Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
REGARD
Bibliothèque chrétienne online
EXAMINEZ toutes choses... RETENEZ CE QUI EST BON
- 1Thess. 5: 21 -
(Notre confession de foi: ici)
Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Oeuvres posthume de A. Rochat
Ministre du Saint Évangile

LETTRE XCIV.
Février 1847

Répondre à vos raisons de séparation d'avec l'église de....

Ma soeur,
Je viens répondre à vos raisons de séparation d'avec l'église de.... après vous avoir remerciée de ne me les avoir pas refusées.

Je rends grâces à Dieu d'être en communion, non-seulement, comme vous, avec tous les frères qui rendent leur culte à Dieu en dehors du monde, mais encore avec tous les frères de l'univers, même avec ceux qui peuvent se trouver dans l'église romaine.

Doit-on se séparer d'une assemblée où l'on voit du mal, sans avoir cherché premièrement à le manifester à ses frères, sans avoir pris un certain temps de prière et de patience, pour voir si les représentations qu'on leur a adressées n'ont produit aucun effet ?
Si l'on ne doit éviter l'homme hérétique qu'après l'avoir averti une première et une seconde fois, doit-on s'éloigner d'une assemblée de frères, non hérétiques, avant de les avoir avertis au moins deux fois ?
Vous savez que si une femme ne peut pas parler en église, elle peut faire des réclamations par conversation ou par écrit.

Je crois que vous errez en appliquant sans réserve à tout ce que vous pouvez voir de fautif dans la marche d'une église, des passages semblables à ceux-ci : « Abstenez-vous de tout ce qui a quelque apparence de mal ; » « Ne participez point aux péchés d'autrui, » etc., etc.
Si dès qu'on aperçoit dans la marche des frères avec lesquels on s'assemble, quelque chose qui ne semble pas conforme à la Parole, il faut s'éloigner de leur assemblée, comme vous l'avez fait, les enfants de Dieu se diviseront à l'infini, et il n'y aura que ceux qui auront exactement les mêmes vues sur toutes choses, qui pourront rendre leur culte ensemble.
Je connais des frères qui voient dans les assemblées que vous approuvez, des choses qui ne leur paraissent point selon la Parole, et contre lesquelles ils ont réclamé en vain. D'après votre principe, ils devraient quitter l'assemblée, en disant qu'ils y voient du mal, et qu'il ne faut pas participer au péché d'autrui. Admettez-vous cette conséquence ? et croyez-vous que je ferais bien d'aller de ville en ville exhorter les frères qui voient dans leur assemblée quelque chose qui n'est pas selon la Parole, à former une assemblée à part ? Je ne ferais pourtant en cela que suivre vos principes.

Quand on a une vue différente de l'ensemble d'une église qui renferme des frères respectables, et surtout un frère aussi profond dans la connaissance des Écritures que l'est Mr..... ne serait-il pas permis, avec un peu d'humilité, de supposer que l'erreur pourrait être de notre côté ? ou tout au moins, ne faudrait-il pas avant de le juger, avoir une conversation avec lui, lui présenter ses objections, et voir ce qu'il aurait à y répondre ?

Voyons ce que dit sur ce sujet cette Parole à laquelle il faut toujours en appeler, sous peine de rester enfoncé dans l'obscurité (Esaïe VIII, 20, 21).
Dans le 3e chap. des Philippiens, l'apôtre, après avoir montré depuis les versets 8 à 14, comment le chrétien doit poursuivre sa course en Christ, ajoute dans les versets 15 et 16, des paroles que je ne transcris pas pour abréger, mais que je vous prie de lire avec beaucoup de sérieux.
Après les avoir lues avec attention, trouvez-vous dans la recommandation contenue dans ces deux versets, la moindre chose qui engage les chrétiens à se séparer les uns des autres pour des différences de vues ? la moindre chose qui engage un fidèle à dire aux autres : Vous ne voyez pas comme moi sur tel ou tel point, c'est pourquoi je commettrais un péché en marchant avec vous, je désobéirais au Seigneur ; donc je vous quitte.

