Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



DES RAYONS ET DES OMBRES

CHAPITRE VII
Le coeur connaît sa propre amertume

Pendant quelques minutes, Mm' Richard se tint debout auprès de la couchette, regardant les enfants endormies. Nelly vit que ses pensées erraient au loin, car une expression de profonde tristesse avait envahi son visage, si gai habituellement. Se sentant tout à fait oubliée, Nelly se glissa dans son lit, mais elle ne pouvait dormir et, bientôt, elle vit que Mm' Richard pleurait. Le coeur aimant de la fillette fut touché en voyant le chagrin de sa nouvelle amie et quoiqu'elle n'en pût deviner la cause, ses propres larmes commencèrent à couler. Elle était bien lasse la pauvre petite Nelly, bien seule aussi, et ce fut un gros sanglot qui attira l'attention de Mm' Richard. Surprise, elle se retourna en essuyant ses yeux et s'approcha du lit de Nelly.
- Tu pleures, enfant, qu'as-tu donc ? Je croyais que tu dormais.
- Je suis triste de voir que vous avez du chagrin, murmura Nelly en jetant ses bras autour du cou de sa nouvelle amie.

Mme Richard lui rendit sa caresse.
- Je ne pleurais pas précisément de chagrin, fit-elle, mais la vue de tes petites soeurs a réveillé dans mon coeur des pensées douces et tristes à la fois. J'ai eu moi-même une fois une fillette qui était la joie de ma vie. Ma petite May !
- Est-elle morte ? demanda Nelly doucement.
- Oui, le Seigneur me l'a reprise.

Après un moment de silence, Mme Richard se leva et ouvrit un tiroir de commode tout près du lit de Nelly. Une douce odeur de lavande s'en échappa tandis qu'elle touchait les petits vêtements soigneusement pliés qui l'emplissaient.
- C'est ici que je garde les petits souvenirs de ma chérie, expliqua-t-elle et Nelly observa avec quel soin chaque objet avait été enveloppé. Une minuscule paire de souliers à peine usés, une balle dont les couleurs s'effaçaient un peu, un fragment d'étoffe dans lequel les petits doigts malhabiles avaient planté une aiguille pour « faire comme maman ». Que de trésors renfermait ce tiroir ! Avec quel amour la mère touchait chaque objet qui lui rappelait celle qu'elle aimait à nommer son rayon de soleil ! Mais bientôt revenant auprès de Nelly elle lui dit d'une voix plus grave que d'habitude :
- Ne pense pas, ma chérie, que je voudrais rappeler ma petite fille auprès de moi. Pourtant mon coeur a été bien près de se briser quand elle est partie. Mais j'ai appris maintenant que la volonté du Seigneur est bonne et j'aime à savoir ma fillette auprès de son Sauveur, dans le bonheur parfait.
- A-t-elle été longtemps malade ? demanda Nelly tout bas.
- Trois jours à peine. Le coup a été si subit que je ne pouvais croire que ma petite devait mourir. Mais pour elle ce ne fut pas un coup, Nelly. Elle était très jeune, presque un bébé encore, mais elle aimait le Sauveur et désirait le voir. Le dernier jour qu'elle passa ici-bas elle semblait tout à fait inconsciente et mon coeur se déchirait à la pensée que ma chérie me quitterait sans me donner une dernière parole, un dernier regard. Dans mon angoisse, je me penchai sur sa couchette et je l'appelai doucement. Il sembla que ma voix la ramenait du seuil même du paradis de Dieu où elle allait entrer, car lentement ses grands yeux bleus s'ouvrirent et elle me regarda avec une expression intense que jamais je n'oublierai. « Oh ! May, ma petite May, m'écriai-je, sachant à peine ce que je disais, ne veux-tu pas rester encore un peu de temps avec papa et maman ? » « Non, maman, répondit-elle dans un souffle que je percevais à peine, je veux aller vers Jésus ». Puis, voyant peut-être mon visage angoissé, elle me tendit ses petits bras. « Embrasse-moi, maman ! » Je la serrai contre moi, mais elle ajouta tout de suite : « Je suis si fatiguée, je veux dormir et aller vers Jésus ». Je la recouchai doucement ; elle soupira une fois et son âme s'était envolée.

Nelly n'aurait pu parler. Après quelques instants de silence, Mme Richard, faisant un effort pour raffermir sa voix, dit presque gaiement :
- J'ai beaucoup trop parlé ce soir. Maintenant tu dois t'endormir tout de suite, Nelly. Que dira ta maman quand elle saura que je t'ai tenue réveillée aussi longtemps ?

Ce fut avec un visage aussi serein que d'habitude que Mme Richard rejoignit son hôte. Elle trouva Mme Merton heureuse et reposée.
- Je me sens tout à fait remise maintenant, fit-elle. Je dois avoir dormi, je crois.
- Dans ce cas nous pouvons avoir un moment de bonne causerie, dit Mme Richard en s'asseyant auprès d'elle. Elles avaient beaucoup à se dire car elles pouvaient parler ensemble de Celui qu'elles aimaient toutes deux. Que d'expériences n'avaient-elles pas faites l'une et l'autre de sa grâce et de sa bonté ! Ainsi chacune des nouvelles amies se sentit rafraîchie par la foi qui se trouvait dans le coeur de l'autre.


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