Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE  (Jean 17.17)
Cela me suffit...
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Il est écrit:
TA PAROLE EST LA VERITE
(Jean 17.17)
Cela me suffit...



Oeuvres posthume de A. Rochat
Ministre du Saint Évangile

LETTRE LXXXVI.
1846.

Y a-t-il du bon sens à user par des études l'instrument qu'on veut employer pour le Seigneur ?

Depuis long-temps j'entends parler de jeunes gens qui ont épuisé leur santé dans les études préparatoires à l'oeuvre du ministère. Cela est déplorable, et c'est une des vues mondaines qui existent encore chez une partie des chrétiens. Je ne veux pas déclamer contre les études ; je crois qu'il y en a d'utiles, et même de nécessaires. Mais ne pourrait-on pas sans inconvénient en retrancher une partie, et les proportionner au degré de faculté de chacun ?

Y a-t-il du bon sens, pour ne pas dire plus, à user par des études l'instrument qu'on veut employer, de telle manière que lorsqu'on voudra s'en servir, il n'aura plus qu'une partie de sa force ?
A-t-on le droit d'user ainsi le corps qui est pour le Seigneur, par des études qui ne vont pas directement à l'édification des âmes et à la gloire de Dieu ?
Pense-t-on que le Seigneur prenne plaisir à des études qui empêchent de courir au secours des âmes qui nous demandent, et qui pendant tout ce temps-là passent dans l'éternité ?
Se fait-on l'idée du temps où l'on va, et du peu qu'il en reste peut-être pour la liberté de l'Évangélisation, lorsqu'on met devant un jeune chrétien qui a du coeur, six ou sept ans de préparation pour annoncer l'Évangile ?
Ajoutez à tout cela que très-probablement l'application qu'on donne à des études qui prennent tant de temps, jointe à la fatigue du corps, dessèche l'âme et lui ôte cette onction qu'il faudrait maintenir avant tout.

Vous reprochez à ceux que vous nommez dissidents de n'avoir pas eu l'activité de.... Il y a peut-être quelque chose à dire. Toutefois, ceux d'entre eux qui pouvaient agir, n'ont-ils rien fait ? De plus, on n'invente pas les ouvriers, il faut qu'ils soient donnés, et quand ceux qui seraient propres à l'oeuvre, croient devoir étudier six ou sept ans avant de s'y mettre, ou quand après avoir étudié, ils cherchent des positions fixes, plutôt que de se dévouer avec foi aux églises, et de s'offrir pour leur service, a-t-on à reprocher à celles-ci une chose qu'elles déplorent ?

Vous voudriez qu'on n'y regardât pas de si près pour les ouvriers qu'on emploie. Je ne suis pas de votre avis. C'est bon pour ceux qui font une oeuvre de démolition sans reconstruire. Quand il ne s'agit que de démolir, le moindre manoeuvre peut être employé ; mais quand il s'agit de reconstruire, il faut connaître le dessin et les proportions ; il faut savoir manier l'équerre et le niveau. Il nous faudrait des ouvriers en même temps fermes sur les principes de l'Eglise, prudents et modérés dans leur application.

J'adopte assez votre idée, c'est qu'on a beaucoup trop fait de systèmes, et qu'on n'a pas assez cherché le sérieux et l'onction de la vie, soit l'application à l'âme des lumières de l'intelligence. Je pense que lorsque des progrès auront été faits dans ce sens, les chrétiens s'uniront facilement ; car on se rencontre bien plus facilement par le coeur que par l'esprit.

 LETTRE LXXXVII
1846.

On ne fait pas schisme en se séparant du monde...

En saluant affectueusement le frère de ma part, vous lui direz que je n'admets pas plus que lui l'excommunication, pas plus que je n'admets l'admission à la cène, ne voyant pas trace de l'une ni de l'autre dans la Parole de Dieu. Quand on est converti, on est ajouté à l'église des élus et par conséquent en se présentant comme frère à toute église de frères, on doit être reconnu par elle comme enfant de Dieu, et par conséquent comme ayant droit à tous ses privilèges ; tout comme on est sous l'obligation d'en remplir tous les devoirs.

En recevant un frère, une église ne fait que reconnaître sa qualité et ses privilèges, mais ce n'est pas elle qui les lui donne ; elle n'a aucun droit de lui accorder la cène, pas plus que de la lui refuser s'il est enfant de Dieu ; tout comme lui n'a aucun droit de refuser de marcher avec ses frères dans toutes les ordonnances du Seigneur.
De même que je n'accorde pas la cène, je ne l'ôte pas. Quand une église a un de ses membres qui persévère dans quelque péché, malgré tous les avertissements, elle l'ôte ou le retranche selon 1 Cor. V qui dit : « Ôtez le méchant du milieu de vous ; » et tout naturellement étant retranché de l'église, il ne prend plus la cène.