À quoi sont exhortés les fidèles ? À suivre une même règle dans les choses auxquelles ils sont parvenus, sous cette promesse qu'en faisant ainsi, Dieu leur révélera ce qui en est sur les points à l'égard desquels ils différent. En effet, je pense que c'est dans l'union et le support, que nous marcherons vers la perfection de lumière et de connaissance (Coloss. II, 2, 5) ; tout comme je suis persuadé que les divisions qui viennent du prince des ténèbres, empêchent la lumière, en enfonçant dans les préventions, dans l'esprit de parti, dans l'esprit d'orgueil et d'attachement à son propre sens. La vérité va toujours avec la charité (Ephés. IV, 15) ; et quand on est dans l'esprit de division, en dépit de toutes les connaissances qu'on croit avoir, on n'est encore que des enfants en Christ (1 Cor. III, 1 à 4).

Avez-vous jamais vu dans les temps apostoliques aucun exemple ou aucun précepte qui engage à se séparer d'une église pour des misères ou pour des différences de vues ?
Dans Rom. XIV, est-il ordonné aux frères de l'église de Rome de se séparer les uns des autres, parce que les uns mangent de tout, et que les autres ne mangent que des herbes ?
Est-il recommandé à Gaïus, dans la troisième épître de Jean, de quitter l'église à cause qu'il y avait à sa tête un Diotrèphe qui aimait à être le premier parmi eux ?
Est-il recommandé aux frères fidèles de l'église de Corinthe de s'en séparer, parce qu'il y avait entre eux des divisions, parce qu'on n'avait pas retranché l'incestueux (1 Cor. V) ; parce qu'il y avait parmi eux des gens qui se faisaient des procès devant les tribunaux ; parce qu'il y en avait qui profanaient la cène ; parce que, dans l'exercice des dons miraculeux, il y avait plusieurs abus, entre autres celui de parler plusieurs à la fois (1 Cor. XIV, 22-31) ?
C'était là du mal, je pense ......
D'après votre principe, il aurait fallu dire : Rester dans une telle église, c'est participer aux péchés d'autrui : je m'en vais.

Enfin, le Seigneur a-t-il jamais recommandé de se séparer même de celle des sept églises d'Asie à laquelle il fait le plus de reproches ?

Ah ! ma soeur, les chrétiens de nos jours ont besoin d'apprendre que le mal dont ils doivent se séparer, c'est bien plus celui qui est dans leur coeur ou dans leur vie, que celui qui peut se trouver dans telle chose qui, selon eux, est un défaut de vues dans la marche d'une église. En vérité, prenons garde au pharisaïsme, et comprenons que ce qui divise les frères est cent fois plus fâcheux aux yeux du Seigneur, qu'un défaut de lumière sur un point particulier de la marche.

Là où mes frères sont réunis en dehors du monde, autour du Seigneur, selon sa Parole et sans esprit de schisme, là aussi je dois rester, parce que Jésus-Christ y est ; là je dois supporter et les défauts de vie et les défauts de lumière sur quelque point, parce que le Seigneur les supporte et qu'Il me supporte aussi. Je suis intimément convaincu qu'il y aura dans ce support accompagné d'avertissements et de prières, quelque chose d'infiniment plus agréable au Seigneur, que si, sous prétexte qu'il faut se retirer de tout mal connu, je quittais mes frères, et j'opérais une division qui ne se fait jamais qu'au scandale du monde et au grand dommage de la charité.

Ajoutez à cela que toute division est condamnée par la Parole de Dieu, qui veut qu'il n'y ait point de division dans le corps (1 Cor. XII, 25), et qui met les divisions (en grec les coupures en deux) au nombre des oeuvres de la chair (Gal. V, 20).

