bébé se prélassait tout glorieux. Pour se maintenir en équilibre il se cramponnait à la poutre d'où pendait le vieux seau de métal rouillé ; un de ses petits pieds s'avançait au-dessus de l'abîme béant et, se penchant en avant, il cherchait à voir le fond du puits ; évidemment il était attiré par le reflet de la lumière dans l'eau noire, là-bas, très loin...

Un cri de terreur allait s'échapper des lèvres de Nelly lorsque soudain une main saisit son bras et une voix qu'elle reconnut à peine pour être celle de sa mère, tant elle était altérée, résonna à son oreille : « Ne fais pas un mouvement ! Si tu bouges, ton frère se noiera. »

Au même instant le bébé, se retournant, aperçut sa mère et cria joyeusement : « Attrape-moi, maman ! » Il était là, debout, la figure rayonnante, ses boucles dorées agitées par la brise, un pied encore levé au-dessus du vide. Mme Merton savait que, si elle faisait un pas en avant, il voudrait s'enfuir pour qu'elle ne l'atteigne pas, et alors, - oh ! quelle terrible pensée ! - son petit chéri serait précipité dans les sombres profondeurs du puits.
« 0 mon Dieu, aide-moi ! » Le cri sortit comme un gémissement de ses lèvres blanches. Puis, tout à coup, arrachant une tige de glaïeuls écarlates, elle les lui tendit en disant d'une voix tout a fait calme : « Bébé, viens chercher les jolies fleurs chez maman ».

Comme elle l'avait espéré, les corolles éclatantes frappèrent les yeux du bébé et, lâchant la poutre à laquelle il se cramponnait, il se dirigea vers sa mère de son pas incertain de très petit enfant. Encore quelques secondes et le danger était écarté ; il était dans les bras de maman qui, toute tremblante, se laissa tomber sur un banc de gazon.
- Oh ! maman, maman, regarde-moi cria Nelly dans une affreuse angoisse en voyant le visage de sa mère, pâle et convulsé. Marie, viens vite, vite ! J'ai tué maman !

Mais Mme Merton se ressaisit très vite. Elle ouvrit les yeux et serra plus étroitement contre son coeur son trésor retrouvé.
- Maman, parle-moi, je t'en supplie dis-moi que tu me pardonnes d'avoir été si méchante et si désobéissante.

Mais sa mère la repoussa froidement et lui répondit d'un ton glacial que jamais Nelly n'avait entendu auparavant :
- Va-t'en, Nelly, je n'ai aucun désir de te voir ; ta désobéissance a failli coûter la vie à mon enfant.

Avec un cri de désespoir, Nelly se détourna et, se précipitant du côté de la maison, elle courut dans sa petite chambre, se jeta sur son lit et sanglota éperdument.


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