Vous direz encore à notre cher frère.... qu'on ne fait pas schisme en se séparant du monde, mais en se séparant des frères, et que lorsque des frères persistent à vouloir faire corps avec le monde, on ne fait pas schisme en se séparant d'eux.
Vous lui direz enfin, que je comprends bien que nous ne présentons pas un spectacle fort attrayant, mais qu'en tout cas le devoir de se séparer du monde reste toujours, quitte à voir ensuite ce que l'on fera ; comme Abraham qui partit sans savoir où il allait.

Votre fermeté dans les vrais principes m'a fait plaisir, ainsi qu'au frère.... à qui j'ai communiqué votre lettre.

Nous pensons comme vous que tout précepte vrai, demeure vrai, et doit être observé en tout temps et quoi qu'il en soit. Mais dans l'exécution il y a des ménagements de prudence par lesquels on évite souvent de cabrer les âmes, tout en maintenant la vérité.

Comme vous, je crois aux promesses de Dieu faites à une église quelque petite qu'elle soit. J'ai eu des preuves fréquentes que lorsque l'on croit à ses promesses, Dieu les tient, et que lorsqu'une église respecte sa position, on la respecte. Mais si c'est se respecter que d'agir avec fermeté, c'est aussi se respecter que de rester dans les bornes de la modération et de la douceur.

Vous dites une chose parfaitement vraie, en disant qu'il y en a parmi ceux qui nous accusent d'être raides et étroits, qui sont bien plus étroits que nous, puisqu'ils ne veulent pas céder un point, ni s'assujettir aux autres en quoi que ce soit, tandis qu'ils veulent qu'on s'assujettisse à eux en tout. Mais il ne faut pas s'en étonner, l'homme porte plus volontiers un joug d'homme que le joug du Seigneur. C'est ce qui s'est vu de tous temps.

Je vous salue cordialement.

 LETTRE LXXXVIII
1846.

Je suis toujours plus persuadé que toute notre politique doit se résumer en ces mots : « Que ton règne vienne ! »

Mon cher frère,
Tous les détails que vous nous donnerez sur la position de nos frères nous intéresseront. Vous comprenez que je ne vous demande point de nous parler de politique, Je suis toujours plus persuadé que toute notre politique doit se résumer en ces mots : « Que ton règne vienne ! » Notre joie doit être que tous les événements contribuent à avancer le glorieux règne de notre Dieu. Rien de tout ce qui arrive ne doit nous surprendre. Les événements accomplissent les prophéties, et sont des courriers qui marchent devant notre Roi, et Lui préparent le chemin.

Quant à notre position à l'égard de ces choses, elle est toute simple. Nous passons en ce monde pour nous rendre dans notre véritable patrie, et en y passant, nous sommes soumis à tout ordre humain pour l'amour du Seigneur, ne demandant à Dieu qu'une chose, c'est de pouvoir, sous l'autorité des magistrats, quels qu'ils soient, mener une vie paisible et tranquille, en toute piété et honnêteté.

Je pense que nous devons bien nous garder, puisque l'Écriture le défend, de mal parler des dignités et de mépriser les puissances, car elles viennent de Dieu (Rom. XIII, et 1 Pierre II).

Gardons-nous aussi d'employer aucun terme injurieux pour désigner une partie quelconque de la population. La Parole dit que celui qui dira à son frère : Raca (d'où vient le mot de raccaille), mérite punition, et souvenons-nous que devant Dieu les péchés des riches ne valent pas mieux que les péchés des pauvres. - Paix vous soit !

 LETTRE LXXXIX
Mars 1846.

À mesure qu'on fait quelques progrès, on évite toujours plus le métier de donneur de conseils.

Si je ne t'ai pas donné de conseil positif dans l'affaire en question, c'est qu'autant je suis décisif quand je crois voir la volonté de Dieu d'un côté ou de l'autre, autant je crains de donner des conseils quand cette volonté ne m'est pas manifestée. J'ai quelquefois été étonné, mais étonné sans admiration, de l'assurance avec laquelle certaines personnes donnaient des conseils dans des circonstances qui, à moi, me paraissaient très-embarrassantes, et où j'aurais craint de faire fourvoyer quelqu'un en le poussant à droite ou à gauche. Je crains que bien souvent ceux qui consultent ne disent comme autrefois les Juifs : « Voyez la vision de notre coeur ; dites-nous des choses agréables, » et que ceux que l'on consulte, pénétrant bien dans quel sens on les consulte, ne répondent selon les secrets désirs du consultant. De tout cela, il résulte dans le monde, et même quelquefois parmi les chrétiens, une espèce d'accord de tromperie, dont on ne se rend pas toujours compte. Voilà pourquoi, à mesure qu'on fait quelques progrès en prudence et en défiance de soi-même, ou évite toujours plus le métier de donneur de conseils, et on apprend à dire les mots : Je ne sais.
Voilà la cause de la réserve dans laquelle je me suis tenu à ton égard, quant au conseil que tu m'as demandé.

