Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



DES RAYONS ET DES OMBRES

CHAPITRE IV
Le départ

Nous passerons rapidement sur les semaines qui suivirent. Ce fut un temps de pêle-mêle et de confusion générale. La famille se préparait au départ. Tous les meubles se vendirent à l'exception des choses indispensables dans un simple ménage de campagne.

La maison était vide maintenant. Le matin fixé pour le départ était arrivé. On avait dit adieu à chaque recoin familier et parents et enfants s'en allaient à la gare en voiture.
Nelly, les yeux obscurcis par les larmes, cherchait à apercevoir pour la dernière fois la façade antique et le grand toit de la vieille maison qu'elle aimait tant. Mais bientôt un brusque contour de la route déroba à sa vue les lieux où elle avait passé son heureuse enfance.

À présent elle ne voyait plus que le haut beffroi de la vieille cathédrale, autour duquel les corneilles volaient en rond, poussant les cris rauques qu'elle connaissait si bien. Puis cette dernière vision s'estompa dans le lointain brumeux et, avec un gros soupir, Nelly se tourna vers son père qui était assis à ses côtés. Elle rencontra ses yeux qui la regardaient avec une expression chargée de tristesse. Instinctivement l'enfant mit sa petite main dans la sienne. Il attira la fillette tout près de lui et répéta à mi-voix les paroles bien connues : « Que votre coeur ne soit pas troublé, vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi. Dans la maison de mon Père, il y a plusieurs demeures ; s'il en était autrement, je vous l'eusse dit, car je vais vous préparer une place. Et si je m'en vais, et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi, afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi. »
Nelly appuya sa tête contre l'épaule de son père et, si ses larmes continuaient à couler, ce n'étaient plus des larmes amères. Les promesses si douces du Seigneur Jésus apportaient une sûre consolation à son petit coeur ulcéré.
- Ma chérie, la demeure de notre coeur doit être là où Christ se trouve, Lui qui a été nous y préparer une place. Si nous le comprenons, notre habitation terrestre ne sera qu'une tente dans laquelle nous attendrons l'heureux moment où Il nous appellera pour aller à la Maison.
- Oh ! papa, dit Nelly, si seulement le Seigneur Jésus venait nous chercher maintenant ! Tout est si triste !
- En attendant ce beau moment, ma fillette, nous devons apprendre à supporter les souffrances comme de bons soldats de Jésus Christ. Tu es un très petit soldat, Nelly, mais un soldat quand même. Ne veux-tu pas essayer d'être brave et patiente ?

Cette pensée était toute nouvelle pour la fillette ; elle la tourna et la retourna dans sa tête jusqu'au moment où la voiture s'arrêta devant la gare.
La mère, les enfants, la bonne et leurs nombreux bagages remplissaient à eux seuls tout un compartiment du train. Et maintenant le moment de la séparation arriva, trop vite au gré de chacun, car M. Merton devait les laisser partir sans lui. Beaucoup de choses importantes à régler le forçaient à rester en ville pendant une semaine encore.
- Je suis bien triste de vous laisser aller seuls, fit-il, mais que faire ? Il faut absolument que je m'occupe de maintes questions difficiles avant de vous rejoindre.

Tandis qu'il parlait, son visage prenait l'expression anxieuse et troublée qu'il reflétait trop souvent maintenant.
- Ne t'inquiète pas, répondit sa femme, nous nous tirerons d'affaire. Marie est avec nous et elle est un appui et une aide précieuse.

La bonne figure honnête et paisible de la vieille servante était en effet réconfortante à regarder.
- C'est vrai, reprit le père, nous avons de grands sujets de reconnaissance. Je compte fermement que les meubles seront arrivés au cottage avant vous. J'ai donné des ordres pour que vous trouviez les chambres aménagées, les lits faits et la maison chauffée.
- Monsieur pense à tout, remarqua la vieille bonne qui admirait profondément son maître.

À ce moment un coup de sifflet retentit, le convoi s'ébranla et le voyage commença.
Quel est l'enfant qui ne se laisserait pas distraire par l'enchantement d'un long trajet en chemin de fer ? Nelly en jouissait intensément. Tout était oublié ! Leur course rapide les entraînait par monts et vaux ; tantôt on traversait de vieilles villes endormies tantôt des prairies émaillées de fleurs s'étendaient à perte de vue. À un moment donné, les enfants poussèrent des cris de joie. Des coquelicots écarlates formaient comme une mer ondoyante aux teintes éclatantes, couvrant la plaine d'un tapis rouge qui semblait toucher à l'horizon lointain.
- Oh ! maman, s'écria Nelly, en tapant des mains, c'est trop beau. Jamais je n'ai rien vu de pareil.

Sa mère souriait, heureuse de la joie de l'enfant.
- Tu verras beaucoup d'autres choses qui t'enchanteront. Tu n'as jamais encore vécu en pleine campagne et je crois que tu y trouveras mille plaisirs nouveaux.
- À quoi ressemble notre nouvelle maison, maman ?
- Je ne l'ai pas vue, Nelly, mais l'ami de ton père dit que c'est un joli cottage avec un grand jardin et un verger. Il ajoutait que la maison disparaissait presque sous les roses grimpantes et le chèvrefeuille.
- Des roses, du chèvrefeuille ! Oh ! maman, que ce sera délicieux !

Et voilà notre fillette rêvant déjà de sa nouvelle demeure, qu'elle parait de tous les attraits créés par son imagination.
Mais le plus beau voyage devient fastidieux à la longue. Après bien des heures de trajet Lili et Mimi s'étaient lassées de leurs poupées et commençaient à grogner. Petit Jean s'était endormi dans les bras de la bonne et Mme Merton ne put retenir un soupir de soulagement lorsqu'enfin le train s'arrêta dans la petite gare où ils devaient descendre. Nelly elle-même se sentait bien fatiguée tandis que, debout sur le quai, elle surveillait les jumelles à moitié endormies et que la bonne s'occupait des bagages.
- Il n'y a point de voitures dans ce coin perdu, dit Marie après avoir fait une tournée d'inspection. Mais la maison n'est pas loin. Croyez-vous que nous puissions y aller à pied ?
- Certainement, répondit Mme Merton. Et, prenant ses fillettes par la main, elle se mit en route à la suite d'un paysan qui avait chargé les malles sur une charrette à bras.

La nuit tombait lorsque les voyageurs s'engagèrent dans l'étroit chemin ombragé par de grands arbres et, malgré sa lassitude, Nelly remarqua la fraîcheur de l'air embaumé de mille senteurs délicieuses.


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