Vous ne voyez pas « qu'une assemblée agisse selon la volonté de Dieu en plaçant au-dessus d'elle un homme revêtu de quelque ministère, attendu que cet homme ait le droit de régler les autres dons qui pourraient se trouver dans l'assemblée, de manière à ce que l'exercice de ces dons n'ait lieu qu'à la fin de la réunion, quand le pasteur est là, etc., etc. »
Je réponds pour moi et selon mes convictions ; quant à notre frère.... sans me porter garant pour lui, je crois que ses vues ne sont pas en cela fort différentes des miennes.
Je crois d'après la Parole, comme je pense l'avoir prouvé dans mes écrits sur le sujet, qu'une Église a le droit de reconnaître d'une manière expresse, ou par suffrages ou autrement, celui ou ceux qui ont au milieu d'elle le ministère d'ancien, de surveillant ou de frère qui préside, ou bien de reconnaître celui qui a le plus de ces dons.

Quant à l'établissement, soit par l'imposition des mains, soit autrement, je ne voudrais pas disputer là-dessus, et je laisserais chacun faire selon qu'il est pleinement persuadé, tout disposé à supporter sans schisme une vue différente de la mienne dans le troupeau dont je ferais partie.
Je ne crois nullement qu'un ministère reconnu ait à lui seul le droit de régler les autres dons qui peuvent se manifester dans l'assemblée.
D'abord et en tout cas, il ne peut les régler que conformément à la Parole. Ensuite, je pense que chaque frère ayant « reçu l'onction de la part du Saint » (1 Jean II, 20), qui lui enseigne toutes choses, il est capable, surtout dans l'ensemble de l'Eglise où l'Esprit de Dieu complète les dons des membres les uns par les autres, d'entrer pour sa part dans le jugement des dons qui se manifestent (1 Cor. XIV, 29). Je ne suis nullement de ceux qui croient que dans l'Eglise tout doit être fait par les ministères, et que les autres frères n'aient rien à dire dans les questions d'administration et de doctrine. Act. VI, 5 me prouve tout le contraire.
Mais, d'un autre côté, j'estime que les ministères reconnus à cause de leurs dons particuliers et des égards qui leur sont dûs (1 Thess. V, 12), doivent tout particulièrement inspecter l'exercice des autres dons, et travailler de concert avec l'Église à ce qu'ils soient bien réglés.
Dans un sens, je n'admets point que l'Église établisse des ministères au-dessus d'elle, comme vous le dites. Les ministres ne sont pas des gens qui doivent avoir domination sur les héritages du Seigneur (1 Pier. V, 3). Celui qui gouverne doit être comme celui qui sert, et il doit pouvoir dire comme l'apôtre Paul : « Nous sommes vos serviteurs pour l'amour de Christ. » Toutefois, comme il est appelé à gouverner et a prendre soin de l'Eglise de Dieu (1 Tim. III, 5), il faut bien qu'une certaine soumission renfermée dans les bornes de la Parole lui soit accordée (1 Pier. V, 5 ; Hébr. XIII, 17).

Je ne crois point que dans nos assemblées ni dans celles dont vous parlez, on voulût empêcher un frère d'exercer ses droits au commencement de l'assemblée, même en présence d'un pasteur, ou d'un prédicateur de l'Évangile. Du moins, quant à moi, j'ai le témoignage bien clair en moi-même que je ne l'empêcherais pas.
Mais voici ce qui arrive tout naturellement. Lorsqu'un frère comme Mr... qui a des dons de prédication très-supérieurs est présent, et qu'il se sent disposé à porter la parole, il arrive tout simplement et je crois par l'Esprit de Dieu, que chacun se mettant à sa place, laisse volontiers parler celui à qui il reconnaît des dons supérieurs. En cela, il me semble qu'il y a de l'humilité et de la soumission aux droits que Dieu a manifestés.

Du reste, si un simple frère était réellement poussé par l'Esprit, et pouvait dire en vérité : « Avant qu'aucun autre parle, je me sens pressé d'adresser une exhortation à l'Eglise » je ne doute pas qu'on le laissât parler le premier ; tout comme je ne doute pas que si ce simple frère était réellement poussé par le saint-Esprit, il ne se laissât nullement arrêter par la présence d'un ministre de la Parole, pour dire ce que l'Esprit le pousserait à dire. Je parle ici d'un mouvement de l'Esprit bien distinct.