La mère... vient d'être retirée de ce monde de misères. Peu d'heures avant sa mort, j'allai la voir, et quoiqu'elle fût déjà dans un commencement d'agonie, elle parut faire attention à des passages que je lui citai, et vouloir les répéter du bout des lèvres. Je lui criai à l'oreille (car elle était devenue sourde), pour lui demander si elle avait la paix. Elle me fit signe avec la tête que oui. Je lui dis :
N'avez-vous point quelque crainte, quelque trouble intérieur ? Elle secoua la tête pour me dire que non. Nous pouvons donc avoir la douce espérance qu'ayant cru au Seigneur, elle est entrée dans le repos, selon Hébr. IV, 3.

J'aurais voulu lui voir plus de joie. Une fois je le lui témoignai, et elle me fit une réponse vraie et sérieuse qui peut prêter à d'utiles réflexions. « Nous ne vivons pas, » me dit-elle, « de manière à avoir des morts bien joyeuses. Nous nous contentons de croire et nous laissons subsister un certain nombre de liens qui doivent se rompre avant la mort et qui occasionnent un combat qui gêne la joie. »
Cette parole m'a fait réfléchir davantage à 2 Pierre I, 1 à 12, et m'a engagé à le méditer avec le troupeau. Dieu veuille qu'il en soit resté quelque chose !

 LETTRE XC
1846.

Partout où l'orgueil règne, il ne peut pas y avoir union.

Ma chère soeur,
Que le Seigneur nous rende reconnaissants pour toutes ses gratuités. Qu'Il nous tienne dans un esprit de petitesse et d'humilité, ne nous glorifiant de rien, puisque tout est grâce, et nous souvenant de quelle citerne, comme dit Esaïe, nous avons été tirés, et de quel roc nous avons été taillés ; nous souvenant aussi combien de grâces de Dieu nous avons laissé perdre ; combien nous aurions pu croître dans la Grâce et glorifier Dieu davantage, si nous avions fait un meilleur usage des secours qu'Il a mis à notre portée.
Nous avons surtout à nous humilier de ce que nous sommes si orgueilleux, avant tant de sujets d'être humbles, et de ce que la moindre grâce que nous croyons avoir reçue, le moindre éloge que l'on nous donne, trouvent en nous une disposition à l'enflure de coeur.

Heureux ceux qui connaissant tout cela, s'humilient vraiment de leur orgueil, le combattent sincèrement et en tirent parti pour sentir d'autant plus que nous sommes sauvés par une grâce immense, qui surabonde même là où notre orgueil a abondé.

Quand cette grâce nous touche véritablement et qu'elle est dans notre coeur plus que dans notre intelligence, elle nous humilie, elle nous porte à regarder chacun comme plus excellent que nous, et à ne pas nous glorifier de quelques vues un peu plus claires que nous pourrions avoir sur quelques portions de la Parole, oubliant que des frères moins éclairés ont peut-être le coeur beaucoup plus rempli de la Grâce de Dieu que nous.
Je ne puis m'empêcher de croire qu'une des grandes causes des divisions qui existent entre enfants de Dieu, et qui malheureusement d'après votre lettre, paraissent se trouver à.... comme ailleurs, c'est qu'on a plus dans l'intelligence que dans le coeur. Ce qui n'est que dans l'intelligence enorgueillit, car il est écrit que la science enfle.

Or, partout où l'orgueil règne, il ne peut pas y avoir union, car l'Esprit saint dit que l'orgueil ne produit que querelle.
C'est incroyable ce qu'on peut faire par orgueil ou par esprit de parti. On peut même par orgueil avoir une sanctification en apparence très-avancée ; s'imposer des renoncements ; donner son bien aux pauvres et son corps pour être brûlé ; et avec tout cela n'être rien.
L'apôtre Paul dit positivement dans le chap. XIII de la première épître aux Corinthiens, qu'on peut avoir et faire tout cela sans charité.