L'automne dernière, j'allai porter la parole à nos chers frères de.... Je pouvais bien dire que j'étais sûr de le faire selon l'Écriture, étant persuadé de ce que je disais, désirant être un moyen de bénédiction pour ces amis, et me mettant sous l'influence du saint-Esprit pour leur parler ; mais je ne me sentais pas, ce qui, je crois, arrive rarement, sous une telle impression de l'Esprit, que je fusse absolument obligé de parler. Sans m'y attendre, je trouvai dans l'assemblée notre frère Mr.... et je ne me sentis libre de parler qu'après lui avoir offert à lui-même la parole et sur son refus positif de la prendre. En agissant ainsi, j'étais persuadé que je faisais bien, en cédant le pas à un don supérieur au mien. Si dans l'intervalle qui s'écoula avant la méditation, un autre frère s'était levé pour parler, je me serais assis, et j'aurais attendu qu'il eût fini, persuadé que Dieu aurait pu bénir l'assemblée par lui aussi bien que par moi, s'Il l'eût voulu.
Toutefois, sans vouloir traiter ici ce sujet à fond, je reconnais à tous les frères le don d'exhorter, mais non pas celui d'enseigner, c'est-à-dire de s'établir explicateur de la Parole. Le don de docteur (c'est-à-dire d'enseigneur selon la vraie traduction de l'original) n'est pas fait à tous, puisqu'il est dit : « Tous sont-ils docteurs ? » et qu'il est dit ailleurs : « Il a établi les uns pour être docteurs. » - Selon Rom. XII, 7 et 8, chacun doit rester dans son don ; et je crois même que quoique tous les frères puissent exhorter, ce don est fait particulièrement à quelques-uns ; ce que prouve le verset 8, comparé à 1 Cor. XIV, 3, et à 1 Thess. V, 12. L'oubli de la distribution différente des dons dans l'Eglise, et de l'usage modeste que chacun doit en faire selon la mesure qui lui est départie (Rom. XII, 3-6, et 1 Cor. XII, 4-12) ; cet oubli peut engendrer dans les assemblées des confusions et des prétentions nuisibles à l'édification, ainsi qu'à l'âme de plusieurs fidèles, en les enflant d'orgueil et les engageant à s'ériger en docteurs ou évangélistes sans en avoir le don, tandis qu'ils décrieraient les véritables dons, et qu'eux-mêmes, tout en parlant contre les jougs d'homme, s'empareraient d'une autorité qui ne leur serait pas donnée de Dieu.

Si, dans l'Eglise, je n'aime pas la domination des ministères reconnus, j'aimerais encore moins celle des ministères fort contestables qui s'établiraient et se reconnaîtraient eux-mêmes, sans le contrôle de leurs frères, et qui entreraient sans scrupule dans le travail d'autrui, en dépréciant sans modestie et sans charité les travaux de serviteurs de Dieu qui ont vieilli dans l'oeuvre du Seigneur.
Si ces vieux serviteurs gémissent eux-mêmes de leurs infirmités, s'ils ne peuvent jeter leurs regards sur aucune partie de leur oeuvre sans y voir des souillures, s'ils s'écrient : « N'entre point en compte avec tes serviteurs ; » ils font bien et sont à leur place en le faisant. Mais serait-ce à d'autres à le faire pour eux ? Serait-ce à de jeunes gens qui commencent seulement la carrière et dont le ministère n'a pas été encore éprouvé, à relever les infirmités de leurs anciens ou à les décrier comme des dominateurs de consciences ?