L'expérience a prouvé que l'esprit de parti peut pousser très-loin, et qu'on peut faire beaucoup de choses simplement pour honorer un système et pour avoir occasion de dire : « Voyez quelles bénédictions il y a au milieu de nous ! »
C'est pourquoi, après avoir tout bien considéré, je me défie de toutes les sanctifications dont on fait parade et de toutes celles qui sont accompagnées d'un esprit de parti qui divise au lieu d'unir ; car ce qui divise ne peut pas être de Dieu, qui a déclaré positivement qu'Il veut qu'il n'y ait point de division dans le corps (1 Cor. XII, 25).

Les réflexions précédentes pourront peut-être vous servir de direction au milieu des diverses congrégations de chrétiens qui se trouvent à.... En restant fidèle à vos convictions, soyez bien avec tous ceux qui sont sincères. Recherchez surtout ceux qui vous paraîtront avoir le plus l'esprit de charité et d'humilité; ceux qui ne médiront pas de leurs frères, qui ne les décrieront pas ; ceux qui s'occuperont plus de ce qui est commun à tous les chrétiens que de leurs vues particulières ; ceux qui vous paraîtront le plus dépouillés de l'esprit de parti et de schisme ; ceux qui, tout en vous aimant comme soeur, ne chercheront pas à mettre la main sur vous pour vous accaparer et grossir le nombre des partisans d'un système. Jouissez de tout ce qui est de Dieu ; profitez de tout ce qui vient de l'Esprit ; mais ne prenez pas en bloc la chair et l'esprit qui se trouvent dans le même enfant de Dieu. En un mot, comme le dit l'Esprit saint : « Éprouvez toutes choses et retenez ce qui est bon. »

Je suis bien aise si votre maîtresse est contente de votre manière d'être avec ses enfants. Toutefois, ne cherchez pas seulement à contenter madame, mais le Seigneur. Il est écrit : « Ne servant pas seulement les hommes, mais le Seigneur. » Dans un sens, le Seigneur est très-facile à servir, en ce qu'Il est rempli de support pour nos infirmités et que ce qu'Il nous commande, Il nous donne la force de le faire. Mais dans un autre sens, on pourrait dire qu'Il est très-difficile en fait de sainteté, car Il ne nous demande pas moins que la perfection, et Il nous commande d'y tendre continuellement.
Plusieurs chrétiens se trompent sur ce sujet. De ce que le Seigneur est plein de miséricorde et de patience ; de ce qu'Il nous sauve par Grâce et non par nos oeuvres ; ils en concluent, au moins à ce qu'il semble par leur conduite, que Dieu se contente d'une sainteté fort rabaissée, et que, sous la Grâce, Il n'y regarde pas de si près. C'est là un horrible abus de la Grâce de Dieu, qui est faite au contraire pour nous délivrer du péché, pour nous rendre de nouvelles créatures et nous purifier comme Jésus-Christ Lui-même est pur.

Un autre piège contre lequel nous devons nous tenir en garde, c'est celui de nous reposer et de nous endormir sur les grâces reçues, et sur la bonne réussite de ce que nous avons entrepris. Lorsque quelque chose va bien, nous pensons que cela doit toujours aller de même, et en quelque sorte que cela ira tout seul. De là vient que nous nous relâchons dans la prière et dans le recours à Celui qui est l'Alpha et l'Oméga, le commencement et la fin. Souvenons-nous que nous n'avons qu'à proportion que nous demandons et que nous continuons à demander. Les grâces d'aujourd'hui ne font pas compte pour demain ; la manne gardée pue, et il s'y engendre des vers. Il faut la ramasser chaque jour. Pour notre bien et pour notre humiliation, Dieu ne nous permet pas de faire des provisions de grâces. Il nous tient dans une continuelle dépendance ; Il garde par-devers Lui la provision, et Il nous donne chaque jour notre pain quotidien. La chose est beaucoup mieux ainsi, car si la provision était entre nos mains, nous nous en glorifierions, et nous la gaspillerions. Ce qui nous suffit, c'est de savoir que le second Adam auquel nous sommes unis par la foi est un Esprit vivifiant, et que parce qu'Il vit nous vivrons. Or, nous vivrons à proportion que nous regarderons à Lui et que nous le prierons. Celui qui demeure en Christ et en qui Il demeure, porte beaucoup de fruit.

Le troupeau continue son petit chemin, quant à sa marche intérieure. J'espère qu'il en est de nous comme des chênes, qui croissent lentement et qui durent long-temps, tandis que les champignons croissent en un jour et durent peu.

Que le Seigneur nous remplisse des fruits de justice qui sont à sa gloire  !

 LETTRE XCI
Décembre 1846.

Heureux serions-nous de laisser paisiblement notre avenir entre ses mains.