Je pense, comme vous, que les moyens de jointures et de fournissement pour l'accroissement du corps (Ephés. IV, 16), ne sont pas seulement dans les ministères, mais aussi dans chaque membre, selon la force qui est en lui. Mais je crois qu'un point de vue qui domine parmi vous, c'est celui de ne voir presque la communication des dons mutuels que dans le culte. Ceux dont vous avez adopté les vues parlent sans cesse de culte, mais c'est du culte public. En cela, ils paraissent oublier un peu que la vie entière du chrétien est un culte, et qu'il y a beaucoup d'autres communications entre les chrétiens que celles qui ont lieu par le moyen du culte public. C'est surtout dans les communications particulières que la force qui est dans un membre se communique aux autres. S'il ne s'agissait que du culte public dans le passage Ephés. IV 16, et dans les autres que vous me citez, la partie la plus nombreuse de l'Eglise, savoir les femmes, à qui il est défendu d'y parler, ne fourniraient rien au reste du corps, a moins que ce ne fût par leurs prières et par leur exemple. Cependant je pense que ce n'est pas à cela seulement que vous vous en tenez, et que vous croyez devoir, dans le particulier, ouvrir la bouche pour exhorter, peut-être même pour enseigner.
Par où il est évident qu'il ne faut pas toujours rapporter au culte public les jointures du fournissement, les exhortations, etc., etc.

Quant aux différences que vous voyez dans la marche de quelques Églises, je trouve qu'elles ne prouvent point rigoureusement comme vous le pensez, que le principal lien d'union, qui est le saint-Esprit, n'a été que trop oublié par l'Eglise, et que l'état de division en est devenu la triste conséquence.

Hélas ! ma soeur, même du temps des apôtres, il y avait de grandes divergences entre les chrétiens des primitives Églises. Les uns ne mangeaient que des herbes, les autres mangeaient de tout. Les uns observaient les jours, les autres ne les observaient pas ; et ce qui est bien plus important, les uns fréquentaient encore le culte mosaïque et en observaient les cérémonies, et les autres ne les observaient pas. Cependant, vous ne prétendrez pas que du temps des apôtres on eût oublié le lien d'union.
De plus, pensez-vous que toutes les assemblées dont vous préférez les vues marchent également de la même manière ? Pensez-vous qu'aucune d'elles n'ait modifié sa marche depuis sa fondation ? Trouvez-vous qu'il y ait beaucoup plus d'union entre les chrétiens de ce pays, depuis que les vues que vous professez y ont été répandues ? Hélas ! ma soeur, malheureusement la réponse à ces questions n'est pas douteuse. L'expérience prouve qu'il ne suffit pas de parler continuellement du lien du saint-Esprit, pour être dans ce lien. Elle prouve que l'Esprit est plus ou moins contristé par tous. Elle prouve qu'on voit beaucoup mieux la paille qui est dans l'oeil de son frère, que la poutre qui est dans le sien propre.

Savez-vous ce qui empêche l'union des enfants de Dieu ? C'est leur manque d'union véritable avec Jésus. S'ils se voyaient un en Christ et non pas un dans tel don ou dans telle vue particulière, ils ne se sépareraient pas pour des choses qui ne sont pas Christ Lui-même.
Jamais, quand ils seront dans l'esprit d'union, ils ne croiront avoir fait un bénéfice en opérant une division au profit de leurs vues. C'est au contraire une chose dont ils auront peur, comme d'un déchirement du corps de Christ.
Ne mettons pas des systèmes d'union à la place de l'esprit d'union et de l'union elle-même.

J'ignore si ma longue lettre aura ou non quelque succès auprès de vous. Cela dépend du Seigneur, et je Lui en laisse le soin. Tout ce qui est exigé de moi comme dispensateur, c'est que je sois trouvé fidèle. J'apprends de plus en plus que pour travailler avec joie et courage à quelle oeuvre que ce soit, il faut chercher beaucoup plus la fidélité et la bonne conscience que le succès. C'est pourquoi lors même que quelqu'un me dirait, comme cela m'est déjà arrivé en attaquant d'autres erreurs, que ce que je lui ai dit ou écrit, le persuade encore plus qu'il est dans la vérité, cela ne m'ébranlerait nullement. Dieu a ses temps et ses moments. Quand le moment est venu, la vérité se fait jour à travers les nuages. Si le Seigneur tarde, il faut l'attendre.

En conséquence, je termine ma lettre avec un coeur paisible, sachant que j'ai fait ce que je devais, et que j'ai dit ce qui était vrai. Quant à l'infirmité que je puis y avoir mêlée, je prie le Seigneur qui la discerne de me la pardonner, et de faire ensorte qu'elle n'empêche pas l'effet de la vérité.
Si vous croyez découvrir quelque erreur dans ce que j'ai dit, je serai bien aise que vous me la signaliez, la Parole de Dieu en main. Tout comme si vous aviez quelque question nouvelle à me faire, j'y répondrais volontiers selon la lumière qui me serait donnée par la Parole de Dieu.

Adieu, ma soeur, que le Seigneur nous donne de devenir toujours plus petits, car c'est aux enfants que Dieu révèle son secret.

 LETTRE XCV
5 février 1847.

Pour ne pas aimer la terre, il faut aimer le ciel.

Madame et chère soeur,
Je viens vous remercier de ce que vous avez bien voulu nous envoyer pour notre école enfantine. Cette année-ci, l'on a une double obligation à ceux qui veulent bien se souvenir d'un établissement éloigné d'eux, vu que chacun a tant à faire autour de soi. Toutefois, souvenons-nous que la pite de la veuve fut louée et mise au-dessus de toutes les riches offrandes de ceux qui n'avaient donné que leur superflu. Nous avons encore immensément de chemin à faire pour rattraper la pauvre veuve, et au lieu de nous glorifier de ce que nous donnons, nous avons beaucoup à nous humilier de ce côté là.

Dieu vous accorde une véritable grâce en vous rendant l'éternité plus présente. Je souhaite que par le saint-Esprit vous tiriez de cette pensée toutes sortes d'instructions, tant réveillantes que consolantes. Il est vrai, comme vous le dites, qu'il est difficile de se détacher entièrement du monde. Plusieurs de ceux mêmes qui professent le détachement, paraissent singulièrement inconséquents avec leurs principes. Ce qui est dans l'intelligence, n'est pas toujours dans le coeur. Du reste, le détachement du monde ne s'opère pas par tiraillement, comme celui qui voudrait s'enlever la peau. C'est un nouvel amour qui chasse le vieux ; ce sont les affections célestes qui chassent les terrestres. Aussi, dans le troisième chapitre des Colossiens, l'Esprit saint dit : « Cherchez les choses qui sont en haut ; affectionnez-vous aux choses qui sont en haut, » avant de dire : « Ne vous affectionnez pas aux choses qui sont sur la terre. » Il faut aimer quelque chose, et pour ne pas aimer la terre, il faut aimer le ciel.

Or, pour aimer le ciel, il faut, comme le dit l'Esprit saint dans cet endroit, se croire ressuscité avec Christ, et croire que lorsqu'Il paraîtra, nous paraîtrons avec Lui en gloire. Cette assurance est la seule chose qui détache. Outre cela, ceux qui sont unis à Christ par la foi, reçoivent son Esprit. Or, « ceux qui sont conduits par l'Esprit, s'affectionnent aux choses de l'Esprit. »
C'est là le seul secret de détachement ; tout le reste n'est que dans l'imagination. C'est donc à ce détachement par l'Esprit, qu'il nous faut viser pour n'être pas trompés. Paul disait, en parlant du désir de déloger : « Celui qui nous a formés à cela, c'est Dieu qui aussi nous a donné dans nos coeurs les arrhes de son Esprit. »

Les miens sont bien, par la Grâce de Dieu. Ma santé a été passable cet hiver, malgré que j'aie eu de mauvais jours.
Nous allons toujours ici notre petit train tout doucement, comme une bête chargée qui descend dans une plaine. Il faut descendre pour monter, et nous avions grand besoin de descendre.

Que le Seigneur vous conserve pour la joie de votre famille et de vos amis, et qu'Il vous donne de passer vos journées accomplissant avec une tranquille activité et un scrupule sans angoisse la tâche qu'Il place devant vous.

Votre frère.


Table des matières

Page précédente:
Page suivante:
 

- haut de page -