Voici une année de notre compte qui va finir ! Sur ce sujet, il y a bien des choses à dire ! Mais plus de prières et moins de paroles, ouvriront mieux celle qui s'avance. En gros, qu'y a-t-il à dire du passé ? De notre part, ingratitude et lâcheté étonnantes ; de la part de Dieu, patience et miséricorde à toute épreuve. Il faut donc, pour le passé s'humilier et louer, et pour l'avenir aussi : car l'avenir sera en gros comme le passé.
Il faut, les yeux fermés, aller en avant et recommencer le combat, sachant seulement Jésus, et Jésus crucifié pour toute science, pour toute prévoyance, pour tout secours, pour toute force. Tout est là, et hors de là .... rien.

Heureux serions-nous si, toujours plus enfants, dans le sens spirituel du mot, nous savions prendre comme des présents de notre Père céleste tout ce dont nous jouissons en commençant une année, et voir placées, comme sur une table devant nous, toutes ses glorieuses promesses par lesquelles nous sont données toutes les choses nécessaires à la vie et à la piété ! Heureux serions-nous de laisser paisiblement notre avenir entre ses mains, Lui remettant tout ce qui nous charge, parce qu'il prend soin de nous !

Demandons au Seigneur qu'Il nous donne de plus en plus cette foi simple, dans laquelle est renfermé tout le secret du bonheur !

 LETTRE XCII
Janvier 1847.

En pleurant, n'oublions pas de rendre grâces à Dieu.

Cher Monsieur,
Je viens d'apprendre la rude épreuve par laquelle il plaît au Seigneur de faire passer votre famille par la mort subite de votre gendre.
La dernière fois que j'eus le plaisir de le rencontrer, je fus frappé de son air respectable, de la pureté, de la douceur et du sérieux empreints sur son visage. Le Seigneur le préparait évidemment pour l'éternité en imprimant de plus en plus sur son âme le sceau des rachetés de Christ.

En pleurant, n'oublions pas de rendre grâces à Dieu, de ce qu'Il avait donné pour un temps, un homme qui a pu être si utile par ses leçons et par son exemple. Combien de souvenirs doux et précieux il doit laisser à ceux qui ont eu le bonheur de le voir de plus près ! Puis combien il est heureux d'être dans le repos du Seigneur, et jouissant de la présence de Celui en qui il espérait. Maintenant il se repose de ses travaux et ses oeuvres le suivent. Maintenant il est recueilli de devant le mal, et délivré de toute oeuvre mauvaise. Pleurons à cause de lui, parce qu'il nous a été enlevé ; mais ne le pleurons pas, lui, car ce serait pleurer son bonheur....
Nous sentons le Seigneur souvent plus près de nous dans les larmes que dans la prospérité. Le Père fait plus de caresses à l'enfant qui souffre, qu'à l'enfant qui se porte bien.

Agréez, etc.

 LETTRE XCIII
16 Janvier 1847.

Quand il y aura assez d'amour, il y aura assez d'argent...

Il y a long-temps que je désirais un appel comme celui que je trouve sur votre feuille d'aujourd'hui en faveur des pauvres Irlandais. En conséquence, je bénis Dieu d'avoir exaucé les prières que je lui ai faites à cet égard, et c'est avec reconnaissance envers Lui et avec joie, que je vous envoie ci-inclus, une petite traite que je répéterai, Dieu le voulant, si les besoins continuent et ne sont pas soulagés d'ailleurs.

Il faudrait n'avoir point de foi, ni de coeur, pour oser manger du pain en abondance, sans venir au secours de ces pauvres gens qui meurent de faim ! Ce pain-là deviendrait du gravier dans la bouche et un fiel dans les entrailles (Job XX, 14). Il me semble que la paroisse la plus malheureuse est celle que dessert l'ancien prêtre .... et qui est mise à l'interdit par ses coreligionnaires. - Toutefois, si vous ne recevez pas pour l'autre paroisse, veuillez partager entre les deux.

Je ne doute pas que si la charité se réveille, on ne trouve de quoi soulager ces malheureux, et dans le canton de Vaud et ailleurs. Quand il y aura assez d'amour, il y aura assez d'argent ; quand le coeur y est, Dieu donne de quoi faire abondamment toutes sortes de bonnes oeuvres. Bientôt toutes les richesses terrestres vont s'envoler. Heureux est-on, pendant qu'on en possède quelque peu, de pouvoir faire quelque bien avec cet argent qui fait faire tant de mal. Heureux est-on, de pouvoir donner un morceau de pain pour l'amour de Celui qui nous a donné une éternité.

Recevez mes affectueuses salutations et mes remerciements pour votre appel.


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